chutes non retrouvées, météores, chutes douteuses… (3)

XIXe siècle (1850 à 1900 inclus)

1851, 27 février, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Samedi, vers sept heures trois quarts, un météore 
a été aperçu au nord et à une grande distance
de Nancy ; il a semblé se détacher du firmament,
du côté de l’Ouest et s’est dirigé vers l’Est. Sa lumière était des plus vives et allait en augmentant ;
elle peut être comparée à celle du fer rougi à
blanc. Dans sa course, qui a duré de huit à dix secondes, il faisait une traînée de feu qui
s’éteignait et disparaissait rapidement. Il est
à présumer que c’est un aérolithe d’un volume
considérable, qui a dû aller tomber à une distance
qu’il n’est pas possible de calculer.” Source : L’Espérance, courrier de Nancy, 28 février 1851.

1851, 20 mars, Larignac (Lot). “Un aérolithe brillant aux feux du soleil est tombé, avant-hier, sur le clocher de l’église de Larignac qu’il a entraîné dans sa chute. L’Académie des sciences, informée de cet événement remarquable, a délégué trois commissaires spécialement chargés d’étudier la nature de cet étonnant aérolithe. Un premier examen semble établir que la matière du diamant domine dans la gangue en partie schisteuse et ammoniacale
de ce corps céleste. On se perd en conjectures sur la cause qui a pu entraîner la chute de ce météore exceptionnel que les géologues n’ont pas encore compris dans leurs classifications scientifiques.” Source : l’Indépendant de Toulouse du 22 mars 1851.

1851, 8 mai, Créon (Gironde). “Il est tombé hier dans la propriété de M. S..., située près de la Garonne, un aérolithe de la grosseur d’une
grenade ; sa chute, qui a eu lieu vers deux heures
de l’après-midi, a été si violente, que le corps
s’est enfoncé profondément dans le sol. Un
laboureur, qui travaillait aux environs, est accouru,
et a ramassé, à sa grande stupéfaction, l’aérolithe,
qu’il s’est empressé d’emporter chez lui, croyant
qu’un trésor lui était tombé du ciel. Malheureusement,
il n’avait recueilli qu’une pierre céleste, qui n’avait guère plus de valeur qu’un modeste pavé.” Source : Le Courrier de la Gironde, 9 mai 1851.

1851, 5 juin, dans l’Yonne. “Le 5 juin 1854, à neuf heures et demie du soir, il a été vu vers le N. un corps lumineux, dont la chute a duré plus d’une minute et répandant une lumière très-vive. Le lendemain à onze heures, une détonation s’est fait entendre dans la partie supérieure de l’atmosphère, vers l’E.-N.-E. ; elle ressemblait à l’explosion d’une pièce de gros calibre et ébranla le sol.” Source : Statistique géologique du département de l’Yonne, 1858.

1851, 22 juin, Vielle (Landes). “Le journal la Chalosse raconte qu’un aérolithe est tombé dimanche dernier à Vieille, dans le département des Landes, sur une petite maisonnette dans laquelle cinq paysans étaient à boire. Le toit de cette maison a été enfoncé, et la pierre est venue justement tomber sur le bras d’un des buveurs, au moment où il versait le contenu d’une bouteille à
ses camarades. Le paysan a eu le bras cassé en deux
endroits ; ses camarades ont été si effrayés qu’ils
ont pris la fuite.” Source : Journal de la Lozère du
6 juillet 1851.
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“On lit dans la Chalosse : On nous raconte qu’un aérolithe est tombé, dimanche dernier, à Vielle, sur une petite maisonnette dans laquelle cinq paysans étaient à boire. Le toit de cette maison a été enfoncé et la pierre lunaire est venue justement tomber sur le bras d’un des buveurs, au moment où il versait le contenu d’tme bouteille a ses camarades. Le malheureux paysan, dont le bras a été cassé en deux endroits, s’est trouvé mal de frayeur ; les autres ont été si épouvantés qu’ils ont pris la fuite. Cet aérolithe pèse 37 kilogr.; il est toujours visible, nous dit-on, à Vielle. Le maître de la maison se dispose à l’envoyer à Paris, au Musée d’histoire naturelle.” Journal des Landes du 26 juin 1851.

1851, 10 août, dans l’Yonne. “Le 10 août 1851, à neuf heures trois quarts du soir, on aperçut un globe de feu qui se dirigeait du S.-O. au N.-E.” Source : Statistique géologique du département de l’Yonne, 1858.

1851, 18 novembre, Cherbourg (Manche). M. E. Liais
rend compte des observations qu’il a faites d’un
météore qui est passé au-dessus du département de la Manche le 18 novembre 1851 à 18h31. On peut lire ses constations et calculs dans son “Mémoire sur un bolide observé dans le département de la Manche, le 18 novembre 1851” publié dans le tome 1 (1852-1853) des Mémoires de la Société des Sciences de Cherbourg (pp. 81-96).

1851, 12 décembre, Normandie et Ile-de-France. “Les Mémoires de la Société des Sciences de Cherbourg offrent un recueil riche en documents intéressants : tels sont, dit M. Abria, un Mémoire sur la trajectoire des bolides, par M. Liais. Celui du 12 décembre 1851 a été vu à Paris et à Cherbourg ; il s’est enflammé à 128 kilomètres au-dessus du sol, ce qui est en opposition avec les hauteurs assignées ordinairement à l’atmosphère ; la vitesse était de 72 kilomètres par seconde.” Source : Actes de l’Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux, 1860.

1852, 26 janvier, en Gironde et en Charente-Maritime. “On lit dans l’Indépendant de Saintes : La secousse du tremblement de terre éprouvée à Bordeaux a également été ressentie à Saint-Jean-d’Angély. Des meubles ont été remués et la double oscillation du sol a été remarquée. On a généralement comparé l’effet éprouvé au passage d’une charrette lourdement chargée et qui serait tombée aussitôt sur le pavé par l’une de ses extrémités. Une personne a assuré avoir vu un grand météore lumineux, parti du nord-ouest, se dirigeant vers le midi , décrivant une vaste parabole et éclatant avec détonation dans la direction de Bordeaux. Au même instant, la secousse se serait fait sentir. D’autres personnes ont affirmé avoir remarqué, dans la nuit qui a suivi le phénomène, le passage au zénith de plusieurs bolides ignés.” Source : Journal de Toulouse du 13 février 1852.

1852, 4 février, Blanaz (Ain). “Près de Saint-Rambert-en- Bugey, l’instituteur de Blanaz (alt. 440 m.), M. Bourbon instruit de mes recherches m’écrivait à ce sujet, en février 1852, une lettre très-explicative que je place ici dans son entier :

« Je viens vous donner la description d’un météore lumineux dont j’ai été témoin dans la nuit du 3 au 4 février dernier. Vers 12 heures 1/2 du matin, l’air était tranquille et serein ; les étoiles étincelaient vers l’horizon. Eveillé par une légère indisposition, je vis tout à coup ma chambre illuminée comme quand il fait un éclair, et mon premier mouvement fut de me tourner vers la fenêtre, car j’eus l’appréhension d’un coup de tonnerre ; mais au lieu de cela, une lumière majestueuse, vive, de forme allongée et verticale, s’élance comme une fusée, puis à une certaine hauteur, le météore éclate sans faire aucun bruit que j’aie pu entendre, en répandant, autour de son sommet, une pluie d’étincelles éclatantes et blanches comme le fer quand il est dans un état voisin de la fusion .
J’ai pu remarquer que le point de départ précis du météore se trouvait à 700 mètres environ de moi ; son diamètre était au moins d’un mètre ; sa direction verticale ; sa hauteur avant d’éclater, environ 400 mètres; sa durée a été de 4 secondes et sa vitesse, quand il s’est élevé, d’à peu près 500 mètres par seconde. J’ai calculé toutes ces dimensions en mesurant la base, la hauteur et le sinus de l’angle que fournit le point de départ du météore, avec le point où il éclata et le point d’où je l’observais.
Le surgissement du météore eut lieu dans l’endroit indiqué et non plus près, parce qu’entre le point de sa sortie de terre et moi, se trouve un monticule peu élevé et que le météore apparut derrière le monticule en prenant naissance plus bas que son sommet. Le point de surgissement du météore n’est pas au-delà du point indiqué, puisque plus loin que ce point, qui est le creux d’un vallon, se trouve une montagne qui le domine de près de 200 mètres, et que le météore apparut en deçà de celle-ci. Le point de surgissement du météore n’a été ni plus à droite, ni plus à gauche de la position quej’ai indiquée, puisque la distance approximative du météore, à mon œil, estimée à environ 700 mètres, s’est trouvée de 753 mètres.
Pour déterminer la hauteur parcourue par le météore, depuis sa naissance jusqu’au point où il éclata, j’ai posé la proportion :
ab : bc : : a’ b’ : b’c’.
ab étant la longueur du rayon visuel horizontal aboutissant à la croisée et parlant de mon œil; bc, la hauteur de la verticale qui mesure sur la croisée l’écartement du rayon visuel oblique dirigé vers le point où éclata le météore avec le rayon visuel horizontal ; a’b’ la distance réelle horizontale du météore, ou plutôt la longueur réelle horizontale du rayon visuel aboutissant au météore, et b’c’ la hauteur réelle du météore depuis sa naissance jusqu’à sa disparition.
Le point de surgissement est donc dans une vallée, sur un terrain marneux et dont l’humidité est permanente par suite du suintement des terres; mais l’eau n’est pas stagnante. Il n’y a point de crevasses dans le sol; un ruisseau quelquefois à sec, coule dans ce creux. Le météore, d’abord rouge de feu assez terne, a pris une couleur rouge plus intense en s’élevant, et enfin les paillettes qui se répandaient tout autour après qu’il eût éclaté, étaient brillantes, blanches comme des étoiles et reproduisaient parfaitement les phénomènes des fusées des feux d’artifice. Au surplus, ce météore n’a pas été observé par d’autres que par moi, parce que la campagne, à 12 heures 1/2 du matin, est tout à fait tranquille, les villageois se couchant de bonne heure. 11 y avait, à la vérité, des voisins qui chauf-faient un four pour le pain ; mais la bouche de ce four regarde le couchant, tandis que le météore, par rapport à moi, était à l’E S E. »” Source : MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES , BELLES -LETTRES & ARTS DE LYON, tome 16, 1866-67.

1852, 2 mars, Saint-Geniès-de-Comolas (Gard). “ST-GENIES-DE-COMOLAS. On nous écrit de ce lieu : Vendredi, 2 mars, à sept heures et dix minutes du soir un météore igné de la grosseur d’une boule de billard a été remarqué dans tous nos environs, sa course rapide du Sud-Est an Nord-Ouest, laissait une large traînée de lumière dont il semblait qu’on voyait se détacher des étincelles.” Source : Gazette du Bas Languedoc, 11 avril 1852.

1852, 14 mars, Perros-Guirec (Côtes-d’Armor). “Un météore lumineux assez rare dans nos contrées, a été observé à Perros-Guirec dimanche 14 mars. Vers les onze heures et demie du soir, le temps calme et serein, l’air vif et le firmament parsemé de nombreuses étoiles, une traînée lumineuse a parcouru le ciel dans la direction du sud-ouest au nord-est, en s’évanouissant au bout de quelques secondes. La lumière qu’a jetée ce phénomène était si vive, que la personne qui l’a observée, marchant la tête baissée, a cru que c’était la lueur d’un incendie ou d’un éclair brillant. A peine a-t-elle relevé la tête, que le météore disparaissait dans la direction sus-indiquée, en marquant son passage par une longue traînée de feu.” Source : La Concorde du Morbihan du 25 mars 1852.

1852, 2 avril, Haute-Garonne. “Un météore d’un gros volume, a traversé l’espace vendredi soir, vers 6 heures et demie ; sa direction était de l’est à l’ouest. Son apparition a duré plusieurs secondes. Ce météore a été vu par un grand nombre d’habitants.” Source : Journal de Toulouse du 4 avril 1852.

1852, 11 mai, Bas Rhin. On peut lire dans le Journal
des débats politiques et littéraires du 21 mai 1852 :
“On écrit de la Basse Alsace, en date du 13 mai :
Le 11 de ce mois, entre huit et neuf heures du soir, on
a eu le spectacle d’un météore igné du volume d’un
boulet de gros calibre, trainant à sa suite une queue
brillante d’une longueur apparente de deux mètres, et paraissant assez rapproché de la terre pour que ceux qui l’ont observé aient eu des craintes pour le faite des maisons au-dessus desquelles il a filé. Il a passé avec une grande rapidité par-dessus Woerth, Goersdoff et le Liebfrauenberg, et perpendiculairement sur l’habitation de M. Boussingault, qui l’a observé à
son zénith. Quelques instans après on a entendu une
forte détonation, comme celle d’un coup de gros
canon, retentir dans le fond des montagnes. Cette
détonation, qui ne pourrait guère s’expliquer
autrement, a dû être produite sans doute par la chute de l’aérolithe. Il est regrettable pour la science que l’endroit n’en soit pas connu.”

1852, 7 juillet, Injoux (Ain). “Le 7 de ce mois, il est
tombé à Injous, d’un nuage qui a passé sur le
territoire de cette commune, une pierre pesant environ
600 grammes. Les fragments de cette aérolithe
ont été recueillis et analysés par des ecclésiastiques
de la localité. Nous avons reçu, sur cette pierre
tombée du ciel, une notice étendue déjà publiée
dans un autre journal.” Source : Journal de l’Ain du 21 juillet 1852.

1852, 28 août, Sarralbe (Moselle). “Un météore lumineux a paru samedi dernier à Sarralbe, vers onze heures du soir, dans la direction du nord, sa forme était sphérique et de la grandeur de la lune ; après quelques secondes d’une vive lumière blanchâtre, il a disparu sous forme de fusée.” Source : Le Voeu national du 15 août 1852.

1852, 30 août, Woippy (Moselle). “Nous lisons dans l’Indépendant : Lundi 30 août, pendand l’orage qui a éclaté, vers six heures du soir, sur une partie de notre banlieue, quelques personnes des environs de Lorry ont aperçu sur la côte qui sépare ce village de Woippy, un météore d’un éclat très- vif et d’une forme allongée dont l’apparition a duré quelques minutes. Ce globe de feu, éclatant ensuite avec un bruit pareil à la détonation d’un fusil, s’est dispersé en fragments obscurs, qu’un de nos amis a recueillis.” Source : Courrier de la Moselle du 2 septembre 1852.

1853, fin février, Parempuyre (Gironde). “Il ne s’agit rien moins que d’un aérolithe du poids de 45 kilogrammes qui serait tombé, lundi dernier, sur la croupe d’une jument, et aurait brisé dans sa chute la colonne vertébrale de cet animal,
mort depuis par suite de la blessure. La jument avait été conduite par un enfant au pied d’un buisson dont elle s’amusait à déchiqueter les jeunes pousses. Le gardien s’était éloigné d’une quinzaine de pas et élevait sur des branches sèches une petite cabane. Tout à coup, un bruit sourd comme celui du tonnerre dans le lointain lui fit lever la tête, et il aperçut, fendant les airs et tombant dans sa direction, un bloc noir dont la vue lui inspira une frayeur telle que, malgré son désir de prendre la fuite, ses jambes lui refusèrent tout concours. Bien heureusement, il en fut quitte pour la
peur : la masse alla s’abattre sur les reins de la jument, qui fut renversée du coup. L’enfant, quand le danger fut passé, s’empressa de courir à l’habitation de son maître et de lui raconter la nouvelle. Ce dernier se rendit sur les lieux, et
déplora la perte de la jument, mais, bien qu’il ne s’expliquât pas d’où provenait la pierre noire qui l’avait écrasée, il envoya quérir un tombereau. Le bloc, qui pesait quarante-cinq kilogrammes, fut transporté
à son domicile, où il fut examiné par diverses
personnes ; ces dernières, sur le vu de son poids, la texture et la couleur de ses parties intégrantes, ont affirmé qu’il contenait une grande quantité de fer mélangé à d’autres matières terreuses et métalliques.” Sources : La Presse, 2 mars 1853 et Le Messager du Midi du 7 mars 1853.

1853, avril, La Verdière (Var). On peut lire l’article suivant dans le Journal du Loiret du 23 avril 1853 :
“On lit dans l’Union du Var : Il est tombé, la semaine
dernière, à la Verdière, un aérolithe du poids de
2,000 kilogr. (approximativement).Approximativement
est joli !” Et dans les Procès-verbaux du Bureau des Longitudes, lors de la séance du 20 avril 1853, on indique pareillement : “On parle d’un aérolithe du poids de 2000 kilogrammes qui serait tombé il y a quelques jours dans le département du Var. On n’a reçu encore aucun détail sur ce phénomène intéressant.”

1853, 4 mai, Géanges (Saône-et-Loire). “Le 4 mai, vers sept heures du soir, un nuage chargé d’électricité s’étendait, poussé par le vent de l’ouest, sur la
commune de Géanges, près Beaune, arrondissement de Châlon-sur-Saône, un éclair sillonna la nuit sans bruit de tonnerre, et l’on vit avec étonnement tomber un météore lumineux sur la place de Géanges, au lieu même où était planté
l’arbre de 1848. C’était un aérolithe qui fut ramassé à l’instant. Cette pierre, assez lourde, conservant un reste de chaleur, était noire comme la roche basaltique, et d’une longueur d’environ 20 centimètres. Quant à sa forme, elle était prismatique, obtuse à sa base, pointue à l’une des extrémités, évidée et creuse dans l’intérieur, et assez semblable à une conque auriculaire. Un petit fragment fut brisé, et l’on reconnut que l’intérieur contenait une substance minérale verte comme la malachite, et striée d’un métal ayant beaucoup de similitude avec le cuivre argentifère.”
Sources : Courrier de Saône-et-Loire, 13 mai 1853. Le Journal des débats politiques et littéraires du
13 mai 1853. Le Journal de la Drôme et de l’Ardèche, 14 mai 1853.

1853, mi-juillet, près de Brive-la-Gaillarde (Corrèze). “En 1853, j’étais alors dans une administration et je devais par mon itinéraire aller vers le 15 juillet à Allassac. Etant monté à Moriolles voir mes parents, je revenais la veille coucher à Brive ; je repartais à
9 heures du soir ; la nuit était noire, mais sans
nuages. Arrivé à 350 mètres environ du château, je suis très vivement et subitement éclairé par une lumière intense très blanche. Je tourne sur ma selle et je vois un bloc lumineux tombant à plomb du ciel. Il ne devait pas avoir pris feu à plus de 500 mètres au-dessus de moi. Il a dû tomber dans une rangée
de peupliers bordant un chemin de service à 50 mètres environ de la terrasse nord-est de l’habitation. Je pensai bien à faire une recherche à mon retour de tournée, mais je l’ai oublié, et quand l’idée m’en est revenue, on ne voyait plus de trace de pénétration en terre. Je fus très étonné de ne pas entendre une détonation ou au moins un sifflement dans l’air. Cet aérolithe, car cela ne pouvait être autre chose, devait avoir pris feu par le frottement à 500 mètres environ au-dessus de terre ; l’air plus dense dans cette
partie de l’atmosphère avait été suffisant pour l’enflammer, car sa course n’était pas très rapide. Je le vis tomber pendant 6 à 8 secondes, franchissant une hauteur d’environ 300 mètres, il n’avait guère que la vitesse d’un corps qui tombe sans propulsion, tandis que les aérolithes
arrivent avec une vitesse extraordinaire acquise dans
l’espace céleste, presque vide. Il est possible que la flamme qui l’entourait l’ait retardé dans sa chute.” Source : G. de Lepinay, dans Bulletin de la société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze, t. 30, 1908.

1854, 26 juillet, Bordeaux (Gironde). “Bordeaux, 28 juillet. Avant-hier au soir, un brillant météore a paru dans la direction de la gare à La Bastide. Il a rayonné pendant douze à quinze minutes environ, sous la forme d’un ovale très allongé, et a coloré vivement du reflet lumineux de sa couleur dorée une partie des eaux de la rivière. Son éclat était si intense et si beau que plusieurs personnes au loin ont cru à un incendie sur le point où resplendissait la lueur phénoménale.” Source : Journal de Toulouse du 31 juillet 1854.

1854, 24 août, Calvi (Haute-Corse). “Vers le milieu de la nuit du 24 au 25 août dernier, un phénomène remarquable et assez rare a été observé dans notre ciel. Un corps lumineux de forme sphérique se dirigeant avec une grande vitesse du nord au sud, a vivement éclairé une vaste étendue de l’atmosphère , on aurait dit un embrasement produit par la marche rapide d’un boulet incandescent. Ce globe de feu, dont le diamètre apparent semblait de 18 à 20 centimètres, tendait à s’écarter de la ligne droite qu’il parcourait depuis son apparition, pour s’incliner vers l’horizon lorsqu’il s’est soudainement brisé en donnant naissance à une pluie de feu qui s’est perdue en gerbe dans la mer. Des pêcheurs qui ont vu ce même phénomène du cap de Gargano, entre Calvi et Ajaccio, affirment avoir entendu une forte détonation au moment que le météore igné s’est divisé en un nombre infini de paillettes étincelles. Il est à désirer que ce beau météorite ait été observé par quelqu’un de nos savants astronomes de France ou d’Italie, lesquels, il faut l’espérer, ne tarderont pas longtemps à nous donner l’explication simple et irrécusable de l’origine de ces corps enflammés qui sillonnent en tout sens l’univers. BARTOLI, médecin.” Source : Journal de la Corse du 5 septembre 1854.

1855, 23 juillet, Lyon (Rhône). ”Maintenant, nous mentionnerons, mais sous toutes réserves et sous la responsabilité de l’observateur qui nous affirme le fait, nous mentionnerons un phénomène aperçu par quelques personnes, le 23 , à trois heures ou trois heures et demie du matin, et auquel on pourra attribuer telle corrélation qu’on voudra avec le tremblement de terre qui allait se produire neuf heures plus tard. Donc, une heure environ avant le lever du soleil, un météore lumineux aurait été vu planant sur notre ville, se dirigeant de l’est à l’ouest avec une grande vitesse. Pour les témoins qui l’ont observé, ce météore semblait occuper dans l’espace un point correspondant à la montée Rey, à la Croix-Rousse. Déclinant rapidement, il a passé au dessus des maisons du cours d’Herbouville, sur lesquelles il a projeté, durant quelques secondes, une lueur blafarde, comparable à celle d’une flamme blanche de Bengale. Puis, cette espèce de bolide aurait disparu, comme s’il se fût abîmé dans le Rhône. Nous lirons, sans commentaires, cette observation aux physiciens qui, comme on sait, n’ont pu trouver jusqu’ici une théorie satisfaisante pour expliquer les tremblements de terre. Pour les uns, ce phénomène a sa cause, dans le feu central, dans les gaz ou matières combustibles que la terre recèle au plus profond de ses entrailles. Pour les autres, ces convulsions du sol appartiennent tout simplement à la catégorie des phénomènes électriques, ce sont de véritables orages, avec la différence qu’au lieu de se passer dans un milieu gazeux, ils se passent dans un milieu solide. D’autres enfin rattachent les tremblements de terre à l’influence de la lune. Nous rappelons, en passant, ces divergences d’opinions sans avoir la prétention, bien entendu, d’adopter une hypothèse plutôt que l’autre. C’est aux savants de se mettre d’accord ; tout ce que nous pouvons dire, c’est que voilà coup sur coup bien des occasions qui leur sont offertes d’étudier cet ordre de phénomènes et d’en définir les causes.” Source : Le Salut public du 28 juillet 1855.

1856, 7 janvier, moitié nord de la France. Un météore est observé du nord-ouest vers le sud-est. Il
est aperçu à Calais, à Caen place des Petites Boucheries, par M. Eudes-Deslongchamps. Un globe obscur se détacha de la traînée lumineuse formée d’étincelles et disparut derrière les toits des maisons.
Un crépitement très rapide se fit entendre. L’aérolithe
a pu tomber aux alentours de Venoix, de Bretteville-
la-Pavée ou de Carpiquet. M. Lecadre observa pour sa part le bolide au Havre. Source : Comptes-rendus
des Séances de l’Académie des Sciences, tome 42.
***
On peut lire la lettre de M. Eudes-Deslongchamps
à M. de Beaumont dans la Gazette nationale du 2 février 1856 : “Observations faites à Caen du météore lumineux du 7 janvier(1) ; Lettre de M. Eudes Deslongchamps à M. Elie de Beaumont. Je viens d’être témoin du passage d’un météore igné sur notre ville. Comme j’ai pu l’observer avec quelque précision, je m’empresse de vous en communiquer l’observation avec tous les détails que j’ai pu y rattacher, dans l’espérance qu’elle pourra être de quelque utilité. Aujourd’hui 7 janvier, à 5 heures moins un quart (à ma montre, qui, comme toutes les horloges de notre ville, est en retard de douze minutes sur l’horloge de la gare de notre chemin de fer, laquelle doit être réglée sur l’heure de Paris, ou au moins sur les horloges des chemins de fer), je passais, accompagné de mon fils, rue de Bayeux ; nous n’étions que de quelques pas engagés dans cette rue qui commence à la place dite des Petites-Boucheries (la rue de Bayeux, à Caen, est à peu près orientée de l’est à l’ouest) ;
nous marchions vers l’ouest. L’atmosphère était alors très-calme ; aucune haleine de vent ne se faisait sentir. Le ciel, dans les points que nous pouvions apercevoir, était entièrement dégagé de nuages. La nuit n’était pas encore venue, quoique la clarté du jour fût notablement diminuée ; la journée avait été fort humide, et les pavés de la rue étaient mouillés d’humidité. Mes yeux étaient en ce moment dirigés vers le sol, à quelques pas devant moi. Tout à coup une clarté subite est venue éclairer les pavés vers lesquels se dirigeaient mes yeux, et les a rendus miroitants d’une lumière intense, de couleur rougeâtre. Une seconde ou une seconde et demie après la disparition de cette clarté, qui a été instantanée, j’ai entendu, et mon fils aussi, un bruit ressemblant au crépitement rapide et successif que produirait une forte fusée volante, dont on serait très-près. Machinalement, j’ai porté mes yeux vers le ciel, et j’ai vu au ciel, à une hauteur de 45 à 50 degrés environ au-dessus de l’horizon, une traînée lumineuse formée d’étincelles, et ressemblant entièrement à celle que produirait une fusée volante, mais plus fournie, et d’une assez grande longueur. Cette traînée m’a paru couper la direction de la rue de Bayeux, de manière à ce qu’elle eût marché du nord-est ou du nord-nord-est vers le sud-ouest ou sud-sud-ouest ; elle s’avançait assez rapidement vers ce point, mais pas plus que ne le ferait une fusée volante. Bientôt (après une demi-seconde environ) la traînée étincelante a paru s’arrêter dans sa partie postérieure ; mais sa partie antérieure, ou sud-ouest, s’est allongée et comme étirée, en continuant sa marche, puis il est sorti de son extrémité sud-ouest un corps d’une forme à peu près globuleuse, qui paraissait au moins du volume des deux poings réunis. Ce globe a continué de s’avancer dans la direction de la traînée, mais sans en être suivi ; il faisait tache obscure sur le fond du ciel ; cependant il montrait sur ses côtés, et peut-être aussi en arrière, de larges plaques incandescentes, rougeâtres, brillantes ; et, continuant sa marche, il a bientôt été caché à mes yeux par les toits des maisons. Il s’est à peine écoulé une seconde depuis l’instant où le globe obscur s’est dégagé de la traînée lumineuse, jusqu’au moment où j’ai cessé de le voir. Dans tout ce que je viens de retracer, il n’y a rien qui diffère beaucoup de ce que présente la marche d’une fusée volante que l’on aurait pu tirer de quelque point de la ville. Aussi, pendant l’intervalle très-court écoulé depuis l’apparition de la traînée jusqu’au moment où le globe obscur a disparu, l’idée d’une fusée volante me préoccupait uniquement ; mais cette idée a dû faire place à celle d’un météore igné, lorsque, reportant mes yeux vers le ciel, j’ai vu que la traînée lumineuse, alors extrêmement longue, persistait. Toujours très-brillante, elle semblait formée d’étincelles accumulées qui oscillaient les unes sur les autres. Un peu après, la partie antérieure d’où le globe obscur était sorti s’est allongée lentement en se courbant en divers sens. Restée d’abord brillante, elle a pâli, toujours en s’allongeant, mais beaucoup moins ; ses contours et son extrémité étaient très-nettement coupés sur le fond du ciel. La partie postérieure, plus volumineuse, s’est allongée aussi ; d’abord brillante, elle a pâli aussi, elle s’est contournée, et ses circonvolutions se rapprochaient les unes des autres ; bref, on pouvait à la fin comparer l’ensemble de la traînée à un petit nuage fort allongé, intestiniforme, brillant dans quelques points, mat ou obscur dans d’autres. Il ne faut pas oublier que l’ensemble de la traînée, après la sortie du globe obscur, a cessé entièrement son mouvement de translation vers l’ouest ; elle est restée en place et visible pendant plus de vingt minutes. Comme le ciel était sans nuages dans le point qu’elle occupait, il a été facile de suivre toutes ses transformations. Nous ne sommes pas les seuls à avoir vu ce phénomène. Toutes les personnes présentes dans la rue au moment du passage du météore ont été frappées d’étonnement, et bientôt tous les habitants des maisons sont sortis, regardant la traînée et faisant leurs commentaires. tout le monde a pu voir la traînée ;
mais peu de personnes ont pu voir la première apparition du phénomène, laquelle a duré, je le répète, que quelques secondes. Nous tournions le dos au météore quand il a commencé à traverser la direction de la rue de Bayeux. C’est évidemment au moment où il passait au-dessus de nos têtes qu’il a vivement éclairé les pavés formant la partie du sol de la rue où nous nous trouvions. Or, le bruit accompagnant le météore s’est fait entendre à nous une seconde, ou tout au plus une seconde et demie, après la clarté ; le météore lui-même n’était donc pas à une très-grande hauteur. Le noyau obscur qui s’est dégagé des vapeurs ignées dans lequel il était plongé, et qu’il entraînait avec lui, me fait présumer que ce météore est un aérolithe qui se sera dégagé de ses vapeurs quand la résistance de l’air, en approchant de la surface de la terre, s’est opposée à leur mouvement de translation. Cet aérolithe n’a pas dû tomber loin de Caen, peut-être à Vénoix, à Bretteville-la-Pavée, à Carpiquet, villages situés à peu près dans la direction présumée qu’il a dû parcourir. La distance de Caen au lieu de la chute est plus ou moins grande, suivant le degré d’obliquité de la trajectoire, par rapport à la surface du sol ;
mais je n’ai aucune donnée sur cette obliquité. Il y a tout lieu de croire que des renseignements autres que ceux que je puis fournir viendront bientôt lever les incertitudes ; car ce phénomène a dû frapper l’attention dans un grand nombre de points dans notre canton. Ma lettre est écrite à la hâte, et le rapport qu’elle contient est informe ; mais j’ai cru qu’il pourrait intéresser les hommes qui s’occupent de météorologie, et leur fournir quelque renseignement utile.

(1) Voir pour l’observation du même météore au Havre la Lettre de M. Lecadre (Compte rendu du 14 janvier).”
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“Le 7 janvier, l’on a observé à Calais un phénomène céleste fort curieux : Vers cinq heures du soir, vent S.-E., le baromètre entre tempête et grande pluie, le ciel fort clair dans le S.-O. et fort calme, une lueur fort vive attira tout à coup les yeux vers les hautes régions de cette partie du ciel. C’était un météore igné qui venait de s’allumer, mais dans des conditions extraordinaires. Lé météore, sous la forme d’une boule grosse comme le poing, après une petite course horizontale, tomba perpendiculairement assez bas sur l’horizon et laissa après lui une traînée de lueur blanche qui persista pendant dix-minutes, mince comme une Iongue et fine banderolle de navire à sa naissance et dans sa première direction horizontale, et s’élargissant dans de justes proportions relatives dans sa direction perpendiculaire de haut en bas, puis s’amincissant comme un long fil jusqu’au point de la disparition du globe de feu. Cette traînée se dessina bientôt en zigzag sous l’action des courants d’air, suivit la direction du Vent, et finit par s’éteindre et se dissiper. Ce phénomène n’a pas laissé que d’émouvoir la ville et les environs, et il est à désirer que les savans aient pu l’observer sur divers points, car il s’est produit très singulièrement et d’une façon inouïe pour tous ceux qui l’ont vu.” Source : la Presse du 9 janvier 1856.
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“Un de nos correspondants, habitant Tourville près Pont-Audemer, revenait chez lui en voiture, le lundi 7 janvier, quand il a été témoin d’un phénomène curieux.
Il était environ cinq heures moins un quart de l’après-midi. Le temps était calme, l’air assez doux, le ciel un peu brumeux et comme semé de nuages floconneux. Il faisait encore jour. Tout à coup un éclair jaillit et un météore lumineux parti d’un point de l’atmophère, au sud-ouest à environ 45° d’élévation au-dessus de l’horizon, s’est précipité comme une étoile filante vers la terre et s’est éteint avant d’y arriver. Ce météore lançait de rives étincelles dans une direction horizontale en faisant angle droit avec la Iigne parcourue. Or, cette ligne parfaitement droite et verticale à l’œil ne présentait pas entre les deux extrémités un angle moindre de 33 à 35° au spectateur. L’appréciation en a été d’autant plus facile que cette ligne est restée peinte sur le gris plus obscur du ciel par un trait net et comme tiré au pinceau ; ce trait a persisté pendant plus d’un quart d’heure. Ce sillon lumineux et blanc s’est peu à peu dilaté, puis éclairci et a enfin disparu. Plusieurs personnes ont affirmé au voyageur, dont nous tenons ces détails, avoir entendu un bruit sourd et lointain que les cahots de la voiture ont couvert ; cela ressemblait à un coup de canon retentissant au loin, et dont le son était comme répercuté par un écho. Ce phénomène a été observé sur plusieurs autres points, ainsi que le constatent les journaux du Havre et de Rouen. Notre correspondant pense que la détonation entendue a dû être accompagnée de la chûte d’un aérolithe qui aurait eu lieu dans la direction de la mer.” Source : Le Courrier de Bourges du 16 janvier 1856.
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“On lit dans le Courrier du Havre du 8 janvier : Hier, à cinq heures moins quelques minutes, une longue traînée de feu, affectant par ses ondulations, la forme d’un serpent, a paru dans le ciel, qu’elle éclairait d’une façon d’autant plus sensible que le jour tirait à sa fin. Cette flamme se dirigeait du nord-ouest au sud-est et, au moment où sa tête, semblable à une boule de feu du diamètre d’une bombe d’environ dix pouces. paraissait se rapprocher de terre, une détonation assez forte s’est fait entendre, et pendant plus de vingt minutes l’atmosphère a conservé un reflet de blanche lumière, accompagnée d’une fumée transparente et légère qui s’est dissipée graduellement sans qu’aucune odeur sulfureuse soit parvenue jusqu’aux personnes les mieux placées pour observer ce beau phénomène météorologique.
Nous avons interrogé un grand nombre de ceux qui, comme nous, ont été témoins de cette apparition, et tous ont cru voir le globe de feu tomber a une distance assez rapprochée de l’endroit où ils se trouvaient. Un de nos amis, qui revenait du cap de la Hève, nous certifie que l’explosion a eu lieu bien loin en mer, et cette version est corroborée par d’autres témoiguages recueillis auprès de personnes que leurs occupations avaient conduites sur le bord de la mer.
Si un aérolithe s’est détaché du météore après son explosion, il sera bien difficile, croyons-nous, de constater l’endroit où il serait tombé. Quant à la hauteur où il est apparu, on pourra s’en faire une idée en apprenant qu’il a été vu à Rouen a la même heure que dans notre ville.
Voici en quels termes le Journal de Rouen du 8 janvier rend compte de l’apparition qui vient d’être décrite :
Un phénomène météorologique des plus rares s’est manifesté dans l’atmosphère de notre ville, hier soir, vers cinq heures. A cet instant est apparu un globe de feu qui semblait gros comme la tête d’un homme, et qui se dirigeait, avec une assez grande vitesse, du nord-ouest au sud-est où on l’a vu s’abîmer. On a surtout remarqué que, dans son passage à travers les nues, le globe dont il s’agit avait laissé échapper une certaine quantité de parrcelles enflammées formant une trainée lumineuse qui n’a complètement disparu que vingt minutes au moins après le corps principal du météore. Ce curieux phénomène électrique que nous venons de décrire s’est déjà manifesté à Rouen, on doit se le rappeler, dans une soirée d’été, il v a quelque années.” Source : Gazette nationale du 10 janvier 1856.
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“Nous reproduisons textuellement le passage suivant de la lettre d’un jeune Meldois, élève du collège de Cherbourg, adressée à sa famille.
On a observé le 6 janvier, un phénomène céleste à Cherbourg, et les vieilles Normandes ne manquèrent pas de trouver là-dedans quelques signes funestes. - C’est signe de peste, disait l’une. - Non, vous dis-je, c’est signe de guerre, disait l’autre ! - Mais, moi, je vous dis que c’est signe de famine, disait une troisième ; et ainsi la conversation s’échauffant, on en serai peut-être venu aux coups si la police ne les avait pas interrompues. Toutes ces conjectures avaient lieu à propos de ce phénomène qui n’était autre chose qu’un aérolithe qui est tombé à Gatteville, à une lieue de Cherbourg à peu près. C’était très-joli à voir ; cela a fait absolument l’effet d’une chandelle romaine renversée, avec des boules ronges, vertes et bleues. C’est arrivé à 4 heures 1/2 pendant la récréation, et comme il faisait un peu nuit, la cour a été éclairée tout d’un coup d’une couleur à la fois jaunâtre et verdâtre. Une demi-heure après, on voyait encore l’espace qu’il avait parcouru, et qui était marqué par une grande traînée blanche.” Source : Journal de Seine-et-Marne du 19 janvier 1856.
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“Le secrétaire communique la lettre suivante :
Sur un bolide observé à Dunkerque, par M. A. Follie, capitaine du génie.
Lundi, 7 janvier 1856, vers 5 heures du soir, j’aperçus une longue traînée lumineuse dans la direction du SO. Je n’avais pas vu le météore qui l’avait produite, ni entendu aucune détonation dont le bruit, du reste, aurait été couvert par celui du train du chemin de fer dans lequel je me trouvais. Cette bande lumineuse paraissait verticale, elle était plus vive et plus mince à la partie inférieure ; son éclat était analogue à celui que produirait la traînée persistante d’une fusée ; elle se trouvait un peu vers la droite d’une verticale passant par Jupiter, la partie la plus élevée étant à peu près aux 3/5es de la hauteur de l’astre au-dessus de l’horizon, la partie la plus basse aux 2/5es environ.
Le temps était clair, on apercevait à peine quelques nuages blanchâtres, si ce n’est au-dessous de Jupiter où se trouvait à l’horizon, en forme de demi-cercle, une masse de nuages noirs qui semblaient s’étendre dans toutes les directions, portant un brouillard avec eux.
La bande lumineuse, diminuant d’éclat, perdit de sa teinte rouge, devint plus blanche et fut entraînée dans la direction du NO, la partie supérieure marchant la première. Un quart d’heure après l’apparition de ce phénomène, on voyait encore la traînée blanche que le vent avait contournée, mais en lui laissant sa longueur primitive ; la largeur avait encore augmenté, on la pouvait comparer à un léger nuage blanc, un cirrus éclairé par le soleil.
Le globe lumineux était dans notre atmosphère; la traînée qu’il a laissée, quelle que fût sa nàture, mais dont l’apparence est devenue celle d’un nuage, a été influencée par le vent dont la direction à Dunkerque était celle du SSE.
Sa hauteur pourrait être fixée approximativement : si l’on admet que le météore a paru enflammé vers le zénith du Hâvre et à 5° au-dessus de notre horizon, sa distance à la terre était de 30 kilomètres environ, et sa longueur d’une dizaine.
D’après les observations faites dans la journée par M. le docteur Zandyck, de midi à 9 h. du soir, le baromètre a oscillé de 742mm à 740mm, le thermomètre centigrade marquait environ 4°,8; les vents soufflaient SSE; l’hygro¬mètre de Saussure était à 75°. Le temps, beau et clair jusqu’à 5 heures, a été obscurci par un brouillard venant du SO.” Source : dans ANNUAIRE DE LA
SOCIÉTÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE FRANCE, tome 4, 1856

1856, 10 janvier, Rouen (Seine-Maritime). “Un phénomène météorologique des plus rares s’est manifesté dans l’at¬mosphère de Rouen, hier soir, vers cinq heures. À cet instant est apparu un globe de feu qui semblait gros comme la tête d’nn homme, et qni se dirigeait avec une assez grande vitesse du nord-ouest vers le sud-est, où on l’a vu s’abîmer. On a surtout remarqué que, dans son passage à travers les nues, le globe dont il s’agit avait laissé échapper une certaine quantité de parcelles enflammées formant une traînée lumineuse qui n’a complètement disparu vingt minutes au moins après le corps principal du météore.“ Source : Moniteur de la Moselle du 11 janvier 1856.

1856, 3 février, moitié nord de la France, en Suisse
et en Belgique. Un météore apparut au-dessus du Saint-Gothard, en Suisse. Il se dirigea vers le nord-ouest, au-dessus de Châlons (Isère). On raconte qu’il serait tombé entre Amiens et Cambrai. Le Journal de Toulouse du 8 février 1856 publie cet article : “Le Courrier de l’Eure signale, comme beaucoup d’autres journaux, l’apparition du météore de dimanche, qui, dit ce journal, a été suivie de la chute d’un aérolithe. Nos astronomes ruraux, ajoute le Courrier, ont rapproché ce phénomène de la prochaine ouverture d’un congrès à Paris et en concluent que la paix est imminente. Les journaux ne s’accordent pas généralement sur l’heure où le phénomène a été observé. Les informations les plus positives nous sont données par l’Ami de l’Ordre de
Namur : Dimanche, 3 février, à huit heures douze minutes du soir, après une journée parfaitement sereine, un globe de feu a éclaté sur Namur. Au moment où il se fit remarquer par la vive clarté qu’il projetait, il se trouvait en dessous de l’épée d’Orion. Sa grandeur était un peu plus petite que celle de la lune en son plein ; sa couleur était bleue, et sa traînée, de même couleur, occupait une longueur d’environ 20°. La direction de son mouvement était du S.-E. au N.-O., sous une inclinaison d’environ 45° avec la verticale. Au moment de l’explosion, le bolide devint rouge de feu, et sa queue rouge, au lieu de s’éfiler, s’étendit en forme d’éventail très-court, projetant une multitude de petites étoiles. Le bolide lui-même se rompit alors en quatre ou cinq fragments plus gros, et fit entendre quatre ou cinq explosions successives, produisant un bruit comparable à celui de la décharge d’un pistolet. Ces fragments, en se détachant, soit de la queue rouge, soit du bolide, prenaient des directions obliques, par rapport au mouvement principal, et semblaient se rapprocher de la verticale. La durée du phénomène n’a pas dépassé trois secondes.”
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Dans le Journal d’agriculture pratique on peut lire un témoignage à Vendôme (Loir-et-Cher) : “Un superbe bolide passe dans l’E. ou le N. E. à peu près horizontalement vers 8 heures du soir le 3 février ; il a formé trois ou quatre jets de lumière et a repandu une grande clarté qui a été vue comme un éclair à l’intérieur des appartements ; le ciel était parfaitement serein, le vent très-faible E., la température à 9 heures -2°.0 et le baromètre 755mil.83.”
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Le même météore fut observé à Lons-le-Saunier, Dijon, Paris, Lyon, Besançon, Angers, Le Havre, Rouen, etc...
La Presse Littéraire en 1856 propose un article sur ce bolide : “(Communication faite par M. LE VERRIER)
Outre l’observation de ce phénomène, faite à l’Observatoire de Paris par M. Dien, une seconde observation en a été faite dans le même établissement par M. Besse-Bergier, assistant observateur.
M. Le Verrier communique la partie de la relation de M. Besse-Bergier qui est relative aux apparences du phénomène, en faisant remarquer que les variations d’éclat qu’il a présentées pourront servir à expliquer les apparences d’inégalité de mouvement que d’autres observateurs ont cru constater.
Le 3 février, dit M. Besse-Bergier, à 8 h. 5 m. du soir, j’aperçus une lueur d’un rouge amarante au sud-est. Un bolide se montra bientôt sous la forme d’une traînée lumineuse d’un blanc un peu blafard. Celle traînée a présenté une longueur très variable : dans son plus grand éclat, quelques instants après l’apparition, elle pouvait avoir un demi-degré de longueur : puis elle a diminué assez subitement : les bords se sont colorés légèrement en bleu, et le bolide a offert pendant une seconde l’aspect d’un globe de feu d’à peu près 10 minutes de diamètre.
A cet état a succédé un redoublement subit d’intensité lumineuse : la traînée a repris son développement longitudinal primitif et sa couleur d’un blanc blafard, pour diminuer de nouveau et passer, pendant les dernières secondes de son apparition, à la forme gobuleuse et à une couleur d’un bleu céleste très intense.
Je distinguais alors très nettement, en arrière, de la partie brillante et colorée, une série d’étincelles alignées dans le sens du mouvement du bolide.
L’une d’elles était reconnaissable à son diamètre apparent bien sensible, et à un point rougeâtre situe à sa partie antérieure, et dont l’intensité allait en s’affaiblissant graduellement. Le tout, étincelle et point rougeâtre, a été visible pendant environ deux secondes et a disparu subitement. La partie globulaire située en avant était alors à une distance égale à peu près au double de son diamètre ; elle a disparu à son tour quelques instants après.
La partie antérieure du bolide m’a paru pendant tout le temps nettement dessinée, et arrondie en forme de paraboloïde.
Le mouvement apparent, tant du bolide que de la traînée lumineuse qui le suivait, est resté très sensiblement horizontal et uniforme : sa direction était celle du sud au nord. Quand je l’aperçus, le bolide était déjà au sud-est ; il a disparu pour, moi à l’est-nord-est.
Le bolide, ajoute M. Le Verrier, a été vu à Saint-Dié (Vosges) par M. Tessin, membre, de la chambre consultative des arts et manufactures des Vosges. M. Tessin annonce, à la date du 4 février, qu’après 8 h. 30 min. environ du soir, le 3 février, dans la direction de l’ouest, et le ciel étant d’une pureté extraordinaire, il est apparu un globe de feu de la grandeur ordinaire de la lune et avec une auréole d’étincelles. Ce globe, après plusieurs secondes de station, se serait déplacé horizontalement vers l’ouest d’environ dix degrés, en laissant une traînée de feu, puis il aurait disparu en produisant l’effet d’une fusée qui éclate et laisse échapper des étincelles dans sa chute verticale.
La clarie projetée par le globe, était si vive, qu’elle éclipsait la lumière projetée par une lampe. Le météore paraissait être d’environ 30 et 40 degrés au-dessus de l’horizon.
M. Malservet, ancien notaire écrit de son côté de Sommevoire, à la date du 4 février, qu’il a vu le bolide à 8 heures et quelques minutes du soir.
En supposant, dit-il, par rapport à ma position, que la voie lactée prît sa naissance au sud-est de Langres et allât se perdre à Paris, un météore extraordinaire a parcouru cette ligne en laissant la voie lactée sur sa gauche. La forme du météore était celle d’une boule allongée et dont la couleur paraissait noirâtre (ne faut-il pas lire bleuâtre ?).
Le météore traînait après lui une barre rouge de laquelle s’échappaient une multitude d’étincelles de feu. Quoique sa marche fût rapide, elle était loin d’égaler en vitesse les étoiles filantes.
Cinq à six minutes après le phénomène qui paraissait peu élevé au-dessus de la terre, l’auteur de la Lettre affirme avoir, avec d’autres témoins, entendu une explosion extraordinaire comme celle d’une mine, laquelle aurait été suivie d’une longue détonation.

Communiquée par M. ELIE DE BEAUMONT.
“Observation faite à Niederbronn (Bas-Rhin) ; Lettre de M., Kuhn. - C’était à 8 h. 25 m. Le globe igné paraissait de la grosseur d’un fort boulet de canon, sa lumière était bleu-jaunâtre et il répandait partout une grande clarté. Il était suivi d’une grande traînée lumineuse, en forme de queue, et qui jetait de nombreuses étincelles.
Le bolide, dont la direction était à peu près du midi au nord, semblait dans son trajet descendre vers la terre et disparaître derrière les montagnes qui sont au nord-ouest de Niederbronn.
L’apparition eut lieu à 60 degrés, environ de hauteur et la disparition derrière les montagnes à 15 degrés. Tout le météore a été visible de quatre a cinq secondes.”
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“Le météore dont nous avons parlé hier a été observé également à Rouen,.à Angers et certainement dans beaucoup d’autres localités. A Angers, à huit heures du soir, le ciel entier était illuminé par ce globe de feu.” Source : La Presse du 6 février 1856.
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“Valenciennes, 4 février. Hier soir, vers huit heures un quart, un météore assez singulier s’est produit dans le ciel et a été aperçu par un grand nombre d’habitants de notre ville. Une étoile filante se détacha du ciel et produisit dans l’espace un zigzag lumineux pareil à celui de l’éclait. Ce zigzag prit bientôt l’apparence d’une longue queue de comète adhérente à l’étoile, d’où s’échappèrent presque instantanément quatre ou cinq boules d’un feu rouge de la dimension d’une grosse pomme. Peu après, ces météores éclatèrent en produisant une clarté éblouissante, et l’étoile disparut.”

Rouen, 4 février. Hier, vers huit heures du soir, dans la direction du couchant, le ciel était sillonné de très-vifs éclairs. Le froid, assez intense de l’atmosphère, semblait exclure ce genre d’illumination, réservé aux ardeurs de l’été.

Angers, 4 février. Hier au soir, vers huit heures, un magnifique météore, semblable à un globe de feu, a traversé l’espace au-dessus de notre ville. Le ciel entier était illuminé.

On lit enfin dans la Patrie, de Paris. Avant-hier 4, à huit heures du soir, un météore boréal s’est manifesté dans la direction du Jardin-des-Plantes et est venu se perdre du côté de l’Hôtel-de-Ville. Cette apparition a duré vingt-cinq à trente secondes. Il avait d’abord une couleur d’un rouge éclatant qui a pris une teinte bleuâtre. Il est rare que de semblables météores soient aperçus simultanément de points aussi éloignés, ce qui prouve que celui-ci était à une très-grande distance de la terre.

P. S. Les journaux français d’aujourd’hui annoncent que le météore a été aussi remarqué à Dijon et à Evreux.” Source : Le Progrès (Belgique) du 10 février 1856.
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“Ypres. Nous n’avons pas fait mention dans notre numéro de mercredi d’un phénomène qui avait été remarqué ce jour en notre ville, parce que les renseignements que nous avions recueillis étaient si contradictoires, quelques ons-dit même frisaient le ridicule. Nous donnons plus loin quelques récits de journaux. Le phénomène a eu lieu réellement et a dû se produire non-seulement dans toute la longueur N.-E. S.-O. de la Belgique mais encore dans la partie septentrionale de la France. C’est probablement quand le bolide a fait explosion dans la direction de Dunkerque que la rumeur a circulé que dans cette ville une poudrière avait sauté.

Le météore dont l’apparition a été signalé à Bruxelles, dans la province de Liège et à Calais, a été observé aussi à Boulogne, à Saint-Omer, à Aire, etc., etc., et dans un grand nombre d’autres localités de cette région. Dans toutes ces localités, on a entendu une détonation très forte. Voici comment s’est produit le phénomène à Berck. On écrit de cette ville au Propagateur de Lille : Un bruit semblable à un fort coup de canon, ou à un violent coup de tonnerre a été entendu à Berck. Cette détonation a été tellement forte que toutes les fenêtres en ont tremblé. Tous les habitants sont aussitôt sortis de leurs demeures pour rechercher quelle était la cause de ce bruit extraordinaire ; les vieux pêcheurs disaient n’avoir jamais entendu coup de tonnerre aussi violent. Les uns expliquaient le fait par l’explosion d’un vaisseau, d’autres par celle d’une poudrière ; mais il paraît plus probable que cette détonation a été produite par un bolide, qui aurait éclaté dans la direction du Nord. Ce phénomène, au témoignage d’un homme qui avait sa montre en main, a duré six minutes.” Source : Le Progrès (Belgique).
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“Dimanche dernier. à huit heures douze minutes du soir, après une journée parfaitement sereine, un globe de feu a éclaté sur Namur. Au moment où il se fit remarquer par la vive clarté qu’il projetait, il se trouvait en dessous de l’épée d’Orion. Sa grandeur était on peu plus petite que celle de la lune en son plein ; sa couleur était bleue, et sa traînée, de même couleur, occupait une longueur d’environ 20°. La direction de son mouvement était du S.-E. à N.-O., sous une inclinaison d’environ 45 degrés avec la verticule. Au moment de l’explosion, le bolide devint rouge de feu, et sa queue rouge, au lieu de s’enfiler, s’étendit en forme d’éventail très-court, projetant une multitude de petites éloges. Le bolide, lui-même, se rompit alors en quatre ou cinq fragments plus gros, et fil entendre quatre ou cinq explosions successives, produisant un bruit comparable à celui de la décharge d’un pistolet. Ces fragments, en se détachant, soit de la quene, soit du bolide, prenaient des directions obliques, par rapport au mouvement principal, et semblaient se rapprocher de la verticale. La durée du phénomène n’a pas dépassé trois secondes. Plusieurs personnes de Pesches ont observé ce même globe de feu qui, sans doute, est une aérolithe. La lumière de ce corps igné était si vive que l’on voyait comme en plein jour et beaucoup de spectateurs croyaient à un incendie. Ce bolide, qui a été également observé à Angers, Paris, Laon et Valenciennes, avait un diamètre d’environ 30 à 40 centimètres.” Source : L’Aube (Troyes) du 9 février 1856.
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“M. le baron de Brimont communique la Note suivante :
Bolide du 3 février 1856.
Ce bolide, qui a été observé dans de nombreuses localités tant en France qu’à l’étranger, a donné lieu à quelques communications qui ont été insérées dans le Compte-Rendu de l’Académie des Sciences. On y voit que partout le phénomène a présenté des variations, soit d’éclat, soit de direction, soit de forme. Il n’est donc pas sans intérêt de relater ici les observations qui ont été faites dans la localité de Bergères-sous-Montmirail, ainsi que les renseignements particuliers qu’a bien voulu me transmettre un de mes amis, M. le baron de Plinval.
M. de Plinval aperçut le météore à cinq heures et quelques minutes du 6oir, dans les conditions les plus favorables, car il se trouvait par hasard à la fenêtre de sa chambre, donnant sur le parc attenant à sa propriété.
L’apparition de ce bolide fut signalée par trois éclairs successifs. Immédiatement après on vit sortir de son centre une multitude d’étincelles, puis des matières ressemblant à des larmes de feu, qui, chose remarquable, parurent rentrer dans le foyer du bolide. Aussitôt une forte explosion se lit entendre, et le bolide disparut, laissant après lui une longue traînée d’étincelles.
Ce globe de feu avait la forme et la grandeur ordinaires de la lune. Sa lumière était d’un rouge bleuâtre tirant sur le violacé, et l’intensité était telle, que M. de Plinval put distinguer, comme si c’eût été en plein jour, les arbres qui couronnent le sommet de la montagne située en face de son château, et qui en sont éloignés de sept à huit cents mètres environ.
Ce météore, qui ne dura que quelques secondes, avait sa direction du S au N. Au moment où il parut, le ciel était d’une très-grande pureté, et le thermomètre marquait 2 degrés au-dessous de zéro. Aucun changement ne fut constaté dans la température après la détonation.
Je ferai observer, en terminant cette Note, qu’à la suite de l’explosion une secousse très-forte fut ressentie par les habitants de Bergères et même par ceux de la ville de Montmirail. Plusieurs sortirent de leurs habitations, croyant à un tremblement de terre ou à la mine prochaine de leurs maisons. Ils ne furent complètement rassurés qu’après avoir eu connaissance de ce qui venait de se passer par des habitants qui revenaient à travers champs de quelques fermes voisines, et qui, eux aussi, avaient ressenti la secousse en question.
Je ne doute pas que ce dernier phénomène ne provienne d’une action électrique, et que son importance n’ait encore été augmentée par la situation de la localité de Bergères, entourée, comme l’on sait, de collines assez élevées, au milieu desquelles coule le Petit-Morin.” Source : dans ANNUAIRE DE LA SOCIÉTÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE FRANCE, tome 4, 1856
***
“Doulevant, 6 février 1856.
Dimanche dernier, 3 février, la soirée a été signalée par l’apparition d’un météore lumineux d’une grande beauté; un globe de feu a traversé l’espace assez lentement en donnant une très-forte lumière et décrivant des zig-zag; je n’ai malheureusement pas pu l’observer, mais un grand nombre de personnes l’ont vu. Aucun bruit n’a accompagné ce météore qui est resté visible pendant plusieurs secondes. Le ciel était tout à fait pur et le thermomètre à -3°.” Source : dans ANNUAIRE DE LA SOCIÉTÉ MÉTÉOROLOGIQUE DE FRANCE, tome 4, 1856.
***
“A titre de variété, je prends encore le parti de faire connaître les curieuses modifications du météore qui parcourut l’espace compris entre Bruxelles et Fribourg, le 3 février 1856, à 8 h. 12’ soir.
Son élévation dut être fort grande dans le premier moment de son apparition, car du nord au sud, c’est-à-dire à peu près perpendiculairement à sa direction, il fut aperçu simultanément à Bruxelles et à Angers. Ceci posé, suivons-en les diverses apparences et évolutions telles qu’elles sont observées selon les stations.
Bruxelles. Il n’est fait mention que d’un simple globe de feu,sans autres détails au sujet de sa marche ou de son éclat.
Namur. Après une journée parfaitement sereine, le globe s’est montré en dessous de l’Epée d’Orion avec une grosseur un peu moindre que celle de la lune dans son plein. Sa teinte était bleue, et sa traînée, de même couleur, occupait une longueur d’environ 20°. La direction était NO-SE, sous un angle d’environ 45° degrés par rapport à la verticale. Au moment de faire une explosion, le globe devint rouge et sa queue, également rouge, au lieu de s’effiler, se dilata en forme d’éventail très-court, projetant une multitude de petites étoiles. De plus, il se rompit lui-même en quatre ou cinq fragments, avec autant de bruits successifs, comparables à la décharge d’un pistolet, et les parties détachées soit de la queue, soit de la masse, prenaient des directions obliques par rapport au mouvement principal, tout en tendant à descendre verticalement. Durée totale, 2 secondes.
Valenciennes. Etoile filante produisant un zigzag lumineux pareil à la foudre ; mais il prit bientôt l’apparence d’une longue queue de comète adhérente à son astre, d’où s’échappèrent, presque instantanément, quatre ou cinq boules de feu rouge, de la grosseur d’une pomme. Puis après un éclat extraordinaire, elles disparurent.
Laon, Rouen. A la première de ces stations, au-dessus de la montagne, le météore se montra double et illumina deux fois l’espace très-vivement, et de la seconde, pendant son apparition, le ciel était sillonné d’éclairs très-vifs à l’ouest.
Paris. Ici, il parut pendant 25 à 30 secondes dans un ciel parsemé d’éloiles, et d’abord rouge-éclalant, puis bleuâtre. Sa direction était celle du Jardin-des-Plantes à l’Hôtel-de- Ville, et l’on crut aussi remarquer des éclairs. M. Coulvier-Gravier confirma ces indications des journaux en y ajoutant quelques autres détails. Ainsi, il vit le bolide d’abord rouge, puis blanc et finalement bleuâtre lorsqu’il approchait de l’horizon. Une traînée de même teinte, mais non persistante, l’accompagnait. Sa marche paraissait indécise cl il se brisa vers la moitié de son trajet, en abandonnant des fragments qui augmentèrent l’éclat de ladite traînée. Enfin, il avait pris naissance à ε d’Orion, en se dirigeant vers ENE, et son extinction eut lieu à δ du Lion , après une course de 70° qui dura 4 secondes.
Angers. Ce globe de feu illumina tout le ciel qu’il traversa au-dessus de la ville, et d’ailleurs, il avait déjà été remarqué dans le département de l’Eure.
Passons actuellement à la partie orientale de son apparition.
Gray. D’après un observateur de cette ville, à 8 h. 20’ s., par un ciel clair, il parut au SE une vive clarté durant 2 à 3 secondes, intervalle trop court pour permettre d’en étudier les détails, et d’ailleurs, il se leva bientôt un fort brouillard qui persista jusqu’à il heures delà matinée suivante.
Dijon. Le météore a été vu au milieu d’une lumière plus vive que celle des plus forts éclairs. Sa couleur était alors sanglante; sa grosseur égalait celle d’un tonneau, et il n’était animé par aucun mouvement apparent de rotation. Mais, à mesure qu’il se rapprochait de la terre, son éclat diminuait, et après sa chute, qui dura quelques secondes, il resta dans le ciel une longue traînée lumineuse.
Beaurepaire. Le globe de feu observé d’abord de cette station, à une assez grande hauteur, parut tellement abaissé à l’approche de Courlaoux, que deux petits enfants effrayés en le voyant venirà eux, se hâtèrent de rentrer en poussant des cris. Après avoir rasé la terre, ce bolide remonta vers le ciel en se dirigeant au sud vers les bois de Nilly, qu’il éclaira d’une très-vive lumière en stationnant un moment au-dessus d’eux pour reprendre sa marche du côté de Lons-le-Saulnier.
Lons-le-Saulnier, Nantua. Dans le Jura, on entendit des détonations successives; il fut vu à Nantua, et à Lons-le- Saulnier. Indépendamment de sa très-vive lumière, il laissait, derrière lui, la traînée déjà mentionnée. Sa direction était O à E.
Fribourg, Praroman. Ici , le météore lumineux paraissait élevé d’environ 35 ° sur l’horizon. A Fribourg, le ciel étant très pur, par une température de 7°, on remarqua très-distincte ment à l’E, trois éclairs qui furent considérés comme étant la fin du phénomène.” Source : MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES , BELLES -LETTRES & ARTS
DE LYON, tome 16, 1866-67.

“M. Chardonnet écrit des Mesneux (Marne) : Le 3 février, à 8 heures du soir, on a observé un météore lumineux ; sa lumière était si intense qu’elle a fait pâlir celle des appartements.
M. le Dr Rottée écrit de Clermont (Oise) : Nous avons très-bien observé le météore lumineux qui a été aperçu à Paris et dans le nord de la France le 3 à huit heures du soir.
M. Renou écrit de Vendôme :
Un superbe bolide passe dans l’E. ou le N. IL à peu près horizontalement vers 8 heures du soir le 3 février; il a formé trois au quatre jets de lumière et a répandu une grande clarté qui a été vue comme mi éclair de l’intérieur des appartements .
M. Garin écrit de Nantua (Ain) : J’ai observé le bolide dit 3 février; en descendant et en disparaissant derrière la montagne, il a éclairé pendant 5 ou 6 secondes tout l’horizon d’une lumière tremblante.” Source : JOURNAL D’AGRICULTURE PRATIQUE, 4e série, t. 5, janvier à juin 1856.

1856, 4 février, “Société des Lettres, Sciences et Arts de l’Aveyron.
Séance du 31 juillet 1856. — (Suite.) Présidence de M. H. DE BARRAU, président.
M. Majorel rend compte, en ces termes, d’un beau phénomène météorologique dont il a été le témoiu oculaire en février dernier. M. Majorel exprime l’espoir que, dans un avenir prochain, et à l’aide du système d’expériences sur une grande échelle, qui a été organisé par le gouvernement actuel, si ami des sciences et de leur progrès, on parviendra à obtenir une explication satisfaisante des merveilleux phénomènes de la ualure de celui qu’il a observé.
Lundi, 4 février, dit M. Majorel, vers 9 heures du soir, par un temps serein, après avoir odservé de nombreux éclairs zébrant l’horizou à l’ouest, le thermomètre marquant 5 degrés au-dessus de zéro, est apparu daus les moyennes régions de l’air, un météore lumineux, analogue par ba force a une étoile filante d’une grosseur démesurée et terminé par un noyau ou corps principal de la dimension apparente à l’œil nu d’uue boule de feu.
Ce magnifique bolide, suivant la direction du sud-est au nord-ouest, et traçant dans sa course, d’uue vélocité prodigieuse, un sillon euflammé, presque parallèle à la ligne horizontale, s’est évanoui après quelques secondes, non sur l’horizon, mais bien loin daus le ciel, illuminant tout l’horizou d’une éblouissante clarté, si bieu qu’il eût été aisé de distinguer une mouche à terre.
Le corps principal, en se dissipant, projetait dans l’atmosphère des milliers d’étincelles de couleur bleue et jauue en rayons divergents et comparables à un feu d’artifice.
Aucune détonation u’a précédé ni suivi l’apparition, qui a duré 76 secondes euviron.
Ces corps sont-ils des aérolithes, dont des détonations annoncent ordinairement la chute, et qui, portait autrefois l’épouvante daus l’âme des peuples, étaient naïvement considérés comme des signes avaut-coureurs de la fin des temps, d’une guerre civile ou d’un événement remarquable, et sur le mode de formation desquels, malgré le» nombreuses opinions émises, les savants n’ont encore formulé que des hypothèses ?
Sont-ils le résultat d’un dégagement de calorique qui, après avoir dilaté les couches élevées de l’atmosphère, rencontre en s’échappant des matières humides, parcourt leurs molécules, forme une série d’étincelles dans les intervalles qui les séparent, et que l’on a si improprement nommées étoiles tombantes dans l’état actuel des connaissances météorologiques?
L’origine intime des bolide, leur mode et les conditions de leur formation paraissent inconnus Néanmoins, il semble que l’on pourrait considérer, avec peut-être plus de vraisemblance, ces météores comme des émanations sulfureuses qui, s’élevant dans l’air en vertu de sa légèreté spécifique, se combineraient avec le gaz hydrogène, et par l’action du fluide électrique se rapprocheraient, s’embraseraient et formeraient des corps en suspension, dont la chute sur le globe ser m déterminée par leur passage dans le centre d’attraction de la terre.” Source : Journal de l’Aveyron du 13 août 1856.

***
“On lit dans le Sémaphore :
Mardi soir, quelques instants avant l’orage un grand nombre de personnes qui habitent la campagne, et qui se trouvaient en ce moment dehors, ont vu tout à coup la campagne s’éclairer et tous les objets revêtir une couleur fantastique, et l’on aperçut immédiatement un météore lumineux, de la grosseur d’une boule de lampe Carcel, se diriger du sud au nord en laissant échapper, sur son passage, de nombreuses étincelles. Ce météore, dont l’apparition n’a été que de quelques secondes, s’est ensuite évanoui dans l’espace.
La Provence fait savoir que le même phénomène a été remarqué à Aix mardi, à 9 h. 45 minutes.
La marche du corps lumineux qui se dirigeait du Nord-Ouest au Sud-Est, a duré environ une minute.” Source : Journal d’Orange du 5 octobre 1856.

1856, 29 février, Dieppe (Seine-Maritime). “On lit dans la Vigie de Dieppe : Vendredi dernier, 29 février, sur les dix heures un quart du soir, un globe flamboyant, gros à peu près comme deux fois le poing, jetant une vive clarté, et filant du sud-est au nord-ouest, passa sur Dieppe. Sa lumière, blanche d’abord, a fini bleuâtre. Il était à 45 degrés à peu-près au-dessus de l’horizon, a l’est du spectateur. Sa direction était la même ou approchant que celle qui a été donnée pour le météore du 3 février.” Source : Le Constitutionnel du 7 mars 1856.

1856, 6 avril, à Colmar probablement (Haut-Rhin). ”Finalement, le 6 avril, 1856, Dr. Dussort, de Colman [Colmar, sic], France, a vu, durant l’après-midi, un objet noir sphérique à une extrémité et pointu à l’autre. Il était à environ 100 mètres au-dessus de lui, et était accompagné d’un son de sifflement.” Source : Uranus (traduit de l’anglais).

1856, 19 avril, Paris. “Un bolide assez brillant, et qui a éclaté deux fois, a été vu, le jeudi soir 19 avril, à l’Observatoire de Paris. Les personnes qui l’auraient observé et qui pourraient fournir des renseignements, même approximatifs, sur la position de ce metéore, sont priées de les donner à l’Observatoire impérial. On y recevra toujours avec reconnaissance des documents de cette nature, qui peuvent être adressés en franchise au Ministre de l’instruction publique.” Source : Moniteur de la Moselle du 4 mai 1856.

1856, 10 septembre, Goumois (Doubs). “Le 10 du courant, il a été vu à minuit un météore qui premièrement avait une marche descendante, qui ensuite prit une marche ascendante, décrivant un quart de cercle pendant quelques secondes, et qui enfin s’éleva vers l’orient, se changeant en une longue traînée de feu ressemblant assez à une lance d’où jaillissaient des étincelles. Après la disparition ce météore igné, on remarqua pendant quinze minutes une coloration très rouge dans les nuages qui probablement reflétaient la lumière si éclatante qui venait de quitter l’horizon. Dans les villages voisins, on ne vit pas le météore, mais la coloration du ciel fit croire à l’apparition d’une aurore boréale, et même, pour quelques-uns, à un incendie éloigné.” Source : La Gazette de France du 24 janvier 1856.

1856, 23 septembre, Marseille et Aix (Bouches-du-Rhône). “On lit dans le Sémaphore : Mardi soir, quelques instants avant l’orage, un grand nombre de personnes qui habitent la campagne, et qui se trouvaient en ce moment dehors, ont vu tout à coup la campagne s’éclairer et tous les objets revêtir une couleur fantastique, et l’on aperçut immédiatement un météore lumineux, de la grosseur d’une boule de lampe Carcel, se diriger du sud au nord en laissant échapper, sur son passage, de nombreuses étincelles. Ce météore dont l’apparition n’a été que de quelques secondes, s’est ensuite évauoui dans l’espace. La Provence fait savoir que le même phénomène a été remarqué à Aix mardi, à 9 heures 45 minutes. La marche du corps lumineux qui se dirigeait du Nord-Ouest au Sud-Est, a duré environ une minute.” Source : Journal de Toulouse du 29 septembre 1856.

1856, septembre ou octobre, Valliquerville (Seine-
Maritime). “On lit dans l’Abeille Cauchoise : On
assure qu’un procès va avoir lieu entre deux
habitants de Valliquerville, relativement à un
aérolithe qui serait tombé dans cette même commune,
il y a quelques semaines. D’un côté, le propriétaire
du champ sur lequel est tombée cette pierre la réclame ;
et, d’un autre côté, la personne qui l’a vue
tomber et qui l’a recueillie refuse de la lui donner.
L’aérolithe serait, dit-on, de la grosseur d’une
noix franche et de couleur presque noire.” Sources : Journal de Rouen du 17 octobre 1856, Journal du Loiret du 18 octobre 1856 et dans le Tintamarre du 19 octobre 1856.

1857, 6 avril, Andolsheim (Haut-Rhin). “Le 6
avril 1857, un aérolithe tomba entre quatre et cinq
heures du soir, dans les environs d’Andolsheim,
arrondissement de Colmar. Le docteur Dussourt, qui
se trouvait sur la rive gauche de l’Ill, entendit un sifflement d’une nature particulière, assez semblable au bruit d’un projectile ou d’oiseaux traversant rapidement l’air. Il vit, à une hauteur de 100 mètres environ, passer
au-dessus de lui, avec une grande vitesse, se dirigeant
de l’ouest à l’est, en décrivant une ligne fortement
inclinée sur l’horizon, un corps très noir, allongé
en pointe dans sa partie antérieure et terminé
par une masse sphérique, le tout mesurant à peu près 30 à 40 centimètres de long et paraissant avoir dans la partie moyenne la grosseur d’un bras.”, nous raconte
le Dictionnaire de la conversation et de la lecture,
1864. Autre date possible : 6 ou 8 avril 1856.

1857, 1er octobre, vers 18h. Hauteroche (Côte-d’Or). Le Journal des villes et des campagnes
du 8 octobre 1857 nous apprend que “le 1er octobre, à Hauteroche (Côte-d’Or), un quart d’heure après le coucher du soleil, un météore a sillonné l’atmosphère dans la direction du sud-ouest au nord-est. Au moment de s’éteindre, il s’est dividé et a laissé après sa disparition une traînée blanche qui, droite d’abord, s’est ensuite recourbée de plus en plus en représentant l’aspect d’un léger nuage. En ce moment, une détonation s’est fait entendre, semblable à une lointaine décharge d’artillerie.”. La chute des Ormes a eu lieu
le même jour, mais un peu plus tôt (vers 16h). Hormis
cette différence horaire, la direction de l’observation
et la distance entre Hauteroche et les Ormes (150 km environ) auraient pu coïncider.

1857, 29 octobre, Paris. Une boule de feu se déplaçant d’est en ouest se serait séparée en 4 ou 5 fragments.
Les morceaux plongèrent ensuite vers le sol.

1857, Foissy-sur-Vanne (Yonne). “Liste des dons faits
au musée de Troyes avec les noms des donateurs pendant l’année 1867. RAMPANT, architecte à Troyes :
- Deux fragments d’un aérolite tombé en 1857 à
Foissy (Yonne), dans la propriété de M. le marquis
de Berulle. L’aérolite entier pesait 29 kil. Il était
enfoncé de près d’un mètre dans un sol de craie. [...]
Pour copie conforme au registre destiné à inscrire
les Dons faits au Musée de Troyes.
Troyes, le 24 décembre 1867.
JULES RAY, l’un des conservateurs.” Source : Mémoires de la Société d’agriculture, sciences et
arts du département de l’Aube, 1867.

1857, 1er novembre, Soissons (Aisne). “On lit dans
le Journal de Soissons : Un bolide d’une grosseur extraordinaire a été observé, dimanche, vers six heures du soir, dans la vallée de Soissons. Parti du point sud de l’horizon, le globe de feu est arrivé avec une rapidité effrayante jusque dans les arbres qui font face à la porte Saint-Martin, où il a éclaté en lançant dans toutes les directions, un nombre infini d’énormes étincelles dont l’éclat fatiguait les yeux. Au même moment, les roulements d’un tonnerre lointain se faisaient entendre dans la partie est de l’atmosphère. Nous avons eu la bonne fortune d’être nous-même témoin de ce curieux phénomène. On nous écrit
du reste qu’il a été remarqué dans toute la
vallée de l’Aisne, qu’il a illuminée pendant quelques
secondes d’une lumière éblouissante.” Sources : Le Spectateur du 8 novembre 1857 et L’Echo Saumurois du 10 novembre 1857.

1857, 5 novembre. “Jeudi dernier, dit l’Orléanais vers six heures un quart du soir, au-dessus de la Loire, la hauteur supposée des étoiles, s’avançait avec majesté, du sud-ouest au nord-est, un météore igné, formant
un volume de la grosseur d’un œuf, et ayant tout le brillant d’une flamme électrique. Il a paru s’arrêter, laissant s’échapper derrière lui deux globules ayant l’apparence de deux étoiles ordinaires ; puis, sans précipiter sa marche et sans perdre de son brillant, il a disparu tout à coup dans l’atmosphère, un peu au-dessus de la lune, qui était presque dans tout son éclat ; il a mis près de deux minutes à fournir l’espace. Ce météore, que nous avons vu nous-mêmes, a été remarqué par un grand nombre de personnes qui
nous ont communiqué leurs impressions à ce sujet.” Source : Le Spectateur du 8 novembre 1857.

1857, 15 novembre, Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire). “D’après le Courrier de Saône-et-Loire, plusieurs personnes ont aperçu à Châlon, le 15 novembre 1857, à minuit, un météore lumineux qui subit diverses transformations avant de disparaître. C’était d’abord une longue et large traînée de lumière ayant l’apparence d’une colonne de flamme telle qu’en produit un toit embrasé qui s’affaisse. Elle se dirigeait obliquement du SE au S, vers l’horizon ; puis , arrivée à terre, elle forma un immense globe de feu qui, après des contractions, des dilatations ou ondulations successives, s’éteignit subitement. Les témoins de l’apparition ressentirent une sorte de trépidation, comme si la terre avait tremblé sous leurs pieds, et une odeur particulière, désagréable, se manifesta au moment de la naissance du météore .” Source : MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, BELLES -
LETTRES & ARTS DE LYON, tome 16, 1866-67.

1857, 22 novembre, Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). “On lit dans le Courrier de Saône-et-Loire : Dimanche, vers minuit, à Chalon, plusieurs personnes ont aperçu un météore lumineux, qui a subi diverses modifications avant de disparaître. C’était d’abord, une longue et large traînée de lumière, qui avait l’apparence d’une colonne de flamme produite par un toit incandescent qui s’écroule. Elle se dirigeait obliquement et du sud-est au sud, vers l’horizon ; puis, arrivée à terre, elle a formé un immense globe de feu, qui, après des contractions et des dilatations ou ondulations successives, s’est éteint subitement. Les personnes qui l’ont vue apparaître ont ressenti une sorte de trépidation, comme si la terre avait tremblé sous leurs pieds, et une odeur particulière,désagréable, a été signalée au moment même du météore. Ce phénomène a été observé à Beaune, et le journal de cette localité rapporte qu’au même instant une femme du faubourg St-Jean a vu entrer dans sa chambre un globe de feu qui, apres avoir éteint la lampe au passage, a circulé le long des parois, et s’est échappé par la porte entr’ouverte.“ Source : Le Messager du Midi du 26 novembre 1857.

1858, 3 juillet, Troyes (Aube). “Dans la nuit de vendredi à samedi, entre une heure et deux heures du matin, des cris au feu ! se firent entendre dans le quartier de Nervaux. Aussitôt le garde de nuit de l’usine de Douine aperçut tous les bâtiments éclairés subitement comme s’ils étaient voisins d’un foyer considérable d’incendie, et au même moment un météore lumineux en forme de globe de feu de la grosseur d une boule de cinquante centimètres de diamètre environ, traversait le ciel avec une extrême rapidité, et venait s’abattre sur le quai de Nervaux, près de l’ancienne glacière. Il s’éteignit bientôt dès qu’il eut touché la terre, à peu près comme une torche résineuse qui nniuque d aliment, d’après le témoignage du témoin oculaire. On n’a pu nous dire si, dans sa course, le bolide lançait des étincelles, car notre auteur ne l’a vu que près de toucher la terre; mais ce qu’il y a de certaiu, c’est que le météore igné a laissé après lui une trace brillante, qui parait être la flamme retenue en arrière par l’air résistant; que la clarté très-vive qui a répandue a duré deux minutes environ, et qu’en disparaissant il a formé un petit nuage blanchâtre qui, semblable à de la fumée, s’est dissipé quelques instants après. Nous avons demandé si aussitôt la lumière disparue, il ne s’était pas fait entendre une ou deux détonations assez semblables a celles d’un canon? On nous a répondu négativement. Peut-être la frayeur du témoin avait elle paralysé son tympan auditif, car le phénomène se produit ordinairement avec cette circonstance.” Source : L’Aube du 4 juillet 1858.

1858, 13 septembre, Rennes (Ille-et-Vilaine). Vers 19h, un météore extrêmement rapide fut observé, selon une trajectoire du sud-est vers le nord-ouest, pendant quelques secondes. Certains témoins entendirent une détonation.

1858, en septembre, en Indre-et-Loire. “Encore un sinistre occasionné par l’orage, dit le Journal d’Indre et-Loire. Ce matin, à cinq heures, la foudre est tombée sur une grange pleine de blé, située auprès du nouveau cimetière de La Salle, et appartenant au sieur Richard, fermier. On ne connaît pas encore le chiffre de la perte. Le bâtiment seul était assuré. On nous assure que, pendant le même orage, un aérolithe est tombé à Beauverger, propriété voisine de celle où la foudre a occasionné les dégâts que nous venons d’indiquer.” Source : L’Union bretonne du 23 septembre 1858.

1858, 2 octobre, Clermont-Ferrand (Puy-de-
Dôme). “On lit dans le Moniteur du Puy-de-Dôme, du 5 octobre : Samedi dernier, vers huit heures moins dix minutes du soir, un grand nombre de personnes de notre ville ont été témoins d’un phénomène météorologique extraordinaire. Il faisait nuit noire, lorsque tout à coup une étoile s’est détachée du zénith et est descendue vers la terre avec une rapiditié prodigieuse, formant une courbe légère ; puis, arrivée à une très petite distance du sol au-dessus de Clermont, elle a produit une lueur éclatante, qui a illuminé l’horizon comme le plus beau clair de lune. A ce moment, son extrémité, d’une grosseur remarquable et d’une forme ovoïde, s’est divisée en trois parties, l’une parfaitement blanche, les deux autres d’n rouge vif comme une bombe de feu d’artifice ; puis elle s’est évanouie en silence, et tout est rentré dans l’ombre. Plusieurs personnes affirment avoir entendu, quelques secondes après, une détonation lointaine, d’autres disent avoir suivi de l’oeil le météore jusqu’à ce qu’il ait touché le sol ; enfin, un grand nombre nous ont avoué avoir été vivement émues à la vue de ce curieux phénomène.” Source : Journal de Toulouse du 8 octobre 1858.

1858, 30 novembre, Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). “Le Courrier du Pas-de-Calais a reçu d’Aire le récit suivant de l’apparition d’un météore : une gerbe de feu, rapide comme l’éclair, est venue mardi dernier 30 novembre, vers six heures du soir, éclater près de la maison de M. Miaux, à Neuf Pré, au dessus de la tête d’un de nos concitoyens ; une odeur s’est manifestée aussitôt après l’explosion, qui a été entendue à plus d’une lieue de là. Le jet lumineux était beaucoup plus considérable que celui de la foudre, et, quelques secondes après son apparition, on voyait encore un long rayon de feu, semblable à une immense barre de fer rouge.
Un cultivateur qui se trouvait sur le pont Dessoly dit que le bruit occasionné par l’explosion n’avait rien de semblable à celui du tonnerre, et il n’y avait en ce moment que de très légers nuages à l’horizon.” Source :
La Gazette de France du 9 décembre 1858.

1859, 6 janvier, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). “Jeudi au soir, un phénomène atmosphérique assez curieux a été remarqué, vers sept heures, aux abords de notre ville. Un globe de feu, de proportions plus fortes que les plus grandes étoiles filantes, a paru quelques secondes dans le ciel, en traçant une courbe de l’ouest à l’est. Ce bolide, qui laissait après lui une traînée lumineuse d’un vif éclat, s’est éteint sans explosion, et tout est retombé dans l’obscurité.” Source : Le Mémorial d’Aix du 9 janvier 1859.

1859, 20 janvier, dans les régions Rhône-Alpes et Alsace. “Globes enflammés. - Le 20 janvier 1859, à
4 heures 35 minutes du matin, par une pluie assez
forte, mais calme, et une nuit très noire, l’atmosphère
se trouva subitement éclairée par une lumière blanche très éclatante, qui permettait de distinguer au loin les objets avec la plus grande netteté. Cette lumière était due à un globe lumineux, glissant à travers l’espace du S. au N., avec une grande rapidité. Nous avons décrit dans les journaux ce phénomène, que nous avons observé avec un grand nombre de personnes qui, effrayées, sortaient de leur maisons, croyant à un incendie. Il a été vu depuis Lyon jusqu’à Strasbourg, sur le Jura, dans la Bresse, dans le vignoble et sur le
1er plateau.” Source : Société d’émulation du Jura, 1864.

1859, 18 février, Martigues et Aix (Bouches-du-Rhône). On peut lire dans le Dictionnaire de la conversation et de la lecture (tome 1, 1864) : “Le 18 février 1859, à onze heures et demie du soir,
deux personnes qui se promenaient sur le cours de Jonquières, à Martigues, virent tout à coup une clarté bleuâtre se refléter sur le sol. Levant alors les yeux elles virent une lumière éblouissante passer avec la rapidité de l’éclair sur leurs têtes et courir du sud au nord. Elles purent remarquer plusieurs couleurs dans l’effet lumineux. Après quelques minutes, elles entendirent, par un beau clair de lune, un ciel sans nuage et un calme parfait, une détonation lointaine qui se prolongea pendant trois minutes au moins. En même temps on observait à Aix un bolide d’une dimension énorme, ayant en apparence un diamètre au moins égal à celui de la lune, qui parcourut les cieux dans la direction du sud-sud-est au nord-nord-ouest, du côté de l’occident, à une hauteur de 30 degrés environ au-dessus de l’horizon ; la distance qu’il franchit dut être aussi à peu près de 30 degrés. La brillante clarté projetée par la lune, qui ce jour-là était dans son pleIn, loin de nuire à l’effet de ce phénomène, n’a eu pour résultat que de mieux faire voir combien sa lumière était intense, car l’éblouissante clarté qu’il lançait au loin neutralisait totalement celle de l’astre lunaire. Au moment où le bolide disparut, il y eut éclat, car des étincelles tombèrent de droite et de gauche, et au lieu d’un globe brillant il ne resta plus
qu’une lueur d’un rouge vif, exactement semblable à un feu de Bengale, et réduite, quant au volume, au tiers de sa grosseur primitive. Cette lueur, que d’abord l’on pouvait supposer être le noyau du bolide, au lieu de suivre son impulsion première, paraissait être fixe, et, après avoir brillé pendant quelques secondes environ, s’éteignit sans avoir changé de place en apparence. Cinq minutes après, lorsque tout était rentré dans l’ordre accoutumé,un bruit sourd, excessivement lointain, semblable à une décharge d’artillerie, vint frapper l’oreille.”
***
On lit dans le Memorial d’Aix : “Jeudi au soir, les promeneurs attardés ont été témoins d’un météore magnifique. Vers minuit, un globe de feu s’est élancé sur notre ville, à travers l’atmosphère , dans la direction du sud au nord, avec un éclat qui faisait pâlir la clarté de la lune dans son plein. Ce disque étincelant, à peu près du volume de l’astre lunaire, a terminé sa course par une explosion pareille à celle d’une bombe d’artifice dans les airs, et s’est complètement évanoui. Un paysan, témoin naïf de ce phénomène, nous a exprimé sa surprise par ces paroles : J’ai cru voir tomber la lune ! (M’a sembla veire devalar la luno ! )” Source : Le Messager du Midi du 22 février 1859.

1859, 2 juillet, Fécamp (Seine-Maritime). “On a observé à Fécamp, samedi matin, à deux heures, un phénomène météorologique fort curieux. On a vu tout à coup partir du nord-est, vers les phares situés sur les hauteurs qui bordent la plage, un globe de feu des plus brillans qui s’est dirigé assez lentement vers le sud-ouest, après avoir décrit une courbe très prononcée. Ce météore, dont le diamètre apparent était de 10 à 12 centimètres, produisait pendant sa course un bruit ressemblant à celui d’un tonnerre lointain ; il a laissé sur tout son passage une longue traînée lumineuse répandant un vif éclat. Cette queue, dont la longueur apparente était fort considérable, avait la forme d’un cône très allongé, dont le globe igné n’a cessé d’occuper la base qu’au moment de sa chute, qui a eu lieu au-dessus des falaises, dans la direction du sud ouest.“ Source : Phare de la Loire du 7 juillet 1859.

1859, 20 septembre, Corneilley (Doubs). Suite à la
découverte fortuite par Fabien Kuntz d’un fragment
de la météorite de Chassigny et de son cartel, une
fouille systématique dans les réserves de minéralogie
du Muséum Cuvier de Montbéliard fut entreprise
en début d’année 2011, afin d’y rechercher d’autres
météorites mal classées, ou tout simplement oubliées.
Parmi les découvertes, on peut noter un cartel décrivant
une météorite tombée le 20 septembre 1859 à
Corneillet* près de Baume-les-Dames (soit 9 ans après
la première, et unique, météorite franc-comtoise
reconnue : Ornans). Fabien Kuntz trouvait dans le même carton que ce cartel, une météorite orpheline de toute étiquette relative à une métorite. La pierre en question était associée à un bout de papier moderne “Fe17 - fer oxydé”. La météorite portait une vieille étiquette mentionnant sa masse “1 once 5 gros”, des unités de mesure de masse utilisées lors de l’Ancien Régime (avant 1794 donc). Il s’agit d’une pierre “orpheline”, peut-être un spécimen d’Agen ou de Luponnas ? Il faudrait effectuer à minima une mesure XRF. Cette météorite orpheline n’est donc pas liée au cartel Baume-les-Dames. A quelle chute appartient la pierre ? Le cartel évoque une “pluie d’aérolithes”. Les investigations se poursuivent.

* Aujourd’hui “Corneilley”, un lieu-dit à environ 800 mètres au nord-ouest du centre-ville de Baume-les-Dames.

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vers 1860, en Sologne. En 1992, un chercheur
du CRPG (Centre de Recherches Pétrographiques et Géochimiques, Nancy), Yannick Dubouloz, découvre une météorite dans le grenier de sa grand-mère qui vit à Annecy. Une inscription sur la boîte en carton qui la contient indique que la pierre serait tombée en Sologne en 1860. Une mention sur l’étiquette renvoie à un ouvrage d’Alexander von Humboldt, intitulé Cosmos (tome 1). Ce livre ne contient aucune référence à une météorite tombée en Sologne. L’auteur du cartel de la météorite de Sologne aura simplement voulu renvoyer à la lecture de la partie de l’ouvrage consacrée aux
météorites. Je n’ai jamais pu trouver d’écrit sur une
chute de météorite en 1860 en Sologne ni sur un
météore qui aurait été observé dans cette région. En
2000, la météorite Sologne est rendue publique
durant la 63e conférence annuelle de la Meteoritical
Society. Un rapport, rédigé par N. Dauphas, B.
Zanda, Y. Dubouloz, J. Allemand et L. Sangely, intitulé “Une nouvelle météorite française brêchée” (Traduit de l’anglais) : “Une météorite fut découverte par l’un d’entre nous (Y. Dubouloz) dans le grenier de sa grand-mère. La pierre était rangée dans une
boîte en carton en bas de laquelle était écrit à la main « Fragment d’aérolithe tombé en Sologne en
1860. Fer, nickel, silice, magnésie, souffre, etc...Voir
Humboldt t. 1 p. 137 et suiv. » Apparemment, la pierre est tombée en 1860 en Sologne (la ville principale est Romorantin-Lanthenay, située aux coordonnées 47.22ºN, 1.44ºE). La météorite pesant 54 grammes (masse principale auprès du découvreur, le type spécimen au CRPG) est recouverte par une croûte de fusion noire et des regmaglyptes. […] Sa densité est
de 3,6.”
La météorite “Sologne” fut publiée dans le Meteoritical Bulletin n° 85.
En 2020, en regardant attentivement la photo de la météorite “Sologne”, j’étais surpris de la grande similitude entre la croûte de fusion de celle-ci avec la croûte de mon spécimen de la météorite de Pultusk (tombée en 1868 en Pologne). Une croûte de fusion noire mat avec des grains de métal qui pointaient en surface. L’étiquette de la météorite “Sologne” m’interrogeait tout autant.Et si l’étiquette “Fragment d’aérolithe tombé en Sologne en 1860” était en fait “Fragment d’aérolithe tombé en Pologne en 1868”. Il n’est pas nécessaire d’invoquer une copie
défectueuse d’une étiquette préexistante, car sur celle
photographiée par Yannick Dubouloz, on peut
facilement prolonger le “S” de Sologne (peu incurvé
au vu des s minuscules plus loin) en “P” et le
petit “0” de “1860” en “8” (même si on n’a pas
d’équivalent exact de S ou de P majuscule ou de 0
ailleurs pour comparer strictement). On peut supposer
que l’encre s’est effacée par endroits au fil du temps. Le premier “8” d’ailleurs n’a plus qu’une portion de sa boucle supérieure.
Sur un plan strictement scientifique, la météorite dite
“Sologne” partage avec la météorite de “Pultusk” son
type (chondrite H5) et leurs compositions en silicates sont très proches : Fa19.4±0.1 et Fs17.2±0.1 pour l’olivine et le pyroxène pauvre en calcium pour Sologne (Dauphas et al. 2000) contre Fa19.3±0.5 and Fs16.9±0.4 pour Pultusk (Krzersinska 2017). Les deux
sont en “shock stage” S3 (Dauphas et al. 2000;
Stöffler et al. 1991).
Le 4 juillet 2020, la météorite “Sologne” a été “discréditée” et n’est plus une météorite française officielle. “Sologne” devient un nom synonyme de la météorite Pultusk (Pologne).

1860, 19 janvier, Haroué (Meurthe-et-Moselle).
“On nous écrit d’Haroué le 24 janvier 1860. Le 19
janvier dernier, vers trois heures du matin, il s’est
produit à Haroué, et sans doute ailleurs aussi, sans
avoir été peut-être remarqué, un météore igné qui a
duré environ 7 ou 8 minutes ; projetant une lumière
tellement scintillante qu’on aurait pu lire aussi
facilement que pendant les beaux jours de l’été ;
les uns interprètent ce phénomène d’une manière
heureuse, les autres le regardent comme néfaste ; je
laisse à d’autres le soin d’interpréter ce présage.” Source : L’Espérance, courrier de Nancy, 28 janvier 1860.

1860, 20 janvier, est de la France. “Le 20 janvier
1860, à quatre heures quarante-trois minutes du
matin, une vive lueur éclaira tout à coup l’horizon à
Mulhouse et à Thann. Cette lueur, d’abord blanche,
rouge ensuite, a duré deux secondes environ, et s’est
éteinte par une détonation semblable à celle d’une
pièce d’artillerie de gros calibre, détonation répercutée
immédiatement mais faiblement par l’écho de nos
montagnes. Ce météore aérolithe ou bolithe paraissait
se diriger de l’ouest à l’est et ses débris doivent
se trouver dans la plaine de Cernay.” Sources :
Dictionnaire de la conversation et de la lecture, 1864,
dans La Presse du 23 janvier 1860, et dans l’Industriel Alsacien, du même jour.
***
“On lit dans la Sentinelle du Jura : Un phénomène assez extraordinaire et fort rare dans nos contrées a été remarqué, le 20 janvier, entre quatre et cinq heures du matin. Voici les renseignements qui nous sont donnés par un voyageur : une lumière rouge, d’une intensité et d’un éclat remarquables, a illuminé tout à coup l’horizon, dans la direction de l’est. On eût dit une magnifique aurore boréale. Plusieurs personnes ont été réveillées en sursaut, croyant à un incendie. Tout nous porte à croire qu’il s’agissait d’un météore lumineux, ayant un mouvement marqué de l’est à l’ouest. Les appréciations varient sur la durée du phénomène. Les uns lui accordent une existence de 7 secondes, dont 5 secondes de grande lumière et 2 secondes de diffusion. Les autres affirment que le tout n’a brillé que 3 secondes.” Source : Le Messager du Midi du 24 janvier 1860.
***
“On lit dans l’Industriel alsacien, de Mulhouse : Vendredi matin, vers cinq heures, une forte détonation s’est fait entendre dans la direction est de notre ville. D’après plusieurs témoins, cette détonation a été précédée d’une vive lueur à l’horizon, blanche d’abord, rouge ensuite, et qui a duré environ deux secondes. Mille bruits ont couru dans la journée sur ce qui n’était en réalité qu’un phénomène météorologique, et celui qui avait pris le plus de consistance était que la poudrière de Belfort avait sauté.
Une personne de Cernay complète nos renseignements par la note suivante, publiée dans la feuille d’annonces de Thann : Vendredi matin, à quatre heures quarante- trois minutes, pendant que les ouvriers de nos établissements industriels se rendaient à leur travail, une vive lueur éclaira tout à coup l’horizon ; blanche d’abord, cette lueur qui a duré plus d’une seconde, est devenue rouge, et s’est éteinte par une détonation semblable à celle d’une pièce d’artillerie de gros calibre, détonation répercutée immédiatement, mais faiblement, par l’écho de nos montagnes. Ce météore, aérolithe ou bolide, paraissait se diriger de l’ouest à l’est, et les débris doivent se trouver dans la plaine de Cernay.” Source : Le Messager du Midi du 25 janvier 1860.
***
“Une lettre de M. Jutier nous a fait savoir que le 20 janvier dernier, à 5h40m du matin, à Plombières, on a vu tout à coup une lumière des plus vives illuminer la ville comme en plein jour; puis, que quelques instants après, on a entendu une détonation des plus fortes, ce quia fait croire à l’explosion d’une poudrière. C’était vraisemblablement un bolide d’une grande dimension et d’un éclat considérable. Mais sa trace n’a pas été suivie. On sait seulement que la direction dans laquelle la lueur s’est montrée est comprise entre l’est et l’est-sud-est par rapport à Plombières, ce qui correspond à peu près à la ligne de Plombières à Thann. Un grand nombre d’ouvriers qui se rendaient aux fabriques en ont été témoins, et le bruit de l’explosion a réveillé en sursaut beaucoup d’habitants. On a su que la même détonation a été entendue aussi à Mulhouse dans la direction est delà ville ; d’où il semblerait résulter que le météore est allé s’éteindre dans le duché de Bade. Un journal de la localité, en rapportant le fait, ajoute comme détail que la détonation a été précédée d’une vive lueur, blanche d’abord, rouge ensuite, dont la durée aété d’environ 2 secondes.” Source : L’Institut du 13 février 1860.
***
“Académie royale de Belgique. Classe des Sciences. Séance du 4 février 1860. Météorologie. — Une lettre de M. Florimond est relative à un bolide des plus brillants qui a été vu par lui le 20 janvier dernier vers 4h 1/2 du matin. « Tout à coup, dit l’auteur de la lettre, la chambre où je me trouvais s’éclaira graduellement d’une lumière jaune, franchement prononcée et tellement vive qu’on put lire très distinctement l’heure à une petite horloge à 3 ou 4 mètres de distance. A cette lumière jaune succéda une lumière rouge. Ce changement de couleur n’a pas été équivoque ; il se caractérisait fort bien par les reflets successifs des murs blancs de la chambre. Le phénomène a duré de 4 à 6 secondes. » — « Un veilleur de nuit de Louvain a déclaré avoir vu un éclair duquel est sorti une boule de feu d’environ la grosseur du poing et d’un éclat éblouissant. Cette boule est tombée jusqu’à terre d’abord avec un mouvement lent, puis avec une très grande rapidité. » On n’a pas entendu de détonation. D’après les renseignements obtenus, cette boule de feu aurait fait sa première apparition non loin du zénith et se dirigeait vers la Vierge. — Ce météore serait-il, ainsi que M. Florimond semble le croire, le même que celui qui a été signalé comme ayant été vu à Plombières et à Mulhouse, et qui a été accompagné d’un bruit tellement fort qu’on a cru un instant à l’explosion d’une poudrière? Pour qu’il en fût ainsi, il faudrait admettre qu’il y a eu soit à Louvain, soit à Plombières, erreur dans l’indication de l’heure. En effet, M. Jutier, qui a transmis l’observation à l’Académie des sciences de Paris (L’Institut, n° 1363), dit qu’elle a eu lieu à 5h 40m à Plombières ; tandis que, d’après M. Florimond, le bolide de Louvain aurait apparu vers 4h 1/2.” Source : L’Institut du 30 mai 1860.

1860, 22 mai, Paris. “Le mardi 22 mai 1860, à 10h 27m du soir, M. A. Laussedat et M. Émile Brunner, étant sur la terrasse de l’observatoire de l’École polytechnique, ont noté exactement le point de départ et le point de disparition d’un bolide d’un éclat remarquable pour sa grandeur et pour son éclat. Ce bolide commença à paraître entre la constellation du Lion et celle du Cancer ; il continua son mouvement de l’ouest à l’est en remontant vers le nord jusque dans la constellation du Bouvier où il éclata sans bruit en plusieurs fragments. Dans tout le cours de sa trajectoire il laissa derrière lui une traînée de points brillants analogues à ceux d’une fusée. L’amplitude de l’arc qu’il décrivit dans le ciel a été estimée à 70° environ ; la durée de l’apparition à 6 ou 7 secondes. Son éclat et son diamètre apparent ont paru supérieurs à ceux de Vénus.” Source : L’Institut, 1859.

1860, octobre, entre Vervins et La Bouteille (Aisne). “Aérolithe phosphorescent, M. l’abbé Lecot, à Noyon,
signale aux Mondes une observation qui peut paraître étrange, mais qu’il affirme comme lui étant communiquée par un homme en qui il a pleine confiance et par des témoins qui ont vu et touché : « En 1860, par une belle nuit du mois d’octobre, vers 4 heures du malin, M. Joseph Chartier, conseiller municipal de la commune de Montaigu, se trouvait entre Vervins et La Bouteille, quand tout à coup il fut ébloui par la lumière vive d’un météore, qui éclata comme une fusée au-dessus de sa tête, et dont les débris tombèrent autour de lui. Il marcha dessus, mais ne put l’éteindre, il essaya alors d’y porter la main, avec précaution dans la crainte de se brûler, mais la matière en était froide. Il en mit alors sur sa charrette, souffla sa bougie qui ne l’éclairait plus et continua sa route. La matière répandait partout sur son passage un éclat semblable à celui d’une pile électrique ; mais cette lumière si vive baissa à mesure que le jour montait ; lorsqu’il fit grand jour, il ne vit plus sur sa charrette que la terre qu’il avait ramassée en route et reconnut avec surprise que cette terre était celle du pays même, qu’elle ne paraissait mêlée à aucune matière étrangère à notre sol. M. Chartier est un homme dont le témoignage ne peut être suspect. Au reste, il a rencontré plusieurs voituriers, qui ont palpé la terre de son étoile, comme il le dit dans son naïf langage, et qui ont été surpris de l’éclat qu’elle répandait. Ces voituriers ont dû passer
à l’endroit de la chute du bolide, et il est probable
qu’ils en auront ramassé également.” Source : Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie,
t.5, 1874.

1861, 14 février, Tocane-Saint-Apre (Dordogne).
Une roche serait tombée sur une place de Tocane-
Saint-Apre mais il ne s’agit certainement pas d’une
météorite. Le Musée du Département de la Dordogne aurait exposé en 1863 une roche de 7 g. Voici un court
récit paru dans les Comptes rendus des séances de
l’Académie des Sciences, de janvier-juin 1864. “Il semble également bien difficile de considérer comme
un véritable aérolithe un corps tombé le 14 février
1861, à 6 heures et demie du soir, sur une place
publique de Tocane-Saint-Apre (Dordogne), et que m’a
envoyé comme tel, avec une extrême obligeance, M.
le Dr Moreaud, Maire de la commune et membre du
Conseil général de la Dordogne. Ce corps, d’un très
faible volume, était encore sensiblement chaud une
demi-heure après sa chute, quand on le ramassa.
Il n’a aucune analogie avec les roches de la localité,
et n’a pas d’autres caractères que ceux d’un
combustible minéral très impur, qui aurait subi une sorte de fusion à la surface.”

1861, 23 mars, Lorquin (Moselle). “Résumé des observations météorologiques et médicales faites à Nancy pendant l’année 1861 par le Docteur Simonin père. Aucun météore igné n’a été aperçu à Nancy ; mais M. le docteur Marchal, à Lorquin, où il plane sur un vaste horizon, a été témoin de l’apparition de quatre bolides. Le 23 mars, le premier, très-lumineux, se dirigea de l’est à l’ouest, et, prêt à disparaître, il se divisa en deux parties qui ont poursuivi leur course sans changer de direction.” Source : Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1861.

1861, 27 mai, Saint-Vaast-la-Hougue (Manche). “On lit dans le Phare de la Manche : Un phénomène météorologique, assez rare dans nos contrées, s’est produit à Saint-Vaast dans la soirée du lundi 27 mai. A dix heures moins quelques minutes, par un temps couvert et le vent régnant du N.-N.-E., une flamme brillante, venant de cette direction, a subitement illuminé l’espace compris entre la pointe de Saire, l’île de Talihou et St-Vaast. Instantanément on a vu apparaître un bolide décrivant une oblique assez prononcée, et poursuivant sa route de manière à faire craindre que sa chute ne devint funeste à la localité. Sa marche, d’abord lente, acquérait une vitesse plus grande à mesure qu’il s’approchait de la terre, et son diamètre, à une hauteur approximative de deux milles, semblait d’environ 0 m. 80 c. Un roulement sourd, semblable au bruit du tonnerre, était le prélude de ce spectacle grandiose, qui a vivement impressionné la population, de même que sa chute a été marquée par une détonation bruyante. Tout fait supposer que ce météore igné était tombé près de la Croix-Marigny, mais il n’en était rien. C’est le lendemain seulement qu’on a fini par en découvrir des traces dans un champ dépendant de la ferme du Prieuré. Les quelques débris qu’on a pu recueillir présentent à l’extérieur un aspect noirâtre, ayant à peu près le verni de l’hydrocarbure ; l’intérieur est terne, gris sombre ; la texture est grenue et les grains fort adhérents. Soumis à l’analyse chimique, leur principe a été reconnu presque entièrement ferrugineux ; mais la présence de l’oxyde de manganèse et d’une faible partie de chrôme y a cependant été remarquée. Inutile de dire que certaines bonnes âmes superstitieuses ont considéré comme un présage très-fâcheux l’événement que nous mentionnons.” Source : Le Messager du Midi du 10 juin 1861.

1861, 12 juillet, Lorquin (Moselle). “Résumé des observations météorologiques et médicales faites à Nancy pendant l’année 1861 par le Docteur Simonin père. Le deuxième, le 12 juillet, marcha du nord au sud.“ Source : Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1861.

1861, 16 juillet, dans la Manche. “Nous lisons dans le Phare de la Manche : Un bolide très-intense, et tel qu’on en voit rarement d’aussi lumineux, a traversé la région céleste dans laquelle apparaît la comète, mardi 16 juillet, vers onze heures et demie du soir, en répandant un éclat instantané, mais si brillant qu’on a pu distinguer les moindres objets. Ce météore avait la forme d’une boule et la couleur d’une étoile. Il s’est dirigé du N.-N.-E. au S.-S.-O., en laissant derrière lui une longue traînée blanchâtre, qui est restée très-apparente.”

1861, 7 septembre, Gaillon (Eure). Deux météores
sont observés ce jour-là se déplaçant dans des
directions différentes par le Docteur Kuhn. Le
premier était peu lumineux alors que le second
était “d’un éclat si grand que tout le voisinage et
les côtes environnantes à près de deux kilomètres
étaient illuminées a giorno.” Ce même Docteur
voit des relations entre ces phénomènes célestes et
des cas médicaux étant survenus à Gaillon cette
nuit-là. Source : Comptes-rendus des séances de
l’Académie des Sciences, tome 53.

1861, 22 décembre, Lorquin (Moselle). “Résumé des observations météorologiques et médicales faites
à Nancy pendant l’année 1861 par le Docteur Simonin
père. Le troisième traversa l’air au nord-nord-ouest,
le 22 décembre à six heures du matin ; sa grosseur
apparente semblait égaler celle du soleil, à la fin du
mois d’octobre ; ce brillant météore illumina l’atmosphère, et laissa derrière lui une longue traînée de lumière et des étincelles.” Source : Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1861.

1861, 30 décembre, Lorquin (Moselle). “Résumé des observations météorologiques et médicales faites à Nancy pendant l’année 1861 par le Docteur Simonin père. Enfin le quatrième bolide observé par M. le docteur Marchai, parut, le 30 décembre vers quatre heures et demie, un peu avant la chute du jour. Il sillonna l’espace du nord-est à l’ouest-sud-ouest, il était très-lumineux quoique la nuit ne fut pas encore venue.” Source : Mémoires de l’Académie de Stanislas, 1861.

1862, 26 avril, Saint-Etienne (Loire). “Notons enfin que le Journal de St-Elienne (Loire) mentionne, comme ayant déjà été observé le 26 avril, à 9 h. s., une magnifique étoile filante, traversant l’espace, et dont la clarté était telle que toute la place Marengo fut un instant complètement illuminée. Elle s’approcha très-vite du ciel en augmentant sensiblement de volume, rasant, pour ainsi dire, les toitures des maisons avant de disparaître derrière elles. Le temps était encore à l’orage d’après les tableaux de la Com-mission hydrométrique qui, pour Châlon en particulier, signalent les retentissements du tonnerre.” Source : MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, BELLES -LETTRES & ARTS DE LYON, tome 16, 1866-67.

1862, 1er août, en fin de journée, Morlaàs (Pyrénées).
On peut lire dans le Journal du Loiret du 24 août
1862 l’article suivant : “Le Mémorial des Pyrénées
rend compte dans les termes suivans d’un incendie
occasionné par la chute d’un aérolithe : Dans la soirée
du 1er août, la famille Jean Planté, de Morlàas, était
assise sur des gerbes de blé, après une rude journée
de battage, lorsque tout à coup un membre de la
famille s’aperçut que le feu était à la toiture de la
maison. Vite, le propriétaire alla chercher une échelle
et peut-être serait-il parvenu à l’éteindre si l’échelle
ne s’était brisée sous ses pieds. Le feu se développa
avec une grande activité. Un voisin a déclaré que,
se trouvant dans un champ à environ 100 mètres de
la maison Planté, il vit une étoile tombant sur cette
maison, et peu de minutes après l’incendie éclata. [...]”

1862, 27 novembre, Le Havre et à Rouen (Seine-Maritime). “Le Journal du Havre du 28 rapporte le fait suivant : Un météore d’une intensité remarquable a été observé hier au soir, vers six heures et quelques minutes, à une grande élévation au dessus de notre tête. C’était un globe de feu d’un volume assez considérable, courant dans l’espace du nord au sud, avec une vitesse extrême. Il a été visible pendant dix à douze secondes, et semblait laisser derrière lui un sillage de feu, impression que produit à l’oeil tout corps qui se
déplace rapidement. Ce météore, qu’un grand nombre de personnes ont aperçu au Havre, et qui jetait une
clarté surprenante, a été visible également à la même heure, non-seulement dans nos environs, mais à Rouen même, ainsi que nous l’atteste la note suivante du Nouvelliste : Notre population a été mise hier en émoi par un phénomène céleste. A six heures du soir, une
boule de feu projetant une vive lumière, tout à fait semblable à celle que donne l’électricité, s’est dirigée du nord au sud avec une incomparable vitesse. Ce globe de feu, qui a laissé dans l’espace une ligne très lumineuse, a paru tomber auprès de l’église St-Vivien pour les personnes qui étaient placées sur la place Saint Hilaire. Tout ce populeux quartier n’a cessé pendant toute la soirée de s’entretenir de la chute de ce bolide. Au Havre, le météore a disparu derrière les côtes du Calvados. La science se préoccupe beaucoup des conditions atmosphériques qui accompagnent les phénomènes de ce genre. Il est donc utile d’ajouter que le temps était hier au soir à l’orage, le ciel couvert de lourds nuages, qui fuyaient du nord-est au sud-ouest, laissant d’espace en espace de larges éclaircies étoilées. Il est tombé à Montiviliers, c’est-à-dire à quelques kilomètres nord-est du Havre, un fort grain
de pluie peu de temps avant l’apparition du météore. Enfin, quelques personnes disent avoir vu en même temps un éclair et entendu le tonnerre ; d’autres parlent d’une crépitation qui aurait accompagné la chute du météore, vu son éloignement de notre horizon. La distance de ce globe de feu à la terre devait être considérable, puisqu’il a été aperçu en même temps de deux endroits aussi éloignés l’un de l’autre que Rouen et le Havre. La simultanéité de son apparition sur les deux villes se démontre d’abord par l’heure de l’observation, qui est sensiblement la même là-bas et ici, et ensuite par ce fait, que la course du météore étant bien constatée du nord au sud, à Rouen comme
au Havre, il ne pouvait appararaître consécutivement sur ces deux localités, qui sont situées, l’une par rapport à l’autre, dans la direction est-ouest.“
Source : Journal de Toulouse du 2 décembre 1862.

1862, 28 novembre, Candé (Maine-et-Loire). “Vendredi dernier, vers six heures du soir, un phénomène météorologique s’est manifesté à Candé (Maine-et-Loire) : Un globe lumineux, d’un volume assez considérable, a traversé le ciel, dans la direction du Nord-est au Sud-est. Ce météore, qui n’était qu’un bolide, a lancé, à diverses reprises, des gerbes de feu de différentes couleurs ; il a brillé pendant à peu près vingt secondes.” Source : L’Indépendant de la Moselle du 06 décembre 1862.

1862, 15 décembre, en Ariège. “Foix, 17 décembre 1862. La vallée de la Barguillère, située à une petite distance de Foix, a été avant hier, le théâtre d’un phénomène céleste fort remarquable qui s’est produit vers les huit heures, moins 1/4 du soir, alors que l’atmosphère était calme et dans un état de sérénité complet. C’était un globe lumineux d’un volume assez considérable qui a parcouru l’espace de l’Ouest à l’Est, en décrivant une courbe sensiuble et laissant après lui une trainée de feu, hérissée de nombreuses ramifications étincelantes. Ce météore qu’un très petit nombre de personnes ont apperçu à Foix, n’a été visible que pendant quelques secondes ; une explosion assez analogue à l’éclat d’une fusée a précédé sa disparition qui a été subite et s’est manifestée avant le contact de la terre.” Source : Journal de Toulouse du 19 décembre 1862.

1863, en janvier (?), Carrère (Pyrénées-Atlantiques). “On nous signale trois incendies. Le premier attribué à la chute de quelque météore incandescent a détruit une maisonnette couverte en chaume, dans la commune de Carrère (canton de Thèze).” Source : Journal de Toulouse du 17 janvier 1863.

1863, 26 février, Nantua (Ain). “Le 26 février, à 5 heures 45 minutes du soir, et par conséquent avant la nuit, j’ai pu constater l’apparition d’un bolide qui a traversé horizontalement l’horizon du midi à l’est à la hauteur de 30 degrés environ. Le trajet s’est opéré comme celui d’une étoile filante, mais avec quelques légères oscillations. Ce petit globe de feu, de couleur blanche, avait un diamètre apparent d’une pièce de cinq francs. Il a traversé la vallée de Nantua en trois secondes environ et est allé se perdre derrière le rocher qui domine la Grange-Henri.”

1863, 4 mars, Calais (Pas-de-Calais) et Mondrepuis (Aisne). “Le mercredi 4 mars, à sept heures moins le quart du soir, un brillant bolide, laissant derrière lui une trace de feu, a passé à l’Est de Calais, venant du Nord, et se dirigeant au Sud, assez bas sur l’horizon. Avis à la science météréologique.” Source : Le Temps du 14 mars 1863.
***
“On écrit de Mondrepuis à l’Observaleur de l’Aisne : « Je vous adresse quelques détails sur un phénomène atmosphérique dont j’ai été témoin. Mercredi dernier, entre six et sept heures du soir, le jour n était pas encore complètement tombé, aucun nuage ne paraissait au-dessus de l’horizon ; la clarté de la lune était tellement forte que peu d’étoiles pouvaient être aperçues ; un météore a tout à coup illuminé le ciel et est tombé au nord-ouest de l’horizon. Ce météore formait une boule de feu de trois à quatre décimètres de diamètre. Sa
chute était presque verticale inclinant un peu de
l’ouest à l’est ; sa lumière était plutôt blanche que rouge ; excepté à son arrivée à terre, elle présentait
une couleur plus foncée. Il ne s’est fait entendre aucun bruit après sa chute. Je note que le lendemain l’atmosphère fut en mouvement. Vendredi vers le soir, nous avons eu de la grêle suivie d’orage, et hier et aujourd’hui, il est tombé de la grêle et de la pluie.” Source : Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement du 13 mars 1863.

1863, 14 mars, en Hollande, en Belgique, en Allemagne, en Angleterre et en France. “Vers sept heures du soir, dit M. Heiss, astronome de Munich, le météore apparut dans le ciel, semblable à une étoile filante ; mais peu à peu il grossit jusqu’à offrir une surface apparente comparable au quart de la lune, et en un éclat qui faisait pâlir les astres visibles. Après avoir illuminé l’horizon d’une vive lueur, à laquelle les différents observateurs attribuent toutes les couleurs du prisme, depuis le rouge jusqu’au violet, le bolide disparut avec détonation. En plusieurs endroits on a vu des étincelles et une tramée. La durée du phénomène a été d’environ cinq secondes. La trajectoire dirigée du nord au sud, était inclinée de 22° sur l’horizon, et la longueur du trajet, depuis le point d’inflammation jusqu’à celui de l’explosion, situé à vingt six kilomètres au-dessus du sol, était de deux cent quatre-vingt-cinq kilomètres, ce qui donne une vitesse de soixante-trois kilomètres par seconde. On trouve quatre cent vingt mètres pour le diamètre véritable du globe embrasé, qui devait être généralement de nature gazeuse, n’offrant qu’un petit noyau solide.” Source : Bulletin de la Société académique du Var, t.3, 1870.

1863, 18 mars, Le Mans (Sarthe). “Un phénomène
atmosphérique assez remarquable a été observé au
Mans mercredi soir, 18 mars. On a aperçu, pendant
vingt minutes, de 7 heures 50 à 8 heures 10, un
météore très brillant, qui avait adopté la forme d’un
cône renversé. Cette lumière s’élevait de l’horizon dans
la direction de l’occident et venait se terminer, en
s’élargissant, au milieu de la voûte céleste. Au moment où ce phénomène s’est produit, le temps était très clair,
ce qui n’empêchait pas le météore d’être très visible
à l’œil nu.” Source : Le Petit Journal du 25 mars 1863.

1863, 23 mars, Cherbourg (Manche). “Lundi 23 mars, à huit heures et demie du soir, lit-on dans le Phare de la Manche, de Cherbourg, un bolide resplendissant a sillonné le N. O. du ciel, et a répandu pendant son cou t passage une clarté si vive, qu’on aurait pu, malgré la brume intense qui régnait alors, distinguer le plus petit objet, voir une épingle devant soi sur la voie publique.” Source : La Patrie du 29 mars 1863.

1863, Camp de Châlons-en-Champagne (Marne).
“M. Valette dépose un échantillon de pyrite de
cuivre recueilli aux environs de Lyon, un échantillon
de minerai de fer provenant de Bilbao, des
fragments d’un aérolithe tombé en 1863 dans le camp de Châlons, et enfin un échantillon de staurotide.” Source : Séance du 11 janvier 1875, Société des études littéraires, scientifiques et artistiques du Lot.

1864, 10 janvier, vers 21 h, Brest (Finistère). Un météore a été observé, survolant la ville, en
direction de l’est. On évoque sa chute mais sans
plus de précision.

1864, 14 mai, vers 20 h, Castillon (Gironde). Le 14 mai 1864, date de la célèbre chute d’Orgueil (Tarn-et-Garonne), une pluie de météorites se serait
abattue sur une commune de Gironde, Castillon.
Aucune recherche n’a été menée, la localisation
étant imprécise. En effet, on recense plusieurs lieux
nommés Castillon, dans ce département : Castillon-la-
Bataille, Castillon-de-Castets ou bien encore Castillon-
sur-Dordogne, avec toutefois une préférence pour
cette dernière commune. Cette chute présumée est
à rapprocher de celle d’Orgueil ayant eu lieu le 14
mai 1864 (voir le chapitre consacré à la chute
d’Orgueil dans ce livre). Source : A. Paguerée, “Météore
lumineux observé à Castillon (Gironde)”, Comptes-
rendus des séances de l’Académie des Sciences, n°58, 1864.

1864, 17 mai, Limons (Puy-de-Dôme). “On nous écrit de Limons : Mardi dernier, vers neuf heures du soir, nous trouvant sur les bords de l’Alier, nous vîmes tout à coup se détacher du firmament une masse énorme et compacte de feu, qui est venue tomber dans notre commune, et a éclaté comme une bombe de couleur. Les anciens du pays ont déjà vu de ces météores tomber sur les maisons et y mettre le feu ; ils regardent cela comme un présage de grandes chaleurs.
Agréez, etc.
Ces météores ont été aperçus par plusieurs personnes
à Clermont.” Source : Le Moniteur du Puy-de-Dôme
du samedi 21 mai 1864.

1864, 21 mai, Chenac (Charente-Maritime). “Des
aérolithes considérables sont tombés, dit le Courrier
des Saintes, samedi soir, sur la commune de Chenac.
Des aérolithes semblables seraient également tombés
à Epargnes et à Virollet. Le même jour, à Montauban,
on a constaté le même phénomène.“ Source :
Le Constitutionnel, 27 mai 1864.

1864, 5 juin, Longeville-lès-Metz (Moselle). “Dimanche, 5 juin, vers huit heures du soir, on a pu observer de Longeville-lès-Metz, la marche et la chute d’un bolide très brillant et qui paraissait avoir de huit à dix centimètres de diamètre. L’aérolithe se dirigeait du sud-ouest au nord-ouest, et partant d’une hauteur de 30 à 35 degrés au-dessus de l’horizon, a marché de Montigny vers Woippy ou Saulny, où il a éclaté en se divisant en une cinquantaine de fragments lumineux. Il est permis de supposer que la chute du météore s’est effectuée entre Woippy et Sainte-Marie-aux-Chênes. Espérons qu’à l’époque des récoltes quelques moissonneurs en découvriront des fragments et qu’il sera ainsi possible d’enrichir les collections de la ville d’échantillons toujours fort curieux à étudier.” Source : Le Courrier de la Moselle du 7 juin 1864.

1864, 6 juin, Paris. “Quelques détails ont été donnés par M. Coulvier-Granier, sur un autre météore vu, à Paris, dans la nuit du 6 au 7 juin. Le 6 juin, dit-il, à
9 heures 56 minutes, un globe du S.-S.-E. se dirigeant au N.-N.-O., prit naissance entre la Couronne et le
Pied d’Hercule, et disparut après 100° de course, parcourus en 3” entre la Chèvre et l’Arc de Persée, azimut 345°, verticale 32°.
Ce météore, de première grandeur, était six fois le diamètre de Vénus dans son plus grand éclat, de couleur blanche tout le temps de son apparition, et accompagné d’une traînée blanche aussi compacte, mais non persistante. Quelques degrés avant la fin de sa course, il se brisa en trois fragments de même couleur que le globe, et qui disparurent après 2 ou 3 degrés de course.
Ce beau météore, qui éclaira vivement l’horizon, fut observé directement par M. Chapelux, et, par réflexion, par M. Chartiaux. Il ne fit entendre aucun bruit,
comme toujours, soit pendant ou après son
apparition. Au moment où paraissait le globe filant,
un orage très intense avait lieu dans le sud. La
lumière réfléchie du globe vers celte partie du ciel amoindrissait l’éclat des éclairs incessants qui parlaient de cet orage.” Source : Le Messager du
Midi du 16 juin 1864.

1864, 21 juin, dans le Tarn. “Nous recevons la lettre suivante : Albi, le 22 juin 1864.
Monsieur le Rédacteur,
Hier, à 4 heures 3 minutes du soir, par un soleil éclatant, en descendant la côte de Notre-Dame de la Drêche, j’aperçus, dans la direction intermédiaire entre Arthez et le Pelencas, un météore lumineux d’une longueur apparente de deux mètres environ, ayant la forme d’une larme allongée, et qui, après un bruit semblable à celui que produit le passage d’une fusée, se précipita vers le sol et disparut à mes regards, sans que j’entendisse aucun bruit. Je ne crois pas inutile, M. le Rédacteur, de porter ce fait à la connaissance des hommes de science.
Agréez, etc. V. GABRIEL.” Source : Journal du Tarn du 22 juin 1864.

1864, 3 août, Cherbourg (Manche). “On lit dans le Phare de la Manche : Hier, 3 août, à huit heures et demie du soir, un bolide de forme conique, de couleur jaunâtre et répandant un vif éclat, a été vu à Cherbourg dans la région du Sud, à peu de degrés au-dessus de l’horizon. Il suivait la direction de l’O.-S.-O. à
l’E.N.-E., et paraissait augmenter de volume en s’approchant de la terre. Son mouvement était si peu rapide, qu’on a pu, contre l’ordinaire de ces phénomènes, l’apercevoir pendant au moins une minute. Il a éclaté en l’air comme une fusée d’artifice, en produisant un tourbillon d’étincelles. Par son volume, son intensité et les circonstances particulières qui l’accompagnaient, ce météoré igné est l’un des
plus remarquables qu’on ait vus depuis longtemps.” Source : Journal de Toulouse du 10 août 1864.

1864, 24 septembre, Mont-de-Marsan (Landes). “On lit dans le Journal des Landes : Samedi dernier, vers
midi et demi, un météore a été aperçu à Mont-de-
Marsan. Une double détonation, qui s’est même prolongée, a été entendue, et la terre a éprouvé une légère secousse. Ce météore qui a été aperçu bien loin, a produit une grande sensation sur l’esprit des populations.” Source : Journal de Toulouse du 1er octobre 1864.

1864, 20 septembre, entre Lannoy et Roubaix (Nord). “Mardi, vers dix heures du soir, quelques personnes, allant de Lannoy à Roubaix et étant
arrivés non loin de la ferme dite de Monfait,
aperçurent un globe lumineux qui se détacha du firmament et vint tomber dans un champ de betteraves, et elles entendirent alors un bruit semblable à un coup de pistolet. Les témoins se dirigèrent immédiatement vers l’endroit où ils avaient vu tomber le météore pour découvrir sa
trace ; mais ils durent se retirer après d’infructueuses recherches. Une forte odeur de soufre se faisait sentir. Mercredi matin, l’une des personnes qui avaient vu s’accomplir le phénomène s’est rendu sur la route de Lannoy et a fait de nouvelles recherches dans le champ de betteraves. Elle a enfin découvert, à peu près au milieu du champ, un trou d’un diamètre
d’environ 30 centimètres et profond d’un décimètre ;
l’intérieur était entièrement calciné ; au fond, on a
trouvé un morceau de l’aérolithe : il était d’un noir
brillant et il avait la forme d’une poire de moyenne
grosseur. Malheureusement, pour les amateurs de
sciences physiques, à peine eut-on touché ce que l’on
croyait être une pierre que tout tomba en cendres,
et il a été impossible d’en conserver la moindre parcelle.” Source : Courrier du Gard du 27 septembre 1864.

1864, 24 septembre, entre 12 h et 12 h 20, Mont-
de-Marsan (Landes), Gouzon (Creuse), Nogaro (Gers), Nérac (Lot-et-Garonne), Pau et Lembeye (Pyrénées-Atlantiques). Un météore se déplaçant du nord au sud-est observé. M. Lespiault se trouvait ce jour-là à Nérac et relate les faits : “Aujourd’hui samedi, 24 septembre, je me trouvais à midi 20
minutes environ à la campagne, à 2km au sud-ouest de Nérac ; j’étais avec mon frère, au milieu des vendangeurs ; le ciel était parfaitement pur et
le ciel très calme. Nous avons entendu tout à coup
une détonation pareille à celle que produirait
l’explosion d’une mine lointaine. Cette détonation a
été suivie d’un roulement prolongé assez analogue à
celui du tonnerre ou au bruit qui accompagne
l’arrivée d’une voiture ; le son remplissait l’air et nous environnait, sans provenir d’aucune direction déterminée ; il s’est maintenu à une intensité
constante pendant 30 secondes environ, puis il
s’est affaibli et est revenu au bout de quelques secondes
à son intensité première ; la durée totale ne m’a pas paru dépasser une minute. D’après les renseignements que j’ai fait prendre immédiatement dans les environs, sur un rayon de 2 ou 3 kilomètres, le même bruit a été entendu partout dans la campagne avec les mêmes circonstances. Le vent venait du
nord ; le baromètre se maintenait depuis le matin à
765 millimètres. Le sol n’a éprouvé aucune oscillation.
Ce bruit singulier ne me paraît pouvoir provenir
que de l’explosion d’un bolide sur un point fort
éloigné. L’éclat du soleil nous a sans doute empêchés de voir la lueur.
P.S. Un grand nombre de personnes arrivées ce
soir à Nérac de divers points de l’arrondissement
ont entendu la détonation et le roulement dont
je viens de parler. Elles s’accordent à dire que le bruit paraissait marcher du sud-ouest au sud-est. Quelques
paysans assurent avoir aperçu à l’horizon sud, à 15
ou 20 degrés de hauteur, un petit nuage gris, allongé
de l’ouest à l’est, qui s’est élevé et a disparu au bout de quelques minutes.” Source : Comptes-rendus de l’Académie des Sciences.
***
“M. Alexandre Herschel nous adresse l’extrait suivant d’une lettre écrite à sir John Herschel, par son beau-frère M. Maxwell Lyte, le si célèbre photographe : Un grand bolide est tombé près de Tarbes, samedi matin, 24 septembre. La détonation a été si terrible qu’à Mont-Stewart, près de Pau, on a cru qu’une mine sautait à très-peu de distance. Le bolide est tombé dans les champs ; la secousse a été si forte que dans les champs environnants les paysans, tombés à genoux, adressaient des prières à la très sainte Vierge. De Pau on l’a vu descendre comme un nuage de feu. M. Le Verrier était si en colère contre nous qu’il n’a pas voulu entendre cette communication si précise.” Source : Les Mondes,
t. 6, 1864.
***
Le Petit Journal du 29 septembre 1864 publie ceci : “Une lettre particulière, datée de Mont-de-Marsan, nous informe que le 24 septembre, à midi vingt minutes, un globe de feu de la grosseur d’une bombe, a éclaté près de cette ville avec un grand fracas. On eût dit la détonation simultanée de vingt pièces de canon. Le bruit s’est prolongé environ l’espace de dix secondes. D’après l’appréciation de notre correspondant, la direction de ce bolide était à peu près celle du nord au sud. Le phénomène s’est produit dans un moment qui n’a pu permettre de l’observer dans tout son éclat ; car c’était, comme nous l’avons dit, en plein jour qu’on a vu cette gerbe de feu rapide comme un éclair, et le soleil était resplendissant.”
***
Enfin, voici un autre article sur le sujet, paru dans le
Journal de Toulouse du 22 octobre 1864 : “Dans
la séance du 10 octobre, M. Leverrier, directeur
de l’observatoire de Paris, a donné à l’Académie des sciences communication, des renseignements qui
lui ont été adressés sur un bolide observé dans les
environs de Montauban, le samedi 24 septembre : Voici,
d’après le Moniteur Ia partie du compte rendu de cette séance qui se rapporte au bolide du 24 septembre : Les bolides, qui ont été, cette année, le sujet de plusieurs communications intéressantes, ont
encore reparu à l’Académie. M. Leverrier, le savant
directeur de l’Observatoire, a donné des renseignements précieux sur le bolide observé le
24 du mois dernier, un peu avant midi, par une
personne du département, de la Creuse, dans la dlrection S.-S. O. vers Nérac. Il avait la forme
d’une longue flamme et était près de l’horizon.
Il fut également observé par un savant, M. Lespiault, qui transmit le 25 son observation à M. Leverrier. Le même jour, à la même heure, on entendit à l’ouest d’Auch, dans le département du Gers, une sorte de roulement très fort, et on vit un nuage, parti du zénith, se mouvoir du nord au sud avec lenteur. D’autres personnes ont distingué une lueur semblable à un éclair. A. Mont-de-Marsan on a également entendu on bruit et on a vu le bolide se diriger du nord au sud : Un enseigne de vaisseau se trouvant à la hauteur des Iles Baléares, c’est-à-dire vers le
sud, a également vu le météore au même moment.
Cette observation a été transmise par M. Gervais, professeur de la faculté de Montpellier à M. Leverrier, qui a indiqué à l’académie l’avantage qu’on tire des observations des marins pour connaître, sinon la hauteur de ces météores, du moins les
limites entre lesquelles on devrait la placer, afin de signaler leur apparition beaucoup plus fréquente qu’on ne le pensait autrefois.”
***
“On écrit du canton de Lembeye au Mémorial des Pyrénées ; Samedi dernier 24 septembre, vers midi et demi, une détonation se fit tout à coup entendre dans les régions aériennes : la terre éprouva une secousse assez forte, et celui qui écrit ces lignes peut affirmer que la maison où il était trembla violemment de la base au sommet, à telles enseignes qu’on se mit à chercher de tous côtés si quelque pan de mur ne s’était pas détaché, et si l’édifice entier n’allait pas s’effondrer.
Je n’ai pas vu ce météore d et je le regrette, mais ceux qui l’ont vu racontent que par un ciel serein ils ont aperçu tout à coup au nord- ouest, à une assez grande hauteur, une sorte de nuage gris qui s’est subitement illuminé, et c’est au bout de quelques secondes seulement que l’on a entendu la double détonation dont j ai parlé et que le sol a tremblé. Le rayonnement de la flamme a eu, disait un témoin oculaire, un peu plus que la durée d’un éclair, dont elle affectait du reste la forme allongée. Les personnes qui étaient dans les champs ont été fort effrayées ; quelques unes se sont immédiatement agenouillées comme pour conjurer par leurs prières la colère du ciel. D’autres plus compétents que moi décriront scientifiquement ce phénomène grandiose que je viens de raconter. Je me suis borné ù vous résumer ici les impressions et les récits que j’ai recueillis autour de moi. Ce météore que nous décrit notre correspondant, a été également aporçu à Pau, il était surtout visible des coteaux du Jurançon. Une très-forte commotion a été ressentie, à peu près avec les mêmes effets qui caractérisent les tremblements de terre.” Source : Journal de Toulouse du 29 septembre 1864.
***
“Le Courrier de Tarn-et-Garonne écrit de son côté : Samedi dernier, à Montbeton, canton de Montech, des vendangeurs entendirent, vers midi, comme un bruit lointain de tonnerre qui ne fut pas de longue durée. Presque immédiatement après, ils virent dans le ciel une traînée blanchâtre dans la direction de l’est à l’ouest, et qui resta visible pendant trente à quarante minutes. Des ouvriers, occupés à divers travaux dans l’intérieur des bâtiments, ont entendu le même bruit, mais sans se préoccuper d’où il venait. Le même phénomène a été observé au Pastenc, commune de Bressels, même canton de Montech.
Il ne serait pas impossible que ce bruit et cette lueur fussent produits par quelque nouveau bolide, dont la chute aurait en lieu à une grande distance de nos contrées.” Source : Le Messager du Midi du 30 septembre 1864.
***
“Parmi les autres apparitions de bolides qui ont été signalées en 1864, et dont le nombre est assez considérable, nous en citerons encore une, qui est très-curieuse par la manière dont elle a été.connue. Dans sa séance du 26 septembre, l’Académie des sciences reçut une communication de M. Lespiault, datée de Nérac, dans laquelle celui-ci déclarait que l’avant-veille (24 septembre), à midi vingt minutes, se trouvant à la campagne avec son frère, au milieu des vendangeurs, ils avaient entendu tout à coup une détonation pareille à celle que produirait l’explosion d’une mine lointaine. Cette détonation fut suivie d’un roulement prolongé comme celui du tonnerre, qui dura environ trente secondes, puis s’affaiblit, et revint au bout de quelques secondes à son intensité première, pour s’évanouir définitivement au bout d’une minute de durée totale. Le son remplissait l’air et ne paraissait venir d’aucune direction déterminée; renseignements pris, il avait été entendu sur un rayon de deux à trois kilomètres au moins. Le ciel était d’ailleurs parfaitement pur, et l’air très-calme ; le vent, faible, venait du nord. Le sol n’avait éprouvé aucune oscillation. M. Lespiault en concluait que le phénomène avait dû provenir de l’explosion d’un bolide que l’éclat du soleil l’avait empêché d’apercevoir. Quelques paysans assuraient d’ailleurs avoir vu, à l’horizon sud, un petit nuage gris, allongé, qui s’était élevé et avait disparu au bout de quelques minutes.
Le lundi suivant, 3 octobre, nouvelle lettre de M. Lespiault. Il avait bien deviné : l’explosion venait d’un bolide. Le journal la Gironde avait publié une correspondance de Mont-de-Marsan, où on avait vu, à midi vingt minutes, le 24 septembre, un globe de feu gros comme une bombe, et qui avait éclaté près de cette ville avec un grand fracas, comme l’explosion de vingt pièces de canon. C’est en plein soleil qu’on avait aperçu cette gerbe de feu rapide comme un éclair, et dirigée du nord au sud.
Le lundi 10 octobre, Mle Verrier apportait à l’Académie trois nouvelles lettres, adressées à lui par M. Béraud, de Goüzon (Creuse), par M. J. de Lan-Lusignan, du château de Lan, près Nogaro (Gers), et par M. Gervais, des Baléares. M. Béraud avait aperçu le bolide dans la direction sud-sud-ouest, sous la forme d’une flamme longue, amincie des deux bouts; elle était verticale, plongeant de haut en bas. Le phénomène avait eu lieu à l’extrémité des vapeurs qui bordaient l’horizon entre le sud et l’est, un peu avant midi.
M. de Lan-Lusignan avait entendu un fort roulement, vers midi dix minutes ; comme le ciel était très-pur, il pensa aussitôt à un météore, et sortit précipitamment pour le regarder. Il trouva plusieurs personnes occupées à examiner un petit nuage qui passait au zénith; il était circulaire, peu dense, et allait du nord au sud. Le vent était nord-est à la surface du sol; Quelques personnes disaient avoir vu une lueur dans le petit nuage, presque aussi éclatante qu’un éclair.
M. Servais annonçait que M. Trotabas, commandant l’aviso à vapeur le Favori, avait vu le même météore dans les parages des Baléares.
Ces renseignements étaient déjà très-précis; mais on ne savait pas encore où le bolide avait opéré sa chute. Enfin, une lettre de M. Maxwell Lyte, adressée à son beau-frère sir John Herschel, fit connaître que le bolide était tombé près de Tarbes, dans les champs, avec une détonation si forte qu’on aurait dit l’explosion d’une mine, et que les paysans, tombés à genoux , adressaient des prières à la sainte Vierge. Ainsi, peu à peu, le cercle des renseignements se resserre, le bolide est traqué, on le tient : reste à découvrir son noyau, l’aérolithe lui-même qui a fait tout ce tapage.
Malheureusement, les recherches qu’on a faites n’ont pas encore abouti à la découverte de la pierre météorique de Tarbes.” Source : L. Figuier, L’année scientifique et industrielle, 1865.

1864, 20 octobre, Périgueux (Dordogne). “Jeudi, vers 7 heures du soir, une partie de la ville de Périgueux se trouva subitement éclairée : c’était un météore qui venait de parcourir le ciel dont la direction du N.-O au Sud, laissant après lui, pendant quelques secondes, une longue trainée lumineuse. Ce météore avait beaucoup d’analogie avec celui qui fut observé le 14 mai dernier, époque à laquelle il tomba un aérolithe sur le territoire de la commune d’Orgueil, près de Montauban. Peut-être à son tour le météore du 20 octobre fournira-t-il à la science une occasion pareille de fixer son attention.” Source : Journal de Toulouse du 25 octobre 1864.

1864, 10 novembre, Canquillac (Gironde). “Nous avons parlé d’après les journaux du Midi, d’un bolide aperçu dans diverses localités. On écrit de Bordeaux qu’un aérolithe d’assez forte dimension est tombé
jeudi dernier dans un bois situé près du village
de Canquillac. Il a produit en tombant une assez
forte secousse, mais sans détonation.” Source : Le
Constitutionnel, 20 novembre 1864.

1864, 11 novembre, dans le quart sud-ouest de la France. “Une intéressante observation de M. Boisse
peut servir ici de type à cette catégorie de manifestations : Le 11 novembre 1864 à 5h 36 minutes du soir, un bolide extrêmement brillant traversa le ciel de Rodez, du nord au sud rapidement. Il laissa
derrière lui une longue traînée lumineuse remarquable à la fois par sa persistance et par les phases
successives par lesquelles elle passa. Ce n’était d’abord qu’un sillon d’un blanc éclatant, étroit et linéaire, mais bientôt, la traînée s’élargit progressivement, diminuant à la fois d’intensité et d’éclat et présentant tour à tour toutes les nuances d’un corps qui, porté d’abord au rouge blanc, se refroidit peu à peu. Les parties extrêmes de cette traînée disparurent les premières, la partie moyenne persista de façon qu’au bout de cinq minutes, il restait encore un nuage rougeâtre parfaitement distinct, de forme allongée, un peu irrégulière, ayant une longueur de 12 à 15 degrés sur une largeur de 1 à 2 degrés. Ajoutons que
cet amas nuageux paraissait formé d’étincelles fines et serrées, mais très distinctes, qui passaient du
rouge cerise au rouge sombre, semblaient se disperser
et descendre très lentement, rappelant, dit le témoin auquel nous empruntons cette description, les pluies de paillettes étincelantes que produisent certaines fusées d’artifice.” Source : S. Meunier, Les Météorites, 1894.
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Le même météore fut observé à Montauban (Tarn-et-Garonne) : “On lit dans le Courrier de Tarn-et-Garonne : Vendredi, 11 novembre, vers cinq heures quarante cinq minutes du soir, on aperçut à Montauban un superbe bolide se dirigeant de L’E.-N.-E. à
l’O.-S.-O. Parti de la constellation de Persée, entre Algenib et la tête de Méduse, il est passé près de la constellation de Cassiopée, se dirigeant vers l’étoile Polaire, dont il s’est beaucoup approché, et est enfin venu s’éteindre en un point situé à peu de distance de Vega, de la Lyre. Il a d’abord présenté une traînée lumineuse qui, entre la Polaire et Cassiopée, s’est changée en un superbe globe de feu, brillant d’un éclat supérieur à celui de Sirius ; puis il s’est divisé en plusieurs morceaux qui se sont dispersés dans l’atmosphère. A l’endroit ou le météore a disparu, on n’apercevait aucun nuage ; cependant, il est resté une grande traînée de feu entre Cassiopée et Persée. Cette traînée était colorée par tranches de rouge, vert, jaune et violet ou rose ; on aurait dit une fusée. L’attention des personnes qui ne regardaient pas le
ciel a été attirée par la vive clarté que projetait le
bolide ; maison n’a entendu aucun bruit, aucune crépitation semblable à celles qui accompagnèrent l’aérolithe du 14 mai.” Source : Courrier du Gard du 17 novembre 1864.
***
Enfin, le Petit Journal du 16 novembre fait publier cet article : “On nous écrit de Lusignan (Vienne) que, dans la soirée de vendredi dernier, on a vu dans cette ville
un phénomène remarquable. Un globe de feu est venu tout à coup sillonner le ciel. Il a suivi la direction du nord au sud. Le même phénomène a été observé à Rodez (Aveyron) et à Blaye (Gironde). Vendredi soir, vers cinq heures 45 minutes, dit un journal de cette dernière localité, un brillant météore a passé sur la ville de Blaye ; sa direction venait du nord, et il a traversé l’arc de la lune. Il était composé de trois boules de diverses couleurs et a disparu dans le sud, laissant à sa suite une longue traînée de feu. Le
même jour, à six heures moins un quart, dit le
Charentais d’Angoulême, un bolide, qui semblait se détacher de la lune brillant alors dans tout son éclat, a parcouru un arc de cercle en se dirigeant vers le sud, laissant derrière lui une traînée lumineuse rouge et bleue très brillante et faisant entendre une sorte
de pétillement. Ce météore a été visible pendant une minute environ. Le bolide a paru se diviser en fragments à la fin de sa course. Aucune détonation n’a été entendue. Il paraît que ces phénomènes sont fort nombreux cette année. Jeudi dernier, dit le Médocain, un aérolithe d’assez forte dimension est tombé vers trois heures, dans un bois situé près du village de Canquillac. Il a produit en tombant une assez forte secousse, mais sans détonation. Ce dernier phénomène a aussi été observé à Périgueux.”
***
“Les journaux des départements voisins signalent l’apparition d’un météore dans la soirée de vendredi dernier. Ce météore a été aperçu à Toulouse, vers six heures, de l’Est à l’Ouest. Pendant sa course très rapide, il a produit l’effet d’une fusée de diverses couleurs.” Source : Journal de Toulouse du 14 novembre 1864.
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“Un météore très lumineux, a été aperçu hier au soir, vers six heures vingt minutes, au zénith de Carcassonne, Ce météore a éclaté comme un bouquet de fusée et a laissé dans le ciel une longue, traînée de feu. (C. de
l’Aude.)” Source : Journal de Toulouse du 14 novembre 1864.

1864, 29 novembre, Paris. “Le 29 novembre, vers sept heures cinq minutes du soir, me trouvant sur le quai
des Orfèvres, j’ai pu suivre des yeux pendant trois secondes, sur une étendue angulaire d’environ 30 degrés,
un bolide se dirigeantdu sud-ouest au nord-ouest. Il
offrait l’aspect dune grosse fusée brûlant très-régulièrement, mais seulement par places et avec peu d’énergie. L’arc de trajectoire que je lui ai vu parcourir, et à l’extrémité duquel il a semblé s’éteindre, présentait une courbure bien sensible et avait sa corde parallèle à l’horizon. J’ai évalué la distance zénithale du point le plus haut de cet arc à 50°, et son azimut à 400 comptés du sud vers l’est. Je n’ai entendu ni détonation, ni crépitement.”

1864, 4 décembre, Paris. “Dimanche dernier, 4 décembre, à sept heures six minutes du soir, passant au carrefour de l’Observatoire, à Paris, j’ai aperçu un globe filant très-lumineux, ayant en apparence la grosseur d’une forte orange, et laissant derrière lui une traînée d’étincelles multicolores. Ce globe a commencé à être visible dans le voisinage de la Chèvre (α du Cocher), et, se dirigeant vers le nord nord-ouest, a disparu entre α et β de la Grande-Ourse, parcourant en quatre secondes une trajectoire d’environ 30°. La traînée a persisté pendant deux secondes. Le roulement des voitures ne m’a pas permis de constater si un bruit quelconque a accompagné ou non l’apparition du bolide.”

1865, 17 février, nord de la France. “ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE. CLASSE DES SCIENCES.

Séance du 4 mars 1865. Le 17 février dernier, vers 6 heures du soir, un bolide d’un éclat et d’un aspect remarquables a été observé en Belgique et dans le nord de la France jusqu’aux environs de Paris. Diverses relations sont par entes à ce sujet à la classe dans cette séance. Nous allons résumer ce qu’elles peuvent ajouter de nouveau aux observations qui ont déjà été publiées relativement à ce phénomène.

Ce bolide consistait en une masse enflammée, de forme allongée, se dirigeant avec rapidité de l’E. vers l’O., à la hauteur d’environ 45°. Ce qui a caractérisé son apparition, c’est qu’au moment où le météore s’est éteint, ce qui a eu lieu sans bruit, on a remarqué à la place où il a disparu un nuage blanc ayant la forme d’un M couché, dont les jambages étaient écartés et disposés perpendiculairement à un vertical, lequel nuage a persisté pendani environ vingt minutes. Le temps élait calme et serein.

Ce bolide a été vu avec 1 es particularités que nous venons de dire : A Louvain, par M. Florimond; à Liège, par M. L. de Koninck, et M. Dewalque; dans les Ardennes, par M. d’Omalius; à Stavelot, à Huy, à Namur, à Charleroy. — M. L. de Koninck compare son aspect à celui d’une comète à noyau beaucoup plus gros et plus brillant qu’une étoile de première grandeur. Après avoir décrit une trajectoire à peu près verticale, qui pouvait avoir environ 3° de longueur, lorsque le bolide arriva à 15° de hauteur, le noyau disparut, puis la traînée lumineuse, d’abord droite etfixe, se contourne graduellement enzigzag dans la forme indiquée plus haut.—D’après M. Dewalque, la traînée lumineuse pouvait avoir en longueur six à sept fois le diamètre de la lune dans sa partie rectiligne, tandis que sa largeur était très-faible. Mais peu à peu cette traînée s’élargit jusqu’à avoir environ la cinquième partie du diamètre lunaire ; sa couleur était jaune rougeâtre; mais, au lieu d’être uniforme, elle semblait provenir d’une multitude de points brillants rappelant la traînée d’un feu d’artifice. En même temps elle se déforma en subissant une triple courbure qui lui donna graduellement la forme d’un M couché ayant la partie supérieure à droite. Des quatre parties dont est formée cette ligne brisée, la supérieure, ou la première, était très-courte, et la quatrième, ou l’inférieure, au lieu d’être horizontale, était inclinée à peu près parallèlement à la seconde. Les angles étaient d’ailleurs largement arrondis, ou plutôt formés de deux ou trois ondulations rappelant le chiffre 3; celui de gauche et l’inférieur de droite ont paru plus brillants que le reste. Toute celte figure pouvait être inscrite dans un rectangle ayant pour hauteur sept diamètres lunaires, et pour largeur quatre diamètres.” Source : L’Institut du 11 octobre 1865.

1865, 18 février, Le Havre (Seine-Maritime). On peut lire dans le Courrier du Havre du 19 février : “Hier soir, vers onze heures et demie, un bolide est passé au-dessus de notre ville. Il suivait la direction du sud-est au nord-ouest et décrivait une traînée lumineuse semblable à celle des étoiles filantes, mais plus large. Quand le météore parut être au-dessus de l’hôtel de la marine, une détonation se fit entendre et tout disparut.”

1865, 23 février, Roujan (Hérault) et Argelès (Pyrénées-Orientales). “Pézenas, 25 février. On nous écrit de Roujan, qu’un metéore lumineux, comme on en voit peu dans nos contrées, est passé le 25 février, à 6 heures du soir, sur Roujan, allant de l’Ouest à l’Est. Sa trainée était des plus brillantes. Il a commencé par un seul jet de feu ; peu à près il en a surgi un second, puis un troisième ; il a disparu en laissant tomber une sorte de gerbe enflammée équivalant à celle que produiraient vingt fusées romaines réunies. Sa lumière, d’une blancheur éclatante, est devenue opaque en traversant un nuage et a repris son brillant dès qu’il l’a eu dépassé. Sa durée peut être évaluée à une minute environ. Des vignerons revenant du travail ont aperçu ce méteore les uns à un kilomètre, les autres à deux kilomètres du village, et affirment l’avoir vu presque sur leur tête, ce qui prouve sa prodigieuse élévation. Si cet événement météorologique s’était produit à 8 heures du soir, le village tout entier eût été éclairé comme en plein midi. (Languedocien.)” Source : Journal de Toulouse du 27 février 1865.
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“Le jeudi 23 février vers les cinq heures du soir un bolide a traversé les airs au nord de la ville d’Argelès, laissant après lui une longue traînée de feu. Je n’ai point vu ce météore mais plusieurs personnes m’en ont parlé le lendemain. Parmi elles il y en a quelques unes qu’on appelle bonnes gens, qui vous disent sérieusement que l’apparition d’un phénomène de cette nature est le signe d’un grand évènement prochain. A l’époque où nous vivons, dans ce siècle de lumières, comme on dit, le nombre des bonnes gens est plus grand qu’on ne le suppose généralement. S’il était possible de faire une statistique de tous ceux qui croient aux signes pronostiqueurs, aux revenants, aux esprits, aux sorcières, aux loups-garous et à leurs maléfices, on arriverait à un résultat qui ne prouverait guère en faveur de la raison humaine. Que les hommes sensés se dévouent à faire comprendre l’inanité de toutes ces sornettes et puissent leur temps et leur peine n’ètre pas perdus. TARISSAN.” Source : La Petite gazette du 1er mars 1865.

1865, 25 février, dans le Cantal et en Provence. “Nous lisons dans le Moniteur du Cantal, du 1er mars : Samedi dernier, à 6 heures du soir, un globe enflammé a traversé notre horizon avec une grande vitesse et à une hauteur très limitée. Sa direction constante était de l’ouest à l’est. Au moment de son apparition, le méteore s’est divisé en trois rayons rectilignes, parallèles et très lumineux, qui, après avoir parcouru l’espace, sont revenus vers le centre du météore en conservant toujours la même intensité. Etait-ce un bolide, un aerolithe, une étoile filante ? Toujours est-il qu’il s’est éclipsé sans détonation au milieu d’une atmosphère brumeuse.” Source : Journal de l’Aveyron du 4 mars 1865.
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“En effet, à Roujan (Hérault), un bolide, cheminant de l’O à l’E, passa pour ainsi dire au-dessus de la tète de quelques vignerons qui revenaient de leur travail. D’autres, évaluèrent sa distance de l’endroit à 1 ou 2 kilomètres, et sa durée fut d’environ une minute. Sa traînée était des plus éclatantes. Il commença par un seul jet de feu; peu après, il en surgit un second, puis un troisième, et celui-ci disparut en laissant tomber une sorte de gerbe enflammée, équivalente à celle que produirait la réunion de vingt fusées ordinaires. Avant de pénétrer dans un nuage, sa lumière était d’un blanc vif; elle devint terne pendant sa traversée et reprit son brillant dès qu’il fut dépassé.
D’après sa direction, il devait tendre vers la Provence où, d’ailleurs, le météore apparut de nouveau à Bouc, aux Martigues et à Fos. Alors, sa couleur était bleue, et il semblait cheminer à 20° au-dessus de l’horizon, venant du SO en se déplaçant vers le NE, assez lentement pour demeurer visible pendant 20 minutes. Enfin, il se divisa en trois parties qui continuèrent à se mouvoir dans la même direction pour disparaître soudainement et sans aucun bruit.” Source : MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, BELLES -LETTRES & ARTS
DE LYON, tome 16, 1866-67.

1865, 20 avril, “Jeudi soir, 20 avril , quelque temps après la nuit close, un brillant météore a paru au-dessus de notre ville. Une longue traînée lumineuse, présentant tous les caractères de la chute d’un bolide, a sillonné rapidement l’atmosphère du nord-ouest au sud-est, vis-à-vis du Truc ou Pic-du-Midi. elle a semblé se terminer comme une immense fusée d’artifice, et l’on a vu tomber deux globes enflammés accompagnés de grosses étincelles; quelques secondes après une double détonation se faisait entendre. L’intensité de celte explosion et le court iulervalle qui l’a séparée de la dernière apparition lumineuse portent à croire que le bolide a éclaté aux environs de Chanac, ou un peu plus loin vers le sud du département. Nous ne larderons sans doute pas à avoir des détails à ce sujet ; et, dans quelques jours, on connaîtra l’endroit précis où le météore a terminé sa course. Peut-être sera-ce un vrai aérolilhe, dont on retrouvera les fragments.” Source : L’Echo des Montagnes du 23 avril 1865.

1865, fin mai, Paris. “Cette nuit, vers deux heures du matin, un météore lumineux, d’une assez grande dimension a traversé l’espace au-dessus de Paris, qu’il éclairait d’une vive lumière ; bon nombre d’habitants, privés de sommeil à cause de la chaleur, ont cru à un incendie, mais leur appréhension n’a pas été de longue durée : le bolide a disparu avec une telle rapidité de l’horizon, que le retour de l’obscurité a bientôt dissipé toute inquiétude à ce sujet.” Source : Journal de l’ain du 31 mai 1865.

1865, 2 juin, Vic-Fezensac (Gers). “On écrit de Vic-Fezenzac au Courrier de Gers : Vendredi 2 juin, dans la nuit, entre 11 heures 1/2 et minuit, nous prenions le
frais sur la route impériale, lorsque nous avons vu
tout à coup un cerf-volant de feu, suivi de grappes d’étincelles, traverser silencieusement les airs, dans la direction du nord à l’est, puis s’éteindre subitement en plein ciel sans nuages. Le météore lumineux est devenu naturellement le sujet de notre conversation. Deux minutes s’étaient à peine écoulées que nous avons entendu une sourde et lointaine détonation. Probablement on découvrira, si l’on fait des recherches, soit à la surface du sol, soit profondément dans la terre, une masse minérale tombée des hauteurs de l’atmosphère un moment avant que nous avons entendu l’étrange détonation.” Source : Courrier du Gard du 11 juin 1865.

1865, début août (probablement le 3), Niort (Deux-Sèvres). “J’imagine que l’excessive lenteur du météore précédent, compliquée de ses caractères essentiellement variables, ne s’accordent guère avec ceux qu’il faut attribuer aux aérolithes. Il en sera de mène pour le suivant, qui fut observé dans les huit premiers jours d’août 1865, et probablement à la date du 3. En effet, alors, à 9 h . s . , une énorme boule de feu traçait un sillon de flammes dans le ciel de Niort, en lançant une immense lueur qui, dans la nuit, fut suivie d’une grande quantité d’étoiles filantes.” Source : MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE IMPÉRIALE DES SCIENCES, BELLES -LETTRES & ARTS DE LYON, tome 16, 1866-67.

1865, 20 octobre, département de l’Aube. On a jusqu’à récemment cru que le météore observé ce jour-là au-dessus de l’Aube était associé à la météorite de Saint-Aubin. Il fallut attendre 2015 avec la publication de l’étude réalisée par Aurore Hutzler pour connaître l’âge de chute de Saint-Aubin : 55000 ± 40000 ans. La chute observée le 20 octobre 1865 n’a par conséquent jamais été retrouvée - en tout cas officiellement car si des météorites ont été trouvées, elles n’ont jamais été présentées à la Science -.
Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine du 20 octobre 1865
publie le premier article sur le phénomène : “Ce matin, vendredi, à 6 heures moins quelques minutes, une détonation semblable à celle d’un coup de canon, mais beaucoup plus prolongée, s’est fait entendre. Immédiatement, cette détonation a été suivie de la projection dans plusieurs endroits, de masses embrasées, dont la rapidité était énorme, et qui, d’un côté, semblaient raser le sol, de l’autre, s’élever à une certaine hauteur. C’est le phénomène que l’on appelle globe de feu, appartenant à la série des météores ignés qui ont l’électricité pour principe, et dont la formation dans l’air n’a pas encore été bien expliquée. Ces globes, lorsqu’ils éclatent après avoir parcouru un espace immense, laissent tomber sur la terre des masses solides et minérales.”
Le Journal de la Marne, mercredi 25 octobre 1865,
relate l’observation d’un météore massif qui éclaté
près de Troyes : “AUBE. - Hier vendredi, à six heures
du matin, un bolide, dont la grandeur peut être comparée à celle de la lune, a traversé l’atmosphère, au-dessus de Troyes, du nord-est au nord-ouest, avec une extrême rapidité, lançant dans sa course des étincelles comme une fusée. La clarté très-vive que ce météore a répandue, s’est soutenue pendant près de
deux minutes, ce qui a permis de l’observer à loisir. Aussitôt qu’il s’est éteint, une détonnation pareille à
celle d’un canon de gros calibre s’est fait entendre, suivie d’un roulement sourd semblable au tonnerre. On a remarqué sur son passage une trace brillante qui paraissait être la flamme retenue en arrière par la résistance de l’air. En disparaissant, la traînée
lumineuse a fait place à un petit nuage blanchâtre,
qui, comme une fusée, s’est dissipé peu après. La
crépitation qu’on a entendue n’est autre chose que le bris de l’aérolithe dont les fragments plus ou moins considérables ont dû tomber dans la partie nord-ouest de Troyes.”
***
“PASSAGE D’UN BOLIDE A TROYES.
Hier vendredi, à six heures du matin, un bolide, dont la grandeur apparente peut être comparée à celle de la lune, a traversé l’atmosphère, au-dessus de Troyes, du nord-est au nord-ouest, avec une extrême rapidité, lançant dans sa course des étincelles, commjj une fusée. La clarté très-vive que ce météore a répandue, s’est soutenue pendant près de deux minutes, ce qui a permis de l’observer à loisir. Aussitôt qu’il s’est éteint, une détonnation pareille à celle d’un canon de gros calibre s’est fait entendre, suivie d’un roulement sourd semblable au tonnerre. On a remarqué sur son passage une trace brillante, qui paraissait être la flamme retenue en arrière par la résistance de l’air. En disparaissant la traînée lumineuse a fait place à un petit nuage blanchâtre, qui, comme une fumée, s’est dissipé peu après.
La crépitation qu’on a entendue n’est autre chose que le bris de l’aérolithe dont les fragments plus ou moins considérables ont dû tomber dans la partie nord-nord-ouest de Troyes ; il ne serait pas étonnant qu’on en trouvât ces jours- ci. Voici en quelques mots comment on peut les reconnaître :
La grosseur des fragments d’aérolilhes n’est pas déterminée ; mais leur forme est irrégulière, leur surface souvent pleine d’aspérités dont les angles sont émoussés par la fusion. Ils sont recouverts, jusqu’à un millimètre seulement de profondeur, d’une sorte d’émail noir; la cassure est grisâtre, d’un aspect terreux et grenu. Ils sont tantôt durs, tantôt friables ; enfin, ils sont ou métalliques, ou pierreux, ou charbonneux.
Nous appelons sur ce sujet toute l’attention de nos lecteurs qui pourront ainsi se guider dans leurs recherches.
E. SOCARD.” Source : L’Aube du 20 octobre 1865.
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Phal-Honoré Gallois, un enseignant vivant dans le
département de l’Aube, note dans ses Observations
météorologiques journalières de 1865 : “Le vendredi vingt octobre 1865 à 6 heures moins ¼ du matin, un bolide, dont la grandeur apparente peut être comparée à celle de la Lune, a traversé l’atmosphère au-dessus de Troyes se dirigeant du Nord-est au Nord-Ouest, avec une rapidité extrême, lançant dans sa course des étincelles comme une fusée. La clarté très vive que ce météore a répandue, s’est soutenue, pendant près de deux minutes, ce qui a permis de l’observer à loisir. Aussitôt qu’il s’est éteint, une détonation pareille à celle d’un canon de gros calibre s’est fait entendre, suivi d’un roulement sourd semblable au tonnerre. On a remarqué sur son passage une trace brillante qui paraissait être la flamme retenue en arrière par la résistance de l’air. En disparaissant, la traînée lumineuse a fait place à un petit nuage blanchâtre qui comme une fumée s’est dissipé peu après. La crépitation qu’on a entendue n’est autre chose que le bruit de l’aérolithe dont les fragments plus ou moins considérables ont dû tomber dans la partie Nord-Est de Troyes. A Rigny-le-Ferron ce météore a été bien vu par plusieurs personnes surtout par des ouvriers maçons et charpentiers qui se rendaient à leurs travaux. Au rapport d’un de ces ouvriers, M. Lacotte-Mignot qui se rendait à Courmononcle
[hameau de Saint-Benoist-sur-Vanne], ce météore aurait disparu avant d’avoir atteint les limites du département de l’Aube.”
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On trouve aussi un rapport sur ce météore dans le tome 61 des Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, 1865 : “Bolide observé au Paraclet et dans les environs. Extraits de deux lettres de M. Walckenaer, transmis par M. Am. Guillemin.
Le Paraclet (Aube), 20 octobre 1865.
Ce matin, à 5h 30m, douze de mes domestiques sortant de ma ferme pour aller aux champs, le temps étant légèrement couvert, mais pas assez cependant pour qu’on ne peut distinguer les étoiles, ont été frappés tout à coup de l’éclat d’une grande lumière venant du ciel assez haut à l’est de l’habitation, provenant d’un corps lumineux se dirigeant rapidement du nord au sud. Après un certain trajet, ce corps s’est séparé comme en deux grandes étoiles qui ont éclaté en des milliers d’étincelles comme une bombe de feu d’artifice ; puis ils n’ont plus rien vu. Quatre à cinq minutes après, disent-ils, ils ont entendu comme un grand coup de tonnerre qui a duré fort longtemps (cinq à six minutes).
Dans une seconde Lettre, M. Walckenaer ajoute : C’est du côté du levant que le bolide s’est manifesté sous l’apparence d’un globe lumineux. Son parcours était marqué par une sorte de grande traînée de feu. L’intensité de sa lumière a été très-vive. Les gens qui se trouvaient dans la cour de la ferme en ont été, disent-ils, tout éblouis. Depuis, j’ai eu occasion d’interroger bon nombre de personnes dont les remarques s’accordaient de tout point avec celles que j’avais d’abord recueillies. Ces observations avaient été faites dans des lieux éloignés de 15, 30 et 40 kilomètres du Paraclet : à Trainel, Bray-sur-Seine, Villiers-sur-Seine, etc., tous lieux situés à l’ouest du Paraclet.”
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Enfin, Jules Ray, célèbre naturaliste du département de l’Aube fait paraître un court article dans les Mémoires de la société d’agriculture, sciences et arts du département de l’Aube, tome 3, 1866 : “Quelques observations peuvent faire croire que le bolide, dans sa marche planétaire autour de notre globe, lance quelquefois des fragments projetés par la rotation ou par la dilatation que cause la chaleur des surfaces ; on le voit alors continuer sa course et disparaître à l’horizon sans toucher la terre. C’est peut-être ce qui s’est passé près de Troyes, le 20 octobre 1865. A six heures du matin, on a observé le passage d’un bolide qui suivait la direction du sud-est au nord-ouest. Une détonation assez forte a eu lieu au-dessus de la commune de Sainte-Savine, mais la masse enflammée a continué son chemin, et on l’a vue se dirigeant du côté de Paris. Quelquefois donc le météore n’éclate que partiellement et poursuit sa course horizontale. Les éclats que le bolide a dû lancer à l’ouest de Troyes n’ont pu être retrouvés.”
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Près de 150 ans plus tard, Raymond Tomasson et Emmanuel Dransart (EMTT) publient un article associant pour la première fois le bolide de 1865 et la météorite de Saint-Aubin. Il paraît dans le mensuel l’Astronomie, n° 123 de février 2009. En voici quelques extraits : “La date de la chute de Saint-Aubin n’a pas pu être déterminée avant 2003. Ce n’est qu’après de multiples recherches d’archives par l’un de nous que furent précisées la date et les circonstances de cette chute qui a dû être spectaculaire, comme nous le montrent les commentaires des différents observateurs (R. Tomasson, 2004).
- Phal-Honoré Gallois, directeur de l’école communale de Rigny-le-Ferron, consigna de sa main dans son premier volume d’observations météorologiques et notes diverses pour la période du 1/01/1865 au 31/12/1868, les observations qu’il fit le 20 octobre 1865 sur la chute de cette météorite. Il rédigea également un résumé de celles-ci sur cet événement aérien dans un autre registre à cette même date (MS.2 J 563, p. 293, Archives départementales de l’Aube, Troyes).
- Le second observateur est l’abbé Jules Hyacinthe Roger, curé de Buchères. Il nous fait part, lui aussi dans ses cahiers d’observations météorologiques, des témoignages qu’il recueillit le même jour à la même heure : “Le 20 octobre 1865, un peu avant 6 heures du matin, par un temps calme, froid (3° seulement) et très peu couvert, une forte détonation se fait entendre. Quelques personnes ont dit avoir vu un bolide éclater dans l’air au-dessus de Buchères. C’est là ce qui aurait produit ce bruit insolite très bas et très sourd et aussi sans écho. On a dit qu’il était parti de Saint-Pouange. On l’a entendu parfaitement à Troyes, à Provins, à Bar [-sur-Seine], à Loches [-sur-Ource] se dirigeant du Nord au Sud (du Nord à l’Ouest-Sud dit mon père qui l’a aperçu). La détonation a dû entraîner la chute d’éclats mais rien n’a été retrouvé dans la campagne troyenne.” (MS. 2972, cahier n°3, octobre 1865, p. 38. Médiathèque de l’agglomération troyenne, Troyes).
- Emile Socard, rédacteur en chef du journal l’Aube, ayant enquêté rapidement auprès de Phal-Honoré Gallois, publia ses observations dans les éditions des 20 et 21 octobre 1865 (col. 1-2). Cet article, reproduit aussi dans le Journal de l’Yonne du 24 octobre 1865, entraîna de la part d’un abonné de Fleury-la-Vallée (canton d’Aillant-sur-Tholon, nord-ouest de l’arrondissement d’Auxerre), une réponse dont la reproduction parut dans le journal l’Aube du 31 octobre 1865 (p. 2, col. 2-3) et que nous reportons ici : “Monsieur le Rédacteur, Je viens de lire dans votre numéro du 24 [octobre 1865] un fait divers commençant par ces mots :
Passage d’un bolide à Troyes. Ce phénomène me fit souvenir que le vendredi 20 à six heures du matin, j’ai entendu sur la direction de Troyes un
bruit sourd comme celui que feraient plusieurs coups de canon tirés en même temps à une grande distance, et me fit l’effet d’un violent coup de tonnerre.
Ceci se passait pendant que je puisais de l’eau dans un jardin ; en ce moment, la tranquillité de la nuit qui régnait encore me permit de donner à ce bruit plus d’attention. Peu de temps après, le même roulement se répéta ; je regardais le ciel, et je ne vis se produire aucun éclair, ni aucun indice d’orage.
Je ne pouvais donc m’expliquer ce qui s’était passé :
ce n’est qu’après avoir lu la description que vous donnez du bolide dans votre estimable journal que je suis parvenu à m’expliquer cet étrange phénomène.
Agréez, Monsieur le Rédacteur en Chef...”
- Enfin, Jules Ray, conservateur du musée de Troyes et membre résidant de la Société académique de l’Aube, dressa une rétrospective sur les météorites et ses propres observations dans les Mémoires de 1866 de ladite société. On y trouve en particulier les remarques suivantes (p. 328) : “... Quelques observations peuvent faire croire que le bolide, dans sa marche planétaire autour de notre globe, lance quelques fois des fragments projetés par la rotation ou la dilatation que cause la chaleur des surfaces ; on le voit alors continuer sa course et disparaître à l’horizon sans toucher la Terre. C’est peut-être ce qui s’est passé près de Troyes, le 20 octobre 1865.
A six heures du matin, on a observé le passage d’un bolide qui suivait la direction du Sud-Est au Nord-Ouest. Une détonation assez forte a eu lieu au-dessus de la commune de Sainte-Savine, mais la masse enflammée a continué son chemin, et on l’a vue se dirigeant du côté de Paris. Quelques fois donc le météore n’éclate que partiellement et poursuit sa course horizontale. Les éclats que le bolide a dû lancer à l’Ouest de Troyes n’ont pu être retrouvés.”
Toutes ces observations, indépendantes les unes des autres, se recoupent sauf en ce qui concerne la direction qu’a prise la météorite. L’orientation donnée par P.-H. Gallois (nord-est au nord-ouest) se rapproche de celle indiquée par Jules Ray (sud-est au nord-ouest), alors que celle de l’abbé Roger est du nord au sud et celle de son père du nord au sud-ouest (R. Tomasson, 2004 ; P.-M. Pelé, 2005).
Ce qui est remarquable dans les écrits de Phal-Honoré Gallois est que ceux-ci correspondent en tout point et avec beaucoup de précision à tous les témoignages filmés et photographiés d’autres chutes de météorites authentiques à travers le monde durant le siècle suivant. Nous pouvons aussi affirmer que les recherches entreprises, notamment par Jules Ray, n’ont pas permis de retrouver à cette époque des fragments de cette chute. Par ailleurs, il semblerait que les 3 principaux acteurs de ces recherches, c’est-à-dire Jules Ray, Jules-Hyacinthe Roger et Phal-Honoré Gallois ne se connaissaient pas et n’avaient donc pas pu mettre en commun leurs différentes observations.

Reconstitution de la chute
A partir de notre travail d’enquête concernant la découverte de 6 fragments d’une météorite métallique trouvés entre 1968 et 2001 au nord-ouest du département de l’Aube et grâce au recoupement des témoignages provenant d’archives, nous avons réussi à établir une première reconstitution de l’impact de cette météorite métallique de taille imposante, tombée le 20 octobre 1865. C’est une première en France.
Si on s’appuie sur les témoignages, on peut donc penser que le bolide a pu finir sa trajectoire et se désintégrer au nord-ouest de Troyes.
La zone de découverte des 6 fragments est cohérente avec une partie des observations et écrits réalisés à l’époque sur la trajectoire du bolide. En effet :
- d’après Phal-Honoré Gallois : observations de la traversée du bolide au-dessus de Troyes suivie de détonation, direction estimée : nord-est - nord-ouest, disparition avant d’atteindre les limites du département de l’Aube.
- D’après Jules-Hyacinthe Roger : détonation entendue à Provins et direction d’observation nord-sud.
- D’après Jules Ray : direction sud-est à nord-ouest, masse enflammée se dirigeant vers Paris.
- D’après les témoins de l’époque, plusieurs zones de détonation et donc de fragmentation dans l’atmosphère existent : au dessus de Buchères, au nord-est de Troyes (zone pouvant correspondre à la région d’Arcis-sur-Aube), sur la commune de Sainte-Savine.
Aucun impact n’est signalé dans la zone de découverte des fragments d’après les témoins de l’époque (selon les documents retrouvés), c’est-à-dire dans la zone géographique de Saint-Aubin et Romilly-sur-Seine.
Une carte de reconstitution à partir de l’ensemble des faits a été établie.”

1865, 20 novembre, Grasse (Alpes-Maritimes). “Lundi, à sept heures du matin, plusieurs habitants de notre ville ont été témoins oculaires d’un phénomène lumineux qui a eu lieu sur les confins des territoires de Grasse et de Châteauneuf. Un aéroliothe enflammé, ayant le volume d’une boule ordinaire, est tombé au quartier de Peyloubet, dans la propriété de M. Belandou, parfumeur à Grasse. Ce bolide parcourant l’espace avec violence doit avoir, dans sa chute, pénétré dans la terre à la profondeur de plusieurs mètres.” Source : Journal de Toulouse du 23 novembre 1865.

1865, 7 décembre vers 19 h 30, dans le Pays de Loire.
Le 7 décembre 1865 vers 19h30, un superbe météore
est observé entre Lorient, en Bretagne, et Vertou, près
de Nantes. De très nombreux témoins suivent son
déplacement, assistent à son explosion en plusieurs
fragments – qui se serait produite vers Blain à 30km au
nord-nord-ouest de Nantes - et ressentent l’onde de
choc. Il est probable qu’une météorite est tombée sur
cette région et le récit qui suit est de nature à entamer
des recherches sur le terrain… Voici le récit détaillé
des observations liées à ce météore, rédigé par M.
Gruey et paru dans les Comptes rendus des séances
de l’Académie des sciences, janvier-juin 1866.
“Le 7 décembre, M. le comte de Limur, conseiller général du Morbihan, et M. Garnache, lieutenant au 93e de ligne, informaient M. Le Verrier qu’un bolide d’un éclat extraordinaire avait été aperçu par eux, vers 7h30m du soir, au sud de Vannes. Ce bolide avait éclaté en nombreux fragments dans le sud-est, et 3m30s plus tard, comptées à la montre, le bruit de l’explosion s’était fait entendre avec force.
L’intérêt que ces premiers renseignements semblaient donner à l’astéroïde ainsi observé à Vannes déterminèrent M. Le Verrier à solliciter, par la voie des journaux, les personnes qui auraient pu être témoins du même phénomène d’envoyer leurs relations à l’Observatoire. J’ai été chargé de la discussion des réponses obtenues. En voici le résumé.
Dans la soirée du 7 décembre, un brouillard et des nuages épais s’étendaient sur les côtes de l’Océan, lorsqu’on aperçut de différents points un magnifique météore. A Quintin, malgré un ciel extrêmement couvert, une lumière blanche un peu bleuâtre illumina soudain la campagne comme un beau clair de lune. Cette lumière parut d’abord au sud-ouest et semblait s’approcher du zénith. Elle ne fut accompagnée d’aucun bruit et on n’aperçut aucun corps traversant l’atmosphère (G. Fraval, M. Trobert). Mais à Quimper M. Fröchen vit nettement un superbe bolide. Il avait l’aspect d’un globe enflammé formé de deux enveloppes concentriques bien distinctes, l’une interne et l’autre externe. L’enveloppe interne avait un éclat très vif et très lumineux, tandis que l’autre était assez sombre et d’une teinte rougeâtre. Cette dernière projetait d’ailleurs de tous côtés des étincelles de feu ; il est permis de conclure de ce fait que le bolide était animé d’un mouvement de rotation sur lui-même. Ce corps laissait derrière lui une longue traînée lumineuse et parut à M. Fröchen aller de l’ouest à la région sud-sud-est, avec une vitesse assez faible. Du Faouet, M. Le Guillon écrit qu’il a vu un bolide très lumineux descendre lentement
du sud-sud-ouest vers l’est, en faisant jaillir sans bruit de nombreuses étincelles. A Lorient, le bolide parut au sud-ouest sous l’aspect d’un globe lumineux de 25 à 30 centimètres de diamètre. Il éclairait aussi fortement que la pleine lune par une nuit sereine. Il marchait à peu près horizontalement, avec la vitesse d’une fusée. Sa forme était ronde, un peu allongée, d’un éclat admirable, comparable à celui du phosphore brûlant dans l’oxygène ; à sa suite venait une traînée d’un beau bleu se continuant par une magnifique queue rouge-cerise constellée de points brillants. Il n’y eut pas de détonation sensible (MM. Bourdillon, Labatut, Ch. Elléau).
A Vannes, comme nous l’avons déjà dit, M. le comte de Limur et M. Garnache virent le même globe marcher au sud, de l’ouest à l’est. Il répandait une lueur d’un blanc verdâtre très intense, identique à celle que donne un fil de magnésium en combustion. Sa marche était assez lente pour être suivie de l’œil. Il parut aller de α d’Andromède à δ du Bélier. Il laissait derrière lui une traînée d’étincelles brillantes. En disparaissant il sembla se résoudre en une masse d’étincelles et, 3m30s après, on entendit une détonation analogue à celle d’une pièce de gros calibre tirée à 6 ou 7 kilomètres. Ce bruit semblait raser la terre et a été entendu dans les maisons fermées (M. de Limur, M. Garnache).
A La Roche-Bernard, d’après les renseignements pris par M. de Limur, beaucoup de personnes aperçurent le bolide dans les mêmes conditions générales. L’explosion y aurait produit l’effet de murs s’écroulant ou d’une faible secousse de tremblement de terre.
A Etel (Morbihan) (M. Denis du Désert), on vit aller du nord-ouest à l’est un globe lumineux et on entendit une détonation.
De Laval, M. Lair écrit : “Tout à coup une lumière subite, éclatante, pareille à celle du jour, éclaira les objets extérieurs. J’aperçus dans les nuages une boule de feu d’une lumière assez pâle. Je crus d’abord que c’était la pleine lune ; mais bientôt des étincelles brillantes me tirèrent de mon illusion.”
Les renseignements fournis par les divers observateurs que nous avons nommés établissent nettement que le bolide a traversé l’atmosphère
au sud de Lorient, le Faouët, Quintin, Quimper, Vannes, Laval, la Roche-Bernard, Etel, et à peu près dans la direction ouest-nord-ouest à est-sud-est.
Mais le météore a été vu aussi au nord d’un assez grand nombre de points. A Verton1, M. Péan vit un bolide d’une grande beauté dans la partie du ciel s’étendant sur Nantes, à environ 45 degrés au-dessus de l’horizon. Une traînée lumineuse, dit-il, régulière, de plusieurs myriamètres, parsemée de rubis, d’émeraude, de topaze, serpentait dans l’espace à la façon d’une anguille dans les eaux.
Ce détail vient à l’appui de l’observation de M. Fröchen pour confirmer dans l’opinion que le
bolide tournait sur lui-même.
A Angoulême, M. Matagrin vit un météore lumineux venant du nord-ouest et roulant horizontalement comme un petit soleil avec l’éclat du fer en combustion dans l’oxygène.
A Jau, M. Goudineau vit le bolide aller lentement de
la voie lactée à la Grande Ourse.
A Saint-Vivien, voisin de Jau (Gironde), le ciel se trouva tout à coup éclairé d’une lueur resplendissante et d’une intensité telle, qu’il eût
été facile de lire. Un globe lumineux, élevé
d’environ 30 degrés au-dessus de l’horizon et de 25 à 30 centimètres de diamètre, parcourait le
ciel. Arrivé au terme de sa carrière, le corps
éclata en parties divergentes (M. Audoy).
Enfin, à Langon (Gironde), on vit également au
nord un bolide courir de l’ouest à l’est et à une
faible hauteur au-dessus de l’horizon.
Il résulte de tout ce qui précède que le bolide a décrit sa trajectoire entre Vannes et Verton, et l’examen attentif des diverses directions
attribuées à son mouvement conduit à adopter définitivement pour direction moyenne celle de ouest-nord-ouest à est-sud-est.
Il est extrêmement regrettable que le brouillard et les nuages qui chargeaient presque partout le ciel, le 7 décembre, aient empêché un aussi grand nombre de personnes, instruites et zélées pour la science, de rapporter aux étoiles la marche du météore. Nous n’avons, à cet égard, que l’observation de M. Goudineau (Saint-Vivien) et celle de MM. De Limur et Garnache. La dernière seule offre un peu de précision. La longitude et la latitude de Vannes, l’heure de l’observation qui y a été faite et les époques du passage au méridien de α d’Andromède et δ du Bélier, permettent de rapporter à l’horizon de Vannes les deux directions extrêmes suivant lesquelles le bolide a paru à MM. De Limur et Garnache. On trouve pour la première
direction : 5 degrés d’azimut ouest, 71 degrés de hauteur ; et pour la seconde, 45 degrés d’azimut est, 45 degrés de hauteur. C’est sur cette dernière que le bolide a éclaté. L’intervalle entre sa division et l’audition du bruit, 3m30s à peu près, donne 75 kilomètres environ pour la distance de Vannes au point d’explosion. C’est aussi la distance à Vannes de sa projection horizontale. A la Roche-Bernard, situé à 30 kilomètres de Vannes dans le sud-est, la détonation pouvait donc être assez forte pour faire croire à une sorte de tremblement de terre.
La hauteur moyenne du bolide peut être obtenue approximativement. Il a été vu de Vannes, Lorient, Quimper, sous les hauteurs moyennes respectives de 70, 45, 35 degrés, tandis que de Verton il avait une hauteur moyenne de 45 degrés. En prenant pour bases la distance de Verton à chacune des trois premières villes, on trouve pour les hauteurs verticales du météore 80, 85, 95 kilomètres en valeurs assez rapprochées, si l’on songe à l’incertitude des données.
D’autre part, la moyenne des hauteurs attribuées au bolide par les observateurs de Saint-Vivien est de 22 degrés à peu près. Si on la combine avec celles observées à Lorient, Vannes, Quimper, on obtient 90, 92, 99 kilomètres.
Il est permis de prendre la moyenne de ces six déterminations, soit 90 kilomètres, pour la hauteur moyenne du bolide. On voit qu’il avait déjà commencé à descendre au moment de son explosion.
D’après M. Bourdillon, l’arc de trajectoire vu de Lorient et décrit en 15 ou 20 secondes, a été de 100 degrés. La distance moyenne du bolide à Lorient étant de 130 kilomètres à peu près, sa vitesse relative doit être évaluée à 15 kilomètres par seconde.
Enfin, M. Lair ayant pris un instant le bolide pour la pleine lune, M. Bourdillon (Lorient) lui donnant un diamètre de 25 à 30 centimètres, et M. Audoy un diamètre égal, il faut admettre que le diamètre apparent était voisin de 30 minutes. La distance moyenne de ces observateurs au bolide était de 180 kilomètres. Cela donnerait 80 mètres environ pour le rayon réel du petit astre qui a excité tant d’admiration sur son passage ; mais ce nombre doit être considérablement réduit à cause de l’effet de l’irradiation.
Aucun des fragments dus à l’explosion n’a été découvert jusqu’ici. La plupart d’entre eux ont sans doute traversé l’atmosphère sans tomber, car la trajectoire était peu inclinée, et la hauteur ainsi que la vitesse moyenne assez considérables.”

(1) aujourd’hui : Vertou, près de Nantes

1866, en Bretagne. Le père Moyen écrit, dans sa Lecture sur les météores cosmiques, parue dans
L’Echo du Cabinet de Lecture Paroissial de Montreal, l’anecdote suivante : “Vous me permettrez, M.M., de vous parler d’un autre aérolithe dont l’histoire se lie intimement à une jolie anecdote racontée par la Semaine de Nantes. Cet aérolithe se laissait choir, il y a quelques mois, dans un coin de la Bretagne et venait en la possession d’un curé qui comprit bien vite quel parti il pourrait en tirer. A quelques semaines de là, nous trouvons notre curé à Pais où l’avaient conduit des affaires concernant sa paroisse. Il voulut profiter de la circonstance pour visiter les curiosités, les monuments et les palais. Il se rendit donc au ministère des beaux-arts pour demander les autorisations nécessaires, et il errait dans les corridors à la recherche de l’employé qui devait lui remettre le bienheureux billet, lorsque tout à coup il avise un monsieur qui, en petite veste et les mains dans les poches, se promenait tranquillement. Il lui trouva une figure si bienveillante qu’il prit le parti de l’accoster et de lui exposer sa requête en lui demandant à qui il devait s’adresser. Mais le mieux est de vous adresser directement au ministre lui-même qui n’est autre que moi. Le bon curé tout ébahi se confondit en excuses sur la liberté qu’il avait prise. Mais il semblait si étonné de voir une excellence dans un costume aussi simple, que le maréchal Vaillant ajouta en riant : - Décidément, monsieur le curé, ça vous étonne de voir un ministre en tenue du matin ! puis continuant : Vous n’êtes pas venu à Paris uniquement pour visiter les édifices, et je suis sûr que vous avez quelque chose à demander. C’est vrai, répondit le curé, mais j’apporte aussi une curiosité que je viens vous offrir. Et laquelle ? dit le savant maréchal. Un magnifique aérolithe tombé dans ma paroisse. Eh ! bien, apportez-le moi, je l’accepte, mais avant, dites-moi ce que vous désirez. Un secours, monsieur le ministre, pour ma pauvre maison d’école qui tombe en ruines. Le maréchal alors lui tendant la main
ajouta : allez de ma part au ministère de l’Instruction publique et je vous promets que vous aurez votre subvention. Le curé parut hésiter. Monsieur le ministre, dit-il enfin, je ne rencontrerai peut-être pas votre collègue en tenue du matin dans les corridors de son ministère, et si je n’ai pas au moins un mot… Allez toujours, reprit le maréchal en souriant, les portes vous seront ouvertes. Il est inutile d’ajouter que la puissante recommandation du ministre d’état a eu l’effet voulu. Et le curé dit aujourd’hui en se frottant les mains : j’avais cru que c’était une pierre qui me tombait du ciel, mais c’était toute une maison d’école !”.
Source : L’Echo du Cabinet de Lecture Paroissial de Montreal, 1867 Je n’ai pas trouvé d’autre trace d’une météorite tombée en 1866 en Bretagne (le récit ci-dessus, écrit en janvier 1867, parle “d’il y a quelques mois”).

1866, 19 avril, Ille-et-Vilaine. “Dans la nuit du 19 au 20, vers les 11 heures, un magnifique météore s’est montré sur notre horison, dans les régions du sud-est ; il traçait un arc lumineux de quelques degrés, tout à fait analogue à la traînée d’une étoile filante, et a donné lieu à trois éclats successifs et instantanés d’une lumière verte très-vive, offrant l’intensité et la nuance de certaines étoiles des fusées à parachûte. Cette coloration semble indiquer dans le noyau de l’aérolithe une proportion considérable de cuivre, circonstance extrêmement rare. Le phénomène, complètement silencieux, a duré deux à trois secondes. (Union de St-Malo).” Source : Journal de Vannes du 5 mai 1866.

1866, 20 juin, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
Une météorite est-elle tombée près de cette ville ?
C’est ce que relate Stanislas Meunier dans son ouvrage
“La Planète que nous habitons” : “On assure que les
animaux eux-mêmes sont très vivement affectés, avant
même que l’explosion se soit fait entendre.” Biot en cite plusieurs exemples à propos de l’explosion du bolide de L’Aigle ; des faits analogues, sinon plus significatifs encore, ont été observés à Boulogne-sur-Mer lors de la chute du 20 juin 1866. Ainsi, un témoin assure que son chien, quelques minutes avant le phénomène, était tourmenté ; qu’il avait la tête en l’air à la porte du bureau et qu’il tremblait. C’est en cherchant la cause de ces allures inaccoutumées que le maître aperçut dans le ciel la traînée lumineuse. D’un autre côté, le gardien du fanal d’Alpseck assure que peu de temps avant l’explosion, “ses poules, ses canards et ses pigeons étaient rentrés au logis tout aussi précipitamment que s’ils eussent été poursuivis par un chien.” Source : Revue des scientifiques de France et de l’étranger, p. 293, 4e année, 1867.
***
En 1873, Camille Flammarion relate avec plus de détails le phénomène, dans le tome 4 des “Etudes et lectures sur l’astronomie” :
“Le même mois, le 20 juin, vers 11 heures du matin, un magnifique bolide fit explosion au-dessus de la ville de Boulogne-sur-Mer. Le phénomène a été observé dans un grand nombre de localités, et le soin avec lequel MM. Legros et Leblanc, ingénieurs des Ponts et Chaussées ont, sur la prière de M. Daubrée, recueilli les renseignements qui s’y rapportent, permet d’établir des données précises sur ce météore. A ces renseignements s’en joignent d’autres encore recueillis par M. Rouslan, ingénieur en chef du matériel au chemin de fer du Nord.
Le ciel ne présentait que de légers nuages, et le soleil était éblouissant, lorsqu’on vit apparaître dans l’air une traînée lumineuse remarquable.
M. Carcenat, qui la vit de la gare de Saint-Pierre-lès-Calais, la compare à une énorme chandelle romaine se dirigeant vers la mer, du côté du cap Gris-Nez, presque au zénith vers le sud-ouest, avec la rapidité d’une étoile filante. Il ajoute que, pendant le parcours du cours lumineux, il se formait une double traînée fumeuse, blanchâtre, qui a persisté environ dix minutes après le phénomène.
D’après M. Leblanc, la traînée de vapeur, quand il l’aperçut, était enroulée en spirale suivant un grand axe dirigé approximativement du nord-nord-est au sudsud-ouest. Plusieurs spectatours la décrivent comme une bande parsemée de noeuds lumineux. Suivant un autre, qui se trouvait au moment du phénomène au pied de la batterie des dunes du côté du chenal, la traînée parut d’abord comme une bande immense de vapeur dont les sinuosités s’accentuèrent de plus en plus jusqu’à la disparition. Un autre encore assigne à la traînée la forme d’une hélice, et le maître de port du Portel la compare à un tire-bouchon.
Au rapport de M. Lens, conducteur principal des Ponts et Chaussées à Étaples, un ouvrier aurait vu jaillir de la tête de la traînée des jets de lumière comparables à ceux qui se produisent dans les aurores boréales. M. Nollent, conducteur des Ponts et Chaussées à Boulogne, compare cette tête à un fer chauffé à blanc, d’où s’échappent des jets d’étincelles.
Ces phénomènes lumineux ont été observés aussi dans plusieurs localités de la Belgique et vers l’est jusqu’à Theux (entre Verviers et Spa). Le bolide s’y présenta sous la forme d’une masse lumineuse marchant avec lenteur. Il disparut derrière une colline sans que son passage eût été accompagné d’aucun bruit.
A Vaux-Borset, près de Liège, le météore fut à peu près semblable ; on compara sa forme à celle d’un cerf-volant : « la tête était grosse comme un chapeau et la queue, longue d’environ 2 mètres, était épaisse à l’origine et se terminait en pointe ».
A Lillois (près de Nivelles), il ressemblait à une grosse étoile à queue flamboyante et aux couleurs changeantes.
Pour les observateurs du département du Pas-de-Calais, l’apparition du bolide, loin d’être silencieuse comme en Belgique, fut suivie d’une double détonation extrêmement violente. On crut à Boulogne que la machine d’un bateau à vapeur venait de sauter. A Saint-Omer, on attribua le bruit à l’explosion de la poudrerie d’Esquerdes. De Dunkerque à Saint-Valery-sur-Somme le phénomène sonore fut parfaitement observé, ce qui porte à 170 kilomètres l’étendue du pays où le bruit fut sensible.
Les témoins ne sont pas absolument d’accord sur l’intensité et la durée de la détonation, cependant elle est généralement comparée à celle d’une pièce de canon ou d’une bombe qui éclate. M. Carcenat assure que la traînée avait disparu depuis trois minutes au moins lorsque le bruit se fit entendre, semblable à celui d’un canon de fort calibre tiré à 20 mètres de distance. Ce coup fut suivi d’un roulement sonore qui dura plus d’une minute et s’éteignit graduellement.
Pour MM. Larivière et Plock, ingénieurs des Ponts et Chaussées à Dunkerque, l’intervalle entre la lumière et le bruit a été de deux minutes. M. Leblanc a observé, après la détonation, un long roulement accompagné de puissantes vibrations cornant aux oreilles, qui se succédèrent pendant deux ou trois minutes, en diminuant d’intensité.
A la suite de la détonation, on a entendu à Boulogne un bruit semblable à celui que produit la vapeur qui s’échappe d’une chaudière.
On n’a rien ramassé à la suite de l’explosion qui puisse être considéré comme d’origine météorique, mais plusieurs relations portent à penser que des corps solides sont néanmoins tombés. M. Sagner a cru voir tomber quelque chose à vingt pas du lieu où il se trouvait ; il a vu rouler les cailloux et une épaisse poussière s’est formée ; il a fait quelques recherches, mais il n’a rien trouvé.
A Brexent-Enoch, le sieur Mauroy dit que des pierres ou des cailloux sont venus frapper contre sa porte au moment de l’explosion. Auprès de Wichem, le sieur Bigou, berger, dit qu’au moment de la détonation une épaisse poussière s’est formée tout à coup, et il a vu rouler les cailloux à vingt pas de lui. Cette poussière a laissé une trace apparente sur plusieurs mètres d’étendue.
Des marins d’Étaples, étant à la mer, ont vu les eaux s’agiter tout à coup : ils croient que des pierres
ont dû tomber en mer. Les marins de Merlimont ont fait la même observation ; d’autres marins d’Étaples assurent avoir vu le sable voler autour d’eux au moment seulement de la détonation.
D’après un grand nombre d’observations qu’il
avait recueillies, M. Leblanc s’est occupé de
déterminer la trajectoire parcourue par le bolide. Ce
travail conduit à admettre que la trajectoire en
question est orientée du nord-nord-est au sud-sud-
ouest, et que l’explosion a eu lieu au-dessus de l’embouchure de la Canche.
A la suite de cette Communication, faite à la Société
météorologique, M. de Puydt fait observer que dans
diverses localités, et entre autres à Dunkerque,
l’espace de temps qui s’est écoulé entre le
phénomène lumineux produit par l’explosion du bolide
et le bruit de cette même explosion a été évalué à deux
ou trois minutes, ce qui suppose une distance
de 40 à 60 kilomètres.
Sur d’autres points, des observateurs déclarent avoir constaté la chute de corps solides sur terre et dans la mer, simultanément et en même temps qu’ils percevaient le bruit de l’explosion.
“Est-il probable, demande M. de Puydt, que ces corps d’une densité assez grande, projetés avec une vitesse initiale considérable, comme le supposent les phénomènes lumineux observés, ne soient arrivés à la surface de la Terre qu’avec la lenteur de marche du son, ou faut-il supposer que tous ces fragments ont d’abord été projetés verticalement de bas en haut, et que la résultante du mouvement initial et du mouvement dû à la force de projection égalait la vitesse du son ?”
M. Marié-Davy répond que l’évaluation du temps est toujours très-difficile dans les phénomènes subits auxquels on n’est nullement préparé. L’explosion peut lancer des fragments dans tous les sens et leur donner ainsi des vitesses relatives inégales, bien que la vitesse due à l’explosion soit probablement extrêmement faible relativement à la vitesse initiale. M. de Puydt sait combien l’influence retardatrice de l’air varie avec la masse des fragments qui s’y meuvent. Aucun de ces fragments n’ayant été recueilli, on ne peut juger de leur grosseur. M. Leblanc fixe à 18 kilomètres la hauteur du point où eut lieu l’explosion au-dessus de l’embouchure de la Canche. Dans tous les cas, le bolide a traversé le nord de la France et la Belgique.”

1866, en juillet, Villette-sur-Aube (Aube). “Nous n’avons pas parlé à nos lecteurs d’un gros aérolithe, trouvé sur la commune de Villette, et au sujet duquel l’Echo d’Arcis donne un article détaillé dans son numéro du 21 juillet dernier. Aujourd’hui nous pouvons dire que cette fameuse pierre n’est pas un aérolithe ; c’est simplement une pyrite de fer (sulfure de fer confusément cristallisé), qui se rencontre à tous les pas dans la couche supérieure du terrain crétacé, et vulgairement sous le nom de Pet-de-diable. Ce n’est pas la première fois qu’une pareille méprise se produit ; le Musée de Troyes reçoit bien souvent de ces pyrites qu’on lui envoie comme étant des météorites.“ Source : L’Aube du 31 juillet 1866.

1866, 9 août, Lyon (Rhône). “Le 9 août, de la même année, M. de Rias vit à Lyon un météore très brillant (de l’eclat de la Lune a son quatrième jour) ; la trainée blanchâtre qui suivit son passage persista pendant 10 à 15 secondes.” Source : Amédée Guillemin, Les étoiles filantes et les pierres qui tombent du ciel, 1889.

1866, fin septembre-début octobre, département de la Manche. “Nous lisons dans le Journal d’Avranches : Dans le courant de la semaine, des pêcheurs de Genêts ont observé un curieux phénomène céleste dans la baie du Mont-Saint-Michel. Ils ont vu, dans la direction de Tombelaine, deux météores incandescents, deux étoiles, ont-ils dit, s’élancer l’une contre l’autre avec une effrayante rapidité, se choquer à plusieurs reprises et finalement disparaître.” Source : L’Indépendant de l’Ouest du 3 octobre 1866.

1866, 6 novembre, Le Faouët (Morbihan). “Le
6 novembre, à 6 h. 50 du soir, il a été observé au
Faouët, un bolide dont la grosseur apparente est
assimilée à celle d’un oeuf. Ce météore se dirigeait
de l’est à l’ouest ; avant de s’éteindre, il se serait divisé
en plusieurs fragments sans qu’aucun bruit perceptible
ait accompagné cette explosion.” Source : Journal de Vannes du 17 novembre 1866.

1866, 18 décembre, Metz (Moselle). “Le 18 décembre, entre 7 heures 1/4 et 7 h. 20, un superbe météore a traversé le ciel au-dessus de la ville de Metz, se dirigeant de l’est a l’ouest et décrivant une courbe parabolique assez tendue. Il semblait sc mouvoir dans des régions assez rapprochées de l’atmosphère, avec une vitesse apparente analogue à celle d’une fusée au moment du départ. Malgré un ciel éclairé, il brillait d’un éclat extraordinaire, plus vif que celui des plus beaux feux obtenus aujourd’hui par la pyrotechnie. Sa forme, un peu allopg e dans le sens du mouvement, était celle de la flamme des becs de gaz, dits en papillons des- réverbérés de la ville ; sa grosseur apparente était un peu supérieure. Sa partie antérieure était une boule rouge amarauthe, et sa queue passait du blanc jaunâtre au vert émeraude. Après avoir dépassé le méiidien de Metz d’une dizaine de degrés environ du côté de l’ouest, il a disparu en projetant quelques étincelles et en produisant une détonation comparable à un coup de canon tiré à la distance d’un à deux kilomètres, ou plutôt d’une grande porte cochère fermée avec violence La durée de l’apparition peut être évaluée à 2 ou 3 secondes.” Source : L’Indépendant de la Moselle du 24 décembre 1866.

1866, 27 décembre, Cherbourg (Manche). “Nous trouvons dans la Vigie de Cherbourg, description d’un magnifique bolide observé dans la matinée du 27 décembre par M. Hugoulin, pharmacien principal de la marine, et professeur de chimie et physique aux conférences publiques de Cherbourg : Le météore, d’un rouge orangé, passait de l’Ouest à l’Est, à une hauteur approximative de 8 à 10 kilomètres. Sa rapidité appréciable était de 2 kilomètres par seconde. Son apparition n’a été que d’une seconde environ, soit que le météore ne se soit plus trouvé dans les conditions atmosphériques pour continuer à brûler, soit que quelque nuage l’ait dérobé aux regards ; mais, cinq secondes après cette apparition instantanée, le météore a reparu dans la direction du Nord , avec les mêmes phénomènes de lumière et de durée que dans sa première apparition. Ces deux apparitions successives ont eu lieu sans aucune détonation perceptible.” Source : Courrier du Gard du 14 janvier 1867.

Début 1867 ou fin 1866, Montélimar (Drôme). “Il y a quelques
mois, une assez forte détonation se fit entendre dans une localité voisine de Montélimar, et bientôt après, on apprit qu’une pierre était tombée du ciel, avait été recueillie intacte à peu de distance d’un bâtiment rural. C’était un aérolithe.” Source : Journal de Montélimar du 9 mars 1867.

1867, début janvier ou fin 1866, Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). “Nous devons enfin mentionner le passage sur Bagnères d’un autre bolide de belle grosseur qui a eu lieu, il y a trois semaines environ. Il a été aperçu par des promeneurs de la rue des Pyrénées; sa direction, comme celle des météores constatés ultérieurement, était de l’Est à l’Ouest et le phénomène s’est produit à la même heure, c’est-à-dire de 6 à 7 heures du soir.” Source : L’Echo des Vallées du 20 janvier 1867.

1867, 9 janvier, Uzeste (Garonne). “On lit dans le Journal de Bordeaux : Le 9 janvier, un bolide d’une dimension extraordinaire est tombé dans la commune d’Uzesle. Ce météore igné traversa, vers sept heures du soir, la route de Préchac à Villandraut, au lieu de la Citadelle. Le Joly Arnaud et ses deux fils, qui étaient en route et se trouvaient dans ce moment-là au-dessous de la ligne suivie par le bolide, ont été effrayés par cette masse de feu, qui semait sur son passage de nombreuses étincelles, dont quelques-unes ont laissé sur leurs parapluies des traces de brûlures.” Source : Journal des débats politiques et littéraires du 23 janvier 1867.

1867, 30 janvier, Escoubès (Pyrénées-Atlantiques). “C’est ainsi que le 30 janvier dernier, encore, un habitant de la commune d’Escoubès, dont la grange a pris feu pendant la nuit, a été victime d’un incendie allumé, croit-on, par un météore aperçu vers trois heures et demie du matin, se dirigeant du nord au sud, quelques instants avant I’apparition des flammes. Le malheureux propriétaire, qui n’etait pas assuré, a eprouvé une perte de près de 9,000 fr. Il est à présumer que, s’il n’est pas ruiné complètement, il sera au moins plongé dans la misère. On sait que la propriété est divisée dans notre Bearn, ou il y a plus d’héritages de 8 à 40,000 fr. que de 50 à 60,000 fr. II est à présumer que si la commune d’Escoubes eut possédé une pompe à incendie, les bras qui sont venus vaillamment combattre le fléau n’auraient pas fait une besogne inutile.” Source : Le Mercure d’Orthez du 9 février 1867.

1867, 10 février, Marseille (Bouches-du-Rhône). “La première observation de bolides et d‘aérolithes en 1867 est celle du 10 février, à Marseille, à 8h 30m du soir . Un magnifique bolide partit au-dessous de l’étoile δ des Gémeaux, se dirigea vers la constellation du Petit Chien,
passa entre α et β, et alla s’éteindre entre α et δ du
Grand Chien, après s’être divisé en sept parties et
avoir duré trois secondes. Il était d‘un blanc légèrement bleuâtre et son éclat surpassait celui de Sirius. Chacune des sept parties avait l’éclat d’une étoile de deuxième grandeur. Il n ‘a laissé aucun fragment solide.” Source : Camille Flammarion, études et lectures sur l’astronomie, 1873.

1867, 9 et 12 février, Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). “Deux météores ont été aperçus à Bagnères, l’un, dans la soirée de samedi, vers sept heures, l’autre, dans la soirée de mardi, à onze heures et quelques minutes. Ce dernier a jeté dans le ciel un très-vif éclat, et rappelait, dàns des proportions bien moindres toutefois, le bolide qui éclaira tout le sud-ouest de la France, dans la soirée du 14 mai 1864. Il a disparu dans la direction du couchant.” Source : La petite Gazette du 15 février 1867.

1867, 22 février, Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). “[...] Le second bolide a été observé à Saint-Brieuc, le 22 février, à 11 heures précises du soir. Il a produit la sensation lumineuse d’un éclair, malgré la lumière de la Lune, à peu près dans son plein, presque dégagée de nuages, et élevée à 15 degrés au-dessus de l’horizon. Environ trente ou quarante secondes après cette apparition presque instantanée, on a entendu une explosion sourde, mais très-distincte, venant de la direction où a pu
tomber ce bolide, c’est-à-dire de la commune de
Plérin et à 6 kilomètres de Saint-Brieuc. On n’a
trouvé non plus aucun aérolithe.” Source : Camille Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, 1873.

1867, 11 juin, 20 h 30, en France. G.-.A. Hirn relate :
“Un globe de feu tombe au nord-est et laisse derrière
lui une bande argentée qui finit par ressembler à un nuage formé par un serpent enroulé. Ce nuage ne se dissipe qu’au bout de trois quarts d’heure environ.” Source : L’Astronomie, n°6, 1883.
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“Un énorme bolide a été vu, le 11 juin, à 8h10m du soir, dans toutes les régions de la France. A Paris et dans les environs, à Soissons, à Chaltrait (Marne), à Bar-sur-Seine, à Saint- Dié (Vosges), à
Annecy (Savoie), à Mulhouse, et même à Bâle et à
Baden - Baden, on a remarqué et plus ou moins
minutieusement observé le phénomène.
A Paris, où je l’ai observé, il se dirigeait du sud-ouest au nord-est, offrant un éclat extraordinaire. Jamais une étoile filante n’a été vue marchant avec une telle lenteur. On l’a comparé àune chandelle romaine. ll scintillait
par éclats successifs blanc vif et vert jaune. Il a dû passer fort près de la Terre. (Siècle du 14 juin 1867.)
M. Bonnafont, à Antony, pres de Paris, rapporte qu’il était assis dans son jardin lorsque son attention fut attirée vers le nord par un splendide météore. Sa
forme lui parut ressembler à celle d’une énorme fusée
à la congrève ; en avant était un point ronge incandescent ; immédiatement après, le corps présentait
une couleur d’un blanc jaunâtre très-brillant, qui le coiffait dans ses deux tiers au moins ; de là s’échappait une chevelure incandescente dont les reflets allaient en s’amoindrissant, mais formaient une traînée considérable dans l’atmosphere.
A Chaltrait, arrondissement d’Épernay (Marne), écrit M. de Saint-Chamans, vers 8 heures du soir, un météore lumineux parut au nord-ouest, se dirigeant au sud-est, et laissant échapper des étincelles, au moins en apparence, comme le fait une fusée d’artifice. Il disparut sans que nous entendissions de détonation.
Entre le point d’apparition et le point de disparition, l’angle était bien de 30 à 40 degrés. Le bolide laissa derriere lui dans l’atmosphère la trace de son passage :
une ligne droite, mince, parfaitement nette, blanche, et qui tranchait complétement sur le bleu du ciel. Elle persiste ainsi pendant plus de vingt minutes, puis elle se roula sur elle-même en plusieurs flocons de vapeurs. Pendant plus d’une heure encore, ces flocons de vapeurs restèrent visibles, se détachant sur le fond bleu du ciel.
A Auberive (Haute-Marne), plusieurs personnes signalèrent avoir vu, dans la direction nord-
nord-est, à environ 38 degrés au-dessus de l’horizon, un météore semblable à une étoile filante, mais dont la course était beaucoup moins rapide ; car il mit près de deux secondes pour parcourir environ Fespace d’un degré. La direction de ce phénomène, un peu inclinée vers la Terre, était de l’ouest à l’est ; il ressemblait beaucoup à une longue flèche de feu ; il parut finir par une sorte d’explosion, comme certaines fusées volantes. Ce météore laissa après lui une longue trace nuageuse, transparente, qu’un vent à peine sensible, venant de l’est, étendit insensiblement en ligne brisée. A 10 heures, cette ligne nuageuse tranchait encore sensiblement sur un ciel extremement pur et serein.
A Annecy (Savoie), M. Rey de Morande écrit
aussi : A 8h 15m du soir, le ciel était, à Annecy, d’une remarquable sérénité. On a vu alors, au nord-nord-est d’Annecy, et à une hauteur d’environ 45 degrés au-dessus de l’horizon, une traînée lumineuse allant de l’ouest à l’est. Cette traînée lumineuse, après avoir perdu, en un court instant, la plus grande partie de son éclat, est restée visible pendant plus d’une demi-heure. Les renseignements qui m’ont été donnés ne font pas supposer qu’il y ait eu chute d’un bolide. On peut conjecturer qu’une étoile filante de notable grosseur aurait traversé, sans s’y arreter complètement, les régions élevées de notre atmosphère.
La remarque la plus curieuse à ajouter aux observations de ce bolide, c’est qu’elles s’accordent toutes pour montrer qu’il a laissé derriere lui une traînée phosphorescente matérielle et persistante.” Source : Camille Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, 1873.
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“Bolide remarquable du 11 juin. - Nous mettons dès à présent au concours la détermination des circonstances principales de la marche de ce météore, dont nous avons donné six observations dans notre n° 22, p. 20. Ces observations semblent suffisantes. Nous en ajoutons ici quelques-unes que nous avons reçues dernièrement.
Bar-sur-Seine. M. Saillard, à qui nous devions déjà une observation inscrite au Bulletin 22, nous transmet une observa tion faite par M. Adenot, également à Bar-sur-Seine. Cette Note ne fait que confirmer la précédente.
Mulhouse. - M. Heilmann, ingénieur civil à Mulhouse, nous a transmis, par l’intermédiaire de M. Dollfus, une relation de l’explosion du bolide et deux dessins représentant les traces laissées par cette explosion à 8h 45m et à 9h 15m. Après avoir parcouru une certaine distance en ligne droite, avec une vitesse décroissante, dit M. Dollfus, le bolide a décrit une spirale irrégulière, puis il s’est éteint, et pendant très-long temps on a vu un nuage gris dont la forme était celle de la spirale décrite par le bolide. La nuit venue, une heure et demie après l’apparition, a seule empêché de suivre plus longtemps le nuage.
Bâle. - D’après M.Hagenbach, le météore a été observé à 8h 25m du soir, heure de Bâle. La direction dans laquelle il a été vu à son point le plus élevé était à 45 degrés à partir du nord, du côté de l’ouest et à 12 1/2 degrés au-dessus de l’horizon.
L’observateur ajant bien fixé ce point par rapport aux objets terrestres, et en particulier relativement à une grosse tour assez éloignée, on a pu mesurer les angles en-dessus donnés, et M. Hagenbach assure qu’ils ne peuvent pas être en erreur de plus d’un degré.
Le météore en lui-même consistait en un globe de feu qui s’éleva rapidement comme une fusée, parut s’arrêter un moment lorsqu’il atteignit son point le plus élevé, puis se rapprocha de l’horizon par un mouvement lent, mais qui allait en s’accélérant. Après sa disparition, le météore laissa derrière lui une traînée de feu qui, par degrés, devint blanche et semblable à un nuage ; cette traînée présentait au commencement une forme en spirale dont les dernières traces ne s’évanouirent qu’au bout d’une heure.
Baden-Baden. - Le météore, d’après M. Hagenbach, a été vu dans la direction de l’ouest.
Genève. - Le bolide a paru au-dessus de la Dôle.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 2 - 1867.
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“Voici une observation curieuse : mardi à 8 heures du soir, tandis que le czar parcourait la ligne de l’Est pour se rendre à Kehl et de Kehl à Bade, où il doit rencontrer la reine de Prusse, les habitants d’Epinal s’assemblaient sur les places et sur les ponts pour admirer un phénomène qui se produisait au nord-ouest de la ville. Le ciel, d’un beau bleu, n’était souillé par aucun nuage. Trois nébuleuses seulement avaient devancé l’apparition des étoiles, et sur ces nébuleuses,
disposées en trépied, on voyait se dessiner, avec une régularité parfaite, la lettre N, légèrement inclinée vers le nord.
Ce signe lui-même était surmonté d’une sorte de cartouche figurant le chapeau à plume blanche qui distingue l’officier supérieur.
La lettre N, s’inclinant peu à peu, a bientôt formé un Z, qui s’est insensiblement effacé en s’élargissant dans l’espace.
Ce spectacle a duré 20 minutes.
On a cru d abord à l’apparition d’une comète, mais les personnes qui, les premières, avaient observé le phénomène, avaient toutes remarqué l’éclat subit d’un corps lumineux, se dispersant sans explosion et formant la vapeur blanche, objet de l’attention générale.
Avec ces données, il faut croire que nous avons assisté à la chute d’un aérolithe charbonneux, aérolithe dont on n’a eu jusqu’ici que de très rares exemples, et qu’il s’est précipité vers la terre en décrivant une hélice jusque dans la sphère d’activité de l’action terrestre.
S. Serrière.” Source : Le Courrier des Vosges du 13 juin 1867.

1867, 10 août, Vincennes (Val-de-Marne). “Lettre de M. le Maréchal Vaillant. - L’Observatoire impérial fait appel, dans le Moniteur du 17 août, aux renseignements que pourraient fournir les personnes qui auraient vu le bolide aperçu à Amboise dans la nuit de samedi 10 août.
Le dimanche 11, M. Négrier, garde principal du génie, qui habite un chalet dans le bois de Vincennes, m’avait parlé d’un globe lumineux qu’il avait aperçu la veille, à 9 heures du soir.
Aujourd’hui, j’ai voulu avoir quelques données ; voici ce que j’ai recueilli : Il était 9 heures précises : le globe était de couleur rouge, comme du fer rouge, bien plus rouge que du charbon en pleine ignition. Telles sont les paroles mêmes de M. Négrier. La marche apparente était de l’ouest à l’est. L’observateur était sur la véranda du chalet, les regards tournés au nord. Le globe lumineux a paru marcher horizontalement dans un espace angulaire de 72 degrés (1).
Cet espace angulaire a été parcouru en une seconde de temps, tout, au plus, et, comme je le disais ci-dessus, horizontalement, du moins en apparence.
Quant à la hauteur du bolide au-dessus de l’horizon, par une bonne fortune qui sera peut-être appréciée par vous, le globe a rasé le sommet d’un arbre, ce qui m’a permis de mesurer l’angle au-dessus de l’horizon ; cet angle était dé 30 degrés.

(1) M. le Maréchal Vaillant avait donné une figuré que nous n’avons pu reproduire ici, et dont les éléments nous ont servi à déterminer l’angle de 72 degrés.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 2 - 1867.

1867, 11 août, Amboise (Indre-et-Loire). “A Amboise, dans la nuit du samedi au dimanche 11 août , à 1 heure du matin, M. Ducel, maître de forges à Pocé, était à la gare du chemin de fer, quand toute la campagne a été subitement éclairée, et vers le zénith est apparue une gerbe de feu composée de plus de mille étoiles
filantes, qui d‘Amboise se sont toutes dirigées sur Tours en suivant la direction de la voie ferrée. Ce phénomène a duré environ trente secondes, et la campagne est restée encore éclairée quelque temps après sa disparition. Dans la soirée du 10 août, quatre heures avant cette apparition, M. Négrier, garde principal du Génie, qui habite un chalet dans le bois de Vincennes, avait vu un globe lumineux traverser l’espace. ll était 9 heures précises : le globe était de couleur rouge comme du fer rouge, bien plus rouge que du charbon en pleine ignition. Le globe lumineux a paru marcher horizontalement dans un espace angulaire de 72 degrés, et cet espace angulaire a été parcouru en une seconde de temps tout au plus.” Source : Camille Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, 1873.

1867, 22 août, Béziers (Hérault). “La fin du mois d’août s’est signalée dans le monde météorologique par l’apparition de deux bolides qu’on a aperçus de Béziers. C’est sans doute un peu tard pour vous entretenir de ces phénomènes, mais il ne m’a pas été possible de le faire plus tôt. Je ne suis pas de ceux à qui leurs loisirs permettent de s’occuper exclusivement des sciences qu’ils affectionnent... Le premier bolide s’est montré le 22 août à 9 heures 20 minutes du soir, aux environs de Béta de la Grande Ourse, et s’est dirigé vers Cassiopée en illuminant le Ciel et la Terre. Ensuite, il s’est divisé avec une explosion sourde comme le roulement lointain du tonnerre. Sa lumière était blanche et vive, avec quelques rayons dorés.” Source : Le Publicateur de Béziers du 27 septembre 1867.

1867, 29 août, Lons-le-Saulnier (Jura). “Bolide. - Lons-le-Saulnier. - M. Rousseau. - Le 29 août, à 8h40m du soir, heure de notre ville, j’aperçus un bolide, gros
comme trois fois une forte planète, courir de l’est au nord. Sa hauteur au-dessus de l’horizon était de 40 degrés environ, 45 au plus. Ligne parcourue horizontale. Pas de détonation. Couleur de la Lune.” Source : Bulletin de l’association scientifique de
France - t. 2 - 1867.

1867, 31 août, Béziers (Hérault). “La fin du mois d’août s’est signalée dans le monde météorologique par l’apparition de deux bolides qu’on a aperçus de Béziers. C’est sans doute un peu tard pour vous entretenir de ces phénomènes, mais il ne m’a pas été possible de le faire plus tôt. Je ne suis pas de ceux à qui leurs loisirs permettent de s’occuper exclusivement des sciences qu’ils affectionnent... [...] Le second météore a traversé la promenade, le 31 à 9 heures 50 minutes du soir. Il est passé au sud, entre Jupiter et Fomalhaut du Poisson austral, marchant assez lentement de l’ouest à l’est et répandant une clarté bleuâtre, fantastique comme celle du punch. Il se composait de deux noyaux consécutifs du diamètre apparent d’une boule de billard. La traînée lumineuse qu’il laissait après lui semblait avoir quinze centimètres dans sa plus grande largeur.” Source : Le Publicateur de Béziers du 27 septembre 1867.

1867, en septembre, vers 21 h, Brienne la Vieille
(Aube). Un texte relate : “...En 1867 un aérolithe
est tombé à 9 heures du soir au mois de
septembre à environ 300 mètres du Chemin des Corvées,
en présence de trois ou quatre personnes qui
furent fort effrayées à la vue d’une vive lumière et en entendant un sifflement aigu qui se produisirent subitement ; le lendemain, elles allèrent chercher à l’endroit de la chute, mais elles n’ont rien trouvé.”
Sources : Statistique communale de Brienne-la-Vieille par Gustave Marguillier, instituteur à Brienne-la-Vieille, son pays natal. Manuscrit original, dans Registre des délibérations du Conseil municipal de Brienne-la-Vieille de 1867 à 1885 : Archives municipales 3201/3 chapitre IV, folio 5 recto.

1867, 7 septembre. “Bolides. - M. Verwaest. - J’ai observé, le 7 septembre, à 9h 10m du soir, un autre bolide moins brillant, descendant lentement sur l’horizon. Le phénomène a duré environ douze à quatorze secondes ; le bolide n’a laissé aucune trace lumineuse en traversant l’espace ; sa direction générale était du nord-ouest au nord; il est venu s’éteindre près de l’étoile β de la Grande. Ourse.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 2 - 1867.

1867, 12 octobre, Toulon (Var). “On écrit de Toulon : Avant-hier, à neuf heures du soir, un brillant météore, couleur bleue d’azur, a traversé le ciel du nord-est au sud-ouest. A vue d’œil, ce globe-de feu paraissait avoir un mètre de circonférence. Il laissait après lui une longue traînée lumineuse semblable à la queue d’une comète. Pendant toute la durée de sa course parabolique, tous les objets avaient pris une couleur azurée, et les témoins de cet étrange phénomène céleste semblaient avoir été trempés dans une dissolution d’indigo.” Source : L’Indépendant de la Moselle du 14 octobre 1867.

1867, 7 novembre, Paris. “Bolide. - Paris. - M. Tissot. - Le 7 novembre dernier, à 7h 8m du soir, j’aperçus un bolide au moment où il disparaissait derrière un toit de la rue de La Harpe ; sa hauteur était d’environ 40 degrés ; son azimut, de 25 degrés du nord vers l’est. Il allait de l’ouest à l’est et avait l’aspect d’un corps enflammé.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 2 - 1867.

1867, 13 décembre, Paris. “Bolide observé du pont
des Saints-Pères, pendant une seconde, le 13 décembre à 5h 48m du soir. Mouvement à peu près horizontal et dirigé du nord au sud. Aspect d’un corps en ignition imparfaite avec traînée d’étincelles peu persistante et de 1 ou 2 degrés de longueur. Le bolide s’est éteint à 15 degrés environ, vers le sud du vertical d’Aldébaran, et à une hauteur égale au tiers de celle qu’avait cette étoile.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 2 - 1867.

1868, 1er janvier, quart nord-ouest de la France. “Les journaux du Havre signalent l’apparition d’un curieux météore qui a été observé dans la matinée du 1er janvier : La partie est-sud-est du ciel était traversée par une bande blanchâtre qui bientôt parut se déchirer dans le sens de la longueur. On aperçut alors alors dans l’écartement un globe de feu qui se dirigea en zig-zag vers le nord-ouest, avec des détonations et des pétillemens. Ce phénomène a été également aperçu sur d’autres points. Une personne de Pont-de-l’Arche a fait les observations suivantes qu’elle adresse au Courrier de l’Eure : « J’avais quitté Léry vers sept heures du matin, et je marchais dans la plaine, du côté du couchant, lorsque tout à coup j’aperçus dans le ciel, un peu au-dessus de l’horizon, un corps lumineux qui m’est apparu comme une boule de feu. Il est resté sous cette forme pendant quatre à cinq secondes en grossisant de plus en plus ; puis il s’est élancé à travers l’espace, traçant un sillon de lumière d’abord très vif, qui allait en s’affaiblissant et a persisté pendant plusieurs minutes. La direction suivie par ce météore était du nord au sud, et décrivait une ligne courbe vers la terre. L’apparition du météore a été accompagnée d’une détonation semblable à celle d’un coup de canon. Plusieurs habitans l’ont parfaitement entendue et l’ont prise pour un coup de tonnerre.” Source : Le Constitutionnel du 4 janvier 1868.
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De même, Camille Flammarion parle de ce météore dans Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 4, en
1873 : “Dès le premier jour de l’année, un magnifique bolide a frappé l’attention au nord-ouest de la France. Voici les observations principales qui ont été faites sur ce phénomène.
Le Havre, 1er janvier 1868, 7h30m du matin. - Le temps était très-clair au Havre, le vent d’est à petite brise : un météore est apparu dans l’est des signaux télégraphiques de la jetée nord-ouest ; il marchait vers l’ouest ; sa forme était celle d’un serpent faisant des zigzags et laissant à sa suite une traînée lumineuse. Une détonation, semblable à un grand nombre de coups de fusil, s’est fait entendre pendant environ 30 secondes ; puis tout a disparu, sauf cependant la traînée lumineuse qui a duré quelques instants.
Rouen. - Le même phénomène a été observé à Rouen à la même heure ; le météore a été aperçu
au nord-nord-est, et s’est avancé vers le sud en faisant avec l’horizon un angle évalué de visu à 40 degrés ; sa vitesse était très-grande ; arrivé au zénith, il a disparu dans un petit nuage blanc qui
s’est dissipé après quelques secondes (M. l’ingénieur Tarbé).
M. de Lépine écrit de la même ville : « Ce matin, à 7h30m environ, un corps lumineux sphérique a parcouru le ciel dans une grande étendue et dans la direction de Quevilly. Cet aérolithe a laissé dans le ciel une traînée lumineuse, qui persista pendant quelques secondes, et à laquelle succéda un nuage blanc, immobile, ayant la configuration exacte d’un manche de fourche. Ce corps avait la couleur rouge cramoisi des flammes de Bengale, et sa grosseur était celle des étoiles de premier ordre. La vitesse de sa chute était considérable, ce qui fit supposer qu’il n’était pas très-éloigné de Rouen. L’obliquité de son trajet formait, avec la surface de la Seine (sur laquelle j’étais) un angle de 40 à 45 degrés de visu. Il se dirigeait des régions qui sont au-dessus de la vallée de Maromme, vers Quevilly. Le nuage se dispersa, mais seulement au bout de 20 à 25 minutes. Il faisait très-froid, l’air était sec et la voûte céleste redevint immaculée. Je n’ai pu apprécier s’il y avait eu détonation. »
Pont-Audemer. - « Ce matin, 1er janvier, à 7h30 m, nous avons été témoin de la chute d’un météore,
qui nous a paru partir de l’amont et se diriger vers la mer, en laissant dans l’atmosphère une éblouissante traînée de feu. Du foyer lumineux partaient des myriades d’étincelles, qui, dans le crépuscule du matin, ressemblaient à des étoiles. Cette apparition a été bientôt suivie d’une effroyable détonation, semblable à celle d’un canon de gros calibre. Immédiatement après, une seconde détonation s’est fait entendre, si violente, qu’elle a fait sauter la vaisselle dans les maisons, et que ses vibrations ont duré fort longtemps. Beaucoup de paysans, qui s’étaient mis en route dès l’aurore pour leurs visites du jour de l’an, ont été sérieusement effrayés de
cette double détonation. » (Journal du Havre, M. J. Delahaye.)
Amiens (Note communiquée par M. L. Comte). -
Le 1er janvier , à 7h30 m du matin, je me dirigeais sur la route de Doullens, lorsqu’une vive clarté me fit lever les yeux vers le ciel. J’aperçus un globe de feu très-lumineux qui semblait venir du côté de Doullens, c’est-à-dire du nord, et qui parcourait l’horizon assez lentement pour me permettre de suivre des yeux sa course pendant une dizaine de secondes environ. Ce globe avait une forme que je ne puis mieux vous indiquer qu’en le comparant à une très-forte bouteille qui aurait été très-renflée d’en bas, et il en avait au moins, en effet, les dimensions appréciables à ma vue. Ce globe ne suivait pas une marche régulière, mais il allait par soubresauts et en zigzags. Il se dirigea au-dessus de la ville, c’est-à dire du nord au sud, et disparut tout à coup, laissant comme une traînée lumineuse après lui. Ce météore venant du nord-ouest a été aperçu en Angleterre, de Portsmouth et de l’île de Wight, vers 7h30m du matin, avant de traverser la Manche. A l’île de Wight (Freshwater), il avait un diamètre apparent égal à celui de la Lune dans son plein. Dans ces quatre stations, les observateurs ont aperçu une traînée lumineuse provenant de débris enflammés qu’il laissait après lui dans l’atmosphère. La longueur de cette traînée, qui a persisté à l’île de Wight jusqu’au lever du Soleil, était de 60 degrés. Sa hauteur apparente au-dessus de l’horizon de cette station était de 30 degrés.”

1868, 17 janvier, Morières-lès-Avignon (Vaucluse).
“Bolide. - Morières, le 18 janvier 1868. - Note de M.
l’ingénieur E. Foëx. J’ai pu observer hier, 17 janvier,
à 5h30m, heure de Paris, la chute d’un bolide de forte dimension, qui a dû toucher le sol dans les environs de Barbanlane ou de Tarascon. Je me trouvais à 500 mètres au sud de Morières ; le bolide m’a paru tomber verticalement à très-peu de chose près. Le plan dans lequel il se mouvait se dirigeait du point où j’étais vers le sud-ouest assez exactement. J’estime que ce bolide était à 60 degrés au-dessus de l’horizon lorsque je l’ai remarqué ; je l’ai suivi jusqu’au moment où il a passé derrière un nuage épais qui me l’a caché. Un monticule m’a empêché de le voir
au-dessous de ce nuage. Ce bolide m’a paru divisé en deux morceaux : il projetait des étincelles ; chaque partie du bolide paraissait trois fois plus volumineuse que Vénus.”
Source : Camille Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 4, 1873.

1868, 17 janvier, entre Bagnères-de-Bigorre
(Hautes-Pyrénées) et Tarbes (Hautes-Pyrénées). “Vendredi dernier, à 5 heures 25 minutes du soir, on
a vu, de la route de Bagnères à Tarbes, dans la direction du nord à l’est, un bolide de dimension moyenne parcourir l’espace et éclater sur la terre avec détonation, rupture et projection de fragments bleuâtres. La chute de l’aérolithe a paru s’effectuer sur le domaine de Monloo, appartenant aux MM. Dumoret, ou dans les environs. Pour la chronique locale : VERONESE.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 27 janvier 1868.
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“Nous apprenons que M. Daubrée, membre de l’institut et professeur de géologie au Muséum, a écrit à M. Peslin, ingénieur des mines a Tarbes, pour lui demander des renseignements sur le bolide aperçu par quelques personnes de notre ville, dans la soirée du vendredi 17 janvier dernier et qui a paru faire explosion du côté de Monloo. Ce météore igné, dont l’Echo des Vallées a parlé le premier, a attiré l’attention des savants. Il en sera question dans la prochaine séance tenue dans notre ville par la Société Ramond.” Source : L’Echo des Vallées du 5 février 1868.

1868, 23 mai, Nice (Alpes-Maritimes ). “Nice, 24 mai.
Hier, à onze heures cinq minutes du soir , un météore lumineux a été aperçu du côté du nord, vers les hauteurs qui dominent Saint-André. Ce bolide avait l’apparence d’une énorme étoile filante, descendant du ciel a environ 45° d’inclinaison, et se dirigeant de l’Est à l’Ouest. Ce globe de feu, après avoir décrit une courbe presque insensible, a éclaté sans détonation perceptible, en plusieurs parcelles aussi lumineuses, qui se sont éteintes aussitôt, laissant après elles une traînée phosphorescente. Pour toute la chronique : Jules Roucoiran.” Source Courrier du Gard du 27 mai 1868.

1868, 13 juin, Rouen (Seine-Maritime). “Un bolide
a traversé une partie de la ville de Rouen, samedi
dernier, vers neuf heures et demie du soir, en se
dirigeant du sud-est au nord-ouest, avec une marche assez lente. Ce bolide, accompagné d’une longue
traînée, lançait parfois des étincelles très-brillantes ;
puis il a disparu sans faire de détonation.” Source : Journal de Vannes du 20 juin 1868.

1868, 24 juillet, Le Cours (Morbihan). “Nous lisons dans le Moniteur de l’Oise : Vendredi dernier, vers dix heures du soir, un fait extraordinaire s’est produit sur le Cours, près de l’octroi. Trois détonations successives se sont fait entendre, et d’une telle force que les personnes qui occupent les maisons voisines ont été réveillées en sursaut, les unes croyant qu’une explosion de gaz avait eu lieu, les autres s’imaginant que c’était quelqu’un qui venait de se brûler la cervelle sous leurs fenêtres. Bien d’autres ont cru que c’était un nouvel essai de bombes Orsini, ni plus ni moins. De tout cela rien n’est exact, et il n’y avait d’avéré qu’une grande lueur et une grande inquiétude dans le quartier. D’après le récit d’une personne qui n’était pas encore couchée (M. Davidi, receveur de la navigation), dont les fenêtres font face à l’endroit où la détonation a eu lieu, ce serait comme une langue de feu qui serait descendue du ciel, et qui, à la hauteur de 50 centimètres du sol, aurait fait explosion en jetant une grande clarté sur le Cours et sur les maisons, au point que l’on a pensé un instant à un incendie. Des langues de feu se sont dispersées à droite et à gauche, et tout a été fini. On n’a rien trouvé le lendemain qui pût faire supposer une explosion de manière quelconque. Selon toute apparence, il s’agit d’un bolide qui a traversé les airs et sur lequel il est probable que de plus amples renseignemens pourront être obtenus.” Source : Le Constitutionnel du 31 juillet 1868.

1868, 9 août, entre l’Etrat et la Talaudière (Loire). “Le Mémorial de la Loire raconte en ces termes la chute d’un aérolithe : Les excursionnistes attardés qui, revenant de villégiature, passaient hier, dans la soirée, sur la route de la Talaudière à l’Etrat, ont été témoins d’un rare et merveilleux phénomène céleste. Vers onze heures et demie environ, par un temps calme et un ciel splendidement constellé, un globe de feu de la grosseur, d’un boulet de canon est tout à coup descendu de l’espace sur les hauteurs de Montreynaud, traçant dans sa course une traînée lumineuse d’un vif éclat et jetant, sur son passage, des myriades de petites étincelles d’une couleur bleuâtre. Le météore, en approchant de terre, a décrit une courbe sensible de plusieurs centaines, de mètres, et en ce moment on pouvait distinctement entendre un sifflement aigu qui accompagnait son rapide trajet. Tout autour de cet orbe voyageur, l’atmosphère était fortement éclairée et l’air avait des vibrations étranges. Arrivé à peu de distance de la terre, et juste au-dessus de la route de la Talaudière, le resplendissant aérolithe a fait un brusque arrêt et a détonné violemment, comme fait une bombe, projetant dans un cercle de plus de vingt mètres des feux blancs, jaunes et verts d’une incomparable vivacité. Une odeur de soufre très-prononcée a suivi la détonation, et il est tombé du ciel une pluie de poussière dont une voiturée de passants a été comme saupoudrée. Quelques parties de cette poussière insolite ont pu être recueillies, et il nous en a été apporté ce matin, dans nos bureaux, quelques grains. Ces grains, de la grosseur du petit plomb de chasse, dit vulgairement, cendrille, sont irréguliers, en général de couleur brune, quelquefois brillants, et s’émiettent aisément ; sous la pression du doigt, laissant sur le papier un résidu roussâtre. Ils sentent singulièrement la pierre calcinée. On nous assure qu’un des témoins du phénomène, revenu, ce matin, de bonne heure sur les lieux, a ramassé un débris de la météorite de la force d’un oeuf de poule. Ce fragment paraît composé, autant qu’on a pu en juger par une première analyse, de fer, de manganèse, de cuivre et de silice. Il serait à désirer que les personnes dépositaires de ces curieuses reliques, ne les détruisissent pas inutilement.” Sources : Le Salon Public du 12 août 1868, Le Mémorial de la Loire du 10 août et le Journal d’Annonay du 16 août 1868.

1868, 5 septembre, entre l’Alsace et l’Auvergne, mais aussi en Europe de l’Ouest. On
peut lire dans les Comptes-rendus des séances de
l’académie des sciences, tome 67, 1868 : “Observation
d’un bolide, faite à Clermont Ferrand le 5 septembre
1868 ; par M. Lecocq.
Un bolide des plus remarquables s’est montré le 5 septembre 1868, vers 8 heures du soir. Je n’ai pas reconnu le point précis du ciel où son apparition a eu lieu ; mais il est certain quec’était au levant, et assez près de l’horizon, qui était borné pour moi de ce côté par les montagnes du Forez. Il ne marchait pas très-vite, et j’ai pu le suivre des yeux pendant environ douze secondes. Son trajet était une courbe régulière, dont-il était facile de suivre la trace à la faveur de la traînée lumineuse qu’il laissait derrière lui. Il se dirigeait très-nettement de l’est à l’ouest, en accomplissant son trajet au nord de Clermont ;
toutefois, il n’est pas arrivé jusqu’au dessus des montagnes du Puy-de-Dôme, qui limitent notre horizon à l’ouest. Il a successivement perdu de son éclat, et s’est éteint sans que j’ai pu discerner le moindre bruit à la suite de son extinction. Ce bolide, dont il est difficile d’évaluer le volume apparent, illuminait parfaitement
la voûte du ciel. Il avait tout à fait l’apparence d’une
fusée de feu d’artifice, décrivant sa courbe avec une certaine lenteur. La route qu’il suivait restait éclairée et, de plus, parsemée de brillantes étincelles qui conservaient leur éclat pendant un certain temps. D’abord très-brillant, le globe perdait peu à peu son éclat, à mesure que des parcelles incandescentes semblaient se détacher de sa masse et diminuer son volume. Je n’ai pas entendu dire qu’il y ait eu chute d’aérolithes ; mais je pense que, si ce phénomène a eu lieu, il doit s’être produit très-loin au nord de la localité que j’habite. En supposant que chaque étincelle représentât une parcelle de matière du bolide, j’ai toujours vu ces étincelles se soutenir quelque temps derrière lui, et je ne les ai pas vues commencer
à descendre perpendiculairement vers la terre.”
***
Le même phénomène a été observé en Ardèche,
comme en témoigne cet article paru dans le Messager du Midi du 8 septembre 1868, mais aussi dans le Bulletin de la société des sciences naturelles de Strasbourg, t. 1, 1868 : “MÉTÉOROLOGIE. - Bolide du 5 septembre - 1868 (M. Hugueny).
Les vacances de la Société m’ont empêché de lui
communiquer plus tôt une observation du bolide
du 5 septembre 1868, que j’ai faite en compagnie
de mon collègue de mathématiques spéciales, M.
Pruvost. L’observation d’un bolide doit comprendre :
1° le lieu, le jour et l’heure exacte où apparaît le
météore ; 2° sa position dans la constellation où il
commence et dans celle où il se termine ; 3° les
constellations qu’il traverse dans sa course ; 4° sa vitesse angulaire moyenne ; 5° les diverses particularités de lumière (dimension, éclat, couleur, étincelles etc.) et de bruit qui le caractérisent ; 6° et enfin les aérolithes qui peuvent en provenir.
Mais, à défaut d’une observation faite dans ces conditions, il y a toujours utilité à faire connaître une observation incomplète ; car le champ de visibilité d’un même bolide peut, comme l’ont remarqué divers astronomes, fournir quelques éléments à la détermination de sa trajectoire.
Cette considération justifie la communication que je vais faire à la Société.
Nous nous trouvions, M. Pruvost et moi, dans les conditions les plus défavorables pour l’observation du bolide du 5 septembre dernier. Nous étions, à huit heures du soir, sur la place Broglie à Strasbourg, tournant le dos au théâtre et faisant face, au sud, à un kiosque vivement éclairé par des globes à gaz, où une musique militaire se faisait entendre. Vers huit heures vingt minutes (heure de Strasbourg), un bolide apparut devant nous, descendant de l’est à l’ouest ; je ne commençai à le voir qu’à partir de l’instant où il se trouva dans le méridien de Strasbourg, à 50° environ de hauteur sur l’horizon, se mouvant avec une vitesse angulaire de 15° à 20°, pour disparaître derrière les maisons de la place. Il était d’un éclat comparable à celui des étoiles de première grandeur, laissant derrière lui une queue de quelques degrés, avec projection d’étincelles semblables à celles des soleils de feux d’artifice. La musique militaire jouant au moment du passage du bolide, nous n’avons distingué aucun bruit qui pût être attribué au météore. Il n’est pas douteux que dans une obscurité complète ce bolide ne nous eût paru beaucoup plus brillant avec une traînée plus longue. Le même météore a été aperçu par mon ami, M. l’abbé Charles Laniey, à Sainte-Odile (Bas-Rhin), et par mon frère à la côte d’Echery, près Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin). La direction, dans celte dernière observation, paraît avoir été du sud-ouest au nord-est. Notre confrère, M. Gay, m’a dit que ce bolide avait été vu à Lyon par des personnes de sa connaissance. C’est, du reste, celui qui a été aperçu à Clermont (Puy-de-Dôme) par M. Lecoq, et dont ce savant a donné la description
à l’Académie des sciences dans sa séance du 21
septembre 1868 (Comptes rendus de l’Académie, t. LXVII,
p. 618). C’est le bolide qui a été observé à Mulhouse, à Cernay, à Nîmes, à Metz et à Dole (voir le Bulletin de l’Association scientifique de France,
n° 85, p. 178, et n° 86, p. 194).
[...] Après, cette communication, M. Bach déclare avoir
vu, avec M. le professeur Hirlz, le bolide du 5
septembre aux Trois-Épis, près de Colmar (Haut-Rhin).
Le météore vu par MM. Bach et Hirtz avait la direction
et la vitesse du bolide observé par MM. Hugueny et Pruvost, mais présentait plus d’éclat et avait une traînée plus longue, parce qu’aux Trois-Épis les deux observateurs n’avaient pas de lumière artificielle dans leur voisinage.
M, Monoyer croit avoir vu le même bolide à
Badenweiler (grand-duché de Bade), sans se rappeler, toutefois, la date précise de son apparition.”
***
“Hier samedi, vers huit heures et demie du soir, les promeneurs qui se trouvaient sur l’Esplanade et le boulevard Saint-Antoine ont pu jouir de la vue d’un curieux phénomène météorologique. Par un ciel serein, un bolide est subitement apparu au dessus de Nimes, à une hauteur qu’à vue d’œil on pouvait évaluer à celle des plus hauts nuages. Sa grosseur apparente était celle d’une étoile de première grandeur. Il se dirigeait du levant au couchant, et laissait derrière lui une traînée lumineuse exactement semblable à celle d’une fusée. Sa vitesse était beaucoup plus lente que celle des étoiles filantes ordinaires ; sa course a duré environ huit à dix secondes. Si la disparition subite de ce météore a donné lieu à quelque détonation, ainsi que cela arrive quelquefois, ce n’est que du côté de Montpellier, où il se dirigeait, qu’on aura pu l’entendre.” Source : Courrier du Gard du 7 septembre 1868.
***
“On nous écrit de Narbonne, le 6 septembre : Un phénomène assez rare a été observé à Narbonne le 5 septembre, vers huit heures quarante du soir. Le temps était calme et le ciel parfaitement clair. Un bolide, de faible éclat, d’un blanc jaunâtre et laissant après lui une longue traînée lumineuse de la même couleur, s’est montré à une petite hauteur au-dessus de l’horizon. Sa marche était lente, comparée du moins à celle des étoiles filantes ; elle était rectiligne, parallèle à l’horizon et dirigée vers le N.-O. Ce météore n’a fait que traverser l’atmosphère et sa trace a disparu instantanément.” Source : Le Messager du Midi du 8 septembre 1868.
***
Camille Flammarion indique dans L’Atmosphère et les grands phénomènes de la nature (1911) à propos de ce bolide : “Le 5 septembre 1868, à 8 heures 30 minutes du soir, un énorme bolide, se dirigeant de l’est à l’ouest, a traversé l’Autriche et la France. D’après les calculs de M. Tissot, fondés sur de nombreuses observations, le bolide s’est trouve à sa plus courte distance de la terre à 111 kilomètres de hauteur au zénith de Belgrade (Serbie) ; est passé une seconde après à 112 kilomètres de là, au zénith d’Oukava (Slavonie) ; quatre secondes plus tard, à 340 kilomètres plus loin, au zénith de Laybach (Carniole), à 126 kilometres de hauteur ; dix secondes plus tard, à 862 kilometres, au zénith de Saulieu (Côte-d’Or), à 242 kilomètres de hauteur ; trois secondes après, à 292 kilomètres au delà, au zénith de Mettray (Indre-et-Loire), à 367 kilomètres de hauteur. On le vit encore de Clermont-Ferrand, puis il disparut à l’horizon occidental. En dix-sept secondes, le bolide avait parcouru une distance de 1493 kilomètres, sa vitesse était de 79 kilomètres par seconde. Le bolide arrivait de l’infini et y retournait.”

1868, 24 septembre [à vérifier], Paris. “Hier soir, à minuit un quart, un immense méleore à éclairé Paris. D’abord le globe lumineux est apparu tout blanc, parcourant l’espace de l’Ouest à l’Est, avec une vitesse prodigieuse. La lueur s’est transformée peu à peu en rouge vif, pour redevenir d’une blancheur éclatante, pareille à la lumière solaire. Les becs de gaz, les étoiles, la lune, tout avait disparu sons un jour nouveau. Puis tout à coup plus rien : la nuit sombre et un sourd grondement dans le lointain. Tout cela avait duré trois secondes.” Source : Courrier du Gard du 10 octobre 1868.

1868, dans la nuit du 7 au 8 octobre, France
entière. Un météore est observé au-dessus de la
capitale à minuit. Il semble immense, se déplace à une vitesse vertigineuse vers le nord-ouest. W. de Fonvielle, qui rédige une note dans l’hebdomadaire l’Illustration, indique que la météorite a dû tomber entre Rouen et la mer, vers Saint-Saëns (Seine-Maritime). Les récits sont contradictoires, d’autres témoins indiquant une direction du sud-ouest au nord-est ou bien encore de l’est vers l’ouest. On trouve également le témoignage de M. Tremeschini dans les Comptes-Rendus des séances de l’Académie des sciences,
tome 67, 1868 : “J’ai observé le phénomène sur les hauteurs de Belleville, à l’aide d’instruments spéciaux. Voici les documents que j’ai pu recueillir.
Commencement du phénomène..... 11h59m54s
Fin du phénomène..... 12h0m1s
Le bruit de l’explosion, comparable à celui qui serait produit par l’explosion d’une mine très rapprochée, ne se fit entendre que 5m 28s après la disparition définitive de ce phénomène. A l’instant de l’explosion, la lumière projetée par
le bolide, ressemblant jusqu’alors à une lumière électrique très intense, changea tout à coup de nuance pour passer au rouge le plus vif, ensuite
au bleu, puis au jaune, enfin au vert.” Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, édition du 16 octobre 1868 apporte de nouveaux éléments :
“Un des plus beaux aérolithes qu’on puisse voir a traversé le ciel de Paris vers minuit du 7 octobre. Il a frappé la terre avec une violente détonation. Le chef de service de nuit à la gare de Choisy-le-Roi a tellement cru au voisinage du bolide que sur ses indications, plusieurs personnes l’ont cherché dans le voisinage de l’embarcadère. Il paraît qu’on l’a trouvé à quelques kilomètres de là, à la Varenne-Saint-Hilaire, et qu’il mesure 60 centimètres de long sur
30 centimètres d’épaisseur.“
***
En 1873, Camille Flammarion cite de nombreux témoignages de toute la moitié nord de la France dans son ouvrage “Etudes et lectures sur l’Astronomie” : “Le bolide qui eut le plus de retentissement de tous ceux de cette année fut incontestablement celui du 8 octobre, qui traversa Paris au moment de la sortie des théâtres. On ne pouvait mieux choisir son heure pour devenir populaire.
Tout le Paris oisif aperçut ce brillant météore, et la plupart des curieux le prirent pour une gerbe de lumière électrique. Les plus observateurs reconnurent qu’ils avaient affaire à un bolide, mais ils s’imaginèrent qu’il tombait à quelques centaines de mètres d’eux. Et en somme l’illusion était complète. Le météore avançait assez doucement ;
très-volumineux, très-brillant, étincelant d’abord
comme un rayon électrique, puis laissant une
traînée colorée, dont les effets magiques éblouissaient les spectateurs, il s’avançait élargissant fortement à l’arrière et laissant tomber de sa tête enflammée des milliers d’étincelles ; il disparut derrière les maisons, et tout le monde précisait la rue où il semblait être tombé. Il tomba ainsi à peu près dans tous les quartiers. Le lendemain on annonça qu’on en avait recueilli les débris à La Varenne-Saint-Hilaire, puis à Belleville, aux Prés Saint-Gervais, etc. Quelques jours après, les journaux de province signalaient également son passage ;
chacun d’eux affirmait que le bolide avait touché le sol dans les environs de ses bureaux; c’est ainsi qu’il avait dû s’abattre aux environs de Reims, où l’on était sûr de l’avoir vu passer à 25 mètres au plus au-dessus du théâtre, aux environs de Rouen, de Lille, d’Orléans, d’Angers, etc. Ces faits suffisent pour montrer qu’il passait au-dessus de nos têtes à une distance prodigieuse. Pour qu’on l’ait aperçu dans tant de régions différentes, à très-peu près au même instant, en tenant compte des longitudes, il faut bien que sa trajectoire fût extrêmement élevée. Voici les principales observations faites sur ce bolide :
Albert (Somme). - M. Ém. Comte écrit : Cette
nuit, quelques minutes après minuit, un
splendide météore a traversé l’atmosphère. Beaucoup de personnes ont entendu un bruit très-fort ressemblant à des détonations successives ou au bruit de pavés lancés avec violence et rebondissant dans la rue. Des maisons ont été secouées et des plâtres sont tombés, comme s’ils eussent subi les effets
d’un tremblement de terre.
Saint-Saens (Seine-Inférieure). - M. le Juge de
Paix. - Dans la nuit du 7 au 8 octobre, à 12h10m, j’aperçus d’abord une large lueur comme celle d’une étoile filante, semblant courir de l’est à l’ouest; peu à peu la lueur s’affaiblit graduellement. Une minute ou deux après la disparition de la lueur, j’entendis une violente détonation comme celle d’un coup de canon du plus fort calibre qui serait parti à 100 mètres de moi ; une demi-minute après, une seconde détonation en tout semblable. Les deux détonations m’ont paru être à l’ouest et non en l’air, mais comme par terre ; elles n’avaient pas de roulements comme la foudre, et je n’ai pas remarqué d’échos.
Creil (Oise). - M. le Dr Boursier. - Un bolide a passé cette nuit au-dessus de notre pays. Il
était minuit sonnant quand tout le ciel s’est enflammé d’une lumière tellement vive, que tous les spectateurs en ont été éblouis autant que terrifiés. A tous il a paru que le globe lumineux allait tomber : un habitant de Nogent s’imagina et raconta qu’il l’avait vu rouler sur le sol. La direction du bolide était du sud au nord : il venait de Chantilly et se dirigeait sur Nogent en passant au-dessus de la gare de Creil. On fixe à peu près à une minute la durée
de son apparition. Une minute après sa disparition suivant les uns, cinq minutes suivant les autres, une violente détonation s’est fait entendre. Tout le monde a été réveillé, croyant à un tremblement de terre, ou à une explosion
des gazomètres de Creil. Dans cette ville et dans les communes environnantes, les vitres tremblèrent, les portes mal fermées s’ouvrirent. Dans la gare, plusieurs becs de gaz furent éteints. A Senlis, à Fleurieu, la commotion fut également très-violente.
Étrépagny (Eure). - M. le comte Le Couteulx. - Un aérolithe magnifique a parcouru hier au soir les plaines du Vexin, passant à une très-faible hauteur au-dessus de la ville d’Étrépagny. Il a éclaté à peu près à une lieue de cette dernière ville, en faisant une détonation comparable à celle de la plus forte pièce d’artillerie. Comme c’était précisément le jour de la foire
d’Étrépagny, des centaines de personnes l’ont parfaitement vu, et comme il s’en trouve qui ont même mesuré l’espace de temps écoulé entre le moment où il est passé au-dessus de la ville d’Étrépagny et celui où a eu lieu la détonation (temps qui a été d’une minute et demie), on pourra, si l’on retrouve les fragments de ce météore, savoir au juste quelle était sa vitesse. Toutes les déclarations concordent pour
certifier que le météore paraissait très-peu
élevé et de la grosseur d’un petit tonneau. La lueur était si forte que l’on voyait comme en
plein midi.
Vannes. - M. Arrondeau. - Le journal de Vannes, annonçait, avec doute il est vrai, qu’un bolide de dimension considérable était tombé aux environs, dans la soirée du mercredi 7 courant. Jo me suis rendu au lieu indiqué et j’ai constaté qu’un globe de feu avait été vu en effet vers minuit, passant à une faible distance au-dessus de la ferme de Tohannie, mais qu’aucune chute d’aérolithe n’avait eu lieu. Les témoins du phénomène ont cru seulement que le météore allait incendier une barge de paille placée dans la cour d’une ferme voisine, d’où l’on peut conclure que le bolide rasait l’horizon à une faible
hauteur.
M. Morren écrit à l’Académie des Sciences qu’il a vu le même bolide à Angers, vers minuit : il avait un éclat considérable et se dirigeait vers le nord-est, à une hauteur qu’on peut estimer à 45 degrés. La durée de l’apparition du météore
a été d’une seconde et demie environ ; elle n’a
été accompagnée d’aucun bruit.
M. le curé Roze annonce que ce bolide a été signalé également à Tilloy-lès-Couty (Somme). La lumière était très-vive; elle a duré un temps assez court ; quelques instants après, il s’est produit un roulement sourd, comparable à celui d’un chariot vide qui roulerait sur un parquet ; il paraissait se diriger de l’est à l’ouest. Après la disparition du bolide le ciel, clair auparavant,
est demeuré chargé de vapeurs.
Notre ami M. Tremeschini a fait sur ce bolide
une observation très-précieuse à son observatoire de Belleville (Paris). Dans la nuit du 7 octobre, nous écrit-il, je me disposais à observer, à l’aide de ma méridienne equatoriale, un point du ciel rapproché de l’Étoile polaire, et, l’oreille au chronomètre, je venais d’entamer une première série de battements de secondes, quand mon attention fut subitement attirée vers la constellation de Céphée, par l’éclat d’une magnifique strie lumineuse qui venait
d’y paraître.
Mettant à profit les conditions exception-nellement favorables dans lesquels je me trouvais, je m’occupai de suivre avec attention le phénomène et de tenir compte, avec la plus scrupuleuse exactitude, de toutes les phases par lesquelles passa ce superbe bolide, un des plus remarquables dont on puisse conserver le souvenir.
Voici les documents que l’observateur a pu
recueillir :
Commencement du phénomène. 11h59m54s temps moyen.
Fin du phénomène 12h0m1s temps moyen.
Le bolide était dirigé du sud de l’étoile α de Céphée vers le nord de l’étoile η de la Petite Ourse.
Après avoir passé entre les deux étoiles ß et γ de la Petite Ourse, en augmentant toujours de volume, le bolide, dont le diamètre apparent avait déjà atteint la proportion d’environ 30 minutes de degré, fit explosion. La disposition que prirent alors les éclats du météore fut celle d’un cône immense dont la base, de 15 degrés de diamètre environ, était tournée du côté de la Terre.
Le bruit de l’explosion, comparable à celui qui serait produit par l’explosion d’une mine très-rapprochée, ne se fit entendre que cinq
minutes vingt-huit secondes après la disparition définitive de ce phénomène. A l’instant de l’explosion, la lumiôro projetée par le bolide, ressemblant jusqu’alors à une lumière
électrique très-intense, changea tout à coup de nuance pour passer au rouge le plus vif,
ensuite au bleu, puis au jaune, enfin au vert.
L’attention de tous les témoins de ce météore a été surtout frappée par son étonnante grosseur, qui dépassait, il faut le dire, le volume de tous les météores observés depuis de longues années. Deux autres particularités serviront à nous révéler l’origine du phénomène. La première est l’immense portée de la série de détonations entendues après la disparition du bolide. Ces détonations, en effet, ont été entendues sur un horizon de plus de 80 lieues de diamètre, c’est-à-dire sur une surface incomparablement plus étendue que celle sur laquelle peuvent être perçus les plus violents éclats de tonnerre ou les coups de canon du plus gros calibre. De plus, s’il fallait en croire la plupart des observateurs, l’intervalle entre le déchirement du bolide et la perception du bruit serait si considérable, qu’il faudrait reporter à de prodigieuses hauteurs le point de l’espace où ce phénomène s’est
produit.
En acceptant les estimations les plus
modestes, dit M. Lecot, on ne peut pas
admettre moins de cinq minutes de distance, de la rupture du bolide à la première détonation, ce qui supposerait un éloignement de plus de 25 lieues, et, en tenant compte de la position du météore, relativement à ces observations, il serait difficile de ne pas admettre une hauteur verticale d’au moins une vingtaine de lieues. Ces chiffres sont encore en deçà de la valeur qu’il faudrait leur donner, si l’on tenait compte de la plupart des rapports précis, qui ont été
produits par des personnes compétentes.
La seconde particularité, c’est que ce phénomène n’est pas isolé, mais qu’il semble se lier à une série d’apparitions du même genre, plus nombreuses que jamais à cette époque de l’année. Le mois d’octobre 1868 a été en effet très-remarquable au point de vue de la
fréquence des bolides et aussi des étoiles filantes.”
***
Le Constitutionel du 15 octobre 1868 revient sur la supposée découverte d’un aérolithe dans un jardin de la Varenne Saint-Hilaire (Val-de-Marne) à la suite de l’observation du météore décrit précédemment : “Tous les journaux ont annoncé les uns après les autres, d’après des renseignemens inexacts, que le bolide de mercredi dernier était tombé à la Varenne Saint-Hilaire, près du chemin de fer de Vincennes. On a été jusqu’à préciser ses dimensions. L’aérolithe avait été trouvé, affirmait-on, dans le jardin de M. Lamy, ancien compositeur d’imprimerie, maintenant fabricant de boutons. Nous avons fait prendre des informations à la Varenne et près de M. Lamy lui-même. Jamais le jardin de cet honorable industriel n’a recélé d’aérolithe. On n’a vu de météore ni là, ni dans le pays. Plusieurs personnes ont seulement entendu les détonations. D’autres ont été réveillées en sursaut par le bruit. “On eût dit deux coups de fusil tirés à quelques mètres”, telle a été l’impression ressentie le plus généralement. Les chiens aboyaient avec fureur. L’aérolithe reste, par conséquent, à découvrir. Il est probable que ses éclats se seront dispersés dans une région assez grande et seront tombés dans les champs, où il est difficile d’aller les chercher.”
***
“Le bolide lumineux qui a été aperçu mercredi soir à Paris a été également vu et observé dans plusieurs autres villes.
On lit dans l’Echo du Nord de Lille : Pendant la nuit dernière, quelques minutes après minuit, un phénomène atmosphérique a été observé par les habitants de la ville qui se trouvaient encore sur la voie publique. Dans la direction de l’ouest, une longue traînée lumineuse, en forme de zigs-zags, apparut d’abord ; la traînée se termina en forme d’œuf immense, qui jeta pendant quelques instants une vive lumière, et au moment où la lumière disparut, une gerbe d’étincelles, en quantité innombrable, sembla tomber vers la terre. Le phénomène, causé sans doute par un bolide, ne dura que cinq ou six secondes pendant lesquelles l’atmosphère était éclairée comme par plusieurs foyers très puissants d’électricité.

Nous lisons en même temps dans les journaux de Rouen : A minuit et quelques minutes, le ciel, d’une sérénité parfaite, s’est subitement embrasé ; une lumière venant du nord-ouest et d’une extrême vivacité a instantanément illuminé toute la ville ; le phénomène n’a pas duré plus de deux secondes, et, pendant ce court espace de temps, la lumière a passé par différentes phases au point de vue de sa coloration et de son intensité. Pendant la première seconde, les objets extérieurs paraissaient éclairés par un foyer électrique des plus puissants ; dans l’autre seconde, la lumière ressemblait à celle que projette un vaste incendie. Pendant ce temps, l’atmosphère ne s’est en rien modifiée : la lune était toujours brillante, et les étoiles, notamment l’étoile de Vénus, étaient plus scintillantes que de coutume ; elles avaient un peu l’aspect que présentent les étoiles dans les nuits des pays de l’Orient. Ce phénomène , ainsi que nous l’avons dit, se manifestait à minuit, et à minuit cinq minutes une détonation, en tout point semblable à celle des bombes de feu d’artifice éclatant dans l’air, s’est fait entendre ; puis, tout est rentré dans l’ordre accoutumé. Plusieurs personnes nous affirment qu’elles
ont ressenti de légères oscillations, que les vitres des fenêtres ont été ébranlées ; nous ne nous sommes en rien aperçus de cet effet, mais comme nous avons vu de nos propres yeux les autres phases ci-dessus détaillées du phénomène dont il s’agit ici, nous pouvons en affirmer la réalité en laissant aux savants le soin d’en étudier les détails. On nous assure que dans la campagne les animaux ont été réveillés et que les chiens ont fait entendre des aboiements prolongés. “ Source : L’Impartial dauphinois du 14 octobre 1868.

1868, 21 octobre, moitié nord de la France. “Les Parisiens qui circulaient mercredi soir ont vu se produire, vers onze heures cinquante ou cinquante-cinq minutes, un curieux phénomène. Un météore a pendant une seconde inondé Paris d’une lueur bleuâtre comme celle de l’électricité. Quelques minutes après, une détonation semblable à celle d’une bombe a été distinctement entendue. Le globe lumineux se dirigeait, du sud de l’étoile Alpha de la constellation de Céphée, vers le nord de l’étoile Gamma de la petite Ourse. Le bolide, qni présentait des dimensions et un éclat extraordinaires, a éclaté pour prendre la forme d’un cône immense. Le Journal du Havre annonce que la même nuit et à la même heure, a passé sur cette ville un bolide ayant les dimensions de la lune et se dirigeant du sud-est au nord-ouest. D’abord de couleur rouge, il n’a pas tardé à donner une éclatante lumière blanche. Pendant son passage à travers l’atmosphère, il faisait clair comme en plein jour. A la même heure, ce météore a été remarqué au-dessus de la ville de Rouen, jetant une clarté très-vive, puis disparaissant presque aussitôt comme une fusée. Quelques personnes qui se trouvaient sur la place de l’Hôtel-de-Ville ont entendu en même temps une assez forte détonation. Le bolide a été egalement vu à Amiens et au Mans. On lit dans l’Écho du Nord, journal de Lille : Pendant la nuit dernière, quelques minutes après minuit, un phénomène atmosphérique a été observé par les habitants de la ville qui se trouvaient encore sur la voie publique. Dans la direction de l’ouest une grande traînée lumineuse, en forme de zigzags, apparut d’abord ; la traînée se termina en forme d’œuf immense, qui jeta pendant quelques instants une vive lumière, et au moment où la lumière disparut, une averse d’étincelles, en quantité innombrable, sembla tomber vers la terre. Le phénomène, causé sans doute par le bolide, ne dura que cinq ou six secondes pendant lesquelles l’atmosphère était éclairée comme par plusieurs foyers très-puissants d’électricité. On a trouvé des fragments d’aérolithe, provenant sans doute de ce bolide sur le territoire de la Varenne Saint-Maur, à quelques kilomètres de Paris.” Source : Manuel général de l’instruction primaire du 24 octobre 1868.

1869, 26 janvier, En Trémont (Saône-et-Loire). “MM. Lemozy et Magnien signalent l’apparition d’un bolide observé à Trémont, près Tournus (Saône-et-Loire), dans la soirée du 26 janvier, vers 8 heures : il se dirigeait du S.-O. au N.-E.” Source : Comptes rendus des séances de l’Académie des Sciences, tome 68, janvier à juin 1869.

1869, 2 février, Marseille (Bouches-du-Rhône). “Le 2 février, M. Borrelly, astronome de l’Observatoire de Marseille, a observé un magnifique bolide qui a brillé d’un éclat supérieur à celui de Jupiter pendant deux secondes. Il a fait son apparition près d’Aldébaran, à 8h26m, et s’est éteint au-dessus de Jupiter ; il était de couleur rouge et a laissé une belle traînée derrière lui.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 2 février, Bordeaux (Gironde) et à Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). “Le même jour, à 10 heures du soir, M. Roussaune, de Bordeaux, signale une magnifique étoile filante, comparable à Vénus dans son plus grand éclat. Ce météore apparut à 35 degrés environ au-dessus de l’horizon, marchant de l’ouest-nord-ouest à l’est-sud-est, et s’éteignit à 15 degrés environ. Son mouvement était très-lent et sa couleur était d’un blanc éclatant.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.
***
“Vers les 9 heures 1/2 du soir, ou a vu de la promenade des Coustous un bolide d’une assez belle grosseur tomber sur le sol, dans la direction du nord-ouest, presque verticalement, à une distance indéterminée. Ce météore sphérique était d’un rouge clair dans sa partie supérieure et d’un beau vert, pareil à celui des feux du Bengale, dans le reste de sa convexité. Il venait du sud-est et son rapide trajet dans l’atmosphère a paru décrire un angle de 75 à 80 degrés avec l’horizon. On n’a d’ailleurs entendu ni rupture, ni détonation au moment de sa chute.” Source : L’Echo des Vallées du 10 février 1869.

1869, 8 février, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Le 8 février, à 10h30m du soir (heure de Paris), M. A. Tissot a observé, à Nancy, un bolide qui a décrit, en deux secondes et demie, un arc très-peu courbe et sensiblement parallèle à l’horizon. Il est passé au-dessous des Pléiades, à une distance de ce groupe d’étoiles plus petite de 1 ou 2 degrés que celle de α à σ Orion. Le point du ciel où l’apparition a commencé se trouvait à une vingtaine de degrés à gauche du vertical des Pléiades. Avant d’avoir atteint ce point, le bolide était caché par un mur. Il a semblé s’éteindre à 5 ou 6 degrés à droite du même vertical. Il était rougeâtre, peu brillant et offrait un diamètre apparent de quelques minutes. Derrière lui s’allongeait, sur une étendue d’au moins 20 degrés, une mince traînée lumineuse de couleur blanche, dont chaque portion persistait pendant deux secondes environ.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 24 février, Marseille (Bouches-du-Rhône). “M. Borrelly, de Marseille, écrit qu’il a observé, le 24 février, un magnifique bolide qui a brillé d’un éclat supérieur à celui de Jupiter pendant 2s,5. Il a fait son apparition près d’Aldébaran, à 8h26m et s’est éteint au-dessus de Jupiter ; il était de couleur rouge et a laissé une belle traînée derrière lui.“ Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 2 mars, Bordeaux (Gironde). “Le 2 mars au soir, M. Roussaune, de Bordeaux, a observé un bolide d’un grand éclat, d’une couleur blanche, nuancée de vert, et paraissant courir à la surface de la Terre. Le bolide s’est éteint dans la Grande Ourse, qui, à cause de l’heure, se trouvait à l’est du pôle. L’apparition a eu deux temps bien marqués. Pendant le premier, qui a duré deux secondes, il y a eu flamboiement, et dans le second, qui n’a duré qu’une seconde, le bolide n’avait plus que l’apparence d’un corps rouge. Pendant cette seconde période, le bolide s’est divisé en plusieurs fragments, sans qu’on ait entendu aucun bruit ni remarqué de trace d’explosion.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 2 mars, dans les Deux-Sèvres. “On lit dans la Revue de l’Ouest (Niort) : [...] Un phénomène météorologique très-rare s’est produit mardi soir, dans la direction du nord-ouest. Vers les neuf heures et demie du soir, une vive lumière a coloré le ciel et a été suivie d’un roulement prolongé. On a d’abord cru à un éclair et à un coup de tonnerre ; mais la lumière, qui a duré environ deux secondes, était d’un rouge très-vif, et le coup s’est prolongé avec un sourd roulement. Il est à supposer qu’un énorme aérolithe a éclaté et est tombé sur notre globe.” Source : L’Union bretonne du 4 mars 1869.

1869, 4 mars, Paris. “J’ai observé moi-même à Paris, le vendredi 4 mars, à 10h20m du soir, un bolide d’un très-vif éclat. Il avait une teinte verte. Son diamètre apparent était à peu près la moitié de celui de la Lune. Sa trajectoire était dirigée du sud-sud-est au nord-nord-ouest. Cette apparition n’a guère duré que deux secondes. Je me trouvais rue de Rivoli, et les hautes constructions m’ont empêché de rapporter la trajectoire à des étoiles.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 27 mars, Paris. “Le 27 mars, à 9h55m du soir, M. Laussedat, passant sur le pont de la Tournelle, à Paris, vit un bolide, d’un éclat et d’une grosseur remarquables, traverser le ciel, on se dirigeant du nord-ouest au sud-est.
Il fit son apparition entre la constellation de la Chèvre et celle des Gémeaux, traversa cette seconde constellation, puis celle du Cancer, en laissant Procyon au-dessous de lui, et alla disparaître dans le voisinage de la tête de l’Hydre. La durée du phénomène a été de quatre ou cinq secondes au plus. L’amplitude de la trajectoire apparente du bolide peut être portée à 40 degrés au moins; au surplus, voici les coordonnées de trois points remarquables de cotte trajectoire :
Point de l’apparition : 6h32 36° boréale
Point d’intersection avec l’écliptique : 7.36 21 boréale.
Point de la disparition : 8.24 0

Au premier moment, le diamètre apparent du noyau incandescent était presque le même que celui de Mars, qui se trouvait dans le voisinage et qui a servi de premier terme de comparaison ; mais l’éclat du bolide était bien supérieur à celui de toutes les lumières artificielles qui couvraient les ports et les quais. De ce noyau parlaientdes étincelles qui formaient derrière lui une brillante traînée. Son volume apparent augmentait sensiblement, et, quand il arriva à l’extrémité de sa course, il fut facile de le comparer à la Lune au plein, qui en était un peu éloignée ; son diamètre égalait 1/6 ou 1/7 de notre satellite. Le noyau avait une couleur rouge prononcée, et il était entouré d’une sorte d’atmosphère blanche d’un très-vif éclat. L’effet général était tout à fait analogue à celui d’une magnifique fusée d’artifice. L’extinction s’est faite sans bruit et sans explosion sensible. Le ciel était en grande partie couvert de nuages légers, à travers lesquels on pouvait reconnaître les constellations indiquées ; mais l’impression de l’observateur a été que le bolide avaît dû rester, pendant toute la durée de son apparition, au-dessous de la région des nuages.“ Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 8 avril, Paris. “Étant, le 8 avril, à 10h40m du soir, sur le boulevard Bonne-Nouvelle, M. Silbermann aperçut du côté de l’est, à 25 ou 30 degrés au-dessus de l’horizon, un bolide filant du sud au nord avec une extrême lenteur. Il mit plus de deux secondes pour parcourir un arc d’environ 50 degrés. Son diamètre apparent était environ 1/6 ou 1/7 de celui de la pleine lune. Il ressemblait a un globe dépoli parfaitement rond, n’offrant pas une lumière éblouissante. Sa couleur variait du blanc au bleuâtre. Il ne laissa aucune trace de son passage. Il disparut, sans avoir encore fait explosion, derrière les toits des maisons ; on n’entendit aucun bruit. C’est la seconde fois que l’observateur ait vu un bolide sans queue et sans conflagration. Ce phénomène est du reste très-rare.” Source :
C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie,
t. 5, 1874.

1869, 28 avril, Pontpierre (Moselle). “Bolides. Lettre de M. Richard, Instituteur à Pontierre (Moselle). - Le 28 avril, à 10h 15m du soir, en revenant de la gare de Faulquemont, j’ai vu un très-brillant météore qui a décrit une superbe trace lumineuse au ciel. L’arc visible qu’il a décrit avait son milieu à mon zénith, et s’est terminé à l’ouest à une distance de 45 degrés de l’horizon, après avoir décrit un arc de 90 degrés. Le noyau pouvait égaler en grosseur et en intensité de lumière au moins quatre fois celles de Jupiter. La trace était extrêmement brillante et a persisté environ pendant quatre secondes.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 5 - 1869.

1869, 26 mai, Paris. “Lettre de M. Hinard - Le 26 mai dernier, vers 7h 30m du soir, j’ai vu, à Paris, dans la direction de l’ouest, au milieu des nuages empourprés, une large bande semblable à celle de l’arc-en-ciel et disposée de même, mais ayant une coloration rouge-cerise foncé. La bande paraissait plus large que celle de l’arc-en-ciel ordinaire, elle inclinait un peu vers le midi. Le phénomène a duré dix minutes environ.
Nota - Le phénomène lumineux vu par M. Hinard dans la soirée du 26, vers le coucher du soleil, a été remarqué par plusieurs personnes. Les unes disent l’avoir vu à l’ouest, les autres au sud-ouest et même au sud-sud-est. Les renseignements sont les plus contradictoires. La bande rouge vue à l’ouest par M. Hinard ne saurait être un arc-en-ciel : c’est probablement un parhélie joint à un arc de halo. (G. Rayet.)” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 5 - 1869.

1869, 27 mai, près d’Auray (Morbihan). En 1898
sont publiées les Lettres d’une grand’mère, des
correspondances écrites par la Comtesse de Ségur.
Figure une lettre fort curieuse qui évoque une chute
de météorite qui se serait produite le 27 mai 1869
près d’Auray. Il y a fort à parier qu’elle se soit
inspirée dans cette lettre de la chute de Kernouvé qui
eut lieu le 22 mai 1869 à Keranroué, village situé à
50 kilomètres à vol d’oiseau d’Auray. “Avant-hier
il est tombé à Auray un aérolithe, à un kilomètre d’ici ;
il a fait en tombant un bruit comme le tonnerre qui
a éveillé tout le pays ; il paraît qu’il a éclaté en
tombant et a lancé des fusées et des flammes
comme un bouquet de feu d’artifice. Il était onze
heures du soir. Madame Charlet a eu une peur atroce,
elle a cru que c’était la fin du monde.”

1869, 31 mai, Paris, Pontarmé (Oise), Albert (Somme) et en Belgique. “Un météore splendide s’est présenté lundi 31 mai 1869, à 11h 14m, au moment où je rentrais chez moi en suivant le boulevard de La Villette, que j’habite ; j’étais dans la direction du méridien et je faisais face au nord. Tout à coup, devant moi et à environ 6 ou 8 degrés à l’ouest, à peu près dans la constellation de la Girafe et à la hauteur des trois étoiles de la base de Cassiopée, parut naître en ce point du ciel un globe lumineux grossissant rapidement presque sur place jusqu’à atteindre en diamètre plus de moitié de celui de la pleine lune, dont il avait au moins l’intensité d’éclat et de lumière, car le sol et les maisons furent vivement éclairés. Puis le météore traversa la constellation de Persée, se dirigea vers le Taureau, laissant derrière lui une traînée blanche. Il changea alors de couleur et devint d’un rouge assez vif; puis il s’éteignit avant d’atteindre l’horizon. Le tout dura cinq à six secondes.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 5 - 1869.
***
“Bolide du 31 mai.
Observations faites à Albert (Somme), renseignements recueillis par M. E. Comte. - Un très-fort bolide a été vu vers 11h20m du soir, tombant perpendiculairement du côté de l’est-sud-est. Au moment où on l’a aperçu, il était à environ 50 degrés au-dessus de l’horizon. Sa grosseur était à peu près du demi-diamètre de la lune, sa couleur blanche et très-vive ; il en partait des jets d’étincelles comme d’une fusée de feu d’artifice. Il tombait assez lentement et a été vu pendant cinq à six secondes ; on n’a pas remarqué de bruit.
Observation faite à Pontarmé, canton et arrondissement de Senlis, envoyée par M. Sénéchal, instituteur à Pontarmé. - Vers 11 heures et quelques minutes du soir, on a observé un bolide d’un éclat éblouissant, offrant à la fois du bleu et du rouge. Il se dirigeait du sud-est au nord-ouest, et, suivant une impression habituelle, l’habitant qui l’observait crut qu’il était tombé dans la commune. Ce bolide a été également vu à Vérviers, en Belgique, et à La Villette à Paris (Bulletin, p. 384)” Source : Bulletin de l’association scientifique de
France - t. 5 - 1869.

1869, 13 juin, Narbonne (Aude). “On nous écrit de Narbonne : Un météore extrêmement remarquable a été observé hier, jeudi. 13 juin, à huit heures et demie du soir, à 20 degrés environ au-dessus de l’horizon. La marche de ce bolide était assez lente, presque horizontale, et dirigée du nord au sud. Son volume apparent égalait la moitié environ de celui de la pleine lune. Sa couleur était d’un blanc verdâtre, son éclat extrêmement intense. Des étincelles rouges jaillissaient du noyau central de ce globe lumineux, qui laissait derrière lui une longue traînée de lumière. Les personnes qui ont été témoius de ce phénomène, assurent qu’elles n’avaient jamais rien vu de pareil et que le météore ne paraissait pas fort éloigné. Tout fait présumer qu’il aura été observé sur plusieurs autres points ; nous aurons donc bientôt de nouveaux détails.“ Source : Le Messager du Midi du 20 juin 1869.

1869, 17 juin, moitié sud de la France. “Bolides du 17 juin.
Note de M. Borelly, touchant trois bolides brillants observés par lui à Marseille le 17 juin, transmise par M. Stéphan.
I. Le 17, à 8h 34m, temps moyen, un météore extraordinairement remarquable par sa grandeur (8’ à 10’ de diamètre environ) et son éclat (il éclaire presque autant que la lune en ce moment), m’apparait comme se détachant d’un cumulus dans l’ouest-nord-ouest à environ 15 degrés au-dessus de l’horizon ; il marche majestueusement, monte dans la direction perpendiculaire au méridien et vient passer à environ 3 degrés du pôle, près de la Polaire ; il continue sa roule, passe peu loin de γ du Cygne, et enfin disparait à la hauteur d’est de la même constellation, après une durée de vingt à vingt-deux secondes. Il laissait derrière lui une magnifique traînée qui disparaissait peu après. Il était d’une belle couleur blanche.

II. A 13h 12m un beau bolide blanc brille dans le sud de la constellation du Capricorne ; peu après je vois une magnifique traînée brillante, bien définie, qui va de l’étoile γ Pégase à une 4e 5e à environ 10 degrés. On dirait une grande comète dont cette étoile serait la tête, le noyau. Ce phénomène remarquable persiste dans tout son éclat jusqu’à 13h 30m, puisse déforme en flottant et descend jusqu’à environ 5 degrés au-dessus de γ Pégase où tout disparaît à 13h 40m.

III. A 13h 50m un très-beau bolide rouge brille aux environs de ι Pégase, traverse majestueusement le carré, descend près de l’horizon et disparaît dans le Bélier cinq secondes après.
Le premier de ces bolides a été également observé à Narbonne, par M. Tournai ; bibliothécaire et conservateur du Musée de la ville. Nous recevons de lui la Note suivante : « Un météore extrêmement remarquable a été observé dans notre ville jeudi, 17 juin, à 8h 30m du soir, à 20 degrés environ au-dessus de l’horizon. La marche de ce bolide était assez lente, presque horizontale et dirigée du nord au sud. Le diamètre apparent de ce globe lumineux égalait la moitié environ de la pleine lune. Sa couleur était d’un blanc verdâtre et son éclat lumineux extrêmement intense. Nous avons vu se détacher du noyau central plusieurs étincelles rouges ; il laissait derrière lui une longue traînée lumineuse.

On transmet d’Aix-les-Bains (Savoie), où le bolide a été aussi observé, la relation suivante : Le 17 juin, à 8h 26m, soir (heure de Paris), un bolide considérable a traversé le ciel du nord-ouest au sud-est. Il a paru décrire dans sa marche une ligne horizontale située à environ 35 degrés de hauteur et sous-tendant un angle d’à peu près 120 degrés (un tiers de circonférence). Il projetait une vive lumière d’une nuance vert-clair.” Source : Bulletin de l’association scientifique de
France - t. 5 - 1869.
***
“M . Tournal, bibliothécaire du musée de Narbonne, écrit à ce propos : « Un météore extrêmement remarquable a été observé dans notre ville jeudi, 17 juin, à 8h 30m du soir, à 20 degrés environ au-dessus de l’horizon. La marche de ce bolide était assez lente, presque horizontale et dirigée du nord au sud. Le diamètre apparent de ce globe lumineux égalait la moitié environ de la pleine Lune. Sa couleur était d’un blanc verdâtre et son éclat lumineux extrêmement intense. Nous avons vu se détacher du noyau central plusieurs étincelles rouges ; il laissait derrière lui une longue traînée lumineuse. »
A Aix-les-Bains, en Savoie, le même bolide a traversé le ciel, à 8h26m du soir, du nord-ouest au sud-est. Il projetait une vive lumière d’une nuance vert clair.
A Annecy, le bolide fit son apparition à 8h 30m du soir. Sa direction était du nord-ouest au sud-est. La teinte verte qu’il présentait d’abord passa ensuite au blanc. Il disparut sans détonation.
A Montpellier, le même bolide fut aperçu à 8h 20m du soir. M. Jullien, directeur de l’École normale de cette ville écrit à ce sujet : « Le 17 juin, à 8h 20m du soir, nous avons aperçu de l’École normale, dans la partie nord du ciel, un bolide marchant de l’ouest à l’est avec une vitesse qu’on peut comparer à celle d’un train express vu de côté, à 4° mètres de distance. C’était la distance apparente des observateurs à la trajectoire. Cette trajectoire était une ligne droite et horizontale, parallèle à la façade nord de l’établis sement et élevée de quelques mètres seulement au dessus du toit.
La couleur du bolide était d’un blanc bleuâtre. Il projetait par intervalles des étincelles rutilantes. Sa forme, d’après l’impression de toutes les personnes qui l’ont aperçu, était celle d’un têtard, lumineux, « d’une longueur de 1 mètre environ. » Le diamètre de la tête était d’à peu près 0m,10.
La durée de l’apparition a été d’au moins 30 secondes. Sa hauteur ne paraissait pas dépasser « 40 mètres » à en juger par celle des maisons entre lesquelles il se mouvait.
Il a disparu derrière un massif d’arbres, au-dessous et un peu au nord d’Altaïr, qui, à ce moment, se montrait à quelques degrés au-dessus de l’horizon. Sa trajectoire est la corde d’un arc correspondant à un angle visuel de 150 degrés, mesuré au graphomètre. Sa projection sur le sol a une longueur d’environ 500 mètres. Aucune explosion ni sifflement n’ont été entendus.
Une trentaine de personnes ont été témoins, à l’École normale, de ce beau phénomène.
Ce même bolide a été observé à Briançon par M. Léauthier. L’observateur dit qu’il avait l’ampleur d’une grosse orange, rouge-feu très-éclatant. La traînée qu’il laissait et qui semblait avoir environ 20 centimètres de largeur était aussi d’un rouge-feu et plus intense sur les bords qu’au milieu. Sa trajectoire allait du nord-est au sud-ouest, à environ 45 degrés au-dessus de l’horizon. Enfin le bolide éclata sans bruit et produisit plusieurs grosses étincelles d’un rouge éclatant.
A Béziers, M . Crouzat annonce que sa hauteur était de 30 degrés au-dessus de l’horizon. Du noyau central, dont le diamètre apparent était de 1 décimètre, s’échappaient de nombreuses étincelles. La queue mesurait environ 3 degrés. Malgré la clarté de la Lune, ce météore projetait une lumière intense et d‘un ton bleuâtre, comme l’alcool enflammé. Il marchait lentement et semblait avancer par saccades. On peut préciser son trajet, qui a duré une dizaine de secondes, en tirant une droite d’α et de γ de la Grande Ourse à Denab de la croix du Cygne : le bolide a suivi une parallèle très-rapprochée au-dessous. Les toits des maisons ontempêché de voir s’il y avait ou non explosion.
Un des amis de l’observateur, qui a aperçu ce météore, de trois lieues à l’est de Béziers, en plate campagne et sur un lieu élevé, lui a assuré qu’il l’avait vu se perdre dans les profondeurs du ciel.
Le même bolide a été encore observé à Gap par M. Ronin, directeur de l’École normale de cette ville, et voici la mention qu’il en a inscrite :
« A 8h30m précises du soir, bolide d’un grand éclat ; direction du nord-ouest au sud-est ; durée environ une minute (?). II se terminait par une queue d’une belle lumière violette ; quelques étincelles s’en détachaient ; les maisons me l’ont caché avant qu’il eût atteint l’horizon. D’autres personnes, qui l’ont observé d’un autre point que moi, m’ont dit qu’il a disparu avant d’être caché par la montagne. Aucun bruit ne s’est fait entendre. »
Ce bolide est certainement l’un des plus curieux de l’année.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, début juillet, Rouen (Seine-Maritime). “Hier vers une heure du matin, dit le Progrès de Rouen, un corps lumineux ayant 20 centimètres de diamètre avee rayons et queue d‘environ 1 mètre a été aperçu au sud-ouest de la ville. A 1’extrémité de la queue, on distinguait plusieurs boules de feu, chacune de la grosseur d’un oeuf de poule environ ; l’une de ces boules s’étant éteinte, le bolide a disparu a l’instant même. Ce curieux phénomène s’est laissé voir pendant un quart d’heure environ, et répandait une lumière aussi vive que celle du jour.” Source : La Réforme politique et sociale du 6 juillet 1869.

1869, 1er juillet, Marseille (Bouches-du-Rhône). “A 10h50m du soir, le 1er juillet, M . Coggia observatoire à Marseille un beau bolide bleuâtre. Il partit de la Grande Ourse et s’éteignit à l’est en laissant une traînée qui dura 23 secondes.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 3 juillet, Marseille (Bouches-du-Rhône). “Dans la nuit du 3 au 4 juillet, à 11h 35m, M. Coggia a également observé à Marseille un magnifique bolide blanc de 2 minutes de diamètre environ. Il partit d’un peu au-dessus de ζ Cygne et alla s’éteindre en gerbe près de α Ophiuchus ; sa marche était très-lente, et il laissa une traînée très-brillante qui persista pendant plus de 15 secondes.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1869, 15 juillet, Laval (Mayenne), Vendôme (Loir-et-Cher), La Flèche (Sarthe). “Un météore d’une grande beauté a traversé l’horizon de Laval dans la direction du sud à l’est, dans la soirée du jeudi 15 juillet, vers huit heures et demie. Il présentait l’aspect d’une fusée volante, avec colorations successives : jaune, verte, bleue et blanche et épanouissement final ou bouquet. Le bolide magnifique, résultat probable d’inflammations spontanées dans l’atmosphère et témoignage d’une température élevée, peut être également considéré comme pronostic de la continuation du beau temps.” Source : Le Phare de la Loire.
***
“A Vendôme, écrit M. Eugène Arnoult, le 15 juillet, à environ 8h45m du soir, après une journée très-chaude et par un ciel parfaitement pur, un bolide très-éclalant, dont le diamètre peut être évalué au tiers de celui de la Lune, s’est montré tout à coup dans la partie est du ciel, à environ degrés au-dessus de l’horizon. Il s’est dirigé lentement vers le nord en suivant une ligne à peu près parallèle à l’horizon et, après un parcours d’environ 15 degrés, accompli dans l’intervalle de trois à quatre secondes, il a disparu en éclatant sans bruit et répandant seulement une pluie d’étincelles. Dans sa marche, il avait été suivi d’une traînée d’étincelles jaunâtres peu persistantes.
La lumière de ce bolide était très-intense, d’un blanc jaunâtre au commencement, puis d’un blanc éclatant, légèrement nuance de rouge et de bleu successivement. Pour faire apprécier l’intensité de cette lumière, il suffira de faire remarquer qu’au commencement de l’apparition du bolide il faisait encore très-clair ; que la Lune, qui était dans son septième jour, brillait dans la partie opposée du ciel, et que néanmoins l’apparition fut remarquée par des personnes qui, ne pouvant voir le bolide, ne savaient à quelle cause attribuer cette augmentation de clarté instantanée.
Outre son éclat peu ordinaire, ce bolide a présente avant de disparaître une apparence optique toute particulière. Pendant les premiers moments de sa marche, la partie antérieure de la masse lumineuse avait des contours arrondis très-nettement dessinés ; mais, un peu avant l’instant d’éclater, cet état s’est notablement modifié. La masse entière a paru refluer sur elle-même comme agitée d’un mouvement tumultueux et ses contours ont perdu leur netteté. C’est seulement après avoir présenté d’une manière très-distincte cette agitation apparente, qu’on pourrait comparer à une sorte de remous, que la masse a éclaté en s’éparpillant en différents sens, mais sans qu’aucune détonation ait été entendue.
Le hasard ayant fait qu’au commencement del’apparition du bolide l’auteur avait les yeux fixés précisément sur le point du ciel où il s’est montré, il doit à cette circonstance d’avoir pu observer très-aisément tous les détails de cette apparition. Il croit donc pouvoir garantir l’exactitude des apparences qui viennent d’être décrites. (L’Institut, 21 juillet 1869, p. 228.)
M. Joanne écrit de la Flèche : Le 15 juillet, à 8h42m du soir, un bolide remarquable a traversé l’espace dans la direction du sud au nord. Le ciel était pur, sans le moindre nuage, sans aucune étoile visible à l’œil nu. Un globe brillant s’est montré subitement, sans qu’aucun indice précurseur ait annoncé sa présence dans l’atmosphère ; il parcourait avoc une grande vitesse une trajectoire presque horizontale. Il était formé d’un noyau lumineux, doué d’un éclat très-vif et présentant les apparences d’un corps opaque incandescent ; il ressemblait à peu près à un ellipsoïde de révolution dont le grand axe aurait été perpendiculaire à l’inclinaison de sa trajectoire. A la suite de ce noyau s’allongeait un cône lumineux dont l’éclat diminuait graduellement jusqu’à la pointe, qui finissait par une sorte d’aigrette rougeâtre de plus en plus assombrie et indécise. Après une apparition de quelques secondes, le météore a disparu, brusquement, comme il s’était montré, sans aucun bruit, sans aucun éclat sensible dans l’atmosphère, sans trace aucune de son passage. Seulement, au moment où il a disparu si subitement, sa trajectoire semblait s’incliner un peu vers la Terre.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1869, 17 juillet, Marseille (Bouches-du-Rhône). “Le 17, à 8h34m soir, un météore extraordinairement
grand (près de 10 minutes de diamètre) apparaît à environ 15 degrés au-dessus de l’horizon ouest quart nord-ouest ; il marche très-lentement vers la Polaire, passe à environ 3 degrés d’elle, va effleurer γ Cygne et s’éteint à l’est dans la même constellation après une durée de 20 à 22 secondes. Deux autres bolides se montrent, dans la même nuit, à 1h12m et à 1h50m. (Observations de Marseille.)” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1869, 26 juillet, Paris. “Hier les astronomes étaient à leur poste à l’Observatoire. Ils ont pu voir, vers dix heures et demie du soir, un météore lumineux s’élever vers la voûte céleste dans la direction du nord-est. Nous croyons leur venir en aide en leur apprenant que ce météore était tout simplement un ballon lumineux parti de la campagne.” Source : Gazette nationale du 27 juillet 1869.

1869, en juillet, à Guéméné (Morbihan). “Voici encore, une autre observation intéressante faisant suite à la note communiquée par M. Allanic : J’ai gardé aussi le souvenir d’avoir vu passer, un soir de juillet 1869, au-dessus de Guéméné, un bolide allant vers le sud. Il ne me parut pas plus gros qu’une petite orange, mais sa traînée lumineuse était fort longue. Sa
vitesse semblait moins grande que celle de celui dont
je parle plus haut ; d’ailleurs cela venait droit sur
nous. Ce dernier passa à 5 ou 600 mètres en face
et l’on put le voir pendant 3 à 4 secondes. Je me
souviens bien que mon père, quelques jours après, apprit par son journal que cet aérolithe avait été aperçu
jusqu’aux Pyrénées, où probablement il était tombé.
On donnait l’heure de la chute et en la comparant
avec celle du passage que mon père avait constaté, la
différence n’était que de une minute 1/2. La distance
parcourue dans ce petit laps de temps est d’à peu
près 600 kilomètres.” Source : Bulletin de la Société philomatique du Morbihan, 1895.

1869, 8 août, entre Uchaud et Bernis (Gard). “Dimanche, à dix heures moins dix minutes, un magnifique bolide a été aperçu entre la station de Bernis et d’Uchaud. Les voyageurs qui se trouvaient dans les trains arrivant à Montpellier, ont pu jouir pendant quelques secondes, de ce splendide spectacle. Ce météore se dirigeait du N.-O. au S.-E. Sa grosseur apparente était celle d’un petit boulet de canon. Sa vitesse de transmission paraissait très grande. Il a éclaté en se rapprochant de la terre, en produisant l’effet et la lueur d’une magnifique bombé d’artifice. Le bruit de la marche du train a empêché les spectateurs de constater s’il y a eu explosion.” Source : Courrier du Gard du 11 août 1869.

1869, 11 août, au-dessus de Monaco. “Un météore d’une assez forte dimension est tombé, dans la soirée de mercredi passé, dans les montagnes situées au nord de la Turbie. Le ciel a été éclairé, pendant quelques secondes, d’une lueur bleuàtre, puis au moment où cet aérolythe allait disparaître, derrière la Testa di Can, il a éclaté, et a produit une clarté semblable à celle de la lumière électrique.” Source : Journal de Monaco du 17 août 1869.

1869, 30 août, près de Mezin (Lot-et-Garonne) et à Marseille (Bouches-du-Rhône). “M . V . Laporte écrit de Latuque, près Mézin (Lot-et-Garonne ) : Un bolide de la grosseur d‘une orange, se dirigeant de l’ouest à l’est, a paru dans le voisinage de la Girafe, le 30 août, à 8 heures du soir, et a disparu dans la constellation de Persée après un trajet de 4 secondes environ. La direction qu’il suivait, et qui était celle de notre axe visuel, nous a empêché d‘apprécier ou de déterminer la longueur de son appendice. L‘éclat de ce bolide, bien qu‘un peu de couleur tuilée, était cependart fort beau. De Marseille, il parut bleuâtre, partit d’un peu au-dessus d’Arcturus et s’éteignit près de ξ du Capricorne.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1869, 2 septembre, Strasbourg (Bas-Rhin). “M. le Dr Plarr écrit, à la même date, de Strasbourg : Ce soir j’ai observé un météore qui m’a semblé assez important pour que je vous en donne quelques détails. Je me trouvais dans le jardin devant mon habitation, située à 2 kilomètres au sud-ouest de Strasbourg, à 2000 mètres de distance de la cathédrale. J’ai vu apparaître le météore à environ 30 degrés vers l’est, à partir du sud, et à une hauteur d’environ 10 degrés ; il s’est mû avec lenteur ; la traînée en était plus mince que la tête, mais moins persistante et tout au plus d’une longueur de 2 à 3 degrés. Le chemin parcouru était un arc plan d’environ 30 degrés en azimut, incliné vers l’horizon, de manière que, lors de l’extinction du météore, la hauteur n’en était plus que de 7 degrés environ. La disparition eut lieu sans bruit, bien que, m’attendant à une détonation, je tendisse l’oreille pendant quelque temps. La durée de l’apparition m’a semble être de trois à quatre secondes.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 1er octobre, Saint-Omer (Pas-de-Calais), Lille (Nord) et à Bernay (Eure). “Un bolide a été remarqué à Saint-Omer ; voici à ce sujet, ce que l’on mande de celte ville : Vendredi soir, vers huit heures et demie, la ville de Saint-Omer s’est trouvée tout à coup éclairée par une vive lumière bleuâtre, assez semblable à un feu de Bengale. Cette lumière était produite par le passage d’un météore. Un globe lumineux a en effet été vu traversant le ciel dans une direction de nord-ouest à sud-est. Le météore’est dissipé au-dessus de la tour Saint-Bertin. Aucun bruit n’a été entendu, mais un petit tison incandescent et tordu est resté quelques secondes visible après l’extinction du globe lumineux.
Environ deux heures plus tard notre ville était le théâtre d’un incendie qui menaçait de prendre des proportions effrayantes. La tannerie de M. Lecointe était en feu. On n’est pas d’accord sur la cause du sinistre ; les uns disent qu’on doit l’attribuer à la chute du météore dont nous avons parlé plus haut ; les autres l’expliquent par une inflammation spontanée d’écorces renfermées depuis longtemps et dégageant dans leur fermentation des gaz facilement inflammables.” Source : Journal de la Haute-Saône du 9 octobre 1969.
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“Lettre de M. l’ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, à Lille.
Hier, 1er octobre, vers 8h 12m du soir (heure de Paris), j’ai vu un bolide traverser le ciel au-dessus de ma tête. Je me trouvais dans la partie nord-ouest de la ville de Lille, c’est-à-dire par 0°43’ longitude est, et par 0°38’35’’ latitude nord. La rue dans laquelle j’étais ne me laissait voir qu’une partie du ciel. Le bolide m’apparut près de l’étoile ζ de la Grande Ourse, et je le perdis de vue près de l’étoile α du Cygne, qui se trouvait presque à mon zénith. Il se dirigeait donc du nord-nord-ouest au sud-sud-est, et sa trajectoire faisait avec le méridien un angle de 30 degrés environ. Environ deux minutes et demie après l’avoir vu, j’entendis une forte détonation vers le sud-sud-est. Ce bolide m’a paru avoir un diamètre apparent d’environ moitié de celui de la Lune. Il n’était pas parfaitement rond, mais il avait la forme d’une poire dont la partie la plus grosse se trouvait en avant. Il laissait derrière lui une traînée de feu et d’étincelles. J’ai l’espoir que ces renseignements grossiers, recueillis à la hâte, pourront vous être de quelque utilité pour déterminer la trajectoire de ce bolide.
Lettre de M. David, vérificateur de l’enregistrement, à Bernay (Eure).
Dans l’intérêt des recherches scientifiques, j’ai l’honneur de vous informer que hier, 1er octobre, à Broglie, à 8h 15m du soir, j’ai aperçu un magnifique bolide, dont la grandeur apparente approchait de celle de la Lune en son plein, d’une vitesse modérée, bien plus lente que celle des étoiles filantes ; sa direction était du nord-ouest au sud-est ; il a passé au-dessous de l’étoile polaire, à une inclinaison de 15 à 20 degrés. Le centre était d’une lumière jaunâtre, et la périphérie d’une couleur violacée. Je n’ai entendu aucune explosion et n’ai aperçu aucune traînée lumineuse après le passage du bolide, que j’ai perdu de vue derrière des maisons. Le ciel était nuageux et peu d’étoiles brillaient au firmament ; j’en ai cependant remarqué une assez brillante au nord de l’étoile polaire : le bolide a passé près d’elle.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.
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“Discussion des observations du bolide du 1er octobre 1869, par M. Tissot. C’est à l’occasion de l’apparition du bolide du 1er octobre que nous avons renouvelé 1’appel fait par nous au public, il y a déjà plusieurs années, pour l’observation de ces astéroïdes {Bulletin,
t. VI, p. 225). Un grand nombre de réponses nous ont été faites (voir t. VI, p. 241). Notre collègue M. Tissot a bien voulu se charger de les coordonner et de les discuter.
Il nous a adressé à ce sujet la communication
suivante : Monsieur le Président, Je vous adresse une Note très-succincte indiquant les quelques résultats que j’ai pu obtenir sur la trajectoire du bolide du 1er octobre. J’y joins l’épure que j’avais faite pour la déterminer. Si vous voulez bien y jeter les yeux, les contradictions que je signale dans ma Note vous apparaîtront immédiatement. Vous verrez des trajectoires qui font prendre terre au bolide près de Douai, des directions qui n’auraient pu être observées que par une personne tournant le dos au bolide, etc. Il faut, ou qu’il y ait eu plus d’un bolide très-brillant, le 1er octobre, vers 8 heures du soir, ou que plusieurs de vos correspondants aient donné des alignements de pure fantaisie.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.
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“Trajectoire du bolide du 1er octobre 1869, par M. Tissot.
Parmi les documents qui composent le dossier du bolide du 1er octobre, cinq ou six seulement fournissent des données précises sur le parcours du météore, et, malheureusement, sont loin de s’accorder. Néanmoins, en s’aidant des autres pour les contrôler, on peut reconnaître ceux d’entre eux qui méritent confiance. On constate ainsi que les observations de Lille et de Fécamp combinées entre elles déterminent assez exactement la projection de la trajectoire sur la surface de notre globe.
Le plan passant par cette trajectoire et par le centre de la Terre coupe le méridien de Paris près de la verticale du lieu qui se trouve à 51 degrés de latitude, et les deux plans font entre eux un angle de 33 degrés. Le bolide a dû passer au-dessus des environs de Dunkerque, Lille, Cambrai, Reims, Châlons-sur-Marne, Langres, Besançon, Pontarlier, etc. Quant à sa hauteur dans le méridien de Paris, tout ce que l’on peut en dire avec quelque certitude, c’est qu’elle était au moins de 10 lieues et au plus de 40 ; la valeur la plus probable de
cet élément serait de 30 lieues. 11 semble aussi, mais sans qu’il soit possible de rien affirmer à cet égard, que le bolide conti- nuait à se rapprocher de la Terre quand il est passé au-dessus des localités que nous avons citées tout à l’heure. Sa plus courte distance à la surface aurait été de 15 lieues.
La vitesse relativement à la Terre aurait été de 4 à 5 lieues par seconde. Par rapport au Soleil, la vitesse serait plus considérable ; le mobile décrirait autour de cet astre une ellipse très-allongée.
Nota. - Nous aimons à croire que personne ne trouverait de plaisir à nous envoyer des documents faux : en tout cas, nous préviendrions ces correspondants qu’ils perdraient leur temps ; la fausseté de leur narration se découvrirait immédiatement. Il faut bien plutôt penser que leur inexpérience a trahi leur zèle : nous n’avions pas encore à cette époque publié les instructions nécessaires pour les guider ; à l’avenir et à mesure, que chacun acquerra plus d’habitude, les relevés seront plus précis.
Nous publierons dans le prochain numéro la liste des documents que nous avons reçus, relativement à d’autres bolides.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1869, 12 octobre, dans toute la France. “Un bolide a été vu d‘un grand nombre de points éloignés, le 12 octobre au soir. Il a été signalé, de la Châtres (Sarthe), par M . Lecomte, instituteur ; de Paris, par MM. Henry, astronomes à l’Observatoire ; de Nogent (Haute -Marne), par M. Brocard, architecte à Langres, qui ont remarqué un météore très-brillant, suivant un long parcours et dont l’apparition a été fort longue ;
de Mézières, par M. Helguyot, sous-inspecteur du télégraphe ; de Balignicourt (Aube), par M. Fèvre, instituteur ; d‘Epehy (Somme), par M. Lempereur, maire ; de Rorbach (Moselle), par M. Hamant, instituteur ; de Marvejols (Lozère), par M. le Dr Prunières .”
Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1869, 20 octobre, Montreuil (Seine-Saint-Denis). “Lettre de M . Émile Delhomel, maire de Montreuil. [...] Le samedi 20 octobre, par un temps orageux, nous avons encore vu, vers 4 heures de l’après-midi, un nouveau météore qui a sillonné le ciel, mais cette fois en faisant une détonation comme un coup de tonnerre assez éloigné.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, 7 novembre, Betz-le-Château (Indre-et-Loire). “7 novembre, 7hi3m du soir. - Finistère, M. E. de Goy, à Quimper. Un bolide est signalé le 7 novembre à
9 heures du soir, d’une part dans le département de la Vienne, à Poitiers, par M. le comte de Touchimbert ; d’autre part dans le département d’Indre-et-Loire, à Betz, par l’instituteur de cette commune.” Source :
C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie,
t. 5, 1874.

1869, 11 novembre, Paris. “M. Lartigues, se trouvant dans le voisinage de l’Arc de Triomphe à Paris, observa le jeudi 11 novembre, à 9h45m du soir, un assez gros bolide. Sa trajectoire s’est étendue de la Polaire à γ de la Grande Ourse ; cet espace, de 35 degrés environ, a été parcouru en quatre secondes.
Une bande de cirrho-strati, au-dessus de laquelle le bolide est passé, n’a pas beaucoup diminué son éclat, qui était bien supérieur à celui de Jupiter.
Au moment de disparaître, il s’est divisé en une vingtaine de fragments, ressemblant aux étoiles d’une bombe d’artifice, et parmi lesquels aucun ne parut coloré. Une légère traînée lumineuse a persisté une ou deux secondes après la disparition du bolide.
On n’a constaté aucun bruit.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1869, Pyrénées-Atlantiques. Quatre ou cinq éclairs
dans le ciel suivis de détonations violentes ont été
observés par une personne, vers quatre heures du
matin. La date exacte n’est pas précisée.

1869, 11 décembre, Lyon (Rhône). ”Bolide observé à Lyon par M. Didelot, commandant de recrutement. - 11 décembre 1869. Le soir, à 8 h 20 m (heure de Lyon), dans une partie du ciel alors parfaitement pure, j’ai été à même de voir naître et finir un bolide. Le météore est né aux deux tiers de la distance apparente qui sépare Jupiter et Rigel ; il s’est dirigé droit vers Rigel, et s’est éteint à moitié chemin ; le tout dans l’espace d’environ deux secondes. Je n’ai pas besoin d’ajouter que ces évaluations de distances sont approximatives. Mais j’avais l’œil précisément au point de naissance, et ma supputation me semble ne devoir pas s’écarter beaucoup de la vérité.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 6 janvier, Annecy (Haute-Savoie). “Les observations de M. Faucheux mériteraient de trouver des imitateurs. Si nous ne les avons pas publiées de suite, c’est que nous espérions trouver des observations correspondantes. Notre attente a été déçue. Nous n’avons, durant cette période, qu’une seule observation faite à Annecy par M. J. Philippe, secrétaire de la Société florimontane, et dont voici la lettre : Ce matin, 6 janvier 1870, à 5 h 30 m (méridien d’Annecy, 20 minutes en avance sur Paris), un magnifique bolide, de la grosseur d’une forte boule à jouer, a été vu se dirigeant du sud-ouest au nord-est. Couleur, blanc éclatant légèrement teinté de rouge ; il laissait après lui une longue traînée blanche, à laquelle succédait une légère vapeur bleuâtre. On a entendu une faible explosion. - J. Philippe.
Nous avons distribué environ 1500 cartes du ciel, avec une instruction aux personnes disposées à s’occuper de ce genre d’observations. On voit que le résultat définitif laisse à désirer. Nos collaborateurs seraient-ils disposés à accepter d’observer, en des jours et à des heures déterminés, comme l’a fait M. Faucheux ? C’est à eux de le dire. On pourrait alors les grouper par régions, de manière à ce que, tous ceux d’une même région observant ensemble, on eût de grandes chances d’obtenir des observations correspondantes d’un même bolide.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 18 janvier, Bordeaux (Gironde). “Bolide du mardi 18 janvier 1870. - Note de M. Lespiault. Aperçu à Bordeaux à 5 h 15 m du soir par M. le Dr Larivière et par M. Léon Souriaux, Membres de l’Association. Blanc, éclat tout à fait comparable à celui de Vénus. Traînée qui s’est bientôt effacée. Sur les indications que M. Souriaux m’a données, de la place même où il a aperçu le bolide, j’ai cherché, à l’aide d’un planisphère mobile, à déterminer la marche du bolide par rapport aux étoiles. Le bolide aurait marché de γ vers τ de l’Éridan. Longueur de la trajectoire visible, 20 degrés environ. Disparu derrière les maisons. Nous donnerons dans le prochain numéro des observations faites par M. Didelot, à Lyon, et par M. Lebreton, curé de Sainte-Honorine-du-Fay (Calvados). Bien que placés à 60 lieues l’un de l’autre, M. Faucheux et M. Lebreton pourraient peut-être combiner utilement leurs efforts à des jours et heures déterminés ; et sans doute on trouverait alors un observateur intermédiaire qui se joindrait à eux.
P. S. Nous recevons une lettre de M. Faucheux qui déclare accéder volontiers à des observations qui seraient faites à des heures convenues.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 20 avril, Bonnebosq (Calvados). “M. Doyère, fils. - Bonnebosq (Calvados), le 21 avril. Hier soir, 20 avril, à 9 h 5 m, temps vrai, un magnifique bolide est apparu à 1 degré environ au sud de α de la Vierge, est passé à 2 degrés en-dessous de α de l’Hydre, et il s’est dérobé derrière des nuages qu’il a éclairés fortement par transparence pendant quelques secondes. D’abord très-petit, ce bolide lors de sa disparition avait un diamètre de 15 minutes environ. Il laissait derrière lui une longue traînée lumineuse et lançait des globes de la grosseur de Sirius. Sa couleur était très-vive et bleue, son éclat allait en augmentant jusqu’au moment où il est disparu derrière les nuages qui s’étendaient jusqu’à l’horizon et ont empêché de suivre sa marche au delà du point où il s’est caché. La longitude de Bonnebosq est 2°9’9’’ ouest. Aucune explosion ne s’est fait entendre, du moins dans les cinq minutes qui ont suivi son apparition. Il a été visible pendant environ trois secondes.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 22 avril, Chevreuse (Yvelines). “M. J. marquès di Braga. - Paris, le 22 avril. J’ai l’honneur de vous adresser quelques renseignements sur un bolide observé par moi et mon frère à Chevreuse (département de Seine-et-Oise), le mercredi 20 du courant, à 9 h 13 m
du soir. Ce bolide m’a paru se diriger vers l’ouest. Son plan faisait avec l’horizon un angle de 30 degrés. Il s’est éteint en un point du ciel dont la hauteur au-dessus de l’horizon était de 7 degrés et dont la verticale faisait avec le méridien (du côté de l’ouest) un angle
de 108 degrés. La couleur et celle de la traînée d’étincelles qu’il laissait après lui étaient blanc-bleuâtre. Je n’ai entendu aucune détonation.”
Source : Bulletin de l’association scientifique de
France - t. 7 - 1870.

1870, 2 mai, Saint-Martin-de-Hinx (Landes). “M. Carlier, à Saint-Martin-de-Hinx (Landes). Le 2 mai 1870, à 9 h 10 m du soir, bolide très-lumineux, du Lévrier à Bérénice ; marche rapide, sensiblement plus gros qu’une étoile de première grandeur. J’observais la température de la Terre, lorsqu’une vive lumière attira mon attention. (Le météore venait peut-être de ζ de la Grande Ourse.)” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 8 mai, Bonnebosq (Calvados). “M. Doyère, fils, à Bonnebosq (Calvados). Le 8 mai, à 8 h 23 m du soir (temps vrai ), j’ai observé un bolide. Il est apparu à peu de distance de χ de la Vierge, est passé à 3 degrés environ au-dessus de γ du Dragon et s’est éteint à 4 degrés au nord de cette étoile. La durée de l’apparition a été de six secondes au moins. Le météore était de couleur bleue et très-brillant, d’un diamètre égal en apparence à trois ou quatre fois Jupiter, et semblait être formé de deux globes de même éclat, mais de grosseurs inégales (le second plus petit) et peu distants l’un de l’autre. Il laissait derrière lui une traînée étendue d’étincelles rouges et peu persistantes. D’abord petit, le bolide avait augmenté très-rapidement d’éclat, et il s’est éteint brusquement ; cependant je l’ai encore vu quelques instants, sous l’aspect d’une masse rouge-sombre environnée, de filmée blanchâtre. Il est probable que le météore était peu élevé, car des personnes qui étaient éloignées du lieu où je me trouvais l’ont vu dans des localités qui diffèrent de celle où je l’ai vu moi-même ; ce fait pourrait indiquer une parallaxe assez considérable pour sa base.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 9 mai, Morbihan. “Un bolide a été observé
sur plusieurs points du département, le 9 mai, à
7h. 15 du soir. Il allait du N.E. dans le S.O. Il a
produit, à la limite de sa course, un éclat lumineux assez intense, mais sans détonation.” Source : Journal de Vannes du 14 mai 1870.
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Le Courrier de Bretagne du 18 mai 1870 rajoute que, “A Belle-Ile notamment, on
l’a parfaitement vu au-dessus de la citadelle.”
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“M. Arrondeau écrit de Vannes qu’un bolide y a été observé par M. Gonésel, au Palais (Belle-Isle, Morbihan). Il était 7h15m du soir et il allait du nord-est dans le sud-ouest. Ce bolide a produit à la limite
de sa course un éclat lumineux assez intense, mais
sans détonation.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1870, 9 mai, Montmartin-sur-Mer (Manche). “Le 9 mai, à 7h45m, par un ciel très-pur et une lumière suffisante pour qu’on ne pût encore apercevoir aucune étoile, M. Quenault, à Montmartin-sur-Mer (Manche), a aperçu un bolide très-brillant. Il se dirigeait rapidement de l’est à l’ouest, a passé à peu près sur la tête de l’observateur, puis sous la Lune, et est allé s’éteindre vers le village d’Ourville.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 18 mai, Rochefort (Charente-Maritime). “M. Simon, professeur d’hydrographie, à Rochefort. Hier soir, 18 mai, à 11h10m, temps moyen de Rocbefort, j’ai vu apparaître un magnifique bolide près θ d’Hercule. Il s’est dirigé vers l’est ; presque verticalement, inclinant un peu au Sud, pour disparaîtra près de δ de l’Aigle, dans les vapeurs de l’horizon, sans laisser de traînée lumineuse. Il a ainsi parcouru un arc d’environ 40 degrés en trois secondes. D’abord globe bleu, du plus vif, du plus brillant éclat, lançant des étincelles, l’intensité de sa lumière était faible pendant qu’il décrivait le dernier tiers de sa trajectoire. Il présentait alors l’aspect d’un disque parfait, d’un blanc pâle, de 8 minutes au moins de diamètre apparent. J’avais comme terme de comparaison le diamètre de Saturne que, de la plate-forme de l’Observatoire de la Marine, je regardais dans une lunette de grossissement connu. Six minutes après, alors que le calme le plus complet régnait autour de moi, j’entendis très-distinctement, dans la même direction, une forte détonation lointaine, suivie d’une autre beaucoup plus faible. Nota. - Nous prions ceux de nos collègues qui auraient vu ce bolide exceptionnel, de nous faire part du résultat de leurs observations.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 18 mai, Limoges (Haute-Vienne) et à Paris. “M. Félix. Hément, rédacteur du Petit Journal, nous communique à ce sujet la lettre suivante, qu’il a reçue de M. Mignot, à Limoges : Hier, 18 mai, à 11h20m du soir, j’ai vu un magnifique bolide qui semblait gros comme la tête d’un enfant et qui a parcouru l’espace d’environ 25 à 30 degrés dans la direction du zénith à l’horizon ouest : ce globe de feu a semblé se détacher
de la voûte céleste à environ 20 degrés de α de la Grande Ourse (cette étoile se trouvait en ce moment à peu près au zénith). Le météore a éclairé l’espace pendant ‘environ quatre ou cinq secondes et a disparu en laissant une traînée de lumière bleue qui n’a persisté guère plus de trois seconde. La lumière sembla émaner des cônes de charbon d’une pile de Bunsen tant elle était vive ; j’aurais parfaitement pu lire à une distance ordinaire. Mon chien, qui rentrait avec moi, s’est tout à coup arrêté en hurlant et s’est serré en tremblant, contre moi.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.
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“[...] Ce curieux bolide a été vu à Paris, mais nous
n’avons reçu aucun détail circonstancié sur les observations qu’on y a pu faire.” Source : C. Flammarion,
Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1870, 22 mai, Marseille (Bouches-du-Rhône). “M. le capitaine Aman Vigié, à Marseille. Rentrant de Saint-Julien à Marseille et nous trouvant à 4 kilomètres de la ville, nous aperçûmes, le 22 mai dernier, à 9h30m du soir, le plus magnifique bolide que j’aie vu de ma vie. Il venait de la direction sud-est et allait vers nord-ouest. Il nous apparut par-dessus un mur et semblait glisser comme une fusée énorme. Il était dans la constellation de la Balance et de la Vierge. Il semblait être très-près de nous ; sa forme était ronde, ayant une grosseur apparente analogue à celle de la lune au zénith. Sa lumière était blanche. Vers la fin de sa course il projetait des étincelles qui durèrent peu. Il s’éteignit doucement sans laisser de traces et sans que nous eussions entendu le moindre bruit. Sa projection paraissait horizontale.” Source : Bulletin de l’association scientifique de
France - t. 8 - 1870.

1870, 3 juin, Salleboeuf (Gironde). “M. Sclafer, écrit de Salleboeuf (Gironde), 4 juin 1870, à 15 kilomètres est de Bordeaux : Hier, 3 juin, à 8h31m, temps moyen de Bordeaux, aperçu un fort bolide filant du nord-ouest au sud-est, presque au zénith, mais déclinant au nord . Le crépuscule étant grand, à peine voyait-on quelques premières étoiles ; malgré cela, la flamme du bolide
fût très-visible, elle faisait aigrette ; et ce qu’il y eut de particulier, c’est que ce bolide apparut pendant une demi-seconde, puis s’éteignit pour se rallumer pendant une autre demi-seconde, après quoi il s’éteignit définitivement en produisant une gerbe d’étincelles. Ce bolide paraissait très-élevé. S’il eût été nuit close, et qu’il n’y eût pas eu de lune, nul doute que celte apparition n’eût été des plus remarquables.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 7 - 1870.

1870, 12 juin, Paris. “M. Juger (Paris-Montmartre) donne les observations qu’il a faites de l’éclipse de
lune du 12 juin. - A 10h11m15s à 20°, un magnifique bolide est apparu entre β et ε du Dauphin ; il a traversé la constellation de l’Aigle au-dessus de γ, la voie lactée entre ε et ζ de l’Aigle, passé sur α d’Ophiuchus, près α d’Hercule, entre γ et χ du Serpent, et est venue s’éteindre près de l’étoile v de la constellation du Bouvier. La durée du phénomène a été de quelques secondes, l’arc parcouru de 101 degrés environ. Le météore était d’un éclat blanc très-vif, sa lumière supérieure à celle que nous envoie Sirius (α du Grand Chien) ; mais, ce qui m’a paru le plus remarquable, c’est la traînée lumineuse d’un bleu clair qui l’accompagnait et dont la lumière illuminait le ciel comme une fusée, la disparition n’ayant eu lieu qu’avec le bolide. Aucun bruit, aucun éclat observés.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 8 - 1870.

1870, 17 juin, Béziers (Hérault). “M. Crouzat rapporte qu’il a observé à Béziers le 17 juin 1870, à 9 heures du soir, un bolide marchant du nord au sud, parti des environs de Wéga et se dirigeant vers Saturne, qu’il a un peu dépasse. L’apparition a été très-courte, le météore ayant fait explosion au-dessous do la planète, à 3 ou 4 degrés tout au plus. La clarté rougeâtro du bolide a illuminé lo sol au moment où il s’est divisé, comme les fusées dites chandelles romaines. Il a été aperçu, non-seulement de Béziers, mais des communes voisines, notamment de Puisserguier. Il était moins beau que celui du 17 juin 1869.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1870, 24 juin, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Le 24 juin 1870, à 10h 15m du soir, un bolide parut au-dessus de notre ville. Parti du sud-ouest, il se dirigea vers le nord-est. Le chemin parcouru a été éclairé par une traînée rosâtre, très-lumineuse. Le bolide éclata enfin, en produisant une lumière bleue éblouissante. Ce phénomène fut visible pendant au moins deux secondes.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 73, juillet-décembre 1871.

1870, 24 juillet, Toulon (Var). “M. Zürcher, capitaine de port à Toulon. - 25 juillet 1870. Le dimanche
24 juillet, à 8 h 40 m du soir, nous avons observé de notre terrasse, sur le bord de la mer, un magnifique bolide dont le diamètre était presque double de celui de Jupiter ; il se dirigeait lentement de l’ouest à l’est en suivant une ligne à peu près horizontale et laissait derrière lui une brillante traînée. Nous l’avons vu apparaître au-dessous d’Antarès ; il a passé près de l’étoile μ de la constellation du Scorpion et a disparu dans celle du Sagittaire.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 8 - 1870.

1870, 25 août, Paris. “Paris, le 25 août. - M. Jager envoie le tableau de ses observations de la nuit du 10. Il va être inséré au Bulletin spécial. Dans la nuit du 24, ajoute M. Jager, j’ai été assez heureux pour obtenir dans la région ouest un magnifique bolide. La trajectoire, curviligne, laissait une traînée bleue. Le bolide était blanc, comparable à un globe de mercure ou d’argent fondu, double de Vénus. La traînée lumineuse a persisté pendant presque toute la durée du phénomène, c’est-à-dire après l’explosion du bolide, dont la division s’est effectuée sans bruit en laissant une grande quantité de fragments.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 8 - 1870.

Entre le 19 juillet 1870 et le 10 mai 1871, Boulogne-sur-Mer et Saint-Omer (Pas-de-Calais). “Pendant la guerre franco-prussienne, me trouvant à Boulogne-sur-Mer, j’ai observé la curieuse trajectoire de bolide dont je vous envoie le croquis.
C’était en plein jour, à 11 h du matin, un jour de marché, sur la place d’Alton. Le bolide est arrivé du Sud-Ouest, après avoir traversé la Manche, et a éclaté près de Saint-Omer. A juger de la spirale que formait sa traînée, on pensait involontairement à un être invisible courant dans le Ciel en brandissant une torche.
Le bolide devait être d’assez grandes proportions, d’après le volume considérable de celte fumée qui s’étendait au loin à perle de vue. La fumée dense qui sort d’une vaste fournaise pourrait seule en donner une idée.
Je l’ai vu éclater et le son de la détonation m’arriva de dix à douze secondes plus tard ; et puis j’ai entendu le sifflement produit par la dispersion violente des fragments du corps. Le sol et les maisons en ont tremblé.
Rien de plus gracieux que la forme de ce nuage, tracé et appliqué comme une garniture d’argent mat sur un ciel limpide, formant des festons et des anneaux d’une régularité surprenante.
ALFRED DAWSON, à Alassio (Italie).” Source : L’astronomie, n°1, janvier 1883.

en 1870, Jarzé (Maine-et-Loire). “M. Fouchet donne lecture d’une note, émanant de M. Fraysse, membre correspondant de la Société, relative à des blocs, qu’il suppose être des fragments de météorite, trouvés à Jarzé (Maine-et-Loire). Ce bolide serait tombé en pleine nuit, en l’année 1870, au milieu d’un champ. Sa chute aurait été accompagnée de certains phénomènes atmosphériques.
M. Fouchet veut bien se charger de prendre toutes dispositions utiles pour faire transporter au Musée un des blocs mis à la disposition de la Société pour une étude plus approfondie.” Source : Bulletin de la Société d’Etudes Scientifiques d’Angers, année 1921, paru en 1922.

1871, 16 mars, en Charente-Maritime. “Jeudi soir, à onze heures moins treize minutes et demie, les passants ont pu observer un magnifique bolide dont la trajectoire paraissait fort rapprochée de la terre. L’arc parabolique était parallèle à la surface terrestre et sensiblement dirigé de N. E. à S.- O. Le corps lumineux, de la grosseur apparente d’une orange, cheminait assez lentement, et présentait une lumière blanche étincelante. Ce qu’il y avait de très digne de remarque dans le phénomène, c’est que le bolide laissait derrière lui une immense traînée lumineuse, d’un rouge presque sombre, longtemps persistante, de manière qu’elle embrassait une grande partie de l’horison céleste. Il est à penser que la chute de ce bolide correspondra à la constatation ultérieure d’aérolithes formés de ses débris.” Source : L’Indépendant de la Charente-Inférieure, 21 mars 1871.

1871, 17 mars, 22 h 40, Saintes (Charente-Maritime), Castillon-sur-Dordogne (Gironde), Nérac (Lot-et-Garonne), Carcassonne (Aude), Frénois (Côte-d’Or), Paris, Vitré (Ille-et-Vilaine), Tours (Indre-et-Loire), Saint-Etienne (Loire),vers Annecy(Haute-Savoie) et jusqu’en Italie. “M. Xambeu, professeur de physique à Saintes, a observé un météore laissant derrière lui une trainée lumineuse qui a persisté pendant plus d’une demi-heure. Le globe lumineux a paru se détacher d’un groupe de nuages et s’est dirigé du nord-nord ouest au sud-sud est. Au bout de quelques secondes, il a explosé sans faire de bruit en projetant vers le sol de nombreuses étincelles. La vitesse du bolide était très lente et sa course a duré une vingtaine de secondes.” Sources :
Comptes-rendus de l’Académie des Sciences.
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“Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871, l’Observatoire signale le passage d’un magnifique bolide dont la trajectoire paraissait fort rapprochée de la terre. Le corps lumineux, de la grosseur apparente d’une orange, cheminait assez lentement et présentait une lumière étincelante. Ce qu’il y avait de très-digne de remarque dans le phénomène, c’est que le bolide laissait derrière lui une immense trainée lumineuse d’un rouge presque sombre, longtemps persistante, de manière qu’elle embrasait une grande partie de l’horizon céleste.” Source : Moniteur du 18 mars 1871.
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On lit dans le Journal officiel du 18 mars 1871 : “Hier soir (17 mars), à 11 heures moins 13 minutes et. demie, sur la place du Palais-Bourbon, les passants ont pu observer un magnifique bolide dont la trajectoire paraissait fort rapprochée de la Terre. L’arc parabolique était parallèle à la surface terrestre et sensiblement dirigé de nord-est à sud-ouest. Le corps lumineux, de la grosseur apparente d’une orange, cheminait assez lentement et présentait une lumière blanche étincelante. Ce qu’il y avait de très-digne de remarque dans le phénomène, c’est que le bolide laissait derrière lui une immense traînée lumineuse, d’un rouge presque sombre, longtemps persistante, de manière qu’elle embrassait une grande partie de l’horizon céleste.”
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On lit également dans le Moniteur universel du 20 mars 1871 : “Entre Vitré et Rennes, pendant la nuit de vendredi (17) à samedi (18 mars), à 11 heures moins 15 minutes, est apparu sur l’horizon, à la hauteur de 45 degrés, un bolide énorme, comme les annales de l’Observatoire n’en mentionnent guère. La traînée lumineuse a persisté pendant un quart d’heure.”
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“Lettre de M. Xambeu.
Saintes (Charente-Inférieure), le 18 mars 1871. - Le 17 mars 1871 à 10h40m du soir, à Saintes, nous avons vu un bolide laissant après lui une traînée lumineuse qui a persisté pendant plus d’une demi-heure. Le globe lumineux a paru se détacher de la partie supérieure d’un groupe de nuages touchant l’horizon dans la région nord-nord-ouest, il s’est dirigé en ligne droite horizontale, et, avant d’arriver à un second groupe nuageux placé près de l’horizon dans la région sud-sud-
est, il a présenté une brillante coloration bleu-verdâtre, a éclaté comme une fusée sans détonation et a projeté dans l’espace vers le sol de nombreuses étincelles. La vitesse du mobile était très-lente, et j’ai pu compter vingt secondes depuis le commencement jusqu’au moment où il a atteint ]a région sud-sud-est. Tout le chemin parcouru par le globe de feu a été marqué par une bande lumineuse horizontale immobile. A 11 heures (vingt minutes après), la traînée a présenté en son milieu de légers renflements, et la courbe sinueuse paraissait encore se maintenir immobile ; à partir de ce moment, l’intensité de la lumière allait en décroissant et, à 11h 12m, la traînée disparaissait lentement dans la région nord-nord-ouest d’où elle était partie.

Lettre de M. Crevaux.
Châtellerault. - Vendredi, 10h55m du soir (heure de Paris), averti qu’une masse lumineuse s’avançait comme un obus dans le ciel. Observé à 10h58m traînée lumineuse ayant quelque analogie avec la voie lactée. Au nord, le phénomène se perd sous l’horizon. Au sud, terminaison brusque, pour ainsi dire en moignon. C’est à ce point qu’on a vu le corps lumineux lancer des éclats très-brillants et disparaître. La traînée se dissipe lentement, du nord au sud ; à minuit, elle est à peu près effacée.

Castillon-sur-Dordogne, 18 mars 1871. - Je n’ai pas vu ce météore ; mais averti aussitôt après son apparition, je suis sorti, et j’ai pu examiner tout à loisir l’immense traînée lumineuse qui marquait son passage. La trace du bolide, commençant à l’horizon, un peu à l’ouest du méridien de la constellation de Cassiopée, traversait celle du Bouvier, et se prolongeait vers le sud-sud-est jusqu’à 40 degrés environ au-dessus de l’horizon. Cette trace, d’abord droite et d’une faible largeur, s’infléchissait ensuite sur plusieurs points, et s’élargissait inégalement. Cinq minutes après, elle présentait l’aspect d’un long nuage lumineux, de forme légèrement ondulée, dont la largeur variait entre 1 et 5 degrés. Pendant vingt-cinq minutes, son éclat sembla peu diminuer ; mais ses contours continuèrent à se modifier ; puis ce nuage commença à disparaître lentement. On en voyait encore quelques traces vers le nord, près d’une heure après l’apparition du météore. A. Pâquenée.

Nérac, 24 mars 1871. - Vendredi soir, 17 mars, à 10 heures et demie environ, a paru un magnifique bolide sur l’horizon de Nérac. Il a paru commencer sa course à 15 degrés au-dessus de l’horizon, perpendiculairement au-dessous de la polaire, et s’est dirigé en suivant la courbe du ciel vers la planète Mars, qu’il a dépassée. Sa lumière était blanche, elle éclairait le sol ; ce n’est que vers la fin de sa course que le bolide a paru se diviser en gerbe, on n’a pas entendu de déflagration. Le sillon immense qu’a laissé le bolide a persisté pendant plus de trois quarts d’heure sa couleur était blanche et phosphorescente, et tout à fait pareille à la lueur des queues de comètes, mais infiniment plus brillante et mieux limitée. Très-mince et rectiligne dans les premiers moments, cette trace est devenue peu à peu sinueuse; elle s’est rompue enfin sur plusieurs points, en se diffusant et formant divers centres lumineux. Les étoiles paraissaient au travers. Vers 11 heures et demie, elle a disparu peu à peu. Le même météore a été observé à Carcassonne et dans le nord de la France. M. Lespiault.

Vendredi 17 du courant, à 11 heures 15 minutes environ du soir, la nuit était noire, quoique le ciel fût étoilé et que la terre fût couverte de neige j’étais en route pour me rendre à pied de Lamargelle à Frénois, canton de Saint-Seine (Côte-d’Or), lorsque mon attention fut éveillée par un corps lumineux, que je suppose être un bolide, traversant l’espace du nord-nord-est au sud-sud-ouest (suivant mon appréciation), décrivant avec une l’endroit où je me trouvais et à la ligne de mes yeux ; la durée de la course fut d’environ quinze secondes le temps était trop sombre pour que je pusse consulter ma montre, mais, depuis le moment où j’aperçus le corps jusqu’au moment où je le perdis de vue, je pus compter jusqu’à 30, sans me presser. Ce corps laissa dans l’espace la trace de son passage, pendant au moins vingt minutes, avec cette particularité que cette trace était plus large au milieu, moins dense qu’à son point de départ et qu’à son point d’arrivée. Il n’y eut pas d’explosion, car je ne remarquai aucune dissémination de la traînée lumineuse le corps a dû, ce me semble, continuer sa course dans l’espace en cessant d’être visible pour moi. Il ressemblait à un immense obus à fusée, moins le bruit de la course et l’explosion. M.-G. Vauquelin

Le 17 mars, à 11h45m du soir environ, le ciel s’éclaira tout à coup d’une vive lumière, et un météore très-brillant passa an-dessus de la ville. Il se montra à l’horizon, au nord, comme une splendide fusée d’artifice et traversa l’hémisphère en cinquante ou cinquante-cinq secondes, laissant derrière lui une traînée lumineuse qui demeura visible avec diverses transformations, pendant vingt-cinq minutes environ ; le plan de cette ligne de feu ne faisait pas avec le plan méridien un angle de plus de 3 degrés. Le diamètre apparent de ce bolide était, lorsqu’il passa au zénith, environ moitié de celui de la lune, mais il me parut augmenter et en devenir les deux tiers. Quant à la traînée lumineuse, sa longueur était, dans les premiers instants, double du diamètre du météore. Le bolide semblait brûler avec une belle flamme bleue, abandonnant derrière lui des particules en combustion. Mais ce qui me frappa le plus vivement dans le phénomène dont j’étais témoin, ce fut la métamorphose que subit la trace laissée par ce corps. Tout d’abord large comme deux fois le diamètre apparent du bolide et très brillante, elle s’élargit, devint en largeur double de ce qu’elle était et perdit un peu de son éclat ; elle se sépara alors, dans toute sa longueur, en deux parties, et, le ciel étant très-pur à ce moment, je puis voir briller les étoiles, d’une lueur moins rouge, entre les deux rubans de feu. Cela dura près de cinq minutes, puis l’éclat diminua sensiblement, le double ruban se coupa en plusieurs parties, les particules lumineuses disparurent peu à peu, et bientôt il ne resta plus qu’une immense banderole de matière vaporeuse éclairée d’une lumière pâle. A 11h 10m, je pus encore voir quelques traces de ce nuage, que je ne puis comparer qu’à la fumée éclairée par la lumière lunaire. La trace laissée par le bolide fut d’abord plane, mais, trois minutes après, quelques ondulations eurent lieu, entraînant le ruban vers l’est ; elles devinrent beaucoup plus nombreuses lorsque ce ne fut qu’une masse vaporeuse qui marchait lentement vers l’est. Pendant toute la durée du phénomène, malgré mon attention, je ne pus saisir aucun bruit. A 8 heures, le même soir, j’avais déjà vu une étoile filante se mouvoir dans une direction sensiblement la même que celle du brillant météore dont je parle plus haut.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 72, janvier-juin 1871.
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“Remarques au sujet du bolide observé dans la nuit du 17 au 18 mars 1871 par M. Élie DE BEAUMONT.
Dans la séance du 19 juin (1), M. Charles Sainte-Claire Deville a fait connaître à l’Académie l’observation faite par M. A. Briffault d’un bolide très-brillant qui a traversé l’horizon de la ville de Tours vers le milieu de la nuit du 17 au 18 mars dernier.
Dans la séance du 24 juillet (2), notre savant confrère a signalé, d’après le P. Denza, les observations faites dans un grand des points de l’Italie vers le milieu de la même nuit du 17 au 18 mars, d’un bolide qui a présenté des apparences tout à fait analogues à celles du bolide
de Tours.
Je crois devoir rappeler, de mon côté, que c’est également vers le milieu de cette même nuit du 17 au 18 mars qu’un bolide remarquable a été observé à Saintes (par M. Xambeu), à Chatellerault (par M. Crevaux) (3), à Castillon-sur-Dordogne (par M. Paquenée), à Nérac (par M. Lespiault), à Carcassonne, dans le canton de Saint-Seine (Côte-d’Or) (par M. Vauquelin), à Paris, et entre Vitré et Rennes (4).
Les circonstances de toutes ces apparitions sont à peu près identiques et remarquables particulièrement par l’étendue et la longue persistance de la traînée lumineuse que le bolide a laissée sur son passage. Elles conduisent naturellement à penser qu’on a vu, dans toutes les localités citées, un seul et même bolide.
Ce bolide, observé ainsi depuis la Bretagne jusqu’en Italie, me paraîtrait mériter de fixer l’attention par la longueur de la trajectoire qu’il aurait parcourue à portée de la vue des habitants de la terre. Son identité, dans tout l’espace où il a été remarqué, deviendrait d’autant plus certaine que le nombre des observations dont il aurait été l’objet sera plus grand, et que les points d’où il aurait été signalé formeront sur la surface de la terre un réseau plus serré. C’est afin de provoquer la réunion et la concentration de ces observations que je me permets d’indiquer, pendant que les souvenirs sont encore présents, à toutes les personnes qui ont pu voir ce bolide, n’importe en quelle localité, l’utilité qu’il y aurait à publier leurs remarques à son sujet, quelque fugitives qu’elles pussent être.

(1) Comptes rendus, t. LXXII, p. 788 (séance du 19 juin 1871)
(2) Comptes rendus, t. LXXIII, p. 241 (séance du 24 juillet 1871).
(3) Comptes rendus, t. LXXII, p. 328 (séance du 20 mars 1871).
(4) Comptes rendus, t. LXXII, p. 383 et 384 (séance du 27 mars 1871).” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 73, 1871.
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“Le soir du 17 mars, d’après la Gazette Tessinoise qui se publie à Lugano, vers les 11 heures, dans un ciel étoilé et l’atmosphère étant très pure, un bolide d’un éclat fort vif et d’un volume très considérable apparut tout à coup sur l’horizon, à une hauteur moyenne, entre la Grande-Ourse et la crête du Jura. Il se dirigeait avec une prodigieuse rapidité, et presque horizontalement, vers le sud-est ; un long et épais nuage noir le cacha un instant aux regards ; puis il se montra de nouveau pour disparaître bientôt vers l’extrémité du Grand-Salève, dans la direction d’Annecy. Cet aérolithe, dont la masse jaunâtre se trouvait parsemée çà et là de tâches d’une teinte rougeâtre, était probablement un mélange de fer et de soufre. Ce qui parut plus extraordinaire aux spectateurs de ce phénomène, c’est que le sillon de lumière tracé par ce corps ne diminua d’intensité que très lentement, de sorte qu’on l’appercevait encore parfaitement à l’œil nu, d’un bout à l’autre de l’horizon, 22 minutes après son passage. (Unità Cattolica, 13 avril).” Source : Courrier des Alpes, Echo de la Savoie du 18 avril 1871.

1871, 2 juillet, Loire, Rhône, Ain, Saône-et-Loire. “Il y a quelques semaines, un brillant météore était observé dans nos contrées etétait aperçu, à la même heure, sur plusieurs autres points de la France. Dimanche, vers les dix heures et demie, nouvelle apparition d’un semblable phénomène. Un globe de feu des plus brillants sillonnait l’atmosphère, dans la direction du Midi au Nord ; d’une lueur bleuâtre, il était suivi d’une large traînée rouge se terminant elle-même par une traînée moins large, mais plus longue et bleue. On n’a point entendu d’explosion.Le même phénomène a été observé dans plusieurs des départements voisins, notamment dans celui de Saône-et-Loire. Toutes les personnes qui ont contemplé le météore ont déclaré n’avoir jamais rien vu de pareil sous le rapport de l’intensité lumineuse, de la proximité apparente du sol et de la direction horizontale qu’il a constamment gardée, ne paraissant ni se rapprocher ni s’éloigner de la terre.” Source : Courrier des Alpes du 6 juillet 1871.
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“Dimanche 2 juillet vers 9 heures du soir, nous avons été témoin d’un phénomène météorologique des plus saisissants. Au sud est, un globe immense de feu apparaissait dans le ciel ; on aurait dit les reflets d’un brillant artifice ou d’un immense incendie. Ce météore était ua bolide environné d’un cercle couleur orange et d’un nimbe blanchâtre. Bientôt il s’élança de dessus les Mont-d’Ain et disparut avec une vitesse extrême dans la direction du nord-ouest. (Abeille du Bugey).” Source : Journal de l’Ain du 10 juillet 1871.
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“Hier soir dimanche, 2 juillet, à 10 heures 25 minutes, nous avons aperçu un nouveau bolide, qui est tombé dans la direction de l’ouest à l’est, en projetant dans sa chute une vive lueur blanchâtre. Comme le premier que nous avons signalé, ce bolide s’est éteint après avoir produit une traînée de feu d’un rouge ardent.” Source : Le Patriote savoisien du 4 juillet 1871.
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“[...]M. Loir communique une note de M. Roussille sur un phénomène lumineux observé au mont Pilat. [...] M. Sauzy donne quelques détails sur le bolide qui a traversé notre atmosphère dans la soirée du dernier dimanche. Il résulte de divers témoignages que ce brillant météore aurait été vu assez loin au nord ds notre ville.” Source : Société d’agriculture, d’histoire naturelle et des arts utiles de Lyon. Séance du 7 juillet.
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“Un journal de Lyon, le Courrier, donne d’intéressants détails sur le bollde observé dimanche soir : « Le ciel, dit-il, était couvert partiellement de nuages assez lourds, mais très-découpés, laissant entre eux des intervalles vides nombreux, mais généralement peu étendus. L’air était comme embrasé. A l’extrémité de l’horizon, au levant et au couchant, on apercevait le reflet expirant d’éclairs lointains. La lune s’avait atteint qu’une faible hauteur au-dessus de l’horizon et ne donnait qu’une lueur terne et fréquemment voilée. Tout à coup une grande clarté apparaît et envoie sur le sol des reflets vacillants. L’Impression générale est qu’une fusée à flammes de Bengale qui vient d’être lancée dans l’espace. Nous levons la tête et nous apercevons, presque au zénith, mais un peu au sud-ouest, un globe lumineux fort brillant se mouvant avec une extrême rapidité. Il avait l’aspect d’un long globe de feu incandescent sous l’action d’uu couraut électrique. Le centre offrait aux regards une intensité lumineuse exceptionnelle, de couleur légèrement violette, et lançait des rayons et des étincelles. Ces rayons étaient entourés de reflets de couleur orange pâle, mais très-vive. Le foyer du météore était entouré en outre d’un nimbe blanchâtre assez semblable à une lumière électrique dépouillée de rayons. « La vitesse de ce globe de feu était telle, qu’il semblait laisser après lui une onde de lumière. Sa direction était parfaitement droite et horizontale. II paraissait très-rapproché du sol et ne pas dépasser la hauteur qu’atteint une fusée ordinaire. C’était là cependant une illusion d’optique résultant de l’intensité lumineuse du météore, car, en le contemplant, on reconnaissait bien vite qu’il était au-dessus des nuages, dont l’opacité se voilait en partie lorsqu’il passait derrière. Cette succession de nuages et d’intervalles vides laissant apercevoir l’azur du ciel, donnait une variété de tons au globe lumineux et rendait son éclat vacillant. C’est dans la cour de la gare de Romanèche (Saône-et Loire) que nous avons pu contempler ce spectacle unique pour nous et qui ne ressemblait en rien à celui des étoiles filantes. Ce météore a fait son apparition légèrement au sud du zénith, a suivi une course très-horizontale dans la direction du nord-ouest. On aurait dit, d’après l’observation recueillie à la gare de Romanèche, qu’il se dirigeait sur Thurius. Il a disparu derrière un nuage plus opaque et plus large que les autres, qui semblait placé au-dessus de cette dernière localité. Nous comptions entendre, en ce moment, une détouatiun que nous jugions devoir être formidable. Mais cet espoir a été déçu, et c’est en vain que nous avons prêté l’oreille pendant quelques minutes; nous n’avous pu percevoir le moindre bruit. La durée de ce spectacle extraordinaire n’a été que de deux à trois secondes. Toutes les personnes qui ont contemplé ce météore ont déclaré n’avoir jamais rien vu de pareil sous la rapport de l’Intensité lumineuse, de la proximité apparente du sol et de la direction horizoutale qu’il a constamment gardée, ne paraissant ni se rapprocher, ni s’éloigner de la terre. Nous prions les personnes qui auraient aperçu ce bolide de vouloir bien vouloir nous transmettre leurs observations.” Source : L’impartial dauphinois du 9 juillet 1871.

1871, 13 juillet, Trémont (Saône-et-Loire). “Le 13 de ce mois, à Trémont, près Tournus, on a observé un bolide d’un brillant éclat. A 10h6m, le météore se montra à 5 ou 6 degrés au-dessus de δ Andromède, courut horizontalement en passant à 1°,30 au-dessus de α d’Andromède et alla faire explosion dans le carré de Pégase, une seconde de temps après son apparition.
Le bolide avait l’aspect d’une flamme brillante, entourée d’une nuée phosphorescente ; son éclat s’accrut rapidement jusqu’au moment où l’explosion illumina le ciel comme un éclair ; cette traînée, large d’environ 25 minutes, avait la forme d’un fuseau très-allongé ; le point où le bolide a éclaté fut occupé par la partie la plus large et la plus lumineuse de la traînée. Celle-ci fut plus brillante que la portion de la voie lactée dans le Sagittaire. Elle s’effaça peu à peu et ne disparut complètement qu’au bout de quatre ou cinq minutes. La netteté et la persistance de la traînée permettent de fixer avec exactitude les coordonnées des extrémités de la trajectoire visible du bolide. Les voici :
Comm. : 5°; Dist. pol : = 55°.
Fin : 355°30’ ; Dist. pol : = 63°.

L’observation est précise, et, si nous possédions une seconde détermination aussi exacte, il serait possible de calculer la route même suivie par le bolide.”
Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1871, 15 juillet, Paris et dans le Cher. “Note de M. Chapelas. J’ai l’honneur de signaler à l’Académie des Sciences le passage d’un bolide extrêmement remarquable, observée dans la soirée du 15 juillet, à 11h 12m. Ce météore qui n’a fourni que 25 degrés de course, était spécialement intéressant par sa taille et les diverses nuances qu’il présentait durant le parcours de sa trajectoire. Le diamètre apparent du noyau, qui allait sans cesse en augmentant, égalait six ou sept fois celui de Jupiter, au moment de la disparition du phénomène. D’une blancheur éblouissante à son point de départ, ce globe filant prenait successivement une belle couleur vert-émeraude, puis rouge vif. Il était accompagné d’une magnifique traînée large et compacte, présentant identiquement et dans le même ordre des couleurs semblables. Ayant pris naissance près de l’étoile ζ de Pégase, le bolide descendit directement à l’horizon et finit au milieu de la brume, non pas en éclatant, mais en s’épanouissant et projetant alors une clarté rouge très-intense, qui éclaira un moment toute la partie est de Paris. Sa direction, relevée avec soin, était nord-ouest. Vu l’heure peu avancée de la nuit, cet intéressant phénomène ne peut manquer d’avoir été observé sur différents points.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 73, juillet-décembre 1871.
***
“Observation du bolide du 15 juillet faite près de La Guerche (Cher) par M. Habert, instituteur, et communiquée par M. Faucheux. Note de M. LE VERRIER.
Je passe, dit M. Faucheux, dix-huit bolides observés ces jours-ci par les trois observateurs de la station, pour arriver au bolide du 15, dont il a été parlé à l’Académie. M. Habert est le seul qui l’ait observé, se trouvant en un point du département situé par 70 minutes de longitude est et 52 grades 18’ de latitude. Le bolide a disparu à 11h 5m, heure du chemin de fer de La Guerche ; et M. Habert estime, d’après les battements de son pouls, que la durée de l’apparition avait été de trois secondes. [...] Il a pris la forme d’un globe dont les dimensions allaient en croissant, puis il a diminué un peu de volume et a éclaté en fusant et en illuminant toute la contrée. Le bolide, qui était alors d’un rouge vif, avait commencé par la couleur blanche.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 73, juillet-décembre 1871.

1871, 15 juillet, Annecy (Haute-Savoie). “Les bolides n’ont jamais tant fait parler d’eux. Nous avons signalé quelques-uns des plus remaruua-bles parmi ceux qui ont apparu ces derniers mois. On nous en signale un nouveau. Samedi soir, à onze heures et demie précises, une personne a vu, d’Annecy, un globe lumineux, à éclat d’un blanc légèrement bleuâtre, filer du nord-ouest au sud-est, et faire entendre dans sa chute un bruit semblable à celui d’une fusée ou d’un fer rouge plongé dans l’eau. Il n’était pas suivi d’une traînée incandescente, mais d’une simple lueur blanche qui a persisté quelque temps après la disparition du météore. (Les Alpes).” Source : Le patriote savoisien du 22 juillet 1871.

1871, 1er août, Marseille (Bouches-du-Rhône) et à Trémont (Saône-et-Loire). “Le 1er août 1871, l’assistant de 1‘Observatoire de Marseille, M. COGGIA, fit l’observation surprenante suivante :
Ce météore, d’une majestueuse lenteur, apparu à
22 h 43, décrivit dans l’espace une infinité d’arabesques déconcertantes, ralentissant, accélérant, s’immobilisant pendant plus d’une minute, puis repartant dans une direction opposée. il monta au-dessus de l‘horizon, redescendit à la verticale en laissant échapper comme des gouttes incandescentes.” Il disparut peu après 23 heures.” Source : Lumières dans la Nuit, n°2, 1958.

1871, 14 octobre, Cercy-la-Tour (Nièvre). “M. le baron d’Espiard de Collonges écrit de Mazilles, près Cercy-la-Tour (Nièvre). - Le 14 octobre 1871,à 2h30m du soir, on a entendu un bruit de tonnerre singulier ; c’était un roulement fort qui a duré presque une minute. Le ciel était parfaitement serein, sans un seul nuage et sans vent. Ce bruit a été entendu de fort loin ; il a semblé qu’il se dirigeait de l’ouest à l’est.” Source : Bulletin hebdomadaire de l’association scientifique de France, 1871-1872.

1871, 22 octobre, Montereau (Seine-et-Marne). On raconte qu’une météorite pesant 127 livres (soit environ 57,6 kg) serait tombée près de Montereau. Elle est arrivée par l’est en émettant une lumière bleuâtre. Une explosion sourde précéda sa chute. Il s’agirait d’un sphéroïde irrégulier, noirâtre qui a été envoyé à l’Académie des Sciences.
***
On peut lire également à ce sujet dans le Journal des débats politiques et littéraires du 25 octobre 1871: “Un aérolithe pesant 57 kilos 975 grammes, est tombé avant-hier soir, à neuf heures, dans la propriété de M. Lepescheur, près Montereau. Le bolide est arrivé de l’est et a éclaté au-dessus du jardin avec un bruit semblable à un feu de mousqueterie, au milieu d’une très vive lueur bleue qui a duré quinze secondes environ. Ce bolide est une sorte de sphéroïde de forme assez irrégulière, du reste, et d’aspect noirâtre. Il est rayé de veines bleues assez semblables à de l’émail noirci. M. Lepescheur doit l’adresser à l’Académie des Sciences.” Dans le Petit Journal du 25 octobre 1871, la masse indiquée est de cent quinze
livres quatre cent soixante grammes.

1871, 5 novembre, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). “Dimanche dernier, vers huit heures du soir, on a constaté le passage, sur la ville d’Aix, d’un remarquable aérolithe qui a sillonné le ciel dans la région nord-est, un peu au-dessous do la lune qui était à ce mo­ment assez élevée dans un ciel parfaitement pur. L’aérolithe, sans doute en pénétrant dans l’atmosphère, s’est enflammé, et bien que la terre fût fortement éclairée par la pleine lune, une vive clarté s’est manifestée aussitôt, qui a duré quelques secondes, et a doublé pendant ce temps la lumière déjà répandue dans l’air.
La traînée de feu horizontale, laissée par le bolide, est restée visible pendant plus de trois minutes et ne s’est dissipée qu’en on­dulations, comme un nuage écharpé par le vent.“ Source : Journal de Rouen du 10 novembre 1871.

1872, 3 janvier, dans les Alpes-Maritimes. “Nous lisons dans le Phare du littoral : Mercredi 3 janvier vers 7 heures 20 minutes du soir un magnifique bolide a parcouru le ciel, presque dans la direction du nord au sud, inclinant un peu du N. N. O. au S. S. O. Il a coupé obliquement et à peu près au milieu, la ligne qui va de Rigel d’Orion à Aldeberan du Taureau. Son éclat était tel, que toute la campagne semblait éclairée par un immense feu de bengale bleu. Sa hauteur paraissait peu considérable. Je n’ai pas vu son point de départ ; mais il m’a semblé venir du cocher. Il a disparu dans Eridan, en se divisant en plusieurs fragments.“ Source : Journal de Monaco du 9 janvier 1872.

1872, 22 janvier, Paris. On peut lire dans le Journal
de Lyon du 25 janvier 1872 : “Un aérolithe est tombé
dans la nuit d’avant-hier aux Batignolles ; il a éclaté
un peu au-dessus du théâtre. La détonation a été
semblable à celle d’un coup de pistolet, et elle a
produit une lumière vive et blanche. L’aérolithe
pesait deux livres et demie.”
***
Et dans le journal la Cloche du 23 janvier 1872 sont révélés quelques éléments complémentaires : “Un aérolithe a éclaté la nuit dernière vers deux heures, à Batignolles, à peu près au-dessus du théâtre. La détonation a été semblable à celle d’un coup de
pistolet, et accompagnée d’une vive lumière, semblable à celle du magnésium.
M. Simon Pascal, demeurant rue du Rocher, 13, qui passait à cette heure sur le boulevard, a ramassé un fragment du bolide. Il avait la dimension des deux poings environ et était de couloir noire, rayé de veines rouges ; il pouvait peser deux livres et demie.
M. Simon Pascal doit soumettre ce fragment à l’Académie des sciences. D’autres morceaux ont dû tomber dans les environs.“

1872, 20 avril, Reims (Marne). “A 2 heures du matin, dans la nuit du 19 au 20 avril, M. Chapelas, étant à Reims, observa un météore remarquable par les particularités qu’il offrit. Parti de β du Scorpion, il traversa successivement les constellations d’Ophiuchus, du Serpent, et vint finir près de δ de l’Aigle, ayant ainsi parcouru 60 degrés, en rasant l’horizon. Sa direction était du sud vers l’est ; il laissa derrière lui une magnifique traînée verdâtre. Quoique
de troisième grandeur seulement, ce bolide, par son
éclat remarquable, était intéressant à étudier. D’abord d’un beau blanc, il prit ensuite une teinte rouge
foncé ; puis, vers le milieu de sa course, faisant une station, il éclata en projetant au loin deux fragments également rouges et continua tranquillement sa marche, sans toutefois diminuer d’intensité. Quant à la traînée, elle subsista environ dix minutes après la disparition complète du météore ; se retirant peu à peu sur elle-même, elle forma en dernier lieu un petit nuage verdâtre, qui disparut bientôt, après avoir suivi pendant quelques secondes la direction même du bolide.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1874, 24 avril, Agde (Hérault), au Puy (Puy-de-Dôme) et en Italie. “A Agde, à 8h25m du soir, par un temps calme et un ciel sans nuages, au moment où la Lune allait se lever, un bolide s’est soudainement montré dans le Bouvier, près d’Arcturus, mais en dessous.
Il courut de droite à gauche en descendant vers l’horizon par une oblique de 45 degrés environ. Il resta visible sur un espace angulaire de 25 degrés. Sa clarté était très-vive et blanche ; il ne laissa pas de trace lumineuse, mais des parcelles très-brillantes, qui s’éteignirent aussitôt, s’en détachaient sur sa trace.
M. Perris, qui a observé ce bolide, estima sa grosseur au tiers de ce que paraît être la Lune lorsqu’elle passe au méridien.
M. Gérard, directeur de l’École normale du Puy, écrit que, le 24 avril, à 8h30m du soir, un peu avant le lever de la Lune, un magnifique bolide se montra du côté du sud, à une hauteur d’environ 30 degrés au-dessus de l’horizon ; il traversa très-rapidement le ciel de l’orient à l’occident, en décrivant un arc assez restreint, et en projetant une clarté comparable à celle de la Lune.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1872, 8 juin, Nantes (Loire-Atlantique). “M. l’abbé Trébéden écrit de Nantes qu’à 8h48m du soir il aperçut un bolide parlant de δ du Serpent et se dirigeant vers le sud-ouest. Un bâtiment élevé a caché ce bolide pendant une partie de sa course. On n’a pu le suivre que durant un parcours de 15 à 20 degrés, pendant un peu plus d’une seconde ; comme on le voit, sa marche était assez lente. D’après sa direction, ce bolide a dû couper l’équateur vers 205 degrés d’ascension droite. L’observateur ajoute que, ne l’ayant pas suivi dans la dernière partie de sa course, il n’a pu en marquer l’amplitude ni dire si le météore a éclaté à la fin de son apparition ; ce qu’il peut affirmer, c’est qu’il n’a pas vu de traînée derrière lui, ni entendu de détonation ; du reste le bolide était brillant. Malgré des nuages au nord-ouest, et à l’ouest, le crépuscule éclairait encore assez la voûte céleste pour ne permettre de paraître qu’aux étoiles de première grandeur, Arcturus, Véga, etc., ce qui n’a pas empêché 1e météore de frapper vivement les regards ; il avait la couleur et la grosseur apparente d’une orange.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1872, 14 juin, Paris. “M. Barnout, observant le ciel de son observatoire de la place Saint-Georges à Paris, remarqua un brillant bolide à 11h40m du soir. Voici la description qu’il nous en a envoyée. C’est dans la constellation du Scorpion, à 5 degrés environ au-dessus d’Antarès, qui était à 10 degrés du méridien, qu’apparut tout à coup ce bolide, blanchâtre, de 6 minutes environ de diamètre, et qui éclata aussitôt comme une fusée. Il était suivi d’une traînée de grains pourpre et terminé par une sorte de houppe blanche, d’environ 2 minutes de diamètre. Le tout n’a occupé sur le ciel qu’un espace d’environ 2 degrés de longueur, ce qui est peut-être la cause de la coloration rouge résultant de la projection en raccourci de la traînée ; et, comme le bolide paraissait tomber, c’était l’indice qu’il marchait dans la direction du sud au nord ; quant à la durée de l’apparition, elle n’a été que de quelques secondes. La Lune étant ce jour-là en premier quartier et à une heure encore au-dessus de l’horizon, son éclat n’a pu nuir sensiblement à l’intensité du phénomène.”
Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1872, 24 juin, vers 8 h 30, Navarrenx (Pyrénées-Atlantiques). Une météorite serait tombée le 24 juin 1872 en début de matinée, près de Navarrenx. Les témoignages semblent sérieux mais la météorite ne fut pas retrouvée, probablement en raison de la végétation assez dense. On trouve un rapport très détaillé dans le Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 1871-1872, IIe série, Tome 1er, par
A. Piche, Conseiller de Préfecture.
“Observations relatives au bolide du 24 juin 1872. Par A. Piche, conseiller de Préfecture (1).
Messieurs,
Le 24 juin 1872, vers 8 heures ½ du matin, par un ciel bleu, où ne se laissait voir aucun nuage, on entendait dans un grand nombre de localités des arrondissements de Mauléon, d’Oloron, d’Orthez et de Pau une détonation violente que les uns comparèrent à un grand coup de tonnerre, les autres à une décharge d’artillerie, d’autres enfin à l’explosion d’une poudrière.
Quelle était la cause de cette détonation ?
Ceux-ci crurent à un phénomène électrique innommé, ceux-là à un coup de tonnerre par un ciel serein, un certain nombre attribuèrent le fait à la chûte d’un bolide. Nous avons tout lieu de croire que ces derniers ne se trompaient pas.
Quelques jours après, la commission météorologique départementale, instituée pour l’étude des orages, recevait de treize instituteurs des bulletins relatant le phénomène. J’ai l’honneur de déposer la copie ou l’analyse de ces documents auxquels j’ajouterai certains autres renseignements que la commission a cru devoir réclamer.
J’y joins une carte sur laquelle j’ai résumé, en les pointant, toutes les observations qui nous sont parvenues. J’ai indiqué l’intensité du bruit par des points plus ou moins gros ; la direction dans laquelle on l’entendait par des flèches, l’heure par des chiffres ; vous trouverez marqués plusieurs points lorsque plusieurs détonations ont été signalées ; un trait en forme de zigzag ou d’éclair, lorsqu’une lueur a été aperçue, et une ligne ondulée, à Lucq, où la commotion fut telle qu’on crut à un tremblement de terre ; enfin un trait bleu représente la marche que le bolide a dû suivre, si mes conjectures sont exactes.
De l’examen des documents qui nous ont été
transmis, il résulte que c’est vers 8 heures ½ que le phénomène a eu lieu ; qu’il s’agit bien de la chûte d’un bolide ; que le projectile est venu de l’O, s’abaissant vers l’E-E-N, et qu’il a dû éclater au-dessus du canton de Navarrenx.
En effet, tandis qu’à Larceveau (canton d’Iholdy) un bruit sourd comme celui d’un coup de tonnerre lointain se faisait entendre, au-dessus même des observateurs, puis se continuait vers le
N-E. ; à Amorots, situé à 15 kilomètres au N., on observait un phénomène sonore qui, par intervalles de très-courte durée, roulait comme le tonnerre. Le bruit arrivait de l’O., et se dirigeait vers le S, ce qui revient à dire qu’il avait une direction S.-E.
A Gotein-Libarrenx, village situé à 18 kilomètres à l’E. de Larceveau, on entendait pendant 15 secondes un bruit semblable au grondement de tonnerre et, une minute après, le même bruit, pendant 30 secondes environ cette fois, dans la direction du N-O au N-E et à 45 degrés au moins de l’horizon.
On signalait aussi plusieurs détonations à l’Hôpital-d’Orion et à Ozenx.
A Sauveterre, qui peut être à 25 kilomètres au N-N-O de Gotein, le bruit était celui d’un fort coup de tonnerre ; il marchait de l’O, vers le S-E. De plus on nous fait remarquer que les deux observateurs étaient l’un à 15 kilomètres au S. de Sauveterre, l’autre à 6 kilomètres vers l’E ; le projectile passait donc au S. de Saint-Palais.
Vous voyez, Messieurs, qu’en nous avançant de l’O. vers l’E., le bruit signalé par les observateurs augmente, c’est d’abord un roulement lointain, puis un grondement, un violent coup de tonnerre ; ce sera bientôt une véritable explosion.
A Bastanès et Viellenave, points situés à 15 kilomètres S-E. de Sauveterre, on nous parle d’une détonation assez forte et prolongée qui épouvanta les habitants.
A Navarrenx, les témoins ont unanimement
déclaré que le bruit venait du S-E. Ils pensaient à l’explosion d’une poudrière.
A Lucq on crut que la terre tremblait et, dans une première note, l’instituteur dit :
“Les oscillations dont la durée a été de deux ou trois secondes furent très-sensibles. Un jeune homme vit, avant la détonation, un corps lumineux parcourir le ciel avec une grande vitesse, dans la direction du S-O. ; (l’instituteur avait d’abord écrit N-O, puis il raya ces lettres). Un instant après, environ 5
minutes (?) il entendait une violente détonation et recevait une forte commotion. On crut à la chûte d’un bolide assez rapproché.”
On entendait encore le bruit, mais plus faible, à Moumour, à Oloron, à Monein, à Pau même, et au N., depuis Oràas jusqu’à Arzacq, en passant par Bellocq et Saint-Girons.
Toutes ces localités forment un ovale de 60 kilom. Environ sur 45 ; le grand axe s’étendrait dans la direction présumée du projectile et Navarrenx à peu près au milieu.
Toutes ces indications sont assez
concordantes et semblent montrer que le bolide, arrivant des profondeurs de l’espace a fait son entrée dans l’atmosphère au dessus de Larceveau et se précipitant vers Lucq, a éclaté avant d’y arriver un peu au S. de Navarrenx.
Cependant des lettres postérieures venues
d’Orthez et des environs jettent quelque
confusion parmi les témoignages ; à
Orthez on dit d’abord que le bolide est tombé à Sainte-Suzanne ; à Sainte-Suzanne on nous répond que, d’après le bruit public, il est tombé à l’Hôpital-d’Orion ; à l’Hôpital-d’Orion, des témoins oculaires déclarent avoir vu après (?) la détonation, du côté du S.-O. une lueur comme
un éclair.
La lueur après la détonation, voilà qui est étonnant si on songe aux vitesses comparées
de la lumière et du son ; ce fait, s’il était sérieusement constaté, ne pourrait guère s’expliquer que par la chute successive de
deux bolides, dont le premier aurait été entendu, tandis que le second aurait été seulement vu.
Y a-t-il eu deux bolides ? Les témoignages
des observateurs placés dans la région intermédiaire, entre le point d’apparition et le point d’explosion, ont signalé deux ou plusieurs bruits distincts, séparés par un intervalle ; on pourrait donc croire à la chûte de deux bolides ; mais on peut aussi admettre (et c’est
l’hypothèse que je préfère,) que le premier bruit était celui du roulement produit par le passage du projectile, tandis que le deuxième était le bruit de l’explosion de l’aérolithe, revenant à l’oreille de l’observateur. Ce qui confirmerait cette supposition, c’est qu’à Gotein le second bruit fut plus fort que le
premier ; ce fait exclut aussi l’explication des deux bruits par la présence d’un écho.
Enfin, à l’Hôpital-d’Orion encore, un enfant de
8 à 9 ans, domestique chez M. Tuyès, a déclaré avoir aperçu devant lui et à la hauteur d’un chêne, un corps enflammé, allongé, qui serait tombé dans la direction de l’O. (?) mais l’enfant ne peut indiquer le lieu de la chûte.
Cette déposition est en contradiction formelle avec les autres, car si le bolide avait éclaté à l’O. de l’Hôpital-d’Orion, comment à Sauveterre et à Navarrenx l’aurait-on entendu au S.-E. ?
On ne pourrait concilier cette déposition et la précédente au point de vue des directions, qu’en admettant que l’enfant et les ouvriers de l’Hôpital-d’Orion n’ont vu qu’un fragment du bolide, fragment lancé dans la direction E.-O.
par l’explosion qui avait lieu à environ
20 kilomètres de là, vers Navarrenx.
On a vainement cherché l’aérolithe aux
environs de l’Hôpital-d’Orion ; nous avons également fait faire des recherches à Lucq,
mais sans succès.
Dans une deuxième lettre l’instituteur de cette commune, après de nouvelles informations, dit que le bolide a été vu non plus au S.-O. mais au N.-N.-O. ; que le globe de feu descendait sur l’horizon avec une rapidité vertigineuse, qu’il fut visible pendant 15 secondes environ et qu’il sembla disparaître derrière les collines qui s’élèvent entre Orthez et Salies. Deux minutes après, les témoins entendaient une violente détonation et au même instant elles ressentirent une forte commotion qui fit croire à un tremblement de terre.
S’il fallait admettre les deux minutes d’intervalle entre la vision du phénomène et l’audition de la détonation, le calcul de la distance, d’après la vitesse du son, donnerait environ 40 kilom., ce qui nous conduirait au-delà de Salies.
Là encore il y aura une erreur d’appréciation du temps écoulé, erreur du reste très facile à commettre, mais erreur manifeste, puisqu’à Navarrenx qui n’est qu’à 10 kilom. au N.-O. de Lucaq, on s’accorde à dire que le bruit venait de S.-E.
L’intervalle d’une minute signalé à Gotein, entre les deux détonations, serait plus exact, car une minute correspond à environ 20 kilom. et c’est bien là la distance qui sépare Gotein du lieu où nous croyons qu’a dû tomber le bolide.
Nous avons demandé des renseignements à l’instituteur de Dognen, village placé juste à l’extrémité de la trajectoire conjecturale que nous avons dessinée.
Après enquête aux environs, il nous a répondu qu’on n’avait pas vu de lumière et que c’est vers le N.-O. qu’on avait entendu un bruit éclatant suivi d’un bruit sourd de quelques secondes.
Ceci rapprocherait encore l’explosion de Navarrenx.
Tel est jusqu’à présent, Messieurs, le résultat de nos investigations. La terre couverte de moissons ne permettait pas de faciles recherches ; peut-être, en labourant, trouvera-t-on quelques fragments de l’infime planète qui est venue se heurter à la nôtre ; nous avons donné ces quelques précisions, afin de délimiter l’aire où on peut espérer qu’on la découvrira.
Je terminerai en faisant remarquer que les chûtes de bolides ne sont pas rares dans ce pays. Sans vous rappeler celles qui vous ont déjà été signalées, je ne mentionnerai ce fait qu’en 1869, au mois d’octobre, à quatre heures du matin, par un ciel pur, un témoin digne de foi a vu quatre ou cinq éclairs suivis de détonations violentes, phénomène qu’il attribua à la chûte de bolides.
C’est aussi par la chûte d’aérolithes faisant explosion, que je serais porté à expliquer ces coups de foudre, par un ciel serein, dont les auteurs lations ont fait mention et que les Romains regardaient comme un présage.

(1) Lues dans la séance du 26 juillet 1872”

1872, 10 août, Dijon (Côte-d’Or). “M. Ch. Nadot a observé à Dijon, à 3h27m10s (heure de Dijon) du matin, un point lumineux d’un éclat supérieur à celui d’une étoile de première grandeur, apparu dans le ciel au sud du carré de Pégase, dans le voisinage de l’équateur céleste. Il s’épanouit presque immédiatement en une tache brillante de forme circulaire, dont le diamètre maximum fut d’environ 25 minutes : la lueur fut alors si vive, que le ciel parut illuminé comme par un éclair ; puis tout s’éteignit rapidement. On évalue à une seconde le temps qui s’est écoulé entre l’instant où le point lumineux a commencé à s’épanouir et celui où il a disparu complètement ; mais, circonstance singulière, on n’a pu constater pendant cet intervalle aucun mouvement de translation. D’après l’allure du phénomène, qui a présenté tous les caractères d’une explosion, on doit l’attribuer, selon toute vraisemblance, à un bolide qui aurait pénétré dans notre atmosphère, en suivant une trajectoire voisine du rayon visuel, ce qui expliquerait son immobilité apparente, et qui aurait éclaté à une hauteur considérable.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’astronomie, t. 5, 1874.

1872, 2 novembre, Grenoble (Isère). “Un immense bolide a été vu par M. Ph. Breton, passant au-dessus de Grenoble, à peu près à 8 heures du soir. Il se dirigeait du nord-est au sud-ouest. Suivant M. de Galbert, qui se trouvait sur le quai Xavier-Jouvin, c’était un globe plus large que le disque du Soleil, entouré d’une couronne d’étincelles, suivi d’une longue queue lumineuse qui ne paraissait pas changer de Iongueur. Au milieu de la largeur de la queue, on voyait une gerbe d’étincelles finissant en pointe. Le tout était entouré d’une colonne de fumée, et se détachait dans un ciel serein. La tête brillante était en forme de poire et l’extrémité de la queue paraissait sensiblement courbée. L’éclat, de couleur blanc jaunâtre, était très-vif, au point que les quais ont été illuminés comme en plein jour, pendant trois ou quatre secondes. Cependant on voyait nettement la forme du corps lumineux, sans être ébloui ; suivant le dire d’une paysanne du Pont-de-Claix (8 kilomètres au sud de Grenoble), c’était gros comme trois lunes, avec tout plein de petits grelots autour.
Après la disparition du bolide, on a entendu une forte explosion, composée de deux roulements courts et distincts, à un intervalle d’une fraction de seconde ; on a comparé les deux bruits à deux coups de canon entendus de 2 à 3 kilomètres de distance. Au Bachais, à 4500 mètres de distance, au nord-est de Grenoble, M. Fontenai a entendu l’explosion avec un bruit qui lui a fait craindre d’abord qu’une poudrière n’eût éclaté, et aussi tôt Mme Fontenai est sortie effrayée de la maison, croyant que c’était un tremblement de terre, car les portes et les vitres avaient frémi fortement.
Quant à l’intervalle de temps entre la disparition du bolide et l’arrivée du bruit, les renseignements ne s’accordent pas. M. de Galbert l’évalue à une ou deux minutes ; M. Fontenai à quatre ou cinq minutes au moins. Eu égard au froid intense des hautes régions de l’atmosphère, on peut estimer à 20 kilomètres par minute la vitesse moyenne du son, ce qui placerait le lieu de l’explosion de 20 à 100 kilomètres. Or, si l’on remarque que le refroidissement de l’air, dans les grandes altitudes, détermine une réfraction continue du son, qui fait que les rayons sonores sont des courbes convexes vers la Terre, il serait possible de déduire de cette durée une limite inférieure du lieu de l’altitude. Il est à regretter que cette durée soit aussi peu connue pour le cas présent.
Autant qu’on peut se fier à l’observation instantanée qui fait passer le bolide par le zénith de Grenoble, la trajectoire serait à peu près horizontale à 2300 mètres d’altitude ; mais l’observation de Grenoble est trop incertaine, quant à la proximité du zénith, pour qu’on puisse se fier à cette indication.
M. Chancel a observé le même bolide, à Montpellier. Son éclat était tellement considérable qu’il a produit, pendant plusieurs secondes, une illumination bien supérieure à celle que produit la Lune dans son plein.
C’est peut-être le même bolide qui a été vu en Écosse sous l’aspect assez étrange que nous allons rapporter.“ Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1872, 12 décembre, Turckheim (Haut-Rhin). “M. Ch. Grad, de Turkheim, signale un bolide se dirigeant du nord-nord-ouest au sud-sud-est avec une forte détonation, et laissant une traînée bleuâtre d’un vif éclat.” Source : C. Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t. 5, 1874.

1873, 3 décembre, Versailles (Yvelines). “M. Martin de Brettes, à Versailles : Ce soir, 3 décembre 1873, à 7h 10m, j’ai aperçu, en traversant à peu près du sud au nord la place d’Armes de Versailles, un peu vers l’est et à une hauteur angulaire d’environ 30 degrés, un gros bolide lumineux. Il se dirigeait de l’ouest vers l’est et s’est brisé en plusieurs éclats, qui formaient une gerbe lumineuse, divergeant vers l’est et dont l’axe tournait sa concavité vers la Terre. Je n’ai pu voir qu’une petite partie des trajectoires, qui ont disparu derrière les maisons, au nord de l’avenue de Saint-Cloud, dont la direction est ouest-est.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 13 - 1873.

1873, 4 décembre, Saint-Quentin, Laon, Vervins (Aisne). “Le Journal de Saint Quentin annonce que jeudi soir, vers deux heures un quart, les habitants de cette ville ont été témoins d’un curieux phénomène météorologique ; la lune brillait dans le ciel parfaitement pur, quand un énorme bolide traversa l’horizon du nord-ouest au sud-ouest, en projetant une lumière aussi vive que celle de plusieurs foyers électriques rapprochés, et en lançant autour de son noyau des jets fulgurants, semblables aux étoiles de couleur des feux d’artifice.
Sa marche était très-rapide ; il a disparu comme un éclair, sans cependant faire entendre cette espèce de crépitement qui accompagne ordinairement le passage de ces aérolithes.
Le même phénomène météorologique a été observé à Laon et à Vervins. Daus cette dernière ville, on a cru un moment à un incendie, tant la lueur était brillante.” Source : Journal de Lyon du 9 décembre 1873.

1873, Béziers (Hérault). Un membre de la Société
Astronomique de France relate avoir vu un météore
tomber sur un tas de paille qui a alors pris feu. Il est difficile de donner du crédit à ce récit. Source : L’Astronomie, 1925.

1874, 12 février, Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et à Auch (Gers). “Le 12 février, vers sept heures 20 minutes du soir environ, un très beau bolide traversait l’espace à fort petite hauteur au-dessus de Bayonne. Sa course était dirigée de l’E. N. E. vers l’O. S. O. Pour moi elle eut une durée de 40 à 50 secondes. Le météore disparut à mes yeux derrière les toits des maisons et me parut ne pouvoir aller au delà de Marracq, sa trajectoire semblait le porter sur ce point. Sa grosseur était, au juger, celle d’un ancien boulet de trente-six. Au centre un nucleus blanchâtre paraissait entouré d’une masse bleuâtre dont l’intensité lumineuse diminuait du centre à la périphérie. Il ne laissait aucune trace lumineuse à sa suite, la rapidité de sa course était assez faible. X.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 16 février 1874.

1874, 6 mars, Vals-les-Bains (Ardèche). “Observations faites en mars 1874 à l’Établissement thermal de Vals, par M. Henry Vaschalde. Un magnifique bolide a été vu le 6 de la place de l’Airette, à Aubenas (4 kilomètres de Vals), à 8 heures du soir, traversant le ciel du
nord-ouest au sud-est et l’illuminant d’une lumière bleuâtre.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 14, 1874.

1874, 20 avril, en Gironde. “M. Laurendeau a adressé la communication suivante à la Gironde : Hier lundi 20 avril, à neuf heures cinquante-cinq minutes du soir, heure de Bordeaux, j’ai été témoin du passage d’un magnifique bolide ; son diamètre apparent avait le tiers de celui de la lune ; sa traînée lumineuse, jaune à son extrémité d’arrière, prenait vers son milieu une teinte de feu rougeâtre très accusée. Sa tête, se développant à mesure qu’elle s’avançait, prit tout à coup la blancheur la plus pure et se divisa en cinq fragments continuant leur marche et conservant sa vitesse initiale, qui n’était pas aussi considérable qu’elle l’est ordinairement pour ces météores. Ces fragments s’écartant, ainsi que le font certaines fusées, allèrent s’éteindre, sans laisser aucune traînée apparente après leur disparition, entre les étoiles formant la tête et le cœur du Serpent. Ce bolide était parti de l’étoile Epi de la Vierge qui passait alors sur le méridien, sa trajectoire, d’apparence horizontale, de l’ouest à l’est, se dirigeait cependant vers l’observateur, et c’est ce qui expliquerait sa lenteur et la disproportion de l’étendue de la traînée lumineuse avec l’importance de son volume. Je prêtai l’oreille avec attention quelque secondes après sa disparition, afin de pouvoir entendre le bruit que devait faire une telle explosion, mais le passage d’une voiture me fit perdre cet espoir, deux minutes après, au moment où, les yeux sur les étoiles, je récapitulais la ligne de passage, une étoile filante ordinaire descendit d’Arcturus, du bouvier, et vint, se dirigeant sur l’Epi de la Vierge, point de départ du bolide, croiser sa trajectoire avec un angle d’environ 45 degrés, mais avec une vitesse bien plus considérable. Je pense que ce bolide doit avoir été aperçu dans plusieurs localités ; il est le plus volumineux qui ait frappé mes yeux. J’en fais un dessin colorié pour le Journal du Ciel, de M. Vinot. J. LAURENDEAU.”
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“Le Conservateur, d’Auch. dit de son côté : Un magnifique bolide a sillonné l’espace dans la soirée de lundi, 20 avril. Nous ne l’aperçûmes que dans la dernière partie de sa course. Sa présence nous fut signalée par une clarté subite qui nous enveloppa et qui n’avait rien de commun avec les pâles rayons de la lune, encore à trois jours de son premier quartier. Soupçonnant un météore lumineux, nous courûmes à la fenêtre du corridor de la maison où nous nous trouvions. Une splendide traînée de lumière bleuâtre nous apparut au nord du zénith, Elle venait du sud et marchait assez lentement vers le point opposé du ciel. Sa longueur, eu eu moment, occupait quatre ou cinq degrés. Nous ne distinguâmes pas très-bien la tête, mais elle nous semblait allecter une forme sphérique. Nous ne pûmes jouir de ce spectacle que pendant la durée d’une minute à peu près. Le météore s’éteignit vers le nord, à une hauteur de 40 ou 45 degrés au-dessus do l’horizon. Une minute après, nous crûmes percevoir le bruit d’une sourde détonation. Il était alors dix heures.” Source : Journal de Toulouse du 25 avril 1874.

1874, 14 juin, dans le Vercors. On peut lire dans Le Courrier de l’Isère du 17 juin 1874 : “Mercredi soir (14 juin), vers huit heures et demie, un
bolide très éclatant a été vu à Grenoble, fonçant en répandant sur son passage une vive clarté.” En complément, on peut lire dans L’Ordre et la Liberté de Valence du 15 juin 1871 : “Hier vers les huit heures du soir, un bolide magnifique a subitement éclairé le ciel d’une lueur extraordinaire, puis s’est divisé comme une
belle fusée en explosion. Tout à coup, il a disparu sans laisser aucune trace dans l’air. Une minute après, nous avons entendu une détonation semblable à un coup de canon de gros calibre ou à un coup de tonnerre.” Quelques jours après ce dernier article, le même quotidien cite Monsieur A. Soulier, curé de Vesc et membre de la société géologique
de France : “D’après les calculs que j’ai faits, le
bolide a fait explosion à deux mille six cent mètres
de hauteur. C’est ce qui explique l’absence de petit nuage qui a lieu ordinairement au moment de l’explosion.” Source : C. Muller, Les Mystères du Dauphiné, De Borée Editions, 2001.

1874, 20 juin, Vals-les-Bains (Ardèche), Valence (Drôme), Privas, Saint-Remèze (Ardèche), Lyon (Rhône). “M. H. Vaschalde, administrateur de l’Établissement thermal de Vals, écrit : Hier 20 juin, à 9 h 30 m du soir, le temps étant calme et le ciel très-pur, un magnifique bolide est sorti de l’horizon et a traversé l’espace dans la direction exacte de l’ouest à l’est. C’est le plus beau météore que j’aie jamais vu ; sa grosseur était celle d’une grosse orange, pour me servir de l’expression populaire des habitants de Vais qui ont pu voir le météore. Pendant près de cinq secondes, toute la vallée a été admirablement éclairée. Le bolide était entouré de plusieurs cercles lumineux, verts, bleus et blanchâtres ; le dernier cercle extérieur avait 1 mètre environ de diamètre : il laissait après lui une traînée lumineuse d’environ 3 mètres de longueur. Le bolide a éclaté en trois morceaux ; quatre minutes dix secondes après, toute la population de Vals a pu entendre une forte détonation semblable à un grand coup de canon, suivi d’un roulement comme celui du tonnerre.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 14, 1874.
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“Le bolide du 20 juin 1874 à Valence et dans l’Ardèche. Note de M. G. Bresson. Samedi 20 juin, à 9 h 45 m du soir, un magnifique bolide a illuminé l’horizon de Valence, malgré la vive clarté de la lune. Ce météore suivait la direction ouest-nord-ouest à est-sud-est ; sa marche était très-rapide ; il laissait une traînée lumineuse persistante, d’où paraissaient se détacher des étincelles pourpres. Il a subitement disparu au milieu du ciel à peu de distance et au sud-ouest du zénith. Quelques secondes après sa disparition, j’ai entendu quelques détonations faibles, analogues à celles d’un feu de peloton court et lointain. Plusieurs personnes, à Valence, ont observé le phénomène et entendu les détonations. Voici les renseignements que j’ai pu recueillir depuis.
A Privas, on a remarqué que le bolide se dirigeait du côté de Valence, et, au moment de sa disparition, il s’est divisé en trois fragments, comme une belle fusée. Quelques minutes (?) après, on entendait une forte détonation suivie d’un roulement semblable à celui du tonnerre. Au même moment, on a senti une odeur de soufre (?). Le météore changea plusieurs fois de couleur.
A Lamastre (Ardèche), on a vu le bolide s’échapper d’un nuage opaque situé au sud et décrire une sorte de demi-cercle en s’avançant vers le nord-nord-est. Le météore a paru se désagréger par fragments de feu, et, au bout de dix secondes, on a entendu des détonations sourdes et intenses.
A Saint-Remèze (Ardèche), le bolide parut aller lentement de l’ouest à Test en grossissant ; on aperçut des couleurs bleues et violettes très-vives.
A Lyon, la lumière était verte d’abord, puis elle est devenue jaune ; le bolide a disparu vers le sud-est après avoir émis des étincelles.
Comme je n’ai aperçu le bolide que vers la fin de sa course, je ne puis que donner ces renseignements tels qu’ils me parviennent, n’ayant pas les éléments nécessaires pour les discuter.
A Valence, la lumière était jaune à la fin du phénomène, et aucune des personnes qui m’ont parlé du bolide n’a fait allusion à des changements de couleur. Par contre, les étincelles rouges ont été remarquées se détachant du météore par derrière.
Le bolide a dû être très-élevé et, selon les apparences, a continué sa marche après l’explosion. Dans ce cas, les fragments ont dû tomber dans notre région. Jusqu’à présent, je n’ai appris aucune chute d’aérolithes dans la Drôme et l’ Ardèche, mais on signale à Lyon, à l’instant même où le bolide était observé, la chute d’un aérolithe pesant de 700 à 800 grammes dans le jardin de M. Léonard, 104, rue du Sacré- Cœur. Cet aérolithe, écrit-on au Salut public, est composé de fer oxydé et carbonisé en une seule masse et recouvert d’un côté de plusieurs parties de cuivre jaune circulairement cimentées les unes sur les autres et incrustées dans la rouille. En reproduisant cette description, le Salut public fait remarquer que ce qu’on a pris pour du cuivre pourrait bien être du nickel.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 14, 1874.
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“L’énorme bolide que nous avons aperçu samedi soir traversant le ciel à l’horizon, semble avoir passé au zénith de Valence.
Nous lisons, en effet, dans le Journal de l’Ardèche, qui se publie à Privas : « Samedi à neuf heures du soir, notre ciel a été traversé de l’ouest à l’est par un magnifique aérolithe qui a, pendant plusieurs secondes, splendidement illuminé l’espace, malgré un clair de lune assez vif et un ciel presque sans nuages.
Ce météore a disparu à une faible hauteur dans l’atmosphère, dans la direction de Valence, en se divisant en trois fragments, comme une belle fusée. Quatre minutes après, nous entendions dans la même direction une formidable détonation comme celle que produirait un fort coup de canon, suivi peu après de roulements semblables à ceux du tonnerre ou d’une décharge d’artillerie répercutée par les échos des vallées qui conduisent de notre bassin à celui du Rhône. Au même moment on sentait dans l’air une odeur de soufre qui a été constatée par plusieurs personnes en même temps que par nous. »
L’intervalle de quatre minutes fixé par le Journal de l’Ardèche entre le moment où l’on a vu l’explosion et celui où l’on en a entendu le bruit indiquerait, s’il est exact, que l’explosion a été formidable et que le météore a passé à une grande distance de Privas, puisqu’il correspondrait à une éloignement de plus de 80 kilom. Seulement, alors, on ne s’expliquerait pas l’odeur de soufre sentie à Privas, odeur qui n’aurait évidemment pas pu se propager à une pareille distance.
D’autre part, un de nos abonnés nous écrit que, samedi soir, à la même heure, un sifflement aigu suivi d’un bruit sourd fit découvrir, dans le jardin de M. Léonard, rue du Sacré-Cœur, 104, à Lyon, la chute d’un aérolithe pesant de 7 à 800 grammes et composé de « fer oxydé et carbonisé en une seule masse, puis recouvert d’un côté de petites paillettes de cuivre jaune circulairement cimentées les unes sur les autres et incrustées dans la rouille. »
Nous donnons textuellement la description de notre correspondant, bien qu’il soit probable que ce qu’il a pris pour du cuivre soit un autre métal, du nickel sans doute. Une analyse scientifique serait nécessaire pour déterminer la nature de ce curieux météore qui devait être, avant d’éclateur, d’une grosseur énorme. Il faudrait aussi que les personnes du Midi qui l’ont aperçu pussent fournir sur son volume apparent, sur le temps écoulé entre l’instant où l’on a vu son explosion et celui où on en a entendu le bruit, sur la position et sur la direction de sa trajectoire dans le ciel, des indications plus précises et plus détaillées que celles du tournai de l’Ardèche, évidemment insuffisantes pour l’étude scientifique de ce phénomène. (Salut public).” Source : Le Midi du 26 juin 1874.

1874, 25 juin, dans toute la France. “Le 25 juin dernier, à minuit moins dix minutes, un superbe
bolide d’une blancheur éclatante a traversé l’atmosphère au nord de Paris. Cet énorme aérolithe a tracé sur l’horizon une ligne qui paraissait être perpendiculaire au sol et, si l’on en juge par les apparences, il n’a pas dû tomber loin de la capitale. Samedi dernier, à neuf heures quinze minutes du soir, un météore du même genre, mais de dimensions encore plus considérables a été
signalé en même temps à Lyon, à Saint-Etienne et à Privas. Ce météore émettait une lumière extrêmement brillante, laissant une traînée lumineuse très-dense, qui l’accompagnait dans sa cours, sur une longueur d’environ deux degrés, puis cessant brusquement. D’une couleur verte très-prononcée, la lumière passait par une série de dégradations de teintes, jusqu’au jaune foncé, au bout de la traînée. Ce bolide a commencé à paraître un peu au-dessus de la lune, qui s’approchait à ce moment-là de son coucher, puis a disparu au sud-est, en émettant des gerbes d’étincelles après une course sensiblement parabolique d’une durée approximative de 25 à 30 secondes.” Source : Feuille de Provins du 4 juillet 1874.

1874, 27 juin, dans le Rhône. “Un bolide très-remarquable a été aperçu samedi soir, à neuf heures quinze minutes, traversant le ciel de l’ouest à l’est, : environ 30 degrés d’élévation.
Ce météore, d’après le Salut public de Lyon, émettait une lumière extrêmement brillante, laissant une traînée lumineuse très-dense qui l’accompagnait dans sa course sur une longueur d’environ 2 degrés, puis cessait brusquement. D’une couleur Verte très-prononcée, la lumière passait par une série de dégradations de teintes jusqu’au jaune foncé au bout de la traînée.
Le bolide a commencé à paraître un peu au-dessus de la lune, qui s’approchait à ce montent-là de son coucher, puis a disparu au sud-est, en émettant des gerbes et étincelles, après une course sensiblement parabolique d’une durée approximative de 25 à 30 secondes.” Source : Journal de Monaco du 30 juin 1874.

1874, 1er juillet, Le Mesnil-Germain (Calvados). “Incendie causé par un bolide - On écrit de Mesnil-Germain, que le mercredi 1er juillet, un bolide a éclaté au-dessus de cette commune. Des parcelles en ignition sont tombées sur une maison appartenant à M. Target, propriétaire à Lisieux, occupée par M.Amand Leveneur. Un pressoir, une cave, une écurie, une charreterie
et deux greniers ont été consumés, ainsi que
cinq fûts contenant 8 000 litres de cidre et
120 litres d’eau-de-vie, du bois débité, des équipages, des cercles, du foin, etc….. La perte est évaluée à 10 000 fr. pour le propriétaire, et
2 000 fr. pour le fermier.”

1874, 23 juillet, St-Siffret de St-Maximin, Uzès (Gard), Bollène (Vaucluse). “Jeudi dernier, vers 7 heures du soir, bon nombre de personnes ont été témoins de l’apparition d’un superbe bolide. Le météore, malgré la lumière crépusculaire, a paru venir du zénith. Sa chute n’a été suivie d’aucune détonation, ni d’aucune traînée lumineuse.” Source : Journal de Montélimar du 25 juillet 1874.
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Le 1er août 1874, ce même journal publie le court article suivant : “Le bolide dont nous avons annoncé l’apparition, est tombé sur la limite du territoire des communes de St-Siffret de St-Maximin (Gard) ; deux fortes détonations ont accompagné la rupture de cet aérolithe en plusieurs fragments.”
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Enfin, on peut lire dans le journal Le Français du 2 août 1874 : “On écrit d’Uzès au Messager du Midi, le 25 juillet : Nous avons été témoins d’un phénomène météorologique assez rare. Avant-hier, vers six heures du soir, deux fortes détonations successives, semblables à deux coups de canon, ont fait osciller les maisons. Ces deux détonations avaient été précédées d’une longue traînée de feu à base oblongue et à tête pointue. Ce météore lumineux était un bolide dont les éclats sont tombés, à ce qu’on assure, entre les communes de Saint-Maximin et de Saint-Siffret.”
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“Deux heures avant l’orage qui a eu lieu le 23 juillet à Bollène à 7h 15m du soir, une masse lumineuse est tombée à Bollène au sud-est de la ville, laissant après son passage une traînée de fumée blanche ; elle a éclaté quinze minutes après sa chute, en produisant trois détonations presque simultanées. Il y a lieu de croire que c’était un aérolithe : on n’a retrouvé aucun morceau.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 16, 1875.

1874, 25 juillet, Saumur (Maine-et-Loire). “L’Echo saumurois rapporte qu’un bolide magnifique a traversé Saumur samedi soir, vers neuf heures et demie, dans la direction du Sud-Est. Il s’est présenté, dit ce journal, sous la forme d’un globe de feu de couleurs diverses, descendant perpendiculairement vers la terre. La lumière a été si vive, que les maisons en ont été éclairées un instant comme par une fusée d’artifice.” Source : Le Soleil du 26 juillet 1874.

1874, 27 juillet, Toulon (Var). “Bolide du 27 juillet 1874 à Toulon. - Extrait d’une lettre de M. Zürcher.
Nous avons été témoins hier soir, 27 juillet, à 8 h 20 m, de l’apparition d’un magnifique bolide, qui a traversé le ciel avec une grande lenteur. Plusieurs personnes l’ont observé avec nous dans notre jardin, dont les arbres nous masquaient malheureusement une partie de l’horizon à l’ouest. Nous avons aperçu le météore dans la constellation du Scorpion, près d’Antarès. Sa trajectoire était inclinée sur l’horizon de 35 degrés environ. Son diamètre paraissait égal à quatre fois celui de Vénus que nous venions de regarder, et son éclat, malgré le voisinage de la Lune, presque pleine, égal à l’éclat de cette planète. Sa couleur était irisée avec prédominance d’un bleu très-pur, et sa forme présentait l’image d’un calice de fleur évasé derrière lequel se déployait une longue traînée étincelante. Après avoir passé à mi-distance de la Lune à la mer, le bolide s’approcha de l’horizon, diminuant progressivement de dimension et disparut derrière une large bande de brume en prenant la couleur rouge.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 14, 1874.
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“Le 27 juillet, à 8h15m du soir, un bolide m’est apparu aux limites de l’horizon nord-ouest, s’élevant et s’avançant rapidement vers le sud-est, en prenant des proportions de pins en plus considérables. Il suivait à peu près la ligne de l’écliptique, mais en sens inverse du mouvement apparent du ciel.
Il était composé, comme une comète, d’une tête ou noyau, estimé au quart de la grosseur de la Lune, avec une belle couleur jaune, et d’une queue de 12 à i5 degrés, d’une largeur uniforme de 4 à 5 degrés, d’un rouge vif, et semant sur son trajet de petites étincelles qui s’éloignaient lentement.
Ce bolide suivit très-exactement la ligne du nord-est au sud-est, s’élevant de 60 à 65 degrés au-dessus de l’horizon, et marchant avec une grande rapidité, puisqu’il parcourut en 1m30s l’espace indiqué plus haut entre les deux points extrêmes de mon horizon.
Quand il atteignit le point culminant de sa course, 65 degrés environ, il présentait l’aspect d’un globe de feu dont l’éclat égalait, s’il ne le surpassait, celui de la Lune. En marchant vers l’horizon du sud est, formé par la mer, il perdit peu à peu de son éclat et disparut à 12 ou 15 degrés au-dessus de l’horizon.
Il n’y a pas eu d’explosion ni de dispersion violente de débris.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 79, 1874.

1874, 27 juillet, Versailles (Yvelines). “Observation d’un bolide à Versailles dans la soirée du 27 juillet, par M. Martin de Brettes.
J’ai observé à Versailles, dans la soirée du 27, à
8 h 50 m, un bolide ayant un diamètre apparent, égal, à peu près, au quart de celui de la Lune et un éclat beaucoup moindre. Il est apparu vers la constellation de la Vierge ; sa trajectoire apparente, qui était sensiblement horizontale, avait la direction sud-est-nord-ouest. Cette trajectoire avait une longueur apparente d’environ 15 degrés, et la durée du trajet a été de trois à quatre secondes.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 14, 1874.

1874, 29 juillet, Montbray (Manche). “M. Cirou, instituteur à Montbray (Manche), écrit : Le 29 juillet, à 8 h 5 m du soir, alors que le jour était encore grand, j’ai remarqué le passage d’un bolide ; ce bolide, qu’on ne distinguait pas du sillon de flammes très-vives qu’il traçait, se dirigeait horizontalement, et pas très-vite, dans la région sud-sud-ouest, à la hauteur de 20 degrés au-dessus de l’horizon. La trace en a été visible pendant deux secondes, à travers les nuages, sur une longueur d’environ 3 degrés.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 14, 1874.

1874, 30 juillet, Avignon (Vaucluse). “Jeudi soir, vers les six heures, malgré la limpidité de l’atmosphère, un météore de l’espèce des bolides a parcouru l’horizon en face de la rue Pétrarque, dans la direction du Sud-Ouest. On a vu une traînée lumineuse comme la queue d’une comète apparaître à la suite d’une détonation semblable à celle d’un tonnerre lointain et laisser après elle une sorte de fumée blanchâtre accompagnée, disent quelques-uns, d’une odeur légèrement sulfureuse.“ Source : La Provence du 2 août 1874.

1874, août, Licques (Pas-de-Calais). “Un bolide a passé au-dessus du bourg de Licques (Pas-de-Calais). Il venait du sud-est et se dirigeait vers le sud-ouest. Son noyau, peu éclatant en traversant l’atmosphère, laissait derrière lui de brillantes étincelles. Aucune explosion n’a eu lieu. Sa marche lente et majestueuse ressemblait à une locomotive lancée à grande vitesse dans une nuit sombre. Ce bolide semblait se consumer dans sa course horizontale au fur et à mesure, laissant sur son chemin une traînée, étincelante, mais qui disparaissait presque aussitôt. Ce bolide a dû se volatiliser dans l’air, car il s’est éteint dans un ciel pur, sans manifester aucun abaissement vers le sol.” Source : Journal du Loiret du 27 août 1874.

1874, 2 octobre, dans les Hautes-Pyrénées. “Des bolides sont signalés de tous côtés en ce moment, nous mentionnerons seulement celui qui a paru le 2 octobre, vers 8 heures du matin, dans les Hautes-Pyrénées ; sa lueur était également bleuâtre et il était suivi d’une trainée qui le faisait ressembler à une comète.”
Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du
21 octobre 1874.

1874, 11 octobre, Asson (Pyrénées-Atlantiques). “Le dimanche 11 octobre, vers 6 heures 1/2 du soir, plusieurs personnes ont vu un bolide traverser le ciel, au-dessus des montagnes d’Asson, se dirigeant du S. O. vers le N -E. Ce bolide marchait lentement ; sa couleur était blanc-bleuâtre mais vive ; le diamètre apparent de la grosseur d’une orange. Il ne laissait pas de trainée derrière lui.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 21 octobre 1874.

1874, 17 octobre, près de Voisin-le-Bretonneux (Yvelines). “On annonce qu’un aérolithe est tombé, avant hier, à peu de distance d’un passant, sur la route
de Voisin-le-Bretonneux, à Versailles. Le fragment
d’astre fit entendre en tombant un long sifflement,
puis il éclata, lançant des débris de tous côtés, et
défonçant une partie de la route. On a recueilli
plusieurs de ces débris. Le principal mesure un
demi-mètre cube.” Source : Le Temps, 19 octobre 1874
et dans le Journal du Loiret du 23 octobre 1874.

1874, 2 novembre, Lyon (Rhône). “Lundi soir un magnifique bolide a passé sur Lyon, se dirigeant sur l’est. La lumière était bleu pale ; la traînée lumineuse était très apparente, malgré la brume.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 9 novembre 1874.

1874, 22 novembre, Paris. “Dimanche soir, vers
11 h. 50 minutes, aiguille de feu, allant dans la
direction de Montmartre, a traversé Paris. Sa largeur était de 40 mètres à sa base et sa longueur de 3 mètres. La lumière était orange et semblait peu dense, répandait sur son passage un vif éclat, assez semblable à celui d’une pile électrique. Une minute après le passage de météore, une détonation s’est fait entendre.“ Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 27 novembre 1874.

1875, 22 janvier, Paris. “Un bolide a éclaté
au-dessus de Paris, dans la nuit de jeudi à vendredi. Il a fait son apparition vers trois heures du matin, à peu près au-dessus des Buttes-Chaumont, avec la
forme d’une boule blanche d’environ un mètre de diamètre, et d’un très-vif éclat. Il s’est avancé avec
une grande vitesse jusqu’au-dessus du parc
Monceaux ; puis, tout à coup, a éclaté comme une bombe, mais sans faire beaucoup de bruit.” Source : Journal du Morbihan du 24 janvier 1875.

1875, 10 février, ouest de la France. Le 10 février 1875, un météore traversa le ciel
français, entre Paris et les côtes atlantiques,
en Charente. Des témoins affirmèrent avoir vu le
corps céleste exploser puis des roches sont
tombées près du port du Douhet, sur l’Ile
d’Oléron. Voici le récit de cette présupposée chute sur l’Ile d’Oléron : “Décidément, c’est un vrai bolide. Un astronome de Paris en avait fait une simple illusion d’optique. M. Le Verrier avait déclaré la semaine suivante qu’en présence d’une pareille erreur insérée aux Comptes rendus, il ne daignerait pas la rectifier, et garderait les communications au sujet du météore. Heureusement ce quelqu’un, qui a plus d’esprit que Voltaire, a aussi plus de renseignements que M. Le Verrier, et l’éteignoir mis sur la question, par le directeur de l’Observatoire, ne nous empêchera pas d’y voir très clair. Il résulte, en effet, d’un grand nombre de lettres analysées
par le secrétaire perpétuel que le bolide, accompagné d’une longue traînée en tire-bouchons, est resté visible pendant plusieurs minutes, et s’est montré depuis Paris jusque sur les rivages de l’Océan. Dans la Charente-Inférieure, on l’a vu faire explosion, et se diviser en fragments qui se sont précipités vers la terre. D’après M. Vinot, une chute de pierres aurait eu lieu près du port du Douhet, dans l’ile d’Oléron. Nous aurons sans doute des détails plus complets la semaine prochaine.” Source : La Nature, séance du 1er mars 1875.
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Le journal Le Temps du 1er mars 1875 indique : “Quelques journaux de l’Ouest annoncent qu’un aérolithe aurait été trouvé dans une des îles françaises des côtes de l’Océan, et dans de telles
conditions qu’on y reconnaîtrait un débris du bolide du 10 février, dont l’existence a été mise en question à l’Académie des sciences, dans
une des dernières séances.”
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Le même bolide a été vu à Lorient : “Un bolide a éclaté mercredi soir à 5 h. 35. Il est tombé, dit-on, rue Traversière. Nous avons entendu une détonation assez forte, un immense éclair a sillonné l’horizon, pendant quelques minutes, l’atmosphère a passé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, et la fumée s’élevant en tourbillons s’est confondue avec les nuages. Ce météore a cela de commun avec cet astre non moins brillant, le duc de Broglie, comme
lui il tonne, il éclate. Et que sort-il ? De la fumée.” Source : L’Impartial lorientais du 14 février 1875.
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L’Impartial Lorientais du 6 mai 1875 complète
ainsi : “Dans l’une des séances du mois de mars dernier, l’académie des sciences rendant compte de divers phénomènes atmosphériques eut l’occasion de mentionner quelques correspondances relatives au bolide observé dans la soirée du 10 février 1875. Voici comment elle s’exprime à l’égard des indications fournies à ce sujet par M. Gouëzel, conducteur des ponts-et-chaussées, à Belle-Ile. Le bolide du 10 était bien décidément un bolide.
M. Gouëzel, conducteur des ponts-et-chaussées, l’a vu à Belle-Ile-en-Mer. Il a fait son apparition, dit-il, à 5h.15m. du soir environ au N-N-O, environ 75° au-dessus de l’horizon. Parvenu au zénith, il avait le diamètre apparent du soleil le matin quand il émerge de l’Océan. Il a éclaté et projeté d’immenses rayons lumineux dans toutes les directions. Malgré le jour il a donné un éclat remarquable qui n’a pas paru durer moins de quatre à six secondes. Le globe a disparu dans le S-S-O. Cinq à six minutes plus tard, un bruit sourd et saccadé s’est fait entendre, il a été aussi accentué qu’un coup de tonnerre. Bien que M. Gouëzel ait souvent signalé de semblables apparitions, il n’en avait pas encore vu d’aussi remarquable. Malgré le jour, la population de Belle-Ile fut frappée par la lumière vraiment extraordinaire du bolide et par le sifflement qui l’a suivi. Ses rayons ont un moment couvert toute la ville. [...]”
***
Le Monde illustré du 15 février rapporte des
observations indiquant que l’objet décrivait des spirales et des virages et qu’il était animé d’une prodigieuse vitesse. Ces évolutions expliquent que malgré sa grande vitesse il ait pu demeurer visible aussi longtemps. Une gravure signée
D. Valnay immortalise le phénomène céleste.
***
Dans le Finistère du 17 février 1875, on peut lire :
“Quimper. - Le 10 février, vers cinq heures et demie du
soir, de nombreux spectateurs groupés sur le Parc ont
observé dans la région de l’Est un phénomène singulier. Un énorme bolide traversait le ciel dans un sillon de feu, se dirigeant vers le Sud-Est. Au moment de disparaître il a paru faire explosion, et ses débris incandescents se sont dispersés. Il a laissé en suspens dans le ciel une traînée de fumée compacte qui s’est dissipée lentement. Ce phénomène a élé visible en même temps sur divers points de la France. On cite notamment Gratireau (Seine-et-Marne), et Belle-Ile-en-Mer. L’Observatoire s’occupe de tracer la courbe de
ce bolide, et tous les détails relatifs à son apparition seront discutés.”
***
Et dans le Bulletin de la Société Astronomique,
on lit également : “Un autre sociétaire*, M. A. Charon, a vu, a Rochefort, un officier de marine qui se trouvait dans l’île d’Oléron au moment de sa chute. Cet
officier, chargé par le prefet maritime de Rochefort
de rechercher les traces de la chute du bolide dans
les environs du Douhet, a exploré cette contrée avec des
matelots qui y ont mis le plus grand soin sans rien trouver. C’est cette recherche qui, indubitablement, a fait écrire que le bolide y était tombé.”

* de la Société d’Astronomie

1875, 17 février, Belle-île (Morbihan). Il est environ 17 h 30 ce mercredi 17 février 1875, quand les Pontivyens assistent à un étrange phénomène... “Une mystérieuse lumière.
Au loin une vive clarté apparaît dans le ciel. Elle est suivie quelques secondes plus tard par un long bruit sourd. De nombreux habitants de la ville se rassemblent spontanément sur la place du village pour tenter de comprendre ce qu’il se passe. - Mais qu’est-ce que c’est que ça ? demande une petite fille inquiète à sa mère. - Je l’ignore, répond-elle, tout aussi effrayée. - Ce n’est pas ce qu’on appelle un feu d’artifice ? s’interroge un marchand de fruits ? - Mais non ! Moi je crois qu’il y a peut-
être un combat plus au sud, avance un ancien soldat. - Mais contre qui ? réplique un jeune cordonnier. - Vous voulez mon avis ? Ça, c’est un entrepôt de munitions qui a dû exploser du côté de Lorient, assure un gendarme qui passe par là.
L’incroyable vérité.
Après une bonne heure de débats enflammés, tous finissent par regagner leur domicile, la tête pleine d’interrogations. Ce n’est finalement qu’une semaine plus tard, dans la matinée, que des voyageurs en provenance d’Auray leur révèlent la surprenante vérité... Une météorite est tombée dans le champ d’un agriculteur, à Belle-Île-en-Mer, la plus grande des îles du Ponant ! L’homme se trouvait à seulement 20 mètres de l’endroit où l’aérolithe a percuté le sol, creusant un cratère de près de 2 m 50 de profondeur. Terrifié comme jamais, il s’est réfugié avec toute sa famille dans sa ferme, n’osant plus remettre le nez dehors. Le ciel ce jour-là lui est littéralement tombé sur la tête !” Source : Le Télégramme du 15 juillet 2014.

1875, 14 février, Meudon (Hauts-de-Seine). “Les personnes qui examinaient le ciel hier soir vers six heures, ont pu jouir de la vue d’un singulier météore, apparaissant du côté du sud-ouest (sommet de Meudon.) C’était une sorte de tire-bouchon de feu, disposé verticalement, mais dans des régions très-basses, et pouvant appartenir à la catégorie des bolides, car plusieurs habitants de ces localités affirment l’avoir entendu éclater. Ce metéore est resté visible pendant une vingtaine de minutes.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 15 février 1875.

1875, 8 mars, Orléans (Loiret). “Lundi soir, un bolide est tombé sur le trottoir de la rue de la Recouvrance, à Orléans. En touchant terre, il s’est brisé en fragments nombreux, que les assistants se sont partagés. Ce bolide avait répandu dans l’atmosphère une forte odeur de soufre.” Source : Le Républicain de la Loire et
de la Haute-Loire, 15 mars 1875.

1875, 10 mars, Pau (Pyrénées-Atlantiques). “Mercredi soir, vers sept heures, un magnifique bolide a passé sur Pau, se dirigeant vers le sud, et laissant après lui une forte traînée lumineuse.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 15 mars 1875.

1875, 29 juin, Toulon (Var). “M. Beuf, directeur de l’Observatoire de la Marine à Toulon, adresse la lettre suivante : Hier au soir 29 juin, à 8h25m, j’ai aperçu un magnifique bolide dans l’est de l’Observatoire ; sa trajectoire, à peu près horizontale, s’est dirigée du sud au nord à une hauteur de 25 degrés environ au-dessus de l’horizon. La durée de son apparition a été de quatorze secondes, et il a disparu dans la brume sans que j’aie pu le voir éclater. J’ai d’ailleurs noté très-exactement l’instant de sa disparition, et j’ai recommandé à quelques personnes qui se trouvaient avec moi de prêter l’oreille avec la plus grande attention. En effet, trois minutes vingt-cinq secondes après la disparition, nous avons entendu une sourde et longue détonation, imitant un lointain roulement de tonnerre, et que j’ai attribuée à l’éclatement du bolide. Ce météore était de plusieurs couleurs, dans lequel le vert et le rouge dominaient ; il a laissé après lui une longue traînée lumineuse, avec étincelles très-brillantes, mais qui s’est dissipée presque aussitôt. Son diamètre apparent était de quatre à six fois celui de Jupiter. Le ciel était légèrement couvert au moment de l’apparition, de sorte que je ne saurais mieux déterminer les points du ciel où ont eu lieu l’entrée et la sortie : aucune étoile n’était visible dans l’est.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 16, 1875.

1875, 10 juillet, Saint-Hilaire-la-Palud (Deux-Sèvres). “On écrit de Saint-Hilaire-la-Palud (Vendée), le 11 février : Hier soir, à 6 heures moins 20 minutes, les habitants de Saint Hilaire-la Palud et les quelques retardataires de la foire ont été mis en émoi par la chute d’un magnifique aérolithe venant du nord-ouest.
Le noyau lumineux paraissait gros comme une boule de billard et descendait en spirale en laissant sur son passage une traînée de fumée blanche large d’un mètre, et imitant, à s’y tromper la fumée d’une locomotive marchant à grande vitesse.
J’étais à la promenade quand le phénomène s’est produit. Tout d’abord, j’ai cru à une fusée d’artifice ; ce qui m’a empêché d’observer l’endroit précis de la chute (ce que je regrette bien), mais elle a dû avoir lieu dans le marais de Boëre.
Son parcours lumineux a duré près d’une demi-heure, et l’immense traînée de fumée a persisté pendant vingt-et-une minutes.”

1875, septembre, sur la rivière la Dheune (Saône-et-Loire). La Dheune est une rivière qui serpente près de la ville de Châlon-sur-Saône. On trouve le récit suivant : “Je ne résiste pas à la fierté de déclarer, ici, que le ciel me procura à
moi-même un spectacle impressionnant et peu banal
d’un magnifique bolide, éclatant dans le ciel en
septembre 1875 ; un jour que je pêchais dans la Dheune ! C’est le reflet de cet aérolithe dans l’eau, au voisinage de mon bouchon, qui me fit lever les yeux au ciel. Cet éclatement, en plusieurs branches lumineuses, au-dessus du village de Corpeau, laissa des traces lumineuses durant plusieurs secondes ; il n’avait pas précisément la forme d’une croix. Mais ce météore était assez sensationnel pour que j’en aie fait la description à mon retour au foyer familial.” Source : Mémoires de la
Société d’histoire et d’archéologie de Chalon-sur-Saône.

1875, 3 septembre, Saint-Etienne-de-Montluc (Loire-
Atlantique). “Nous lisons dans l’Espérance du Peuple
à la date du 4 septembre : Hier soir, sur les huit heures,
on apercevait des hauteurs de St-Etienne-de-Mont-
Luc un météore très brillant d’une dimension considérable ; il apparaissait dans la direction de Savenay. On crut d’abord à un incendie, à un lever de la lune, mais une courte observation suffit pour
prouver que ces hypothèses n’étaient pas fondées. Le météore jetait une lueur rouge éclatante et avait parfois la forme arrondie ; parfois il s’allongeait et semblait lancer des flammes. Après un temps assez long, il disparut derrière de gros nuages qui couvraient le ciel.” Source : Journal de Vannes du 11 septembre 1875.

1875, 24 septembre, vers 17 h, La Boisse
(Savoie), Molines-en-Queyras (Hautes-Alpes). Le Journal des débats politiques et littéraires du mardi 28 septembre 1875 nous relate l’événement suivant : “Vendredi, vers cinq heures du soir, dit le Patriote Savoisien, un bolide magnifique a traversé notre ciel. L’observateur, qui se trouvait sur la voie du chemin de fer, vers le premier passage à niveau, à la Boisse, a vu tout à coup ce bolide dans la direction de Montagnole, décrivant lentement une ligne
droite vers les Charmettes ; il allait donc du nord-ouest au sud-est à peu près. Sa hauteur au-dessus de l’horizon était de 30 à 35
degrés ; il brillait du plus vif éclat blanc, mais tirant légèrement sur le vert. Arrivé au-dessus des Charmettes, il a éclaté tout à coup en deux fragmens, comme une étoile de fusée qui se brise, et soudain ces fragmens se sont éteins. Du moment où l’observateur a aperçu ce
bolide jusqu’à celui où il s’est éteint, il s’est écoulé trois à quatre secondes.”
***
“Bolide. - Dans une lettre de M. Pessau, membre de la Commission météorologique des Hautes-Alpes, datée du 24 septembre 1875, nous lisons ce qui suit : J’étais à 6 heures, ce soir, au pied du torrent des Pins, dans le périmètre des reboisements de Molines, en Champsaur, lorsque mon attention fut attirée, dans la direction est, hauteur 45 degrés, par une explosion qui fut suivie d’une immense fusée à clarté rouge-feu très-brillante et de laquelle est sorti un globe d’une clarté vert d’eau exrêmement vive, de bien plus forte dimension qu’une forte étoile. En sortant de l’explosion, le globe formant traînée de feu s’est dirigé avec rapidité vers le nord en plongeant sur les sommets des montagnes de l’Ours. Deux minutes après, j’entendis une détonation très-forte qui venait du haut Champsaur, se répercutant dans les profondeurs de la Sevraysette et qui fut suivie d’un bruissement lointain, comme il arrive d’en entendre parfois lorsqu’un bloc des hauts sommets tombe et s’émiette dans une grande casse. Nous donnons cette lettre, malgré le retard, en raison de cette circonstance que le bolide aurait été aperçu au moment d’une première explosion, tandis qu’entre la seconde explosion et le bruit perçu il se serait écoulé deux minutes de temps.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 17, 1875.
***
“Nous lisons dans le Dauphiné : Un bolide bleu et vert a traversé notre ciel vendredi vers cinq heures et demie du soir. Sa direction allait du nord-ouest au sud-est, et sa hauteur au-dessus de l’horizon était de 30 à 35°. Ce bolide a été vu à la Mure, vers la même heure et suivant la même direction. Le Courrier des Alpes nous apprend qu’il est tombé dans les montagnes de Molières en Champsaur, sa chûte a produit un fracas semblable à celui d’énorme rocher se précipitant de la montagne et arrivant dans le fond d’un ravin profond en milliers de morceaux.” Source : L’Écho de la Mateysine du 10 octobre 1875.

1875, 30 septembre, Couiza (Aude). “Le 30
septembre, à 8h 40m du soir, je marchais dans la direction du nord au sud, près du village de Couiza (Aude). La nuit était noire tout à coup le ciel s’éclaira d’une lueur très-vive, de telle façon qu’il eût été facile de lire. En me retournant vers le nord, j’aperçus un magnifique bolide, dont la lumière bleuâtre rappelait la uamme du magnésium. Le bolide m’a semblé
partir de Cassiopée et se diriger à peu près du sud au nord il a disparu derrière un nuage.” Source : Compte rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 81, 1875.

1875, 4 octobre, Saint-Genis-Laval (Rhône).
“Un magnifique bolide a été aperçu avant-hier dans la direction d’Oullins, décrivant lentement une ligne courbe du côté de Brignais. Ce bolide brillait du plus grand éclat, mais tirant légèrement sur le vert. Arrivé à la hauteur de Saint-Genis, il a éclaté tout à
coup en deux fragments, laissant échapper une vive lumière et une longue traînée lumineuse, puis soudain ces fragments se sont éteints.” Source :
Le Républicain de la Loire et de la Haute-Loire du 6 octobre 1875.

1876, 13 mars, dans la Vienne. “Bolide du 13 mars 1876. Le 13 mars, vers 9h 10m du soir, un bolide parut dans le ciel, allant du nord-nord-ouest au sud-sud-est, et projetant une lumière si vive et si brillante qu’on eût pu facilement lire un journal ; les yeux ne pouvaient en soutenir l’éclat sans en être éblouis. Quand on put l’observer, vers la troisième seconde de sa durée, le météore se trouvait près du groupe d’étoiles appelé la tête de l’Hydre ; il passa tout près de l’astre nommé le Coeur de la même constellation. Le bolide laissait après lui une large traînée lumineuse, d’abord d’une blancheur éclatante, ensuite d’un bleu foncé tirant sur le violet, avec des franges rouges par intervalles ; puis la traînée de lumière se divisa en trois globes rougeâtres séparés par des intervalles obscurs qui vinrent s’éteindre à 13 ou 14 degrés de l’horizon. Le météore avait disparu depuis trois minutes environ quand on entendit une détonation violente, comparable à celle d’une pièce de canon. En admettant une erreur possible de quelques secondes dans l’appréciation de l’intervalle qui sépare la disparition de la détonation que personne n’attendait plus, le bolide a dû tomber à une distance de 60 kilomètres environ au sud de Montmorillon.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 18, 1876.
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“Bolide du 13 mars 1876. Note de M. de Touchimbert, à Poitiers.
Un bolide a été vu le 13 mars 1876 de presque tous les points du département de la Vienne. Des renseignements nous sont parvenus de Châtellerault, Savigny, Mirebeau, Mesnil-sous-Faye, Poitiers, Saint-Martin-la-Rivière, Lussac, Lhommaizé, Charroux, Availles-Limousine, Isle-Jourdain, Millac et Persac.
L’heure de l’apparition a été précisée par un voyageur qui se trouvait dans la gare de Lhommaizé ; il a constaté le passage du météore, au moment même où le train de Limoges à Poitiers annonçait son arrivée à la gare, c’est-à-dire à 9h8m du soir.
Les observateurs sont à peu près unanimes pour accorder à ce météore une forme ellipsoïdale, l’ellipse offrant un rayon un peu plus grand à l’avant qu’à l’arrière, ce qui donnait au bolide la forme d’une poire présentant d’abord sa partie la plus large. Le diamètre, dans sa plus grande largeur, était de 30 à 40 centimètres environ. Un appendice lumineux d’une couleur violacée, de plusieurs mètres de longueur sur 30 centimètres de largeur, assez semblable aux queues des comètes, simulait un énorme couteau-poignard. La couleur du bolide était d’un blanc éblouissant, rappelant la flamme du magnésium, et l’intensité de la lumière était telle, que dans un espace de 30 mètres de rayon on pouvait facilement lire comme en plein jour. Dans les villes, les becs de gaz avaient pris un aspect terne et jaunâtre.
Le bolide paraissait venir du nord-nord-est et se diriger vers le sud-sud-ouest ; en passant, il laissait très-distinctement percevoir un bruit qui avait beaucoup de similitude avec celui d’un feu de cheminée très-intense.
Le ciel un peu couvert laissait entrevoir quelques étoiles au firmament. Le météore paraissait marcher au-dessous des nuages ; il semblait donc ne pas être à plus de 400 à 500 mètres de distance. Lorsqu’il éclata, un bruit sourd et formidable s’est fait entendre ; plusieurs l’ont comparé à la décharge d’une forte pièce d’artillerie. Beaucoup ont cru qu’un tremblement de terre avait renversé les maisons voisines ; dans plusieurs endroits, les vitres vibrèrent fortement, plusieurs carreaux furent brisés. Cette première détonation a été suivie de deux autres plus sourdes et simulant un écho mugissant. Après la détonation, des globules violacés, semblables à ceux des chandelles romaines de nos feux d’artifice lors- qu’elles éclatent, se détachèrent en gerbes du météore, puis le bolide se partagea en deux parties, dont l’une devançait l’autre dans sa chute. Celle qui restait la plus élevée était la plus considérable ; elle semblait vingt fois plus grosse que l’autre.
Nous n’avons aucun renseignement sur le lieu de la chute de ce bolide, remarquable par sa grosseur et aussi par l’éclat des feux qu’il a projetés. L’apparition a duré deux ou trois secondes seulement.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 18, 1876.

1876, 19 mars, Moulins (Allier). “Le Messager de l’Allier rapporte que lundi, entre neuf heures un quart et neuf heures et demie, les promeneurs attardés ont pu voir, à Moulins, un spectacle comme il ne nous est pas donné souvent d’en contempler. Un magnifique bolide a fendu l’espace du nord-est à l’ouest. Tout d’abord il était à peine gros comme une orange, mais peu à peu, à mesure qu’il descendait, son volume augmentait, et, au moment où il a éclaté, il paraissait gros comme un petit tonneau. Il s’est divisé en éclatant sous la forme d’une fusée de feu d’artifice, projetant de tous côtés des globes de feu. On a pu l’apercevoir pendant près de quarante secondes. Un observateur, placé sur la route de Moulins à Iseure, prétend que le bolide a dû éclater à moins de 500 mètres de hauteur.”

1876, 19 juin, Angoulême (Charente). “Bolide du 19 juin. Lettre de M. Arnaud. Un magnifique bolide, d’un volume à peu près égal au douzième du volume apparent de la Lune, a traversé le ciel au-dessus d’Angoulême, le 19 juin, à 9h40m Il se dirigeait de l’est à l’ouest et a coupé la Grande Ourse entre α et β. Apparu près du zénith, il est descendu vers l’ouest avec une lumière blanche éclatante jusqu’au tiers inférieur de la distance de l’horizon, où il a disparu sans explosion bruyante, laissant une courte traînée lumineuse derrière lui.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 18, 1876.

1876, 21 (?) juillet, Vienne. On peut lire dans le Journal des débats politiques et littéraires du 23 juillet 1876 la dépêche suivante. “On lit dans l’Avenir de la Vienne : Avant hier-soir, vers dix heures et demie, une trainée de feu a tout à coup sillonné le ciel au-dessus de la gare de Poitiers. En même temps, on entendit un sifflement semblable à celui d’une fusée : c’était un bolide qui traversait notre horizon. Du faubourg de la Cueillie, on a pu le voir se dirigeant du sud-ouest au nord. La lumière déterminée par sa trajectoire était très
vive. Le météore filait à quelques centaines de mètres de la terre. Il avait la forme d’un cône de 20 centimètres de diamètre. L’aérolithe a dû tomber entre Grand-Pont et Migné.”

1876, 4 août, à 6 h 15, Bagneux (Hauts-de-Seine).
Un ouvrier ramasse une pierre qu’il est persuadé d’avoir vue tomber devant lui, à 10 mètres. Il la remet au Museum de Paris. Il s’agit finalement d’un laitier d’usine.

1876, 17 août, Nexon (Haute-Vienne). “Bolide du 17 août 1876 observé à Nexon (Haute -Vienne), par M. Fournier. (Extrait d’une lettre de M. Hébert.) Ce bolide est tombé dans la nuit du 16 au 17 août à 2h5m du matin. Lorsque Je l’aperçus, il partait de l’est et formait avec l’horizon un angle de 45 degrés environ. Il fila assez rapidement dans la direction du nord, en décrivant un arc de cercle et en grossissant progressivement. Lorsqu’il éclata, il était à peu près de la grosseur de la Lune dans son plein. Pendant deux minutes environ, on distingua une traînée lumineuse qu’il avait laissée sur son passage.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 18, 1876.

1876, 24 septembre, dans la moitié nord de la France et à Bruxelles (Belgique), Yarmouth (Grande-Bretagne). “Un phénomène lumineux des plus remarquables s’est produit dimanche, vers sept heures du-soir, à Lille.
Voici la description faite par un rédacteur d’un journal de Lille qui se trouvait sur les boulevards.
Une vive lueur venant du côté du nord nous fit croire tout d’abord à un immense éclairage électrique disposé à la porte d’un des spectacles forains. C’était un globe de feu, un bolide, d’ine couleur rouge-violette qui semblait tournoyer avec rapidité sur lui-même, et en apparence du diamètre de la lune dans son plein, éclatait du nord-nord-ouest, un pu au dessus, et à droite, de la constellation de la Grande-Ourse, c’est-à-dire à vingt degrés environ au-dessus de l’horizon visuel. Comme trace de son passage, il laissait dans l’espace une traînée d’un blanc très-lumineux, mesurant près de trois degrés d’ascension droite orientale.
Avant que les nombreux spectateurs fussent revenus de la surprise que leur avait laissée l’explosion de cette bombe céleste, éclatant en milliers de morceaux, dont la lumière étincelante brûlait le regard, la traînée lumineuse laissée derrière elle s’était transformée.
Trois centres parfaitement distincts, dont le dernier, du côté de l’horizon ouest, formaient un zigzag à trois branches ; la couleur était d’un blanc éclatant, bien supérieure à celle de la voie lactée dans les plus belles nuits d’hiver. Cette couleur laiteuse a persisté, malgré la transformation des trois noyaux lumineux, et, à sept heures vingt minutes, c’est-à-dire quarante minutes après l’apparition du météore, on pouvait encore en constater parfaitement l’existence au moment où des nuages noirs, arrivant du sud, vinrent couvrir complètement cette partie du ciel.
La lumière blanche persistante dont nous venons de parler ne changeait pas de place comme ferait celle de nuages poussés par le vent et elle ne paraissait lancer aucun reflet, même dans la partie abaissée vers l’horizon ouest, c’est-à-dire vers le soleil, qui était couché depuis plus de trois quarts d’heure.
Environ trois minutes après l’apparition du phénomène, des personnes prétendent avoir entendu un grand sifflement, suivi d’une détonation semblable à celle d’une pièce d’artillerie.
D’autres affirment avoir vu nettement tomber des parcelles enflammées.
Les journaux de Douai et de Bruxelles annoncent que l’aérolithe a été vu par des habitants de ces deux villes.
Dans la séance d’hier, M. Leverrier a entretenu l’Académie des sciences du passage de ce bolide. M. Leverrier, placé sur la terrasse de l’observatoire, a aperçu le phénomène à six heures quarante minutes du soir. II a vu un corps incandescent d’un volume considérable, qui sa dirigeait vers le nord-est et qui a disparu derrière Montmartre.” Source : Le Mémorial des Vosges du 29 septembre 1876.
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“Un magnifique bolide a été vu dimanche à Paris à 6 h. 1/2. M. Le Verrier, qui se trouvait à ce moment sur la terrasse de l’observatoire, l’a aperçu à 5 degrés environ de l’horizon, au-dessus de Montmartre. Un télégramme arrivé hier soir a 9 heures de l’observatoire signalait le même bolide à Gravelines. Un second télégramme de ce matin, transmis d’Angleterre, fait savoir que ce bolide avait été aussi observé a Yarmouth à 6 h. 35. On a entendu une détonation à Gravelines quelques instants apres l’apparition du météore. La clarté répandue par ce bolide était si vide, que beaucoup de personnes qui n’ont pas vu directement la trainée lumineuse, ont cru qu’il s’agissait simplement d’un éclair.” Source : Journal de Toulouse du 29 septembre 1876.
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“Saint-Omer. Lettre de M. Léon Leconte, communiquée par M. Vinot. 24 septembre, 6h30m du soir. Bolide observé entre Cassiopée ou plutôt le Messier et la Polaire par le début, tombant perpendiculairement à travers le Cocher. A laissé une traînée de vapeur lumineuse qui a mis plus d’un quart d’heure à se confondre avec la teinte des nuages. Forme ovoïde, pointe en bas. Explosion entendue après environ deux minutes et demie.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.
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“Le bolide du 24 septembre 1876 (suite).
Dunkerque. Lettre de M. Bamberger, député. (Extrait.)
Frappé d’une immense lueur, rappelant celle que produirait un éclair énorme qui se prolongerait, j’ai pu voir le bolide prendre la direction nord-nord-est. Le globe m’a paru de la dimension de la Lune au zénith, d’une teinte azurée et rougeâtre.
Je n’ai pu le voir que durant un quart de seconde environ, mais il n’en est pas de même du sillage remarquable qui lui faisait suite.
Il était bien 6h40m lors du passage du bolide, qui disparut en laissant une traînée sous forme de parcelles d’un jaune d’or étincelant disposées en zigzag. A 6h45m, la traînée semblait s’être concentrée en quelque sorte, et les points brillants étaient moins perceptibles ; de plus, leur amas, comme poussé par le vent, se déplaçait et flottait pour ainsi dire.
A 6h50m, une cheminée voisine le masquait totalement; à 6h55m, je le revis entre deux cheminées, mais comme un léger nuage argenté ; à 7 heures, il disparaissait ; à 7 heures et quelques minutes, je n’aperçus plus rien. La durée pendant laquelle j’ai pu observer la traînée a donc été de plus de quinze minutes, montre en main. Je n’entendis aucun sifflement, mais un de mes confrères de la médecine militaire le constata à Gravelines pendant qu’il observait le phénomène.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.
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“Bolide du 24 septembre 1876 (voir Bulletin n° 467). Observations communiquées par M. Daubrée.
Dépêche de M. Sauvage à Boulogne-sur-Mer. - Bolide 6h40m, haut sur horizon, direction nord-nord-est ; traînée lumineuse semblable à fusée venant d’éclater. Visible environ onze minutes. Après disparition, vent violent dans la direciion du bolide.
Lettre de M. le Dr Sauvage à Boulogne-sur-Mer. (Extrait.) Je n’ai malheureusement pas observé la première partie du phénomène. Lorsque le bolide a disparu, il a laissé une trace tout à fait semblable à celle d’une longue fusée qui vient d’éclater ; de l’extrémité d’une lame de feu d’un rouge jaunâtre tombait une véritable pluie de feu. J’ai parcouru ces jours-ci une partie des arrondissements de Boulogne et de Saint-Omer, en me dirigeant dans la direction suivie par le bolide. D’après tous les témoins que j’ai pu interroger, le bolide avait un diamètre supérieur à celui de la Lune dans son plein et semblait animé d’un mouvement rotatoire. Aux environs de Saint-Omer, on a entendu, environ cinq à six minutes après l’explosion du bolide, un bruit sourd et prolongé : nous n’avons entendu aucun bruit à Boulogne. Immédiatement après la disparition du phénomène, s’est élevé un vent violent soufflant en bourrasque dans la direction nord-nord-est. On lit dans l’Impartial de Boulogne du 30 septembre : Le phénomène météorologique du dimanche 24 septembre était un bolide qui figurait, selon des témoins, une immense flèche d’une longueur de 40 diamètres de Lune, et dont le fer affectait la forme ovoïde. Les barbes semblaient représentées par les vapeurs blanches résultant de l’inflammation. La clarté, lors de l’explosion, était égale à celle d’une forte pièce d’artifice.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.
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“Bolide du 24 septembre 1876. Lettre de M. L.Terquem.
Paris-Passy, 19 octobre 1876. Le mouvement du bolide semblait se faire à peu près dans le plan du méridien, La trace laissée a été très-persistante. Le diamètre apparent m’a paru être environ la moitié environ de celui de la Lune. La lumière était rougeâtre. Ma montre, qui ce jour-là était réglée sur l’horloge de la Bourse, marquait 6h37m du soir.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.
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“L’Indépendant du Pas-de-Calais publie, dans son numéro du mercredi 27 septembre 1876, les notes suivantes, qui lui sont adressées par divers correspondants, ou qu’il extrait de journaux rendant compte du phénomène.
Racquinghem. - Hier soir, à 6h40m un globe de feu, qui venait d’apparaître au nord, se mit à parcourir le ciel en se rapprochant de la Terre avec une légère inclinaison vers l’ouest. Quand il eut parcouru environ un tiers de la distance qui le séparait de l’horizon, il éclata, en lançant dans toutes les directions des torrents de feu, comme un bouquet de feu d’artifice. Le phénomène dura une à deux secondes ; puis, à la place suivie par le bolide, il resta dans le ciel une longue ligne blanche fine et droite comme une lame d’épée ; cette ligne, très-nette d’abord, s’estompa petit à petit, s’élargit, se divisa, et bientôt il ne resta plus que quelques petits nuages bleus flottant dans l’air ; à ce moment une longue et sourde détonation se fit entendre et tout disparut. Il s’est écoulé environ quatre minutes entre l’apparition du météore et la production du son. Le ciel, couvert de gros nuages de plusieurs côtés, était parfaitement pur dans la partie où le bolide s’est montré.
Arras. - On lit dans le Courrier: Un bolide a été aperçu hier soir à 6h45m au-dessus de notre ville. Son apparition a duré environ quinze secondes, pendant lesquelles il a répanda une vive lumière dont l’intensité a été croissant jusqu’à devenir éblouissante. Ce bolide a laissé pendant quelques instants une traînée lumineuse formant comme une trace visible de la route qu’il avait suivie. Cette traînée, après avoir persisté pendant quelques instants, a ensuite disparu. Le météore a été vu suivant la direction de sud-est à nord-est et a ensuite éclaté comme une fusée, en projetant dans l’espace une sorte déploie de feu. Il n’est pas à notre connaissance qu’on ait entenfdu, dans nos environs, la détonation qui accompagne si souvent l’explosion des bolides, ce qui tendrait à faire supposer que cette explosion n’a pas eu lieu dans nos contrées.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.

1876, 5 novembre, Choisy-le-Roi (Val-de-Marne). “Observation d’un bolide, dans la soirée du 5 novembre 1876, par M. Stan. Meunier.
J’ai eu, hier dimanche 5 novembre 1876, l’occasion d’observer le passage d’un très-beau bolide. Je me trouvais à Choisy-le-Roi (Seine) ; il était 8h40m du soir (heure vérifiée à la gare du chemin de fer). Le ciel, presque pur, ne montrait vers l’est qu’une légère traînée horizontale de nuages, au-dessus desquels la Lune répandait une grande lumière. Les personnes que j’accompagnais et moi, nous fûmes surpris tout à coup par une très-vive illumination, analogue à celle d’un éclair et de couleur bleuâtre, éclipsant tout à fait l’éclat de la Lune. Cherchant à mettre en pratique les préceptes formulés par M. Le Verrier, je me tournai immédiatement vers l’est, d’où venait la lumière, et je vis nettement un globe, gros en apparence comme le poing, s’ouvrir à la manière d’une balle à feu. Ce globe se trouvait très-près de α de la Grande Ourse, et, derrière lui, sa trajectoire, dirigée à peu près du sud au nord, était tracée comme à la règle par un sillon lumineux absolument rectiligne, et commençant dans le voisinage de la Chèvre (α du Cocher). Cette traînée s’élargit progressivement vers le bolide et se dissipa peu à peu. Bien que son extinction me parût lente, elle était cependant déjà complète quand mes compagnons portèrent leurs regards vers la région du ciel que je leur signalais, car ils ne virent rien. Nous n’avons pas entendu de bruit à la suite de l’explosion.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.

1876, 6 novembre, Orsay (Essonne). “J’ai l’honneur de vous adresser une courte relation de l’observation, faite à Orsay, lundi 6 novembre, de l’apparition d’un bolide. En voici les détails, d’après le témoin oculaire de qui je les tiens. Il était environ 5h45m du soir. Le ciel, à l’est, était parsemé de quelques nuages séparés par des éclaircies. A ce moment, apparut à peu près à l’est-nord-est entre deux nuages, un météore lumineux qui se mouvait assez lentement dans la direction du sud, à une hauteur d’environ 20 à 25 degrés au-dessus de l’horizon. C’était
comme un globe de feu, moins gros que le disque de la Lune, mais fort brillant et laissant derrière lui une longue trainée qui durait encore, lorsque la tête disparut, masquée par le mur de la maison d’où se faisait l’observation. Le témoin estime à 50 ou 60 secondes le temps qu’a mis le météore pour franchir toute sa trajectoire visible. Aucun bruit n’a été entendu.
A. Guillemin.” Source : Compte rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 83, 1876.

1877, 3 janvier, Paris. “Bolide du 3 janvier 1877.
Leure de M. Hocherereau à Paris, le 4 janvier 1877. Hier soir à 5h5m, étant sur la place de la Concorde, du côté du quai et près de la terrasse des Tuileries, j’ai aperçu un bolide se dirigeant du sud au nord en suivant une ligne presque horizontale. Sa hauteur semblait peu considérable ; sa vitesse paraissait faible, à cause sans doute de sa direction dans un sens presque parallèle au rayon visuel. II a disparu dans les nuages, qui l’ont estompé peu à peu, juste au-dessus du Ministère de la Marine. Son éclat n’était pas très-vif ; il laissait derrière lui une trace blanchâtre s’amincissant vers l’extrémité. Je n’ai entendu aucun bruit. La durée de la vision a été approximativement de vingt à trente secondes.
Lettre de M. Lempereur Thierry, à Epehy (Somme). - Un bolide assez volumineux est passé ce soir 3 janvier, à 5h15m, au zénith de ma commune, traversant l’espace par une marche très-lente, d’apparence horizontale ; sa durée a été de douze à quinze secondes. Je l’ai aperçu traversant la constellation d’Andromède et, par un sillage uniforme pendant sa course, il a traversé la voie lactée et est allé s’éteindre sans éclat apparent dans la région polaire, un peu chargée de vapeurs, en passant à l’ouest de Cassiopée.
Lettre de M. Tavé, à Mézières-en-Brenne (Indre). - Le 3 janvier dernier, vers 4h45m du soir, un superbe bolide apparut entre deux nuages ; sa marche était rapide, décrivant une trajectoire du sud-est au nord-est ou plutôt suivant une ligne parallèle à celle du sud au nord. Sa couleur était rouge feu. Le peu d’espace libre entre les deux nuages ne me permit pas de l’observer longtemps, à peine quelques secondes. Le point moyen où il fut visible formait avec l’horizon un angle de 25 à 30 degrés. Il n’y avait encore aucune étoile de visible pouvant servir de base à sa position.
Lettre de M. Blanc-Garin, capitaine en retraite à Givet (Ardennes). - J’ai aperçu le bolide du 3 janvier ; il était rosé, puis d’un beau jaune verdâtre. Il était à peu près 4h45m, et le demi-jour qui régnait encore en affaiblissait un peu l’éclat. Sa marche n’était pas très-rapide ; sa direction était du sud-est au nord-ouest. Sa culmination a pu être d’environ 50 degrés. Je l’ai vu s’éteindre à environ 30 degrés au-dessus de l’horizon sans éclat et sans bruit.
Le Temps du 5 janvier publie la Note suivante : Le 3 janvier, à 4h40m du soir, on a observé, sur la rive gauche de la Loire, entre Blois et Saint-Dyé, un brillant météore. Le diamètre était presque celui de la Lune ; la couleur rougeâtre très-vive. Le météore, qui marchait du sud-est au nord-est, avait peu dépassé le zénith lorsqu’il s’est montré ; il a été observé pendant cinq secondes. Il a disparu derrière les arbres qui ombragent la rive droite : on n’a entendu aucun bruit.
Le bolide du 3 janvier a été observé également à la Villette, par M. Fribourg, à 4h45m du soir.
Lettre de M. le Capitaine du Génie chargé des travaux du fort de Stains, à Arnouville-les-Gonesse (Seine-et-Oise). - Le 3 janvier, vers 4h45m du soir, suivant la route de Paris à Gonesse, entre Garges et Arnouville, et marchant dans la direction du nord-est, j’ai observé un météore tombant exactement dans la direction sud-nord, et dont le diamètre apparent était beaucoup plus petit que calui de la Lune. Je ne pourrais dire d’une façon précise quel en était l’éclat, car le ciel était alors couvert de légers nuages, à travers lesquels les principales étoiles étaient seules visibles mais ils étaient suffisants cependant pour en ternir l’éclat ; néanmoins j’estime que ce météore devait avoir une couleur vive très accentuée. Je n’ai commencé à observer ce phénomène que lorsqu’il était déjà à 15 degrés environ au delà du zénith, et il a disparu à mes yeux dans l’espace et à 30 degrés environ au-dessus de l’horizon, et cela sans éclatement ni bruit perceptible. Quant à la durée de la chute, je ne l’évalue pas à plus de cinq à six secondes au maximum.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 19, 1876.

1877, 10 mars, Annecy (Haute-Savoie). “Éclairs et tonnerre à Annecy, dans la journée du 21. Vue d’un bolide dans la soirée du 10. Le météore offrait la dimension de la pleine Lune; il a traversé l’horizon d’Annecy de l’ouest à l’est sur les 8 heures du soir. La course a duré quelques secondes. Il a disparu en éclatant avec une grande violence, et en se divisant en une multitude de parcelles lumineuses d’un vif éclat.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 20, 1877.

1877, 14 juin, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), et aussi entre Bordeaux (Gironde) et Angoulême (Charente). On trouve une note sur ce bolide dans les Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 84, 1877 : “Météorologie. - Observation d’un bolide, à Clermont-Ferrand, le 4 juin 1877. Note de M. Gruey, présentée par M. Puiseux.
Le 14 juin courant, à 8h40mn du soir environ (temps du lieu), j’étais arrêté sous les galeries extérieures de la Faculté des Sciences de Clermont et regardant la région O.-S.-O. du ciel, alors très-brumeuse, je me disposais à prendre au sextant la distance lunaire d’une étoile faiblement visible, lorsque je fus surpris par l’apparition d’un bolide étincelant.
L’état défavorable du ciel ne m’a pas permis de rapporter la marche de ce bolide aux étoiles, mais j’ai pu la rapporter assez nettement à la haute cheminée d’une maison située en face de la Faculté, de l’autre côté de l’avenue Vercingétorix. Je suis resté absolument immobile pendant la durée de l’observation, trois secondes au pins.
Parti de la gauche de la cheminée (côté sud) et d’une hauteur de 40 degrés environ au-dessus de l’horizon, le bolide s’est abaissé rapidement en déviant à droite (côté nord) et a disparu pour moi derrière la base même de la cheminée.
La trajectoire était rectiligne et j’estime à 30 degrés l’angle sous lequel elle a coupé la direction verticale de la cheminée.
Le point de disparition, pour moi, était nettement défini; je l’ai relevé le lendemain entre 3 et 4 heures du soir au théodolite, en prenant une hauteur du Soleil. J’ai trouvé pour l’azimut A, compté du sud, et la hauteur H de ce point A = 75°15’, H = 10°50’,
le théodolite étant rigoureusement placé au point que j’occupais la veille pendant l’observation. Si, par le rayon visuel allant à ce point de disparition, on mène’un plan incliné de 30 degrés sur le vertical du même point, on aura sensiblement le plan dans lequel le bolide m’est apparu.
La tête du météore avait un diamètre apparent difficile à évaluer à cause des effets énormes de l’irradiation ; je le ferais volontiers de 5 à 6 minutes seulement, malgré le témoignage de quelques habitants de Clermont qui assurent que le bolide, assez petit au départ, était gros comme la Lune au moment où ils l’ont vu atteindre l’horizon. La tête était suivie d’une belle traînée, peu persistante. La lumière était blanche, étincelante, mêlée de légers reflets rougeâtres et bleuâtres. Je n’ai entendu ni sifflement, ni détonation ; je n’ai remarqué aucune dislocation du bolide.
Ce corps a peut-être été vu de quelques autres points de la France et, dans ce cas, j’espère que l’observation que j’ai l’honneur d’adresser à l’Académie pourra se combiner utilement avec celles qui lui viendront d’ailleurs.”
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En 1878, Louis Jules Gruey publie un rapport de 59 pages sur ce phénomène : “Enquête sur le bolide du 14 juin 1877 : enquête et étude géométrique.”
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Camille Flammarion ajoute, dans L’Atmosphère et les grands phénomènes de la nature (1911), à propos de ce bolide : “Le 14 juin 1877 à 8 heures 52 minutes du soir, un bolide non moins remarquable que le précédent est venu éclater entre Bordeaux et Angoulême, à 252 kilomètres de hauteur. Sa vitesse était de 68 kilomètres par seconde. Ce bolide, arrivant de I’infini, comme le précédent. traversait le système solaire presque en ligne droite.”
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“Bolide du 14 juin 1877. Lettre de M. Arnaud, à Angoulême. Le 14 juin à 8h47m du soir, un bolide s’est montré à Angoulême. Aperçu un peu au-dessous d’Arcturus, il s’est lentement dirigé du nord au sud avec une lumière blanche éclatante : un peu au-dessous de la moitié de la distance d’Arcturus à l’horizon, il a rougi et presque subitement disparu, laissant une très-courte traînée lumineuse rougeâtre qui paraissait le séparer d’un éclat assez volumineux et obscur détaché de la masse principale : la disparition n’a été suivie d’aucun bruit produit par la désagrégation.
Lettre de M. Simon, professeur d’hydrographie à Bordeaux. J’ai l’honneur de vous signaler un superbe bolide que j’ai observé hier 14 juin, à Bordeaux. Je l’ai vu apparaître à 8h40m du soir, un peu au-dessous de la Perle, dans la tête du Serpent, sous l’aspect d’une étoile de 1re grandeur, tourbillonnant sur place et grandissant très-rapidement en grosseur et en éclat, arriver à la forme d’un globe de feu de 6 à 8 minutes de diamètre, d’un très-vif éclat lançant des étincelles. Il prit alors une direction à peu près horizontale, mais légèrement sinueuse, passant dans le quadrilatère d’Hercule entre y de la tête du Dragon et Wéga, entre α de Céphée et Deneb, où je le perdis de vue derrière les maisons. Il était toujours très-brillant. La durée totale de sa visibilité a été de cinq à six secondes. Cinq minutes après, j’entendis très-distinctement, dans la direction que venait de prendre le météore une forte détonation lointaine.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 20, 1877.

1877, 18 juillet, Bordeaux (Gironde). “Un bolide de la plus grande dimension a passé avant-hier dans la soirée sur la ville de Bordeaux. Pendant un moment, il a éclairé le sol avec une intensité de lumière égale à celle du soleil. Sa traînée lumineuse était blanche. Il a éclaté en l’air avec un bruit formidable. Des personnes qui se promenaient à quelque distance de la ville, évaluent à plusieurs minutes le temps qui s’est écoulé entre le moment où le bolide a éclaté et celui où elles ont perçu le son.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 20 juin 1877.

1877, 20 août, Lille (Nord). “Le Progrès dit qu’un
fragment d’aérolithe, composé de roche grise du poids
de 160 grammes, a été trouvé hier matin dans le
jardin de la maison portant le n° 16, rue Charles-de-Muyssart à Lille. On voit, paraît-il, très-distinctement
sur le gravier de l’allée, le trou qu’a fait cet aérolithe dans sa chute qui s’est produite, sans nul doute, pendant le violent orage lundi soir. M. H..., habitant la maison, tient ce curieux fragment de bolide à la disposition de quiconque désirerait l’examiner.” Source : Journal de Roubaix du 23 août 1877 et dans Le Moniteur du 24 août 1877.
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Le journal La Jeune République (Marseille) du 30 août 1877 indique : “Les journaux de Calais signalent le passage d’un bolide. Cet aérolithe, qui a parcouru l’espace dans la direction du sud au nord, a paru sous une forme un peu allongée et d’une belle couleur vert-clair très éclatante,
du reste, puisqu’elle tranchait beaucoup sur le ciel encore clair. Il a éclaté sans aucun bruit à trente ou trente-cinq degrés au-dessus de l’horizon, n’a laissé après lui que quelques vapeurs blanchâtres. Ce phénomène n’a pu être admiré que pendant quelques secondes.”

1877, 11 septembre, Boën-sur-Lignon (Loire). “Bolide aperçu à Boen (Loire), le 11 septembre et sur une secousse de tremblement de terre constatée le 12 septembre, par M. V. Daram. Le mardi 11 septembre,
j’ai observé à Boën (Loire), vers 7h 45m du soir, un
bolide d’un éclat extraordinaire, dans la région
orientale du ciel. Ce bolide était peu élevé au-dessus de l’horizon ; sa trajectoire, sensiblement courbe et marquée par une traînée lumineuse, rappelait celle d’un obus. Sa direction était du nord au sud. Un léger bruit, comparable à celui d’une fusée, a acompagné l’apparition de ce météore. Ce bruit a été très-distinctement perçu par une autre personne placée à côté de moi.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 21, 1877.

1877, 23 septembre, Gard et Hérault. “On annonce qu’une véritable pluie d’aérolithes se serait abattue sur la région de Béziers et de Narbonne. On a signalé des chutes d’aérolithes à Bessan et à Servian, dans l’Hérault, au Mas du Ponge, dans le Gard.” Source : Le Petit Journal, 3 octobre 1877.
Pour compléter cet article, on peut lire dans le Messager du Midi du 29 septembre
1877 : “Si l’on en croit les racontars, dit le Messager du Midi de Montpellier, c’est une véritable pluie de bolides qui se serait abattue, dimanche dernier, sur la région. On a déjà signalé des chutes d’aérolithes à Bessan et à Servian, dans l’Hérault ; au mas du Ponge, dans le Gard, et nombre de personnes, de bonne foi assurément, affirmaient avoir vu tomber ces corps lumineux. Or, voici qu’on nous annonce de Pierre-Rue, dans l’arrondissement de Saint-Pons, la chute d’un nouveau bolide. Ici, les faits sont précis, les détails abondent, et nous avons tout lieu de croire que c’est le même météore qui a été aperçu à la même heure dans le Gard, et dans plusieurs communes de l’arrondissement de Béziers. Dimanche matin, vers huit heures, nous écrit un témoin oculaire, nous aperçûmes un corps lumineux de la grosseur d’un obus de fort calibre traversant l’espace dans la direction du Nord-Ouest au Sud-Ouest, et se dirigeant vers la terre avec une vitesse vertigineuse. Quelques secondes après, une explosion formidable se faisait entendre, le sol était légèrement ébranlé et toutes les populations de Pierre-Rue, de Berlou, de Ferrières et des environs étaient mises en émoi par cette brusque détonation. L’aérolithe était tombé assez près de nous sur le mont Saint-Michel, une des plus hautes montagnes de nos parages, voisine du pic de Montahuc. Les traces de son passage étaient palpables. Trois chênes verts étaient brûlés à l’endroit où la
chute et l’explosion s’étaient produites.”
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“Dimanche dernier, vers les huit heures un quart du matin, une forte détonation prolongée a été entendue dans toute la contrée. On a cru, à Narbonne, d’abord à une explosion de gaz ou de poudre. II n’en était rien ; c’était l’explosion d’un aérolithe, qui venait de traverser l’atmosphère dans la direction du nord au sud ; ce qui fait supposer que les fragments ont dû tomber dans la mer. On donne le nom d’aérolithes à certains corps planétaires qui flottent dans l’espace suivant les lois de l’attraction et qui ne sont pas ordinairement visibles à cause de leur petitesse. Lorsqu’ils sont saisis par la sphère d’attraction de la terre, leur vitesse s’accroît d’une manière prodigieuse. Arrivés dans l’atmosphère terrestre, le frottement les échauffe jusqu’à l’incandescence ; ils éclatent alors avec grand bruit et se divisent en un grand nombre de fragments, qui pénètrent quelquefois dans la terre jusqu’à la profondeur de plusieurs mètres. Ces corps sont principalement composés de fer et de nickel.” Source : Le Bon sens du 29 septembre 1877.

1877, 9 octobre, dans les Ardennes. “Bolide du 8-9 octobre 1877. Lettre de M. Thibout, instituteur à Chesnois-Auboncourt (Ardennes). Revenant de Charleville, à minuit, 12m, j’ai pu observer un bolide très-brilIant. Ce météore éclata au nord, disparut assez lentement (trois à cinq secondes), laissant derrière lui une longue queue qui persista durant six secondes.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 21, 1877.

1877, 14 octobre, partout en France. “Bolide du 14 octobre. Lettre de M. Hugon, chef de bataillon du génie à Clermont-Ferrand. Je vous adresse l’observation que j’ai faite sur le bolide du 14 octobre. Ce jour-là, à 7 heures précises du soir, me trouvant en rase campagne et faisant face au nord, par un temps parfaitement clair, le bolide m’est apparu près de l’étoile a de la Grande Ourse, suivant exactement le prolongement d’une ligne droite partant de l’étoile polaire et passant à 1 degré en dehors de l’étoile α de la Grande Ourse. En un peu moins de deux secondes, il a disparu sous l’horizon. Son éclat était intermédiaire entre celui de Vénus et celui de Jupiter. Il a paru aller en augmentant plutôt qu’en diminuant en approchant de l’horizon. Sa couleur était d’un vert bien prononcé.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 21, 1877.
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“Bolides du 14 octobre 1877.
Répondant à la demande faite par l’Observatoire de Paris et par l’Association Scientifique, un grand nombre de personnes nous ont adressé et nous envoient encore des renseignements sur les bolides qui ont été signalés dans la soirée du 14 octobre. Nous publions dès à présent l’ensemble des documents parvenus jusqu’ici, et desquels il résulte que trois météores ont été vu : un premier vers 6h50m, t. m. de Paris, un deuxième vers 8 heures et un troisième un peu plus tard.
Nous classons ces documents par départements cités du nord au sud.
Arras (1er bolide). M. Alix. - Vers 6h47m du soir je me trouvais sur le chemin de Bailleul-sur-Berthault, allant vers Arras et à 3 kilomètres de cette ville. Le météore se produisit à ma droite. Il me sembla prendre naissance à 1 kilomètre de moi et à 500 mètres de hauteur, se dirigeant par une légère inclinaison du sud-est, vers l’ouest. La flamme était de deux couleurs : blanche sur les trois quarts, rose grenat dans la partie supérieure, formant une calotte ou plutôt une gaîne.
Amiens (2e et 3e bolide). M. Gros. - J’étais, le 14 octobre dernier, vers 8 heures du soir, assis devant ma porte, donnant au nord, à Rubempré (Somme). J’avais conséquemment devant moi le carré de la Grande Ourse. Tout à coup une brillante étoile filante a parcouru, devant la Grande Ourse, une assez grande distance de l’est à l’ouest. Sa couleur était, ainsi que sa grosseur, comme celle de toutes les étoiles filantes. Environ trois minutes après, j’ai aperçu dans le voisinage d’ Algol, entre Algol et la Chèvre, une autre étoile filante, allant, celle-ci, de l’ouest à l’est, et qui, aussitôt, a disparu.
Elbœuf [1er bolide). Mme Cécile Dehan. - Revenant de Rouen en chemin de fer, et arrêtée à la station d’Oissel vers 6h20m, j’ai aperçu tout à coup comme une espèce d’étoile filante, mais ayant un volume extraordinaire. Le noyau lumineux était d’une belle couleur blanche. A la fin de sa chute le météore s’est divisé en plusieurs parties, qui étaient alors d’un rouge éclatant. Les autres personnes qui se trouvaient dans le wagon ont cru voir un éclair ; une vive lumière illumina le compartiment, et cependant il y avait déjà un beau clair de lune.
Yvetot (1er bolide). M. l’inspecteur primaire. - Me trouvant au nord-ouest d’Yvetot, à environ 2 kilomètres, une vive lumière me force à lever la tête. J’aperçois alors un fort beau bolide qui sillonne le ciel pendant quatre ou cinq secondes et se termine par une petite gerbe d’étincelles colorées. Il est 6h50m au chemin de fer.
Autheuil (Eure) (1er bolide). M. Charles Giblain, maire. - Vers 6h50m, par un temps très-clair et calme, succédant à un vent très-violent qui avait sévi une partie de la journée, l’atmosphère fut subitement éclairée à l’ouest par une lueur vive très-blanche, d’apparence électrique, projetant les ombres à une grande distance. Cette lueur était produite par un météore dont la chute rapide paraissait perpendiculaire à la constellation de la Couronne boréale, relativement à la position que j’occupais et qui était juste à l’intersection de la route départementale de Louviers à Dreux et de la route départementale des Andelys à Évreux. La forme du météore avait l’apparence d’un obus, dont la base enflammée colorée circulairement en rouge et en bleu, avait un centre de lumière blanche se prolongeant sans perdre de son intensité. Le bolide a disparu sans que j’aie pu remarquer aucune trace de vapeur, ni entendre aucune détonation, malgré la sensation apparente d’un éloignement peu considérable, rendue encore plus sensible par la position d’Autheuil, village situé dans la vallée d’Eure, et dont l’horizon est naturellement borné par des côtes.
Neuilly-en-Thelle (Oise) (1er bolide). M. Hutellier. - J’ai observé, le 14 octobre dernier, vers 6h15m, une étoile filante de 1re grandeur ; mais son éclat et sa grosseur m’ont fait présumer que ce ne pouvait être qu’un bolide. Il éclata comme une bombe ordinaire, en formant la grappe. Il m’apparut à l’ouest.
Sainte-Honorine-du-Fay (Manche) (1er bolide). M. Lebreton. - D’après des renseignements très-précis, M. Lebreton, curé de Sainte-Honorine-du-Fay, a pu établir les coordonnées des points extrêmes de la trajectoire apparente pour cette localité : Apparition vers 7 heures du soir : ascension droite, 14 degrés ; distance polaire, 45 degrés. Disparition ascension droite, 22 degrés ; distance polaire, 78 degrés. Les éléments de la fin lui semblent beaucoup plus dignes de confiance que ceux de l’apparition.
Paris (1er bolide). M. Martin, rue Fontaine-au-Roi. - J’étais sur le pas de ma porte, le 14 au soir. Le météore partit des environs de la Grande Ourse et se dirigea sur la gauche, allant en s’ élargissant et en faisant aussi plusieurs jets brillants comme ceux d’une chandelle romaine. Il éclata en lançant plusieurs étincelles. Sa lumière était vive et blanche et très-allongée.
Paris (1er bolide). Mme veuve Bazan. - Le bolide du 14 octobre a été vu par madame veuve Bazan, dans la direction de Meudon. Il apparut comme une étoile, laissant une trace bleuâtre.
Paris (1er bolide). M. Léon Feer. - Vers 6h40m du soir, en passant dans la rue du Val-de-Grâce, je vis le météore apparaître juste devant moi et tomber presque verticalement, tout en inclinant légèrement de gauche à droite. II se composait d’une sorte de globe laissant derrière lui une traînée lumineuse un peu inégale ; je pourrais le comparer à un liquide visqueux, tel que de la gomme délayée dans de l’eau, tombant en grosses gouttes retenues par un filament. L’éclat du météore était très-vif, surtout dans les parties qui semblaient ainsi plus volumineuses, et principalement dans la partie inférieure qui brilla plus que tout le reste au moment même où tout allait s’éteindre un peu comme une fusée qui éclate. L’arc parcouru était de 7 à 8 degrés, la distance à l’horizon du point où le météore a disparu est à peu près de la même longueur ; le globe inférieur était le tiers de la lune : l’apparition a duré peut-être cinq à six secondes.
Paris (1er bolide). M. Destouchez. - Vers 7 heures du soir environ, j’ai aperçu un magnifique bolide à noyau cen- tral rouge, marchant un peu vers l’ouest, en laissant une traînée lumineuse. Son apparition a été de peu de durée.
Maisons-sur-Seine (1er bolide). M. Leblanc. - Descendant la rue de Maisons-sur-Seine vers 6h55m, j’ai vu une étoile filante d’un éclat remarquable. Sa direction était presque verticale et inclinant du quart nord-ouest vers le sud-est. La lumière que projetait ce phénomène était com- parable à une belle clarté de lune, mais bien plus vive. La traînée lumineuse n’a été que de quelques secondes.
Fontenay-sous-Bois (1er bolide). M. Cartier. - Vers 7 heures du soir, étant sur le boulevard Saint-Martin, j’ai vu un bolide partant pour moi du théâtre de la Renaissance et marchant vers le boulevard Sébastopol. Ce bolide était très-lumineux et laissait une traînée bleue. Sa marche n’éuit pas très-rapide.
Courville (Eure-et-Loir) (1er bolide). M. Barbier. - Vers 7 heures du soir, un bolide m’apparut sortant de la constel- lation de la Grande Ourse, un peu à l’ouest. Sa lumière était très-intense, malgré un brillant clair de lune.
Vincennes (1er bolide). M. Vincent. - A 6h55m du soir, bolide splendide, bleu, ouest. Durée, cinq secondes.
Dijon (1er bolide). Mme Berthe-Dôle, artiste-peintre. - Le 14 octobre, vers 6h50m (heure du chemin de fer), je vis paraître dans la direction de μ de la queue de la Grande Ourse un bolide excessivement lumineux et d’une belle couleur vert clair. Il me parut descendre verticalement par secousses. Ce même jour, peu de temps après le coucher du soleil, mes parents et moi nous admirâmes une grande bande tricolore et horizontale ; chaque couleur était parfaitement distincte. La bande de couleur rouge, plus large que les deux autres, était au-dessus, puis le bleu et le blanc. Ces couleurs en s’éteignant ne laissèrent aucune trace de nuage.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 21, 1877.

1877, 23 novembre, près de Lorquin (Moselle). On peut lire dans le Journal des débats politiques et littéraires du 8 décembre 1877 et dans le Journal d’Alsace du 1er décembre l’article suivant : “Le vendredi 23 novembre, à six heures du soir, la nuit se trouva tout à coup rayée par une lueur si vive, qu’on aurait pu la comparer à celle d’un éclair sans la détonation violente qui l’accompagnait, mais qui n’avait aucune analogie avec le roulement du tonnerre. Le tout avait été produit par l’explosion d’un magnifique bolide qui, suivant la direction du sud-ouest au nord-est, venait d’éclater sur la lisière de la forêt apparteant à M. Georges Chevandier de Valdrôme, forêt située sur la nouvelle route de Lorquin à la frontière française. En un instant, tout ce côté de la forêt fut illuminé à blanc puis la couleur passa au rouge pâle, les étincelles jaillirent quelque temps dans les arbres qui bordent la route, et tout s’éteignit. Le phénomène avait eu un témoin de très près ; le fossé du chemin et 3 ou 4 mètres seulement le séparaient de l’endroit où l’aérolithe était tombé ; la
peur, et non pas la curiosité, fut sa première sensation ; la seconde fut la prudence ; il eut soin de regarder souvent derrière lui, et enfin arriva chez lui plus mort que vif naturellement. Les propos allèrent leur train, et sans la bonne volonté d’un tiers qui se chargea d’exprimer la chose, le tout allait être mis sur le dos des revenants.”

1877, 25 novembre, Gevingey (Jura). “Lettre de
M. Paul Mugnier, ingénieur civil à Gray.
Je vous transmets quelques renseignements que j’ai recueillis sur un phénomène météorologique signalé le 25 novembre dernier dans le Jura.
J’appris le 20, à Lons-le-Saulnier, qu’un météore lumineux avait été aperçu la veille au soir par le chef de gare de la station de Gevingey, laquelle est située à 7 kilomètres au sud de Lons-le-Saulnier, sur le chemin de fer de Besançon à Lyon.
Le lendemain matin, je me rendis à Gevingey afin d’in- terroger cet employé. Voici, suivant lui, de quelle façon les faits se sont passés.
Le vent du sud-ouest soufflait en bourrasque depuis le matin, accompagné de grains fréquents. Vers 6h30m du soir, le ciel étant couvert, mais sans pluie, le chef de gare, qui se trouvait sur le trottoir de la station, en ce moment déserte, vit, du côté du sud, un globe lumineux dont le diamètre apparent était sensiblement la moitié de celui de la Lune. Ce globe, qui se lenait immobile à une grande hauteur et à une distance horizontale de l’observateur, que ce dernier estime à plusieurs centaines de mètres, ne tarda pas à descendre verticalement avec une vitesse qu’il compare à celle d’une étoile filante, en laissant derrière lui une traînée lumineuse. Lorsque cette boule fut arrivée jusqu’au sol (le témoin suppose qu’elle a dû toucher terre), elle se releva brusquement et remonta vers le point où il l’avait d’abord observée, avec une vitesse égale à celle de sa chute. Arrivée au haut, elle stationna quelques instants, puis elle redescendit pour remonter comme la première fois.
Ce mouvement de va-et-vient vertical, avec arrêts en haut, se serait répété, suivant lui, une quinzaine de fois au moins dans l’espace d’une demi-heure.
Vers 7 heures du soir, le météore devint tout à coup invisible à la suite d’une de ses ascensions. Le chef de gare suppose qu’il disparut derrière un nuage. Il a remarqué que, malgré la violence du vent qui ne se calmait que par instants, le globe lumineux n’avait aucune progression dans le sens horizontal. Il n’a pu, en raison de l’éloignement et de l’obscurité, donner aucune réponse aux questions que je lui ai faites touchant la nature topographique du sol, à l’endroit où le globe paraissait se diriger dans ses chutes.
Le météore avait à peu près l’éclat de la Lune, mais il paraissait gazeux comme une flamme, s’ailongeant pendant ses ascensions et ses descentes pour reprendre, lors de ses arrêts, une forme sensiblement sphérique. Il paraissait, surtout lorsqu’il était en mouvement, lancer des étincelles.
Vers 11h30m du soir, c’est-à-dire quatre ou cinq
heures après la disparition du phénomène, un violent orage de foudre avec éclairs et tonnerre presque continus éclatait sur Lons-le-Saulnier, Gevingey et environs, se dirigeant vers Besançon. Je dois faire remarquer aussi que la station de Gevingey est située au pied de la chaîne du Jura, en quelque sorte sur la ligne d’intersection entre les contre-forts ouest de cette chaîne et les plaines de la Bresse. Cette ligne paraît avoir été la trajectoire de l’orage.
J’aurais voulu pouvoir contrôler ces observations par d’autres témoignages ; malheureusement je n’ai pu avoir connaissance d’aucune autre personne qui eût vu le phénomène.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 21, 1877.

1877, 28 novembre, Strasbourg (Bas-Rhin). “M. Chamboeuf, un de nos correspondants, nous écrit à ce sujet : Un bolide a été aperçu mercredi soir, 27 novembre, peu après 6 heures, à Strasbourg. Il était d’une belle couleur verte et se dirigeait lentement du nord au sud.
Le vendredi précédent, le même phénomène s’était produit à Lorquin, ainsi qu’il résulte de la lettre suivante, publiée par le Journal d Alsace du 1er décembre : Le vendredi 23 novembre, à 6 heures du soir, la nuit se trouva tout à coup rayée par une lueur si vive qu’on aurait pu la comparer à celle d’un éclair, sans la détonation violente qui l’accompagnait, mais qui n’avait aucune analogie avec le roulement du tonnerre.
Le tout avait été produit par l’explosion d’un magnifique bolide qui, suivant la direction du sud-ouest au nord-est, venait d’éclater sur la lisière de la forêt appartenant à M. Chevandier de Valdrôme, forêt située sur la nouvelle route de Lorquin à la frontière française. En un instant, tout ce côté de la forêt fut illuminé à blanc ; la couleur passa au rouge pâle, les étincelles jaillirent quelque temps dans les arbres qui bordent la route, puis tout s’éteignit.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 21, 1877.

1878, 23 février, Foix (Ariège). “Foix, 26 février : Samedi soir, vers dix heures et demie, par un ciel très-serein, plusieurs personnes de Foix ont pu admirer, pendant quelques secondes, un météore des plus brillants qui semblait tomber sur la ville en mille petites gerbes resplendissantes. Le pays était éclairé comme en plein jour.” Source : Journal de Toulouse du 28 février 1878.

1878, juin, en Normandie. “Les journaux de Rouen avaient annoncé samedi dernier, qu’un brillant météore avait été vu dans la soirée de la veille, au-dessus de la rue Rollon, et s’était dirigé vers le nord. Le Journal de Fécamp et le Journal de Dieppe annoncent que ce météore a été également aperçu dans ces deux villes.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 15 juin 1878.

1878, septembre, Strasbourg (Bas-Rhin). “Vendredi dernier, vers neuf heures un quart du soir, dit le Journal d’Alsace, plusieurs personnes, en se promenant au quai Schœpflin, ont aperçu dans la direction du nord un bolide d’un éclat extraordinaire; l’apparition a été si subite et si éclatante, rapportent les personnes qui ont été témoins du phénomène, qu’elles n’ont pu en constater sur l’instant toutes les circonstances ; pourtant elles ont distinctement entendu un détonation au moment où l’explosion s’est produite.
Ce même bolide a été vu sur d’autres points de l’Alsace. Une correspondance adressée de Guebwiller au Temps décrit l’apparition du météore qui s’est montré au ciel de celte ville, à neuf heures sept minutes, temps de Cologne. Ce corps a laissé derrière lui un long sillon de feu au dessous de Cassiopée ; il a éclaté à la hauteur de la Lyre en répandant une gerbe de feu vert d’un éclat surprenant. Certaines étincelles sont restées visibles pendant une durée de douze à quinze secondes.“
Source : Moniteur de la Moselle du 14 septembre 1878.

1878, 16 octobre, Taninges (Haute-Savoie). “Bolide du 16 octobre. Note de M. A. Montagnoux. Le 16 octobre, à 6h25m du soir (c’est-à-dire à 6h 8m de Paris), un magnifique bolide a été vu de Mélan (canton de Taninges, Haute-Savoie). Il m’a semblé partir de γ d’Hercule, et s’est dirigé assez lentement vers β de la Balance. Son éclat jaune blanc surpassait de beaucoup celui de Vénus à son plus grand éclat. Malheureusement le mont Orchez, qui limite notre horizon au couchant, ne m’a pas permis de le suivre jusqu’à la fin, mais ce que j’en ai vu me fait classer ce bolide parmi les plus beaux.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 23, 1878-1879.

1878, 18 octobre, Marsaunay-la-Côte (Côte d’Or).
“M. Ladrey, professeur de chimie à la Faculté
de Dijon, présente, enfermés dans un tube scellé,
des fragments d’un bolide singulier tombé
le 18 octobre vers 10 heures ½ du soir. Un individu rentrait chez lui quand il fut subitement illuminé par derrière et vit tomber, à 30 ou 40 mètres devant lui, un globe de feu. Il ne trouva rien à cette place même, mais il put ramasser quelques morceau phosphorescents placés à peu près sur un cercle qui paraissait lumineux, la nuit étant très obscure. Le lendemain il avait plu, et il ne restait aucune trace du phénomène. Le corps étant lumineux dans l’obscurité, on essaya d’y mettre le feu, et il brûla avec tant d’éclat que l’expérience fut souvent répétée, et c’est tout à fait par hasard que quelques fragments furent sauvés et remis à M. Ladrey. Celui-ci analysa la matière et trouva
qu’elle brûle complètement dans l’oxygène en donnant de l’acide phosphorique ; c’est donc du phosphore à peu près pur. Mais ce phosphore est dans un état particulier. Il était lumineux dans l’obscurité au début, mais il ne luit plus dans le tube où M. Ladrey l’a enfermé depuis quelques mois ; le phosphore ordinaire continuerait à luire dans ces conditions. M. Ladrey a pris de nombreux renseignements sur ce phénomène. Le corps paraît être trombé avec une petite vitesse, la trajectoire faisant avec le sol un angle d’environ 45
degrés ; la masse en combustion s’est divisée
en tombant sur le sol et a cessé de brûler.
M. Ladrey fait remarquer que plusieurs observations incomplètes peuvent être rapportées à de pareils phénomènes quelques extraordinaires qu’ils paraissent. Il se propose de chercher à reproduire cet état particulier du phosphore. M. Milne-Edwards n’admet le fait que sous toutes réserves. Il craint que M. Ladrey n’ait été induit en erreur comme M. Dieulafait qui, ayant trouvé un composé sulfuré dans une prairie où il n’y a pas de trace de soufre, l’avait attribué à la chute d’un bolide. M. Daubrée observe qu’il ne s’est trouvé rien de pareil parmi des milliers de météorites connues. Il ajoute qu’une météorite doit être incandescente lorsqu’elle touche terre, et il lui paraît impossible qu’un morceau de phosphore soit arrivé jusqu’à terre. Sur la proposition de M. Faye, le jury propose de faire une contre-enquête.”
Source : La Nature, 1879.

1878, 13 décembre, Haut-Rhin. “L’Express dit qu’un brillant bolide a été observé vendredi matin, peu après 6 heures, à Mulhouse ; il semblait partir du zénith et se dirigeait du nord-ouest au sud-est ; il a disparu soudain en projetant dans tous les sens une gerbe d’étincelles. Le même météore a aussi été aperçu, paraît-il, à Colmar et à Neuf Brisach.” Source : Gazette de Lorraine du 19 décembre 1878.

1879, 9 janvier, Paris. “Avant-hier soir, à sept heures moins dix minutes, un météore des plus brillants, et de trois nuances différentes, a été vu au-dessus de Paris allant de l’Est au Sud-Ouest. Son diamètre était un peu moins de moitié de celui de la lune. Le noyau portait à son centre une dépression parfaitement visible, était coloré de vert. La queue était bleu de cobalt, et, à la partie supérieure, étincelaient des rayons écarlate et orange. Toutes ces couleurs étaient d’une pureté remarquable. L’apparition du météore a duré cinq secondes et n’a été accompagnée d’aucun bruit.” Source : La République du 11 Janvier 1879.

1879, 19 janvier, Zimming (Moselle). “Dans la nuit du 18 au 19 de ce mois, vers trois heures du matin, on a observé du côté de Zimming, canton de Boulay, un bolide, se mouvant dans, la direction du nord ouest au sud-est. Il est resté visible environ dix minutes, répandant une lueur fulgurante qui éclairait au loin la contrée. Le météore se terminait en une longue traînée de lumière jaune-clair semblable à la queue d’une comète.” Gazette de Lorraine du 22 janvier 1879.

1879, 4 mars, Bulgnevaux (Meuse). “M. Mouchez, directeur de l’Observatoire de Paris, communique la Note suivante sur un bolide observé à Bulgnevaux (Meuse), par M. J. Colomb : Le 4 mars dernier, à 7h 35m du soir, j’ai vu un magnifique globe lumineux, de la grosseur d’un œuf d’autruche, venant du sud-ouest et se dirigeant lentement vers le nord-est. Sa lumière était la même que la lumière électrique. Sa forme était celle d’un ovoïde allongé se terminant par un petit appendice en forme de queue très-mince ; au moment où le globe se trouvait à sa plus grande hauteur, quelques étincelles se sont détachées de l’appendice. L’apparition a duré un peu plus de trois secondes. La nuit était obscure, le temps couvert; ce corps lumineux éclairait autour de lui sur un espace de 2 à 3 mètres, suivant sa forme.”
Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 23, 1878-1879.

1879, 21 mars, Montauban (Tarn-et-Garonne). “Un magnifique bolide, dit le Républicain, de Montauban, a traversé le ciel, vendredi soir, au-dessus ds Montauban. Ce bolide, d’un volume d’une grosseur apparente peu ordinaire, qu’on pourrait comparer au tiers de la lune, et dont la clarté blanchâtre a illuminé brillamment le firmament, est passé sur la ville, de l’est à l’ouest, Vers les huit heures du soir. Les promeneurs qui se trouvaient sur le pont ont été frappés de sa dimension et de sa beauté.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 22 mars 1879.

1879, 3 septembre, Vannes (Morbihan). “Un bolide très-brillant, laissant derrière lui une longue traînée d’étincelles et d’un diamètre apparent de 9 à 10 centimètres, a passé
mercredi au-dessus de Vannes, se dirigeant du sud au nord. Il a disparu sans laisser aucune trace à 35 ou 40 degrés au-dessus de l’horizon, après avoir parcouru un arc de 50 à 60 degrés au moins.” Source : Courrier de Bretagne du
6 septembre 1879.

1879, 13 septembre, en Bretagne. “Quelques personnes ont observé samedi vers 8h du soir, un bolide à lumière blanche ayant un diamètre assez remarquable ; le ciel couvert n’a pas permis de suivre sa trajectoire.” Source : Le Petit Breton du 16 septembre 1879.

1879, 5 octobre, vers Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), Périgueux (Dordogne) et à Montflanquin (Lot-et-Garonne). “On nous écrit de Biaudos, le 5 octobre. « Je me trouvais ce soir, à cinq heures trois quarts, sur l’Adour, aux environs de Bayonne, et j’ai été à même d’observer le phénomène suivant ; un bolide, de la grosseur d’une orange, a pris naissance dans la partie nord du ciel et a disparu avec une traînée apparante de plus de 50 mètres de trajectoire, un peu au-dessus de l’horizon. La direction était du sud-est au nord-ouest et, malgré la clarté du jour, son éclat était si intense, que je l’ai pris au premier abord pour une fusée. J’ai cru devoir vous faire part de ce phénomène, que je considère comme fort curieux, car j’ai vu souvent des bolides la nuit, mais jamais en plein jour.“ Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 9 octobre 1879.
***
“Bolide observé par M. Courtois. Le 5 octobre, à 5h50m du soir, peu après le coucher du Soleil, un bolide a été aperçu à Montflanquin, près de Villeneuve (Lot-et-Garonne). Ce bolide, de la grosseur apparente d’une petite orange, décrivait une parabole du Nord-Est au Sud-Ouest, en laissant une trace blanche sur son passage. Cette trace blanche ne s’effaça complètement qu’au bout d’environ une demi-heure ; on la voyait tracée presque verticalement à une hauteur de 20° au-dessus de l’horizon d’Agen.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 25, 1879-1880.
***
“Bolide remarquable observé à Périgueux, par M. le marquis de Fayolle.
Le dimanche 5 octobre, à 5h55m du soir, je me trouvais à Périgueux, au milieu d’un groupe nombreux, sur une des places de la ville, lorsqu’une personne s’écria : Ah la belle étoile filante ! D’autres disaient : C’est une magnifique fusée !.
Je me retournai : le météore avait disparu derrière le toit d’une maison, mais l’échancrure d’une large vue me permit de contempler une belle traînée lumineuse, immobile dans les hautes régions célestes et affectant une forme singulière.
Le Soleil venait de se coucher derrière une brume rou- geâtre; le ciel était d’une admirable pureté ; aucune étoile ne paraissait encore ; la traînée lumineuse était comparée par plusieurs spectateurs à la lumière électrique.
Il me paraît évident qu’il s’agissait d’une traînée de vapeurs fortement éclairée par les rayons solaires disparus pour nous, mais traversant encore les hautes régions de l’atmosphère.
Mais voici le côté peut-être intéressant du phénomène.
La ligne blanche affectait la forme très nette d’une spirale dessinée sur le fond bleu sombre du ciel. Sa pariie inférieure se redressait et se terminait par un globe de même aspect.
D*où venait celle forme singulière ? La ligne, d’abord droite, aurail-elle été brisée par des courants atmosphériques ? On ne pouvait pas le supposer, puisque l’Image est restée invariable dans sa forme pendant plus d’une demi-heure et dès le premier moment, jusqu’à ce que les rayons solaires aient cessé de l’éclairer. Cette immobilité suffirait d’ailleurs à démontrer le calme parfait qui devait régner dans les hautes régions atmosphériques.
Il faut donc admettre que le trajet du bolide s’effectuait en spirale. Le globe qui terminait l’image indiquait évidemment le point de l’espace où le méléore avait éclaté ou s’était dissous.
Aucune détonation ne s’est fait entendre du lieu où nous nous trouvions.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 25, 1879-1880.
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“Les journaux du Perigueux rapportent qu’on a’ remarqué, dimanche soir, vers les sept heures, un phénomène curieux dans la région nord du ciel ; Un bolide a traversé l’espace, laissant après lui une longue traînée de lumière en zigzag, dont l’éclat a duré près de dix minutes. Un fragment est tombé dans un châtaignier creux situé dans le domaine de Mme veuve Pradier, sur la commune d Anesse et Beaulieu, entre la route départementale n° 9 et la route de St-Astier. Ce fragment incandescent a incliné vers le sol les branches de l’arbre qu’il avait carbonisées, ainsi que le tronc dans lequel, mercredi, on a trouvé des pierres encore brûlantes. Le bolide, sur son passage, avait mis le feu aux bruyères environnantes, et l’on a eu quelque peine à l’éteindre“ Source : Gazette de Lorraine du 14 octobre 1879.

1879, 14 octobre, Tréguier (Morbihan). “Nous lisons dans le Journal de Tréguier : Des chasseurs de Tréguier ont aperçu mardi soir, à 6h. 20, un bolide traversant l’espace du sud-est au nord-ouest.” Source : Le Petit Breton du 16 octobre 1879.

1879, 17 novembre, Châtellerault (Vienne). “M. Serph, pharmacien à Châtellerault, a écrit en date du 18 novembre la curieuse lettre suivante, que le XIXe Siècle a insérée dans son numéro du 23 : [...] Hier soir 17, la lune s’était levée magnifique. L’air était calme, pas un nuage à l’horizon et les vents soufflaient légèrement d’entre nord et ouest. Tout à coup, vers neuf heures, une vive lueur éclaira subitement et embrasa une portion de la sphère céleste et attira les regards des personnes qui, à ce moment, passaient sur le quai situé sur la rive gauche de la Vienne, qui reflétait le météore. Une lumineuse gerbe d’étoiles filantes jaillit d’un noyau commun, apparaît, puis se rompt et se détache du ciel. Cet essaim d’astéroïdes, comme un magnifique bouquet d’artifice, image véritable d’un volcan en éruption, éclate inopinément sur nos têtes et diverge d’un point situé près de la constellation du Lion. A ce moment, mille gerbes lumineuses, un millier de fusées volantes jaillissent, éclatent, se rompent en tous sens et s’évanouissent rapidement laissant derrière elles une longue trainée de fumée et suivant toutes la même direction du nord-ouest au sud-est. Ce merveilleux météore, d’un effet si saisissant et si grandiose, a été aperçu ici, par plusieurs personnes, qui en ont été tout d’abord fort troublées et qui n’ont pu retenir un cri unanime d’admiration.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 3 décembre 1879.

1879, 14 décembre, Mulhouse, Colmar (Haut-Rhin). Un météore est observé vers 6h du matin par quelques témoins. Une vive lueur illumina la région. Le météore produisait des étincelles puis explosa.

1880, 29 février, Carqueiranne (Var). On peut lire dans le Journal des débats politiques et littéraires du 13 avril 1880 : “Le 29 février dernier, à onze heures et demie du matin, des détonations très fortes se sont fait entendre dans l’atmosphère aux environs de Toulon. D’après l’ensemble des informations prises sur la côte, depuis la Ciotat jusquà Saint-Tropez, elles ressemblaient à des éclats de tonnerre ou à des décharges de grosse artillerie dans lesquelles les coups se
succédaient de plus en plus rapidement. Les témoignages recueillis montrent que ce phénomène qui a effrayé beaucoup de monde était dû à la chute d’un aérolithe. A bord d’un bâtiment mouillé en rade d’Hyères, on a remarqué que le bruit coïncidait avec la présence dans l’air, du côté de l’ouest, d’un assez gros nuage blanchâtre. A Carqueyranne, près d’Hyères, le météore a été observé d’une manière plus précise. Les personnes descendant au sortir de la messe, de l’église, vers le village, aperçurent devant elles, sur le ciel clair, un nuage très allongé parallèle à l’horizon. Au moment des plus fortes détonations, une trace vaporeuse descendit à peu près du zénith perpendiculairement à ce nuage, avec lequel elle forma pendant quelques temps une sorte de croix. S’il faut en croire des pêcheurs qui, dit-on, auraient aussi aperçu l’aérolithe, il paraissait avoir dans l’atmosphère des dimensions considérables. Avec les moyens d’exploration actuellement en usage, il serait peut-être possible de retrouver l’aérolithe dans la baie de Carqueyranne.”
Un autre article, dans le Midi du 23 mars 1880, nous en donne d’autres détails : “Un phénomène météorique des plus intéressants s’est produit tout près de Toulon, le dimanche 29 février, entre onze heures et midi. Dans un rayon de cinquante kilomètres environ, on a entendu, pendant près
de vingt secondes, un bruit sourd qui tenait à la fois du grondement de tonnerre et de la détonation d’un canon, sans ressembler absolument ni à l’un ni à l’autre. Quelques personnes ont cru à un tremblement de terre lointain, et, en effet, ce jour-là, on a ressenti une commotion souterraine dans l’archipel. Mais notre phénomène, passé presque inaperçu et si digne cependant d’attirer l’attention du monde savant, au lieu d’avoir son siège sous nos pieds, se produisait au contraire dans les plus hautes régions. Un aérolithe d’une dimension colossale est tombé à peu de distance de la côte, dans le petit golfe compris entre Querquérane et la presqu’île de Giens, tout près des rochers appelés Les Fourmis. Les habitants de Querquérane et de Giens ont d’abord entendu un roulement formidable au-dessus d’eux, et trois ou quatre secondes après ils ont aperçu un immense globe noir qui semblait grossir en s’approchant et qui s’est abîmé dans la mer en faisant rejaillir l’eau à une hauteur prodigieuse. La masse météorique était si énorme que les remous de la mer, à plus de dix kilomètres, ont produit sur la côte l’effet d’une marée montante. Un capucin qui venait de dire la messe et de prêcher dans une chapelle du village, a rassuré à grand peine la population qui s’était groupée autour de lui, en donnant de son mieux l’explication du phénomène.”

1880, 8 mars, Toulon (Var). “M. F. Zurcher, capitaine du port de Toulon, a communiqué au journal la Nature la Note suivante, sur des bolides observés le 29 février et le 8 mars 1880. Le 8 mars, nous avons aperçu, vers 8h30m du soir, un magnifique bolide, ayant à peu près le quart du diamètre de la Lune et produisant une illumination telle que les corps projetaient très visiblement leur ombre. Il avait une couleur bleuâtre, et sa trajectoire, commençant près de l’étoile Procyon, traversait la constellation de l’Hydre dans toute sa longueur. Deux pêcheurs qui se trouvaient dans un bateau près du rivage ont pu suivre le météore jusqu’auprès de l’horizon. Il présentait alors, suivant eux, une apparence déjà signalée par M. J. Schmidt, directeur de l’Observatoire d’Athènes. Le gros disque s’était divisé en deux plus petits, de couleur jaune, qui disparurent en éclatant près de la mer, laissant tomber de grosses flammèches rougeâtres. Le phénomène n’était accompagné d’aucun bruit.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, 2e série, t. 1, 1880.

1880, 18 mars, Clères (Seine-Maritime). “Bolide observé par M. Guibert, agent voyer à Clères (Seine-inférieure).
Le 18 mars, à 8h12m du soir, j’ai aperçu un magnifique bolide, vers l’est. Il se dirigeait du sud au nord, à peu près hori- zontalement, prenant naissance près de l’étoile β de la Chevelure et s’éteignant dans le voisinage de θ de la Couronne, traversant le Bouvier par le milieu de cette constellation. Sa durée n’a été que de trois secondes. Je n’ai entendu aucune détonation, bien que je sois resté attentif pendant cinq minutes après son extinction. Son diamètre apparent était environ six fois celui de Jupiter. Le ciel était pur au moment de l’apparition de ce météore, qui était vif et si brillant, qu’en l’absence de la Lune on eût pu lire un journal à sa clarté. Sa couleur était blanche d’abord, pais légèrement azurée vers la troisième seconde de sa durée ; il ne laissait pas de trainée lumineuse dans sa trajectoire et a paru s’éteindre sans explosion.“ Source : Bulletin de l’association scientifique de France, t. 25, 1879-1880.

1880, 20 mars, en Bretagne. “Hier à 8 heures 1/2 du soir un magnifique bolide, d’un diamètre apparent de plus de 15 centimètres et qui projetait une clarté bleuâtre excessivement intense, s’est enflammé subitement au zénith. Après avoir parcouru une vingtaine de degrés, il s’est brisé en plusieurs morceaux d’un rouge cerise, qui n’ont pas tardé à s’éteindre en tombant. Trois minutes après environ, une détonation semblable à celle d’un coup de canon, s’est fait entendre dans les régions de l’atmosphère où l’éclatement avait eu lieu ; ce qui indiquerait que ce phénomène s’est produit, à peu près, à une quinzaine de lieues de nous. Le bolide se dirigeait de l’E. à l’O.” Source : Le Petit Breton du 21 mars 1880.

1880, 29 mars, Hazebrouck (Nord). “Bolide observé par M. Thery, professeur à Hazebrouck. Lundi 29 mars, à 8h10m du soir, un bolide de l’apparence d’une très forte étoile de première grandeur et d’une couleur vert pâle très prononcée, apparut tout à coup dans la direction des Pléiades. Sa marche était plus lente que celle de l’étoile filante, sa distance à la Terre plus rapprochée. Il décrivit une parallèle au plan de l’horizon en se dirigeant vers Orion. il s’éteignit subitement aux trois quarts environ de la distance qui sépare ces deux constellations.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, 2e série, t. 1, 1880.

1880, en avril ?, Coslédaà-Lube-Boast (Pyrénées-Atlantiques). “Un incendie à Coslédaà a failli causer aussi la mort d’un jeune homme. Deux granges avaient pris feu. Dans l’une d’ellles se trouvaient les effets et l’argent de trois jeunes gens de la maison. L’un deux voulut se risquer dans les flammes pour sauver ses effets. Il a eu le visage horriblement brûlé, la vue est perdue et le médecin qui le soigne craint pour ses jours. Le curé de la commune rentrant chez lui avant l’incendie, dit avoir vu un bolide tomber sur l’une des granges, et le feu éclater aussitôt après. C’est du moins ce quon nous écrit.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 15 avril 1880.

1880, 20 mai, Paimbœuf (Loire-Atlantique). “Aérolithe observé à Paimboeuf par M. Dubois, ancien enseigne de vaisseau. Note communiquée par le Bureau cenral météorologique. Le jeudi 20 mai, vers 8h30m du soir, un aérolithe remarquable a traversé le ciel, partant du sud et se dirigeant vers le nord. Le plan de sa trajectoire semblait incliné sur l’horizon d’environ 60° vers l’ouest, et l’amplitude de sa course lumineuse mesurait 80° à 90°.
Je pus voir ce météore pendant quatre secondes. Il présenta des variations d’éclat que je n’ai pas observées dans les phénomènes analogues; on aurait dit trois fusées successives qui, en éclatant, projetaient une vive lumière, mais sans lancer ces brillantes étincelles de feu d’artifice toujours saluées par les exclamations admiratives de la foule.
Tout d’abord, une traînée lumineuse apparaît dans le ciel; au moment où elle va se perdre dans l’obscurité de la nuit, un foyer d’une lumière blanche très brillante s’allume à son extrémité et s’élance vers l’horizon ; sa vitesse s’accélère, son éclat diminue en prenant une teinte un peu jaune ; il va s’éteindre, lorsque son éclat se ravive ; il s’élance de nouveau vers l’horizon, où il disparaît. Le ciel était pur ; le vent venait du nord petite brise ; dans la journée, il avait soufflé bonne brise.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, 2e série, t. 1, 1880.

1880, juin, Lucas (ou Lussac) près de Castillon (Gironde). “Après un des derniers orages, un aérolithe est tombé dans un champ, à Lucas,
près de Castillon (Gironde). C’est une sorte de pierre paraissant contenir une certaine proportion de parties métalliques. Son aspect
est noirâtre, ses dimensions sont de 60 centimètres de long sur 40 de large. La chute de ce météore a été accompagnée d’une traînée lumineuse.” Source : Journal de Montélimar du 26 juin 1880.
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“Après un des derniers orages, un aérolithe est tombé dans un champ, à Lucas, près de Castillon (Gironde). C’est une sorte de pierre paraissant contenir une certaine proportion de parties métalliques. Son aspect est noirâtre, ses dimensions sont 60 centimètres de long sur40 de large dans sa partie la plus étendue. La chute de ce bolide a été accompagnée d’une traînée lumineuse ; grâce à son poids et à la force acquise, cette pierre s’est fortement enfoncée dans le sol détrempé par la pluie en produisant une forte détonation. Les savants auront là matière à un examen approfondi ; on sait, en effet, que la chute d’aérolithes est un phénomène assez rare et d’autant plus digne d’observations que la science n’a pu encore s’éclaircir d’une façon nette sur l’origine de ces pierres.” Source : Journal de Toulouse du 19 juin 1880.

1880, 15 juillet, Saint-Quentin (Aisne). “Dans une éclaircie entre deux nuages orageux très denses, M. Pilloy, directeur de l’observatoire populaire de Saint-Quentin, a vu, le 15 juillet, vers minuit, un bolide de la grosseur du tiers apparent de la lune, aller de Wega de la Lyre à a du Sagittaire. Le bolide a mis environ 10 secondes pour effectuer ce trajet. Le Journal du ciel
ajoute que ce météore laissa derrière lui’une traînée lumineuse, qui persista environ trois secondes. La couleur du bolide était d’un blanc éclatant. On pourrait croire cependant, d’après la lenteur de sa marche, que ce bolide n’était autre chose qu’une décharge électrique courant de l’un à l’autre des nuages orageux. Il faut savoir, en effet, que la foudre venait de tomber à 100 mètres de l’observatoire et de dépouiller entièrement un arbre de son écorce.” Source : L’Année scientifique et industrielle, 1880.

Avant octobre 1880, Tourtrol (Ariège). “A la suite de l’article que nous avons publié sur ce sujet, notre confrère le Mémorial Cauchois de Fécamp donne l’intéressant renseignement suivant : Nous possédons une météorite qui pèse 2 kilogrammes 800 grammes. Elle a été donnée par M. Barrère, instituteur à Tourtrol, canton de Mirepoix (Ariège), au mois d’octobre 1880. Cette météorite, un des plus beaux spécimens de tous ceux qu’on possède en France, a été ramassée dans un champ, près du village de Jalabert, aux environs de Tourtrol, par
une femme qui arrachait des pommes de terre. Effrayée par un bruit épouvantable, elle vit à quelques pas devant elle une boule de feu tomber et creuser un trou dans la terre. La pierre à foudre, c’est ainsi qu’on l’appelle dans le pays, était brûlante, profondément entrée dans le sol. Elle ne put être touchée avec les mains que plusieurs heures après sa chute. L’aspect de cette météorite est bizarre ; elle est en forme de boule de neige, informément ronde, de couleur grisâtre. On dirait des scories de volcan, de la pierre et du verre fondus ensemble à la suite d’une température extraordinaire. Les habitants de l’Ariège l’appellent pierre à foudre, parce que, disent-ils, la foudre ne tombe jamais sur une maison où il s’en trouve une.” Source : Le Rappel du 7 mars 1897 et Le XIXe siècle du 7 mars 1896.

1880, début octobre, vers Nantes (Loire-Atlantique). “On lit dans le Phare de la Loire :
On a aperçu hier, à sept heures du soir, dans la direction d’Angers, c’est-à-dire vers l’Est, un bolide affectant la forme presque ronde et la grosseur d’un boulet moyen, se dirigeant, avec un sifflement très perceptible à l’oreille, dans la direction de l’Ouest, du côté de St-Nazaire. Le globe était d’un rouge ardent et ses contours étaient arrêtés par un cercle d’un noir bleuâtre. L’apparition de ce météore, au milieu de la pluie qui tombait alors, est assez singulière pour mériter d’être signalée.” Source : Le Petit Breton du 8 octobre 1880.

1880, novembre, Calais (Pas-de-Calais). “On lit dans le Propagateur du Pas-de- Calais. Hier, vers cinq heures et demie du soir, le ciel fut tout à coup si vivement illuminé, que les personnes qui tournaient le dos à la lumière furent instinctivement obligées de se retourner. Elles aperçurent alors un météore ayant la forme d’une étoile avec une longue queue en éventail dont les nombreux rayons reflétaient les couleurs de l’arc-en-ciel. C’était un spectacle imposant. Ou a suivi la marche de météore, du levant au couchant, jusqu’à ce qu’on le vit s’éteindre comme un de ces artifices communément appelés chandelle romaine, en tordant sa queue sans cependant se diviser. Les personnes qui rappellent la comète de 1858 trouvaient que cette dernière était bien pâle, comparée à l’espèce d’étoile qu’elles venaient d’admirer et qui paraissait plus rapprochée de la terre. Il s’agit très probablement d’un bolide, car aucune comète n’a été annoncée par l’Observatoire.” Source : L’Union nationale du 8 novembre 1880.

1881, en février, en Seine-Maritime. “On écrit de Rouen qu’un magnifique bolide a été aperçu hier soir dans la direction du mont Saint-Aignan. Le météore traversait rapidement l’atmosphère de l’est à l’ouest, suivant une trajectoire oblique et projetant uae brillante clarté. L’apparition s’est produite à 7 heures 20 m. elle a été remarquée d’un grand nombre de personnes.” Source : L’Union nationale du 27 février 1881.

1881, 27 avril, Le Nouvion-en-Thiérache (Aisne). “M. Baudoin a observé deux météorites, le mercredi 27 avril 1881, à 1 heure 30 minutes du matin, près le Nouvion-en-Thiérache. Le premier bolide, d’un diamètre apparent de 0°,20 à 0m,22, présentait un noyau central d’un bleu éblouissant, autour duquel on croyait voir de la fonte coulante le centre du noyau semblait noir. Parti du sud, sous un angle de 45 degrés environ avec l’horizon, dans une direction O. N. O. E. N. E., le météore a disparu, sans traînée ni explosion, après avoir brillé pendant deux secondes à peu près autant que la pleine lune. Cinq minutes plus tard, à peu près au zénith et à une très grande hauteur, dans une direction diamétralement opposée, M. Baudoin a observé une étoile filante qui se réduisit en gouttes de feu, paraissant descendre sans bruit, sur un parcours apparent de 1m,75; en formant une chaîne craquelée, de grosseur inégale.” Source : L’Année Scientifique Et Industrielle, 1882.

1881, 13 novembre, Châteaudun (Eure-et-Loir). La chute d’une météorite aurait été observée
par plusieurs personnes au-dessus de Châteaudun. “Le dimanche 13 novembre 1881, à cinq heures du soir, nous nous trouvions sur la terrasse qui existe au milieu du Mail ; nous tournions le dos à la fontaine située en cet endroit, juste dans la direction de la rue du Cours ;
le temps était couvert, la nuit approchait. En regardant les coteaux de la rive droite du Loir, dans la direction de la brasserie de M. Lelièvre, nous vîmes tout à coup tomber un aérolithe, précisément en face de nous. Le météore s’enflamma à une hauteur difficile à apprécier, mais qui, toutefois, ne pouvait permettre de le confondre avec une fusée ou avec tout autre artifice. La direction de la trajectoire était presque verticale, s’inclinant du sud-ouest vers le sud-est. La flamme, d’une teinte vert-pâle, fut accompagnée d’une quantité notable de fumée. Aucun bruit ni aucun roulement ne fut perçu. M. Plion, en effet, a remarqué que l’ignition ne s’est manifestée qu’à une petite distance du toit de la maison n°92 de la route de Chartres ; lui, cependant occupait le milieu de la chaussée, vis-à-vis le n°57. D’après cela, en traçant deux lignes : l’une, qui part de la fontaine du Mail pour se diriger tangentiellement au toit du bâtiment d’habitation et d’administration de la brasserie Lelièvre ; l’autre, qui joint le milieu de la chaussée de la rue de Chartres, en face du n° 57, au toit de la maison n°92 de la même rue, on obtient deux droites dont la seconde coupe la première à environ six cent mètres du toit de l’immeuble Lelièvre. L’aérolithe a donc dû tomber dans les environs de la pointe amont de l’île formée par les deux bras du Loir. Nous avons opéré le tracé des lignes sur la carte de Châteaudun dressée par M. Pavie et
publiée par M. Pouillier-Vaudecraine. Peut-être trouvera-t-on un jour cet aérolithe ; c’est en vain que nous avons interrogé quelques habitants du faubourg Saint-Jean, aucun n’a pu nous donner un renseignement quelconque. D’ailleurs, le dimanche, à cinq heures du soir, en novembre, personne de ce quartier-là n’est dans les champs. Les chances qu’un chercheur a de mettre la main sur cet échantillon sont bien faibles, car il peut très bien avoir été réduit en poussière avant d’arriver au niveau du sol, ou s’être précipité dans le lit de la rivière, et alors on n’en trouvera jamais la moindre trace.”
Source : Delcros, “Notice sur la chute d’un aérolithe observée à Chateaudun le 13
novembre 1881”, Société dunoise d’archéologie, d’histoire, des sciences et des arts, vol. 4, 1885.

1882, 2 février, Amiens (Somme). “Le jeudi 2 février, à cinq heures douze minutes du matin, un magnifique bolide a été observé à Amiens.
Parti de la constellation du Lion, en laissant derrière lui une brillante traînée, le météore a éclaté non loin de l’étoile Pollux, des Gémeaux, et s’est épanoui en une magnifique gerbe de feu. Puis, le fragment principal est allé se perdre à l’horizon entre les constellations du Cocher et du Taureau.
L’éclat de ce météore effaçait celui de la lune, qui cependant éclairait très vivement toute cette région du ciel où elle se trouvait alors.” Source : L’Echo des Pyrénées du 15 février 1882.

1882, 3 février, Cluis (Indre). “On écrit de Cluis au Moniteur de l’Indre : Le 3 février à 9 heures 10 minutes du soir, la campagne fut tout à coup illuminée par le passage d’un superbe bolide traversant l’espace du nord-est au nord-ouest. Cet aérolithe semblait passer à une faible hauteur. Une minute après son passage et dans sa direction, il se produisait une détonation lointaine analogue à l’explosion d’une poudrière. Ce bruit fut répercuté en écho par la vallée de la Bouzanne. Quelques instans avant le passage du bolide, il s’était produit une très légère secousse de tremblement de terre.” Source : Journal des débats politiques et littéraires, 9 février 1882.
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“Un correspondant de Cluis écrit le 4 février au Moniteur de l’Indre : Hier, 3 février, à 9 h. 10 minutes du soir, la campagne fut tout à coup illuminée par le passage d’un superbe bolide traversant l’espace du nord-est au nord-ouest. Cet aérolithe semblait passer à une faible hauteur. Une minute après son passage et dans sa direction, il se produisait une détonation lointaine analogue à l’explosion d’une poudrière ; ce bruit fut répercuté en écho par la vallée de la Bouzanne. Quelques instants avant le passage du bolide, il s‘était produit une très légère secousse de tremblement de terre.
Ce fait n’est pas isolé ; nous recevons d’Amiens pareille observation : Un magnifique bolide a été observé à Amiens jeudi dernier, à cinq heures douze minutes du matin. Parti de la constellation du Lion, en laissant derrière lui une brillante traînée, le météore a éclaté non loin de l’étoile Pollux, des Gémeaux, et s’est épanoui en une magnifique gerbe de feu. Puis, le fragment principal est allé se perdre à l’horizon entre les constellations du Cocher et du Taureau. L’éclat de ce météore effaçait celui de la lune, qui, cependant, éclairait très vivement toute cette région du ciel, où elle se trouvait alors.“ Source : L’Union libérale du 8 février 1882.

1882, 2 mars, dans la Manche et au Royaume-Uni. “L’un de ces bolides extraordinaires a été observé, le 2 mars dernier, à 10h 30m du soir, à Ouville (Manche), par M. Cirou, ancien instituteur, ses deux soeurs et sa nièce. Une lueur très intense frappa soudain les yeux, illuminant subitement la cour et les murs d’une maison. Ce fut comme un jour subit. On n’eut pas le temps de voir le bolide lui-même, car la première impression fut celle d’une illumination terrestre. Toutefois on put remarquer que la lueur a passé du S.-E. au N.-O. Ce bolide a traversé la Manche et a été observé en Angleterre. A Capel, dans le comté de Surrey, sa lumière a été assez vive pour illuminer la campagne comme le plus brillant clair de lune.” Source : L’astronomie, n°1, janvier 1883.

1882, 4 mars, Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), Chaumont (Haute-Marne), Paris, et au Royaume-Uni. “Un météore non moins brillant a été observé, le 4 mars, à Sainte-Marie-aux- Mines (Haut-Rhin), se dirigeant du N.-E. au S.-O. La lueur projetée sur le passage de ce bolide a produit dans les chambres, pendant quelques secondes, l’effet d‘un éclair. On a vu le météore se séparer en fragments lumineux de couleur pourpre et rouge feu. Ce bolide est passé sur Chaumont (Haute-Marne), où il a été observé par M. Cousin, qui, de plus, a entendu un sourd sifflement dans l’air, et qui pensait qu’il avait dû tomber près de Chaumont. Mais il a continué sa route fort au delà. M. Gaborcau nous écrit de Paris que, se trouvant ce soir-là au bois de Boulogne, il croit avoir été témoin de la chute d’un magnifique bolide qui aurait éclaté à trente ou quarante mètres de distance, sans bruit. Il est certain que le bolide a continué sa route plus loin encore. En effet, à Bregner, Bournemouth (Angleterre), M. H. Cecil l’a vu passer , se dirigeant du S.-E. au N.-O. Les observateurs s’accordent pour donner à ce bolide un mouvement assez lent. Son passage a eu lieu vers 9h0m, temps de Paris.” Source : L’astronomie, n°1, janvier 1883.

1882, 19 juin, Soultzeren (Haut-Rhin). “On écrit de Soultzeren (Alsace) : Dans la nuit de dimanche à lundi, entre une et deux heures du matin, des habitants de notre commune se dirigeant vers Munster ont été témoins d’un spectacle étrange.
Au milieu de cette nuit sombre, et tandi qu’une petite pluie fine, semblable à du brouillard, tombait par toute la vallée, soudain la route et les montagnes furent éclairées par une lueur blanchâtre teintée de bleu, il faisait clair presque comme à la pointe du jour et l’on distinguait toutes choses.
Cette lueur semblait être reflétée par un corps lumineux situé au delà des montagnes, vers le sud.
Presque au même instant on vit un météore de forme oblongue dont la teinte ne peut être mieux comparée qu’à celle de la lumière électrique, ayant environ la longueur d’une comète, queue comprise, et large à peu fœès comme la lune, qui, avec la rapidité de l‘éclair, partait du sud est et se dirigeait vers le nord-ouest, et s’engouffra derrière les dernières cimes des Vosges.
Le phénomène dura environ trente secondes. »” Source : Le Rappel du 22 juin 1882.

1882, 13 octobre, Ax-les-Thermes (Ariège). “On écrit d’Ax Ariège : Un fait très curieux vient de se produire. Vendredi, vers trois heures de l’après-midi, une averse est tombée sur notre petite ville. Cette averse a été suivie de grêle et n’a cessé qu’une demi heure après. J’étais dans la campagne, et je vis un nuage détaché des autres, paraissant descendre et entourant un objet lumineux. Au bout d’un instant, il disparut ; mais il m’avait tellement troublé, que je m’évanouis. Quand je revins à moi, je regagnais ma demeure très impressionné. Le travail commande, dit le proverbe. A l’aube du jour suivant, c’est-à-dire samedi matin, j’allais labourer mes champs, lorsque j’ai revu le nuage. Il semblait reposer, et il reposait, en effet, dans un champ appartenant à M. Léon Naudy, limonadier à Ax, et qui est situé au quartier de la Galline du côté Nord de la ville. J’ai été aussitôt en avertir son fils. Nous sommes revenus au champ ensemble. Le nuage, en ce moment, achevait de disparaître. Mais il avait déposé au milieu du champ l’objet lumineux que j’avais remarqué la veille. Nous nous sommes avancés, M. Naudy et moi, et avons constaté le fait. Nous avons même touché, de nos propres mains, le corps dont, selon l’expression d’un paysan, “le nuage a accouché.” Le nuage a accouché d’un aérolithe qui ne parait peser que quelques 600 kilogrammes seulement !” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 20 octobre 1882.

1882, 6 novembre, Rodez (Aveyron). “Lundi soir, à 10 heures, un bolide superbe a traversé le ciel au-dessus-de Rodez, se dirigeai de l’Est vers le Nord. Ce bolide avait ceci de particulièrement curieux qu’il était accompagné d’une trainée d’etincelles.” Source : Journal de l’Aveyron du 9 novembre 1882.

1882, près de Metz (Moselle). On peut lire dans les Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon (1924) l’extrait suivant : “M. le secrétaire présente un superbe échantillon minéral, offert par M. Gaillier, adhérent, de Seurre, qui l’a envoyé comme aérolithe. M. le secrétaire explique que cette pierre est, en réalité, une concrétion pyriteuse de Champagne. Ces concrétions ont longtemps passé pour
des aérolithes. Il montre un fragment de véritable météorite, tombé près de Metz en 1882 et donne quelques explications sur ce genre
de phénomène.”

1883, 11 février, Fragnes (Saône-et-Loire). “Monsieur le Rédacteur, je lis dans le Progrès une superbe description d’un bolide qui serait tombé dimanche soir à 10 h. 45 du côté de Fragnes.” Source : Courrier de Saône-et-Loire du 15 février 1883.

1883, 4 mars, Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), Chaumont (Haute-Marne), Arrelles (Aube), Paris. Un météore est observé, se déplaçant du nord-est au sud-ouest. La lueur produisit pendant quelques secondes l’effet d’un éclair. Le météore se sépara en fragments lumineux de couleur pourpre et rouge feu. M. Cousin, habitant Chaumont, entendit un sifflement sourd à son passage. Le bolide continua sa course. “Un météore non moins brillant a été observé, le 4 mars, à Sainte-Marie-aux-Mines (Haut-Rhin), se dirigeant du N .-E. au S .-O. La lueur projetée sur le passage de ce bolide a produit dans les chambres, pendant quelques secondes, l’effet d’un éclair. On a vu le météore se séparer en fragments lumineux de couleur pourpre et rouge feu. Ce bolide est passé sur Chaumont (Haute-Marne), où il a été observé par M. Cousin, qui, de plus, a entendu un sourd sifflement dans l’air, et qui pensait qu‘il avait dû tomber près de Chaumont. Mais il a continué sa route fort au delà. M. Gaboreau nous écrit de Paris que, se trouvant ce soir-là au bois de Boulogne, il croit avoir été témoin de la chute d’un magnifique bolide qui aurait éclaté à trente ou quarante mètres de distance, sans bruit. Il est certain que le bolide a continué sa route plus loin encore.” Source : L’Astronomie, n° 8, 1883.
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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine (Aube) donne quelques renseignements complémentaires : “Arrelles. -
Le dimanche 4 mars, à neuf heures
du soir, un bolide a été observé dans cette commune par M. Poulet, garde forestier. Ce météore arrivait rapidement du sud-est, suivant la direction du vent dominant de la journée. Son éclat était tel que toutes les maisons d’Arrelles parurent comme illuminées par une lueur électrique intense. Puis, le bolide se brisa en mille morceaux qui se répandirent en gerbes lumineuses semblables à des étoiles filantes, produisant un fantastique feu d’artifice, et disparurent en s’éteignant. L’observateur n’entendit aucun bruit lorsque ce bolide éclata, mais il est probable que c’est parce que le météore, qui paraissait être à 45 degrés au-dessus de l’horizon,était trop éloigné. On a dû l’apercevoir aussi de Balnot, des Riceys et de Mussy.”

1883, 9 mars, Bretagne. “Vendredi soir, vers neuf heures et demie, dit l’Indépendance Bretonne, de nombreuses personnes ont pu apercevoir pendant quelques secondes, dans le firmament un immense globe de feu tournoyant sur lui-même, avec un bruit semblable au roulement du tonnerre et répandant une grande et vive clarté. C’était un magnifique bolide.” Source : Le Morbihannais du 11 mars 1883.

1883, 14 avril, Vannes (Morbihan). “Un brillant bolide a été de nouveau remarqué au-dessus de la ville de Vannes, samedi, dans la même direction, (du S.E au N.O.) que le précédent.” Sources : Courrier de Bretagne du 21 avril 1883, Le Petit Breton du 17 avril 1883.

1883, 22 avril, Vineuil. (Loir-et-Cher). “Le dimanche 22 avril, des habitants de la commune de Vineuil près Blois (Loiret-et-Cher) ont vu un phénomène rare pour eux. Vers 9 heures du soir, ils ont remarqué une vive lumière, paraissant venir du zénith, et qui était projetée sur la commune. Aussitôt une masse incandescente, en forme de boule, se montra dans le ciel. La direction du météore était du sud-ouest au sud. Il traversa l’espace, avec une vitesse médiocre, et disparut sous l’horizon, en laissant à sa suite une traînée lumineuse très brillante.” Source : L. Figuier, l’année scientifique et industrielle, 1883.

1883, 13 mai, Mulhouse (Haut-Rhin), Epinal (Vosges), à Soufflenheim (Bas-Rhin) et en Suisse. “Le bolide, dont nous vous avons signalé le passage, a été vu également de Mulhouse et d’autres localités du Haut-Rhin. Voici ce que nous lisons à ce sujet dans l’Express : Hier dimanche, vers sept heures et demie, on a vu un brillant météore traverser le ciel dans la direction de Bauzenheim.” Source : Le Mémorial des Vosges du 20 mai 1883.
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On trouve également ce complément d’information dans le journal l’Express du 17 mai : “Le phénomène dont nous avons parlé hier et qui a été constaté à Mulhouse et à Burtzwiller a été aperçu dans d’autres localités. C’est ainsi que d’après une correspondance adressée à un de nos
confrères, le météore a été également vu à Saufflenheim, vers huit heures un quart. Dans cette localité, le bolide semblait avoir un décimètre et était suivi d’une longue queue de couleur rose-blanc. Au moment de disparaître,
il a lancé des éclats.”
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Le Petit Messin du 17 mai 1883 indique la trajectoire du météore : “Dimanche soir vers 8 h un quart, signale-t-on de Soufflenheim un bolide d’une grandeur d’un décimètre a été aperçu se dirigeant du S S E au N NO; vu à l’œil nu, le noyau en flamme traînait une longue queue d’une couleur rose blanc. Sa marche était relativement lente. Au moment de disparaître, il a lancé des éclats.”
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“Dimanche soir, à 7 heures 45, nous avons aperçu, traversant l’espace avec rapidioité, un bolide ayant assez exactement la forme d’un obus et se dessinant sur le fond du ciel par une lmière éclatante de blancheur. Un court sillon lumiuneux suivait le bolide dans sa course. Du point de la rue des Forts, où nous avons aperçu le météore, entre la rue de la Préfecture et la rue Thiers, il paraissait être à environ deux cents mètres de nous, du côté du faubourg d’Ambrail, et ne pas dépasser la hauteur de quatre-vingts mètres au-dessus du sol. Sa direction était perpendiculaire à la rue des Forts, c’est-à-dire légèrement inclinée du sud-est au nord-ouest. La courbe, très peu prononcée, suivait une direction très légèrement inclinée vers la terre. Un faible sifflement, produit par la traversée de l’air, s’est fait entendre au moment du passage du météore.Nous n’avons vu dans aucun autre journal que ce phénomène ait été signalé, ni à quel endroit le bolide est tombé.“ Source : Le Mémorial des Vosges du 18 mai 1883.
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“Plusieurs personnes d’Epinal et des environs signalent la chute d’un bolide, le dimanche 13 mai, vers huit heures du soir.
Ce phénomène avait la forme d’un obus et dessinait sur le fond du ciel une lumière blanche très-éclatante ; sa direction était de Sud-Est Nord-Ouest, avec une courbe très-peu prononcée inclinée vers l’horizon.
Au moment du passage du météore, on a parfaitement entendu un faible sifflement.
Il a été vu aussi à Soufflenheim, à Mulhouse et dans les environs. Il paraissait avoir un décimètre de diamètre et était suivi d’une longue queue rose pâle. Il a paru éclater au moment où il disparaissait aux yeux des spectateurs.
Ce même météore a été aperçu, dans la soirée de dimanche, à Genève, à huit heures trois minutes ; il paraissait venir des régions situées au-dessus du Petit-Saconnex, et marchait obliquement de l’Ouest à l’Est ; il semblait s’être dissipé au-dessus de Fernex.
Ce même météore a été signalé par plusieurs journaux de la Suisse allemande : il a été, par exemple, observé à Bâle, à huit heures huit minutes du soir, sous la forme d’une boule blanche et brillante qui se mouvait dans le ciel du Couchant, de l’Est au Nord, traînant après lui une queue de lumière rouge, et qui disparut après quelques secondes.
A Lucerne, on l’a vu exactement à la même heure, d’abord d’une couleur bleuâtre qui passa ensuite au vert, un peu avant l’instant où il descendit comme un point noir au-dessous de la ligne de l’horizon.“ Source : Le Messager du Midi du 25 mai 1883.

1883, 9 août, Nantes (Loire-Atlantique). On lit
dans le Petit Parisien du 14 août 1883 la
dépêche suivante : “Nantes, 12 août. La nuit dernière, un bolide, gros comme la tête d’un homme, a passé sur la ville. Au-dessus de la cathédrale, l’aérolithe a éclaté avec une détonation semblable à celle d’un canon tiré dans le lointain.” La date la plus probable est le 9 août puisqu’un article était paru dans le Morbihannais du 10 août.

1883, 19 août, Beauregard (Ain). “Dimanche
dernier, une détonation semblable à celle d’une grosse pièce d’artillerie, ébranlait l’atmosphère à Villefranche et se répercutait au loin comme les grondements du tonnerre. C’était un bolide qui venait d’éclater à une hauteur probablement très grande. Plusieurs personnes aperçurent une vaste traînée lumineuse, une sorte de buisson de feu. Aussitôt après l’explosion principale, on entendit des sifflements produits par les éclats du bolide. Les habitants de la commune de Beauregard (Ain) prétendent qu’un fragment de cet aérolithe est tombé sur le territoire.”
Source : L’Eclair, 25 août 1883.

1883, 21 août, Strasbourg (Bas-Rhin). “Un météore lumineux a été aperçu à Strasbourg, mardi dernier, vers neuf heures et demie du soir. Le phénomène se produisit dans la direction de l’Est : une boule lumineuse, d’un bleu très vif et d’un éclat sans traînée, tomba en direction quasi perpendiculaire du zénith vers l’atmosphère terrestre. L’horizon ayant été malheureusement trop restreint, on n’a pas pu davantage observer ce phénomène.” Source : Le Petit Messin du 28 août 1883.

1883, 22 août, Saint-Just (Cher). “On nous écrit de Saint-Just qu’un bolide, de la grosseur d’un boulet de fort calibre, a été aperçu mercredi soir, vers 7 heures et demie, rasant les toits des maisons, laissant après lui une vaste traînée lumineuse. Cet aérolithe a été aperçu peu de temps auparavant à Bourges, au-dessus de l’église St-Pierre-le-Guillard. On croit qu’il a dû tomber sur le territoire de Saint-Just et s’enfoncer profondément dans le sol.”
Sources : Courrier du Berry du 26 août 1883 et
le Journal du Cher du 25 août 1883.

1883, 22 août, Forbach (Moselle). “Un météore lumineux a été aperçu à Forbach, le 22 août, vers 8 heures du soir. Une boule d’un vif éclat, avec une queue lumineuse d’environ 40 mètres de longueur se dirigeait avec une majestueuse lenteur du sud au nord. On comprend aisément le joyeux étonnement des spectateurs.” Source : Le Lorrain du 28 août 1883.

1883, 2 septembre, entre Chindrieux et Saint-Germain-la-Chambotte (Savoie). “Les personnes qui seraient désireuses d’étudier de près un aérolithe (?) peuvent en voir un à Chindrieux en Savoie. On écrit, en effet, de cette localité au Patriote Savoisien : Dimanche dernier, un jeune homme de Chindrieux, revenant de Saint-Germain par la route dite de la Chambotte, fut vivement effrayé par la chute d’un corps coïncidant avec un coup de tonnerre et qui tomba à quelques pas de lui. Ce corps, qu’il s’empressa de ramasser et qu’il me remit, à son passage, n’est autre chose, je crois, qu’un aérolithe. Il pèse 950 grammes. Sa composition parait être le résultat du mélange de plusieurs métaux en fusion parmi lesquels on ne peut révoquer en doute la présence du fer et du plomb. On y remarque aussi quelques parties d’un autre corps complètement carbonisé. Une des faces est recouverte dans toute son étendue d’une grande quantité de fort jolis cristaux dont quelques-uns ont un peu souffert de la chute, quoique elle ait eu lieu sur un sol relativement peu dur. Cet aérolithe dégage une odeur telle que celle qu’on obtient en éteignant le feu sous une grande quantité d’eau. Les personnes qui voudraient en faire l’acquisition le trouveront au restaurant Etienne Tarut, à Chindrieux.” Source : La Tribune de Genève du 8 septembre 1883.

1883, 23 septembre, Evreux (Eure). Vers 22 h 40, un météore est observé au-dessus d’Evreux. Il se déplace du sud vers le nord et, quelques secondes avant de disparaître, se sépare en
deux morceaux. Aucune détonation n’a été entendue. Sources : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences, tome 97.

1883, début octobre, Lyon et environs (Rhône). “Un météore d’un éclat extraordinaire a élé vu ces jours derniers à Lyon et dans tout son territoire. Le bolide projetait une lumière si intense, que toute la population en a élé saisie d’étonnement. Une partie du bolide s’esl brisée et les éclats en sont tombés dans le Rhône où ils se sont éteints au milieu d’une épaisse fumée.” Source : La Provence du 7 octobre 1883.

1884, 12 janvier, 21 h 15, Paris. Un météore est observé pendant près de cinq secondes, se dirigeant du nord-nord-est vers le sud-sud-ouest. Il était suivi d’une traînée blanche. Un sifflement, “analogue à celui d’une fusée” était perceptible. L’Astronomie, n°3, 1884.

1884, 28 juin, 21 h, France entière. Un météore extrêmement brillant a traversé la France. Il se dirigeait de l’est-sud-est vers l’ouest-nord-ouest. A Juvisy (Essonne), il parut ralentir et éclata en deux bolides, le plus grand filant vers le nord-ouest, l’autre semblant tomber vers l’ouest. La fragmentation fut aussi observée à Vic-sur-Aisne (Aisne), à Paris, au Pellerin (Loire-Atlantique), à Concarneau (Finistère), à Pont-l’Evêque (Calvados), Bayeux (Calvados) et au Havre (Seine-Maritime). Le météore a continué sa course vers la mer. L’Astronomie, n°8, 1884.
***
“Un correspondant de Châtellerault écrit qu’un éclatant bolide s’est subitement montré au-dessus de cette ville, dans la soirée du 27 au 28. Sa trajectoire allait du S.-E. au N.-O. A ce moment, deux cirrus, semblables à de longs panaches de fumée, apparaissaient à l’horizon au N.-O. Cette disposition rare attirait les regards de beaucoup de curieux venus sur les quais de la Vienne pour y respirer le frais.” Source : La Tribune de Genève du 1er juillet 1884.

1884, 11 août, Fontainebleau (Seine-et-Marne). “Un bolide a été observé par M. Goetche, le 11 août 1884. Voici sa relation : Me trouvant ce matin dans la forêt de Fontainebleau, sur la route dite Ronde, entre les routes de Paris et de Milly, j’ai été témoin du passage d’un bolide, sensiblement au zénith, mais toutefois un peu vers le sud, soit 10 degrés environ. Il marchait du sud-est au nord-ouest, avec la vitesse apparente d’un train de chemin de fer. Le ciel était, à ce moment, semé de petits cumulus moutonnés, très élevés, paraissant sensiblement immobiles ; des nuages bas, légers, transparents, couraient rapidement du nord-ouest au sud-est ; le Soleil était très brillant. Malgré la lumière du jour et l’éclat du Soleil, le météore, qui se détachait sur le bleu du ciel, était parfaitement visible et d’un blanc d’argent éblouissant. Il présentait la forme d’une sorte de poire très allongée, ta tête en avant, dont la longueur totale devait surpasser légèrement le diamètre apparent du Soleil. Je le vis pendant trois ou quatre secondes ; il disparut ensuite derrière les arbres..
A ce moment, je n’avais pas de montre sur moi je ne puis donc donner l’heure exacte du phénomène. Mais, comme j’étais à cheval et que je revins directement à Fontainebleau, où j’étais arrivé à 7 h. 50 m., j’estime que j’ai dû apercevoir le météore de 7 h. 25 m. à 7 h. 30 m. environ.

Le même météore a été observé par M. E.-P. Mounier, à Fontainebleau, le 11 août, à 7 h. 20 m. du matin. Ce météore allait dans la direction du nord au sud, en décrivant une parabole. Sa vitesse, qui était très inférieure à celle d’une étoile filante, diminua encore au
moment où il se sépara en trois morceaux.
A son apparition, le bolide avait la forme d’une larme batavique ; sa lumière était blanche, d’une extrême intensité, assez semblable à celle que produit un fil de magnésium en combustion, un peu irisée en bleu.
Le bolide s’est divisé en trois morceaux ; des arêtes, des brisures se détachaient des fragments d’un éclat encore
plus intense, mais qui s’éteignaient dans leur chute, presque immédiatement. Le ciel était d’une rare pureté :
un seul petit nuage blanc au-dessus de l’horizon paraissait immobile, par suite de la faiblesse du vent :
Dans les couches inférieures, le vent soufflait de l’ouest ;
dans les couches supérieures, il était du nord-ouest.” Source : L. Figuier, L’Année scientifique et industrielle, 1885.

1884, 8 novembre, Vals-les-Bains (Ardèche). “Vals. On écrit de cette ville, le 8 novembre : Un curieux phénomène météorologique a été remarqué ici avant hier soir, à neuf heures 15 minutes du soir. Il s’agit, sans doute, d’un bolide ou d’un corps errant quelconque qui a traversé le département de l’Ardèche. Voici comment: Le ciel etait clair, le temps très beau, et la lune brillait de tout son eclat, lorsque tout à coup on apercut une trainée lumineuse, éclatante, se dirigeant du Sud au Nord, avec la rapidite de l’éclair, et laissant derrière elle une longue queue large qui se terminait en pointe, semblable à celle d’une comète, mais multicolore comme l’arc-en-ciel. Son éclat a jeté sur les objets qui se trouvaient sur son passage une couleur pâle et transparente comme celle d’un feu de Bengale. Quelques personne; en présence de ce phénomène,ont été vivement impressionnées et ont cru tout d’abord se trouver enveloppées d’un nuage de feu. Puis le premier mouvement de frayeur passé, on a vu disparaitre ce phénomène au-dessus de la montage de Mezilhac et se dirigeant vers Saint-Etienne.” Source : Journal d’Annonay du 15 novembre 1884.

1884, vers le 30 septembre, Soussans (Gironde). La Croix du 30 septembre 1884
publie la dépêche suivante : “Un magnifique aérolithe est tombé à Tayac, commune de Soussans (Gironde). Il a tracé dans sa chute
un long sillon lumineux.”

1884, 5 octobre, Saint-Gilles (Vendée). “Avant-hier matin, vers onze heures, un aérolithe est tombé tout près de Saint-Gilles, mais dans la mer, à quelques dizaines de mètres du rivage. Ce bolide, très lumineux, bien qu’il fit beau
soleil, faisait entendre un sifflement et suivait une ligne entre la verticale et l’horizontale de
l’Est à l’Ouest. Au moment de sa chute à l’eau, on vit s’élever comme un petit nuage, et l’on entendit un bruit assez comparable à celui d’un coup de fusil.” Source : L’Echo de Paris, 7 octobre 1884.

1885, 23 juillet, Marseille (Bouches-du-Rhône). “Bolide lent ou bradyte. - Aux bolides lents ou bradytes signalés autrefois par M. Flammarion vient s’ajouter l’observation suivante. Le 23 juillet dernier, à 9h30 du soir, on a vu, à Marseille, apparaître une brillante étoile dans la constellation de la Balance, à 15° au-dessus de l’horizon. L’étoile atteignit l’éclat de Vénus, se dirigeant vers l’Est, et laissant derrière elle une légère traînée de feu. Elle marchait parallèlement à l’horizon, et employa près de deux minutes pour parcourir six à sept degrés. B. LIHOU” Source : L’Astronomie, vol. 4, 1885.

1885, avant la fin du mois d’août, Fontainebleau (Seine-et-Marne). “Dans une des dernières séances de l’Académie des sciences, M. Faye a lu la lettre suivante de M. le capitaine du génie F. Gœtschy, professeur à l’école d’artillerie et du génie à Fontainebleau : Me trouvant, ce matin, à Fontainebleau, sur la route dite Ronde, entre les routes de Paris et de Milly, j’ai été témoin du passage d’un bolide sensiblement au zenith, mais toutefois un peu vers le Sud, soit dix degrés environ. Il marchait du Sud-Est au Nord-Ouest avec la vitesse apparente d’un train de chemin de fer. Le ciel était, à ce moment, semé de petits cumulus moutonnés, très élevés, paraissant immobiles ; des nuages bas, légers, transparents, couraient rapidement du nord-ouest au sud-est ; le soleil était très brillant. Malgré la lumière du jour et l’éclat du soleil, le météore, qui se détachait sur le bleu du ciel, était parfaitement visible et d’un blanc d’argent éblouissant. Il présentait la forme d’une sorte de poire très allongée, la tête en avant, dont la longueur totale devait surpasser légèrement le diamètre apparent du soleil. Je le vis pendant trois ou quatre secondes et il disparut derrière les arbres. M. Gœtschy estime qu’il devait être entre 7 heures 15 et 7 heures 30 du matin lorsqu’il a aperçu le bolide.” Source : Journal de Toulouse du 31 août 1885

1885, 10 août, à 4 h, Grazac (Tarn). Le 10
août 1885 à 4 h du matin, les habitants de Grazac et de ses environs furent réveillés par une violente détonation. Une vingtaine de
roches sont tombées entre le village de Grazac
et le hameau de Montpelegry, sur une distance de 2 kilomètres. La plus grosse pesait 600 grammes. Toutefois, ces pierres ne sont pas considérées comme des météorites. Voici le court récit de cette supposée chute dans le tome 104 des Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences en 1887 : “Sur un essaim météorique tombé le 10 août 1885, aux environs de Grazac et de Montpelegry (Tarn). Note de M. Alfred Caraven-Cachin, présentée par M. Daubrée. Le 10 août 1885, à 4h du matin, une chute de météorites a eu lieu sur la commune de Grazac (Tarn). Cette chute fut accompagnée d’un bruit comparable à celui d’un violent coup de tonnerre. Les métayers, saisis de frayeur, sautèrent à bas de leur lit, tandis que les bœufs et les chevaux piaffaient dans les étables et brisaient leurs chaînes. En même temps, les météorites incendiaient et consumaient entièrement une meule de 1500 gerbes de blé à la métairie de Laborie*. Les pierres recueillies, au nombre de vingt, étaient répandues entre le village de Grazac et le hameau de Montpelegry, c’est-à-dire sur une distance de 2 kilomètres. Elles affectaient des formes plus ou moins irrégulières ;
la plus grosse pesait environ 600 grammes. La poussière d’un échantillon recueilli à Laborie, que j’ai pu examiner, attire fortement l’aiguille aimantée ; sa couleur est noire. Tendre et friable, elle laisse une trace noire sur le papier. Au microscope, elle montre de très petites paillettes métalliques fort
magnétiques.

* Autre orthographe : La Bourie ou La Borie”
***
Toujours dans le tome 104 des Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences en 1887, MM. Daubrée et Meunier indiquent les résultats de leurs observations : “Observations sur la météorite de Grazac ; type charbonneux nouveau qu’elle représente ; par MM. Daubrée
et Stanislas Meunier.
C’est par une circonstance fortuite que M. Caraven-Cachin, en poursuivant ses études archéologiques, a eu connaissance d’une chute remontant à près de deux années qui, sans lui, serait restée perdue pour la Science. Dans trois tournées successives, il n’a pu qu’à grand’peine en recueillir quelques parcelles chez les paysans en raison de sa friabilité, la substance tombée avait déjà presque complètement disparu. Cette météorite se rapproche des météorites charbonneuses d’Orgueil et du Cap ; mais elle s’en distingue à la fois par son aspect et par ses caractères chimiques. Au lieu d’être homogène et uniformément terne comme celles-ci, elle montre des parties noires affectant une disposition rubanée, qui contrastent par leur éclat métalloïde avec le noir sombre et très légèrement ocracé du fond. La cassure est granuleuse et présente quelques globules rappelant les chondres si fréquents dans les météorites. L’aspect général est assez voisin de certaines variétés d’oxyde de manganèse, d’oxyde de cuivre et de cinabre bitumineux d’Idria. De même que l’aspect, l’action sur le barreau aimanté montre combien cette matière est peu homogène. Tandis qu’un échantillon n’agit que très faiblement, un autre dévie énergiquement l’aiguille; le troisième n’a d’action que par un de ses côtés ; aucun n’a paru posséder de pôles. La densité, prise sur un très petitfragmentpesant 0gr, 25, a été trouvée égale à 4,16. A cause de l’extrême rareté de la météorite, les essais chimiques n’ont été faits que sur des esquilles et ne sauraient, par conséquent, être complets. Chauffée dans un tube fermé, la matière laisse dégager d’abord de l’eau, puis des vapeurs blanchâtres et épaisses, à odeur bitumineuse. Le résidu fixe est une substance noire, brillante, très magnétique, qui, chauffée dans un tube ouvert, devient d’un brun ocreux. Par l’eau bouillante on en extrait des traces très sensibles de sulfates et de chlorures. Avec l’acide chlorhydrique, on obtient une liqueur donnant nettement les réactions du fer, sans qu’on ait pu chercher le nickel. Le résidu conserve l’aspect primitif de l’échantillon. Les grains magnétiques extraits de la poussière ont très nettement précipité le sulfate de cuivre, à la manière du fer métallique. Les lames minces étant restées entièrement opaques, nous avons examiné au microscope la poussière de la roche. Au milieu de parties noires en quantité tout à fait prédominante, apparaissent des éclats transparents, de formes irrégulières, sans contours cristallisés. Tous sont très actifs sur la lumière polarisée. Les uns donnent des mosaïques très colorées, à la manière du péridot; d’autres sont fibreux, comme l’est souvent l’enstatite. La gelée qui se produit par leur contact avec l’acide chlorhydrique indique la présence d’un silicate attaquable. Tout incomplets qu’ils sont forcément, les caractères qui précèdent suffisent pour faire de la météorite de Grazac un type lithologique complètement nouveau. Ce type est d’autant plus remarquable qu’il appartient à la catégorie des météorites charbonneuses, si rares et si intéressantes, qui, par leur ressemblance avec nos combustibles minéraux, ont invité à rechercher des manifestations biologiques en dehors du globe.”

1885, 2 septembre, Embrun (Hautes-Alpes). “Mercredi vers 8 heures 1/2 du soir, les promeneurs ont du remarquer le passage d’un bolide qui parti du Mont-Guillaume s’est prolongé encore assez loin et a éclairé d’une lueur blanchâtre sur tout son parcours.” Source : La Durance (journal d’Embrun et de Briançon) du 6 septembre 1885.

1885, 10 septembre, près d’Amiens (Somme). “Un ouvrier de l’imprimerie Rousseau-Leroy, à Amiens, se trouvant le 10 septembre au soir sur les bords de la Somme, avec un de ses amis, a tout à coup aperçu un caillou enflammé qui semblait venir de très loin et qui est tombé dans la Somme non loin d’eux en prodisant un grésillement semblable à celui d’un fer rouge que l’on plonge dans l’eau. La route parcourue par ce caillou leur parut verticale.” L’Astronomie, n°4, 1885.

1885, 3 novembre, Chaumont et Bourbonne-les-Bains (Haute-Marne). “1885, 3 novembre, Chaumont (Haute-Marne). Le 3 novembre, à 8 h 30 du soir, on a vu, dans tout le département de la Haute-Marne, une lueur immense embraser tout à coup l’horizon, puis disparaître presque aussitôt. A Chaumont, on n’a rien entendu; mais dans les environs de Bourbonne plusieurs personnes ayant entendu une détonation violente ont cru qu’il s’agissait d’un éclair ordinaire; des voyageurs ont raconté qu’il s’est produit après l’apparition du phénomène un bruit semblable à un roulement de wagons vides sur un pont en fer.
Cette fois encore il est permis de se demander si l’on a affaire à un bolide ou à un violent coup de foudre. Mais n’est-il pas singulier que trois jours de suite on ait observé dans des localités
tellement éloignées des phénomènes lumineux qui ne se rnanifestent que rarement ?” Source : Lumières dans la Nuit, n° 48, juin 1962.

1885, 10 novembre, en Haute-Marne. “Le bolide du 10 Novembre a dépassé les bornes de notre département : il a été aperçu à Bourbonne-les-Bains, à Chalindrey et s’est échoué à quelques kilomètres au Sud-Est de Langres. Voici dans quels termes : L’Avenir de la Haute-Marne parle de ce météore. Le sieur Darbot, venant de Pailly, regagnait Rivières, quand, arrivé sur le pont situé près de Palaiseul ses regards furent attirés par un globe lumineux ; à peine eût-il le temps de le fixer que ce globe éclatait avec un grand fracas en projetant une lumière éblouissante. Le voyageur, tout stupéfait, fut cloué sur placé par l’émotion qu’il ressentit, ses jambes toutes tremblantes ne pouvaient plus le porter ; ses yeux ne le guidaient plus et c’est à grand peine qu’i1 finit par recouvrer ses esprits et put continuer sa route. L’impression qui lui est restée c’est que, avant d’éclater, le globe lui avait paru avoir la grosseur apparente de la lune. Il ne fut pas le seul témoin du phénomène car la lueur très vive projetée au moment de l’explosion a même été constatée à Langres, mais il doit être l’un des rares qui ont pu l’observer dans toutes ses phases.“ Source : Le Vosgien du 24 janvier 1886.

1885, 18 novembre, Paris. “Observation d’un bolide ; Par M. Stanislas MEUNIER. Passant ce soir, mercredi 18 novembre, à 6h30m, au coin de la rue Linné et de la rue des Boulangers, et me dirigeant vers la Pitié, je vis apparaître un beau bolide. Il se montra dans le sud-sud-est, au voisinage de la Lune, en ce moment peu éloignée de son plein, et présenta la forme d’un corps non régulièrement circulaire, dont le diamètre apparent excédait sensiblement celui de Vénus. Il me sembla complètement blanc : son éclat était plus vif que celui de ]a Lune et des nombreux becs de gaz entre lesquels je le voyais. Le météore n’était pas à plus de 40° au-dessus de l’horizon; il descendit avec une lenteur des plus remarquables vers le sud, en suivant une pente de 45° environ. Plusieurs étincelles très blanches tombèrent derrière lui. Il disparut, masqué par les maisons, et je n’entendis aucun bruit.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France, 2e série, t. 12, 1885-1886.

1885, fin novembre, Baratier (Hautes-Alpes). “Nos lecteurs ont encore présente à la mémoire la magnifique pluie d’étoiles, qui a eu lieu dans les derniers jours de novembre ; un bolide tomba le soir même dans le torrent de Vachères. Après de longues recherches M. l’agent forestier à Baratier, a pu retrouver ce fragment d’astre dans le lit du torrent.” Source : La Durance (journal d’Embrun et de Briançon) du 20 décembre 1885.

1886, probablement le 28 mai, Saint-Rambert d’Albon (Drôme). “Uu bolide d’une forme très brillante, venant du Nord-Ouest est tombé dans la commune de Saint-Rambert d’Olbon (Drôme), pendant l’orage qui a éclaté sur presque toute la France.
Quelques secondes avant de tomber, cet aérolithe a éclaté en produisant une vive lueur. En tombant, il a fait un bruit semblable à une balle de fusil frappant contre une plaque métallique, puis la colonne de fumée s’est élevée.” Source : Le petit Ardennais du 3 juin 1886.

1886, 14 juin, Paris. “Les habitués de l’Observatoire populaire du Trocadéro, à Paris, ont observé, le 14 juin, vers dix heures trente-cinq du soir, un magnifique bolide qui est parti d’entre l’étoile polaire et l’étoile Gamma de Céphée, se dirigeant vers la constellation du Cocher, en passant dans le voisinage d’Alpha et de Béta de Céphée. Sa marche était très lente et légèrement irrégulière. Il laissait après lui une belle traînée lumineuse d’un jaune d’or. Des fragments se sont détachés et restés en arrière au moment où il passait près de Béla de Céphée. Après avoir acquis son maximum d’éclat, il s’est réduit en morceaux comme une fusée qui éclate, en arivant près de la ligne droite qui pourrait joindre l’étoile Delta du Cocher et Capella, à égale distance de ces deux étoiles.” Source : Journal de Monaco du 22 juin 1886.

1886, 17 juin, 19 h 45, Ile-de-France et Loiret. Un météore a traversé le ciel selon une trajectoire nord-nord-est vers sud-sud-ouest et fortement incliné vers l’horizon. Il avait la forme d’un globe lumineux égal au dixième du diamètre de la lune et était suivi d’une traînée blanchâtre. De l’observatoire de Juvisy, on a pu suivre le bolide. Arrivé à 25° environ au-dessus de l’horizon, il explosa en de multiples fragments. Aucune détonation ne fut entendue. D’Orléans, un témoin, M. Luzet, indiqua que la population locale fut frappée par “l’éclat du bolide, que l’on a comparé à la pleine lune et qui laissa derrière lui une longue traînée lumineuse dans le couchant. Le bruit de la chute a été comparé par plusieurs spectateurs à celui d’un train en marche ;
le globe paraissait incandescent.” Un autre correspondant, anonyme, d’Orléans, compara ce bruit à celui du tonnerre, entendu quarante à cinquante secondes après l’explosion et ajouta que l’aérolithe avait pu tomber au nord dans les taillis de la forêt d’Orléans. On l’a également aperçu de Malesherbes, allant de l’est à l’ouest, et paraissant tomber sur Audeville, avec un bruit semblable à celui d’une lourde voiture descendant rapidement une pente. On le vit aussi de Meung-sur-Loire, tombant au nord-nord-est, mais aussi de Saint-Aignan-le-Jaillard, se dirigeant rapidement du sud-est au nord-ouest, et tombant vers Châteauneuf. A Auvilliers, il effraya la population par son aspect et son “crépitement de fusillade”. Enfin, à Suryaux-Bois, il fit explosion au zenith et laissa “un serpent de lumière planant en spirale au-desss de l’ouest”. En examinant ces différents points d’observation, on trouve que le bolide a dû tomber entre Orléans et Patay, dans la région de Boulay, Gidy, Cercottes. Pour conclure, le météore fut également vu à Reuilly (Indre), à Issoudun (Indre), à Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher). Ces descriptions vont-elles mener à la découverte d’une météorite ? Source : L’Astronomie, n° 7, 1886.

1886, 16 août, Lyon (Rhône). “On nous informe de Lyon qu’un magnifique bolide a été vu lundi soir à 7 h. 34. Ce météorite, de couleur violacée, muni d’une petite queue, a traversé le ciel au-dessus de cette ville allant du sud-ouest au nord-est. L’éclat de ce bolide était exceptionnellement brillant, et il est resté visible fort longtemps.” Source : Le Mot d’ordre du 19 août 1886.

1886, 29 août, La Trinité-sur-Mer (Morbihan). “Dimanche soir, entre neuf heures et demie et dix heures, un magnifique bolide a passé sur la Trinité-sur-Mer dans la direction E.S.E. et a paru aller se perdre dans les terres.” Source : Le
Petit Breton du 4 septembre 1886.

1886, 26 septembre, la Calade (Bouches-du-Rhône). “Le 26 septembre 1886, notre collègue, M. Auguste Desouches, étant à la chasse, près de la gare de la Calade, aux environs d’Aix-en-Provence, cueillit à une treille chargée de beaux raisins, dits panses-muscades, une grappe située à 1m,50 environ du sol. Son attention fut attirée par un grain sur lequel était une tâche noirâtre qui ressemblait de prime abord, à un excrément d’oiseau. L’ayant examiné, il reconnut que cette apparence était causée par une pierre qui avait pénétré dans le grain, dont la pulpe l’avait recouverte. Au moment où le grain de raisin a été cueilli, les lèvres de sa blessure étaient
fraiches : fait qui semble indiquer que la
pénétration de la pierre a eu lieu la veille ou le jour même. Elle est entrée, en la déchirant, par la partie supérieure du grain et s’est logée dans la partie inférieure, arrêtée contre les pépins qu’elle a cependant repoussés. M. le professeur Marion, à qui nous avons montré cette curieuse trouvaille, partage notre opinion sur sa nature : c’est certainement une pierre tombée du ciel, un aérolithe… Malgré son volume, d’environ un demi-centimètre cube, ce météorite ne pèse que cinq décigrammes, sa composition n’est donc point ferrugineuse ; il n’a d’ailleurs aucune influence sur l’aiguille aimantée. Sa forme est très irrégulière, sa couleur brun foncé, sa surface rugueuse ; son aspect semble devoir le rattacher à une origine ignée. Vu la légèreté de cet aérolithe et la dureté de l’enveloppe extérieure des grains de raisin, on ne peut admettre qu’il ait été lancé par une main humaine ; car, dans ce cas, il aurait glissé sur la surface résistante du grain et serait tombé sur le sol. Nous pouvons donc affirmer, eu égard à la force de projection considérable qu’a nécessité la pénétration de cette pierre, que nous sommes véritablement en présence d’un aérolithe. Notre collègue, M. Desouches, a fait preuve d’une rare perspicacité en remarquant cet intéressant phénomène. Pour un vestige des autres mondes, arrivant sur la terre, un logis aussi bizarre était vraiment digne d’être signalé. Nous avons conservé dans de l’alcool le grain de raisin, qui porte encore très visiblement la déchirure produite par la chute de l’aérolithe, que nous sommes heureux de faire passer sous les yeux de la Section ainsi que
l’aérolithe.” Source : Association française pour l’avancement des sciences, 1891.

1886, 1er octobre, sud-ouest. “Dans la soirée de vendredi dernier, vers dix heures moins un quart environ, les consommateurs qui se trouvaient sur la terrasse du Café Français, place Colbert, ont pu voir, au-dessus de la place, un globe de feu, d’un éclat très vif, traverser le ciel de l’est l’ouest et se résoudre tout à coup en pluie multicolore. « Tiens ! une superbe fusée ! » dit quelqu’un. Cette prétendue fusée n’était autre qu’un bolide immense qui a été aperçu de plusieurs points de la région, ainsi qu’il résulte de renseignements envoyés de divers côtés à quelques-uns de nos confrères. On écrit notamment de Soulac à la Gironde que le météore paraissait partir de la Grande Ourse et se diriger vers l’Etoile du Nord. Son parcours a duré une minute et son sillage était d’une longueur extraordinaire.” Source : Le Phare des Charentes du 6 octobre 1886.

1886, 23 octobre, 18 h 20, Béziers (Hérault). Un météore fut observé pendant une douzaine de secondes. Il était “d’un bleu resplendissant et la traînée qu’il laissait après lui, d’abord éblouissante de blancheur, se fondait en pourpre.” La traînée resta visible pendant une
minute après la disparition du bolide. Source :
L’Astronomie, n° 12, 1886.

1886, 18 novembre, Vendargues (Hérault). “La nuit dernière, les habitants de notre localité ont été réveillés en sursaut par un bruit épouvantable. C’était un aérolithe en fonte qui venait de détruire le clocher de la paroisse. Cette pierre tombait du ciel en droite ligne. Les dévotes sont dans la désolation, et le curé est devenu fou de désespoir.” Source : La Brise du Soir du 20 novembre 1886. Cette histoire ne figure pas dans les archives de la commune ; on peut donc considérer que cet événement est inventé, d’autant plus que la Brise du Soir était un journal satirique.

1886, 23 novembre, Nice (Alpes-Maritimes). “Nice. - On lit dans le Petit Niçois du 24 novembre : Hier soir, à 8 h. 26, un brillant météore a illuminé le ciel sur une longueur d’environ 50°. La direction qu’a suivie ce bolide était du sud-est au nord-ouest. Se détachant du ciel à deux degrés du zénith, il s’est enfoncé dans les profondeurs de l’inconnu à trente-huit degrés environ de l’horizon nord. Il ne serait pas étonnant que ce météore fût l’avant-coureur de la magnifique pluie d’étoiles filantes que l’on pourra remarquer dans les nuits des 26 et 27 de ce mois. On sait que ces étoiles filantes ne sont autre chose que le résultat de la désagrégation de la fameuse comète de Biéla que nos astronomes avaient perdue de vue depuis quelques années.” Source : Journal de Monaco du 30 novembre 1886.

1886, Largny-sur-Automne (Aisne). On trouve dans le Bulletin de la Société historique régionale de Villers-Cotterêts (1907) cette simple mention : “Dons au Musée [...] De M. Castellant, vice-président de la Société [...] Bolide tombé sur les terres de la commune de Largny (en 1886).” J’ai interrogé le conservateur du Musée Alexandre Dumas à Villers-Cotterêts mais il m’indique que le récolement a été réalisé et qu’une météorite (ou roche étiquetée comme telle) ne figure pas dans les collections.

1887, 20 janvier, Morbihan. “Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers minuit, le passage d’un bolide a été remarqué. Il a projeté une lueur bleue très vive qui a éclairé pendant une ou deux secondes les maisons de la place du Morbihan, puis il a disparu dans la direction du Sud-Ouest.” Sources : Le Petit Breton du 22 janvier 1887, l’Avenir du Morbihan du 26 janvier 1887.

1887, 2 février, “Extrait de l’Echo Rochelais, de mercredi : Un phénomène extraordinaire a été observé, ce matin, à 6 heures 20, au chantier de la Verdière : Une lumière très vive apparut à l’Est ; immédiatement après, un corps lumineux, présentant l’aspect d’un cylindre, de 3 mètres de longueur sur 50 centimètres de diamètre de couleur bleuâtre, ayant en tête une boule d’un diamètre très sensiblement plus grand, apparut traversant les airs dans la direction de l’Ouest avec une vitesse relativement lente et laissant une traînée lumineuse de 50 mètres environ, d’une couleur rouge vif. La hauteur, en passant sur la Verdière, ne semblait pas être de plus de 100 mètres. Arrivé au Mail, vers les bains Louise, ce corps semblait toucher les arbres. La tête, en ce moment, s’est ouverte sans qu’aucun corps s’en soit détaché. La lumière de cette partie s’est alors éteinte et le cylindre est resté lumineux encore quelques secondes. C’est peut-être un projectile lunaire ?” Source : Le Conservateur du 6 février 1887.

1887, 17 juin, moitié nord de la France. “On s’occupe dans la presse scientifique
d’un fait qui s’est produit récemment : dans la
soirée du 17 juin, avant le coucher du soleil, un bolide, d’un éclat assez considérable pour frapper tous les regards, a traversé le ciel au-dessus des départements de la Seine, de Seine-et-Oise et du Loiret. Ce bolide, d’après M. Camille Flammarion, avait la forme d’un globe lumineux égal au dixième environ du diamètre de la lune et était suivi d’une traînée blanchâtre ; son cours
était dirigé du nord-est au sud-sud-ouest et fortement incliné vers l’horizon, de sorte que la plupart des observateurs ont pu croire qu’il allait tomber à quelques kilomètres d’eux. Les lecteurs du Petit Parisien n’ont pas oublié qu’au lendemain de ce phénomène, nous avons publié une note ainsi conçue : Les habitants d’Orléans ont aperçu, vers huit heures moins un quart, par un ciel très pur, un bolide enflammé qui traversait l’horizon du sud au nord laissant sur son passage un long sillage de fumée vaporeuse ;
l’apparition de ce phénomène météorologique avait été précédée par une détonation suivie d’un grondement semblable à celui du tonnerre. On a vu le bolide de Malesherbes, allant de l’est à l’ouest et paraissant tomber à l’ouest sur Audeville avec un bruit comparable à celui d’une lourde voiture descendant rapidement une côte de Meung-sur-Loire. Sa chute a été visible de fort loin. C’est ainsi que M. Troncet, directeur de l’Ecole de Reuilly (Indre), écrivait Ce soir, 17 Juin, à 7 heures 45, nous vîmes à environ au-dessus de l’horizon, un bolide se diriger verticalement vers la terre, dans la direction nord, en projetant une belle lumière rouge. L’aspect du météore était à peu près vingt fois en grandeur celui de Vénus. Un peu au-dessus du sol et avant de s’éteindre, la gerbe lumineuse se divisa en deux fragments, dont l’un était à peu près le dixième de l’autre. Quelques minutes après, nous entendîmes deux violentes détonations qui firent trembler le sol sous nos pieds. De plus loin encore, au sud d’Issoudun, on aperçut la traînée lumineuse que le bolide laissa longtemps derrière lui ; on observa pendant plus de dix minutes une sorte de flamme allongée produite, sans doute, par l’éclairement du soleil couchant, sur les vapeurs abandonnées par l’explosion du bolide.” Source : Le petit Parisien,
5 juillet 1887.
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“Un énorme bolide de forme ovale, ayant pour plus grande longueur environ le diamètre du soleil a été aperçu le 17 juin dans la plaine d’Argentan (Manche). Pendant deux secondes, on vit le météore demeurer immobile vers le zénith. Il offrait alors une teinte blanc jaunâtre au haut, une couleur rougeâtre au milieu et bleuâtre en bas. Les observateurs furent émerveillés de la vue d’un pareil spectacle Ils suivirent des yeux le météore qui tomba devant eux, presque à pic, du côté du pont du chemin de fer de Granville. Le bolide resta entier jusqu’à la fin de l’observation.” Source : Le Midi du 3 juillet 1887.
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Le Petit Journal du 21 juin 1887 mentionne même “qu’à Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), un aérolithe du poids de 1200 grammes est tombé le 17 juin, à 7 h 48 à un kilomètre environ du village.”
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Dans le Journal du Loiret du 20 juin 1887, on peut lire enfin : “Alosse (Marcilly-en-Villette), 18 juin.
Monsieur le Rédacteur,
Voulez-vous me permettre de vous signaler un météore que nous avons remarqué hier vers
7h. 40 du soir. Une étoile en tout point semblable aux fusées des feux d’artifice, y compris les flammèches laissées derrière elles, s’est détaché de la voûte céleste d’un point A par exemple, a disparu au point B mais en laissant après elle une ligne de fumée bien marquée et en zig-zag : cette ligne est restée très apparente pendant quelques minutes, au moment de sa disparition un roulement sourd et prolongé s’est fait entendre (je crois le tonnerre) et il n’y avait aucun nuage. Agréez, etc.”
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Le Petit Quotidien du 21 juin 1887 indique ceci : “Les habitants d’Orléans ont aperçu, vendredi soir, vers huit heures moins un quart par un ciel très pur, un bolide enflammé qui traversait l’horizon du sud au nord, laissant sur son passage un long sillage de fumée vaporeuse. L’apparition de ce phénomène météorologique avait été precédé par une détonation suivie d’un grondement semblable à celui du tonnerre. L’aérolithe est tombé dans les taillis de la forêt d’Orléans.”
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Le météore a été vu aussi à Auvilliers (Seine-Maritime) et à Malesherbes (Loiret).

1887, 29 juin, Novéant-sur-Moselle (Moselle). “Un magnifique météore a été observé de Novéant mercredi soir, vers neuf heures et demie, dans la direction septentrionale. La forme apparente du météore était celle d’un de ces ballons en caoutchouc comme on en voit aux foires, et brillant d’un éclat vert intense. Le phénomène n’a duré que quelques secondes.” Source : Le Lorrain du 3 juillet 1887.

1887, 23 octobre, dans le sud-ouest. “Dimanche soir, dit le Patriote Landais, entre cinq heures et demie et six heures, il nous a été donné d’assister à un spectacle aussi rare que superbe. Un bolide, de la grosseur d’une bombe, a traversé le ciel, du Sud-ouest à l’Est. Le météore, à son apparition, était d’un rouge ardent; il laissait, derrière lui. une traînée d’un vert éblouissant... Quand il s’est abîmé derrière l’horizon, il jetait des feux multicolores et semblait tourner sur lui-même. Plusieurs paysans prétendent avoir entendu un certain sifflement de l’air - ce qui indiquerait que le météore se trouvait à une distance rapprochée de la terre. La durée du phénomène a été de près d’une minute.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 29 octobre 1887.

1887, 3 novembre, Forbach (Moselle). “Dans la nuit de mercredi à jeudi, vers minuit et demi, dit la Gazette de Forbach, le ciel qu’éclairait la lune a été sillonné par un météore en ignition, de forme irrégulièrement ovale, terminé par une queue un peu moins brillante. Il allait lentement du nord-est au sud-est, en suivant une ligne un peu descendante. Puis, arrivé vers le milieu de l’horizon, le globe de feu éclata brusquement, en deux fois, en laissant comme une fumée qui se dissipa bientôt. Ce météore se distingue en quelques points des phénomènes de la même catégorie ; il serait intéressant de savoir si on l’a aussi vu ailleurs qu’à Forbach.” Source : Le Mémorial des Vosges du 4 novembre 1887.

1887, 4 décembre, Melun (Seine-et-Marne). “Séance du 4 janvier 1888. De M. Louviot, sur un bolide tombé à Melun le 4 décembre.” Source : L’Astronomie, vol. 7.

1888, 15 janvier, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Nancy. - Un énorme bolide enflammé a traversé le ciel au dessus de Nancy dans la nuit de dimanche. Son parcours a duré huit secondes environ. L’éclat du météore était extraordinaire. Il a disparu dans la direction du nord au sud.” Source : Le Messin du 18 janvier 1888.

1888, 19 février, Yébleron (Seine-Maritime). “M. Duménil, à Yébleron (Seine-Inférieure) : observation d’un bolide, le 19 février 1888, à 6h40m du matin. La trajection, de forme sinueuse et dirigée du Sud au Nord, avec une inclinaison de 10° à 12° vers le Nord-Est, est restée visible pendant 5 à 6m.” Source : L’Astronomie, vol. 7, avril 1888.

1888, 24 février, Paris. “M. Mabire signale l’observation qu’il a faite à Paris, d’un autre bolide, le 24 février, à 7h du soir. La trajectoire, partant de la ceinture d’Orion, était dirigée de l’Est à l’Ouest.” Source : L’Astronomie, vol. 7, avril 1888.

1888, 6 avril, Montpellier (Hérault) et dans le Lot. “Hier soir, à 8h.25, un splendide météore lumineux a traversé le ciel à Montpellier un arc de plus de 30 degrés et se dirigeant vers le Nord-Ouest. Parti du Zenith, dans le voisinage de la Grande Ourse, et après avoir laissé derrière lui une magnifique traînée lumineuse, le noyau du météore s’est fragmenté en trois parties qui se sont éteintes aussitôt à 15 degrés au-dessus de l’horizon.” Source : Le Petit Méridional du 7 avril 1888.
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“On écrit de Capdenac qu’un magnifique bolide a été vu dans la soirée du vendredi six avril. D’abord une clarté inaccoutumée attire en haut les regards : presque aussitôt un globe éblouissant apparaît au loin derrière les nuages et brille dans la partie claire du ciel, il se dirige avec rapidité du sud-est au nord-ouest, parcourt un arc immense et paraît se rapprocher du sol. Enfin, entre Capdenac et Figeac, il éclate comme une énorme fusée lançant de toutes parts de brillantes étincelles. Quelques instants encore et l’on n’en voit plus de trace. Mais au bout de vingt à vingt-cinq secondes on entend comme le grondement d’un tonnerre lointain que repercutent les monts et les vallées. Ce magnifique phénomène a vivement impressionné ceux qui en ont été témoins.“ Source : Journal de l’Aveyron du 28 avril 1888.

1888, 22 avril, Mondragon (Vaucluse). “M. Jules Allègre : Observation d’un bradyte ou bolide lent, le 22 avril 1888, à 2h55m du matin (temps moyen de Paris), à Mondragon (Vaucluse). Apparu dans la Vierge, le météore très éblouissant et de couleur bleuâtre, a traversé la constellation de l’IIydre, semblant venir de l’Epi de la Vierge, et a disparu à l’horizon dans la constellation du Centaure sans laisser de traînée lumineuse. Durée de la visibilité : 5 secondes environ. (Observation communiquée par M. Bruguière.)” Source : L’Astronomie, vol. 7, avril 1888.

1888, 13 septembre, France entière. Un météore a été observé de Château-Thierry (Aisne)
aux Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire) en passant par Châteauneuf (Eure-et-Loir). Le météore, se déplaçant de l’est à l’ouest, explosa en deux morceaux, indique le témoin se trouvant aux Ponts-de-Cé, près d’Angers. Deux détonations furent perçues. Il fut également vu à Lyon, et aussi dans le Morbihan. Il a continué sa route jusqu’au-dessus de l’océan. Source : L’Astronomie, n°11, 1888.
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“Le bolide du 13 septembre. - Je viens de lire dans L’Astronomie qu’un bolide remarquable a été vu le même jour et à la même heure de Château-Thierry (Aisne) et de Châteauneuf (Eure-et-Loir). On me signale des Ponts-de-Cé, près Angers, le même jour, 13 septembre, à la même heure, le passage d’un bolide allant de l’Est à l’Ouest, laissant des traces lumineuses blanches, exactement semblables à celles d’une fusée. Après sa disparition derrière les maisons, on croit avoir entendu deux détonations, venant, probablement, de l’explosion du météore. Il était à hauteur de l’équateur céleste. Il parut gros « comme le poing » et fut très admiré de plusieurs personnes. En dehors du fait en lui-même, nous devons constater l’avantage que peut retirer la Science du concours que lui prête le public dans la constatation des phénomènes célestes. Ces correspondances sont autant de pierres apportées à l’édification du grand monument astronomique.
JULES QUELIN, observateur à Angers.” Source : L‘Astronomie, vol. 7, novembre 1888.

1888, 27 octobre, Longeville-lès-Metz (Moselle). “Ce soir, à 6 heures 35, un météore
en feu de 20 à 30 centimètres de diamètre, dans une course rapide et dans une direction oblique de l’ouest vers l’est, est venu tomber derrière le côté est de Longeville.” Source : Gazette de Lorraine du 30 octobre 1888.
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Dans Le Messin du 30 octobre 1888, on note aussi que le bolide “a été aperçu à Longeville, en face la brasserie Schaller, près de la place où se tient habituellement la fête.”

1888, 10 décembre, dans les Vosges. “Le 10, à 10 heures 1/2 du soir, M. Henrypierre, correspondant de la commission à Frain, a vu un bolide, présentant une vive lueur bleuâtre, traverser l’espace de l’ouest à l’est.” Source : Le Mémorial des Vosges du 22 décembre 1888.

1888, 31 décembre, en France, en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre et en Belgique. “Le 31 décembre, vers 8 heures du soir, un météore d’un éclat exceptionnel a été observé sur quelques points en France et surtout en Belgique où le ciel était dégagé de vapeurs atmosphériques. Plusieurs correspondants de Bruxelles nous ont signalé l’énorme globe de feu de couleur blanche qui a lentement traversé le ciel. D’autre part, un de nos lecteurs, M. Rondenet, a observé le phénomène à La Roche-sur-Yon en Vendée. Voici ce que nous écrit à ce sujet notre correspondant : Le soir du 31 décembre 1888, je me promenais, quand, dans l’atmosphère, une lueur subite attira mes regards dans la direction du nord : un bolide éclatant, rasant l’horizon, se dirigeait du nord au sud-est. Il était, à ce moment (à La Roche-sur-Yon) 7 h. 45 tu. environ. [...]” Sources : La Nature (1889), L’Astronomie, vol. 8 (1889) ; Ciel et Terre, vol. 10, pp.50-54 (1890).

1889, 11 janvier, Niderhoff (Moselle). “On nous écrit le 12 janvier : Hier vendredi, à 6h.8 du matin, un magnifique bolide venant du sud, suivant la direction est et sortant de la vallée de Blancrupt, a travers la forêt du Pâquis, près de Niederhof, appartenant à M. Damisch, de Ste-Marie-aux-Mines. Malgré l’intensité du brouillard, les ouvriers qui venaient travailler dans la forêt ont été témoins du passage de ce splendide
météore qu’ils ont suivi des yeux jusqu’au Bas-Bois (forêt de l’Etat) où les spectateurs d’un si lumineux spectacle, étonnés surtout d’une apparition aussi inattendue, l’ont vu disparaître. A-t-il porté plus loin ses éclatants rayons ?
C’est possible. On en entendra probablement parler.” Source : Gazette de Lorraine du 15 janvier 1889.

1889, 12 février, en Charente. “Le phénomène de mardi. - Ainsi que nous l’avons dit, mardi matin, vers sept heures, on a remarqué un globe de feu allant du N.-N.-E. au S. S.-O., éclairant l’horizon et qui est allé se perdre dans le lointain. En traversant l’atmosphère, il a laissé une vive traînée lumineuse sur son passage, accompagnée d’une sourde détonation. C’est par une illusion d’optique que certaines personnes de notre ville ont cru le voir tombera terre près d’elles.” Source : Le Phare des Charentes du 15 février 1889.

1889, 13 février, lieu inconnu. On peut lire dans la revue du Bas-Poitou, tome 2, 1889 : “Le 13 février, au matin, un bolide a traversé l’espace
du nord au sud, sur son passage une longue traînée lumineuse, accompagnée de détonations. C’est au moment où il s’est brisé à la manière des obus dont les fragments éclatent en tout sens, qu’un grondement semblable à celui du tonnerre s’est fait entendre. Nous avons été assez heureux pour recueillir un de ces fragments, dits aérolithes.”
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Le Publicateur, Journal de la Vendée du vendredi 15 février 1889 contient un article intitulé “Observation d’un météore à Saint-Cyr-en-Talmondais (Vendée)”
et indique que “la météorite ne semble pas
avoir été conservée.”

1889, 19 février, Angers, Rennes, la Rochelle, Nantes. “On lit dans le Journal de Maine-et-Loire, d’Angers : Mardi matin vers 7 heures moins 10 minutes, un magnifique bolide est passé sur la ville.
Il se dirigeait de l’Ouest à l’Est. Plusieurs personnes qui se trouvaient à cet instant sur la place du Ralliement, l’ont vu traverser les airs, à quelques centaines de mètres au dessus de la Oathédrale et se diriger vers la rue des Arènes. Le spectacle méritait d’attirer les regards. Le météore, couleur fer rouge et de forme ovale, avait la taille d’un obus de moyenne grosseur. Il glissait dans l’atmosphère avec la rapidité d’une fusée ordinaire et Iaissait après lui une trainée lumineuse offrant toutes les nuances étincelantes d’une pièce d’artifice. Au moment où le bolide disparaissait, une détonation sourde se fit entendue. On croit qu’il a dû tomber à une faible distance d’Angers. Le météore qui a été vu mardi matin à Angers a également été aperçu dans plusieurs autres villes de la région, notamment à Rennes, à La Rochelle et à Nantes. A La Rochelle, le bolide paraissait gros comme un ballon. Il est passé sur la ville avec un grondement sourd, laissant sur son passage une trainée lumineuse et a éclaté en faisant entendre comme un coup de tonnerre. A Nantes, il apparut d’abord sous la forme d’un gros globe qui illumine tout le firmament avec l’intensité d’un éclair de premier ordre, prit la forme d’un cone, puis se divisa en plusieurs parties de diférentes couleurs se dlrigeant toutes vers le sud à la facon d’une fusée.” Source : Le Morbihannais
du 22/02/1889.
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“Ainsi que nous l’avons dit, mardi matin, vers sept heures, on a remarqué un globe de feu allant du N.-N.-E. au S. S.-O., éclairant l’horizon et qui est allé se perdre dans le lointain. En traversant l’atmosphère, il a laissé una vive traînée lumineuse sur son passage, accompagnée d’une sourde détonation. C’est par une illusion d’optique que certaines personnes de notre ville ont cru le voir tombera terre près d’elles.” Source : Le Phare des Charentes du 15 février 1889.

1889, mai 1889, Périgueux (Dordogne). “Un aérolithe, gros comme une pomme ordinaire,
du poids de 337 grammes est tombé dans un
jardin à Périgueux. C’est une pierre compacte
composée de fer, de manganèse et de nickel, portant encore les traces de l’état de fusion dans lequel elle se trouvait quand elle a touché terre.” Source : L’Impartial du 12 mai 1889.

1889, 20 octobre, Aigremont (Haute-Marne). “On mande d’Aigremont (Haute-Marne), le 21 octobre. Hier, vers six heures, un magnifique bolide d’un diamètre égal au rayon apparent de la lune, faisait sa descente sur le territoire d’Aigremont. Dans sa chute, il laissait derrière lui une longue file d’étincelles pétillantes de la grandeur d’une étoile de deuxième ordre, ce qui la faisait ressembler à une comète. Le tout s’éteignit à environ cinq mètres du sol.” Source : Le Mémorial des Vosges du 24 octobre 1889.

1890, 28 août, Dunkerque (Nord). “Hier soir, vers huit heures, un bolide s’est détaché du ciel avec une grande rapidité, en laissant une traînée lumineuse et est tombé dans la direction de la mer. Ce igné avait l’aspect d’une boule de cinquante centimètres de diamètre.” Source : Mémorial des Vosges du 31 août 1890.

1890, 2 septembre Saint-Aubin-sur-Mer (Calvados) et à Valdoie (Haut-Rhin). Les deux météores ne sont peut-être pas liés. “M. Troude signale un bolide vu le 2 septembre, à Saint-Aubin-sur-Mer, dans les constellations d’Andromède et de Cassiopée. A la même date et à la même heure, M. Lachiche, à Valdoie (Haut-Rhin), dit avoir vu un aérolithe à l’extrémité de la queue de la Grande Ourse.” Source : Bulletin de la Société astronomique de France, novembre 1890.

1890, 21 octobre, Chaussoy-Epagny (Somme). “On a constaté dans la soirée d’hier, à sept heures trente-cinq, du sommet de la côte de Chaussoy-Epagny, près d’Amiens, l’apparition d’un bolide. Ce météore paraissait se diriger vers le nord-ouest et offrait l’apparence d’une très forte étoile de première grandeur. Sa couleur était blanche cendrée ; sa marche, peu rapide, lente même, au début, parut s’accélérer au moment de sa disparition à l’horizon. Le ciel était quelque peu nuageux et à deux reprises différentes le bolide disparut derrière les nuages. La durée du météore a été d’environ trente ou quarante secondes.”

1890, 26 novembre Saint-Servan-sur-Mer (Ille-et-Villaine). “Mercredi dernier, un aérolithe mesurant près de 80 centimètres de longueur sur 40 d’épaisseur, est tombé sur la pointe de Quelmer, commune de Saint-Servan.” Source : L’Espérance du Peuple du 29 novembre 1890.

1890, 1er décembre, nord-est de la France. “Niederbronn. - On écrit au Journal d’Alsace, le 2 : Hier soir, à 7 heures et demie, un superbe météore a été aperçu à Niederbronn : il jetait par intervalles sur la terre une clarté au moins aussi intense que celle de la lune dans son plein, et se dirigeait du nord à l’est, en formant un angle d’à peu près 45 degrés avec l’horizon. Le phénomène n’a duré que quelques secondes et n’était accompagné d’aucun bruit.” Source : Le Messin du 5 décembre 1890.
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“Lundi dernier, vers sept heures et demie du soir, plusieurs personnes habitant route de Toul, près de l’église Saint-Mansuy, ont été, au moment où elles rentraient dans leurs maisons, témoins d’un phénomène étrange.
Tout à coup, presque au-dessus de leur tête, elles aperçurent, se détachant de la voûte du ciel, une boule de feu qui leur parut avoir la grosseur d’un œuf d’autruche. Cette boule se dirigeait vers la terre en suivant un plan incliné.
Pendant le trajet qui n’a pas duré moins de sept à huit secondes, sa vitesse était à peu près comparable à celle d’une fusée, il s’est passé quelque chose de tout à fait remarquable : le météore subit deux arrêts successifs comme s’il s’était produit un choc qui l’eût arrêté dans sa marche, et à chacune de ces secousses on put remarquer un changement de couleur, de rouge qu’elle était d’abord, la boule devint ensuite d’un vert pâle, absolument comme si elle eut réfléchi un rayon de lumière électrique.
Les témoins de ce spectacle affirment avoir été illu-minés comme par un effet de clair de lune, pendant toute la durée de ce phénomène. Selon toute probabilité le bolide a dû, autant qu’on en put juger, tomber du côté d’Essey-les-Nancy ; c’est en effet dans cette direction qu’il se dirigeait.
Ajoutons que d’autres personnes qui se trouvaient à la même heure sur le pont de Malzéville ont aperçu ce même météore, et qu’en même temps elles ont aperçu deux éclairs brillants ; chose curieuse, le Journal d’Alsace signale un phénomène analogue qui s’est produit lundi soir, à Strasbourg.
Enfin, nous signalions hier, d’après le Journal de Montmédy, l’apparition de plusieurs boules de feu au- dessus de cette ville.” Source : L’Est républicain du 5 décembre 1890.

1890, 2 décembre, Saint-Servan (Ille-et-Vilaine). “Avant-hier, un aérolithe mesurant près de quatre-vingts centimètres de longueur sur quarante centimètres d’épaisseur, est tombé sur la pointe de Quelmer, commune de St-Servan.” Source : L’union bretonne du 4 décembre 1890

1891, 1er janvier, 18 h 30, Saint-Germain-sur-Ay (Manche). Un article d’un journal d’Avranches, le Nouvelliste, raconte qu’un incendie a été allumé
par un bolide dans un grenier en début de
soirée. Source : L’Astronomie, n°2, 1891.

1891, 12 mars, Sedan (Ardennes) et Longwy (Meurthe-et-Moselle). “Le jeudi 12 mars, vers huit heures du soir, au moment de la retraite militaire, un bolide est tombé per-pendiculairement dans la direction du sud-ouest. Une lueur semblable à celle de l’étincelle électrique a accompagné ce phénomène.” Source : L’Est républicain du 16 mars 1891.
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“Un aérolithe. - Jeudi soir, vers huit heures moins un quart, beaucoup ce personnes qui se trouvaient aux environs de Sedan, ont aperçu une vive lumière causée par le passage d’un aérolithe sous forme de boule oc feu, qui semblait prendre la direction nord-sud ; certains assurent avoir entendu un bruit caractéristique comparable à un sifflement.” Source : Le petit Ardennais du 16 mars 1891.

1891, 31 mars, Chattancourt (Meuse). “Mardi
dernier, à six heures trente-trois minutes du soir, un bolide s’est abattu sur Chattancourt, en décrivant une oblique de 40°, direction N-N-E - S-S-O. Il présentait la grosseur d’une carafe ordinaire, laissant après lui une traînée d’où s’échappaient des étincelles d’une clarté éblouissante. L’horizon et les maisons du village furent illuminés subitement à l’instar d’un éclair. Des recherches faites dans les jardins et les champs environnants le village n’ont pas abouti.” Source : L’Est Républicain du 4 avril 1891.

1891, 18 avril, Céret (Pyrénées-orientales). “Dans la nuit du 17 au 18 avril, vers deux heures du matin, des jardiniers venant à Céret ont vu un petit globe lumineux, de la grosseur d’une étoile, se détacher subitement de la voûte céleste et se diriger presque verticalement sur la terre ; son diamètre allait grossissant, au fur et à mesure de sa descente. Lorsqu’il a fait explosion, à 300 mètres environ au-dessus du sol, entre Trouillas et Villemolaque, ce bolide avait de 2 m. 50 à 3 m. de diamètre. L’atmosphère se trouva éclairée comme en plein jour. Ce phénomène a d’ailleurs été remarqué par tous les voituriers qui parcouraient la région à ce moment-là ; dans un rayon de 15 à 20 kilomètres tous ont ressenti les effets d’une chaleur assez vive au moment de l’explosion ; leurs chevaux ont pris peur, et eux-mêmes n’ont été rassurés qu’après la disparition du phénomène lumineux.” Source : Le Vosgien du 3 mai 1891.

1891, 2 mai, Poitiers. La Societe Astronomique de France, dans sa Séance du 3 juin 1891, indique : “M. Le Comte de Touchimbert, à
Poitiers : Observations d’un bolide le 2 mai, à 9h10m soir. Le bolide a traversé lentement l’atmosphère et a éclaté.”
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“Chéray (île d’Oleron). Notre correspondant de Chéray nous écrit que, samedi soir, vers neuf heures, alors que le temps était nuageux, un aérolithe d’un certain volume a été vu au-dessus de cette ville, allant de l’Ouest à l’Est.” Source : Le Phare des Charentes du 6 mai 1891.

1891, 6 juin, vers 17 h, Pel-et-Der (Aube). Des roches, que l’on a assimilé à de la pierre à chaux ou à des météorites, sont tombées sur cette commune proche de Château-Landon, lors d’un orage de grêle.
Un article dans Le Public du 5 juillet 1891 en parle brièvement : “On se bat donc, là-haut, et il faut donc croire que les célestes concerts sont interrompus par les discussions au cours desquelles les anges s’envoient des cailloux par la figure ? Voilà qu’il pleut des pierres par ici. Mercredi, les cultivateurs de Pel-et-Der, dans l’Aube, allant aux champs pour faner, ont eu la surprise de trouver les foins couverts d’une couche de graviers n’ayant aucune ressemblance avec les pierres du pays. Seize hectares avaient été lapidés par ces célestes projectiles. On s’est rappelé alors qu’un orage avait éclaté pendant la journée de lundi, et l’on a pensé que cette pluie de météorites avait dû se produire à ce moment.”
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La Nature du 25 juillet 1891 indique : “Le 6 juin dernier, la commune de Pel-et-Der, dans le département de l’Aube, a été couverte d’une pluie de pierrailles calcaires tombée avec la grêle durant un très violent orage. Les échantillons que j’ai étudiés au Muséum ont montré que ces roches consistent en calcaire de Château-Landon qui a dû être enlevé par une trombe dans les hautes régions de l’atmosphère et accomplir un trajet aerien de 150 kilomètres au moins de longueur.“

1891, 27 juin, 16 h, Ile de la Réunion. Un météore survole l’Ile de la Réunion. Il est observé en de nombreux points de l’île, notamment à Trois-Bassins, à l’Entre-Deux, à Saint-Gilles. Sa taille apparente est celle de la pleine lune ; il se déplace du nord-nord-ouest vers le sud-sud-est ; il est presque aussi brillant que le soleil. En apparence, son altitude est basse. Deux détonations se font entendre, comparables à des coups de canon lointains. Source : L’Astronomie, n°11, 1892.

1891, 13 août, la Rochelle (Charente-Maritime). “M. Vareille, à La Rochelle, adresse un tableau de ses observations météoro-logiques du mois de janvier. L’auteur, d’autre part, mentionne le passage, entre α de la Grande-Ourse et l’étoile polaire, d’un bolide rouge à marche lente, vu par lui le 13 août dernier, de 8h à 9h du soir, et qui mesurait environ le diamètre de la Pleine Lune.” Source : Bulletin de la Société astronomique de France, avril 1892.

1891, 13 août, le Havre (Seine-Maritime). “Un beau bolide : le 13 août, à 14 h 40 m 40 s du soir, un magnifique bolide bleu, de la grosseur de la Lune, s’élança de l‘Ouest pour disparaitre dans le Sud-Est 1 m 22 s après son apparition ; doté d’un mouvement lent, il s‘évanouit en de nombreuses étincelles. Il ressemblait beaucoup au bolide que j’ai observé en octobre 1897. (Voir le Bulletin de décembre 1897) . C‘était un beau spectacle que de voir ce magnifique bolide, malgré la présence du Soleil et tous ceux qui l‘ont vu avec moi l‘ont beaucoup admiré. L. LIBERT, au Havre.” Source : Bulletin de la Société Astronomique de France, 1898.

1892, 1er janvier, Paris. “M. Joseph Dherbonner signale un bolide aussi brillant que Vénus, apparu le 1er janvier, à Paris, à 8h10m du soir; il a passé dans la constellation du Dragon et était accompagné d’une queue d’environ 5°.” Source : Bulletin de la Société astronomique de France, février 1892.

1892, 6 janvier, Paris. “M. André Bloch signale un autre bolide non moins brillant, observé le 6 janvier 1892, à Paris, à 7h22m du soir. Il se déplaçait assez lentement du Nord au Sud, laissant une traînée assez brillante et éclata au sud de l’étoile δ de Céphée; il présentait une coloration verte.” Source : Bulletin de la Société astronomique de France, février 1892.

1892, 10 janvier, 18 h 44, Haute-Marne. “Un bolide paraît avoir éclaté le dimanche 10 janvier dernier, à 6h44 du soir, au-dessus de la Haute-Marne. Des lettres que nous avons reçues de Chaumont, Rimaucourt, Manois, Gudmont, Bologne, Marault, Baudricourt, Colombey, Doulevant, etc… témoignent qu’une violente détonation s’est fait entendre ; on a cru à l’explosion d’une poudrière ou d’une machine à vapeur. On croit avoir vu un globe de feu ou un éclair. Le ciel était couvert. Il n’y a pas eu de roulement de tonnerre. Il est certain que bien des bolides peuvent tomber sur des forêts ou des lieux inhabités et être perdus pour la science.” Source : L’Astronomie, n°4, 1892.

1892, 2 février, Mazanges (Var). “On mande de Toulon, 2 février : Un curieux phénomène céleste a été constaté à Mazanges (Var). Vers six heures et quart du matin, quelques personnes qui regardaient le temps pour savoir à quels travaux agricoles elles pourraient se livrer dans la journée, furent frappées de stupeur en apercevant un globe enflammé dans le ciel que I’aube commençait à blanchir. C’était un bolide qui semblait aller de l’Est à l’Ouest, dans un angle de 30 degrés, laissant derrière lui une traînée lumineuse produite par son frottement sur les couches atmosphériques. Tout a coup, comme une pièce d’artillerie, le noyau jaillit du météore désagrégé, tombant presque perpendiculairement et bientôt suivi de quelques fragments plus petits qui s’éteignirent, laissant dans le ciel une lueur blanchâtre. En un clin d’œil, tout était disparu derrière la montagne. Le résultat de ces observations a été pris par les astronomes du département.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 5 février 1892.

1892, nuit du 2 mars, près de Bourges (Cher). “Un bolide a mis le feu la nuit dernière à une métairie des environs.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 4 mars 1892.
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“Un incendie dont la cause est absolument extraordinaire a éclaté dans la nuit du 2 mars au lieu dit la Grande-Métairie, commune de Plainpied près Bourges, dans un domaine exploité par le fermier Calmin.
Le feu a été mis par un bolide qui est tombé sur le toit d’une grange et l’a défoncé. Le météore a enflammé les fourrages, qui ont communiqué le feu an bâtiment.
Un très grand nombre de témoins ont assisté à la chute du bolide et au début de l’incendie. Les pertes sont assez importantes.” Source : Le Mémorial d’Aix du 3 mars 1892.
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“Les bolides et l’assurance-incendie.
Les journaux quotidiens ont publié dernièrement comme Dépêche de Bourges, le fait-divers suivant : “Un incendie dont la cause est absolument extraordinaire a éclaté la nuit dernière au lieu dit la Grande Métairie, commune de Plainpied, près Bourges, dans un domaine exploité par le fermier Calmin. Le feu à été mis par un bolide qui est tombé sur le toit d’une grange et l’a défoncé. Le météore a enflammé les fourrages, qui ont communiqué le feu au bâtiment. Un très grand nombre de témoins ont assisté à la chute du bolide et au début de l’incendie. Les pertes sont assez importantes.” Voilà une cause de sinistres non prévue par les Compagnies-incendie. Comme la plupart assurent déjà gratuitement contre la foudre, elles assureront aussi, sans doute les dégâts, même non suivis d’incendie, que pourraient occasionner les bolides. II ne faudrait pourtant pas que ces derniers se montrassent trop fréquemment pour motiver une surprime, ou amener des chicanes. Or, depuis quelque temps on en a signalé plusieurs : auraient-ils maintenant une plus grande tendance à sortir de leur orbite ? Ce ne serait pas rassurant pour l’assurance-incendie.” Source : L’Agent d’assurance, 1892.

1892, 14 mars, Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques). “Un bolide. - On écrit à l’Avenir : Lundi, entre huit et neuf heures, un bolide superbe a été aperçu à Saint-Jean-de-Luz. Il a pu être observé pendant plusieurs secondes, filant dans la direction du Nord au Sud avec une grande rapidité, pour aller se perdre derrière les Pyrénées. Son éclat, très vif, était de nuance rougeâtre ; malheureusement il y avait au ciel quelques nuages derrière lesquels il a été caché une partie de sa route. Aucune explosion n’a été entendue.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 19 mars 1892.

1892, 18 mars, 20 h 14, Château-Chinon (Nièvre), Caillac (Lot). Un météore fut observé pendant quatre à cinq secondes. Un témoin, à Caillac, le vit exploser et laisser derrière lui de très nombreux débris fragmentaires.
Source : L’Astronomie, n°5, 1892.

1892, en mars, près du Vigan (Gard). “Un bolide en feu est tombé ces jours derniers dans le canal qui traverse les prairies de Tessan, près du Vigan.” Source : Le Mémorial des Vosges du 22 mars 1892.
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“Un bolide en feu est tombé ces jours derniers dans le canal qui traverse les prairies de Tessan, près du Vigan.
Les témoins de ce phénomène ont été très effrayés. Ils ont vu d’abord une longue traînée lumineuse, puis soudain ils ont entendu la chute d’un corps dans lé canal. A ce moment, les eaux s’élevèrent en gerbes très puissantes pour retomber ensuite sur les bords en cascades.
Le volume d’eau ainsi déplacé a été tellement considérable que pendant quelques instants cette partie du canal s’est trouvée à sec.
Le passage de la Mer Rouge par les Hébreux, quoi !” Source : Le Mémorial d’Aix du 24 mars 1892.

1892, 24 avril, Paris. “M. Bouquet de la Grye annonce l’observation faite par M. L. Simon d’un bolide qui paraissait deux à trois fois plus gros que la Lune, et qui a été vu le 24 avril dernier, à 11 h 55“ du soir, sur la place de l’Europe, à Paris. Cette observation curieuse a été communiquée à l’Académie des Sciences le 2 mai. M. Bouquet de la Grye pense que ces observations de très gros bolides ne sont pas aussi rares qu’on serait porté à le croire et qu’on en pourrait trouver des exemples dans le passé. Ces bolides volumineux ne sont pas formés d’une masse pierreuse; ils sont composés dépoussiérés ou d’un mélange de poussières et de gaz qui s’enflamment en traversant l’atmosphère.” Source : Bulletin de la Société astronomique de France, juin 1892.

1892, vers le 28 octobre, Habas (Landes). “Il y a huit jours, un bolide a passé par-dessus ou à côté du bourg de Habas, vers trois heures de l’aprés-midi. Il paraissait assez volumineux, - de la grosseur d’une boule de quille environ - et laissait derrière lui une longue traînée lumineuse. On l’a vu, ou plutôt on a cru le voir tomber du côté de Lahontan (Basses-Pyrénées) ; sa chute a été suivie d’un bruit ressemblant au roulement du tonnerre. Le bruit a été entendu par une bonne partie de la population, et les esprits superstitieux en ont été fort effrayés, à ce qu’on raconte.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 4 novembre 1892.

1893, 9 février, Le Tholonet (Bouches-du-Rhône). “Plusieurs personnes matinales ont pu voir jeudi matin, vers les 5 h. 3/4, au Tholonet et contempler pendant quelques secondes un grand globe lumineux traversant rapidement l’espace au couchant, dans la direction du nord au midi et, avant de disparaître à leurs yeux, se diviser en plusieurs corps également lumineux.
Elles n’ont attaché à ce phénomène météorologique aucun présage fâcheux, pas plus que nous qui aimerions pourtant bien savoir si ce bolide a été vu sur d’autres points, avant de tomber dans la Méditerranée, ainsi que nous avons lieu de le croire d’après sa direction.
Espérons que quelques journaux nous en donneront des nouvelles.” Source : Le Mémorial d’Aix du 12 février 1893.

1893, avant le mois de mai, Villiers-Champagne (Mayenne). On peut lire dans le bulletin de la Société Astronomique de France la mention suivante, sans plus d’explications : “M. G. Fripier signale la chute d’un aérolithe à Villiers Champagne.” Séance du 3 mai 1893.

1893, 11 août, Joigny (Yonne). “Un bolide est tombé aux environs de Joigny près de l’écluse de Saint-Aubin. Un homme qui passait près de son point de chute voulut le ramasser mais ne put y parvenir, l’aérolithe étant encore brûlant, et sa partie externe, liquéfiée, tant la chaleur développée par le frottement de l’air était forte, commençait à peine à se solidifier. Ce bolide pèse environ 5 kilogrammes, est rond et a douze centimètres de diamètre. A l’intérieur, il est formé d’une sorte de tissu convergeant vers le centre et offre l’aspect du minerai de
cuivre.” Sources : Journal des débats politiques
et littéraires, 11 août 1893, dans La Presse du
13 août 1893 ou bien encore dans le Courrier
des Alpes du 22 août 1893. D’après la
description, il ne s’agit certainement pas d’une météorite mais très certainement d’une marcassite.

1893, 17 août, Gaubert (Alpes-de-Haute-Provence).”Un bolide est tombé sur le terroir de Gaubert, le jeudi 17, à 9 heures du soir. Les personnes qui se trouvaient dehors à cette heure tardive, ont remarqué une clarté subite, dont la plupart n’ont pas eu le temps de se rendre compte. Celles qui ont aperçu le météore affirment qu’il brillait d’une vive lumière bleuâtre. Il a éclaté au moment où il disparaissait derrière les collines de la Braisse.” Source : La Croix de Provence du 3 septembre 1893.

1893, entre Cézy et Joigny (Yonne). “Un cultivateur de Cézy, petit bourg situé à trois kilomètres de Joigny, suivait les bords du canal poru se rendre au marché ; quand, à quelques pas devant lui, il entendit un sifflement, immédiatement suivi d’un nuage de poussière. S’étant approché, le villageois aperçut une masse noirâtre qui fumait et dégageait une assez forte odeur de soufre. Peu ferré en astronomie, il ouvrit de grands yeux, se demandant d’où pouvait bien venir cet obus qui avait failli le tuer. D’autres habitants du village ne tardèrent pas à le rejoindre, et quand l’obus céleste fut suffisamment refroidi, on l’emporta en ville dans un panier.” Source : Le Journal de Sablé du 13 août 1893. Il est probable que ce récit soit lié au même événement que celui du 11 août 1893.

1893, octobre, Châteauneuf-de-Vernoux (Ardèche). “On écrit au Salut Public, de Lyon : Un fait bien extraordinaire vient de se produire dans la commune de Châteauneuf, près de Vernoux. Ces jours derniers, le jeune Emile Girel gardait les vaches dans une prairie, au-dessous du domaine de Lapras. C’était à neuf heures du matin, le ciel était pur et le vent du nord soufflait assez vivement. L’enfant était à genoux sur l’herbe et s’amusait avec des petits bâtons, tout à coup, une sorte de nuage d’environ deux mètres de diamètre s’abattit sur lui. Poussant des cris affreux, le petit Girel s’enfuit vers la maison tandis que le météore, poussé par le vent et rasant la terre, s’éloignait dans la direction du sud.
Le docteur Armand, appelé en toute hâte, a constaté sur le visage et les mains de l’enfant des brûlures sérieuses, surtout du côté droit et a vu que les yeux de l’enfant étaient compromis.
Diverses personnes qui se trouvaient dans les champs voisins, ont été témoins de cet événement qui leur a paru prodigieux. Il a été probablement causé par la chute d’un aérolithe qui se serait produitee dans les régions supérieures de l’atmosphère et serait tombé comme un bloc de poussière brûlante sur le pauvre enfant.“ Source : Le Courrier de la Rochelle du 2 novembre 1893.

1894, 2 septembre, soirée, sud de la France. Un météore est observé pendant une trentaine de secondes dans la France entière. Il se
déplace de l’ouest vers l’est et se compose,
selon les témoignages, de deux ou trois parties. Il est observé en particulier à Urbalacone
(Corse), près d’Hyères (Var), à Marseille (Bouches-du-Rhône). Source : L’Astronomie,
n° 11, 1894.

1894, 7 septembre, Ploemeur (Morbihan). “Vendredi matin, à trois heures, plusieurs habitants de Ploemeur ont vu passer un assez gros bolide enflammé qui fit entendre au-dessus du bourg une détonation comparable à un coup de canon. Il se dirigeait du côté de Gâvres et l’on suppose qu’il est tombé dans la mer entre Gâvres et Larmor.”
Source : Le Lorientais du 9 septembre 1894.

1894, 11 septembre, Nancy (Meurthe-et-Moselle). On peut lire l’article suivant dans le journal L’Est Républicain paru le 13 septembre 1894 : “Mardi matin, un aérolithe de la grosseur d’une balle est tombé, chemin de Villiers, dans le chantier de la corderie Clostre-Richard ; il s’est abattu sur une planche
à laquelle il a communiqué le feu ; des ouvriers
sont accourus au point de la chute du corps
céleste qui, deux heures après, était encore chaud à ne pouvoir le toucher. Cet aérolithe a un aspect de fonte fraîchement coulée et en a presque la dureté. Les ouvriers se sont partagé les morceaux de ce corps extraterrestre.”

1894, 25 septembre, Hagetmau (Landes). “HAGETMAU. - Mardi soir, vers neuf heures, un bolide allant du nord-ouest au sud-ouest, est passé par Hagetmau, qui a été subitement éclairé par une très vive lueur ; l’apparition a duré environ trois ou quatre secondes.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 29 septembre 1894.

1894, septembre ?, Sallanches (Haute-Savoie). “Un cantonnier de Sallanches offre d’envoyer à l’Académie une « pierre à foudre » (aérolithe) du poids de 11 kilog. L’Académie accepte, sous bénéfice d’inventaire ; si la pierre est réellement
un aérolithe, elle sera déposée au Muséum.”
Source : Journal des débats politiques et littéraires, 25 septembre 1894.

1894, 14 octobre, entre 18 h et 20 h 50, Grenoble (Isère), Bordeaux (Gironde), Le Mans (Sarthe).
Un bolide est observé pendant une dizaine de
minutes. Il se dirige du sud-sud-ouest vers le sud-sud-est. Plusieurs observations sont notées pour cette journée du 14 octobre ;
il est possible qu’elles n’aient pas de lien. Le témoin de Grenoble, un officier à la retraite, a cru voir tomber le bolide à une distance de
200 mètres. Il devait être beaucoup plus
éloigné. Source : L’Astronomie, n°11, 1894.

1894, 18 novembre, Belfort (Territoire de Belfort). “Un bolide laissant derrière lui un sillage très lumineux est passé au-dessus de Belfort dimanche soir vers dix heures et demie. Ce bolide, qui faisait entendre un sifflement assez prononcé, se dirigeait de l’Est à l’Ouest.” Source : L’Est républicain du 22 novembre 1894.

1894-1895, Saint-Goazec (Finistère). “Séance du 2 juin 1932. Don au Muséum.
M. Marchand, conservateur du Muséum, présente un minéral qui vient d’être offert au muséum, comme étant une météorite, par M. Derrien, ancien inspecteur des contributions indirectes. Cette météorite, du poids de 12 kilos 800 serait tombée en 1893 ou 1894, dans le voisinage du bourg de Saint-Goazec, nu près de Châteauneuf-du-Faou, Finistère. L’aspect de ce minéral est bien celui d’un composé riche en fer, comme cela est fréquent pour les météorites. M. Marchand se propose d’ailleurs de le faire analyser.
[...] Séance du 7 juillet 1932. Cet aérolithe tomba dans un champ, près du petit bourg de Saint-Goazec (Finistère) en 1894-1895. Il fut ramassé par le buraliste du bourg et me fut cédé contre finances à mon passage. J’avais remarqué cette pierre et lui en avait demandé la provenance. Il en a été détaché un morceau de la grosseur du poing pour être analysé sommairement. L’analyse donnait environ 87 de fer pur et de manganèse. Signé P. Derrien”. Le rapport est complété par l’analyse de l’objet dont voici les
résultats : “Sur matière pulvérisée séchée à 100°. Poudre brune, nettement magnétique. S’attaque facilement par HCl en laissant un insoluble de silice gélatineuse retenant un peu de fer.
Fer total.............................. 55,10%
Silice......................................... 18,54
Alumine................................ 7,85
Manganèse, cuivre traces
Métaux lourds, As, Sb, Ni, Zu, etc... néant
Oxygène combiné au fer 18 environ

On n’a pas dosé exactement les proportions relatives de fer au minimum FeO et de fer au maximum Fe2 O3 mais un examen sommaire montre que le fer est en grande partie (70 à 80%) à l’état de FeO. Dans ces conditions, le calcul donne 18% pour la teneur en oxygène combiné au fer.
Couëron, 29 juin 1932. Signé : L. Bruney.

M. de Neuville fait remarquer que, jusqu’à ce jour, on n’a pas rencontré de fer dans les météorites sans y rencontrer en même temps le nickel et le cobalt. Le fer natif peut bien y figurer, mais il est toujours accompagné de camasite, taenite, plessite, qui sont des fers au nickel plus durs que le fer natif, et dont la présence produit sur une surface polies les figures de « Widmandstaetten ». Le seul composé ferrifère que l’on rencontre dans les météorites et qui ne contienne pas de nickel ni de cobalt est la troïlite (FeS).
On ne peut donc s’empêcher de penser qu’il y a là une anomalie
singulière, et comme l’origine de la météorite est assez incertaine, puisque sa chute remonterait à 38 ans et qu’elle n’a pas eu lieu en présence de témoins qualifiés, il semble que la plus grande prudence soit requise avant de lui contirmer son titre.
A l’appui des observations ci-dessus, on peut faire intervenir les faits suivants.
La pièce en question porte, encastrés dans sa matière, des éléments de schiste, lesquels indiquent qu’elle a pris contact avec le sol alors qu’elle était à l’état pâteux. Or, il ne peut en être ainsi d’une météorite. La météorite, marchant à l’allure, qui, dans certains cas, a pu être mesurée, de 30 kilom. par seconde, mettra pour traverser l’atmosphère terrestre, qui a environ 100 kilomètre de hauteur, un temps très court, de l’ordre de 3 ou 4 secondes. Or, il est impossible que dans un temps si court la température de la météorite, qui, dans les espaces interplanétaires était de -273°, monte à la température de ramollissement, qui doit être voisine de 1000°. La croûte superficielle fond évidemment, et même brûle, mais le nombre de calories développé par la circulation du météore dans l’atmosphère terrestre pendant 3 ou 4 secondes est certainement insuffisant pour l’amener à la température de ramollissement. Le fait que l’on rencontre des morceaux de schiste encastrés commande donc à lui seul une grande défiance.
Cette défiance sera encore augmentée si l’on remarque que tout ce pays, où affleure l’extrémité ouest de la bande ferrifère du grès, armoricain, et où la métallurgie du fer remonte aux âges préhistoriques, est extrêmement riche en scories anciennes qui se rapprochent extrêmement de l’échantillon présenté, tant par l’aspect extérieur que par la composition.” Source : Bulletin de la Société des sciences naturelles de l’Ouest de la France, 1932.

1895, janvier, Vabres (Tarn). “A Vabres (Tarn), les habitants ont été terrifiés par la chute d’un aérolithe qui est venu s’écraser sur le sol devant l’église en faisant jaillir une gerbe d’étincelles.” Source : Le Nouvelliste de l’Ouest du 9 janvier 1895.

1895, 21 janvier, Andilly (Charente-Maritime). “Andilly. Un aérolithe est tombé, lundi soir, sur le territoire de la commune, en répandant une lumière éclatante.” Source : Le Phare des Charentes du 27 janvier 1895.
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“Le 21 janvier dernier, a la descente du train de Bordeaux vers 8h 30 du soir, je regagnais mu villa, lorsque mon attention fut attirée par un phénomène celeste que je crois digne d’intéresser les lecteurs de La Nature. Un bolide parti du nord, se dirigeant vers l’est avec une vitesse très grande, decrivait sur ma droite une courbe dans la direction de Lamothe du Teich. Cependant I’augmentation d’intensité et le développement de la flamme étaient si rapides, les changements si distincts, que l’aérolithe devait certainement se rapprocher d’Arcachon dans un plan oblique. Aussitôt arrivé dans mon cabinet de travail, je m’empressai de tracer le croquis ci-après qui retrace assez exactement le phénomène observé. De a en c, c’est simplement l’aspect d’une étoile filante ordinaire pour sa durée comme pour son in tensité. En a. la lueur est très faible, plus nette en b, plus intense en e. De c en d, il semble qu il y ait eu un redressement de la courbe, comme si se heurtant à des couches plus denses de l’atmosphère, le corps cosmique eut fait un léger ricochet. Ce qui rend plausible cette explication, c’est qu’en même temps la lumière devint tres vive ; la masse prit feu. Le frottement dur élevait considérablement la température, car il se produisit instantanément une grande flamme éclatante dont la couleur légèrement verte rappelait exactement l’éclairage au gaz fait à l’aide du nouveau bec Auer. De d en e, la flamme grandit, devint plus éclairante, c’est-à-dire qu elle se rapprochait. En f, subitement se produisit une explosion ; la flamme blanchit légèrement comme s’il y avail eu une poussière en suspension tout autour. Quatre ou cinq corps globuleux, d’un rouge vif, étaient en même temps projectés en avant, comme le bouquet formé par I’explosion d’une chandelle romaine de feu d’artifice. Du centre émerge un corps allongé d’aspect plus au moins cylindrique aux extremités arrondies, d’une couleur rouge cerise, et dont la vitesse va en g depasser celle de la flamme. Les corpuscules s‘éteignent après avoir décrit vers le bas des courbes rapides ; ils disparaissent. La flamme elle-même s’évanouit en h. Seul desormais, clair et brillant, tombe rapidement le corps du bolide, semblable à du métal incandescent. Mais il disparait derriere les arbres et les villas qui couvrent la dune. Ce phénomène, qui dura pendant dix à douze secondes, se produisit dans un espace propice à I’observation. La trajectoire de l’aérolithe, qui semblait partir du centre de la Grande Ourse, s’en écarta d’une longueur sensiblement égale à près de quatre fois la distance de la Polaire à La Grande Ourse. Pendant les jours précédents et suivants, de nombreuses étoiles filantes ont sillonné le ciel dans tous les sens.
André de Lustrac.” Source : La Nature, n° 1132 du 9 février 1895.

1895, début janvier, Vabre (Tarn). “A Vabre
(Tarn), les habitants ont été terrifiés par la
chute d’un aérolithe qui est venu s’écraser sur
le sol devant l’église en faisant jaillir une gerbe d’étincelles.” Source : L’Est Républicain, 9 janvier 1895.

1895, 21 janvier, Andilly (Charente-Maritime). “Un aérolithe est tombé, lundi soir, sur le territoire de la commune, en répandant une lumière éclatante.” Source : Le Phare des Charentes du 27 janvier 1895.

1895, 23 avril, Bayonne (Pyrénées-Atlantiques). “La nuit dernière, vers une heure du matin, un bolide a traversé l’espace au-dessus de Bayonne, laissant derrière lui une longue traînée de feu et projetant quelques instants une vive lumière sur les toits de la ville.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 24 avril 1895.

1895, 23 juin, Oeting (Moselle). “Dimanche
soir, à 10 heures et demie, un superbe
météore a passé au-dessus d’Oeting. L’étoile tombante laissait derrière elle une brillante traînée lumineuse.” Source : Le Courrier de
Metz du 27 juin 1895.

1895, 26 juin, Toulouse (Haute-Garonne). “Toulouse, 26 juin. Un bolide a été aperçu cette nuit par l’Observaloire de Toulouse. Il allait de l’est à l’ouest. Le phénomène a commencé par un immense éclair ; une longue traînée lumineuse a suivi, composée d’un noyau et de deux branches. Aucune détonation ne s’est produite. Le phénomène a duré trois minutes.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 28 juin 1895.
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“Dans la nuit du 25 au 26 juin, à minuit 25, il a été observé à l’Observatoire de Toulouse, par M. Rossard, un bolide qui a traversé la voûte céleste de l’est a 1’ouest, dans la constellation de l’Aigle. Le phénomène à débuté par un immense éclair, et une longue traînée lumineuse est apparue, laissant voir à travers elle les étoiles les plus brillantes ; l’aspect de cette traînée se composait d’un noyau et de deux branches allant de l’est à l’ouest. Le phénomène a duré près de trois minutes. Aucune détonation n’a été entendue.” Source : Journal de l’Aveyron du 29 juin 1895.

1895, 11 août, Pamproux et Niort (Deux-Sèvres). “Dimanche soir, vers 8 h. 1/2, un corps lumineux ayant la forme d’une grosse fusée a été aperçu à Pamproux, traversant l’espace du sud-est au nord-ouest.
La même observation a été faite à Niort sur deux autres points. Le phénomène s’est d’ailleurs produit plusieurs fois dans le même soirée et cela a été pendant un moment comme une de ces pluies lumineuses d’étoiles qu’on observe aux environs du mois de septembre.” Source : L’Écho de Châtelaillon-les-Bains du 18 août 1895.

1895, 18 août, Narbonne (Aude). “On signale de Narbonne le phénomène céleste suivant : Dimanche soir, à 9 heures 57 (heure de Paris), deux magnifiques bolides, voyageant de concert, à une distance de un mètre environ l’un de l’autre et reliés entre eux par les extrémités caudales. ont été aperçus à La Nouvelle par M. Rossard, président de la Société météorologique. Les deux noyaux. entourés d’une nébulosité sans doute incandescente, étaient d’un rouge très foncé. Ces deux météores, quittant la constellation de Cassiopée, se dirigeaient vers le sud. L’apparition a eu une durée de deux minutes environ. Ces phénomènes sont trop rares pour que nous laissions passer, sans le signaler, celui observé par le président de la Société météorologique de Narbonne.” Source : Journal de Monaco du 20 août 1895.

1895, 22 août, Nemours (Seine-et-Marne). Les Annales du Bureau central météorologique de France en 1895 mentionnent, sans plus de détails, un aérolithe à 20h.

1895, 31 août, Bourges (Cher). “Un phénomène céleste assez curieux s’est produit hier soir, vers dix heures et demie, à Bourges. Un énorme aérolithe a passé au-dessus de cette ville. On aurait cru au passage d’un obus enflammé. Le bolide lançait effectivement une lumière d’un blanc éclatant légèrement bleuâtre aux extrémités des reflets. Dans sa traversée de l’air il produisait un sifflement assez fort. Plusieurs minutes après sa disparition à l’horizon, une trace lumineuse a subsisté dans le ciel dans la direction de l’Est.” Source : Le Petit Parisien,
1er septembre 1895.

1895, 5 septembre, Porspoder (Finistère). “Un bolide. - On nous écrit de Porspoder : Nous
avons été témoins, avant-hier, d’un phénomène très curieux : entre 10 et 11 heures du soir, un corps lumineux, de la grosseur du poing en apparence, et d’une clarté argentée, a passé dans le ciel éclairant toute la campagne. Il se dirigeait exactement du Sud au Nord, bien
plus lentement qu’une étoile filante, et s’éteignait au bout d’environ une minute,
après avoir parcouru un grand arc de cercle.
Ce globe lumineux était entouré de flammes rouges et suivi d’une queue d’un mètre en apparence, queue qui semblait oomposée
d’environ une douzaine de corps semblables et entourés de flammes, mais de plus en plus
petits, de plus en plus rouges et. de plus en plus rapprochés les uns des autres à mesure qu’ils étaient plus loin du premier globe lumineux. Ce météore, que nous
avons admirablement vu, était d’un effet très beau et saisissant.”

1895, 8 septembre, Epinal (Vosges). “Un superbe bolide d’un rouge vif, éblouissant, a été vu, dimanche soir, du côté d’Epinal, à sept heures trois quarts. Il arrivait du nord-est pour aller disparaître à l’extrême horizon, au sud-ouest.Son passage a duré près d’une minute. Sa grosseur à l’œil nu peut être évaluée à deux fois celle de la planète Mars.” Source : L’Est républicain du 11 septembre 1895.

1895, nuit du 2 au 3 novembre, Epinal (Vosges). “Epinal. - Un superbe bolide a traversé l’horizon d’Epinal dans la nuit de dimanche à lundi. Parti du zénith, sous la forme d’une trainée de paillettes enflammées, il a éclaté dans la direction de l’ouest en projetant une lumière éblouissante, qui a éclairé subitement la ville, comme si elle provenait d’une gigantesque lampe à arc. La durée du pbénomène a été de quatre à cinq secondes.” Source : Le Courrier de Metz du 7 novembre 1895.

1895, 14 et 15 novembre, dans l’Aveyron, à Jersey, en Bretagne. “Le 14 et le 13 novembre, sur divers points de l’Aveyron, on aperçut pendant, la nuit une sorte de nuage lumineux qui tout à coup éclaira l’horizon comparable à une pleine lune. Les mêmes jours on constatait ce phénomène à Jersey et à Plouguenast (Côtes-du-Nord).
Le Cosmos dit à ce sujet : L’éclairement produit, dit M. Marc Dechevrens, de l’observatoire Saint-Louis, comparable à celui de la pleine lune, était du en partie à une sorte de nuage lumineux qui allait en se développant. foui autour du météore et qui continuait à l’arrière à en dessiner la trajectoire... Ce qui me semble du plus haut intérêt, c’est la persistance de la trainée lumineuse laissée par ce bolide ; j’ai pu la voir deux ou trois minutes après la disparition du bolide... Quelle était l’altitude de ce nuage volumineux ? Comme on ne peut admettre qu’il brillait d’une lumière propre, il devait réfléchir la lumière du soleil. C’est donc à une altitude énorme qu’il faut reporter ces traces de météore, le soleil étant sous l’horizon depuis 2 heures 15 minutes.” Source : Bulletin d’Espalion du 7 décembre 1895.

1895, 21 novembre, Châtel-sur-Moselle (Vosges), Gerbéviller (Meurthe-et-Moselle), Strasbourg (Bas-Rhin), Wœrth (Bas-Rhin). “Un aérolithe a été vu sur le plateau de Châtel, le 21 novembre, à 5 h. 15 du soir. Ce bolide, suivant une direction est-nord-ouest, avait la forme d’une boule d’où aurait jailli la lumière électrique élevée d’environ 100 mètres ; il a paru s’éteindre en tombant sur les bois de Châtel.” Source : Mémorial des Vosges du 23 novembre 1895.
***
Voici un autre article sur le même phénomène,
paru dans l’Est Républicain du 24 novembre
1895 : “Le 21, vers les six heures du soir, par
un temps clair, un énorme bolide est passé
au-dessus de Gerbéviller, se dirigeant avec une
certaine rapidité de l’Est à l’Ouest, et éclairant vivement la ville pendant deux secondes. Il a semblé éclater, mais sans fracas, au-dessus
du parc du château, ce qui laisse supposer
qu’il était fort éloigné.”
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“Un bolide a passé sur Remiremont jeudi dernier vers cinq heures et demie du soir. Ce météore igné très visible à l’œil nu, se dirigeait de l’Est à l’Ouest. Il a éclaté dans les environs de Remiremont et a donné lieu à une chute d’aréolithes, l’un d’eux est tombé sur le territoire des Bruyères, un autre du côté de Seux, au dessus des prairies de la Moselle ; un troisième non loin de la Charade, Indépendance ; d’autres enfin sur le territoire des Granges de Plomblières.” Source : Le Vosgien du 29 novembre 1895.

1895, 16 décembre, Conthil (Moselle). “Un brillant météore, qui pendant quelques instants a illuminé l’horizon, se dirigeant du sud au nord, a été observé hier, vers 6 heures du matin. C’était superbe.” Source : La Gazette de Lorraine du 19 décembre 1895.

1896, 6 janvier, Domrémy-la-Pucelle, Greux (Vosges), Maxey-sur-Meuse (Meuse). “Plusieurs
personnes dignes de foi de Domremy, Greux
et Maxey affirment avoir vu le 6, jour de
l’Epiphanie, un météore ayant la forme d’une
boule de feu, avec une longue queue de 0,80
cent. environ, terminée par trois petites étoiles
lumineuses, traverser la vallée de la Meuse, venant de la direction du Mont Julien, et disparaître derrière un sapin près de la maison de Jeanne d’Arc. Les personnes qui en ont
été témoins ont été vivement frappées de la coïncidence de ce phénomène avec la fête religieuse du jour et avec l’anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc. Elles y voient, à tort ou à raison, l’annonce de graves événements.”
Source : Le Nouvelliste des Vosges du 12 janvier 1896.
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Le Journal du Loiret du 12 février publie également un article que voici : “Dans son numéro du 1er février, l’Impartial des Vosges annonçait en ces termes l’apparition d’un étonnant météore dans l’air : Un fait extraordinaire vient de se produire à Domremy. Il peut être l’effet du
hasard, mais c’est au moins un hasard merveilleux qui sait choisir le jour, l’heure et le
lieu où il opère. Le 6 janvier dernier, jour anniversaire de la naissance de Jeanne d’Arc, vers l’heure de cette naissance, un météore magnifique, venu des régions lointaines, a traversé la vallée de la Meuse, s’est arrêté quelques instants au-dessus de l’église de Domremy, puis s’est incliné sur la gauche et
est venu se reposer devant la porte de
l’héroïne. Il a illuminé la façade pendant quelques instants, et a disparu sans laisser aucune trace. Le météore paraissait être une étoile très brillante, grosse comme la tête d’un enfant ; il était suivi d’une traînée lumineuse d’un mètre environ, terminée par trois étoiles disposées en triangle. La véracité du fait ayant été constatée, nous sommes étonnés qu’aucun journal ne l’ait encore relaté. Puisse-t-il être un heureux présage !”

1896, 6 février, dans l’ouest de la France. “Séance du 5 mars 1896.
M. Quélin presente une note sur les bolides tombés, 10 fevrier dernier, sur l’Espagne.
Il croit que les sept bolides observés lors de leurs chutes sont les fragments d’un seul et même bolide observé, le 6 février au soir, en France, notamment à Angers et à la Baumette. Bien que ce bolide eut été masqué par un fort brouillard, la lumière qu’il projeta était si forte qu’elle illumina toute une partie du ciel et fut tout d’abord considérée comme une forte aurore boréale. Un jeune paysan eut une telle frayeur, ainsi que le troupeau qu’il conduisait, qu’il rentra précipitamment. Autant qu’on en put juger, ce bolide disparut vers le sud-ouest, direction qu’avaient aussi les bolides d’Espagne. Il ne parait pas impossible à M. Quélin que ce meteore ait tourné trois ou quatre fois autour de la Terre, ou que la Terre ait fait plusieurs fois sa rotation devant lui avant que sa chute ne se produisit.” Source : Bulletin de la Société d’Etudes scientifiques de l’Anjou, 1896.

1896, 10 février, moitié ouest de la France. Tous les témoignages sont à relier à la chute d’une météorite à Madrid le même jour et à la même heure. “On télégraphie de Bordeaux : Lundi matin, deux personnes qui se trouvaient dans un champ, à Sore (Landes) entendirent une légère détonation et, au même moment, aperçurent, à 500 mètres, une traînée de feu assez semblable à une forte fusée de couleur jaunâtre, qui devint d’un rouge vif, avec des feux blanchâtres à l’extrémité. La gerbe lumineuse se dirigea obliquement de haut en bas et de l’ouest à l’est, et alla plonger dans la rivière la Leyre. La détonation sembla se produire à 30 mètres environ au-dessus du sol. Le temps était très clair, et il était exactement neuf heures trois quarts, heure à laquelle sont tombés les aérolithes en Espagne et principalement à Madrid.” Source : L’Echo Rochelais, 15 février 1896.
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Le Courrier du Centre du 14 février 1896 relate le phénomène : “Lundi, vers dix heures du matin, cinq à six personnes qui travaillaient dans les champs ont aperçu du côté du sud-ouest de Miremont (Haute-Garonne), un superbe aérolithe. Cet aérolithe qui paraissait, à distance, de la grosseur d’un enfant moyen, laissait après lui une traînée brillante de 15 ou 20 mètres. C’est au milieu des bois, dans le vallon de Peytrot, situé aux confins de la commune d’Auribail, que ce corps lumineux est tombé. L’heure à laquelle il a été aperçu concorde avec celle de
l’apparition du bolide de Madrid.”
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L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 13 février 1896 relate ceci : “BIARRITZ - Le bolide qui fit explosion à Madrid, a été aperçu en mer à 4 milles de la barre d’Adour, par des pêcheurs de Biarritz. Il avait la forme d’une boule de feu, de la grosseur d’une tête humaine et était accompagné d’une traînée lumineuse de quinze mètres environ. Le météore semblait descendre rapidement dans la mer ; mais arrivé à environ deux mètres de la surface, il sembla disparaître brusquement.”
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On peut lire dans L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 19 février 1896 : “Autevielle, la 16 février 1896. Monsieur le Directeur, La comune d’Autevielle-St-Martin-Bideren a eu aussi sa part de bolide. D’aucuns prétendent que feu M. le curé de Bideren dont l’influence là haut doit être considérable, a voulu donner par là un avortissement aux incorrigibles descendants de ses paroissiens. Voici, en effet, ce que m’a raconté, hier seulement, M. Sallenave Jean-Baptiste, l’aimable fils de notre sympathique maire : Lundi dernier, au matin, j’étais â la palombière de M. Pucheu (l’adjoint au maire) en compagnie de ce dernier et d’un autre chasseur. Vers dix heures, j’ai vu tout à coup arriver, suivant la direction du Sud-Ouest au Nord-est, un globe de feu pâle, suivi d’une traînée lumineuse. J’ai appelé sur ce phénomène l’attention de mes camarades, et au moment où nous avons vu le météore s’éteindre et disparaître, il paraissait se trouver à une cinquantaine de mètres du sol, et la distance qui le séparait de nous était d’environ un kilomètre.Le globe pouvait avoir alors, en perspective, un diamètre d’une vingtaine de centimètres et la traînée lumineuse une longueur approximative de deux mètres. Cet aérolithe serait-il un fragment du bolide ayant fait explosion à Madrid ? Je vous prie d’agréer, etc.”

1896, 15 février, Salmiech (Aveyron). “Depuis quelque temps, les journaux ne parlent que météores et bolides. Carcenac-Salmiech a eu le sien, samedi 15 février. Deux voyageurs, vers 4 heures et demi du malin cheminaient non loin de Burgayrettes, lorsque l’obscurité complète qui régnait autour d’eux fit subitement place à une clarté aussi vive que celle du soleil. Le phénomène dura deux à trois secondes ; il ne fut accompagné d’aucune détonation. N’empêche que les deux voyageurs eurent une fameuse émotion. Le corps lumineux qui produisit cette clarté aveuglante allait du sud au nord ; il était d’un diamètre peu considérable mais d’une grande longueur.“ Source : Journal de l’Aveyron du 20 février 1896.

1896, 16 février, Nîmes (Gard). “L’avant-dernière nuit, vers quatres heures du matin, un bolide d’une certaine dimension a été aperçu au-dessus de Nîmes, se dirigeant du Nord au Sud. Le bolide dans sa traversée, qui a duré trois ou quatre secondes, a jeté sur la ville une vive clarté qui a produit l’effet d’un éclair et a laissé derrière lui une traînée lumineuse d’une dizaine de mètres.” Source : Mémorial des Vosges du 18 février 1896.

1896, nuit du 22 au 23 février, Abbeville (Somme). “Dans la nuit de samedi à dimanche, les habitants de la rue du Valvret, faubourg Saint-Gilles, ont été mis en émoi par une formidable détonation qui a fait trembler les vitres des maisons. Un vieillard, qui était levé, raconte qu’il a vu tomber du ciel une fusée qui a éclaté en touchant l’angle d’une cheminée. Le matin, les voisins, rassemblés dans la rue, ont trouvé une pierre ronde de la grosseur d’un pavé, ressemblant à de la houille. On croit se trouver en présence d’un aérolithe ou bolide pierreux. Le morceau de pierre a été l’objet de la curiosité publique. Il a d’ailleurs été laissé sur la chaussée.” Source : Le Progrès de la Somme, 28 février 1896.

1896, 18 juillet, Lunéville (Meurthe-et-Moselle). “Grand incendie à Lunéville. - Samedi soir, le magasin à fourrage des Petits Bosquets, renfermant environ 2,000 quintaux de paille et autant de foin, a été complètement détruit par un incendie qui paraît avoir été allumé par la chute d’un aérolithe. On a pu préserver le magasin à avoine et les habitations voisines.” Source : Le Nouvelliste des Vosges du 19 juillet 1896.

1896, 17 août, Villefranche-de-Rouergue (Aveyron). “Avant-hier soir, vers neuf heures et demie, un bolide venant du Nord a traversé l’espace se dirigeant vers le Sud. Malgré que le ciel fût absolument couvert, les spectateurs de ce phénomène céleste ont pu voir une immense gerbe de feu, projetant à travers les nuages une très vive lueur, accompagnée d’un roulement sourd comme le bruit d’un tonnerre lointain.” Source : Journal de l’Aveyron du 19 août 1896.

1896, 25 ou 26 octobre, Epinal (Vosges). “Un superbe bolide a traversé l’horizon d’Epinal dans la nuit de dimanche à lundi. Parti du zénith nous la forme d’une traînée de paillettes enflammées et ondulant comme une fusée d’artifice, le bolide a éclaté dans la direction des Brosses en projetant une éblouissante lumière. La Moselle et le quai Jules Ferry ont été éclairés subitement comme en plein jour par une lumière blanche et vive ressemblant à celle de la lampe à arc. Après l’éclatement du bolide on a pu voir les fragments en ignition tomber vers le sol. La marche du bolide était orientée du zénith au sud-ouest et la durée du phénomène a été environ de 4 à 5 secondes.” Source : Le Nouvelliste des Vosges du 1er novembre 1896.

1896, 1er novembre, Gevrey-Chambertin (Côte-d’Or). “Dans la nuit de dimanche à lundi, à 11 h. 20, un phénomène des plus rares et des plus curieux a été constaté dans tout le département de la Côte-d’Or, et sans doute bien au-delà.
Nous voulons parler d’un superbe bolide qui a été vu se dirigeant du sud-ouest au nord-est. Il répandait une lumière intense et splendide, semblable à celle d’un feu de bengale. Puis une détonation formidable avec roulement prolongé se fit entendre. La détonation s’est faite attendre ici plus longtemps, ailleurs, moins longtemps, selon la distance du lieu de l’explosion.
En rapprochant les différents renseignements qui nous sont parvenus nous sommes portés à croire qu’il a éclaté au-dessus du canton de Baigneux. On ne dit pas qu’il ait touché à terre.
Voici quelques-unes des notes qui nous sont parvenues. Dans notre prochain numéro nous expliquerons le phénomène.
Mavilly.— Dimanche, 1er novembre, vers 11 h. 1/2 du soir, est apparu subitement dans la direction de l’ouest un météore lumineux, se dirigeant du sud au nord avec trajectoire un peu curviligne, décrivant un arc d’environ 60 degrés.
Le bolide était presque circulaire au moment de l’apparition, et offrait l’aspect d’une boule de feu ; avec intensité lumineuse très grande (flamme de bengale à lumière blanche). La durée approximative de cette lumière a été de 2 à 3 secondes. La boule de feu a pris, dès son apparition une forme allongée ; quand l’intensité a disparu, le bolide ressemblait à une fusée qui vient d’éclater ayant la forme d’un triangle sphérique. La base de ce triangle était tournée vers la terre. Le triangle de feu a duré pendant 2 secondes environ, ce qui porte à 5 secondes l’apparition totale du bolide.
Dès que le bolide eut affecté la forme d’une fusée, une lame de feu s’en détacha par le bas et on entendit quelques secondes après un bruit sec, mais peu intense, probablement que c’était une partie du bolide qui se détachait de la masse.
A ce moment l’on ne voyait plus rien.
Mais un instant après (4 à 5 minutes), on a entendu un grondement prolongé (3 à 4 secondes), analogue non pas à un coup de canon, mais bien à un coup de mine. Nul doute que ce bruit formidable ne soit dû à la chute du bolide.
Gevrey-Chambertin. - Dimanche, vers 11 heures du soir, les rares personnes qui se trouvaient attardées dans les rues de Gevrey ont été vivement impressionnées par la chute d’un aérolithe.
Une lueur intense, qui a duré près de dix minutes, a fortement éclairé l’horizon du côté de la montagne, traçant dans le ciel une courbe allongée.
Puis, une détonation comparable à celle d’une arme à feu, s’est produite, réveillant la plupart des habitants qui, très effrayés, ne savaient comment expliquer cet étrange phénomène.
Quelques jeunes gens, par trop terrorisés sans doute a l’aspect du météore, ont cru assister à la fin du monde !
La Roche-en-Brenil. - Dans la nuit du dimanche 1er novembre au lendemain, vers 11 h. 1/2 du soir, une violente secousse comme de tremblement de terre s’est fait sentir sur le plateau où sont dispersés les hameaux qui composent la commune de La Roche-en-Brenil. Elle a été précédée d’une sourde détonation semblable à celle d’un coup de canon tiré dans le lointain. La secousse elle-même n’a duré que quelques secondes, mais a suffi pour mettre en émoi toute la population. Les uns se sont sentis ballottés dans leur lit qu’ils se sont empressés de quitter ; les autres,s’ils étaient debout, chancelaient comme des hommes ivres ; quelques-uns, doués sans doute de plus d’imagination ont cru voir les étoiles pâlir, s’entrechoquer, d’autres la voûte du ciel s’abaisser sur la terre, comme pour l’écraser.
Cussy-le-Châtel. - Un détail à noter sur le fameux bolide de dimanche. Un homme marchant au pas ordinaire, nous a indiqué le lieu précis où il était au moment de l’apparition du météore, et le point où il était arrivé quand la détonation s’est fait entendre. Nous avons parcouru le même espace, la montre à la main, en 2 minutes 40 secondes. Le son parcourant environ 20 kil. à la minute, on peut donc affirmer que la détonation a eu lieu à 50 ou 60 kilomètres de Cussy-le-Châtel. Le témoin nous a indiqué la direction du nord.
Nous prions nos correspondants qui auraient quelques détails à signaler à nous les adresser le plus tôt possible. Nous reviendrons sur ce curieux phénomène.” Source : Le Bien du peuple de Dijon du 8 novembre 1896.
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“Minot. - Le bolide. - On nous écrit : Le Bien du Peuple a inséré plusieurs informations relatives au phénomène de dimanche. La chose est assez curieuse pour que je vous décrive à mon tour ce qui a été vu à Minot.
Il s’est agit ici d’une traînée lumineuse d’un éclat merveilleux et qui a bien duré, en effet, une demi minute ; mais le phénomène a eu lieu a une très grande distance, que les spécialistes seuls peuvent apprécier, et à une hauteur de 60° sur l’horizon, dans la direction O.-S.-O. Sa lumière, d’une splendide blancheur, a été tellement brillante, que l’ombre des bâtiments, des arbres et des moindres objets formant relief, s’est dessinée sur le sol avec une netteté incomparable.
Environ une minute et demie après la fin de l’apparition, des craquements très nets et d’une très grande intensité, se sont fait entendre, comme partant d’un point extrêmement lointain ; après quoi, on a perçu un roulement sourd, diminuant graduellement, et qui ressemblait au bruit du tonnerre. Ce fracas a duré à son tour une demi-minute et tout est retombé dans le silence. Plusieurs habitants de Minot ont entendu ce tapage et se sont demandé, en vain, ce qui avait pu l’occasionner.
Il sera intéressant de savoir si nos observatoires ont étudié cet étrange phénomène, et si nous pourrons être renseignés sur sa nature ainsi que sur le point réel de l’espace où il y a eu lieu.” Source : Le Bien du peuple de Dijon du 15 novembre 1896.
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“On nous écrit d’Avallon : Dans la nuit de dimanche dernier à lundi, vers onze heures et demie du soir, un bolide sous forme d’un globe de feu, - gros comme une maison de village, d’après les témoins - s’est montré tout d’un coup dans le ciel, courant très bas de l’O.-N. à l’E.-S., de Faix, hameau de la commune de Sauvigny-le-Bois, dans la direction de Montjalin, autre hameau de cette commune, et éclairant tout le pays d’une lumière extrêmement intense. Après avoir passé au-dessus du chemin de fer, puis du chemin de grande communication n° 95, où se trouvaient quatre hommes revenant de Sauvigny, le météore, s’abaissant progressivement, s’est abattu sur le sol quelques secondes après, il semble et c’est probable, dans le bas-fond voisin, lieu dit les Crais, au pied du coteau sur lequel Montjalin est bâti. Là, il a éclaté et s’est éteint avec une formidable détonation qui a ébranlé les vitres des maisons et réveillé en sursaut les habitants eflrayés.” Source : Journal de l’Aveyron du 8 novembre 1896.

1896, 21 novembre, entre Pontigny et Venouse (Yonne). “M. Potherat, notre collègue de Rouvray, dépose sur le bureau, pour être placés au Musée, 2 fragments d’aérolithe, recueillis dans les circonstances suivantes : Le 21 novembre dernier, Mademoiselle Mathilde Jacquinot, âgée de 16 ans, se rendait à pied de Pontigny à Venouze, en suivant la voie ordinaire, lorsqu’elle vit tomber, dans un champ au lieu dit Rû Berdin, une boule de feu qui éclata avec un bruit extraordinaire. La jeune fille raconta son épouvante en retrant chez elle et le surlendemain son frère, s’étant rendu au lieu indiqué, recueillit deux fragments de pierre au pied d’une borne noircie sans doute par suite du contact et du choc avec le fragment de bolide. Ce sont ces deux fragments qui sont offerts aujourd’hui au nom de Mademoiselle Jacquinot. M. Monceaux, conservateur du Musée, ajoute que la chute du bolide n’était pas passée inaperçue dans la contrée. En faisant des recherches dans les journaux locaux, il a
trouvé dans le journal l’Yonne, du 22 novembre, la mention suivante : Saint Florentin : Un bolide. On a remarqué hier, dans la soirée, un phénomène très curieux. A cinq heures deux minutes, un énorme bolide a été vu, allant de l’Est au Nord, à une très grande distance. Le météore lumineux est resté visible pendant 19 secondes. On ignore le point de sa chute qui paraît être éloigné d’une dizaine de lieues. Ainsi que nous l’avons vu, un fragment de bolide est tombé entre Venouze et Poligny. Ce sont malheureusement les seuls renseignements que nous avons pu recueillir ; le champ où ont été trouvés les deux fragments d’aérolithe ayant été labouré quelques jours après la chute du météore. M. le Secrétaire ajoute qu’il fera analyser à l’école des mines les deux fragments offerts à la Société pour le Musée et il reviendra ultérieurement sur ce sujet.” Source : Société des sciences historiques et naturelles de l’Yonne. vol. 50, année 1896, paru en 1897.

1897, début janvier, Bergerac (Dordogne). “Pendant l’une des dernières nuits, à deux heures du matin, des habitants de notre ville ont assisté à un spectacle des plus étranges. Dans le ciel, très pur en ce moment, un bolide s’est élancé du Sud au Nord, comme un immense fusée. La voûte céleste est restée pendant quelques instants, divisée en deux parties par une raie de feu absolument droite et immobile. Puis, cette raie, sans changer de place, s’est mise à flotter en lentes sinuosités. On eut dit un immense serpent de feu, qui se tordait dans l’espace, Puis, la traînée lumineuse a diminué graduellement de longueur et, en même temps s’est élargie pour former une lueur de faible dimension, affectant à peu près celle d’un cône, s’avançant insensiblement, non plus vers le Nord mais vers l’Est, la pointe en avant, en diminuant toujours d’éclat pour bientôt disparaître. La durée de ce phénomène a été d’environ deux ou trois minutes.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 10 janvier 1897.

1897, 26 février, dans les Alpes et dans la Loire. “MM. Tardy et Sommier entretiennent la Société d’un bolide qui a été aperçu le 26 février 1897 à 4 heures 1/2 du matin à Bourg, Saint-Rambert, Bellegarde, Annecy, Saint-Claude et Belleville. La direction générale était de l’ouest à l’est. A Bourg, on l’aurait vu se diviser en trois fragments, mais aucune détonation n’a été entendue ; dans les autres lieux où il a été signalé on a perçu une détonation, deux même à Saint-Claude. M. Tardy explique ce phénomène et la composition chimique des aérolithes.” Source : Annales de la Société d’émulation, agriculture, lettres et arts de l’Ain,
tome 31, 1898.
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“On mande d’Annecy, 27 février, au Lyon républicain : Eclat d’un aérolithe. - La nuit dernière, entre 3 et 4 heures, un aérolithe, appelé aussi bolide ou globe de feu, venant des parties supérieures de l’atmosphère, a traversé la ville d’Annecy du levant au couchant. Il présentait un ensemble de phénomènes lumineux qui ont éclaté avec grand bruit. La détonation a été telle que les habitants réveillés ont cru à un éclat de tonnerre. On affirme que cet aérolithe, disloqué en partie dans la traversée de notre Cité, est tombé près du château de Chavaroches, non loin de la gare de Lovagny, et qu’il s’est enfoui profondément dans le terrain. Il résulte donc de l’ensemble des informations que nous avons publiées, que vendredi matin un peu après 5 heures (heure centrale) un bolide a effectivement rencontré notre planète dans notre région : il est possible que ce bolide se soit divisé avant de tomber sur la terre en plusieurs fragments qui sont venus s’enfoncer, les uns près d’Annecy, les autres près de nous au Credo. Ces fragments doivent être d’une grosseur assez considérable et il serait intéressant de les découvrir. Avis aux personnes qui auraient une indication précise de l’endroit où la ou les pierres célestes sont tombées.” Source : La Tribune de Genève du 2 mars 1897.
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“Saint-Galmier. Bolide. - Plusieurs personnes qui se trouvaient au lieu de la Fontfort, vers 4 heures du matin, garderont longtemps souvenir du spectacle dont elles ont été les témoins. Tout à coup, de la voûte éthérée qui semblait s’être déchirée, s’échappa un corps lumineux qui traversa l’espace avec la rapidité de l’éclair, et vint s’enfoncer dans le sol. Son éclat était si vif que les alentours, dans un rayon d’au moins 500 mètres, ont été éclairés comme en plein jour.” Source : Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire du 2 mars 1897.

1897, 14 avril, vers 23 h, Vierville (Calvados). Le Catalog of Aerolithes, par W.H.S. Monck, publié en 1904, mentionne la chute d’une météorite. On trouve plus de précisions dans le Journal des débats politiques et littéraires du 6 mai 1897, dans un article écrit par Henri de Parville : “Dans le Calvados, à Vierville, autre phénomène bien autrement rare ! Il s’agit d’un bolide qui s’est fait emprisonner dans un abreuvoir. Les habitants d’une ferme virent tout à coup une lueur immense illuminer l’espace pendant quelques secondes, suivie d’une explosion formidable dont la violence fit voler plusieurs vitres en éclats. On accourut de tous côtés et l’on vit de la fumée s’élever de l’abreuvoir. On s’approcha ;
un spectacle étonnant s’offrit à tous les yeux. Une vapeur intense, dégageant une forte odeur sulfureuse, enveloppait l’abreuvoir. Il avait été mis complètement à sec. Au milieu on distinguait une masse ronde noirâtre. C’était un bloc gris terne strié et semé de cristaux de diverses couleurs. Il était brûlant. Le sol était couvert de débris présentant l’apparence de minerai de fer. L’aérolithe avait bien choisi son gîte. Il volatilisa en quelques secondes les 14 mètres cubes d’eau que renfermait l’abreuvoir. Ce bolide a été pesé ;
son poids atteint 792 kilog., près d’une tonne. L’abreuvoir était joliment solide pour résister à ce projectile venu d’en haut. Quoi qu’il en soit, s’il n’y a pas exagération, et si les détails communiqués sont exacts, il y aurait lieu de se préoccuper de cet étrange bolide. On les compte, les bolides de cette taille. On a dit qu’il avait été acquis par
le musée de Caen. Comment se fait-il que
personne n’ait adressé des échantillons à
l’Académie des Sciences ? Un bolide dans un
abreuvoir, on n’a jamais vu cela ! Et, si je n’étais
indiscret, je demanderais qu’on nous envoyât sinon
l’abreuvoir, du moins quelques morceaux de cet
aérolithe extraordinaire.”
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Le Journal de Pontivy du 9 mai 1897 relate également les faits : “Phénomène scientifique. Un phénomène aussi curieux que rare s’est produit à Vierville, canton de Ste-Mère-Eglise (Manche). Les habitants de la ferme de Gowière sise sur le bord de la route de Sainte-Marie-du-Mont, ont aperçu une lueur immense illuminer I’espace pendant plusieurs secondes et qui fut suivie d’une explosion formidable dont la violence fit voler plusieurs vitres en éclats. immediatement, tout le personnel fut sur pied et, craignant une catastrophe, le fermier, M. Coupey, fit faire des recherches pour savoir les causes de ce fait insolite. Un domestique ayant entendu un bruit semblable à un bouillonnement du côté de l’abreuvoir, sis à 200 mètres de là, se dirigea vers cet endroit ; Il s’arrêta bientôt et, poussant des cris de stupéfaction, il appela son maître et ses camarades. Un spectacle étonnant s’offrit à leurs yeux : une vapeur intense, dégageant une forte odeur sulfureuse, enveloppait les abords de l’abreuvoir et ce dernier était complètement à sec, une masse ronde d’une grosseur énorme en occupait le milieu. Ce bloc, de couleur gris terne et strié de diverses couleurs, dégageait une chaleur intense et le sol était couvert de débris semblables à du minerai de cuivre. L’explication de ce phénomène fut faite le lendemain par M. Samorty, membre de la Faculté de Caen, en convalescence à Angoville-au-Plein. On etait
en présence d’un bolide, c’est-à-dire d’un corps composé de matières non définies et errant sans but dans l’espace interplanétaire. Par une singulière circonstance, ce météore tombant
dans l’abreuvoir, avait par sa haute temperature (1200° environ) suffi pour
volatiser en une seconde les 14 mètres cubes
d’eau qu’il contenait. Détail singulier : les
journaux de Cherbourg signalent qu’un bolide
est tombé lundi, à onze heures du soir, derrière la montagne du Roule ; on suppose que ces
deux chutes d’aérolithes doivent avoir une
corrélation entre elles. Après entente avec
M. Coupey, le bolide de Vierville qui pèse
exactement 392 kilos, a été acquis par
le musée de Caen et y sera transporté prochainement.”
***
Malgré deux courriers envoyés à la Mairie de Vierville pour avoir plus d’informations, je n’ai pas reçu de réponse de leur part...

1897, 25 avril, Plombières-les-Bains (Vosges). “Dimanche soir, vers 10 heures, une lueur intense illuminait le ciel, produite par le passage d’un bolide qui semblait suivre la direction nord-sud. Le même soir, à la même heure, la présence de ce météore a été signalée aussi à Nancy et
à Chaumont.” Source : Le nouvelliste des
Vosges du 2 mai 1897.

1897, 2 juillet, Compiègne (Oise). “Le Progrès de l’Oise a reçu l’intéressante communication suivante :
Vendredi dernier, 2 juillet, vers 9 heures et demie du soir, M. et Mme Chariot, herboristes à Royallieu, revenaient avec une charretée d’herbes et se trouvaient avec leur gendre à la hauteur de l’octroi de la rue de Paris, lorsque, soudainement, ils furent surpris par la lueur intense d’un globe de feu qui se précipitait vers le sol d’une manière presque verticale à quelque distance d’eux.
Etant montés dans leur voiture, le bruit qu’elle faisait les empêcha de percevoir si ce projectile céleste arrivait sur terre avec fracas ; mais ils affirment que ce météore n’était pas à plus de 50 mètres, en raison du petit jour et du rayonnement de ce globe lumineux ; ils peuvent commettre certainement une erreur par suite d’une illusion d’optique ; mais le fait est certain ; plusieurs personnes ont dit avoir vu un objet enflammé tomber dans la direction du champ de manœuvre, mais plus rapproché du bureau d’octroi.
Vers le même instant, 9 heures 1/2, je me trouvais à causer avec deux personnes à l’intersection de la rue du Vivier-Corax et de la rue du Four-St-Jacques à Royallieu, lorsque nous vîmes à trente mètres environ au sud, tomber dans les jardins voisins situés entre la route de Paris et la rue du Four-Saint-Jacques, un petit météore lumineux en forme de poire ; sa lumière était très intense, sa direction verticale , et ne produisit aucune explosion, comme cela arrive le plus souvent ; dans sa course, il laissait échapper des fragments lumineux.
J’en conclus que c’était bien certainement une portion du météore de la plaine des Sablons qui se sera fractionné.
Un mur de clôture m’empêcha de pouvoir recueillir ce fragment d’aérolithe, et en raison de l’état des terrains chargés de récoltes, il est permis de croire que nous n’aurons pas la satisfaction de juger et analyser ce visiteur nocturne.
Pour faire suite à cette communication il est utile d’ajouter que, par suite des recherches incessantes faites depuis plusieurs années dans la plaine de Saint- Germain et Royallieu, nous pouvons montrer des fragments de minerai qui ont toutes les apparences de fer météorique ; l’analyse n’en a jamais été faite, mais nous en mettons à disposition des personnes qui voudraient la faire. La surface lisse de ces fragments, leur bossellement ou boursoufflure, leur radiation vers un centre sur la surface brillante de l’éclatement sans aucune rouille, tout dénote un produit qui n’est pas ordinaire. Nous en avons trouvé un moyen dans une habitation préhistorique, à 80 centimètres de profondeur. Les anciens habitants de notre contrée et de la Gaule prétendaient que les pierres, tombées du ciel avaient le don de chasser les mauvais génies, de les préserver de tous les maux et malédictions des dieux du ciel et de la terre et de porter bonheur : dans les familles qui en possédaient. Il est présumable qu’à une époque très reculée les conditions climatologiques n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui et que des pluies de pierres ont pu se produire à la surface de la terre , comme le fait se produit encore assez souvent sur quelque point du globe, ce dont le terroir de Compiègue (inconnu alors) a pu être gratifié en ces temps lointains.
Souhaitons que le bolide de Compiègne puisse être un jour retrouvé et nous être présenté pour en juger.” Source : Le Guetteur de Saint-Quentin et de l’Aisne du 14 juillet 1897.

1897, 13 juillet, sud de la France et en Espagne. “Un brillant bolide a été aperçu et admiré mardi soir, vers 9 h. 1/2, par les nombreuses personnes qui assistaient au fou de joie. Il avait l’aspect d’une fusée volante, avec laquelle beaucoup l’ont confondu. Sa marche très horizontale, était relativement lente; son éclat très vif, laissant après son passage une longue traînée lumineuse. On l’a vu surgir du dessus desjmaisons du cours Sextius, passer surja gare des marchandises, se dirigeant vers le Montaiguet. Mais les grands arbres de la Rotonde n’ont pas permis de suivre son évolution. Ce bolide est signalé de plusieurs points de la Provence et de l’Espagne.” Source : La Provence nouvelle du 18 juillet 1897.
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“Un bolide a traversé le ciel, le 13 juillet, à 9h. 20 du soir, du N. N.-0. au S. S.-O. Son noyau bleuâtre avait un éclat comparable à celui de Vénus, sa traînée lumineuse laissait une trace dans le ciel. Sa durée a été d’environ 5 seconde; sa marche étant très lente, il n’a pas éclaté. Plusieurs personnes a Aix ont vu ce bolide, M. Dragon, libraire, entre autres, qui a fait part de ses observations au Petit Marseillais.” Source : Le National du 18 juillet 1897.

1897, 31 juillet, Ile de la Martinique. Le Bulletin de la Société Astronomique de France, dans sa séance du 6 octobre 1897, mentionne ceci : “M. Perrenod, à la Martinique, signale le passage, à la date du 31 juillet, d’un bolide ayant la
grosseur apparente d’une orange vue à un mètre et se dirigeant de l’Aigle vers le Corbeau. Le météore aurait éclaté avec une légère
détonation et, d’après certaines personnes, on aurait trouvé des météorites.”

1897, 14 août, Castandet (Landes). “Un bolide
est tombé hier, vers onze heures du soir, à
Castandet (Landes). Ce météore a laissé derrière
lui une longue traînée lumineuse.” Source :
Mémorial des Vosges du 15 août 1897.

1897, septembre. Séez (Savoie). “Un bolide,
pesant environ 6 kilog., et composé d’un
amalgame de débris de minéraux où domine le cuivre, est tombé dans un champ, aux environs de Séez (Savoie). Il va être remis à l’Académie de Laval-d’Isère, par les soins de M. l’abbé Jacquier, vicaire de Séez.” Source : La Croix du 14 septembre 1897.

1897, 29 septembre, Grasse (Alpes-Maritimes). “Mercredi à 5 heures 45 du soir, au moment du crépuscule, un magnifique bolide a paru dans le ciel, traversant lentement l’espace de l’ouest à l’est ; le météore avait la couleur blanche de la lumière électrique et laissait, en se dégageant, une traînée lumineuse. Ce bolide n’est pas
tombé, mais s’est éteint en traversant l’atmosphère. (Journal de Grasse).” Source : Journal de Monaco du 5 octobre 1897.

1897, 30 septembre, Ardes (Puy-de-Dôme). “Un bolide d‘un volume considérable a été aperçu hier soir, au-dessus d’Ardes (Puy-de-Dôme) ; il se dirigeait du Sud à l’Est.” Source : Mémorial des Vosges du 1er octobre 1897.

1897, nuit du 22 au 23 octobre. Saint-Sulpice (Dordogne). “Dans la nuit de vendredi à samedi, au lieu-dit Lou Bouessey, commune de Saint-Sulpice, un bolide énorme venant de l’Est est tombé sur une grange. En un clin d’oeil, tout a été en feu. On trouve aujourd’hui sur les lieux les débris du bolide. Ce sont des pierres noirâtres, on y reconnait du fer et du manganèse.” Source : La Lanterne du 30 octobre 1897.

1897, 19 décembre, Vannes (Morbihan). “On nous dit avoir vu Dimanche un bolide passer au dessus de notre ville, se dirigeant de l’Est à l’Ouest, apparu du côté de l’église de St-Patern
et perdu de vue dans la direction du pont d’Argent.” Source : L’Avenir du Morbihan du 22 décembre 1897.

1897, 29 décembre. Origny-le-sec (Aube). “Le 29 décembre, à 7 heures et quart du soir, un bolide a éclaté au-dessus de la commune, en projetant de tous côtés une pluie d’étincelles multicolores.” Source : Le Petit Troyen du
3 janvier 1898.

1898, janvier. Meunet-Vatan (Indre). On peut lire dans le Petit Journal du 15 janvier 1898 l’article suivant : “M. Caillault, instituteur de Meunet-Vatan, département de l’Indre, a trouvé, ces derniers jours, sur le territoire de cette commune, un aérolithe qui venait de tomber sur le bord d’un fossé. Il est fort heureux que M. Caillault n’ait pas été atteint par cet aérolithe qui a produit, au contact du sol, une excavation circulaire de 35 centimètres de
diamètre et d’une profondeur de 16 centimètres. Au moment où M. Caillault a ramassé cette singulière trouvaille, l’aérolithe était encore chaud et dégageait une forte odeur de soufre. C’est un bloc de métal de la nature du fer, de forme irrégulière et d’aspect noirâtre. Il a 73 millimètres de longueur, 4 de
largeur, et pèse 245 grammes.”

1898, début janvier. Pensol (Haute-Vienne). “Il n’est pas rare d’apprendre qu’une pierre est tombée du ciel ou qu’un bolide, qui n’est pas un aérolithe, mais un météore, s’est promené dans les airs. La chute d’un bolide peut occasionner des incendies. Le fait vient d’arriver à Pensol (Haute-Vienne). Vers dix heures du soir, deux habitants de la localité, revenant de la foire de Nontron, apercevaient un bolide traversant l’espace. Quand il toucha terre, dans la direction de la Legerie, c’était un magnifique globe de feu, qui parut à ceux qui le virent de la grosseur d’un boisseau. Une heure après, le feu se déclarait au même endroit dans un toit à porcs et se communiquait à l’immeuble dont il dépendait. Des recherches vont être faites pour trouver les débris du magnifique bolide, cause de cet incendie.” Sources : Gil Blas du 10 janvier 1898 et le Figaro du 10 janvier 1898.

1898, 3 janvier, Vannes (Morbihan). Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 126, janvier à juin 1898.
“Observation d’un solide double, à Vannes, le 3 janvier 1898.
Note de M. GEORGET, présentée par M. Gallandreau. Le 3 janvier dernier, rentrant chez moi vers 8h40m du soir, j’ai vu, en me retournant, dans la direction du nord-est, à une hauteur de 30° à 40°, un météore lumineux assez brillant, de la couleur de la planète Mars, et parcourant le ciel assez lentement. Il s’est éloigné dans la direction du
nord et a disparu à l’horizon sur le prolongement des étoiles et Grande Ourse, derrière les collines situées au nord de Vannes, à 8 km ou 10 km, et dominant la ville de 110m.
Il a parcouru une trajectoire d’une étendue de 45° en cinq ou six minutes, pendant lesquelles il a constamment diminué d’éclat, comme un corps lumineux qui s’éloigne. Vers la disparition, on a cru voir un éclat jaune rougeâtre.
J’ai pu examiner ce météore pendant quelques minutes à l’aide d’une petite lunette de 30 mm (lunette terrestre à stadia de Goulier). Il paraissait formé de deux corps lumineux A et B situés à peu près à même hauteur, le plus brillant A en avant. Particularité remarquable le mouvement de B était soumis à des oscillations brusques; elles duraient une demi-seconde environ on en a compté 4 ou 5 par minute. On eût dit deux ballons lumineux reliés l’un à l’autre.”
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Puis lors de la SÉANCE DU LUNDI 7 FÉVRIER 1898, on apprend : “M. Gallandreau annonce que le météore lumineux signalé comme un bolide, dans la séance du 17 janvier (ce Volume, p. 295), doit être attribué, suivant les renseignements recueillis, à une montgolfière.”

1898, 15 septembre, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Selon le Progrès, on a pu observer, jeudi, à 9 heures du soir, du faubourg Sainte-Catherine et dans la direction de Malzéville, un magnifique bolide dont la trajectoire, partant de la région située au-dessous de l’étoile polaire, traversait la grande Ourse, pour se terminer à gauche de la partie inférieure de cette constellation.” Source : Mémorial des Vosges du 18 septembre 1898.

1898, 9 janvier, Pensol (Haute-Vienne). “Limoges, 9. - Un incendie que l’on peut attribuer à la chute d’un bolide, s’est déclaré à Pensol (Hte-Vienne). Vers 10 h. du soir, deux habitants de la localité, revenant de la foire de Nontron, apercevaient un bolide traversant l’espace ; quand il toucha terre, dans la direction de la Légerie, c’était un magnifique globe de feu qui parut, à ceux qui le virent, de la grosseur d’un boisseau. Une heure après, le feu se déclarait au même endroit, dans un toit à porcs, et se communiquait à l’immeuble dont il dépendait. Des recherches vont être faites pour trouver les débris du magnifique bolide cause de cet incendie.” Source : La Tribune de Genève du 9 janvier 1898.

1898, 1er février, Pouque-Lormes (Nièvre). “M. Jean Naudet, vigneron, a trouvé hier dans son champ, à Pouque-Lormes, un aérolithe ayant l’aspect d’un morceau de fer en fusion du poids de 5 kilogrammes, enfoui à 40 centimètres de profondeur dans la terre.” Source : Le Petit Journal, 2 février 1898.

1898, 6 février, Lyon (Rhône). “D’après ce qu’on télégraphiait de Lyon, dans la nuit de samedi à dimanche, à trois heures el demie, un magnifique bolide a décrit sa parabole dans le ciel de la région lyonnaise. Sa marche était du nord au sud et sa grandeur comparable à celle du disque lunaire à sa plus grande hauteur au dessus de l’horizon. L’éclat de ce météore était assez considérable pour être aperçu nettement, bien qu’il fit à l’heure de son passage, un brillant clair de lune dans un ciel pur ; il offrait de plus, cette particularité d’émettre des éclats lumineux colorés passant du bleu au vert avec des stries rouges. Vers le milieu de sa course, l’astre migrateur s’est divisé en deux parties, paraissant sensiblement égales, et qui ont disparu avec une extrême rapidité en s’éloignant l’une de l’autre.” Source : La Tribune de Genève du 10 février 1898.

1898, 9 février, Quistinic (Morbihan). “Un bolide. On nous écrit le 10. Hier soir à 8 h. 10, j’ai vu un
bolide qui se dirigeait du nord au sud. J’ai
suivi la traînée de feu sur une longueur de 400 ou 500 mètres au moins, puis le bolide a disparu jetant en avant une gerbe d’étincelles et des éclats de feu vers l’est et vers l’ouest, surtout
vers l’est. Est-ce la guerre ?” Source : La République du Morbihan du 13 février 1898.

1898, 4 juillet, Clermont-Ferrand (Auvergne) et Le Havre (Seine-Maritime). Un astronome a observé vers 19h, un météore lumineux apparaître au nord-nord-est de Clermont-Ferrand. Pendant trois minutes, il put suivre le bolide. Une violente détonation fut perçue quelques secondes après sa disparition au sud-sud-ouest. Ceci dit, un autre observateur situé au Havre note un mouvement ascendant. Etait-ce une montgolfière ? Sources : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences, tome 127.
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L’Astronomie publie également une note de Christian Macé : “Le 4 juillet dernier (1898), j’étais dans mon observatoire quand soudain, à dix-neuf heures dix minutes dix-huit secondes très précises, je vis un corps lumineux apparaître au-dessus d’un arbre vers l’horizon nord. Il avait une merveilleuse couleur jaune doré et était parfaitement sphérique, son diamètre apparent équivalent au quart de la pleine lune. Cet objet partit du nord-nord-est, s’éleva lentement dans le ciel, passa au zénith et commença à perdre de sa luminosité au moment de disparaître vers l’horizon ouest-sud-ouest, à une élévation de 30° au-dessus de ce dernier, non loin de Vénus. Il était alors dix-neuf heures vingt-deux minutes quarante-quatre secondes. (…) Une violente détonation fut perçue quelques secondes après son passage.”

1898, 18 septembre, Nantes (Loire-Atlantique). “Le 18 vers 9 heures moins un quart un magnifique bolide d’une certaine grosseur,
allant de l’Ouest à l’Est, a été aperçu par les nombreux promeneurs qui se trouvaient à ce moment sur la place Graslin. Le météore, qui laissait derrière lui une traînée lumineuse, a été visible pendant plusieurs secondes. Il a dû tomber assez près de Nantes.” Source : Journal de Ploërmel du 25 septembre 1898.

1898, 17 octobre, Mauvezin (Gers). “Un
aérolithe. - Avant-hier, à l’entrée de la nuit, le jeune Justin Lagleyze, 19 ans, allait chercher les bestiaux, qui pacageaient dans une prairie riveraine de l’Arrats. Soudain, un aérolithe tomba presque à ses pieds. Justin Lagleyze éprouva une si grande frayeur qu’il faillit s’évanouir. Revenu de son effroi, il s’approcha de l’endroit
où l’aérolithe était tombé et aperçut un trou de 10 centimètres environ, autour duquel l’herbe était complètement brûlée.” Source : L’Express du Midi du 19 octobre 1898.

1898, 13 novembre, Montbard (Côte-d’Or). “Dimanche soir vers cinq heures et demie, on a aperçu, dans dans la direction du sud-ouest, un aérolithe fort visible ayant la forme d’une grosse boule de feu de laquelle jaillissaient une nuée d’étincelles éblouissantes.” Source : Le Bien du peuple de Dijon du 20 novembre 1898.

1898, 25 décembre, 0 h 30, France entière. Un météore, dont la direction était probablement Nord-Est vers Sud-Ouest fut observé pendant la nuit de Noël dans de nombreux endroits en France. De nombreuses personnes revenaient de la messe de minuit, ce qui explique le nombre d’observations dont disposèrent les astronomes. Près de Sancerre, des témoins entendirent environ 100 secondes après la disparition du bolide une violente explosion. Le sol trembla sous leurs pieds. D’après les calculs de l’époque, le météore explosa à environ 40 kilomètres au sud de Sens-Beaujeu (Cher). Source : L’Astronomie, 1899.

1899, mai, en Haute-Garonne. “Le 18, dans la Haute-Garonne, en deux endroits différents (Nogaret, canton de Revel, et Maurens, près de Villefranche-de-Lauraguais) et à la même heure, un météore d’une clarté éblouissante, atténuée par la lune, a été aperçu parcourant le ciel de l’Est à l’Ouest. Il a éclaté, à l’Ouest, aux trois quarts de la voûte céleste : à ce moment, on aurait dit une fusée ; c’était à peu près dans la direction de Toulouse. Quatre ou cinq minutes après, les observateurs ont entendu distinctement plusieurs détonations semblables à une fusillade lointaine ; elles ont duré pendant 4 ou 5 secondes environ.” Source : Annales du Bureau central météorologique de France, 1899.

1899, 10 juin, Le Biot (Haute-Savoie). “Le 10, à 9h30m du soir, au Biot (Haute-Savoie), un bolide est passé verticalement au-dessus de la commune. L’intervalle entre l’apparition lumineuse et le bruit perçu, lors de l’explosion, a été de 3 minutes. Le bolide se mouvait du Sud-Ouest au Nord-Est.” Source : Annales du Bureau central météorologique de France, 1899.

1899, 21 juillet, Belfort. “Un bolide très lumineux a traversé l’espace, hier soir, à 8 heures, au-dessus de Belfort. Il allait de l’est à l’ouest.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 22 juillet 1899.

1899, 21 juillet, Sierentz (Haut-Rhin). “Avant-hier soir, vers neuf heures cinq, on a observé un météore lumineux affectant une forme oblongue, qui filait le long de la voûte céleste dans la direction ouest, et semble être tombé près de Waldenheim.” Source : Le Courrier de Metz du 23 juillet 1899.

1899, 10 au 11 août, Torcy-Sedan (Ardennes). “M. Jules JARLOT, à Torcy-Sedan (Ardennes), a observé au Sud-Est, dans la nuit du 10 au 11 août dernier, un bolide très rouge, paraissant deux fois plus brillant que Mars et ayant duré environ 10 minutes. Il s’est rallumé plusieurs fois avant de s’éteindre et se dirigeait vers le Sud-Ouest.” Source : Bulletin de la Société Astronomique de France, 1900.

1899, 11 août, Lyon (Rhône). Un météore lumineux est aperçu au-dessus de Lyon pendant quelques secondes. Deux minutes après sa disparition, un grondement assez intense fut entendu dans le sud.

1899, 13 août, Lyon (Rhône) et Villevocance (Ardèche). “Nous recevons la note suivante de l’Observatoire de Lyon : Hier soir, parmi les étoiles filantes assez nombreuses qui ont traversé le ciel, nous avons observé à 10 h. 43’30” un magnifique bolide dont la trajectoire allait de la constellation d’Hercule à celle de l’écu de Sobieski et dont l’éclat était tel qu’il éteignait à son voisinage la lumière de toutes les étoiles, même celles de première grandeur, 2’40” après sa disparition on a entendu, dans le sud, un roulement assez intense qui parait devoir être attribua à l’éclatement de ce bolide, lequel paraît alors être tombé à 50 ou 55 kilomètres au sud de l’Observatoire, c’est-à-dire probablement vers Annonay, Bourg-Argental ou Sarnères.
Le directeur de l’Observatoire signale ces faits aux habitants des régions ci-dessus indiquées, en les priant de vouloir bien communiquer les renseignements qu’ils pourraient recueillir à ce sujet et en particulier les fragments de cet astéroïde qu’ils pourraient trouver.“ Source : Le Salut public du 14 août 1899.
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“L’Observatoire de Lyon signalait lundi matin la chute d’un bolide qui avait été aperçu traversant l’espace dans la direction d’Annonay ou de Serrières. Ce bolide est effectivement tombé dimanche soir, à peu de distance d’Annonay, sur le territoire de Villevocance. Il a été aperçu par des gendarmes en tournée des brigades d’Annonay et par plusieurs personnes. L’astéroïde a traversé le ciel en produisant une lumière intense, suivi bientôt dans sa chute, d’un bruit sourd accompagné d’émanations et de vapeurs.” Source : Journal de Tournon du 19 août 1899.

1899, 12 septembre, Le Havre (Seine-Maritime). Un météore qui s’est divisé en trois fragments est aperçu. Source : L’Astronomie, 1900.

1899, 15 septembre, au sud de Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Vendredi, à onze heures du soir, un corps lumineux est apparu dans le Sud à Nancy, à environ 30 degrés au-dessus de
notre horizon. C’était une boule de feu, qui apparaissait comme ayant un diamètre à peu près égal au tiers de celui que nous semble avoir la lune ; elle était suivie d’une longue queue formée de paillettes étincelantes, comme la traînée d’une fusée. Bien que la clarté de la lune fût très nette, le globe incandescent avait une intensité lumineuse aussi forte qu’une coulée de métal en fusion. Le noyau, d’un blanc lumineux très cru, était entouré d’une couronne d’un rouge vif. Ce remarquable météore suivait une trajectoire peu tendue et la vitesse de sa chute était de beaucoup inférieure à celle des étoiles filantes. Après avoir brillé d’un éclat intensif,
cette sorte de comète éphémère s’éteignit tout à coup avant de toucher l’horizon. Le magique spectacle avait duré quelques secondes. C’est évidemment quelque agglomération cosmique, qui, attirée vers la terre, est entrée superficiellement en ignition par suite du frottement de l’air.” Source : Le Courrier de
Metz du 19 septembre 1899.

1899, 5 décembre, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Nancy, 5 décembre. Dimanche dernier,vers huit heures du soir, un bolide de la forme d’une boule de jeu de quilles est tombé dans la Moselle, au lieudit Les Roches. La traînée lumineuse laissée par ce bolide ressemblait à un feu d’artifice des mieux réussis. Sa direction était du sud au nord.” Source : Le Courrier de Metz du 7 décembre 1899.

XIXème siècle, Arve (Haute-Savoie). Un livre mentionne une “aérolithe trouvée dans l’Arve, semblable à celle de Barbotan. Paris, U. 82g”. Il s’agit sûrement de la
rivière l’Arve, principal cours d’eau de la Haute-
Savoie. Source : Die Meteoriten in Sammlungen und
ihre Literatur, Dr E.A. Wülfing, 1897.

XIXème siècle, Florac (Lozère). Découverte par un
certain Monsieur Henry d’une météorite de fer de
122 g. Elle fut ou est toujours (?) conservée au
Musée de Parme en Italie. Source : Die Meteoriten in Sammlungen und ihre Literatur, Dr E.A. Wülfing, 1897.

1900, 11 janvier, entre Pau et Nay (Pyrénées-Atlantiques). “Jeudi 11 janvier à midi, des personnes qui se trouvaient ur la route de Pau à Nay ont remarqué un phénomène céleste, fort explicable par les lois physiques de la lumière, mais bien rare, vu les nombreuses circonstances nécessaires pour qu’il se produise. Le soleil sortant à peine du méridien de Pau était caché par un rideau de vapeur d’eau formant disque mais disque peu épais permettant de le voir sans qu’il occultat la vue. A droite et à gauche de ce disque, qui tenait environ le 6e de l’orbite parcouru par le soleil à cette époque il y avait aux deux côtés deux traînées lumineuses, ayant la couleur du spectre solaire c’est à-dIre de la lumière décomposée. Par ces deux traînées sortaient deux grands rayons très blancs tranchant sur le bleu céleste, et semblant se rejoindre à l’horizon pour faire une vaste circonférence qui coupait horizontalement et perpendiculairement le disque de vapeur d’eau dont nous avons parlé. Le côté curieux du météore était le suivant : sur cette vaste circonférence d’un blanc pâle, on voyait trois effigies de soleil.” Source : L’Indépendant des Basses-Pyrénées du 13 janvier 1900.

1900, 8 mars, Oullins (Rhône). “Séance du 13 mars 1900. - Présidence de M. Ollier. [...] M. Bonnel communique une lettre de M. Augustin Billon, d’Oullins, au sujet de la chute d’un aérolithe, dans cette localité, le jeudi 8 mars, entre 6 heures et 6 h. 1/2 du soir (Renvoyé à M. Charles André, directeur de l’Observatoire).” Source : Revue du Lyonnais, t. 29, 1900.

1900, courant avril, Quimper (Finistère), Lorient (Morbihan). “Les promeneurs ont remarqué à Quimper un superbe bolide, qui paraissait choir du ciel en ligne perpendiculaire sur Penhars. Ils ont eu même l’illusion de la chute en ce point précis. Il a été vu aussi à Lorient.” Source : Le Bien du peuple de Dijon du 22 avril 1900.

1900, 26 avril, Bretagne. L’Avenir du Morbihan, 28 avril 1900 indique : “Ce n’est pas un bolide unique, mais une véritable pluie d’aërolithes, qui s’est abattue dans la nuit de jeudi à vendredi, vers
neuf heures, - pour être exact, comme il convient
en matière scientifique, 8h.52 du soir. Des
observateurs, placés sur différents points de
Quimper, ont vu la chute perpendiculaire
d’aérolithes enflammés, qui à Penhars, qui à Ergué-Armet, qui à Kerfeuntun, à Locmaria, sur le mont Frugy. La traînée lumineuse, laissée par quelques-uns, les plus gros fragments, était éblouissante et comparable à la lumière verte de l’électricité, mais d’une intensité autrement considérable. A Lorient, on a remarqué le phénomène. A Briec, un morceau de fer
météorique a dit-on, été trouvé. Un Quimpérois a observé la chute d’une pierre enflammée dans le lit de l’Odet, à quelques mètres de lui, juste en face de la poste. L’impression, produite par la chute de ces corps chez les spectateurs, a
été si forte qu’ils ont instinctivement cherché à se garer. Le même phénomène s’est renouvelé à une heure du matin, dans la même nuit.”

1900, 8 août, Saint-Georges-de-Didonne (Charente-Maritime). “Le 8 août, à 8h 35m du soir, je vis, dans la direction du couchant, un beau bolide vert émeraude. Son éclat très vif était environ 10 fois celui de Jupiter. La lumière de la Lune et celle du crépuscule m’ont empêché de fixer avec précision les points d’apparition et de disparition. La marche a été perpendiculaire à l’horizon depuis α Chiens de Chasse jusque vers α Lion.
H. FERXIQUE, à Saint-Georges-de-Didonne (Charente-Inférieure).” Source : Bulletin de la Societe Astronomique de France, vol. 14, 1900.

1900, 10 août, Roanne (Loire). “Le 10 août, en étudiant la voûte céleste pour voir les Perséides, j’ai observé un curieux bolide à 1lh 6m du soir. Il était d’un blanc d’argent éblouissant. Son diamètre apparent était d’environ 10’et son éclat variait très rapidement. Le météore apparu à 35° environ au-dessus de l’horizon dans Ophiuchus tombait verticalement et très rapidement. Il n’a laissé aucune traînée. Il semblait venir de Persée et je l’ai suivi sur un parcours de 20° environ.
JULES PERICARD, à Roanne (Loire).” Source : Bulletin de la Societe Astronomique de France, vol. 14, 1900.

1900, 23 août 1900, Langeac (Haute-Loire). Nous sommes le 23 août 1900. M. Plantin, travaillait alors dans sa scierie quand il fut surpris de voir arriver sur lui une grosse pierre ;
cette dernière s’enfonça dans le sol de son atelier. Il se rendit à la mairie de Langeac pour y faire enregistrer la description de cet évènement. A l’heure de la chute, M. Rougier, qui se trouvait à Marsanges, avait observé une lueur se dirigeant du sud au nord, de manière rectiligne. M. Pierre de Brun, un géologue local, rencontra M. Plantin qui lui fournit des précisions complémentaires, différentes de celles contenues dans l’article du Républicain de Haute-Loire, bien imprécis. Il s’était abrité dans sa grange pendant qu’un orage grondait. Vers 17 h 40, la pluie ayant cessé, il entendit une forte détonation brève et vit, arrivant du sud, une masse noire qu’il prit d’abord pour un oiseau. Le sol trembla alors distinctement. C’est alors qu’il découvrit dans le sol une pierre noirâtre qu’il extraya à l’aide d’un pic. M. Plantin rapporta sa découverte dans sa maison où elle fut rapidement l’objet de toutes les curiosités. M. De Brun ne put que constater qu’il s’agissait d’un bloc de basalte, fréquent dans le sous-sol de la région. Selon lui, la météorite éclata en mille morceaux lors de l’impact avec cette masse basaltique. Malheureusement, aucun fragment n’a été récolté. Le mystère
reste entier. La date du 13 août parfois mentionnée est très certainement erronée.
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Dans le Républicain de Haute-Loire du 25-26
août 1900, on peut lire : “Langeac. Une visite
étrange est venue jeter la stupeur à un de nos aimables compatriotes, M. Plantin, bien connu dans notre ville. Hier, il vaquait à ses occupations ordinaires dans sa scierie lorsque ses regards furent attirés par une masse énorme qu’il vit descendre du ciel. Il n’eut que le temps de se retirer et vit tomber, à six mètres de lui, un aérolithe du poids de 33 kilogrammes. La chute de cet aérolithe s’est faite avec une telle force que la masse minérale est rentrée à 0,80 mètre de profondeur dans le sol. Tous les habitants de Langeac sont accourus pour constater ce visiteur peu discret et surtout peu attendu. Heureusement, point d’accident n’a eu lieu.”
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P. de Brun complète ce récit dans les Mémoires
des Procès-verbaux de la Société agricole et scientifique du Puy, en 1902 : “De l’examen attentif des lieux, il résulte pour moi que l’aérolithe est venu du Midi en suivant une direction très inclinée, ainsi que l’indique la cavité qu’il a creusée. Le trou de 40 centimètres est précédé d’un sillon de 110 centimètres de long, augmentant de profondeur à mesure qu’il se rapproche du
point terminus. Le véritable aérolithe ne devait pas être plus gros que les deux poings : la largeur du sillon et du trou l’indiquaient suffisamment. Je dis, le véritable aérolithe, car ce que montrait le propriétaire n’est autre chose qu’une masse basaltique de 33 kilogrammes, provenant sans doute de la butte Saint-Roch, près de Langeac. […] Le bolide de Langeac, en pénétrant dans le sol, a rencontré le morceau de basalte enfoui lors de la construction récente de la grange et il a éclaté en mille pièces, produisant le nuage de poussière remarqué par le sieur Plantin et les traces de choc que j’ai remarquées sur des planches situées à côté du lieu de la chute et contre le mur de la grange. La partie du bloc avec laquelle il prit contact fut naturellement échauffée par le choc produit avec une vitesse effrayante. […] Quant au bolide, dont la chute ne fait pour moi aucun doute, il m’a été impossible d’en retrouver le moindre éclat.”

1900, 29 août, La Flotte-en-Ré (Chrente-Maritime). “Le 29 août, je venais d’examiner Saturne et les amas du Sagittaire, lorsqu’un brillant bolide éclairant toute la partie de l’Est au Sud du ciel émergea du carré de Pégase, passa près de α de cette constellation, traversa la ligne de γ à β des Poissons et vint s’évanouir sur l’Equateur en éclatant avec un léger bruit. Il était 9h 35m (temps moyen de Paris). Ce météore, assez mince au début et d’une couleur jaune pendant les trois quarts de son parcours, s’élargit au fur et à mesure de son avancement, et prit un peu avant d’éclater une belle couleur rouge vif. Son éclat pouvait être comparable à 4 fois celui de Jupiter et la durée de sa course fut évaluée à 3 secondes. L’aspect était celui d’une belle fusée d’artifice.
J.-B. BERNARD, à La Flotte (Ile-de-Ré).” Source : Bulletin de la Societe Astronomique de France, vol. 14, 1900.

1900, 6 septembre, Ile-Rousse (Corse). Le quotidien Le Matin relate dans ses colonnes le fait-divers suivant : “Un aérolithe est tombé dimanche, à onze heures du soir, sur le territoire de la commune de Speloncato (Corse), dans la propriété de M. Ange-Marie Verdeni. C’est une masse ferrugineuse de douze kilogrammes, de nature spéciale, qui n’a pas éclaté. La chute a été accompagnée de météores lumineux. L’aérolithe a fait dans la terre une cavité d’un mètre vingt. Aucun accident.”
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On peut lire sensiblement le même
récit dans l’Est Républicain du 10 septembre
1900 : “Chute d’un aérolithe - Un aérolithe est tombé à onze heures du soir dans l’arrondissement de Calvi (Corse) sur le territoire de la commune de Speloncato dans la propriété du nommé Ange Verdoni. La chute de cet aérolithe a eté accompagnée de météores lumineux et s’est produite avec assez de fracas. L’aérolithe en tombant a fait en terre un trou de 2 m. 20.”
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On trouve enfin quelques compléments d’informations dans Le Petit Marseillais du 8 septembre
1900 : “Belgodère, 7 septembre. Hier, à 11 heures, un aérolithe pesant douze kilos est tombé sur le territoire de la commune de Speloncato, dans la propriété de M. Verdoni Ange-Marie, au lieu-dit Mezza-Mella. Dans sa chute cet aérolithe a fait un trou de 1 mètre 20 de profondeur. L’aérolithe a été transporté à l’Ile-Rousse, chez le président du Syndicat des marins, où il est exposé et mis en vente.”
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Le Petit Bastiais du 1er mai 1901 relate le procès qui fut intenté à Mariotti et Verdoni pour avoir vendu cette supposée météorite qui n’était en fait qu’un bloc de schiste. “Hier, le tribunal correctionnel a eu à s’occuper d’une affaire d’escroquerie pas banale du tout.
Il s’agissait d’une pierre noirâtre figurant aux pièces à conviction et que trois compères des plus rusés ont prétendu être tombée du ciel. Cet aérolithe corse dont la chute a été annoncée par les principaux journaux de l’Europe n’est autre chose qu’un vulgaire schiste terrestre. Cette extraordinaire affaire d’escroquerie a ému le monde judiciaire et la chancellerie ellemême. Les péripéties en sont multiples et nous allons essayer d’en donner une idée à nos lecteurs.
Dans le courant de l’année dernière la presse locale eut à mentionner la formation de plusieurs syndicats. La classe ouvrière de notre ville semblait vouloir sortir de sa torpeur et suivre le mouvement général dans l’oeuvre démocratique.
A ce moment arriva à Bastia un individu dopé de beaucoup d’assurance et possédant une certaine faconde. Il s’insinua bientôt dans la classe ouvrière et fonda successivement trois syndicats, celui des inscrits maritimes, des maçons et des ouvriers cordonniers bastiais.
Nommé fondé de pouvoirs et président honoraire de ces syndidats Mariotti Charles-Martin, que nos lecteurs ont déjà nommé, a participé d’une manière active au mouvement syndical. Pendant ce temps de nombreux comptes rendus de réunions plénières étaient communiqués à la presse et plusieurs lettres étaient adressées à des personnalités politiques pour obtenir des ministres compétents les avantages réclamés par la classe ouvrière de la ville.
Mais sur ces entrefaites des plaintes pour infraction à la loi sur les syndicats étaient adressées au parquet qui ordonna d’ouvrir une enquête.
On parvint sans peine à établir que Mariotti participait d une manière active fonctionnement au des syndicats et l’instruction révéla même de la part de Mariotti une tentative de détournement de fonds que l’appel aux personnalités politiques
eut pu attirer. L’on découvrit, en effet, que dans les missives en question, Mariotti aurait intercalé entre le corps de la lettre et la signature du président un avis d’avoir à lui adresser l’argent en qualité de fondé de pouvoirs des syndicats.
Le rusé fondateur voyant que les affaires s’embrouillaient et qu’il était surveillé, quitta notre ville pour s’en Aller au pnys d’origine de ses parents, à Speloncato. Là il espérait au moins être bon prophète, et le projet qu’il avait élaboré peut à juste, raison donner une idée de l’assurance et de l’aplomb vraiment extraordinaires que possédait ce soi-disant électricien.
Arrivé à Speloncato le 6 septembre, Mariotti, qui se faisait passer pour ingénieur des mines, se rendit chez ses cousins germains, Verdoni Ange-Marie et Verdoni Antoine-Dominique. Ceux-ci qui ne l’avaient vu depuis dix ans l’accueillirent à bras ouverts, et après un excellent dîner les trois cousins allèrent faire une promenade.
Ici, nous cédons la parole à Verdoni Ange Marie.
Tout en nous promenant, a déclaré ce prévenu à la justice, nous contemplions l’espace céleste et Mariotti m’indiquait par leur nom la position des principales étoiles. Je lui dis que n’entendant rien à l’astronomie nous pourrions parler d’autre chose. Tout à coup, une étoile filante comme on en voit assez souvent vint à traverser l’atmosphère, et Mariotti me dit : C’est un bolide qui a dû tomber ; si on le trouvait, il y aurait de l’or à gagner. Nous n’avons pas tardé à aller nous coucher et le lendemain Mariotti vint me chercher pour me dire d’appeler Antoine-Dominique et de nous mettre ensemble à la recherche du bolide. Le soleil venait de se lever. Nous partîmes tous les trois et nous arrivâmes à l’une de mes propriétés, sur la grande route, à un kilomètre de Speloncato. J’ai pénétré dans la partie en amont tandis que Mariotti et Antoine-Dominique entraient dans la partie en aval, et environ dix minutes après, Mariotti transporté de joie m’appelait à gorge déployée, me disant qu’il avait trouvé le bolide. Etant descendu il m’a montré une pierre triangulaire enfoncée dans le sol sur une profondeur de 21 centimètres. Elle avait l’aspect noirâtre et sentait le soufre. Il nous a dit que c’était un bolide de même nature que celui qu’il avait vu tomber en Amérique, bolide de la plus grande valeur, et il nous a engagés à le transporter chez moi, ce que je fis Mariotti se mit ensuite à la recherche de trois feuilles de papier timbré prétendant qu’il fallait certifier l’endroit où ce bolide était tombé, nous engageant à signer à côté de lui. Nous signâmes de confiance et nous fimes ensuite légaliser nos signatures. La première partie du plan de Mariotti était exécutée, restait la seconde, celle qui devait lui procurer l’acheteur parmi les nombreux collectionneurs de bolides offrant le prix le plus élevé. Trois jours après la chute du météore, Mariotti adressait à l’agence Havas, le télégramme suivant : Aérolithe tombé dimanche 11 heures soir territoire commune Speloncato dans propriété Verdoni Ange-Marie. C’est une masse ferrugineuse 12 kilogrammes nature spéciale qui n’a pas éclaté. Chute a été accompagnée de météores lumineux. L’aérolithe a fait terre cavité 1 mètre 20. Aucun accident. - MARIOTTI.
Ce télégramme était communiqué à la presse et tous les journaux de Paris mentionnaientle jour après la chute d’un aérolithe à Speloncato. Cette information ne tardait pas à être reproduite par les principaux organes des grandes villes de l’Europe.
De nombreux télégrammes d’acheteurs affluèrent aussitôt à Speloncato et Mariotti ainsi que Verdoni entrèrent en pourparlers avec plusieurs amateurs, entre autres MM. Deloncle, ingénieur à Paris, le marquis de Mauroy, de Wassy, Henri Minod, de Genève, et le docteur Brezina, de Vienne.
Le prix de 50 000 francs demandé par Mariotti et Verdoni, paraissait exorbitant aux collectionneurs, et ce ne fut qu’après un échange de plusieurs lettres et télégrammes que les propriétaires de l’aérolithe tombèrent d’accord avec M. Minod et le marquis de Mauroy,
Mariotti d’un esprit aux ressources inépuisables dédoubla la météorite et en expédia une à chacun d’eux.
Mais en même temps que M. de Mauroy s’apercevait au simple examen externe de la pierre qu’il était victime d’une grossière fumisterie, M. Minod en expédiait un fragment à M. Meunier, professeur de géologie au Muséum d’histoire naturelle de Paris.
Celui-ci n’eut pas de peine à reconnaître la substitution d’un vulgaire schiste micacé à la prétendue météorite et en fit part à M. Minod qui adressa une plainte au consul de France à Genève. M. Mauroy qui lui aussi s’empressa de porter plainte et de faire saisir par le commissaire de police de Wassy la fausse météorite, adressa une lettre au procureur où était relatée l’appréciation ci-après du professeur Meunier : L’histoire de la pierre corse est extraordinaire et plus compliquée encore qu’il ne vous a semblé, puisque pendant qu’elle est sous séquestre à Wassy grâce à votre présence d’esprit, elle est en même temps qui d’après une lettre récente serait menacé d’un procès s’il ne paie pas le prix demandé. C’est donc une météorite double, à moins qu’elle ne soit plus multiple encore.
M. Minod et le marquis de Mauroy qui fort heureusement n’avaient accepté de payer le prix convenu qu’après avoir reçu la météorite, en étaient simplement quittes pour les frais de transport. Enfin, le parquet de Bastia en était saisi et l’affaire était mise à l’instruction dans les premiers jours du mois de novembre de l’année dernière.
M. Virgitti qui a instruit cette procédure avec beaucoup de tact et de célérité, a voulu connaître et se faire une juste idée des plus infimes détails de cette importante affaire d’escroquerie unique en son genre. Il multiplia les commissions rogatoires adressées à Wassy, à Genève, à Vienne, et les documents de la procédure mirent au grand jour, la puissance inventive et l’esprit astucieux et plein d’artifices de Mariotti.
Cet individu déjà condamné à 2 ans de prison par le conseil de guerre de Lyon pour coups et blessures et désertion à l’intérieur en temps de paix,en 1896, a été déclaré en faillite par le tribunal de Marseille.
Recherché par la police depuis cette époque il était sous mandat d’arrêt du juge d’instruction de cette localité au moment de son séjour à Bastia. Mariotti a réussi une nouvelle fois à se dérober aux atteintes de la justice après sa colossale escroquerie, dirions-nous presque son escroquerie céleste, et c’est par défaut qu’il a été condamné hier à 5 ans de prison et 50 francs d’amende par le tribunal correctionnel.
Vivant d’expédients, se livrant à une vie des plus aventureuses et signalé même comme anarchiste dangereux, il a bien mérité la peine que lui a infligé le tribunal.
Quant à Verdoni Ange-Marie il en a été quitte pour 2 mois de prison, et Verdoni Antoine Dominique pour la même peine, mais avec application de la loi de sursis, à cause de ses bons antécédents.
I. M.”
Stanislas Meunier rapporte, dans la revue La Nature (1902) rajoute que les faussaires “avaient choisi dans la montagne de gros blocs d’une dizaine de kilogrammes dans de la roche qu’on appelait ophite ou serpentine. A coups de masse, ils avaient donné aux blocs une forme semblable à celles des météorites. Pour créer la croûte de fusion, ils avaient badigeonné la roche avec du soufre fondu dans lequel ils avaient incorporé du noir de fumée. Au moins deux blocs furent
préparés de la sorte et vendus à des collectionneurs comme étant des pièces uniques. La supercherie ne tint pas longtemps
et les faussaires furent arrêtés.”

1900, 12 septembre, Montseigues (Ardèche). “Largentière, 15 septembre. - Mercredi, au cours d’un violent orage, un aérolithe pesant 33 kilos est tombé sur le territoire de la commune de Montseigues, dans le jardin d’un propriétaire du village. Cette bombe céleste, qui n’a pas fait explosion, s’est enfoncée dans le sol à une profondeur de 80 centimètres. Des curieux sont accourus d’assez loin pour voir le corps planétaire, à la grande satisfaction du
propriétaire du jardin, qui a appris ainsi que l’aérolithe avait une certaine valeur vénale.” Source : Le Petit Marseillais, 16 septembre 1900.

1900, Areines (Loir-et-Cher). Un habitant d’Areines relate “[...] un bolide qui s’est éteint au-dessus de Vendôme.” Source : Bulletin de la Société archéologique du Vendômois, 1900,
p. 89.

chutes non retrouvées, météores, chutes douteuses…Antiquité / Moyen-Age / XVe siècle / XVIe siècle / XVIIe siècle / XVIIIe siècle

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