chutes non retrouvées, météores, chutes douteuses… (2)

XIXe siècle (de 1801 à 1850 inclus)

XIXe siècle

Début du XIXe siècle, Bourg-la-Reine (Hauts-de-
Seine). Le 23 juin 1806, M. Gillet Laumont lit devant
l’Académie des Sciences de Paris une note sur un
aérolithe qu’il aurait vu tomber quelques années
auparavant près de Bourg-la-Reine, en banlieue
parisienne. On ne sait rien de plus.

1800, 10 juin, Nantes (Loire-Atlantique). “Nantes, le
22 prairial. Hier, à 10 heures un quart du soir,
l’air étant très-froid, le vent N. N. E. et le ciel couvert
d’une espèce de brouillard qui laissait appercevoir les étoiles par intervalle, un globe de feu paraissant tourner sur lui-même, a parcouru l’atmosphere dans
la direction du vent, pendant 15 à 20 secondes. Ce
météore jetait une lumiere blanchâtre assez forte pour
qu’on pût distinguer les objets à une très-grande
distance. Sa marche était accompagnée d’une sorte de pétillement semblable au bruit d’un feu d’artifice de composition très-faible ; et il s’est évanoui sans détonnation sensible ; mais une minute après, on a
entendu un coup de tonnerre éloigné, qui s’est
prolongé pendant près de deux minutes. Ce globe
paraissait un peu moins gros que la lune, et laissait
une assez longue traînée de feu (Extrait de la feuille nantaise).” Source : Gazette Nationale, 17 juin 1800.

1800, 9 août, près de Bordeaux. On peut lire dans le Journal des débats et des décrets du 11 août 1800 :
“Quelques cultivateurs des environs, qui sont venus
à Bordeaux avant-hier, parlent assez confusément d’un météore igné qu’ils ont observé dans leurs cantons. Il paroît, d’après leurs rapports, que la masse de feu étoit de forme pyramidale, dont la base
a brûlé quelques carreaux de choux et divers herbages.
Il est fâcheux que quelque homme instruit n’ait
point été à même d’observer ce météore, dont il seroit assez aisé d’assigner les causes, sur-tout d’après les chaleurs excessives que nous éprouvons. Le thermomètre est monté, dans la journée d’hier, au-dessus de 28 degrés.”

Entre 1800 et 1862, Courtalain (Eure-et-Loir).
La famille de Montmorency, qui possédait le château
de Courtalain, situé à une trentaine de kilomètres
à l’ouest de Chateaudun, relate la chute de très
nombreuses météorites dans la région. Trois masses
rocheuses seraient tombées dans le parc du château. La
date précise n’est pas bien connue mais se situe entre
1800 et 1862, date à laquelle les Montmorency ont
cédé la propriété à la famille de Gontaut Biron.

1801, mi-juillet, Nolay (Côte-d’Or). “Nolay, 1er thermidor. Dans les derniers jours de la décade
derniere, un incendie a consumé en moins de trois heures une vaste grange de la métairie de Dragny, dépendante de ce bourg. Tout ce qu’elle renfermoit a été la proie des flammes. On attribue ce malheur à la récolte de foin qui s’est échauffée ; et d’autres croient qu’il est l’effet d’un météore igné.” Source : Le courrier des spectacles, 30 juillet 1801.

1801, août, Pont-de-Vaux (Ain). “Un météore lumineux, semblable à celui qui a été vu à Francfort, il y a quelque tems, a éclaté au milieu de la ville de Pont-de-Vaux, département de l’Ain à dix heures du soir.
Son explosion peut se comparer à une pièce de vingt-
quatre, entendue de près ; son élévation paroissoit n’être
pas de trente toises ; il s’est divisé en plusieurs petits
globes qui sout tombés dans les jardins de la ville, et n’ont laissé qu’un peu de fumée sans odeur bien sensible. Le diamètre de ce météore étoit d’un pied et demi environ. La chaleur de l’atmosphère avoil été
très-forte dans la journée ; le ciel qui étoit obscur à l’ouest, s’est aussitôt éclairci ; il n’est tombé que quelques gouttes de pluie.” Source : Journal des débats et des décrets, 29 août 1801.

1801, 19 octobre, Niort (Deux-Sèvres). “On écrit de Niort que, le 27 vendémiaire, à 6 heures 30 min. du
soir, on apperçut dans l’air un météore enflammé qui avait la forme d’un globe ; il partit immédiatement au-dessous de la constellation du Dauphin, passa sous l’étoile Altair, de celle de l’Aigle, et vint s’éteindre, en faisant un bruit égal à celui d’une fusée qui éclate, près de la plus grande étoile du pied d’Antinoüs.” Source : La clef du cabinet des souverains, 3 novembre 1801.

1802, 7 janvier, Paris. “Le 7 janvier de la même année, à dix heures et demie du soir, comme nous entrions, Sonnini et moi, par la rue de la Harpe, sur la place de Sorbonne, nous la vîmes tout à coup éclairée d’une lumière au moins aussi vive que le plus beau clair de lune : mais le corps lumineux disparut subitement et sans bruit. Quand nous eûmes fait quelques pas de plus, nous vîmes dans la partie du ciel qui nous avoit été cachée par le fronton de la salle de Sorbonne, une grande traînée lumineuse d’une couleur roussâtre que
le météore avoit laissée après lui, et qui s’évanouit au bout de quelques secondes.” Source : Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle, t. 13, 1817.

1802, 7 août, dans le Sud-Ouest. Une détonation très
forte et très longue est entendue à Toulouse et dans ses
environs. Dans un ciel sans nuages, les témoins
observèrent un météore igné. L’explosion du météore
a eu lieu très certainement à l’est de Toulouse, vers
Lavaur, Castres, Saint-Pons… Voici le rapport :
“Toulouse, le 22 thermidor an 10. Le directeur de l’Observatoire, au cit. préfet du département de la Haute-Garonne.
Citoyen Préfet,
La forte explosion qui a été entendu à Toulouse et dans
ses environs, le 19 de ce mois, deux heures de l’après-
midi, explosion qui avait fait croire d’abord que le
moulin à poudre, ou que le magasin de cette matière
avait sauté, fût l’effet d’un météore igné, du nombre
de ceux que les physiciens appellent globe de feu.
Renfermé alors dans ma chambre, je ne pus être frappé
que du bruit, mais je tiens d’un homme digne de fois,
qui se trouva dehors par hazard vers la partie du ciel
où l’événement eut lieu, qu’une manière de fusée,
d’une lumière blanchâtre, parut descendre du ciel, en
augmentant toujours de volume jusqu’à terre, où elle
eut l’air d’atteindre, en laissant après elle une traînée
de fumée de la forme d’un battant de cloche, fumée
dont on voyait encore des traces dix minutes après le bruit.
Le volume de la masse du feu avoisinant la terre, a été
comparé, par le même homme, à un sac de bled. Tout
le monde ici a été à portée de remarquer que
l’explosion fût acccompagnée d’un roulement allant
en diminuant, mais d’un genre sensiblement différent
de celui qui a lieu à la suite d’un coup de tonnerre.
Le ciel paraissait alors sans nuages : la transparence
de l’air, n’était que légèrement troublée par des vapeurs,
à l’horizon et un peu au-dessus, de sorte qu’on put
fixer le soleil aux approches de son coucher : l’air était
mollement agité par le vent d’est, qui soufflait depuis
plusieurs jours, et qui dure encore. Le baromètre était
à 27 pouces 9 lignes et 7 dixièmes, qui est sa
hauteur moyenne ; le thermomètre indiquait une
chaleur assez forte, car il était à 27 degrés et deux
dixièmes. Il est à remarquer qu’il n’avait point plu
depuis une vingtaine de jours, depuis certain froid
durant lequel on avait vu les Basses-Pyrénées se couvrir
de neige ; événement regardé comme extraordinaire,
vu la saison. Ce phénomène a eu lieu à l’est de la
ville de Toulouse, d’où l’on peut conjecturer qu’il
aura fait encore plus de sensation du côté de Lavaur,
Castres, Saint-Pons, etc. Je ne serais pas surpris d’apprendre qu’il eût été entendu aussi de Montpellier. Personne n’est plus à portée que vous, citoyen préfet,
par vos nombreuses correspondances, de parvenir à
savoir vers quel lieu le météore a été observé au-dessus des têtes, et s’il a frappé jusqu’à terre.
J’ai l’honneur de vous saluer. Signé, J. VIDAL.
Pour copie conforme, le secrétaire général de
préfecture, J.-F. DANTIGNY.” Source : Annales de
statistique ou Journal général d’économie politique
1801-1803 par Ballois.
***
“Par exemple, le 7 août 1802, il y eut un tremblement de terre dans un pays où le phénomène est assez rare, dans le département du Lot ; la commotion dura environ 2 minutes. Eh bien, le même jour, on avait entendu à Cahors, et dans un circuit de 16 myriamètres, une forte détonation dont le coup avait été précédé d’une longue flamme dirigée de l’ouest à l’est, par un vent du sud pendant 4 ou 5 minutes.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 17, 1843.

1802, 15 août, Paris. “L’année 1802 a été féconde
en phénomènes de cette espèce : j’ai parlé au mot ETOILE TOMBANTE, de celle qui traversa Paris du
N. au S. le 27 thermidor an X (15 août 1803). Cette étoile étoit plus brillante et plus volumineuse que ne sont ordinairement ces météores ; elle se divisa en plusieurs petits globes lumineux, mais sans explosion sensible.” Source : Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle, t. 13, 1817.

1802, 1er octobre, Beauvais (Oise). Un météore se
déplaçant d’est en ouest a explosé au-dessus de la
région de Beauvais en Picardie. Une détonation a été
entendue. “Le 9 vendémiaire an XI, entre 9 et 10
heures du soir, on a vu à Beauvais un globe-de-feu
très-lumineux allant de l’E. à l’O., dont l’apparition
a été précédée d’une légère secousse de tremblement
de terre, et qui a disparu avec une détonnation assez
forte, en laissant une odeur de soufre qui a duré long-
temps. Le vent d’est régnoit alors, et j’ai observé
que ces météores suivent presque toujours la même
direction que le vent ; ce n’est pas assurément que je
les croie poussés par le vent, puisque leur marche
est bien plus rapide ; mais il y a probablement
quelque chose de commun entre la cause des vents et celle des météores ignés.” Source : Nouveau dictionnaire d’histoire naturelle, t. 9, 1804.

1803, 22 septembre, Belfort. “Météore igné observé
à Befort le 22 septembre 1803, par le C. Louis
Ordinaire, correspondant du Gouvernement pour
l’agriculture, la météorologie, et membre de plusieurs
Sociétés savantes. Le jeudi, cinquième jour complémentaire, an II (22 septembre 1803), à sept heures du soir, je revenois de la campagne. L’air étoit légèrement agité par un petit vent d’est-nord-d’est ; la nuit étoit très-obscure. A une demi lieue de Befort, je vis le ciel devenir brillant, éclatant même, tellement
que le pays paroissoit illuminé par mille bougies : aussitôt nous apercevons un globe de feu qui sort
d’un nuage ; il passe au-dessus de nos têtes et se précipite dans un autre nuage ; il passe par dessus
nos têtes et se précipite dans un autre nuage. Le globe étoit de couleur rougeâtre, jaunâtre, extrêmement brillant. Il sembloit avoir six à huit pieds de diamètre. Il a laissé derrière lui quelques faibles traces de lumières pareilles à celles produites ordinairement par les fusées volantes d’artifice. Nous avons vu ce globe pendant au moins une minute. Les chevaux ont été extrêmement épouvantés ; ils ont pris le galop. Le cocher lui-même a eu peur ; deux dames se sont trouvées mal. Le globe s’est précipité dans un autre nuage, en roulant sur lui-même et en formant un demi cercle. Je l’ai perdu de vue sur un bois à deux cents pas de nous. Je présume que c’est là, ou à peu de distance, que l’explosion a eu lieu. Nous avons en effet entendu un bruit sourd, comme celui d’un coup de canon dans l’éloignement. Cette explosion n’a eu aucune suite fâcheuse, car on n’en a rien entendu dire le lendemain et les jours suivans. Le météore a été vu depuis Befort et les villages voisins. L’explosion a été ressentie dans cette ville : on a cru
que c’étoit un tremblement de terre ; on a entendu des vitres remuer, et des maisons ont éprouvé une espèce de secousse, ce qui a beaucoup effrayé. Le globe étoit dirigé du nord-est au sud-ouest. A mon retour à
Befort, j’ai sur le champ examiné mon baromètre : il étoit à 27 p. 4 li., et mon thermomètre à 10 degrés
un quart au dessus de la glace. J’observerai que le variable à Befort est de 27 p., 1 l., 6 s. M. de Lalande en a cité 36 observations pareilles dans la Connoissance des temps de l’an 7 et de l’an 10.” Source : Magasin encyclopédique, tome 3, 1803.

1805, 20 septembre, Serres (Hautes-Alpes). “Gap, le 15 vendemiaire. Le 3e jour complémentaire an 13,
parut aux environs de Serres, département des Hautes-Alpes, un météore lumineux d’une dimension extraordinaire. Après avoir éclairé pendant une heure les ombres de la nuit, il creva tout-à-coup. On eut dit la décharge simultanée de tous les canons d’une flotte considérable. La commotion fut telle, qu’une grande quantité de pierres énormes roulèrent du haut des montagnes.” Source : Gazette Nationale, 13 novembre 1805.

1808, 11 avril, dans les Hautes-Alpes. “Le 11, à 8 heures du soir, quelques voyageurs, revenant de la Mure, virent du côté du sud un météore lumineux, ayant la forme d’un globe, et qui descendit sans détonation.” Source : Journal d’agriculture et des arts pour le département des Hautes-Alpes, mai 1808.

1808, entre le 8 et le 18 avril, La Tour (Haute-Savoie) et Grenoble (Isère). Deux bruits de détonation
ont surpris les habitants de La Tour, qui ont également vu un objet lumineux dans le ciel.
***
“Grenoble, 18 avril. Peu de jours après le tremblement de terre qui s’est fait sentir ici, & dans tout le Piémont, on aperçut de quelques endroits un parhélie très distinct, & le soir on remarqua un globe lumineux, qui sembloit partir du ciel vers le sud, & se diriger perpendiculairement sur la terre. On sent bien que de telles remarques auroient besoin d’etre confirmées par des gens plus éclairés que ceux qui les font ordinairement, attendu qu’elles sont presque toujours reflet de la peur ou de l’amour du merveilleux.”
Source : Journal de Paris du 26 avril 1808.

1809, 8 avril, Tours (Indre-et-Loire) et Fontevraud-
l’Abbaye (Maine-et-Loire). On peut lire dans le
Journal de l’Empire du 15 avril 1809 : “Fontevrault,
9 avril. Nous avons éprouvé hier soir, à six heures un
quart, un phénomène qui a excité de grandes
frayeurs. Le vent étoit nord, le froid très-vif, l’horizon parsemé de petits nuages blanchâtres, excepté du côté de l’Ouest, où il n’en paroissoit aucun. Tout-à-coup nous avons été frappés d’une lumière extraordinaire qui sembloit absorber un des petits nuages à l’est, et qui a été suivie d’une détonation à-peu-près égale à celle d’une pièce de 24 ; les
vitres, les charpentes des maisons ont été fortement ébranlées, les meubles soulevés. Chacun a cru que celle de son voisin étoit renversée ; et dans l’instant tous les habitans saisis d’effroi, sont sortis de leurs maisons. Après la détonation, nous n’avons obserrvé dans le point où elle avoit eu lieu, qu’une vapeur dirigée vers la terre, et qui, à la vue, participoit de
la nature de la poussière. Au reste, il ne s’est fait aucun changement, soit dans la température, soit dans la direction du vent, seulement le baromètre
de Réaumur est descendu d’environ une ligne et demie.”
***
Dans le même journal, daté du 16 avril 1809, on
complète le précédent article par cette observation :
“Tours, 12 avril. Le samedi 8 de ce mois, vers
6 heures 30 minutes, le baromètre marquant 28 pouces 3 lignes et demie, et le thermomètre 2 degrés au-dessus de congellation, on vit paroître un météore enflammé, d’un volume assez considérable. On avoit remarqué un nuage de oculeur sombre, et auprès un autre blanc, de peu d’étendue.
C’est de ce dernier que le météore fit explosion
dans la direction du nord au sud. Entre l’éclair et la détonation, il y eut un intervalle très-sensible :
la commotion fut assez forte pour causer de
l’ébranlement aux vîtres de beaucoup de maisons
de la ville. Des dames furent effrayées ; d’autres,
trompées par le bruit répété plusieurs fois dans les
nuages, et par une secousse qu’elles éprouvèrent,
crurent que des édifices voisins s’écrouloient. Une
fumée blanchâtre suivoit la traînée de feu, et une forte
odeur de soufre se répandit dans plusieurs rues. On
apprit le lendemain, par des voyageurs et par des
gens de la campagne, que ce globe avoit été aperçu
à des distances éloignées, et qu’il sembloit tomber
proche du lieu où on le voyoit. Il est probable qu’il aura
été observé fort loin de Tours. On ne s’attendoit guère
à cet effet d’une forte dose d’électricité, par un froid
excessif qui duroit depuis huit jours, et qui avoit gelé
nos fruits et nos vignes. (C’est le même météore qu’on
vit le même jour à Fontevrault, éloigné de Tours de dix lieues, et dont nous avons rendu compte dans la feuille d’hier).” Un article est également paru dans le Journal de la Haute-Garonne du 12 avril 1809.

1810, août, région de Nantes. “On a observé, ces derniers jours, dans les environs de Nantes, un phénomène qui a un instant effrayé quelques habitans. C’étoit un globe de feu d’une grosseur considérable, dont la lumière étoit si vive qu’il faisoit clair comme à midi, quoiqu’il ne fût que deux heures du matin. Une détonnation a eu lieu, et tout aussitôt le météore a disparu.” Source : Gazette de France du 25 août 1810.

1810, 31 août ou 1er septembre, Saumur et Angers (Maine-et-Loire). “Ce matin, l’atmosphere était chargée d’un brouillard très-épais que le soleil a dissipé sur les six heures et demie. A sept heures 58 minutes, le tems étant très-calme, nous avons éprouvé une forte secousse de tremblement de terre, d’Orient en Occident, accompagné d’un bruit qui ressemblait à celui que produit, dans les rues, le passage rapide d’une grosse voiture chargée. La secousse a duré environ deux secondes, et le bruit trois ou quatre. Sur les deux heures et demie de l’après-midi, il s’est élevé un violent orage, qui a duré jusqu’à quatre heures et demie.
Le même orage s’est fait sentir à Angers, et plusieurs personnes ont également senti la secousse de tremblement de terre.” Source : Gazette nationale du 9 septembre 1810. L’Académie des Sciences, en 1843, indiquait qu’un météore lumineux avait été observé au même moment.
***
“Une lettre de Saint-Diez décrit un phénomène assez curieux qui a été observé dans cette ville le 31 août. On vit, sur les cinq heures du soir, un nuage s’étendre en forme d’un énorme serpent aerien ; il sortait de la queue un gaz enflammé. Peu de momens après, le temps tourna à l’orage. Ce phénomène est remarquable, en ce que le même jour, à Paris, on vit un globe lumineux dans le quartier du Luxembourg. A Angers, Nantes et Saumur, on a éprouvé des orages et des secousses de tremblement de terre.” Journal de l’Empire, 1810.
***
“Un météore lumineux a été aperçu avant-hier vers huit heures du soir par beaucoup de monde dans le quartier du Luxembourg ; il paroissoit à-peu-près gros comme une boule à jouer, et lançait des feux sautillans comme des aigrettes électriques. La lumière qu’il a jetée pendant deux ou trois secondes, a été extrêmement vive, au point que plusieurs personnes ont cru d’abord qu’elle était l’effet de quelque belle pièce d’artifice ; mais bientôt ce globe a disparu en sillonnant l’air dans la direction du nord-ouest ou sud-est.” Journal de l’Empire du 2 septembre 1810.

1811, nuit du 23 au 24 mars, Montagne de la
Lance (Drôme). D’après une note ancienne, un
éboulement aurait eu lieu dans la montagne de
Ladret, attenante à celle de La Lance, dans la nuit
du 23 au 24 mars 1811. Durant la même nuit, des
témoins observèrent un globe enflammé se dirigeant
vers la montagne qui se serait écrasé au sommet de La Lance. Des naturalistes visitèrent les lieux peu après les événements et virent des rochers énormes qui
avaient été propulsés à plusieurs dizaines de mètres
ainsi que de nombreux arbres déracinés. Une forte
odeur sulfureuse se dégageait du sol par endroits.
En mai 1993, Fabrice Kessler se rend sur place pour
mener son enquête et pense reconnaître au sommet
de la montagne un cratère d’impact aux dimensions
impressionnantes. Sur les bordures, de nombreuses
roches montrent des traces de fusion. Alain Carion
ainsi que Mme Christophe, de l’université de Paris VI,
se rendent sur place, guidés par F. Kessler. Après
quelques heures de prospection, aucune roche
susceptible de ressembler à de l’impactite ou à un cône
de compression n’a été trouvée. Il faudrait réaliser
des recherches plus importantes, plus systématiques,
mais rien ne prouve à l’heure actuelle qu’une
météorite ait formé cette dépression. Voici l’extrait
de la Chronique de l’arrondissement de Montélimar
qui évoque cet événement de 1811 : “D’après une note
de M. Claude Bernard Faujas de Saint Fond,
capitaine, fils du naturaliste, copiée par M. Devès, de
Grignan, à notre intention, un éboulement d’une partie
de la montagne de Ladret, attenante à celle de la
Lance, eut lieu dans la nuit du 23 au 24 mars 1811,
et, le 2 du même mois, vers les 5 heures du soir, par
un temps assez serein et par 12° Réaumur, on
aperçut tout à coup un globe enflammé se dirigeant
du Couchant au Levant. Ce météore ayant parcouru
l’espace avec une grande rapidité, vint, avec l’éclat
d’un grand coup de canon, se briser contre un rocher
qui se trouve au sommet de la Lance. MM. Faujas,
Martin, Alançon et Calemard visitèrent Ladret peu
après l’événement et virent des rochers d’une masse
énorme lancés à plus de 80 toises de la montagne
et une infinité d‘arbres entièrement déracinés.
Parvenus à la crevasse intermédiaire, ils se couchèrent
à plat ventre et sentirent une odeur sulfureuse qui les suffoqua un instant.”

1811, 23 avril, Ardennes et Meuse. On peut lire dans
le Journal de l’Empire du 8 mai 1811 : “Le 23 avril dernier, vers quatre heures après midi, on entendit au nord-nord-ouest de Montmédi un roulement sourd de tonnerre. Au même instant on aperçut dans l’atmosphère, à quelques lieues de cette ville, près des villages de Pain et Isset, une colonne très brune d’environ quarante mètres de diamètre, qui descendit jusqu’à terre, répandant une odeur sulfureuse à la distance d’un quart de lieue. Un gros corps lumineux étoit comme supporté par la colonne et touchoit à la nuée qui étoit au-dessus de lui. Ce météore igné s’allongea en queue de serpent qui s’agitoit en tous sens. Pendant trois quarts d’heure que fut observé le phénomène, l’air étoit très tranquille sur la surface de la terre, mais on entendoit un bruit très fort partant du corps lumineux, comme celui de cailloux qui s’entrechoquoient. Le météore prit enfin sa direction vers Carignan. On n’a eu ni pluie ni grêle.”

1811, 15 mai, Chaumont (Haute-Marne). “Le 15
de ce mois, à huit heures et demie du soir, le ciel étant très serein, on a vu à Chaumont, à Langres et dans les lieux circonvoisins, vers le nord-nord-ouest, un de ces météores ignés qui sont produits par le gaz hydrogène tenant en dissolution du soufre et du phosphore, et enflammé par l’étincelle électrique ; celui-ci avoit la forme d’un globe de médiocre grosseur, lequel s’étant ouvert sans détonation sensible, a lancé une traînée de feu qui avoit la forme et l’éclat d’une fusée. Cette lumière, après avoit duré quelques instans, a disparu, et a été remplacée par une espèce de nuage absolument de la même forme et de la même longueur, et dont la largeur étoit peu considérable. Après avoir conservé pendant quelque temps une situation verticale, le vent en courbant et relevant son extrémité inférieure, lui a fait prendre différentes figures, et a fini par le dissiper entièrement, environ un quart d’heure après la première apparition du phénomène. Il y a lieu de croire que la vapeur blanchâtre qui a succédé à la lumière vive et brillante que l’on avoit aperçue d’abord, étoit produite par la combustion des gaz hydrogène et oxigène, et qu’il en étoit résulté la formation d’une certaine quantité d’eau, qui, réduite en vapeur, composoit le nuage que l’on voyoit dans la même place, et qui offroit la même apparence et la même direction que la trace lumineuse du météore.” Source : Journal de l’Empire du 21 mai 1811.
***
“Commercy, 19 mai. Mercredi dernier, vers huit heures et demie du soir , le ciel étant assez serein, à l’exception de quelques nuages qui bordoient l’horison, le vent S. O. soufflant, un éclair très-vif, quoique d’une lueur blanchâtre, rendit tout-à coup la lumière du jour à cette ville et au loin dans le pays. Un globe de feu parti du
S. O., semblable à une grosse étoile tombante, qui laissoit derrière lui une queue enflammée, et qui dans sa course faisait entendre un léger sifflement, prit sa direction vers le N. N. E. d’une manière inclinée à la terre. Le météore ayant comme épuisé tout son mouvement, répandit sans détonation des flammèches lumineuses. Sa trace resta marquée dans l’atmosphère pendant près d’un quart-d’heure : d’abord ce fut une longue tranche d’une blancheur éblouissante, elle prit ensuite la forme d’un serpent, enfin elle replia à angles droits ses extrémités en se développant, et disparut insensiblement. Il y avoit eu un gros brouillard le
matin ; le thermomètre marquoit 14 degrés, le baromètre de Chevallier étoit à 737 millimètres 66 ccntièmes ; la température étoit assez chaude.” Source : Journal de Paris du 22 mai 1811.

1811, 28 septembre, Saint-Mihiel (Meuse). “Le 28 septembre , à quatre heures du matin , un météore a paru dans le voisinage de Saint-Mihiel. Plusieurs habitans de la campagne, qui apportoient des denrées au marché de cette ville, voyant un globe de feu traverser l’atmosphère sur une ligne inclinée à la terre, crurent que c’étoit une partie de la comète qui s’étoit détachée, et jetèrent de grands cris. La terreur s’empara de toutes les têtes, et ne se calma que lorsqu’on vit la comète continuer de parcourir son orbite avec tranquillité.” Source : Gazette de France du 12 octobre 1811.

1811, 10 octobre, vers Angoulême (Charente). “Avant-hier 10 octobre, à une heure du matin, un voyageur digne de foi a aperçu sur la route d’Angoulême, un météore d’un genre singulier ; ce météore consistait en un morceau de feu d’une forme sphérique, dont la flamme ressemblait à celle produite par l’éclat d’une bombe. En approchant de la surface de la terre, ce globe lumineux avant de disparaître, a répandu une clarté telle, qu’elle a pu être aperçue à une distance très-éloignée.” Source : Gazette nationale du 18 octobre 1811.

1812, 20 mars, dans le sud-est. “Le 20 mars 1812. Marseille et d’autres villes du Sud de la France furent secouées par un tremblement de terre au cours duquel se manifesterent d’étranges phénemènes lumineux. A Quatre-Tours, les passagers de 1a voilure de Digne virent un ballon lumineux qui se divisa en quatre feus qui tournoyèrent autour d’eux. Leur vue se brouilla tant qu’ils crurent que quatre hommes étaient sortis de cette lanterne. A Ste Tulle et à Manosque, une grande clarté semblable à une aurore boréale resta suspendue dans
le ciel pendant quelques minutes. Dix jours plus tard,
le 30, vers 20h, dans la même région on vit encore un grand méteore qui avait l’apparence d’une tour enflammée et qui avançait en suivant diverses directions.“

1812, 26 juillet, Ogenne-Camptort (Pyrénées-Atlantiques). “Le 26 juillet 1812 à neuf heures du soir, pendant que je profitais des savans entretiens du célèbre M. de Charpentier, qui me fit l’honneur de venir passer à Ogenne quelques momens qui me parurent bien courts, des habitans de cette commune et des environs apperçurent un globe de feu qui s’éleva dans les airs : sa direction était du S. S O. au N. N. E. ; il répandait une grande clarté et lançait
des étincelles. Il ressemblait à une étoile flamboyante ;
lorsqu’il eut atteint certaine hauteur, on le vit
disparaître sans aucune explosion : ce météore causa beaucoup de frayeur aux habitans des communes dans lesquelles il fut aperçu.” Source : M. Palassou, Des globes de feu observés dans les pays adjacens des Pyrénées, 1819.

1812, 9 août, Bretagne et Vendée. On peut lire dans le Journal de la Haute-Garonne du 5 septembre 1812. “On écrit de Croix-de-vie, département de la Vendée, que le 9 de ce mois, au soir, sur les 9 heures, le ciel paraissait sans nuage et bien étoilé ; tout-à-coup il parut une boule de feu très lumineuse, au point qu’on aurait pu ramasser une épingle dans les rues. Ce feu s’est retiré, et a formé au firmament un espèce de serpent très-long, la tête paraissait être au nord et la queue au sud ; elle a été visible cinq à six minutes, et peu à peu la queue a gagné le sud ouest, ensuite elle est venue à former un très-petit nuage, qui a disparu totalement au bout de dix minutes. Cette espèce de météore a effrayé pour un moment les habitans de la commune. Le même météore s’est fait apercevoir à Napoléon, le même jour, à la même heure, avec cette différence qu’au lieu de la boule de feu dont il est question dans la lettre, les yeux ont été frappés d’un éclair très-lumineux, suivi d’une longue traînée de feu semblable à une fusée, dont la direction était nord-est et sud-ouest, et qui a disparu au bout de deux minutes.” Cette lettre a également été publiée dans le Journal du département de la Vendée,
n° 22 du samedi 15 août 1812.

1812, 30 décembre, Patay (Loiret). “Barré de la
Bussière, professeur de physique au lycée d’Orléans,
fait paraître une dissertation intéressante sur les
pierres tombées du ciel depuis quelques jours dans
les environs de Patay : ces pierres, dont une a été en
notre possession, étaient d’une nature graveleuse,
d’une surface irrégulière, obscure et comme brûlée par
le feu ; frottée par nous et grattée avec un couteau,
elle avait une odeur souffrée et désagréable.” Source :
Recherches historiques sur la ville d’Orléans. 3e partie.
Tome 1er du 30 avril 1804 au 1er juillet 1816 par
D. Lottin père.

1814, 19 mars, La Châtre (Indre). “Samedi 19 mars, à huit heures du soir, on a ressenti dans la
ville de La Châtre, département de l’Indre, une
violente secousse de tremblement de terre, qui a duré
de 12 à 15 secondes ; elle a été précédée de l’apparition subite de deux météores lumineux, et accompagnée d’un bruit analogue à celui d’un carrosse qui roule sur le pavé. Dans les villages voisins, la commotion a été si forte que des meubles ont été renversés ou dérangés de leur place. La direction étoit du S. S. E. vers
l’O. N. O. Le temps est resté calme durant la secousse ;
mais le baromètre est tout à coup tombé de 27 pouces
6 lignes à 27 pouces 3 lignes, et le thermomètre s’est
élevé de 7 deg. au-dessus de zéro à 9 deg. 3/10.”
Source : Journal de l’Empire, 29 mars 1814.

1814, 4 octobre, Tours (Indre-et-loire). “Le mardi, 4 de ce mois, à 7 heures un quart du soir, à la distance de quelques lieues E.-N.-E. de Tours, il s’est formé un météore igné qui avait presque la forme et le volume d’un étui de basse. Cinq minutes après sa formation, il est devenu lumineux, et la clarté étonnante de sa lumière blanche, qui a duré deux minutes environ, a beaucoup effrayé les habitans des campagnes. Son élévation était alors de 25 degrés au moins au-dessus de l’horison, ce qui l’a fait appercevoir de plusieurs endroits distans de la ville de 4 à 5 lieues, et peut-être au-delà. La direction de ce météore était de l’E. à l’O. Il dérivait de tems en tems vers le S., et regagnait assez promptement la ligne droite, après avoir parcouru une ligne courbe de la longueur de 30 pas environ. Il a pris la forme d’un pot à feu peu avant de s’éteindre, et aussitôt ce changement de figure, à la blancheur de la flamme ont succédé des feux de couleur violette, bleuâtre, et à la fin jaunâtre. Deux détonnations, que l’on a prises pour deux coups de tonnerre assez légers, ont fait disparaître ce météore sans laisser aucune trace de fumée. Le ciel était sans nuages.” Source : Journal d’Indre-et-Loire du 8 octobre 1814.

1815, 22 avril, dans la Drôme et en Ardèche. “Le
22 avril 1815, Viviers fut témoin d’un curieux
phénomène atmosphérique (probablement la chute d’un aérolithe), que Flaugergues signale en ces termes : L’explosion qui eut lieu en l’air à 2 h. 45, et qu’on prit
pour un tremblement de terre, eut lieu dans des nuages qui, vus de ma grange de Bellioure, parraissaient au-dessus de la Serre d’Aspar. Le bruit que faisaient ces nuages, ou qui était dans ces nuages, passa sur Benome en se dirigeant sur Pierrelatte, passant sur la montagne de Benome. Des paysans disent avoir vu des pierres rouler de la
montagne ; ils furent fort effrayés. Il n’y eut point d’éclair et on ne vit aucune lueur. On ne ressentit aucun tremblement du sol, mais les portes furent vivement poussées en dedans. Ma fille, qui était dans l’église de Saint-Laurent, crut qu’une troupe de gens entraient précipitamment et avec effort et faisaient craquer et écarter les planches du tambour. Il y eut deux explosions, une petite, et immédiatement après la forte explosion que nous venons de décrire, suivie d‘un bruit sourd, dont la cause cachée dans les nuages paraissait au bruit se mouvoir du sud-ouest au sud-est. J’ai déjà remarqué que des chardonnerets et des poules eurent une violente frayeur de ce bruit, ce qu’ils n’ont
pas lorsqu’il fait des tonnerres quoique forts.”
Source : Revue Historique, Archéologique, Littéraire
et Pittoresque du Vivarais illustrée, tome 4, 1896.

1816, Confolens (Aude). Un aérolithe serait tombé près de cette localité. Source : France pittoresque, t. 1, p. 196.

1817, 11 mars, Nantua (Ain). “A neuf heures et onze heures du soir, des secousses de tremblement de terre se firent sentir à Nantua. Quelques personnes furent agitées dans leur lit. Les oiseaux jetèrent des cris plaintifs ; quelques-uns perdirent leurs grandes plumes. La dernière commotion fut précédée et suivie de météores ignés.” Source : M.-C. Guige; Ephémérides, 1874.

1817, 18 mars, Lot-et-Garonne. “D’Agen, le 21. - Mardi dernier, vers trois heures de l’après-midi, l’on entendit à Agen, et dans les communes environnantes, un grand bruit qui paraissait venir de la partie méditionale du Ciel, et qui fit une explosion semblable à celle qui eut lieu le 5 septembre 1814, et à la suite de laquelle tombèrent dans les cantons de Castelmoron et de Monclar de ce département, quelques-unes de ces pierres que les savans ont nommées uranolithes ou aérolithes. Une personne, placée dans la commune de Boé, a observé qu’après l’explosion, un vent léger qui soufflait du nord se calma, et qu’elle put entendre pendant plus de deux minutes une suite de détonations plus ou moins bruyantes dont le foyer se dirigeait vers l’est. Le ciel était pur et serein à l’instant où ce météore se fit entendre ; mais il ne paraît point qu’il ait été visible par personne. (Journal de la Haute-Garonne).” Source : Journal du Gard du
2 avril 1817. Un article plus succinct est paru dans
le Journal de la Lozère du 10 avril 1817.

1817, 25 septembre, en Lozère. “Le 25 septembre dernier, à 6 heures 25 minutes du soir, trois voyageurs, venant de visiter le monument romain près Lanuéjols et traversant le Causse de Mende pour se rendre dans cette ville, aperçurent dans la direction de Villefort (Sud-Sud-Est), un météore lumineux couleur rougeâtre, de la forme d’un disque et d’une dimension trois ou quatre fois plus grande que celle d’une pleine lune. Ce météore s’étant insensiblement agrandi en prenant la forme d’un vase, disparut deux ou trois minutes après ; le ciel était brumeux et il tombait une pluie fine. Ces phénomènes curieux sont très-communs dans les pays dont le sol cache des mines de métaux, et la partie où celui-ci a été remarqué est de ce genre. Le vulgaire, qui ne voit rien que de surnaturel dans leur apparition, fait à ce sujet mille contes risibles et le plus souvent superstitieux. M. de Genssane, dans le discours préliminaire de son histoire naturelle du Languedoc, tome 3, page 20 et suivantes, est entré dans d’assez longs et intéressans détails sur ces sortes de feux, qu’il assure n’étre que des mollettes ou vapeurs minérales enflammées, et des indices très-certains du voisinage des mines. M. Depping en a également parlé dans son ouvrage des merveilles et beautés de la nature en France, tome Ier, page 120. Nous ne faisons ces citations que pour détruire des erreurs populaires dont la malveillance s’empare très-souvent.“ Source : Le journal de la Lozère du 5 octobre 1817.

1817, 3 novembre, Paris. “Encore une pierre du ciel ! Pour celle-ci on n’en doutera point : c’est à Paris même que le phénomène a été vu. Le 3 de ce mois au matin, et avant le jour, dit un journal, une pierre du poids d’environ dix livres est tombé dans la cour de l’hotel de Suède, rue de Richelieu. Elle à réveillé, par le bruit de sa chute, toutes les personnes logées à l’hotel ; elle a enfoncé deux pavés à trois pouces de profondeur, et enfin elle a répandu dans la cour une odeur sulfureuse difficile à supporter. Nous apprendrons sans doute que cet aérolithe a été soumis à l’analyse des savans de l’institut, afin de convaincre les plus incrédules.“ Source : Journal des débats politiques et littéraires du 6 novembre 1817.

1818, 15 février, dans la moitié sud de la France.
Un météore lumineux a été observé vers 18 h 30
au-dessus de Périgueux mais aussi de Bordeaux, La
Réole, Agen, Rodez, Montauban, Toulouse, ou bien
encore de Pau. Le phénomène dura plus de trente
minutes. Quelques témoins affirment avoir entendu
une détonation. Le récit est plein d’invraisem-blances : une forte odeur de soufre, un éclat
presque aveuglant. Le météore serait ensuite tombé à Limoges. Voici le contenu du document conservé
aux Archives Départementales de la Dordogne et qui s’intitule Relation d’un météore vu à Périgueux le 15 février 1818 : “Le 15 février 1818,
la ville de Périgueux a été frappée par l’éclat d’un
météore igné qui a été remarquable par la vivacité de ses feux. Vers les 6 heures et demie du soir,
la lune étant âgée de dix jours et le ciel très peu
nébuleux mais néanmoins éclairé de toute la lumière
que cet astre peut répandre, on vit tout à coup
sortir d’un nuage légèrement roussâtre un de ces
feux vulgairement appelés étoile filante. Ce corps, en
s’enflammant à deux ou trois cents mètres de la
terre, au-dessus du domaine de Prouceau, situé au sud
et à un quart d’heure de Périgueux, répandit une
lumière si vive que la ville entière en fut éclairée,
ou pour mieux dire illuminée comme de celle d’un
vaste incendie. L’apparition de ce phénomène en
jetant un éclat éblouissant jusque dans l‘intérieur des
maisons de la ville, y jeta aussi un instant de frayeur
générale. Le corps igné, en filant verticalement son
jet à terre reprit une nouvelle intensité de lumière
telle que pourrait le faire une toile enflammée en se
déroulant tout à coup sur un large pli. Après la
disparition de ce corps dont la combustion ne dura
que cinq ou six secondes, un léger nuage dont il
était sorti, prit la teinte d’une vapeur blanchâtre qu’il conserva une demi-heure, après laquelle il disparut
dans l’est. Quelques personnes, mais en petit nombre,
prétendent avoir entendu une détonation précéder
l’inflammation du météore, qui, suivant d’autres, aurait
laissé après la combustion, une forte odeur de soufre.
Si ces dires ne sont pas exacts, les faits en sont
trop naturels pour qu’on puisse les révoque en doute.”
Source : Archives Départementales de la Dordogne.
***
Suite des mémoires pour servir à l’histoire naturelle des Pyrénées, et des pays adjacens, par M. Palassou (1819) : “Il faut placer parmi les météores lumineux les plus remarquables, celui qui le 15 février 1818, parut dans le ciel, au dessus des pays adjacens des Pyrénées, et qui fut aperçu à Toulouse, à la Réole, à Bordeaux, à la Bastide-de-Clarence, enfin dans les contrées qu’occupait anciennement la partie des Gaules, connue sous la dénomination de Novempopulanie.
Comme cet effrayant phénomène n’a point été décrit de la même manière, par les observateurs qui l’ont remarqué ; qu’ils ne font pas, en outre, mention des mêmes particularités, je pense que le lecteur ne désapprouvera point que je mette sous ses yeux les divers rapports parvenus à ma connaissance.
Extrait du Mémorial Bordelais du 20 février : Un de
nos abonnés nous transmet de la Réole les détails suivans. Le 15 de ce mois, vers les six heures du soir, par un temps assez câlme, le ciel peu nébuleux, j’ai entendu un sifflement rapide, dans la direction de l’Ouest à l’Est, pareil à celui du vol d’un faucon, fondant sur sa proie. Dans l’instant une vive lumière a brillé, occasionnée par une gerbe de feu, concave dans son centre , de la forme et de la grosseur apparente d’un cerf-volant, traînant une queue argentée, décuple en longueur, mais étroite comme la lame d’épée. De cet ensemble lumineux jaillissaient sans nombre d’étincelles en forme d’étoiles, de la couleur du plus beau vermeil. La trace blanchâtre dont ce météore avait sillonné le ciel, y est restée empreinte pendant trois minutes et s’est insensiblement effacée dans la progression de la queue à la tête. Deux minutes après, une détonation, semblable à un coup de tonnerre, s’est fait entendre dans la même direction, et s’est prolongée comme le roulement d’une voiture, l’espace de quelques secondes.
Si quelque physicien instruit vous adressait des observations sur ce phénomène, veuillez supprimer les miennes, basées néanmoins sur des apparences que j’ai saisies et décrites de mon mieux.
On lit dans le journal de Toulouse ce qui suit : Dimanche 15 février, à 6 heures du soir, un météore lumineux a brillé pendant 4 à 5 secondes sur l’horizon de Toulouse ; il s’est comme spontanément enflammé à 20 degrés environ de hauteur vers l’Ouest, et a parcouru, en s’abaissant et en augmentant de vivacité, un arc de 10 à 12 degrés, incliné vers l’Ouest Nord Ouest, après quoi il s’est subitement éteint. Ce phénomène n’a été suivi d’aucune détonation ; on croit tout au plus avoir entendu un frémissement sourd. Il a laissé après lui une trace pareille en couleur à la fumée qu’exhalent, en brûlant, les gaz phosphoreux. On doit penser que le météore siégeait, à une grande hauteur dans l’atmosphère, puisque le vent Est Sud-Est, qui soufflait très fort à terre ne l’atteignait pas, et plus encore, puisque sa trace paraissait réfléchir les rayons du soleil, qui était couché depuis plus de trois quarts d’heures.
Ce phénomène paraît sous tous les rapports, tenir à celui des feux follets ou étoiles tombantes, que l’on attribue en général à l’infflammation des substances gazeuses par l’effet d’une étincelle électrique ; il n’a eu de particulier qu’un plus grand degré d’intensité que ceux que voient ordinairement les personnes que leur état n’oblige pas à passer quelquefois des nuits entières en plein air ; et la température trop douce de la saison, les vapeurs humides et chaudes charriées par le vent qui règne, étaient très-propres à favoriser ce degré d’intensité.
Note de M. le baron de Schweickhardt, capitaine dans la légion des Pyrénées-Orientales, sur le météore qu’il a observé le 15 février 1818 , à Navarrenx : “A six heures moins cinq minutes (du soir), étant à la promenade vers Méritein, je fus surpris de voir un météore lumineux, qui représentait une fusée attachée au firmament, et dirigeant son feu obliquement vers le nord-est. Au moment où la fusée semblait être à la fin, elle reparut avec le même éclat ; le feu présentait un globe qui allait en diminuant vers l’origine de la fusée qui suivait le globe ; j’entendis le même bruissement produit par une fusée qu’on allume, et le feu en avait la couleur. Il se trouvait un nuage dans la direction du météore, qui disparut en le traversant. Huit minutes après, j’entendis trois détonations successives ; je les compare au bruit de trois pièces de 24, déchargées en plaine, à une distance de 5 à 6 lieues du point où j’étais.
Note communiquée par M. le chevalier de Ribeyre, capitaine dans la légion des Pyrénées-Orientales : Un météore assez étendu et produisant une clarté extraordinaire a été remarqué le 15 février 1818 : voici ce que des personnes qui se trouvaient dans la plaine de Navarrenx, département des Basses-Pyrénées, ont observé avec la plus grande attention.
Le météore a subitement paru le 15 février 1818, à cinq heures cinquante minutes du soir, à la fin d’un jour chaud pour la saison et qui avait été précédé d’unenuit assez fraîche. Le temps était calme et le ciel presque partout, clair et serein. La lune était alors au premier quartier et brillait du plus bel éclat ; on appercevait quelques petits nuages blancs au Nord ; mais du côté du Sud Sud-Ouest, on en remarquait beaucoup sur cette partie des Pyrénées, qu’ils cachaient entièrement à nos yeux ; ils étaient noirs, très-épais et semblaient annoncer de l’orage.
Le météore a pris naissance entre le Nord et l’Orient, dans la direction du degré 22 de la carte géographique de France ; il est descendu obliquement du ciel vers la terre en ligne droite, sans serpenter aucunement.
Lors de son apparition, le météore avait la forme de la pointe d’une lance ; il s’est prolongé ensuite sous celle du corps entier de la lance, au bout de laquelle il a pris la forme concave d’un entonnoir dont les côtés se maintenaient en lignes droites ; il a produit en s’ouvrant deux petites étoiles, ainsi que le font les fusées artificielles ; il a traversé dans la direction du Nord-Est au Sud-Ouest, un petit nuage blanc qu’il a fait disparaître et s’est lui-même dissipé sans aucune espèce de fumée.
Ce météore qui lançait des étincelles a duré pendant quatre à cinq secondes ; après cet intervalle de temps, la partie du milieu de la lance ou colonne, descendant dans l’espèce d’entonnoir a cessé d’être apparente dans toute sa longueur ; mais les lignes latérales paraissaient entièrement enflammées. La clarté du météore était parfaitement ressemblante à celle de la flamme des feux d’artifice.
Neuf minutes après l’apparition du météore, l’on a entendu trois fortes détonnations dans l’air, et totalement semblables à celles de trois coups de canon de gros calibre, qui auraient été tirés à la distance de six à sept lieues ; ces trois détonnations partaient précisément de la place où le météore s’était terminé ; mais l’on n’a point vu à cette place ni ailleurs, la moindre apparence de nouveaux feux.”
Tel est le rapport dé M. de Ribeyre.“
***
D’autres journaux de l’époque ont également relaté
ce phénomène. Selon les deux journaux cités plus
bas, “Une grande pierre paraît être tombée à Limoges,
dans un jardin au sud de la ville. Après
l’explosion d’un grand météore, une masse qui tomba
fit dans la terre une excavation d’un volume égal
à celui d’une grande futaille.” François Arago,
dans l’un des tomes de l’Astronomie Populaire
indique que la masse n’a pas été déterrée… Sources :
La Gazette de France, 25 février 1818 et dans
le Journal du Commerce, 28 février 1818.
***
On retrouve encore un récit dans la Gazette de
France du 23 février 1818 (avec une erreur d’année
pour la chute de Toulouse qui eut lieu en 1812 et
non pas en 1810). “Le 15 février, vers les six heures
du soir, on a aperçu à Toulouse, un météore imitant
celui qui éclata en 1810 dans le canton de Grenade,
et qui, dans la même position à peu près, lança les
aérolithes. Sa conflagration, qui a été moins longue,
n’a pas fait entendre de détonation à Toulouse. Les
éclats en forme d’étincelles étaient projetés par des
lignes courbes dans la direction sud-est. En disparaissant, le météore a laissé une traînée de vapeurs
blanchâtres qui se sont cachées derrière un nuage,
ont formé deux barres lumineuses, l’une plus longue
et l’autre plus courte, dont la réunion formait une espèce
de L.”
***
“Le dimanche 15 février, à six heures du soir, pendant qu’une grande partie de la population d’Agen était réunie sur la promenade du Gravier, pour voir partir un aérostat qu’on se disposait à lancer, un météore lumineux, analogue à celui qu’on nomme bolide, s’est montré aux regards de cette multitude de spectateurs. Le ciel était presque serein, la lune voilée ne répandait qu’une faible clarté, le vent soufflait du sud-est. Tout-à-coup un brillant éclair a frappé les yeux, et on a vu une traînée lumineuse, puis un nuage blanchâtre qui, par sa forme et sa grandeur, imitait l’instrument de musique appelé serpent. A peine quatre ou cinq secondes s’étaient écoulées, que ce nuage s’est aggloméré, s’est arrondi, puis s’est divisé lentement en deux masses contiguës, dont une semblait stationnaire, pendant que l’autre se mouvait vers le nord. Alors un bruit sourd, uniforme, pareil au roulement d’un carrosse, a frappé les oreilles des observateurs attentifs. Tous ces signes semblaient annoncer et devoir précéder la chute de ces pierres nommées aèrolithes ou uranolithe ; on s’y attendait : mais leur chute n’a point été aperçue à Agen, et n’a point encore été annoncée d’aucun autre lieu.” Source : Journal de Paris du 24 février 1818.

1818, 6 septembre, Breteuil (Oise). “On nous écrit
de Breteuil (Oise) : Dans la nuit du 5 au 6 de ce mois, entre minuit et une heure, on aperçut un globe de feu de la grosseur apparente de la lune, lequel, au rapport
d’un voyageur qui revenait de la Foire de Beauvais, parut sortir de la plaine Saint-Denis et se dirigea vers le nord. Ce globe décrivit une courbe du couchant au
nord, et répandit une si vive clarté, que plusieurs personnes qui se trouvaient sur la grande route de Beauvais à Breteuil purent aisément apercevoir les villages voisins. On assure même qu’un marchand qui conduisait un troupeau de boeufs eut beaucoup de
peine à contenir ces animaux effrayés, qui se mirent
à courir dans la plaine. Ce météore éclaira longtemps l’horizon. Arrivé à un certain point du nord, il éclata
et fit entendre une détonnation semblable à un fort
coup de tonnerre, en répandant comme une multitude
de lumières dont l’effet était agréable aux yeux. Les
apparitions de ces corps lumineux sont très fréquents
dans cette plaine, surtout au bas de la montagne dite
de Catalat. [...]” Source : Journal général de France
du 14 septembre 1818.

1819, 25 juillet, à Paris, à Melun (Seine-et-Marne), à Chaumont (Haute-Marne), à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne). “Un phénomène remarquable a été observé le 25 juillet dernier, entre neuf et dix heures du soir, dans le département de
Seine-et-Marne, au bourg du Châtelet. Le météore venait de l’est-sud , se dirigeant à l’ouest-nord ; il décrivait, à une grande élévation, une courbe blanche très-lumineuse, et s’est fendu ensuite en quatre grosses boules d’un feu blanc et jaunâtre, qui a éclairé tout le pays. Beaucoup d’habitans du pays ont éprouvé à ce spectacle un étonnement mêlé de frayeur. Le même phénomène a été vu à Melun et à Villeneuve-sur-Yonne, où il a produit les mêmes effets. Un globe de même nature a paru le même soir sur le Luxembourg, et a à peine dérangé les promeneurs.” Source : Le Constitutionnel du 18 août 1819.
***
“Le 25 du mois dernier, à dix heures du soir, nous avons joui à Chaumont du spectacle d’un météore, comme on en voit très-rarement ; il a décrit une ligne transversale du midi au couchant, et n’était pas à une grande élévation. Ce météore était gros comme la forme d’un chapeau, et suivi d’une queue longue d’environ deux mètres, qui serpentait mollement ; sa durée a été quinze secondes, pendant lesquelle il a parcouru environ cent mètres, et s’est éteint très-près de la terre ; la lumière qu’il répandait ressemblait à un beau clair de lune. Pendant tout le jour le soleil avait été brûlant.” Source : L’ami de la Charte du 10 août 1819.

1819, 20 août, en Savoie. “On écrit de Chambéry, 26 août : Le 20 de ce mois, à deux heures du matin, un météore lumineux, sous la forme d’un globe de feu, a traversé notre atmosphère du sud-est au nord-ouest, en répandant une clarté presque égale à celle du jour ;
il a paru éclater du côté du Bourget. Ce phénomène, qui a été aussi aperçu à Saint-Pierre d’Albigny, et probablement dans d’autres lieux, a prodigieusement effrayé ceux qui l’ont vu ; quelques personnes ont cru que c’étoit la comète qui venoit réaliser la prédiction faite pour le 22, et que c’étoit le commencement de la fin du monde.” Source : Journal des débats politiques et littéraires du 3 septembre 1819.

1820, 15 mai, Nangis (Seine-et-Marne). “Lundi dernier à neuf heures du soir, pendant l’orage, le courrier de Paris, qui était à la hauteur de Nangis et se rendait à Troyes, a vu tomber à quelques distance de sa voiture deux boules de feu qui ont éclairé toute la plaine, et ont laissé une épaisse fumée à travers laquelle on ne pouvait plus voir. Il a été presque suffoqué par l’odeur de soufre répandue dans l’air.” Source : Gazzette de France du 20 mai 1820.

1820, 19 août, Berlière (Lozère). “Le 20 août 1820.
A Monsieur le Rédacteur du Journal de la Lozère.
Hier soir, à 8 heures 20 minutes, je descendais la cote de Berlière, lorsque j’entendis dans les airs une explosion plus forte, mais d’ailleurs semblable à celle que fait une fusée à l’instant de son départ, et au même moment, une lumière aussi étincellante que l’éclair qui précède immédiatement un violent coup de tonnerre, illumina l’atmosphère avec bien plus d’éclat que la lune qui l’éclairait alors. Je levai les yeux aussitôt et je vis un globe de feu qui paraissait avoir 0.12 de longueur sur 0.8 de largeur et de la forme d’un œuf, et dont la pointe regardait le couchant. De la partie opposée sortait une gerbe d’étincelles d’environ un mètre de longueur. Cette queue se rétrécit et se replia en une pointe légère vers le nord, et progressivement se ramassa en une flèche dont le globe, en s’allongeant, forma le fer, qui resta très éclatant ; et la tige avec les plumes ne parurent composées que d’étincelles. Tout à-coup le fer restant le même, la tige devint éclatante à son tour et le météore représenta trois flocons de feu très-brillans et variant leurs couleurs légèrement teintes en bleu, rouge, jaune et vert ; Peu à peu l’éclat se dissipa et il ne resta qu’une baguette ignée qui disparut enfin au bout de cinq minutes que dura le météore ; pendant ce tems il ne changea ni de place ni de direction ; il était entre les deux étoiles qui sont aux pieds de Cassiopée, formant avec elle un triangle presque équilatéral : il coupait le méridien à angles droits ; sa durée donna le tems de l’examiner à l’aise. Il fut vu à Barjac, où son éclat qui avait pâli la lune effraya plusieurs personnes, et il aura été observé sans doute dans tout le departement, preuve qu’il paraissait très élevé dans la région moyenne.
J’ai l’honneur, etc. CAYX.” Source : Le journal de la Lozère du 26 août 1820.

1821, 5 mai, Ajaccio (Corse). Entre 17h et 18h,
plusieurs Ajacciens virent dans le ciel un météore
qui, partant du fond du golfe et survolant la ville, vint se perdre dans le “Borgu” en laissant derrière lui une traînée jaunâtre.

1821, 28 août, Bordeaux (Gironde). “On écrit de Bordeaux le 30 août : Avant-hier au soir, vers neuf heures, une clarté très vive fut aperçue dans la direction du sud-ouest. Le corps lumineux qui causait cette clarté se trouva continuellement éclipsé par d’épais nuages qui couvraient la partie occidentale de I’horizon. Dans plusieurs quartiers de la ville, les habitans ont cru que la lumière qu’ils apercevaient était l’effet d’un incendie ; mais dix minutes plus tard, le météore avait complètement disparu.“ Source : Gazette de France du 3 septembre 1821.

1822, 9 avril, Rodez (Aveyron). “On écrit de Rodez (Aveyron) que le neuf avril, vers les neuf heures du soir, on a remarqué dans cette ville un météore de la plus grande beauté. Il a paru sous la forme d’une colonne
de feu répandant une clarté éblouissante semblable à celle du soleil. De ce corps lumineux partaient, ainsi
que d’un feu d’artifice, une infinité d’étincelles et de gerbes de feu ; les yeux éblouis ne pouvaient en
supporter l’éclat. Enfin, après quelques secondes, le météore disparut, et au même instant une assez forte détonation se fit entendre.” Source : Gazette de France
du 29 avril 1822 et La Quotidienne, 30 avril 1822.

1822, 27 mai, Sens (Yonne). “D’après un article des Annonces et Affiches de Sens communiqué par M. Thénard, il paraîtrait qu’on a vu, dans cette ville et à quinze lieues, un globe de feu qui, en détonnant, a fait un bruit semblable à celui d’un violent coup de canon. On n’a trouvé jusqu’ici aucun aérolithe.” Source : Annales de chimie et de physique. Volume 20, 1822.

1822, 16 juin, Cherbourg (Manche). “Le 16 juin 1822 il y eut deux secousses très-fortes à Cherbourg, vers 4h 15m et 4h 30m peu d’instants après, on aperçut au
sud, dans la baie de Saint-Michel, un météore lumineux qui semblait s’élever, et qui fut suivi d’une forte détonation ; dans tout le département de la Manche, il tomba le même jour des torrents de pluie ; il y eut une trombe.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 17, 1843.

1822, 6 août, Paris. “Météore lumineux observé à
Paris le 6 août 1822, à huit heures un quart du soir.
En entrant dans le jardin du Luxembourg par la porte de la rue d’Enfer, et suivant l’avenue qui lui fait face et qui se dirige de l’est à l’ouest, nous fûmes frappés tout-à-coup, M. Berthier, ingénieur des Mines, et moi de l’éclat d’une lumière très-vive, semblable à celle d’un éclair, mais pas aussi instantanée. Ayant aussitôt élevé les yeux vers le ciel, nous aperçûmes une grande et belle traînée lumineuse serpentante, de la grosseur du poignet, qui nous parut dans le plan vertical passant par endroit ou nous nous trouvions. Elle s’arrêta à 30 degrés environ de l’horizon, et occupait dans le ciel un arc au moins égal. Sa partie inférieure, que nous appellerons la tête, était plus lumineuse que le reste qui s’affaiblissait graduellement en allant vers l’autre extrémité de la queue, et nous y vîmes au premier instant quelques points plus brillans que le reste. Ce que ce météore a présenté de remarquable, c’est que la trainée lumineuse,
fortement ondulée, qu’il a laissée, a duré plus de cinq minutes, et qu’elle n’a point changé sensiblement de place pendant tout ce temps, ainsi que je m’en suis assuré en m’approchant d’un arbre, et dirigeant un rayon fixe à l’extrémité de la partie inférieure, tant qu’elle a été visible. La traînée lumineuse diminuait de longueur, du côté de sa queue, en perdant peu à peu de son éclat, et c’est sa tête qui a été visible le plus longtemps.
Une lettre que nous avons reçue de Caen dit qu’au jour et à l’heure cités, on a aperçu dans la ville un météore igné qui est descendu presque verticalement, répandant une clarté égale à celle d’un éclair très-brillant et jetant des étincelles comme une étoile volante ; il laissait après lui une longue traînée lumineuse ondulée et remplie d’étincelles. Il a été vu au Havre,au Mans, à Cherbourg et à Southampton en Angleterre.
Mr A. Cauchy a aussi vu le météore, avec à-peu-près les mêmes circonstances que nous avons observées, M. Berthier et moi. Il lui attribue une très-grande hauteur dans l’atmosphère, comme cela est évident par la distance considérable des lieux d’où il a été aperçu, et il justifie celle d’environ une centaine de lieues qu’il avait attribuée à un autre météore vu à Paris il y a deux ans, en rappelant qu’il fut aussi vu en même temps sur la Saône, près de Lyon.
Quelle que soit la nature de ces météores qui restera probablement long-temps inconnue, il me paraît incontestable qu’ils viennent, ainsi que les étoiles filantes, hors de l’atmosphère, et qu’ils s’y enflamment en y pénétrant. En effet, leur mouvement excessivement rapide suppose de toute nécessité une force de projection considérable : or, si la matière qui les forme existait dans l’atmosphère avant leur inflammation, il serait impossible de l’y concevoir autrement qu’à l’état de fluide elastique, et lorsqu’elle s’enflammerait, elle ne pourrait en recevoir aucun mouvement de projection, ni produire ce trait lumineux, rapide comme l’éclair, qui accompagne ce genre de météores. Il faut donc qu’elle soit à un autre état que celui de fluide élastique, et par conséquent qu’elle soit tout-à-fait étrangère à l’atmosphère.
Cette matière pouvant être volatile, ainsi que le produit
de sa combinaison avec l’oxigène,elle se dissiperait en fumée dans le lieu même de sa combustion, et s’il en était ainsi, il faudrait désespérer d’en recueillir jamais à la surface de la terre, et de parvenir par conséquent à la connaissance de sa nature.” Source : Annales de Physique et Chimie, t. 20, 1822.

1822, 16 août, Le Mans (Sarthe) et en région parisienne. “On écrit du Mans , le 17 août : Hier, à 7 heures 55 minutes du soir, un globe de feu a paru sur notre horison, vers le nord-ouest ; le temps était calme et serein. Ce météore a d’abord répandu une lumière très-vive, et a laissé ensuite une traînée lumineuse qui a disparu peu à peu au bout d’environ dix minutes.” Source : Journal des Pyrénées Orientales du 7 septembre 1822.
***
“Nous avons revu plusieurs lettres des environs de Paris, dans lesquelles il est question d’un météore lumineux qui a parti dans la soirée du 16 de ce mois à huit heures environ. C’était un globe de feu qui, en sillonnant le ciel, jetait une grande clarté, qui a duré près de dix minutes. Plusieurs personnes ont vu ce météore le même soir et à la même heure à Paris, et le Journal du Mans du 17 août a signalé le même phénomène.” Source : La Quotidienne du 20 août 1822.

1822, 1er septembre vers 20h, Ile de la Martinique.
Un météore très lumineux est apparu au-dessus du
Fort Royal de la Martinique, se dirigeant de l’ouest
vers l’est très rapidement. Il fut visible pendant plus
d’une minute, produisit un bruit semblable à un
roulement de tonnerre avant d’éclater avec une
détonation très violente. Les recherches menées n’ont
rien donné. Source : Journal de physique, de chimie et d’histoire naturelle, tome 96, janvier 1823.

1822, 6 novembre, dans l’Ain. “Le Journal de l’Ain rapporte que le 6 de ce mois, sur les sept heures et un quart du soir, on a observé, dans la direction du sud, plusieurs météores ignés, qui ont répandu une lueur assez vive, malgré la brume épaisse qui occupait l’atmosphère. Ce phénomène a duré environ vingt minutes. On a très-distinctement et successivement remarqué quatre globes lumineux dans la même région. On les a vu filer dans la direction du nord au sud ; l’un d’eux sur-tout a été accompagné d’une longue trainée de lumière. Le premier observé des quatre paraissait aussi considérable que la lune en plein : lumineux
dans toute sa circonférence, avec une teinte de
feu opaque, à son centre, il paraissait avoir un mouvement de rotation sur lui-même.” Source : Journal du Gard du 20 novembre 1822.

1823, 13 décembre, Bellay (Ain). “Le 13 décembre
1823, on ressentit, vers 3 heures du matin, des
secousses assez fortes à Bellay (Ain). Un habitant
de Bexonces, qui était parti de ce village de très
grand matin, rapporta qu’étant sur le sommet de
la montagne à 3 heures de la nuit, le ciel lui parut
tout en feu, un instant après la détonation qui
accompagna les commotions souterraines, quoique
aucun météore ne parût alors sur l’horizon.” Source :
Comptes-rendus des séances de l’Académie des
Sciences de Paris, tome 17, 1843.

1824, 10 décembre, Pont-Audemer (Eure). “Conteville,
le 10 décembre 1824. A Messieurs les Membres
résidents de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts,
à Evreux, sur un Météore lumineux observé dans l’arrondissement de Pont-Audemer.
Messieurs ,
Le 10 de ce mois, vers six heures et demie du soir, par
un tems calme et serein et une temperature de 4 à 4d
de Réaumur au-dessus de zéro, parut du côté de
l’Ouest, un météore lumineux et remarquable !
J’en fus instruit peu d’instans après. Je pris, dès le lendemain, sur cette apparition, les informations que me suggéra le désir d’obtenir des renseignemens positifs ; je les continuai les jours suivans ; je les ai même étendues et multipliées jusqu’à cette heure, et je ne crains pas de vous offrir comme incontestable l’état des apparences qu’à présenté le météore, et
dont je vais avoir l’honneur de vous rendre compte. En effet, quoique les rapports qui m’ont été faits, en
aussi grand nombre, soient incomplets pour la plupart, il ne s’y est du moins trouvé aucune contradiction ; il n’y a même eu de différence que dans l’appréciation de l’heure, ou de la durée, ou de l’intensité ; encore ces différences sont elles extrémement légères ! Mais j’ai été assez heureux pour rencontrer trois témoins du phénomène, dans les connaissances, l’attention et la délicatesse desquels on doit avoir la plus entière confiance. Le hasard et
leurs affaires les avaient placés, à la même
heure, sur trois points fort éloignés les uns des autres, et de manière à voir distinctement le météore et le considérer avec exactitude. L’un d’eux allait vers Honfleur, par la grande route de Pont-Audemer, et se trouvait un demi-quart de lieue au-delà de
St.-Maclou ; le second marchait dans la même direction, un peu au-dessous de Foulbec, en la vallée de Risle, et le troisième achevait de monter la côte de la Bouille. Le météore était fort élevé, quand on en
vit subitement éclater la lumière ; il paraissait
composé de deux pièces dissemblables, contiguës et disposées l’une au-dessus de l’autre en ligne d’à-plomb. Celle d’en-haut avait la forme d’un disque un peu plus grand que celui de la lune quand elle est à son plus haut degré dans le méridien !
Elle était entourée de ravons jaillissans, mais peu
étendus ; la lumière de ce disque rayonnant était
blanche, vive, éclatante et assez abondante pour qu’on eut pu lire aisément un texte en petit romain. La pièce inférieure ressemblait à une longue ampoule dont la
panse très-renflée était en-bas : la lumière n’en était
que phosphorescente et pâle ; le contour était sensiblement irisé : le milieu avait une teinte bleuâtre
et tout-à-fait livide ; la longueur de cet appendice
était plus que décuple du diamètre du disque. Ce
météore que les trois observateurs ont uniformément
decrit, parut aux deux premiers tomber
perpendiculairement : mais la lumière s’en éteignit
à moitié chute et ne dura point trois secondes entières. On n’entendit pas la plus faible détonation. Cette apparence de chute perpendiculaire fait bien comprendre que les deux observateurs étaient dans
le plan même de la course du météore : mais elle
en laisserait ignorer la direction, soit qu’il courût vers
eux, en s’inclinant à l’horizon, soit qu’il s’en
éloignât, si le troisième observateur qui se trouvait dans un plan incliné à celui de la course, ne l’eut vu filer obliquement vers l’Ouest. Aucun n’a pu dire à quelles étoiles répondaient les mouvemens observés ;
mais les deux premiers ont rapporté la ligne de chute à des endroits du territoire qu’ils connaissent, et l’examen que j’en ai fait sur la carte de Cassini, me porte à regarder comme fort probable que
la course s’est dirigée, à très-peu de chose
près, au Sud-Ouest, dans l’alignement approximatif
de Falaise, Domfront, Bain et Redon.” Source :
Rapport écrit par François Rever dans le Journal d’agriculture, de médecine et des sciences accessoires, t. 2, 1825.
***
“Le 10 de ce mois, sur les cinq heures et demie du soir, l’atmosphère s’étant totalement dégagée de nuages. Un globe très-lumineux, d’un diamètre à-peu-près égal à celui de la pleine-lune lorsqu’elle s’élève sur l’horison terrestre, a traversé la ville du Mans daus la direction de l’est à l’ouest. Ce météore
a été vu par un grand nombre de personnes pendant quatre à cinq secondes ; il répandait une clarté beaucoup plus vive que celle de la lune dans sa plus grande opération.” Source : Journal de l’Ain du 1er janvier 1825.

1824, Gap (Hautes-Alpes). “A Gap , en 1821, je vis une étoile filante tomber sur une montagne, et s’y briser en plusieurs morceaux, qui se dispersèrent en divergeant, comme les éclats d’une bombe.” Source : Claude-Antoine Rozet, Traité élémentaire de géologie, t. 1 (1835).


1825, dans la nuit du 10 au 11 septembre, 21h30,
Liancourt (Oise). Un météore lumineux se déplaçant
du nord-ouest au sud-est a traversé le ciel, en
paraissant descendre sous un angle d’environ 35°.
Selon M. le Duc de la Rochefoucauld, après avoir rasé
les appartements du château, le bolide alla se perdre
dans la petite rivière qui traverse le parc. On ne
sait si un météore est tombé dans ce ruisseau ou bien
s’il s’agit de l’illusion d’optique du météore
disparaissant sur l’horizon, ce qui est bien plus
probable.

1825, 17 septembre, Bourges (Cher). “Un météore lumineux a été aperçu à Bourges le 17 de ce mois, vers cinq heures et demie du soir. Il fut visible pendant dix minutes, et changea plusieurs fois de forme. La plus remarquable fut celle de deux boules de feu qui bientôt se joignirent, et disparurent ensuite , laissant après elles une clarté qui indiquait leur passage.” Source : Journal du Gard du 1er octobre 1825.

1825, 4 novembre, Sauvigny (Meuse). “Un habitant
de Sauvigny, canton de Vaucouleurs, écrit que le 4 novembre courant, revenant de Traveron vers neuf heures du soir, il remarqua l’apparition soudaine d’un météore igné qui répandit la plus vive lumière. Le phénomène eut son commencement sous la constellation d’Orion (où se trouvent les étoiles dites les Trois-Rois). Le globe de feu se sépara en deux parties, qui se dirigèrent l’une au nord, l’autre au midi, laissant derrière elles de longues traînées lumineuses. L’observateur ne nous dit pas si l’on entendit une détonation quand le météore s’ouvrit.” Source : Gazette de France du 20 novembre 1825.

1825, Boisfontaine (Meung, Loiret). Dans sa
Révision des pierres météoriques parue dans le
Bulletin de la Société d’histoire naturelle d’Autun
(vol. 9) en 1896, Meunier parle d’une météorite
tombée à Boisfontaine (près de Meung, Loiret) en
1825 : “La chute de Boisfontaine est restée près de soixante ans inconnue. On a cherché ensuite à la
confondre avec d’autres qui ont eu lieu à diverses
époques dans le département du Loiret. Il semble
établi maintenant qu’elle est très nettement distincte.
Nous en avons un bon spécimen de 21 grammes,
consistant en Aumalite tout à fait normale.” Pour
ma part, je pense qu’il s’agit bien de la même
météorite que celle de Charsonville tombée en 1810 près de Chartres.

1826, dans les environs de Castres (Tarn). “Le
ministre de l’intérieur adresse à l’Académie un
fragment d’aérolithe tombé dans les environs de
Castres. La couleur peu foncée de cette pierre paraît
indiquer qu’elle est beaucoup moins ferrugineuse que
ne le sont toutes celles qui ont la même origine.
Aucun renseignement sur les circonstances de la chute
de l’aérolithe n’était joint à la lettre ministérielle ;
le bureau décide, sur la proposition de M. de Laplace, que ces renseignements seront demandés au ministère. MM. Thénard et Vauquelin, commissaires.” Source :
Le Globe, 20 juillet 1826.

1826, 13 septembre, Bordeaux (Gironde). “Un météore extraordinaire est apparu le 13 septembre au matin, vers cinq heures un quart, sur la ville de Bordeaux. Il venait de l’est, et se dirigeait vers le sud- ouest ; quoiqu’il fit déjà jour, il répandait une vive lumière que l’obscurité eut fait paraître plus éclatante. On l’eût pris pour une fusée étoilée, si la traînée de feu qu’il laissait après lui n’eût démontré que la clarté n’était pas ascendante et venait d’en haut. (Indicateur)” Source : Le journal de la Lozère du 23 septembre 1826.

1827, 29 septembre, Saint-Laurent-de-Cerdans (Pyrénées-Orientales). “On mande de St-Laurent de Cerda : Le 29 septembre, à neuf heures du matin, le tems étant serein, l’air calme on a vu tomber tout à coup, entre les montagnes du Mont Capell et las Planes, dans la commune de St-Laurent de Cerda, un météore qu’on croit du genre d’un aérolithe, se dirigeant de l’est à l’ouest. Son aspect offrait à l’œil étonné une espèce de massue avec une longue queue, le tout d’un brillant argenté extrêmement vif. Ce phénomène n’a été
précédé d’aucun bruit extraordinaire.” Source : Le Précurseur du 15 octobre 1827.

1827, Groslée (Ain). Il n’existe pas de description précise de la découverte de ce spécimen. On sait que ce fer natif (initialement considéré comme météorique) a été trouvé dans les carrières de calcaire jurassique de
Groslée. Ces carrières sont situées sur les rives du
Rhône, entre Cordon et Quirieu. Dans les Comptes-
Rendus des séances de l’Académie des Sciences de
Juillet-Décembre 1871, on peut lire cette courte note.
“Note sur le fer métallique de Groslée ; par M. Moissenet. L’échantillon est essentiellement formé de fer
métallique à texture grenue. Une certaine quantité
d’oxyde recouvre le métal et pénètre à l’intérieur
du fragment. On a recherché le nickel et le cobalt
et constaté l’absence de ces métaux. D’après ce
résultat, l’idée d’attribuer à ce fer métallique une origine météoritique paraît devoir être écartée.”
On en trouve 50 g au National History Museum
de Londres, 39 g dans la Collection du Vatican et 2 g au Muséum National d’Histoire Naturelle
de Paris.

1828, 16 mai, Kerboulard (Morbihan). On peut lire dans le Bulletin de la Société géologique et minéralogique de Bretagne (tome 2, 1921),
l’extrait suivant : “M. KERFORNE présente à la
Société deux échantillons de météorite que possèdent
les collections de la Faculté des Sciences de Rennes
et qui font partie de la Coll. de Limur ; l’un est un
fragment de météorite tombée à Kerboulard
(Morbihan), le 16 mai 1828.” Je ne sais pas de quelle
chute il s’agit. La pierre de “Kerboulard” est
également citée dans l’ouvrage de A. Lacroix
“Minéralogie de la France et de ses colonies”, vol. 4, mais en tant qu’apatite, un type de phosphate.
***
En 1896, on peut lire un rapport extrêmement détaillé sur cette possible chute dans le Bulletin de la société polymathique du Morbihan pour l’année 1895 : “Météorite de Kerboulard.
HISTORIQUE. - Note de feu M. Galles. La toiture en paille d’un méchant abri, espèce d’appentis sur quatre poteaux isolé, à 20 ou 30 mètres de la maison de ferme de Kerboulard et sous lequel d’ordinaire on remisait des charrues, des fagots, etc., prit feu instantanément, le 16 mai 1828, vers huit heures et demie du soir, sans cause apparente. Mais des ouvriers et des enfants qui se trouvaient sur la route en face et à peu de distance, ont raconté avoir vu, un instant avant l’incendie, arriver du ciel et tomber vers la terre comme deux ou trois boules de feu, semblables à de gros charbons rouges. Ils furent surpris et épouvantés. Un ou deux jours après, à environ 150 ou 200 pas, on ramassa, à demi logée dans le sol, une pierre noire qui avait brûlé les herbes et les bruyères à l’entour, à 300 pas à peu près de la case incendiée. Cette pierre - dont je possède environ le quart - est un peu ovale et grossièrement arrondie, comme un galet. Elle est recouverte d’une croûte noire, lisse, et a l’air d’avoir été fondue.
Ne serait-elle pas une de celles qui auraient mis le
feu à cet abri - une météorite ? Ce qui est certain,
c’est que dans toute la contrée qui est absolument
granitique, il n’existe aucune roche ayant la moindre similitude avec cet échantillon.
Cet échantillon se trouvant présentement dans
nos collections, il nous a été possible de procéder à un examen détaillé et attentif de cet étranger, venu de bien loin sur notre sol.

ASPECT EXTÉRIEUR.
Noir, brunâtre, lisse, analogue à un vernis qui se serait produit par suite de fusion. Sur un des côtés (celui qui avait frotté le plus, en entrant dans le sol, très probablement), on voit des séries de grosses stries parallèles, comme si cette croûte s’était trouvée déjà à demi solidifiée et écorchée, en entrant en terre.

STRUCTURE INTÉRIEURE.
Apparence grenue à la vue simple, d’un noir brun, pierreux et terne, mais examinés à l’aide d’une forte loupe, ce sont des grains globulaires, arrondis, chondrites (ce terme est employé uniquement pour indiquer la structure globulaire propre et spéciale aux météorites), entourés, comme enduits d’une matière sub-métalloîde d’un gris foncé, qui est un phosphure
de fer ou rhabdite. La trace de la rayure par une
pointe d’acier est d’un gris jaunâtre, ainsi que la poussière dans le mortier d’agate.

ACTION DE l’aiguille AIMANTÉE.
Nulle, ainsi que sur la poussière ; de même,
pour une parcelle fortement chauffée.

RÉACTION DE l’aCIDE CHLORHYDRIQUE.
Un fragment détaché de la masse générale du poids de 146 grammes a été grossièrement broyé. Cette poussière mise au fond d’une éprouvette avec l’acide nous a présenté les réactions suivantes : dès le contact avec l’acide, il s’est montré de nombreux chapelets de bulles montant à la surface du liquide. Les plus grosses, au début emportant avec elles, comme un ballon suivi de sa nacelle, des particules blanches qui descendaient au fond de l’éprouvette quand la bulle avait éclaté, mais lentement, comme si la densité de ces particules se trouvait voisine de celle de l’acide ; constituant par suite un dépôt noir indifférent aux autres réactions de la voie humide.

ESSAIS PYROGNOSTIQUES.
Une mince esquille détachée de la masse et soumise à la flamme du chalumeau, - feu de
réduction, - sauf erreur de notre part, nous a montré
à la pointe bleue du dard, une lueur jaunâtre un peu
vive, caractéristique du phosphore dans une combinaison chimique ; mais ce caractère est un
peu fugace. Il faut une certaine habitude de cet instrument pour que le fait apparaisse bien
démonstratif.

Nous nous sommes avisé de nous servir pour la recherche du phosphore d’un autre procédé qui a très bien réussi. Ce procédé est basé sur les phénomènes de l’affinité : Présenter à un corps un autre corps pour lequel il ait plus d’affinité, à une température plus élevée que pour le corps premier, le fer et le phosphore par exemple. Sur une coupelle d’essais, nous avons mis de la matière constitutive de ladite météorite en poussière grossière mélangée avec le borate de soude. Le fer devait s’unir en fondant et donner sur la coupelle un verre, couleur vert bouteille, d’autant plus sombre que le fer devait exister dans la composition en somme plus considérable.
Quant au phosphore, libre à lui de brûler, en donnant - autour de la coupelle posée sur charbons et couverte par la flamme bleue du feu de réduction - une auréole jaunâtre un peu livide, caractéristique de la présence du phosphore dans une combinaison. La chose a duré tant qu’il s’est trouvé de la matière à se combiner avec le borate de soude.
Ce fait nous conduirait, sauf erreur, à considérer la substance grise, sub-métalloïde, associée aux globules (chondrites) - dont nous avons parlé plus haut - comme étant la rhabdite (phosphure de fer).
Possédant dans notre galerie un beau spécimen de cette substance rare sur notre globe, compris dans un envoi du Muséum pour nos collections (salle
N° 3, armoire N° 77 - portant derrière son socle l’étiquette du Muséum - Rhabdite, Commentry), nous avons voulu connaître si les résultats d’essais pyrognostiques pratiqués dans les mêmes conditions, présenteraient les mêmes caractères.
La rhabdite terrestre nous semblerait en vérité un peu plus fusible que celle de la météorite étudiée. Cette petite différence pourrait tenir aux minuscules et microscopiques parcelles blanches presque infusibles qui se montrent dans la masse, au premier coup de feu, et que nous serions tenté de considérer comme un silicate magnésien, enstatite ou pyroxène rhombique, dont la formule est (Mg3 Si2).
Dernièrement MM. Friédel et Moissan, membres de l’Académie des sciences, ont constaté, dans la météorite de Canyon-Diablo, ainsi que nous dans celle de Kerboulard, un élément rès rare dans la composition de ces visiteurs arrivés chez nous des espaces planétaires. Cet élément c’est le carbone dont nous avons également constaté la présence, en notant l’effervescence produite par l’acide chlorhydrique.
Ici , cet élément existe à l’état d’acide carbonique en combinaison avec le fer et autre X (nous signalons X avec mention). Cette combinaison, en grande partie constitutive des chondrites, éléments globulaires de la méléorite de Kerboulard.
On peut y remarquer nettement les stries parallèles, produites par les petits graviers du sol, sur la croûte encore pâteuse de la météorite se logeant dans la terre dure avec violence ?
Au sujet de ladite croûte, après un bon coup de feu de réduction, - dans le but d’arriver autant que possible à préserver l’esquille du contact de l’air, - au moment de la fusion du point exposé à celui de la flamme, - nous avons pu obtenir les résultats suivants : 1° Esquille A. - Cette parcelle de la météorite en question, prise au centre du spécimen, nous fait voir, à l’aide d’une forte loupe (1) : 1° les globules ou chondrites (caractéristiques de météores cosmiques), empâtées dans la matière blanche, X, qui se décèle au coup de feu.
2° la pointe et presque la moitié de l’esquille ayant été fondue, on remarque au début : boursouflement, bouillonnement, petites ampoules qui éclatent, en émettant, parfois , de toutes petites étincelles. Après refroidissement, aspect de la croûte extérieure de la météorite. 2° Esquille B. - La pointe est fondue. La base du fragment, intacte, n’a pas été assez chauffée pour faire apparaître les chondrites empâtées ou enveloppées dans la matière X qui ne se montre pas encore ; la partie fondue montre une croûte identiquement semblable à celle extérieure de la masse générale, dont elle a été détachée. 3° Esquille C. - Nous avons voulu essayer un petit tour de force de notre chalumeau, muni du modeste perfectionnement que nous avons apporté à sa tuyère en platine. On voit, sur cet essai, un des globules (ou chondrite) fondu tout seul et isolé dans la matière blanche, X, que nous supposerions peut-être toujours, - ainsi que nous l’avons noté plus haut, - être l’enstatite.
Ces essais, dont nous venons de décrire les résultats, sont conservés dans des tubes de verre, sur un socle, près de l’échantillon de Kerboulard (armoire N° 75, salle N° 3 de notre galerie minéralogique). Il est donc très facile de contrôler ce qui est écrit plus haut.
Nous avons apporté la plus grande attention dans cette étude à ne consigner que des renseignements d’une authenticité bien établie, généralement des extraits de comptes-rendus de l’Académie des sciences. De même, pour les essais pratiqués par nous, dans notre laboratoire, nous les tenons à la disposition de toute personne qui voudrait les examiner.
Avant d’en terminer au sujet des recherches touchant le spécimen extra-terrestre que nous considérons en ce moment, une dernière remarque.
Nous avons mentionné plus haut un dépôt noir, -
constitué par de très fins grains noirs : - une poussière microscopique précipitée au fond de l’éprouvette qui résiste à tous les acides.
De plus, nous avons reconnu, - de même que M. le professeur de minéralogie au Muséum, -
la présence de l’acide carbonique ou sa combinaison avec une somme considérable de fer, comme pour la masse tombée à Canyon-Diablo (Arizona), où le carbone existe à l’état de Carbonado ou diamant noir, etc.
Ne serait-ce pas la matière du dépôt noir au fond de l’éprouvette ? Il serait peut-être imprudent de l’assurer.

(1) voir les essais dans notre galerie.“
***
En 1896, le Comte de Limur cite la réponse d’Alfred Lacroix concernant l’analyse de la pierre, dans le Bulletin de la société polymathique du Morbihan pour l’année 1895 : “Le passage que nous venons de rapporter, écrit par M. le professeur de la faculté des sciences de Paris, explique le fait qui nous avait si fort surpris quand nous avons pratiqué l’essai qualitatif de la méléorite de Kerboulard, savoir, une effervescence lente à froid sous l’action de l’aciile chlorhydrique et vive dans l’acide à chaud. indice formel de la présence du carbone (ici à l’état d’acide carbonique). La présence du carbone ou de l’acide carbonique en combinaison dans les météores cosmiques semblerait un fait exceptionnellement rare, n’existant qu’à Canyon-Diablo et peut-être à Kerboulard. Aussi, n’osant pas trop nous fier à notre modeste expérience, nous avons tenu à en référer au savant membre de l’Académie des sciences, M. Daubrée, et nous lui avons adressé avec les détails de nos essais, des fragments de la météorite de Kerboulard, en le priant de vouloir bien contrôler nos expériences. L’éminent directeur de l’École des mines, indisposé au moment de la réception de l’envoi, a bien voulu adresser le tout à M. Lacroix, professeur de minéralogie au Muséum, pour être examiné dans son laboratoire. Voici la réponse de l’habile et savant professeur à M. Daubrée. “Mon cher maître, je n’ai pas trouvé le temps de vous porter le résultat de l’examen de la présente météorite de M. de Limur. Au microscope on constate une structure globulaire et toutes les propriétés des minéraux carbonatés du groupe de la calcite. Ce minéral se dissout et avec effervescence dans les acides. Il contient une quantité considérable de fer, je n’ai pas cru devoir pousser plus loin l’examen, la question étant réglée au point de vue qui vous occupe. Dois-je vous renvoyer les échantillons ? écrire à M. de Limur ?” La conclusion est sans appel. Il s’agit d’une roche terrestre.

1828, 15 juin, Montferrat (Isère). “A M. le Rédacteur du Journal du Commerce de Lyon. Lyon, le 27 juillet 1828. Monsieur, Grâce aux savantes observations de Chladni, de Biot, de Howard, et aux belles analyses de Klaproth, de Vauquelin et de Thenard, la chute et la nature des aérolithes sont autourd’hui bien connues. Leur origine est encore un problème ; le hasard pourra peut-être seul le résoudre et mettre fin aux dissertations et aux hypothèses des savans : jusqu’à cette époque, il me semble que l’on doit consigner avec soin toutes les chutes de ces pierres. Voici un fait dont j’ai été le témoin, et que je m’empresse de vous communiquer : A Mont-Ferrat, village du département de l’Isère, à six lieues de Grenoble, le 15 juin, à cinq heures du soir, par un temps calme, un ciel serein, on entendit un bruit que l’on aurait pu comparer à celui d’une fusillade ; un globe de feu se dirigeant du sud au nord-ouest, et dont le diamètre égalait celui de la lune, semblait être son point de départ. Ce globe se rapprochait à chaque instant de la terre, où il se dirigeait avec assez de vitesse. Enfin un petit nuage blanc apparut à sa place à quelques toises de hauteur, une explosion assez forte se fit entendre, et dans le champ au-dessus duquel il avait disparu, je trouvais deux pierres enfoncées d’un pied à peu près dans la terre, et dont l’une, plus petite de moitié que l’autre, en paraissait récemment détachée. Elles pèsent ensemble 16 livres 3 onces ; elles sont d’un gris foncé avec des veines plus pâles, et semblent formées d’une multitude de petits grains de fer métallique et sulfuré, de quelques parties globuleuses d’un vert olivâtre à cassure luisante et d’une substance terreuse : une croûte extérieure noire et épaisse les enveloppe. Je possède la plus petite, que je destine au cabinet d’un naturaliste distingué, à qui je chercherai toujours les moyens de prouver ma reconnaissance.
Agréez, etc. Barand, licencié en droit.” Source : Journal du commerce de la ville de Lyon et du département
du Rhône du 1 août 1828.
Ce témoignage est l’un des rares de ce chapitre qui semble correspondre à une véritable découverte de météorite suite à une chûte observée. Je n’ai malheureusement pas trouvé d’autres écrits relatifs à l’événement en question.

1828, 11 novembre, Saint-Marcellin (Isère). “Extrait d’une lettre de M. Bruyas. En 1828, dans la nuit du 11 au 12 novembre, je me rendais au village de Saint-Marcellin (Isère), voisin de ma résidence, pour recevoir, comme notaire, le testament d’un malade qui m’avait fait appeler, lorsque sur les huit heures du soir, le temps étant parfaitement serein, j’aperçus un bolide très éclatant de lumière et en apparence très volumineux ; sa direction était du nord au sud ; il ne fit aucune explosion, et je n’entendis aucun bruit.” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 3, 1836.

1829, 2 avril, Longueville-sur-Scie (Seine-Maritime). “A sept heures dix minutes on entendit dans tous le
pays un bruit sourd qui parut un roulement de tonnerre aux gens de campagne, et aux gens de ville le passage d’une lourde charrette dans la rue. On éprouva en même, temps plusieurs commotions successives qui mirent en ébranlement tous les meubles. Au village Saint-Marc, à Longueville on ressentit ces secousses, et à des endroits intermédiaires, on ne ressentit rien.” Source : Le Mercure de France au dix-neuvième siècle, 1829.

1829, 3 ou 4 avril, en Seine-Maritime. “Le 4 avril, un phénomène céleste fut observé ; des hommes se rendant au marché et partis de divers points éloignés les uns des autres, virent au midi une longue traînée de feu, très large vers le centre et aiguë aux extrémités. Elle leur paraissait à une distance de quelques lieues ; mais les gens placés à cette distance l’aperçurent plus en avant et dans la même direction.” Source : Le Mercure de France au dix-neuvième siècle, 1829. Le Journal des débats politiques et littéraires du 1er mai 1829 indique la date du 3 avril pour ce phénomène.

1829, 27 juin, Dole (Jura). “Le vénérable M. Piard,
créateur du Musée de Lons-le-Saunier, a soumis à notre étude une substance charbonneuse, noire, friable,
qu’il affirme être tombée du ciel à Saint-Lothain, en 1829. Nous avons récolté près de Chapelle-Voland un rognon de fer oxydé-hydraté à la surface et pur dans l’intérieur, qui semble avoir une origine aérolithique. Il en est tombé un à Dole, le 27 juin 1829, du poids de
4 kilog. 5, dont voici l’analyse :
Silice, 0,45. – Fer, 0,35. – Soufre, 0,13. – x, 0,07. – Total. 1,00.
Une portion de l’échantillon se trouve au Musée de Lons-le-Saunier. Ce sont, dit-on, de petites planètes qui, dans leur révolution, rencontrent la terre et, cédant à l’attraction de notre globe, viennent tomber sur sa surface.” Source : Histoire naturelle du Jura et des départements voisins, 1863-1867.

1829, 10 octobre, Anbonne (?). “Le 10 octobre, a dix heures et demie du soir, quelques personnes ont cru ressentir à Anbonne une légère secousse de tremblement de terre. Entre onze heures et minuit, on a été alarmé par l’apparition d’un météore igné qui a duré quelques instans et a répandu une lueur assez forte, semblable à celle d’un incendie du côté du nord-ouest. Il a été accompagné d’une détonnation assez forte et suivi d’un coup de vent des plus violents, après quoi la neige commença à tomber. Le baromètre était singulièrement bas depuis la veille.” Source : Le Breton du 24 octobre 1829.

1829, 27 novembre, la Rochelle (Charente-Maritime). “Le 27 du mois dernier, à quatre heures cinq minutes du soir, les habitans de la Rochelle ont été effrayés par plusieurs secousses violentes accompagnées de
détonnations qui paraissaient venir d’en haut, et qui
ont duré, ensemble, environ vingt secondes ; un grand
nombre de personnes ont attribué d’abord cet effet à l’explosion d’une Poudrière, d’autres ont cru avoir éprouvé un tremblement de terre, et enfin les personnes habituées à juger ces sortes de phénomènes, n’y ont reconnu que l’inflammation d’un Bolide, accompagnée de ses diverses détonnations, et même d’émission de lumière. Il a écrit à MM. les Maires des communes qui se trouvent dans la direction supposée du Météore. Si nous en recevons des renseignemens satisfaisans, nous nous empresserons d’en faire part à nos lecteurs. Le même phénomène a été ressenti à Rochefort, l’Ile-de-Ré, l’Ile-d’Oléron, et sur Mer.” Source : L’écho rochelais du 4 décembre 1829.

1830, 11 février, Perpignan (Pyrénées-Orientales). “Le 11 du courant, vers quatre heures un quart du matin, l’air a été traversé, au-dessus de Perpignan, par un météore qui a jeté beaucoup d’épouvante parmi les blanchisseuses qui allaient à la rivière et les jardiniers qui s’acheminaient vers la ville. Un globe de feu de plusieurs couleurs, dont on compare le diamètre à quelque chose de plus que celui de la lune dans son plein, a parcouru avec une grande rapidité une partie de l’arc céleste, en répandant une lumière semblable à celle du plus brillant soleil. Il est impossible de déterminer d’une manière rigoureuse la direction qu’il a suivie, chacun variant sur ce point ; mais il est positif qu’il n’a pas suivi celle de l’axe magnétique, et qu’il s’est porté de l’ouest à l’est. Arrivé au terme de sa course, il a fait explosion, et la détonation, qui a été celle d’un fort coup de tonnerre, a été entendue par plusieurs personnes. La particularité remarquable que présente ce météore, c’est qu’au moment qui a précédé l’explosion, le globe de feu s’est allongé en barre, et c’est alors qu’on en a vu jaillir une multitude de charbons ardens, suivant l’expression des témoins oculaires : ce sont les débris de l’aérolithe, dont plusieurs pourront être retrouvés près du bord de la mer, si le météore n’a pas éclaté au-dessus de la mer même, comme on le suppose généralement.” Sources : Le drapeau blanc du 28 février 1830 et le
Journal du Gard du 24 février 1830.

1831, début janvier, Paris. “Ce soir, vers huit heures trois quarts, un météore lumineux a éclairé une grande partie de l’horizon, dans la direction du nord-ouest. Le ciel paraissait en feu, et plusieurs personnes se dirigeaient du côté de Mouceaux, où l’on croyait trouver l’incendie, lorsque la vapeur lumineuse qui éclairait l’atmosphère s’est insensiblement évanouie, pour renaître encore plus vive vers les hauteurs de Montmartre. Au bout de quelques minutes, les vapeurs lumineuses se sont éteintes, et elles ont recommencé une troisième fois dans la direction du faubourg du Temple. Le météore s’est ainsi renouvelé quatre fois, en allant du nord-ouest à l’est. Sa durée a été longue, de sorte qu’il a pu être observé par un grand nombre de personnes. Il est présumable que MM. les astronomes de l’Observatoire auront étudié ce phénomène et qu’ils en feront le sujet d’une communication à la prochaine séance de l’Académie des sciences.” Source : La France nouvelle du 8 janvier 1831.

1831, 18 juillet, Poitiers (Vienne). On aurait vu
tomber des roches de taille assez considérable (jusqu’à 20 kg). Il est probable que la date du 18 juillet
soit une erreur et qu’il s’agisse en fait de la chute
de Vouillé survenue le 13 mai de cette même année, près
de Poitiers.

1832. date inconnue. “Une autre note annonce à la même assemblée qu’une petite pierre est tombée dans la cour de M. Cagnard-Latour, et que la cuisinière l’a ramassée. Après s’être bien consulté, et peut-être, comme Molière, après avoir consulté sa servante, M. Cagnard-Latour prétend que sa petite pierre est une aérolithe ; il tient à l’origine céleste de sa petite pierre, quoiqu’on lui fasse remarquer que c’est un morceau de grès ordinaire lancé par quelque écolier du voisinage. M. Cagnard-Lacour a fait une école.” Source : Le Figaro du 4 mai 1832.
***
“Séance du 9 juillet. M. Vallot combat l’opinion émise par M. Cagniard-Latour à l’occasion d’une pierre que ce physicien a trouvée dans sa maison, et qu’il considère comme un aérolithe. Suivant M. Vallot, il ne saurait tomber des pierres de l’atmosphère ; et si on a cru quelquefois en voir tomber, un examen plus attentif eût fait reconnaître qu’elles avaient été lancées de quelque lieu voisin. M. Arago fait remarquer qu’il serait difficile d’expliquer, d’après les idées de
M. Vallot, d’où avaient été lancés les aérolithes qui
sont tombés sur des bâtimens en pleine mer.” Source : Revue des deux mondes, t. 8, 1832.

1832, 29 juin, Brest (Finistère). “On nous écrit de Brest qu’un météore lumineux a éclairé cette ville le 29 juin dernier, vers onze heures du soir. Son apparition subite, qui n’a ete annoncée par aucun phénomène, a jeté l’inquiétude dans la ville et dans le port, et mille conjectures en ont été la suite ; on a été jusqu’à parler d’incendie pratiqué au moyen de fusées à la Congrève ; ce bruit, du reste, a trouvé peu de crédit. Le météore s’est dirigé du midi au nord, et s’est éteint dans un nuage, puis, un bruit s’est fait entendre
pendant plusieurs minutes.” Source : Le Bonhomme Richard du 5 juillet 1832.
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“Brest, 30 juin.
Dans la nuit du 29 au 30, à 11 heures, un météore d’une brillante et vive clarté a paru au-dessus de Brest, se dirigeant du sud au nord. Sa durée a été de 45 à 50 secondes : une minute après sa disparition, des détonnations semblables à un feu de deux rangs se sont fait entendre ; elles ont eu a-peu-près la même durée. Un léger nuage noir, se dirigeant également du S. au N., a été quelque temps visible après l’apparition du météore. Quelques personnes prétendent avoi ressenti une légère secousse de tremblement de terre.” Source : Feuille commerciale et maritime d’affiches, annonces et avis divers (Nantes) du 3 juillet 1832.

1832, 9 juillet, Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). “Le brillant météore qui a été observé a Brest et sur
plusieurs points du département a éclairé la ville de Saint-Brieuc, le 9 à 11 heures 1/4 du soir : il présentait l’apparence d’un globe d’une dimension a peu près égale à celui du soleil, et au moment de sa chute apparente, il se divisa en gerbes lumineuses, exactement semblables à des chandelles romaines.” Source : la Tribune des départemens du 10 juillet 1832.

1832, 4 septembre, Amiens (Somme). “On a remarqué à Amiens le 4 septembre, à onze heures trois quarts du soir, un météore lumineux, se dirigeant du sud au nord, et qui a été immédiatement suivi d’une forte détonation, assez semblable à un coup de canon tiré dans le lointain. Ce phénomène a duré six secondes.” Source : Gazette du Languedoc du 14 septembre 1832.

1832, 24 novembre, Toulouse (Haute-Garonne). “M. Boubée annonce que le novembre, à huit heures et demie du soir, il a vu tout à coup, à Toulouse, le ciel éclairé, au Nord-Ouest, par une vive lumière qui s’éteignit subitement, mais dont il s’échappa une traînée de feu semblable à celle que laisse une fusée en s’élevant dans l’air; à cette traînée succéda un globe incandescent qui s’éteignit lui-même insensiblement après avoir parcouru un assez long trajet. Il marchait de haut en bas, de O N. O. à E. S. E., sous une inclinaison d’environ 22° ; la ligne qu’il parcourut dans le ciel sembla comprise tout entière entre V. et B. de la petite Ourse et les petites étoiles de la queue du Dragon. Ces observations, dit M. Arago, sont assez précises pour pouvoir servir à calculer la hauteur du météore s’il a été vu dans quelqu’autre lieu.” Source : Journal des débats politiques et littéraires du 6 décembre 1832.

1832, 3 décembre, Argentan (Orne). “Enfin, le 3 décembre, l’académie des sciences a reçu communication de plusieurs notes annonçant quelques-uns de ces phénomènes météorologiques. Ainsi, aux environs d’Argentan, l’atmosphère, qui était dans un état serein, a été sillonnée d’une grande quantité d’étincelles, formant une sorte de pluie de feu ; c’est surtout de 4 à 5 heures du matin que ce météore igné a présenté la plus grande intensité.” Source : Gazette de Metz et de Lorraine du 11 décembre 1832.

1833, 2 mars, Sautron (Loire-Atlantique) et à Angers (Maine-et-Loire). “On écrit de Sautron : On a remarqué le 2 mars à Sautron, entre six heures et six heures et demie du soir, un phénomène météorologique qui a jeté l’effroi parmi les habitans. Un corps rond et lumineux s’est détaché du nord et a parcouru, décrivant un ruban de feu, un espace assez étendu du ciel vers le sud, où venant à rencontrer un nuage sombre, plusieurs détonations, semblables aux craquemens lointains du tonnerre, se sont fait entendre pendant plusieurs minutes. Le météore s’est éteint et la courbe qu’il avait décrite s’est changée en vapeur brumeuse qui s’est évanouie peu à peu. (L’ami de la charte de Nantes du 28 mars.).” Source : La France nouvelle (1829-1833) du 31 mars 1833.
***
“Le 22 mars 1833, entre six et sept heures et demie du soir, il a
été vu à Angers un météore lumineux, d’un effet
très remarquable, d’après ce qu’on rapporte. Ayant
apparu presque au zénith, il paraît qu’il se dirigeait
de l’est à l’ouest avec une grande vitesse. Sa lumière,
d’abord d’un rouge prononcé, a passé au blanc
verdâtre, vers le milieu de la ligne de direction qu’il a
parcourue. Caché par des nuages qui se trouvaient
au-dessous de sa trajectoire, on a entendu bientôt
une double détonnation. Ceux qui ont pu observer ce
météore et réfléchir sur sa vitesse, l’ont estimée
un kilomètre par seconde ; ce qui ne pourrait être exact
qu’autant qu’on aurait pu prendre la hauteur à
laquelle se trouvait le météore dans l’atmosphère.
On a estimé qu’il avait éclaté à plus d’un myriamètre
d’Angers, ce qu’il est peu facile de déterminer exactement, par la même raison.” Source : A. N. Desvaux, Statistique de Maine et Loire, 1ère partie,
p. 199, 1834.

1834, 20 février, Teillé et Nantes (Loire-Atlantique). “Le 20 février , sur les huit heures et demie du soir, un habitant de Teille, arrondissement d’Ancenis, se rendait à cheval dans la partie est de la commune. Tout à coup, lui et son cheval ont été enveloppés par une clarté très-vive ; cette lumière extraordinaire était répandue par un globe de feu, météore enflammé, qui a traversé l’espace avec un long sifflement, et est venu se perdre dans le champ, à quelques toises de lui ; une minute ou une minute et demie après, il y a eu une violente, détonation, comme celle produite par une forte pièce d’artillerie. Le même jour et à la même heure, ce météore a été vu à Nantes ; son apparence était celle d’un globe de feu répandant malgré le clair de lune une lumière vive et rougeâtre, et traînant derrière lui une traînée de feu en forme de queue. On n’a pas entendu de détonation ; le météore a éclaté sous l’apparence d une pluie d’étoiles, analogue à celle produite par une fusée. Sa direction était du S. E. au N. O.- et sa marche ascendante. (Breton)” Source : Journal des Pyrénées Orientales du 8 mars 1834.

1834, 13 novembre, Lille (Nord). “M. Arago annonce que M. Delezenne, régent au collége de Lille, a observé 13 novembre dernier (l’heure n’est pas indiquée) une étoile filante, plus grande et plus brillante que Jupiter, et qui laissait derrière elle une traînée d’étincelles semblable en tout point à la traînée qui suit une ne fusée à baguette. Le météore se dirigeait du sud ouest au nord-est.” Source : Comptes Rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, 1835.

1834, 3 décembre, Dieppe (Seine-Maritime). “Le Mémorial dieppois rapporte que le 3 courant, à minuit et quelques minutes, un globe lumineux, aperçu au nord de cette ville, a éclaté avec une légère détonation, et s’est dissous en pluie de feu. On ne peut voir dans ce phénomène qu’une chute d’aérolithes.” Source : L’Echo du Monde savant du 12 décembre 1834.

1834, 5 décembre, département du Nord. “On lit dans l’Indicateur d’Hazebrouck, du 6 : Un phénomène céleste a été remarqué hier matin, quelques minutes avant six heures. Tout à-coup, par un ciel serein, une clarté très-vive a paru sur notre ville, comme un éclair prolongé. Elle a été accompagnée d’une grande déformation sourde, et suivie d’une traînée lumineuse de forme conique, partant du sud-est au nord-ouest, qui s’est résolue en étincelles, pendant l’espace d’un demi-quart d’heure. La Gazette de Flandre annonce que le meme phénomène a été remarqué le même jour à Lille, et à la même heure.” Source : La France du 13 décembre 1834.

1835, 14 septembre, Arras (Pas-de-Calais). “Le 14, vers dix heures du soir, un météore lumineux a brillé au-dessus d’Arras, dans la direction du nord-est ; sa forme a été d’abord celle d’un globe de feu de grand diamètre : elle a subi ensuite quelques variations, puis a disparu tout-à-fait. Cette apparition a duré environ 4 à 5 minutes.” Source : Le Réformateur du 22 septembre 1835.

1835, 14 septembre, Valréas (Vaucluse). “A monsieur
le directeur de l’Echo du Monde savant. Bourg-
Saint-Andéol (Ardèche), 25 septembre 1836.
Plusieurs journaux ont rapporté que le 14 septembre
1835, on avait ressenti à Niort et à Saint-Jean-
d’Angely une secousse de tremblement de terre.
Le même jour des voyageurs se trouvant dans le département de la Drôme, sur la route de Die à Saillans, entendirent un bruit qui leur sembla parti de toute la ligne droite de Die à Valréas : on me certifia qu’à un point de la montagne de la Lance, à l’ouest de laquelle est bâtie Valréas, le terrain avait été fortement bouleversé. Je me rendis sur les lieux, j’examinai avec soin ; mais l’inspection du terrain ne m’apprit absolument rien sur cette circonstance. J’interrogeai quelques personnes, chacune me fit un récit différent. Dans tous, néanmoins, il était question du bruit entendu. On me dit que des pierres étaient tombées du ciel ;
mais aucune trace d’aérolithe ne se confirma. J’acquis seulement la certitude qu’il y avait eu
ce jour-là un violent tremblement de terre.
Cette secousse s’est fait ressentir dans l’espace compris entre un point à l’est de Saillans, et le revers ouest de la Lance ; c’est dans cette dernière partie qui est à l’est et à peu de distance de
Valréas, que l’on a le plus ressenti la commotion.
La ligne de Niort à Saint-Jean-d’Angely appartient à un cercle de la terre, parallèle à celui dont la ligne qui a été affectée de la Lance à l’est de Saillans fait
partie. La longueur de chacune de ces lignes n’est
que de quelques myriamètres ; mais quelque limitées
qu’elles soient, elles n’existent pas moins, et il est
facile de voir quelles sont parallèles. Voilà deux lignes
affectées le même jour par un tremblement de terre :
ces deux lignes, qui ont chacune quelques myriamètres,
sont parallèles, sont à environ 50 myriamètres de
distance l’une de l’autre, et sont comprises entre
le 44° 1/2 et le 46° 1/2 de latitude nord.
Ces secousses très-faibles, sans doute, relativement à celles qui ont eu lieu dans des temps de crise, constituent un fait qui s’accorde parfaitement avec le système de M. Elie de Beaumont, sur le parallélisme des chaînes de montagnes soulevées à la même époque, et je pense que plusieurs faits de cette nature constatés, ce système, admis déjà par la
plupart des géologues, ne pourra plus être
contesté. H. G. FAUVERGE.” Source : L’Echo
du Monde savant, 2 octobre 1836.
Un phénomène similaire sur la montagne de la Lance
a été relaté en 1811 (voir entrée : 1811 - 23 au 24 mars).

1835, 13 novembre, Simonod (Ain). A neuf heures
du soir le 13 novembre 1835, un météore apparaît dans
le ciel près de Belley. Il explose près du Château
de Laugières en une multitude de particules lumineuses.
Un cultivateur est surpris au moment de se coucher
par la détonation. Il sort de sa maison affolé et ne
peut qu’observer, impuissant, l’incendie de sa
grange. Après l’incendie, des fragments d’une roche
inhabituelle ont été ramassés. Les analyses indiquent qu’il s’agit bien d’une météorite.
***
Dans les Mémoires de l’Académie publiés en
1835, on peut lire : “Une aérolithe incendia une grange. D’après une lettre de M. Millet d’Aubanton, la chute eut lieu vers neuf heures du soir, par un temps serein. Une forte explosion annonça l’approche du météore, qui apparut sous forme d’un
corps incandescent très brillant, se mouvant du Sud-Ouest au Nord-Est, et laissant dans le ciel une traînée lumineuse. Le météore parut se
diviser dans sa chute, et l’on recueillit plusieurs fragmens, de formes anguleuses, enveloppés d’une couche noire, gris à l’intérieur.”
***
“NOTICE SUR LE METEORE LUMINEUX, Aperçu le 13 novembre 1835 dans l’arrondissement de Belley.
Le vendredi 13 novembre 1835, vers 9 heures du soir, sous uu ciel serein, apparut un météore igné qui se manifesta dans l’atmosphère à une distance éloignée, au-dessus de nos montagnes. Le Météore se dirigea sur le Valromey, en courant du S.-O. au N.-E., et vint tomber sur le hameau de Samonod, commune de Belmond, canton de Virieux-le-Grand, il traversa ainsi le massif des montagnes d’Arntix, de Virieux-le-Grand et Belmond, en parcourant le versant Est de Surémont. Depuis le point de départ, il se montra comme un globe enflammé ; et au-dessus de belmond, il s’aggrandit en laissant derrière lui une trace lumineuse de 3 à 4 mètres d’étendue. Il y eut alors une détonation assez forte, et semblable à celle du tonnerre. Le globe éclata sur les bâtimens du chemin de la Lébaz, au bas du mamelon d’Hôtel, château de Lauzières, à 450 mètres environ au-dessus de la mer ; il se dispersa en une infinité de globules et rayons lumineux, de couleurs variées, d’un éclat éblouissant, en occupant une longueur de 60 à 80 mètres, sur une largeur de 40 à 50 mètres. On éprouva sur les lieux une forte odeur sulfureuse. Au même instant, le feu occupait toute la toiture des bâtimens Bornarel et Collon. La couverture en bois et paille, les remises garnies de récoltes et d’instrumens agricoles, les écuries avec les bestiaux ont été incendiées en quelques instans. Une petite partie du corps de bâlimens à l’extrémité Est, a conservé le plafond de la chambre d’habitation ; le feu n’a point pénétré la terrasse. Le sieur Collon, sa femme et ses enfans occupaient cette chambre, et se mettaient au lit quand le bruit se fit entendre ; Collon sortit ; la maison était en feu.
Les voisins, les habitans des villages environnants, les employés des douanes furent témoins du phénomène.
Je me trouvais en ce moment à la hauteur de Vieux, commune au N.-E. de Belmond, à une petite distance de Samonod, pour y répéter des observations atmosphériques. Je me rendis au lieu de l’incendie ; tout était déjà perdu ; ou n’avait pu donner aucun secours.

CAUSES DE L’INCENDIE.
1° La foudre?
- Pendant tout le jour du 13, et pendant toute la nuit du 13 au 14,on ne vit aucun éclair, si ce n’est la trace lumineuse du globe, on n’entendit aucun coup de tonnerre, si ce n’est la détonation du météore. Le ciel élait très-pur, le vent du nord souillait ; le thermomètre centigrade donnait 8 dixièmes au-dessous de zéro, et l’hygromètre marquait 76 degrés.

2° L’imprudence ou la malveillance?
- Les propriétaires n’étaient que le jour dans leurs bâtimens. Le feu se déclara à l’extérieur sur le toit. Depuis plusieurs jours, les soirées et les nuits étaient claires : la soirée du 13 était belle, et laissait voir à une assez grande distance. Les propriétaires Bornarel et Collon vivent paisiblement et n’ont point à redouter les haines ou les Vengeances. Les employés des douanes, des forêts et des contributions parcourent, à chaque instant de la soirée et de la nuit, le chemin et la montagne de Belmond. Le feu s’est déclaré au même instant sur toute l’étendue du huis.

3° Un courant électrique?
- Un courant ne peut être représenté par un globe qui se meut dans l’atmosphère, et qui, à la surface du sol, éclate avec bruit et se disperse en éclats.

4° Le Météore lumineux ?
- Est la cause de l’incendie : quelques minutes avant la détonation plusieurs individus, le propriétaire même de la maison, étaient sortis et n’avaient rien vu. Le météore vint tomber et se dispersa dans la partie basse du château. Le feu se manifesta immédiatement après la détonation du globe igné. Le feu occupa, au même instant, toute la surface de la toiture. Nous avons vu que le Météore était à l’état igné, tout le prouve. En éclatant et en se dispersant sur le toit en paille, les matières ignées ont du nécessairement y mettre le feu ; et d’après l’examen des faits, il paraîtrait que ces matières étaient, pour la plupart, en petits fragmens ou même en poussière. La paille et l’atmosphère se trouvaient dans les circonstances les plus propres à l’ignition que le vent du nord favorisait encore. Ajoutons à cela que la nature du météore le rendait éminemment propre à produire inflammation complète ; les parties sulfureuses qu’il contient en très-grande quantité, ainsi que le fer et les autres métaux portés à l’état de fusion ou au rouge-blanc, en se répandant sur une masse de paille, devaient l’enflammer immédiatement. Et si quelques fragmens ont pénétré à travers la toiture, comme cela est probable, en tombant sur les fourrages ils devaient les enflammer. Un de mes échantillons, soumis à l’action du feu, rougit et devient semblable à la fonte ; il conserve celte incandescence pendant plusieurs minutes.

CHUTE D’AEROLITHES.
On me demandera, sans doute, s’il y a en moi conviction d’une chute d’aérolitbes? Ma conviction est celle que l’on peut avoir pour de semblables phénomènes ; et j’éclaire mon raisonnement par deux faits principaux :

1°Les chutes d’aérolithes observées jusqu’à ce jour par des hommes érudits, et qui méritent toule confiance, se sont faites dans les mêmes circonstances que celle de Samonod ;
2° Les caractères physiques et minéralogiques des pierres que je viens de recueillir, les classent daus les météorites.
Il se présente ici une observation importante à faire : Samonod est bâti sur le calcaire jurassique, recouvert par une couche plus ou moins épaisse de terrains alluviens : on y trouve des cailloux roulés appartenant aux granites, aux schistes et aux quartzites.
Depuis dix-huit mois, j’ai parcouru le Valromey, et plus spécialement la localité de Belmond dans mes courses forestières ou géologiques ; mon marteau n’a jamais brisé une roche ou un caillou qui présentât la moindre analogie avec les météorites ; il en est de même pour les substances minérales que le Rhône, le Seran, et autres cours d’eaux ont roulé dans nos vallées.
Pendant dix-huit mois, mon œil peut-être n’a point vu les météorites, parce qu’il ne les cherchait point. Cependant, je ne pense pas qu’un caillou ou qu’une roche d’une forme ou d’une texture distincte n’ait point fixé mon attention ; et j’ai vu assez d’aérolithes pour me rappeler leurs caractères physiques. Depuis six jours, j’ai trouvé deux fragmens de la grosseur d’un œuf de poule; leur forme est irrégulière, la surface anguleuse ; le corps parait avoir subi uue fusion ; l’extérieur présente une couche mince noirâtre, et se couvrant de rouille à l’air humide ; cassure matte et inégale ; intérieur gris, avec teintes bleuâtres et blanchâtres ; on y distingue du fer en lingots, et beaucoup de pyrites. L’un de ces morceaux a été trouvé sous les murs de la maison, et l’autre dans les prés, à 20 mètres environ. J’ai encore recueilli trois fragmens plus petits qui offrent à peu près les mêmes caractères, mais dont la surface n’est point noirâtre ; elle est rougeâtre, plus épaisse, et augmente encore chaque jour. Les premiers échantillons me paraissent avoir fait partie de la surface du globe soumise à l’action directe des agens atmosphériques ; les autres faisaient partie de la masse intérieure, et n’ont été soumis à l’action de l’air humide qu’après l’explosion du Météore.
On pourra dire que les morceaux recueillis ne sont pas les produits de la chute du 13 novembre , que ces morceaux avaient été employés dans l’établissement des murs avec les autres pierres et cailloux, ou jetés par hasard dans les terres qui environnent la maison. J’observerai cependant que les échantillons exposés pendant une nuit à l’air humide, se sont couverts de rouille ; comment est-il possible maintenant que le minéral soit resté intact ? Il ne se présente ici que deux circonstances :
1° S’il a été employé dans les constructions, ce qui parait peu probable, il n’aurait point résisté à l’humidité des murailles, et surtout à l’eau du mortier dans lequel il aurait été empâté ; et l’extérieur ne constate nullement son contact avec un mortier quelconque,
2° S’il a été jeté dans les terres, comment a-t-il résisté à l’action de l’air humide ? Dans tous les cas, je demanderai la cause de la fusion extérieure, et la présence de semblables roches. Jusqu’à ce jour, je n’ai pu étudier mes échantillons dans tout leur détail, ni par la voie sèche, ni par la voie humide ; dans un prochain voyage à Lyon, j’aurai recours à la science, et à l’obligeance de MM. Boussingault et Fournet, naturalistes distingués, dont les nombreuses découvertes sont inscrites dans les annales scientifiques.
Je puis avancer néanmoins que mes pierres contiennent du fer, de la silice, des pyrites , du soufre , etc., etc.
Chauffées au rouge, elles exhalent, en se refroidissant, une odeur sulfureuse particulière. J’ai fait quelques expériences intéressantes : un morceau chauffé au rouge-blanc, et mis immédiatement dans un courant d’air humide, conserva son incandescence pendant plusieurs minutes en projetant des étincelles, et finit par éclater en poussière. Cette expérience vient à l’appui de mon opinion. Je communiquerai plus tard mes recherches nouvelles ; mes expériences et mon opinion sur les aérolithes. Mon mémoire vient d’être transmis à l’Académie des sciences.
C. MILLET D., Yon-Artemarre, près Belley, 20 novembre 1835.“ Source : journal de l’ain du 2 décembre 1835.
***
“On lit dans le Courrier de l’Ain du 19 novembre : On nous signale le phénomène suivant : Un procès-verbal du maire de Belmont constate que l’incendie qui a eu lieu le 13 novembre dans cette commune, au hameau de Samonod, a été causé par un météore lumineux qui a éclaté avec détonation à huit heures et demie
du soir, sur les bâtimens incendiés qui étaient couverts en chaume. Ce météore a été vu et la détonation entendue à une très grande distance, et notamment à Belley qui est éloigné de Samonod d’environ trois lieues.” Source : Journal des débats politiques et littéraires du 23 novembre 1835.
***
“On a attribué à la chute d’un météore igné l’incendie survenu à Samonod, commune de Belmont, le 13 novembre dernier, et qui a consumé une maison d’agriculteur couverte en bois et en paille. Ce fut vers 9 heures du soir, par un ciel serein, qu’apparut dans l’atmosphère ce globe enflammé, courant du sud-ouest au nord-est, et laissant derrière lui une trace lumineuse de 3 à 4 mètres d’étendue. Il avait dépassé plusieurs massifs de montagnes, lorsqu’on entendit une détonation assez forte dans le Valromey ; le globe en éclatant dispersa une infinité de globules et rayons lumineux sur une surface de 2 à 300 mètres, et répandit une forte odeur sulfureuse ; le feu qui se manifesta immédiatement après la détonation couvrit au même instant toute la toiture du bâtiment incendié. Ce phénomène a eu pour témoins les voisins, les habitans des villages environnans, les employés des douanes ; le météore lui-même a été vu et la détonation entendue à Belley. Sur les bords du lac Léman, l’apparition de ce globe enflammé, dont le noyau était brillant et la trace lumineuse assez prolongée, a été prise pour une comète. Elle devait fixer l’attention des hommes instruits. M. Millet, demeurant à Yon-Altemare, et qui faisait alors des observations atmosphériques à la hauteur de Vieux, a adressé sur ce phénomène un mémoire à l’académie des sciences.” Source : Le Constitutionnel du 7 décembre 1835.
***
Arago publie dans les Comptes Rendus des séances de l’Académie des Sciences (1835) une lettre qu’il a reçue de M. Millet Daubenton : “Extrait d’une lettre de M. Millet Daubenton à
M. Arago, sur un météore lumineux.
M. Millet écrit que le vendredi 13 novembre 1835,
vers neuf heures du soir, par un ciel serein, on
aperçut dans l’arrondissement de Belley (département de l’Ain) un brillant météore. Sa course semblait
dirigée du sud-ouest au nord-est. A son apparition, il avait déjà la forme d’un globe incandescent. Au-
dessus du village de Belmont, il grandit et laissa
derrière lui une traînée lumineuse qui semblait avoir
3 à 4 mètres d’étendue. Il y eut alors une détonation
assez forte, semblable à celle du tonnerre. Le
globe éclata près du château de Lauzières. Il se
dispersa, dit M. Millet, en une infinité de globules
et de rayons lumineux de couleurs variées et d’un
éclat éblouissant. Le tout paraissait occuper une
longueur de 60 à 80 mètres sur une largeur de 40 à
50. M. Collon, agriculteur, allait se coucher lorsqu’il
entendit la détonation. Il sortit aussitôt et vit la
couverture en bois et chaume de sa grange en feu.
Les remises, les écuries, les récoltes, les bestiaux,
tout fut brûlé en quelques minutes. Aucun des
observateurs de ce météore igné ne suivit de l’oeil
l’immense pluie de feu qu’il forma après avoir
éclaté, jusque sur le toit même du fermier Collon ;
ainsi l’on pourrait nier que cette pluie ait été la
véritable cause de l’incendie. A un semblable doute,
M. Millet répondrait que M. Collon et sa famille
n’ont point d’ennemis connus dans le pays ; qu’un
incendiaire n’aurait certainement pas choisi une nuit
aussi belle, aussi claire que celle du 13 novembre
pour commettre un crime ; que le feu prit
simultanément sur toute la surface du toit ; enfin, que
peu de minutes avant la détonation, plusieurs
individus, et M. Collon lui-même, étaient sortis et
n’avaient rien aperçu. Depuis l’événement, M. Millet
a cherché près de la maison, et dans les champs environnants, s’il ne trouverait pas quelque pierre d’une nature inconnue.”
***
L’année suivante, dans les Comptes Rendus de
l’Académie des Sciences, on peut lire : “Météorologie :
Envoi de quelques portions de l’aérolithe qui tomba
près de Belley le 13 novembre 1835, et mit le feu à
une grange de Samonod.
M. Millet Daubenton, à qui M. Arago avait demandé, au nom de l’Académie, le 7 décembre dernier, de vouloir bien adresser aux chimistes de la
capitale quelques parties de l’aérolithe du 13
novembre, écrit qu’il s‘était empressé d’envoyer un
fragment anguleux, à surface vitrifiée, de la grosseur
d’un oeuf de pigeon, et une fiole remplie de débris
plus petits. Ces objets ne sont pas parvenus à
l’Académie. Le nouvel envoi de M. Millet, quoique
moins important, permettra cependant de déterminer
la composition chimique du météore. M. Millet croit
y avoir aperçu déjà des traces de nickel et de
chrôme ; les petits globules que le barreau aimanté
en sépare seraient, suivant lui, formés de fer, de
soufre, de cuivre, d’arsenic, et peut-être d’argent !
MM. Berthier et Dumas sont priés de faire
l’analyse des fragments adressés par M. Millet.”
***
L’Abbé Tournier décrit l’histoire de la pierre de
Simonod sous un autre angle, dans le Bulletin de la
Société des sciences naturelles & d’archéologie de l’Ain, 3e trimestre 1909 : “CHUTE D’UN BOLIDE A SAMONOD, PRÈS BELMONT - CANTON DE VIRIEU-LE-GRAND.
C’était le 13 novembre 1835. Vers dix heures
du soir, par un temps clair, un douanier et un autre habitant du pays, se dirigeant sur Belmont,
aperçurent une lueur, comme un serpent de
feu, tombant sur Samonod. En même temps un incendie se déclarait dans une maison, servant
de grange et d’écurie, qui fut consumée.
Comment la connaissance du phénomène parvint-elle en haut lieu ? Nous ne le savons ; la contemporaine qui nous donnait ces détails ne
le savait pas elle-même. Le fait est que le
préfet et le curé de Belmont, accompagnés
de gendarmes, vinrent sur les lieux pour faire
une enquête sur ce phénomène extraordinaire.
Le douanier et le paysan furent interrogés et
la conclusion de l’enquête fut que le feu avait été réellement communiqué par un bolide. Ils firent
des recherches dans les décombres et ils ne
trouvèrent rien. Tel est le récit de la bonne femme. Nous l’avons reproduit tel quel avec les
expressions du terroir. Ce serpent de feu, c’est la
lueur du bolide tombant à terre. Les gens de la campagne, ignorant les termes techniques,
emploient des images tirées des choses de
la nature : une traînée de feu, c’est un serpent de feu ; une étoile filante, c’est une étoile qui
se mouche, par allusion au bout de mèche
enflammée que l’on otait de temps en
temps dans l’ancienne lampe à huile des
campagnes. [...] Cependant, il est des auteurs
qui prétendent que certaines chutes se sont
faites sans bruit ; celle de Belmont pourrait
appartenir à cette catégorie. S’il l’on en croit
la femme de Samonod, les enquêteurs ne retrouvèrent pas le bolide qui avait été la cause de l’incendie. Il était difficile en effet
de le distinguer, à supposer qu’il ne fut pas enseveli à quelques pieds de profondeur, au milieu des décombres calcinées de la grange et de l’écurie. Cependant, son témoignage ne parait pas péremptoire ; comme la plupart de ses
compatriotes du village elle devait ignorer la
nature et la valeur de la pierre cherchée ; elle n’y attachait pas d’importance ; elle dut
supposer que l’enquête avait surtout pour objet de connaître la cause de l’incendie, et le préfet, le curé et les gendarmes n’avaient rien trouvé
en dehors de la narration du douanier et du
paysan. Qu’ils aient à la suite de leurs
recherches emporté quelque pierre qui leur
paraissait étrange ; que cette pierre ait été
envoyée dans quelque musée, à Paris peut-
être ; qu’elle ait été étudiée au moins superficiellement, le fait n’est pas douteux.
Quendstedt donne l’analyse de la pierre
météorique de Samonod : « Schwarze Kôrner, gadolinit art » ; grains noirs, variété de
gadolinite. Le dictionnaire de d’Orbigny dit que la gadolinite est le nom d’un silicate de cérium. Girardin et Lécoq disent d’autre part :
la gadolinite est une substance noire, vitro-métalloïde, à cassure vitreuse, qui est un silicate d’yttrium associé au silicate de fer et de cérium. Cette composition minéralogique ne ressemble guère à celle des aérolithes ;
aussi a-t-elle éveillé les soupçons du savant
allemand. Après avoir indiqué cette analyse,
copiée très probablement sur l’étiquette du
musée où elle se trouve, il ajoute
immédiatement : ob iicht ? « Est elle
authentique ? ». Il existe donc quelque part
dans une vitrine un fragment pierreux provenant
de Belmont, étiqueté « aérolithe de Samonod ».
Il n’est pas sûrement authentique ; il vient de
Belmont sans doute, mais il n’aura pas, pour y
arriver, traversé les régions supérieures ; il ne
porte pas les marques ni d’une telle origine, ni d’un pareil voyage. Il est plus que probable que les enquêteurs, après s’être livrés à des recherches qui n’aboutissaient pas à une découverte démonstrative, se rejetèrent en désespoir de cause sur une pierre curieuse, qui n’était pas du pays et
dont la forme arrondie pouvait se prêter
à quelque interprétation d’une pierrre tombée du ciel. A cette époque, on ne connaissait
pas encore l’origine et la nature des
cailloux erratiques alpins ou du moins cette
connaissance était l’apanage de quelques
savants et n’était pas encore suffisamment
vulgarisée. D’autre part, les caractères des
pierres météoriques n’étaient pas suffisamment
établis. Ils purent donc se tromper et c’est
ainsi que le vulgaire caillou de Samonod, de
provenance alpine, apporté là par le glacier
du Rhône et non par un serpent de feu, eut l’honneur de prendre place dans un musée et de figurer, il est vrai, avec un point
d’interrogation, dans la liste des « Gefallene
Meteoriten in Sammlungen », de Quendstdet.
Cette dernière hypothèse sur la pierre
météorique de Belmont nous paraît la plus probable. Il serait à désirer que l’on fit une analyse plus complète et un examen très sérieux de sa forme extérieure. Encore faudrait-il connaître la collection où elle se
trouve ? On pourrait reprocher à Quendstedt de
ne nous avoir pas éclairés sur ce point. Il en est sans doute de même d’un grand nombre de
pierres qui figurent dans les musées sous le
nom de pierres météoriques ou aérolithes. Commençons par les notres, suivant la règle
d’une charité bien ordonnée. Notre petit musée
des sciences naturelles et archéologiques de
l’Ain - boulevard Victor-Hugo - renferme sous
ce nom un nodule de fer sulfuré transformé
en fer oxydé. Cet échantillon est au moins
douteux et ne porte, ni extérieurement, ni dans
sa composition, aucun des caractères des
aérolithes, qui ont, sous ce petit volume surtout, des cupules à la surface, une croute concrétionnée et des grains de fer
ou de nickel fondu dans l’intérieur, lorsqu’ils ne sont pas entièrement composés de fer
magnétique. La collection de l’Institut Lamartine
à Belley, renferme sous le nom d’aérolithes
recueillis à Meylan (Isère), une douzaine de fragments de fer sulfuré dont les deux plus gros
sont arrondis. L’examen de ces échantillons ne rappelle aucun des caractères des aérolithes ;
ils se sont trouvés dans la collection qui fut
achetée par le Petit-Séminaire de Belley, il y
a quelque soixante ans, et l’étiquette les a
suivis dans leur pérégrination.”
***
“Académie des Sciences de Vienne. Classe des sciences mathématiques, physiques et naturelles. Séances du mois de janvier 1867 (suite)
[...] 11. M. de Haidinger a communiqué également une note sur la chute de la météoriie de Simonod (département de l’Ain), remarquable par sa coïncidence avec le courant météorique du 10 novembre 1835. On ne connaît la substance de cette météorite que par de très-petites quantités faisant partie du Musée impérial de Vienne (1 gr, 641), et des collections du Muséum d’histoire naturelle de Paris (moins qu’un gramme). Ce sont de petits fragments noirs et anguleux analogues aux météorites de Cold Bokkeweld, Kaba, Alais et Orgueil. M. Buchholz, doutant de l’authenticité de la météorite de Simonod, ne l’a point mentionnée dans son énumération des météorites faisant partie des collections. Toutefois, l’époque de sa chûte et son analogie avec d’autres substances de même origine ne peuvent laisser subsister ces doutes et permettent de la considérer comme étant un intermédiaire entre les météores solides ou lithoïdes, et les substances arénacées ou pulvérulentes, qu’on est autorisé à admettre comme constituant les étoiles filantes.” Source : L’Institut, 1867.
***
L’analyse du fragment étiqueté “Simonod, Ain”
présent dans la collection du British Museum de Londres révèle qu’il s’agit bien d’une chondrite (probablement H altérée), avec croûte de fusion
(mesures magnétiques effectuées par le Professeur
Pierre Rochette, CEREGE CNRS). Pour le moment,
Simonod n’est pas officiellement reconnue comme une météorite. Le Meteoritical Bulletin la classe en “chondrite douteuse”.

1835, 13 novembre, Lille (Nord). “M. Arago annonce que M. Delezenne, régent au collège de Lille, a observé le 13 novembre dernier (l’heure n’est pas indiquée)
une étoile filante, plus grande et plus brillante que Jupiter, et qui laissait derrière elle une traînée d’étincelles semblable en tout point à la traînée qui suit une fusée à baguette. Le météore se dirigeait du sud-ouest au nord-est. Qn se rappelle, sans doute, que l’incendie d’une grange, près de Belley, eut lieu précisément dans la nuit du 13 novembre. On n’aura pas non plus oublié combien cette date mérite de fixer l’attention des observateurs.” Source : L’Echo du monde savant du
25 décembre 1835.

1836, 12 février, Cherbourg (Manche). “A 6 heures
27 minutes du matin, un bolide a été aperçu de
Cherbourg, dans la direction de l’est. Sa forme était
celle d’une grosse boule de feu enflammée : elle
paraissait à la vue simple d’un diamètre à peu près
égal au disque de la pleine Lune. Le bolide semblait être à 200 ou 300 mètres au-dessus du sommet des
collines sur lesquelles il passait. Puis il s’éloigna de Cherbourg, produisant un léger craquement dans
l’air, et alla tomber à environ 12 lieues de là, près
d’un marais, dans la commune d’Orval, commune de
Coutances, où il explosa en faisant entendre un bruit
semblable à l’explosion de plusieurs pièces d’artillerie,
et en répandant une forte odeur sulfureuse.” Il n’y
pas de précisions quant au fait que la météorite (s’il
s’agit effectivement d’une météorite) a été ramassée.
C’est peu probable car elle aurait été envoyée à l’Académie des Sciences… La date du 12 janvier
1835 est également mentionnée. Sources : Extrait d’une
lettre de M. Vérusmor à M. Arago, Comptes-rendus
des Séances de l’Académie des Sciences de Paris.
Journal de pharmacie et des sciences accessoires, t. 22, p. 212, 1836.


1836, 9 mars, Labergement-Sainte-Colombe (Saône-et-Loire). “Un incendie des plus rapides et causé, dit-on, par un météore tombé de l’atmosphère a consummé le 9 du courant à 7 heures du soir une maison du
hameau dit le Grand-Servigny, commune de Labergement-Ste-Colombe. La perte est évaluée à
1,180 fr.”. Source : Le Drapeau Tricolore, 19 mars 1836.

1836, 24 mars, Paris. “Dans la nuit du 24 mars 1836,
M. Lacroix a observé, ainsi que plusieurs autres habitants de la ville, une étoile filante se dirigeant du nord au sud. Après avoir parcouru un arc de 60° à
partir du nord de l’horizon, elle s’est divisée en sept ou huit globules très éclatants, peu éloignés les uns des autres, quoique bien séparés, et dont le plus gros présentait un diamètre apparent de 3 centimètres environ.” Source : Rapport de M. Adolphe Veytard, secrétaire, sur les travaux de la Société depuis le 1er août 1835 jusqu’au 1er octobre 1841.

1836, 29 septembre, Niort (Deux-Sèvres). “On lit dans la Revue de l’Ouest, du 2 octobre : Jeudi 29 septembre, à sept heures du soir, un météore lumineux se dirigeant de l’est à l’ouest avec une grande vitesse, est venu s’arrêter, pendant quelques secondes, à une hauteur de 300 pieds environ, en face l’hôtel-de-ville de Niort,
puis est tombé perpendiculairement au-devant de cet édifice ; le bolide, au moment où nous l’aperçumes
dans le ciel, à une hauteur moindre que celle des
nuages, avait trois pouces de diamètre ; sa lumière était d’un rouge très-semblable au rouge de la lumière de Mars. Au moment de sa chute, alors qu’il était très voisin de nous, son volume n’avait point diminué, et la lumière qu’il jetait semblait plus blanche ; nous entendîmes quelques crépitations au moment où le météore atteignait le pavé ; puis il s’évanouit complètement, sans laisser ni traces ni odeur. Une
heure après l’apparition de ce bolide, le tonnerre commença à gronder, et la pluie s’ensuivit presque
toute la nuit.” Source : Gazette nationale du 7 octobre 1836.

1836, 15 novembre, Mezel et Billom (Puy-de-Dôme). “On mande de Mezel, en date du 15 courant : Dimanche dernier, à dix heures du soir, un météore lumineux a paru dans nos contrées. Il se dirigeait du nord-est au sud-ouest, et paraissait à une très grande élévation dans l’air. Il avait la forme d’un globe de la grosseur de la lune dans son plein. Il descendait quand je l’aperçus par un mouvement assez rapide vers la terre. Il me parut tomber dans la direction et un peu au-dessous du coteau de la Croix-Morand. Là il a continué à jeter de
la lumière pendant plus de deux heures. Cette lumière était vive et scintillante comme celle des étoiles.
Dans le trajet qu’il parcourut, il passa très près de mon habitation, au point de faire craindre à des enfans qui le suivaient des yeux qu’il n’y pénétrât. Dans ce moment, tous les alentours de la maison paraissaient en feu.
Le même météore a été observé à Billom, et c’était hier la nouvelle du marché de cette ville. L’apparition de ce phénomène semble coïncider avec celle des étoiles filantes observées dernièrement à Paris et ailleurs.” Source : Gazette de France du 22 novembre 1836.

1836, 31 octobre, Arras (Pas-de-Calais). “On mande d’Arras, le 2 novembre : Avant-hier, à onze heures cinquante-deux minutes du soir, par une nuit calme et doucement éclairée par la lune, un météore éblouissant a traversé les airs avec la rapidité d’une étoile qui file. Cette immense traînée de lumière avait la direction du nord au sud-est, et, en moins de tems que nous ne mettons à rapporter ce phénomène si rare dans nos contrées septentrionales, l’orbe lumineux s’était évanoui ;
mais à cette clarté boréale a succédé une détonnation telle que les vitres des maisons en ont été fortement secouées. Le bruit ressemblait à celui d’une mine qui
fait explosion. Ce phénomène a causé un instant
de panique à beaucoup de nos concitoyens.” Source : Le Moniteur universel, 6 novembre 1836.

1837, 5 janvier à 1h, entre Niéderbronn (Bas-Rhin) et Toulouse (Haute-Garonne). Un météore de la taille de la lune a parcouru une trajectoire de nord-nord-est vers sud-sud-ouest entre Niéderbronn et Toulouse. Les témoins entendirent des détonations.
Sa hauteur, calculée par l’astronome M. Petit, est de
68 lieues, et son diamètre s’élève à 2200 mètres selon
lui (totalement irréaliste)... ! Elle fut même observée
à Vichy, à Bâle en Suisse, à Munich et à
Hildburghausen en Allemagne. Sources : Comptes-
rendus de l’Académie des Sciences, Le Magasin Pittoresque (1859).
***
Le Journal de Haute-Saône, en 1837, indique : “M. le
docteur Sallot nous communique la note suivante :
Jeudi 5 janvier, à une heure dix minutes du matin,
est apparu dans le ciel un météore extrêmement lumineux, qui a parcouru lentement, pendant l’espace
de 45 secondes, environ le tiers de l’horison céleste.
La direction qu’il a suivie a été du nord-nord-est
au sud-sud-est, et dans son trajet la lumière allait
continuellement en augmentant d’intensité jusqu’à
atteindre environ la moitié de la dimension de la lune. L’éclat qu’il répandait était assez vif pour qu’on put lire facilement ; sa coloration était bleuâtre, très-semblable à celle du zinc en combustion. Ce globe de feu était suivi d’une queue ou traînée de paillettes rouges renfermées dans un espace triangulaire
allongé, tenant au point lumineux par sa base et
non par son sommet. L’apparition de ce météore,
au milieu d’un ciel parfaitement clair, avait été
précédée d’un vent d’est assez violent pour enlever
des tourbillons de neige. Si, comme cela est probable,
ce météore n’était autre que la chûte d’un aérolithe,
on peut conjecturer, par sa direction, qu’il a dû
tomber dans les environs de Montbozon.”
***
“M. Kuhn, médecin à Niéderbronn, a adressé à l’académie des sciences la description d’un phénomène qui a en lieu dans la nuit du 4 au 5 du mois dernier. A une heure par un temps très beau et très froid, une clarté subite vint éclairer comme le soleil en plein
midi ; elle était produite par un globe de feu d’un diamètre apparent de dix à douze pouces, lançant
de toutes parts de nombreuses étincelles et ayant à sa suite une espèce de queue ou de traînée lumineuse
dont la longueur était d’une trentaine de mètres au moins.
La lumière était blanche ou tant soit peu bleuâtre ; celle de la queue devenait plus rouge en s’éloignant. Le météore se dirigeait presque du nord au midi, en déviant un peu vers l’ouest. Sa marche était moins précipitée que celle des étoiles filantes ; son apparition fut de trois secondes a peu près.
Il paraissait tellement rapproché du sol, qu’on aurait dit qu’il était au-dessus de la tête. M. Kuhn s’informa si l’on avait vu ce phénomène dans les environs, et il dit que le lendemain il faisait le sujet de la conversation des campagnes, où jamais l’on n’avait vu rien de si beau et de si terrible à fois. ( Courrier du Bas-Rhin).” Source : Le Monde du 4 février 1837.
***
Le Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement du 22 janvier 1837 indique pour sa part : “A Vesoul (Haute-Saône), à Vichy (Allier) et à Niéderbronn (B.-Rhin), on vit apparaître dans la nuit
du 5 au 6 janvier, un point lumineux extrèmement brillant qui décrivit lentement un arc d’environ 50 d. :
son éclat alla continuellement en augmentant jusqu’à l’instant où il disparut tout-fait ; les dimensions de ce globe de feu étaient, sur la fin de sa marche, environ le tiers de celles de la lune dans son plein. Il a paru que ce météore avait parcouru des régions très-peu élevées de l’atmosphère, il était suivi de trois étoiles très-brillantes, à égale distance l’une de l’autre, et de moyenne grandeur ; sa marche était lente et majestueuse, il semblait entraîner avec lui les trois étoiles qui étaient à sa suite ; mais, chose remarquable, c’est que ce phénomène avait lieu dans la nuit de la Fête des Rois. On sait bien que nous n’attachons aucune idée superstitieuse à ce fait, nous constatons seulement la date du phénomène.”
***
“Personne ne s’étonnera désormais du soin que nous mettrons à conserver le souvenir de l’apparition des météores lumineux d’un éclat et d’une grandeur inusités, pour peu qu’on ne perde pas de vue les résultats qui ont été déduits des étoiles filantes de la nuit du 3 au 4 novembre.
Dans la nuit du 4 au 5 janvier dernier vers une heure du matin, un météore s’est montré dans l’espace. Il a été vu à Cusset, près de Vichy, par M. Guiraudet ; à une lieue de Vesoul, par M. Sallot ; à Niederbronn par M. Kuhn. Les détails qu’on va lire sont tirés des lettres que ces trois docteurs en médecine ont écrites à M. Arago.
Direction de la marche du météore. - A Cusset, suivant M. Guiraudet, le météore apparut subitement à une hauteur d’environ 45° ; sa marche était lente et dirigée du nord au sud.
A Vesoul, M. Sallot a vu le météore naître au nord-nord-est, et disparaître au sud-sud-est ; il croit que l’apparition eut lieu à environ 60° et que l’arc parcouru a été de 55°.
A Niederbronn, M. Kuhn jugea que le météore se mouvait presque exactement du nord au midi ; il déviait un peu à l’ouest.
Éclat, forme, grandeur apparente et durée du météore. -
L’observateur de Cusset dit que le météore jeta sur toute la contrée un éclat extraordinaire qu’il était rond, du diamètre de la pleine lune vue dans ses plus grandes hauteurs et que trois points lumineux le suivaient. Ces points, ajoute-t-il, semblaient entraînés par le globe principal, mais ne marchaient pas exactement avec la même vitesse. Parfois on les voyait à la hauteur du centre du globe et quelques moments après ils se trouvaient à leur place primitives La durée du phénomène fut d’environ une minute.
M. Sallot dit aussi que le météore était extrêmement brillant et d’une teinte bleuâtre. Son diamètre varia ; au commencement il parut égal au sixième de celui de la pleine lune; à la fin il avait triplé. Derrière le globe on voyait une traînée triangulaire de parcelles d’un rouge peu éclatant.
L’observateur de Niederbronn représente le diamètre du globe comme égal à celui de la lune « Il était, ajoute-t-il, aussi brillant que le soleil. M. Kuhn parle aussi d’une longue » queue que’le météore traînait à sa suite.” Sources : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. 4, 1837.
***
“Dans la nuit du 4 au 5 janvier, un météore igné s’est fait voir sur le territoire de Blâmont. Il semblait un globe lumineux qui se balançait dans la région moyenne de l’air, du côté de l’Est ; la lueur pâle qu’il projetait était assez forte pour éclairer les chambres les plus obscures ; elle n’avait rien de scintillant ni de trembloitant, mais répandait une clarté uniforme et douce comme celle de la lune. Après avoir brillé pendant un quart d’heure environ, il s’est évanoui sans bruit, sans détonation et sans qu’on puisse indiquer la nature de sa disparition. Ce météore a.élé observé par beaucoup de personnes, entre minuit et une heure du matin.” Source : Gazette de Metz et de Lorraine du 12 janvier 1837.

1837, 28 mars, Montmorot (Jura). Une météorite serait tombée près de Lons-le-Saunier mais on apprendra plus tard qu’il s’agissait d’un canular monté par le rédacteur du journal local. Voici l’article repris également dans le journal La Presse du 5 avril 1837 :
“Dans la journée du 28 mars, plusieurs habitants de la commune de Montmorot (Jura), étant à travailler dans les vignes que domine l’ancien château, entendirent un bruit sourd, semblable à un coup de
tonnerre lointain ; bientôt leur effroi fut plus grand,
lorsqu’ils virent tomber une masse considérable dans
une vigne voisine. Ils accoururent et virent une pierre
enfoncée en terre d’environ 10 pouces. Cet aérolithe
peut avoir cinq pieds de haut sur trois de large ; sa
couleur est grise. Cette pierre se rapproche de celle
nommé pierre ponce ; elle est entremêlée de parties
ferrugineuses.” Sources : Bulletin de la société
géologique de France, t. 8, 1836 à 1837, et dans la Presse du 5 avril 1837.

1837, mai, Beaudiment (Vienne). “Messieurs, je suis
chargé par M. le marquis de la Roche-Tulon, qui
habite à Beaudiment, près de la route qui va d’ici
à Châtellerault, de vous faire une communication.
Un jour du mois de mai dernier, qu’on pourra
préciser, vers une heure de l’après-midi, en plein soleil, on a vu tomber un globe enflammé, dont la flamme
était bleuâtre, et qui, en approchant de terre, s’est brisé en plusieurs flammèches. On a cherché en vain
des fragments de l’aérolithe, l’épaisseur de l’herbe en
cet endroit en a peut-être empêché. Plus tard, et après
les fauches, on fera d’autres recherches.” Source :
Bulletin de la société académique d’agriculture,
belles-lettres, sciences et arts de Poitiers, séance
du mercredi 7 juin 1837.

1837, 21 septembre, Paris. “Grand météore observé Paris le 21 septembre 1837. Note de M. MAUVAIS, élève astronome à l’Observatoire de Paris. Le jeudi 21 septembre 1837, à 7h 48’ de temps moyen, comme je traversais la place du Panthéon pour me rendre à l’Observatoire, j’aperçus tout-à-coup un bolide éblouissant, qui produisait une lumière telle, que les corps projètaient une ombre distincte. Il partit d’un point situé à peu près à égale distance entre l’Aigle et le Dauphin passant sur θ de l’Aigle, il vint s’éteindre brusquement près de α Capricorne, un peu à l’est de cette étoile, et laissant après lui une longue traînée lumineuse. La durée ne fut que de 6 à 7”; cependant, comme la lueur qu’il répandait me fit tourner les yeux de son côté, il est probable qu’il existait déjà depuis quelque secondes lorsque je l’aperçus. Sa forme était arrondie à la partie inférieure (celle qui, en suivant le sens du mouvement de translation du bolide, se trouvait en avant) ; la partie supérieure était moins bien terminée. Il jetait dans tous les sens de vifs rayons de lumière blanche. Son diamètre,dans le sens horizontal, me parut être égal au quart de celui de la Lune. La subite apparition d’une lumière aussi vive dans un ciel complétement obscur (la Lune n’était pas encore levée), fit pousser un cri de surprise à toutes les personnes qui se trouvaient à quelque distance de moi et qui furent témoins du phénomène ;je les entendis se faire mutuellement part de leur étonnement.” Source :
Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. 5, 1837.

1838, 22 juin, Dunkerque (Nord). “Simple note sur
un météore igné observé à Dunkerque, lue par
M. Ortille à la séance du 24 avril 1853.
Le temps qui nous sépare du jour où ce phénomène fut observé, enlève à ce fait toute sa valeur ; mais j’ai pensé que les détails en seraient aussi bien placés dans vos cartons que dans les miens. Voici donc ces notes écrites quelques heures après l’observation.
Le 22 Juin 1838, Monsieur Ange Raoul, docteur en médecine, et moi, accompagnant dans sa ronde de nuit M. Amand Van Heddeghem, lieutenant principal de douane, nous nous trouvions vers minuit sur la digue à l’ouest de Dunkerque, à deux kilomètres environ des remparts de cette ville.
C’était l’époque de la pleine lune ; la mer était haute en ce moment. L’air transparent et pur offrait à nos regards des myriades d’étoiles qui brillaient d’un vif éclat dans l’azur foncé du ciel ; une légère brise du large ridait à peine la surface de la mer, dont les vagues venaient doucement mourir sur le sable fin de la côte, à quelques pieds sur notre droite. C’était le seul bruit qui se fît entendre au milieu de cette belle nuit d’été.
Tout à coup nous entendîmes derrière nous un pétillement semblable à celui que produit une fusée d’artifice, et une clarté rougeâtre éclaira la digue et les flots. Nous nous retournames tous trois, et nous aperçumes un météore igné, un bolide peut-être, du volume de 25 centimètres environ, se dirigeant comme nous du nord-est au sud-ouest, à une hauteur qui nous parut être de cinq cents mètres au plus au dessus du niveau de la mer.
Dans sa marche rapide comme celle d’une étoile filante
ce météore laissait derrière lui une longue traînée de paillettes de feu qui s’élargissait, en diminuant toutefois de densité, en proportion de son éloignement du foyer générateur.
Ce météore s’éloignit bientôt sans bruit dans l’air même à deux kilomètres environ devant nous, dans la direction de Mardick.
En ce moment la traînée de feu, qu’il avait laissée sur son passage, avait au moins un mètre de largeur à l’une de ses extrémités et dix centimètres à l’autre. L’arc décrit par cette trainée nous parut parallèle à la courbe même de la terre.
Cette poussière de feu s’éteignit insensiblement sans laisser dans l’air aucune odeur particuliére, sensible du moins pour nous.
Etait-ce un gaz hydrogène phosphoré enflammé dans l’air, comme on en voit fréquemment dans les cimetières et dans les lieux marécageux, et que l’on appelle feu-follet ? Mais généralement ces phénomènes ne sont que des flammes légères qui ne laissent pas de poussière de feu sur leur passage, qui voltigent capricieusement à une petite hauteur du sol, loin de se mouvoir d’une manière régulière et de décrire un arc parallèle à la surface terrestre.
Etait-ce un bolide ou étoile filante ? Le météore observé en avait plusieurs caractères : la vitesse rapide dans l’espace, la traînée brillante, qu’il laissait après lui. Mais ce phénomène ne fut accompagné ni de détonation, ni de sifflement, et le corps se mouvait dans des régions trop basses de l’atmosphère, et selon une ligne trop parallèle à la terre, pour laisser supposer la chute d’un corps.
Ces questions que nous nous fimes alors sans pouvoir y
répondre, je me les fais encore aujourd’hui avec aussi peu de succès. Toutefois, comme il arrive souvent que les bolides disparaissent sans bruit et sans déterminer la chute d’aucun aérolithe, je crois qu’il faut ranger dans cette dernière classe le météore observé le 22 Juin 1833.” Source : Mémoires de la Société dunkerquoise 1853.

1838, 29 juillet, Metz (Moselle). On peut lire
dans la Gazette de France du 5 août 1838 : “Dimanche
au soir, vers dix heures, un météore igné a apparu
au-dessus de Metz, et a éclaté avec un bruit
semblable à celui que cause l’explosion d’une pièce
d’artillerie ; pendant trois ou quatre secondes il
a répandu une lumière extrêmement vive. Quelques
instans avant cette explosion, on avait remarqué un nuage très noir qui se dirigeait du couchant au levant.
(Gaz. de Metz).”

1838, 15 octobre, dans les Côtes-d’Armor. “Il y a eu hier huit jours, entre neuf et dix heures du soir, une lumière subite éclaira l’atmosphère, et disparut presqu’aussitôt. Ce phénomène fut peu remarqué à Rennes. Il a été mieux observé à Saint-Brieuc, et voici ce qu’une feuille de cette ville publie à ce sujet : Par un temps nébuleux, le vent soufflant de l’ouest, on a aperçu de la route de Plédran un bolide se dirigeant vers la commune de Trégueux, au-dessus de laquelle il parait avoir éclaté. Ce météore, qui est sorti d’entre des nuages, a parcouru une étendue d’environ 45°, et a éclaté, comme une fusée, à 20° environ au-dessus de l’horizon. La durée du phénomène a été de quatre à cinq secondes seulement, pendant lesquelles il a présenté une vive et éclatante lumière. On pense qu’à la suite de l’explosion, il a dû se former un grand nombre d’aréolithes, qui sont tombées sur la commune de Trégueux.
Ceci nous donne occasion de rappeler qu’un excellent article sur les aérolithes vient d’être publié dans la nouvelle Revue de Bretagne, au bulletin dont la Société des sciences et arts de Reunes enrichit ce recueil ; article remarquable dû à la plume de M. J. Aussan, et de nature à jeter une grande lumière sur l’origine des phénomènes du genre de celui qui nous occupe.” Source : L’Auxiliaire breton du 24 octobre 1838.

1838, 13 novembre, Cherbourg (Manche). “Le temps n’a pas favorisé cette année la recherche des étoiles filantes périodiques de novembre. Les courts intervalles pendant lesquels le ciel est resté serein, permettent cependant d’affirmer que les météores n’ont pas été aussi nombreux qu’à l’ordinaire, soit que dans leur course ils n’aient pas envahi cette fois l’atmosphère d’Europe, soit que leur passage ait eu lieu en plein jour. Chacun, dans ces circonstances, comprendra tout le prix de l’observation d’un grand bolide dont l’apparition a eu lieu précisément le 13 novembre ; aussi consignerons-nousici textuellement la lettre que M. Arago a reçue de M. Verusmor de Cherbourg.
Mardi dernier, 13 novembre, sur les sept heures du soir, à la suite d’une journée nuageuse, froide et pluvieuse, succédant elle-même à deux jours de tempête, ma vue fut tout à coup frappée d’une vive lueur rouge qui embrassait les nuages vers le nord-est. Je crus d’abord que c’était une aurore boréale qui se manifestait à l’horizon ; mais j’avais à peine conçu cette pensée, que le phénomène, dégagé de la nue, se montra avec tous les caractères d’un météore igné, d’un bolide éclatant accompagné de circonstances remarquables. Voici ce que j’ai pu observer touchant ce phénomène, dont l’apparition a été d’une instantanéité aussi subite que celle de l’éclair.
A son arrivée sur l’horizon, le météore, masqué par les nuages, semblait être d’un volume énorme. Cette erreur d’optique, produite par la distance et les vapeurs de l’atmosphère, se dissipa rapidement, et le bolide à sa sortie des nuages ne parut plus que de la grandeur de la pleine lune mesurée à la vue simple quand elle est au zénith ; ce diamètre apparent se réduisit encore de près des deux tiers, en sorte que le météore était à peine de la grosseur d’une bombe de 8 p. lorsqu’il passa au méridien. Ce globe igné avait un mouvement de rotation très lent, si on le compare à la vitesse de la marche du bolide. Il jetait une flamme blanche très pâle, et paraissait absolument comme une boule rouge, remplie de matières en combustion, dont les flammes sortiraient par une petite ouverture excepté sa couleur de feu et sa direction horizontale, on aurait dit d’une bombe sillonnant l’espace et dont la fusée brûle pendant la trajectoire.
Cependant la lumière qu’il répandait était si peu intense qu’on ne s’apercevait point que les ténèbres en fussent moins épaisses. Une traînée lumineuse, longue et ondulée, serpentait derrière le météore ; elle fit sillon dans l’air durant plus de deux minutes.
Le bolide passa à l’ouest de Cherbourg, vers le cap de la Hague, rasant de près le sommet des montagnes, et suivant la direction du nord-est au sud-ouest. La vélocité de son mouvement, qui égalait presque la rapidité de l’éclair, fait supposer une force de projection inconcevable.
Ce météore, vu sa faible élévation, a dû tomber à peu de distance, dans la Manche, probablement. J’ai pris des informations à cet égard près de divers habitants du littoral de la Hague et près des capitaines venant de la mer plusieurs personnes ont aperçu le météore parcourant l’espace mais je n’ai pu savoir si on l’a vu tomber quelque part.” Source : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences de Paris, t. 7, 1838.

1839, 6 juin, 21 h 15, Cambrai (Nord), Evreux (Eure), Chambéry (Savoie). “Le 6 juin 1839, vers 9h 1/4 du soir, un météore lumineux très brillant et d’un grand volume, a été observé à Cambrai par Mme Laure Failly. Il se mouvait du sud-ouest à l’ouest, en laissant à sa suite un certain nombre de globules enflammés. A Évreux, le météore, d’après les observations de M. Boutigny, pharmacien, paraissait se mouvoir du sud-est au nord-ouest. Des étincelles brillantes s’en détachaient. Il s’éteignit avant d’atteindre l’horizon. Un journal annonce que le même météore a été vu à Chambéry que
dans sa marche il laissait après lui une traînée lumineuse ; que sa descente s’opéra dans un plan vertical.” Source : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. 8, 1839.
***
“M. WARTMANN écrit à M. Arago que le météore lumineux, observé le 6 juin 1839, à Cambrai, à Évreux et à Chambéry a été vu aussi à Genèse et à Lausanne. A Genève, dit M. Wartmann, c’était un globe sphérique très lumineux, d’une couleur blanche tirant sur le bleu, qui cheminait non du sud-ouest à l’ouest, comme on l’a remarqué à Cambrai, mais qui paraissait descendre verticalement à l’horizon avec assez de lenteur, en se projetant devant la constellation de la Balance, qu’on voyait au sud de l’Observatoire, près du méridien. Ce météore, dont la grosseur apparente égalait au moins huit ou dix fois celle de Vénus, laissait après lui des aigrettes lumineuses bleues, qui formaient même une espèce de queue ; la durée de sa visibilité a été d’environ quatre secondes, puis il a disparu subitement en l’air, sans avoir fait entendre ni bruit, ni détonation appréciable.” Source : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences, t. 9, 1839.

1839, juin, Notre-Dame-du-Coral (Pyrénées-Orientales). “Le cabinet d’histoire naturelle de Perpignan possède un aérolithe, tombé, en juin 1839, à Notre-Dame-du-Coral, ermitage situé dans la banlieue de Prats-de-Molló. La forme de cet aérolithe est
un sphéroïde aplati pesant 12 kil. 80 gram. ; sa
circonférence mesure 0,71 dans le sens du renflement,
et 0,62 dans le sens de l’aplatissement ; sa surface est
rugueuse, luisante, sa couleur est noirâtre. [...] Cette
pierre nous fut donnée par M. Triquéra, alors
instituteur communal à Prats-de-Molló, qui fut témoin
de sa chute.” Source : L. Companyo, Histoire naturelle
du département des Pyrénées-Orientales, 1861.

1840, dans la nuit du 3 au 4 août, Tamerville (Manche). “M. Vérusmor écrit de Cherbourg relativement
à un incendie attribué à la chute dun météore igné, et qui a eu lieu dans la nuit du 3 au 4 août, dans la ferme de Tamerville, près de Valognes. On n’a pas vu, à la vérité, dit l’auteur de la lettre, tomber le bolide sur le bâtiment incendié ; mais six personnes dignes de foi et qui se trouvaient sur trois points différents, ont vu, vers 9 heures 1/2, un météore igné sillonnant les airs et se dirigeant du nord au sud dans la direction de la maison incendiée, sur laquelle la ligne oblique qu’il décrivait avait dû le faire tomber. Une heure plus tard les bâtiments de la ferme étaient en feu.”
Source : Comptes-rendus des séances de l’Académie des Sciences de Paris, t. 11, 1840.

1840, 2 novembre, Evreux (Eure). Un météore est
observé se déplaçant du nord-est vers le sud-ouest.
On peut lire à ce propos, dans l’Astronomie, en 1919 :
“M. Roger Maillard, d’Evreux, signale une observation
faite par le célèbre Boutigny (dont tout le monde
connaît la découverte sur l’état sphéroïdal de l’eau),
d’après laquelle il aurait été témoin, le 2 novembre
1840, à 8h22 du soir, de l’arrivée d’un bolide qui, en
passant dans le voisinage de la lune, aurait décrit une courbe pour se précipiter sur notre satellite.” Source :
Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, t. 11. L’Astronomie, 1919, p. 116.

1840, 30 novembre, Chartres (Eure-et-Loir). Un
météore est observé se dirigeant de l’ouest vers l’est,
puis il éclate en répandant une lueur vive.

1841, 25 février, Chanteloup (Manche). M. Vérusmor, de Cherbourg, indique qu’un météore tomba sur le
toit d’un pressoir situé aux Bois-aux-Roux, et incendia deux bâtiments. Il relate ainsi les faits : “Le 25 février dernier un météore igné venant du nord-est tomba
sur le toit d’un pressoir situé au hameau des Bois-aux-
Roux, commune de Chanteloup, arrondissement de
Coutances, et y mit le feu qui se communiqua
bientôt à deux maisons contiguës. Plusieurs individus
occupés dans le voisinage ont été témoins de la chute
du bolide et il ne leur reste aucun doute sur la cause
d’un désastre que leurs secours n’ont pu prévenir
ni arrêter.” La date du 25 mai 1841 ou du 25 février
1838 sont également notées. Sources : Comptes-rendus
des séances de l’Académie des Sciences, séance du
15 mars 1841. Petür Beron, “Panépistème, ou sciences
physiques et naturelles et sciences métaphysiques et morales”, 1861.

1841, avant le 20 mars, Bessey-en-Chaume (Côte
d’Or). “Une pierre, du poids de vingt kilogrammes,
d’un aspect métallique, exhalant une forte odeur de soufre, tomba à Bissy-en-Chaume.” Source : M. Gromer,
Echo du Monde Savant, p. 191, 1841.
***
Le Censeur du 20 mars 1841 donne quelques détails
supplémentaires. “M. Gromer, inspecteur des lignes
télégraphiques, écrit de Beaune (Côte-d’Or), qu’il a
été témoin, à Bessy-en-Chaume, d’un phénomène
digne d’exciter l’intérêt des savans. Une pierre énorme,
exhalant une forte odeur de soufre, est tombée à la
suite d’un bruit semblable au roulement du tonnerre.
L’aspect de cette aérolithe est métallique ; sa couleur est noire ; elle pèse 20 kilogrammes.”

1841, 21 ou 22 mars, Sainte-Menehould (Marne).
Observation d’un gros météore à Sainte-Menehould
mais aussi à Commercy suivi d’une détonation.
Sources : Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, séance du 12 avril 1841.

1841, 22 mars, Troyes (Aube). “La nuit dernière a été signalée par un météore lumineux d’une grandeur extraordinaire, qui fut aujourd’hui le sujet de toutes les conversations de Troyes. Les personnes qui se trouvaient dans les rues, les jeunes gens qui rentraient chez eux, n’en parlent qu’avec effroi. A onze heures et demie, au milieu d’épaisses ténèbres, chacun a été frappé tout-à coup de la subite apparition d’un globe de feu, gros comme la lune dans son plein, qui se mouvait très lentement vers l’Orient, dans l’hémisphère boréal, en répandant partout un éclat prodigieux. Il brilla environ deux minutes sur l’horizon, après quoi il se divisa en plusieurs parties, qui se dispersèrent dans toutes les directions, comme les étoiles filantes.” Source : L’Aube (Troyes) du 23 mars 1841.

1841, 27 mars, Auxon et Troyes (Aube). “On écrit d’Auxon,
27 mars, au Journal de Troyes : Cette nuit, à une
heure et demie du matin, nos habitants ont été mis
sur pied par l’éclat d’une lumière extraordinaire ; ils croyaient à un incendie, mais bientôt le sentiment d’effroi a été remplacé par celui de la curiosité. C’était un météore en tout semblable à celui qui a été vu à
Troyes, dans la nuit du 21 au 22 courant. Ce globe de
feu qui s’est montré à l’ouest se mouvait très-lentement vers le nord. Son apparition a duré plus d’une demi-heure, puis il s’est dérobé à l’oeil sous l’horizon, dans la direction du nord-ouest, sans rien perdre de son volume et de son éclat.” Source : L’Espérance, courrier de Nancy du 6 avril 1841.

1841, 16 mai, en Essonne. “Météore lumineux observé
le 16 mai dans les environs d’Essonne. Extrait d’une
Lettre de M. Delavaux : « Le dimanche 16 mai dernier,
me rendant de Paris à Montargis, j’ai observé, vers
1 heures du soir, à 2 kilomètres environ au-dessus d’Essonne, un météore lumineux très-brillant, qui a
traversé assez lentement le ciel dans sa partie visible
la plus élevée, directement de l’est à l’ouest. Je
regrette de n’avoir point noté l’heure bien précisément ».” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 13, 1841.

1841, 29 mai. Bordeaux (Gironde) ou Dijon (Côte-d’Or). “Le 29 mai, vers huit heures du soir, un météore lumineux a été remarqué à Bordeaux. Il a parcouru à peu prés la moitié de la voûte céleste. Après avoir décrit une courbe du haut en bas, il a suivi la direction droite du levant au couchant. Sa courbe visible a duré au moins une demi-minute. Aux uns il a apparu comme une grosse étoile, aux autres comme un globe d’argent laissant une longue traînée de feu. Quelques personnes affirment avoir entendu un roulement faible, mais continuel, pendant la durée de sa marche visible. Toutes les circonstances qui ont accompagnent la chute de pierres atmosphériques dans divers lieux, donnent lieu de croire que ce météore n’est pas autre chose qu’un aérolithe, dont on apprendra la chute dans la partie ouest du département de la Gironde, si elle n’a point eu lieu dans les eaux de l’Océan. Ce n’est pas seulement à Bordeaux que ce météore a été aperçu. A Dijon, le même jour, plusieurs personnes, en ce moment sur la place Royale, l’ont vu et ont pu, vu la lenteur de sa fuite et le long espace qu’il a parcouru, le faire remarquer à d’autres.“ Source : Le Spectateur (Dijon) du 16 juin 1841.

1841, 9 juin, Bagnoles-de-l’Orne (Orne), Nantes (Loire-Atlantique), Angers (Maine-et-Loire), Bordeaux (Gironde) et Agen (Lot-et-Garonne), Toulouse (Haute-Garonne). “On lit dans les journaux de Bordeaux : Mercredi, 9 du courant, vers les huit heures du soir, les habitans de Bordeaux ont pu observer un météore lumineux très remarquable. Il a parcouru à peu près la moitié de la voute céleste. Après avoir décrit une courbe du haut en bas, il a suivi la directon droite du levant au couchant. Sa course visible a duré au moins une demi-minute. Il a apparu aux uns comme une grosse étoile, à d’autres comme un globe d’argent, laissant une longue traînée de feu. Quelques témoins ont dit avoir entendu un roulement faible mais continuel pendant la durée de sa marche visible. Toutes les circonstances qui ont accompagné la chute de pierres atmosphériques dans divers lieux, et en particulier dans le Lot-et-Garonne en 1790, et à Juvinas (Ardèche) vers l’an 1820, autorisent à penser que ce météore n’était autre chose qu’un aérolithe dont nous apprendrons la chute dans la partie ouest de ce département, si elle n’a point eu lieu dans les eaux de l’Océan.” Source : Gazette de France du 15 juin 1841.
***
La Gazette de France du 21 août 1841 donne
quelques éléments complémentaires : “Le météore lumineux aperçu à Angers le 9 juin dernier, vers 8 heures du soir, a été vu aussi de l’Observatoire de Toulouse à 8 heures 19 m., temps moyen, se dirigeant comme à Angers en ligne droite, et assez lentement de l’est à l’ouest, laissant après lui une traînée lumineuse, sans diamètre sensible, beaucoup plus brillant que l’étoile α et de la lyre près de laquelle il passa, mais se mouvant dans la partie nord du ciel, et au lieu de rester parallèle à l’horizon, plongeant un peu du côté du couchant, comme d’ailleurs cela devait être, en vertu de la différence de longitude entre Toulouse et Angers. Cette circonstance d’une trajectoire rectiligne montre qu’indépendamment de son mouvement apparent, le météore lumineux, pendant les 15 ou 20
secondes qu’il resta visible, devait avoir aussi un
mouvement à peu près égal et parallèle à celui
de translation de la terre. M. Petit, directeur de l’Observatoire, qui écrit ces détails à M. Arago, envoie en même temps les calculs qu’il a faits, pour déterminer la plus courte distance de la trajectoire du météore à la surface de la terre, et il trouve pour résultat 197,556 m., c’est-à-dire une hauteur qui dépasse de beaucoup les limites présumées de notre atmosphère (environ la moitié de la distance de la lune). La terre, le 9 juin, se mouvait dans son orbite, en faisant avec la trajectoire apparente du météore un angle d’environ 120,0 avec une vitesse de 30,400 m. par seconde, tandis que dans le même temps le météore parcourait 34,106 m. Peu différent de celui que parcours la
terre. J. G.”
***
“Note sur un météore vu le 9 juin à Bordeaux et à
Agen. - Extrait d’une Lettre de M. Chenou.
Le 9 juin, vers huit heures du soir, on a vu à Bordeaux un météore lumineux suivant la direction de l’orient à l’occident pour le spectateur tourné vers le nord. Quelques personnes ont observé sa marche rapide pendant près d’une demi-minute, et lui ont assigné une grandeur beaucoup plus considérable que celle des étoiles de premier ordre. Elles prétendent qu’un roulement faible pouvait être entendu, et que la hauteur du météore était d’environ 44 à 45°. Un journal d’Agen rapporte qu’à la même date, à la même heure, un globe de feu a paru vers le nord de cette ville, laissant derrière lui une longue traînée lumineuse d’un éclat bleuâtre. Son apparition n’a été accompagnée d’aucun bruit ; sa direction était aussi celle de l’est à l’ouest.” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 13, 1841.
***
“Extrait d’une Lettre de M. Petit à M. Arago sur le météore lumineux du 9 juin 1841.
Le météore lumineux aperçu à Angers, le 9 juin dernier, vers 8 heures du soir, a été vu aussi de l’Observatoire de Toulouse, à 8h19m temps moyen, se dirigeant, comme à Angers, en ligne droite et assez lentement de l’est à l’ouest, laissant après lui une traînée lumineuse Sans diamètre sensible beaucoup plus brillant que l’étoile α de la Lyre près de laquelle il passa, mais se mouvant dans la partie nord du ciel, et au lieu de rester parallèle à l’horizon, plongeant un peu du côté du couchant, comme d’ailleurs cela devait être en vertu de la différence de longitude entre Toulouse et Angers [...]” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 13, 1841.
***
“Bien qu’il fasse froid pour la saison, la constitution atmosphérique n’en est pas moins orageuse; car le 9 de ce mois, à huit heures du soir, par un ciel pur et une bonne petite brise de vents de nord-est, un beau météore igné de la nature des bolides, et brillant comme eux d’un très vif éclat, a parcouru lentement les basses régions de l’atmosphère, se dirigeant du sud-sud-est au nord-nord-ouest, sans être accompagné d’aucune détonation.” Source : Le Breton du 12 juin 1841.
***
“M. H. Lédeux, d. m. à Bagnoles (Orne), écrit que, le 9 juin, à la nuit tombante, un météore lumineux d’un aspect assez anomal a été vu dans le ciel pendant quelques instants. « Il avait, est-il dit dans la lettre, la forme et la grosseur apparente d’un merlan, avec tout l’éclat du bleu d’azur le plus pur, à tel point que dans le premier moment de la surprise il fut pris pour un martin-pêcheur: Il se dirigeait de l’est à l’ouest avec une vitesse qui était en apparence la vitesse ordinaire d’un oiseau. La hauteur du météore paraissait être d’environ 60 à 70 pieds. »
M. Morren, proviseur du collège royal d’Angers, écrit qu’on a vu dans cette ville, le 9 juin, vers 8h du soir, le météore lumineux quel’on a signalé dans d’autres lieux à la même heure. Cette remarque, si l’identité est bien établie, pourra servir à déterminer la hauteur du météore. Cette hauteur, dans le point de la trajectoire le plus voisin de l’observateur, a été estimée approximativement par M. Morren entre 46 et 47°. Aucun bruit n’accompagnait sa marche.” Source : L’Institut du 24 juin 1841.
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“M. Chenou, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux, écrit que le 9 juin, vers 8 heures du soir, on a vu dans cette ville un météore lumineux d’une grosseur considérable qui se mouvait rapidement de l’E. à l’O., et dont la durée a été d’une minute et demie.

Le même jour, à la même heure, un globe de feu d’un grand éclat (probablement le même) a été vu se mouvant aussi dans la même direction, à Agen et à Pont-le-Voy (Loir-et-Cher). Cela résulte, pour l’observation d’Agen, des journaux de Lot-et-Garonne, et pour celle de Pont-le-Voy d’une lettre de
M. Nouel, professeur de physique au collège de cette ville.” Source : L’Institut du 15 juillet 1841.

1841, 14 juillet, Saint Jouan de l’Isle et Broons (Côtes-d’Armor). “Le 14 au soir, écrit-on de Saint-Jouan (Côtes du Nord) un météore lumineux a paru dans nos contrées : c’était une boule de feu de la grosseur d’un oeuf, qui laissait après elle une longue traînée, d’une couleur bleuâtre, qui allait toujours en diminuant. Elle se dirigeait de l’est à l’ouest. Son élévation ne paraissait pas être deux fois à la hauteur des arbres. Ce météore a été aussi aperçu à Broons.” Source : L’Espérance, courrier de Nancy du 22 juillet 1841.

1841, 18 août, Paris, Bourg-la-Reine (Hauts-de-Seine), Reims (Marne). “M. Lher a vu le météore en se promenant vers 9 heures du soir sur le boulevard du Mont-Parnasse. Averti par une vive et subite clarté répandue sur tous les objets, M. Lher porta ses yeux vers le ciel et il vit le météore dans la constellation du Cygne, marchant du sud au nord. Sa durée fut de 3 à 4 secondes. La disparition eut lieu subitement vers le milieu de l’intervalle compris entre γ et α. Dans sa route il était passé entre γ et β, vers le tiers de la distance qui les sépare. Le second observateur dont nous ayons reçu le rapport sur le météore du 18 août, est M. Desdouits, professeur de physique au collège Stanislas. Nous allons le laisser parler lui-même. « Hier, je me promenais dans un grand jardin d’une maison de campagne, à Bourg-la-Reine, le long d’une allée dirigée de l’est à l’ouest, et j’étais tourné vers ce dernier point, lorsque je fus frappé d’un éclat subit, qu’au premier instant je pris pour un éclair. Mais comme il ne s’évanouit pas immédiatement, je jugeai qu’il avait un autre principe et je me retournai vivement vers l’est, où j’aperçus au ciel un magnifique globe de feu, d’un éclat incomparable, qui illuminait entièrement l’horizon. Il courait horizontalement avec une médiocre vitesse, entre la constellation. de l’Aigle et celle de Cassiopée ; il s’éteignit subitement sur un point de cet intervalle, qui formait les deux tiers de la distance, à partir de l’Aigle. En disparaissant, il ne laissa aucune trace et ne fit entendre aucun bruit ;
j’étais seul alors, au milieu du plus grand silence et attentif au moment de la disparition, que je supposais devoir être explosive. Depuis le moment précis où se produisit l’éclair qui manifesta pour moi la présence du météore, jusqu’à l’instant où je le vis disparaître, il s’écoula environ trois secondes ; je suis certain que cette durée fut inférieure à quatre secondes. Il était alors neuf heures moins dix minutes environ. Le météore était à peu près sphérique, d’un diamètre plus grand que celui de la Lune ; on aurait pu le prendre pour quelque belle pièce d’artifice, dont il avait l’apparence. Mais je ne crois pas qu’une belle bombe éclaire l’horizon aussi vivement que le faisait ce météore. Je dois ajouter que si mes souvenirs sont fidèles, et surtout exacts, il projetait quelques étincelles, mais celles-ci s’évanouissaient immédiatement. Le globe lumineux a été vu à Paris par MM. Serres et Babinet. Faut-il croire que ces météores, que ces grands bolides, sont plus fréquents vers les temps marqués par des apparitions extraordinaires d’étoiles filantes qu’aux autres époques de l’année ?” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 13, 1841.
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“Observation du météore igné du 18 août dans les environs de la ville de Reims. - Lettre de M. Tarbé de Saint-Hardouin, ingénieur des ponts-et-chaussées, à M. Arago. Le météore signalé par M. Babinet dans la soirée du 18 août, a été aperçu par moi le même jour à huit heures trois quarts du soir. J’étais en voiture à une lieue nord de Reims ; le sol de la route m’a paru subitement éclairé d’une lumière vive et bleuâtre ; je me suis élancé à la portière et j’ai vu un globe de feu à 30 ou 35 degrés au-dessus de l’horizon dans la direction de l’E.-S.-E. Son diamètre apparent ne m’a pas paru dépasser la moitié de celui de la lune. Au bout de quelques secondes, ce météore s’est éteint sans mouvement appréciable pour moi ce qui peut-être dû à ce que je n’ai vu que la dernière période de son apparition.” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 13, 1841.
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“M. Desdouits écrit pour montrer que les observations faites par lui et par M. Lher, sur le météore lumineux du 18 août dernier, ne sauraient se concilier avec celles que M. Tarbé a adressées à l’Académie.” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 13, 1841.

1841, nuit du 9 au 10 septembre, Périgueux (Dordogne). “On écrit de Périgueux, à la date du 11 septembre : Dans la nuit du 9 au 10 de ce mois, vers minuit, un météore lumineux a paru au nord de notre ville, et en un instant a dissipé les brouillards et l’obscurité qui couvraient l’horizon. Ce météore offrait à l’œil la grosseur de la lune, et sa lumière pouvait être comparée à celle du soleil à son lever. Il n’a pas tardé à disparaître derrière les coteaux, et l’obscurité la plus complète a succédé à ce phénomène, que nous signalons à l’investigation de la science.”

1841, 10 octobre, Béthune (Pas-de-Calais). “On écrit de Béthune (Pas-de-Calais), le 10 octobre : Un météore lumineux est venu s’abattre dimanche dernier, vers quatre heures et demie du matin, sur le cavalier d’avancé de la porte d’Arras, en face du bureau de l’octroi. Ce météore avait la forme et la grosseur d’un tonneau. Il venait de l’est et faisait entendre un bruit semblable à celui occasionné par un vent violent.” Source : Journal des débats politiques et littéraires du 17 octobre 1841.

1841, 13 novembre, Béthune (Pas-de-Calais). “Une autre météorite en France. - Un météore d’une taille inhabituelle, étant, selon certains témoignages, aussi grand qu’un tonneau, est tombé près de Béthune (latitude 50°1/4N, longitude 2°1.3E), dans le Pas-de-Calais, en France, produisant un bruit vif tel un ouragan.” Source : New York Observer, 13 novembre 1841.

1841, 12 décembre, “Un météore lumineux , qni n’a eu que la durée de l’éclair, a été observé, le 12 de ce mois , à huit heures dn soir, sur plusieurs points du Jura, à la Vatay , relai entre Gex et les Rousses, à Morez , à Lons-le-Saunier et à Domblans. Il a paru à loutes les personnes, qui ont été frappées de sa rapide apparition, être comme uns longue bande de lumière à laquelle a succédé une lueur rougeâtre qui a disparu subitement. Il n’a élé accompagné nulle part de sourde détonation, comme il arrive assez fréquemment en pareil cas.” Source : Journal de l’Ain du 20 décembre 1841.

1841, 22 décembre, dans l’Hérault. “Le 22 décembre 1841 par un temps très-clair, au moment où le soleil venait de paraître, un globe de feu, marchant horizontalement du midi au nord, passa rapidement sur l’Hérault, avec un bruit de char roulant, qui se termina par une violente détonation accompagnée d’une forte commotion.” Source : Bulletin de l’association scientifique de France - t. 2 - 1867.

1841, 29 au 30 décembre, “M. le général Chassenon transmet quelques détails sur un météore igné qui paraît avoir été observé entre Saint Maixent et Raffenne (Deux-Sèvres), dans la nuit du 29 au 30 décembre dernier à 1h 45m du matin. Voici en quoi ils consistent : Un globe de feu d’une lueur rougeâtre très-intense s’est tout à coup montré dans le ciel. Après avoir conservé pendant quelques secondes sa forme première, il a pris instantanément celle d’une larme de plomb ou de cire à cacheter en fusion; puis, avec une vitesse analogue à celle d’un projectile et avec une légère déviation de la verticale vers le sud-sud-est, il a paru s’abattre sur le sol en se fractionnant en plusieurs gros éclats. On n’a entendu aucune explosion ; mais il faut dire que la personne qui a communiqué cette observation à M. Chassenon était en voiture, et qu’à cet instant la voiture roulait sur des cailloux. M. Chassenon ne doute pas, d’après les détails circonstanciés qui lui ont été transmis, qu’il ne soit très-facile de retrouver le point précis où le bolide a paru tomber, et qu’en faisant des recherches on n’en trouvât les débris.” Source : L’Institut du 20 janvier 1842.

Vers 1841, aux environs de Beaune (Côte-d’Or). “M. Arago rappelle que les journaux ont parlé, il y a quelques mois, de la chute d’un autre aérolithe qui aurait été observée dans les environs de Beaune,
et demande s’il ne conviendrait pas de faire à ce
sujet des démarches semblables à celles dont vient
de parler M. Cordier. Un employé du télégraphe
a, dit-on, recueilli des fragments de cette pierre
météorique, et pourrait probablement mettre sur la
voie pour des recherches ultérieures.” Source :
Comptes-rendus des séances de l’Académie des
Sciences, séance du 21 juin 1841.

1842, 5 janvier, 10h30, Peyregous (Tarn). On peut
lire dans le Journal de Vienne du 8 janvier 1842 :
“On lit dans le Castrais : Mercredi dernier, vers les
dix heures et demie du matin, une explosion se
fit entendre tout-à-coup, semblable à un violent coup
de tonnerre, à la suite de laquelle il est tombé plusieurs
aérolithes dans les environs de Peyregous, sur la
route de Castres à Albi. Le phénomène atmosphérique
s’est ensuite prolongé, comme une traînée, jusqu’au-
delà de la Montagne-Noire, sans nouvelles chûtes de pierres, sans éclairs, sans déchirements de nuages.”

1842, 9 février, Agen (Lot-et-Garonne), Toulouse (Haute-Garonne), Pau (Pyrénées-Atlantiques). “Le météore lumineux qui s’est montré au-dessus de Toulouse dans la soirée du 9, a été aussi visible dans plusieurs autres contrées. On écrit de Pau : Mercredi, 9 février, à 6 heures 3/4 du soir, un météore lumineux a paru dans le ciel, au midi entre Orion et les Gémaux ; il a sillonné l’espace de l’est à l’ouest ; le trajet a duré 2 secondes environ ; le corps luminenx était de la grandeur apparente d’un boulet de canon ; la journée avait été très-chaude.” Source : Journal de Toulouse du 12 février 1842.
***
“Annonce d’un météore lumineux observé à Agen le 9 février au soir. Extrait d’une Lettre de M. de Saint-Amans, officier en retraite, communiquée par M. Biot. Je me promenais hier au soir, 9 février, du nord-est au sud-est ; sur nos boulevards extérieurs, quand tout-à-coup mes yeux furent frappés, vers 7 heures 45 minutes, d’une grande lumière ne voyant devant moi rien qui pût en être la cause, je me retournai vivement et j’aperçus alors dans le ciel un corps lumineux bleuâtre, de forme elliptique, d’à peu près trois mètres en apparence sur son grand axe, et d’un peu moins sur son petit. Le météore passa lentement à ma vue, de l’est à l’ouest, dans une région assez élevée ; j’attendais une explosion, mais le plus petit bruit ne se fit point entendre, et ce corps igné alla se perdre, en apparence du moins, après 9 ou 10 secondes environ, dans un nuage grisâtre qui bordait à l’ouest notre horizon. Toute la journée du 9 avait été chaude pour la saison. Un vent d’est assez violent avait soufflé pendant tout le jour et jusqu’à l’approche du soir ; mais il se faisait à peine sentir quand le météore parut.” Source : Comptes rendus des
séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 14, 1842.
***
“M. Biot transmet l’annonce d’un météore lumineux qui a été observé à Agen le 9 février dernier. L’observation a été faite par M. de Saint-Amand, officier supérieur en retraite, dont la lettre porte en résumé ce qui suit : Vers 7h 45m on vit apparaître un corps lumineux bleuâtre, de forme elliptique, ayant à peu près 3 mètres en apparence sur son grand axe et un peu moins sur son petit. Ce météore se dirigeait lentement de l’est à l’ouest dans une régiou assez élevée. Il n’y eut aucune explosion. Sa durée ne fut que de 9 à 10 secondes environ. Ce météore a été vu aussi à Toulouse.” Source : L’Institut du 17 février 1842.

1842, 12 juin, Toulon (Var). “Un phénomène météorique, présentant des ressemblances avec la pièce d’artifice nommée chandelle romaine, a été vu à Toulon, le 12 juin 1842, vers 8h. du soir, par deux fois différentes, aux environs du zénith. Un bruit semblable à la détonation de la chandelle romaine accompagna chaque explosion du météore, qui deux fois éclata en se divisant en deux parties formant chacune un petit météore.” Source : Bulletin de l’Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, t. 10, 2e partie, p. 15, 1843.

1842, 11 juillet, 21 h 10, Paris. Un météore est observé par M. Lance. Ce dernier relate son observation dans une lettre adressée à M. Arago :
“Ce soir, à neuf heures dix minutes, j’ai pu observer de l’une des fenêtres de la maison que j’habite dans la
plaine de Passy, un météore enflammé suspendu à 2 ou 3° au-dessus de l’horizon, dans la direction de l’ouest-nord-ouest. Ce corps avait la forme d’une
poire renversée ; il était très lumineux et paraissait
à peu près immobile. Après trois ou quatre minutes
d’observation, je vis sa forme s’altérer, son
extrémité inférieure se fondre pour ainsi dire, et
présenter ensuite une forme détachée, à peu près
circulaire, qui s’annexa bientôt à la masse principale.
Enfin les matières enflammées se déplacèrent,
pâlirent, puis se rapprochèrent pour prendre la
forme d’un beau croissant, un peu moins brillant,
mais cinq ou six fois plus grand que celui de la Lune
dans son premier quartier. Ce croissant se montra
environ deux minutes, puis descendit insensiblement
se cacher derrière le mont Valérien.” Source :
Comptes rendus des séances de l’Académie des
sciences de Paris, tome 15, 1842.
***
“M. Lance donne les détails suivants sur un météore dont il a été témoin le 11 juillet à 9h 10’ du soir : il était placé à l’une des fenêtres de sa maison, sise plaine de Passy. Il vit un metéore enflammé suspendu à deux ou trois degrés au-dessus de l’horizon, dans la direction de l’ouest-nord-ouest : après trois ou quatre minutes, ce météore, qui était presque immobile et très-lumineux, perdit sa forme conique, à base tournée en haut : l’extrémité inférieure se fendit, devint circulaire et s’annexa bientôt à la masse principale. Enfin, les matières enflammées se déplacèrent, pâlirent, se rapprochèrent, prirent la forme d’un beau croissant, un peu moins brillant, mais cinq ou six fois plus grand que celui de la lune dans son premier quartier. Ce croissant se montra environ deux minutes, puis descendit insensiblement se cacher derrière le Mont-Valérien.
M. Babinet fait observer que si le croissant indiquait que le météore était lumineux, comme la lune, seulement dans la moitié de la surface, le fait serait curieux et indiquerait un manque complet de rotation dans le météore. Un corps rond, lumineux dans une moitié de sa surface, vu obliquement, offre un croissant d’autant plus aigu, que l’œil est plus près d’être vis-à-vis de la partie obscure du corps, comme la lune dans la nouvelle lune.” Source : L’Institut du 21 juillet 1842.

1842, 12 août, Grand-Lemps (Isère). “Sur un météore lumineux observé au Grand-Lemps (Isère), le 12 août 1842. - Extrait d’une Lettre de M. Bourdot à M. Arago.
La communication que vous a faite M. Marcel de Serres, sur l’apparition d’un météore dans les environs de Montpellier, et dont vous avez entretenu l’Académie dans sa séance du 6 août, nous engage à vous en faire une du même genre, qui ne nous paraît pas d’un moindre intérêt. Nous avons pu d’autant mieux observer ce phénomène, qu’il est apparu dans une région du ciel où je cherchais quelques étoiles, avec deux de mes amis. C’était au Grand-Lemps (Isère), le 12 août, à 9 heures environ du soir. Le météore a pris naissance à 2° environ au-delà de l’étoile polaire, à peu près dans le prolongement de la droite qui joint cette étoile à ε de la petite Ourse. Il a suivi cette direction en s’avançant du nord-est au sud-ouest, sensiblement en ligne droite inclinée vers le sud de 20 à 3o° à l’horizon. Il a passé à 10 ou 15’ environ à l’est de l’étoile polaire et à 15 ou 20’ à l’est, de la petite Ourse. Sa lumière, d’abord faible et assez semblable à celle d’une étoile filante ordinaire, a augmenté ensuite rapidement d’intensité jusqu’à 4 ou 5% au nord de ε de la petite Ourse, où le météore a éclaté sans bruit comme une fusée, et s’est épanoui comme une étoile d’artifice de 15’ environ de diamètre, en développant les plus belles couleurs bleues et rouges; mais il n’a point encore disparu : il a repris sa teinte blanchâtre, a diminué d’intensité en continuant sa marche, et est allé s’éteindre à 3° environ au sud de ε de la petite Ourse. La durée du trajet a été de 5 à 6”. Mais il a laissé sur tout son passage une trace lumineuse dont la largeur et l’intensité diminuaient de part et d’autre du point où il a éclaté, et où elle avait environ 8 ou 10’ de large. Cette trace d’une lueur phosphorique a persisté pendant 24 à 25’, en diminuant progressivement d’intensité. La partie où le météore a éclaté a été la dernière à disparaître. La persistance de cette trace et la manière dont elle a disparu ne permettent pas de penser qu’elle puisse
être une illusion d’optique. La longueur et la durée du trajet semblent indiquer que la hauteur du météore n’était pas très-considérable ; cependant je ne doute pas qu’il n’ait été visible à une grande distance: il était d’ailleurs si remarquable, qu’on n’a pas pu le confondre, avec les étoiles filantes ordinaires. J’espère donc que nous n’aurons pas été les seuls assez heureux pour avoir pu l’observer et déterminer deux des principales étoiles auprès desquelles il a passé ; et s’il a pu être observé ailleurs aussi bien qu’ici, quelque incomplètes que soient ces observations, elles pourraient amener la découverte de quelques éléments importants qui ont jusqu’ici échappé à toute investigation, tels que la hauteur approximative de la région où s’est passé le phénomène.
P. S. Le ciel était très-pur et la température assez
chaude.” Source : Comptes rendus des séances de l’Académie des sciences de Paris, tome 15, 1842.

1842, 27 août, Douai (Nord). “Samedi, vers huit heures du soir, des personnes qui se trouvaient sur la Brayette aperçurent en l’air un météore lumineux. Sa forme était celle d’une croix de trois à quatre pieds de longueur. Sa lumière, d’un éclat très-vif, était tantôt jaune et tantôt rougeâtre. Au bout d’un quart d’heure, il prit la forme d’un globe et disparut bientôt après.” Source : Gazette de Metz et de Lorraine du 1er septembre 1842.

1842, en novembre, à proximité de Paris. “M. Arago a raconté que, se trouvant, en novembre dernier, dans une maison de campagne peu éloignée de Paris, il fut, consulté par le maire de la commune pour savoir s’il regardait comme possible que l’incendie d’une meule de blé eût pu être occasionné par la chute d’un bolide enflammé, plusieurs enfans jouant près de cette meule, ayant déposé d’une manière positive qu’ils avaient vu une étoile filante tomber sur cette meule et lui communiquer le feu immédiatement. M. Arago n’hésita pas à affirmer la possibilité de ce fait singulier. Son opinion, jointe aux dires circonstanciés des enfans, engagea l’autorité à suspendre des recherches entreprises contre quelques personnes mal famées dans le pays, mais que rien cependant ne portait à accuser.” Source : Le Constitutionnel du 27 janvier 1843.

1842, 5 décembre, Epinal (Vosges) et Nancy
(Meurthe-et-Moselle). Au petit matin, des témoins affirment avoir vu un bolide éclater en trois parties
en pleine nuit au-dessus d’Epinal.
L’Aube (un quotidien du département du même nom) publie cet article le 15 décembre 1842 : “Lundi dernier, à six heures un quart du matin, un météore igné est apparu au sud-ouest de Nancy. Pendant quelques instants, l’horizon a été sillonné par une lumière éblouisante; on aurait cru qu’nn immense incendie éclatait sur plusieurs points A la fois. Après la disparition du mé-téore, un bruit semblable au roulement du tonnerre s’est fait entendre. Ce phénomène a été également remarqué à Epinal; il s’est fait voir pendant quelques secondes au- dessus des montagnes des Vosges, dans la direction du sud-est, et s’est dissipé en lames de feu.”
***
“On lit dans le Courrier de Sancy :
« Un phénomène atmosphérique qu’on a remarqué dans nos régions parait s’être reproduit sur divers points des départemens, de la Meurthe et des Vosges. Voici ce qu’on nous écrit des environs de Badonvillers :
« Entre six et sept heures du matin, une détonation assez semblable au bruit du tonnerre, s’est fait entendre tout à coup. Il nous semblait qu’une maison s’écroulait avec fracas, et nous croyons même avoir ressenti une secousse, lorsque nous aperçumes dans l’air un corps lumineux qui descendait assez lentement vers la terre. Le temps était parfaitement calme, et aucun nuage ne paraissait à l’horizon. Nous apprenons que le meme phénomène a été remarqué dans plusieurs communes du canton de Baccarat.” Source : La Quotidienne du 23 décembre 1842.
***
“Le 5 décembre, à 5 heures 1/2 du matin, un météore lumineux a été vu parcourant le ciel dans la direction de l’ouest à l’est ; son passage a été marqué dans le canton de Mirecourt et partie de celui de Dompaire par une vive lumière ; plusieurs détonations successives ont été entendues avec tant de force qu’on a cru, légèrement peut-être, que ce corps était tombé, soit près de Mirecourt, soit sur le territoire d’Epinal, soit près de Châtel ; le même corps a été aperçu près de Châtenois, de Baccarat, à Nancy, etc.” Source : Annuaire statistique et administratif des Vosges pour 1843.
Après neuf années de recherche, M. Guéry, un habitant d’Epinal, découvre le 7 juillet 1851
une masse “ferreuse” sur la colline de l’Eaufromont. Il semble que ce soit un résidu de fonderie...
M. Guéry transmet ensuite un rapport à la Société d’Emulation des Vosges, que voici, publié dans les
Comptes Rendus des séances de l’Académie
des Sciences (tome 15, 1842) que voici : “Physique du globe -
Note sur une masse de fer météorique trouvée près d’Epinal, le 7 juillet 1851 ; par M. Guery (Transmise par M. Haxo, Secrétaire perpétuel de la Société d’Emulation du département des Vosges.)
Le 5 décembre 1842, vers cinq heures et demie du
matin, une vive lumière se fit remarquer au sud-
ouest d’Epinal. Immédiatement après, on entendit au
loin un bruit sourd qui dura quelques secondes, et
que l’on peut comparer aux décharges successives
de plusieurs pièces d’artillerie. Aussitôt, on remarqua
sur les hauteurs de Saint-Antoine un immense globe
de feu très éclatant, qui se divisa en trois
parties principales. L’une des ces parties alla tomber
entre les maisons du Sauf-le-Cerf et sembla rouler
sur un pré situé à droite du chemin qui conduit
à Dogneville. Une autre portion se divisa et tomba
comme une pluie de feu sur la ville d’Epinal,
particulièrement sur la place de l’Atre. La troisième
partie, qui était la plus dense et dont je vis la chute,
se dirigea comme un trait de feu sur la côte de l’Eaufromont et atteignit la terre à moitié de la hauteur de cette côte sur le versant qui regarde la Moselle.
Pour de plus amples renseignements, je me transportai près des personnes qui avaient été témoins oculaires du météore. J’explorai d’abord Epinal. Les personnes qui avaient presque été atteintes par les fragments enflammés me montrèrent du doigt la place où ils étaient tombés ; mais, malgré la plus grande attention, je n’y trouvai rien de remarquable. Ces personnes, cependant, m’assurèrent que, s’étant approchées de ces fragments enflammés, elles aperçurent, lorsqu’ils furent éteints, une petite quantité de cendre grisâtre, peu différente
du sable qui entoure les pavés de la ville.
Vers les trois heures de l’après-midi, je me
dirigeai sur le Saut-le-Cerf, qui est à une demi-lieue de la ville, accompagné de M. Saladin, conseiller à la
Cour de Nancy, qui présidait alors les Assises à
Epinal. Mais, malgré les indices les plus précis et les recherches les plus minutieuses, nous ne trouvâmes aucune trace du phénomène. Le peu de succès de ces recherches ne me rebuta pas. Le lendemain, je
parcourus l’Eaufromont dans tous les sens, je pris
des informations exactes sur la chute de l’aérolithe,
et cependant mes recherches, dans cette localité,
furent aussi infructueuses que dans les autres.
Toutefois, je ne perdis pas de vue ce qui m’intéressait à un haut degré, et, pendant plusieurs années, je continuai mes investigations sur l’Eaufromont. Enfin, le 7 juillet 1851, je trouvai, à mi-côté sur le chemin qui sépare les deux mamelons de l’Eaufromont, une masse de fer qui me sembla de prime abord devoir être une scorie. Cette masse se trouvait parmi les pierres rejetées sur le chemin par les cultivateurs des
environs : cependant un examen plus attentif me fit reconnaître que cette espèce de fer oxydé n’était pas une scorie, et qu’elle présentait, comme on le pourra reconnaître par la description que j’en vais donner, la plupart des caractères des aérolithes métalliques ; il
devient dès lors probable qu’elle provient de la chute du météore qui a éclaté sur Epinal et ses environs le
5 décembre 1842.
Aspect général. Masse ferrugineuse, dont la partie supérieure est convexe et la partie inférieure concave. Cette masse présente des portions lisses, dures à la lime et difficilement attaquables par le burin. D’autres parties sont caverneuses, contournées et oxydées. Elle a une influence marquée sur le barreau aimanté suspendu à un fil à la distance de 15 centimètres. A la distance de 10 centimètres, elle attire le barreau, pour y adhérer fortement
et pour ne s’en séparer ensuite qu’à la distance de 20 centimètres.
Poids primitif : 843 grammes. (Nota : Plusieurs fragments de la surface ayant été détachés, le poids actuel est réduit à 755 grammes).
Diamètre 10 centimètres. Hauteur : 5 cm. Pesanteur spécifique : 5,23.
Partie supérieure. On remarque sur cette partie, çà et là, des faisceaux d’une substance ferrugineuse bleuâtre, formant des stries parallèles. Un de ces faisceaux ayant été brisé par le milieu, on reconnaît sur la tranche, à la loupe, des vacuoles profondes, semblables à des alvéoles arrondies, séparées les unes des autres par la substance métallique, et disposées sur huit lignes parallèles dans le sens des stries brisées. On aperçoit ailleurs une réunion de
petits mamelons très-brillants, d’un brun olivâtre, qui paraissent avoir été grillés par une forte chaleur. On voit au sommet de la masse une substance terreuse de couleur jaune-orangé assez vive. On remarque sur le bord et dans l’intérieur des cavernes des parties, les unes vertes, les autres d’un rouge brun foncé tirant sur le violet, et qui paraissent être colorées par le chrome.
Partie inférieure. Cette partie, qui est concave,
s’est moulée sur le terrain où elle est tombée. La chaleur dont ce corps était pénétré a
forcé le sable qui était en contact avec cette partie d’y adhérer fortement ; et, au moyen de la loupe, on voit clairement des grains de quartz réunis dans une substance terreuse, mêlée d’un oxyde de fer jaune-brun. Sur cette face, on remarque encore de petits amas saillants d’un aspect métallique d’un gris de plomb clair, dont la substance est facilement entamée par la
lime. (Je soupçonne de nickel)
Enfin, on voit aussi de ces colorations en vert et en brun dont j’ai parlé plus haut, et de petits corps lisses et très-brillants, qui paraissent avoir été vitrifiés par la chaleur et ont l’aspect
du péridot.
A la note est jointe une boîte contenant des fragments du corps trouvé à l’Eaufromont. Messieurs Cordier, Berthier, Babinet sont invités à en faire l’examen.”
L’heure à laquelle fut observé le phénomène est située à 6 h 30 du matin ; l’extrait ci-dessus indique faussement 5 h 30.
***
On trouve encore un rapport à ce sujet dans les Comptes rendus des Séances de l’Académie des Sciences de Paris, t. 15, 1842 : “Extrait d’une
Lettre de M. VUILLEMAIN à M. Arago.
Epinal, 5 décembre. Ce matin, à 6 heures 30 minutes, au moment où le jour commençait à poindre à l’horizon, par un ciel pur, illuminé d’étoiles étincelantes, le thermomètre centigrade marquant 6° au-dessous de zéro, une grande clarté assez semblable à celle que produirait un éclair rapproché, mais plus persistante et plus vive, a tout à coup enflammé le ciel de ses lueurs resplendissantes. J’étais sur une route à 2 kilomètres d’Epinal, sur un point très-élevé, et par conséquent bien placé pour observer les diverses phases qu’allait présenter ce singulier phénomène. Cette clarté éteinte, 2 minutes se sont écoulées, puis un grand bruit s’est fait entendre au-dessus de ma tête. Ce bruit était aussi fort que celui du tonnerre éclatant avec force, 4 ou 5 secondes après que l’éclair a frappé nos yeux ;
seulement il était continu et sans saccades. Comprenant qu’un aérolithe approchait de la terre, j’ai vivement élevé les yeux au ciel ; mais sans doute que le météore s’était éteint subitement après s’être enflammé en entrant dans notre atmosphère, car il était impossible de rien voir. On pouvait suivre cependant avec facilité la direction du bruit : il se dirigeait du sud au nord; son intensité a insensiblement diminué, et, après avoir persisté pendant 30 secondes environ, il a cessé tout à fait, semblable au bruit lointain d’une voiture qui s’éloigne, roulant sur un pavé. Il est assez difficile de préciser le lieu où cet aérolithe a touché la terre ;
toutefois il est permis de croire qu’il sera bientôt découvert ; car, si l’on en juge par le bruit qu’il faisait en passant dans les airs, il doit avoir eu un volume considérable. Si vous pensiez, monsieur, qu’il fût important de posséder tout ou partie de cet aérolithe, je m’empresserais de diriger et de faire diriger des recherches dans différentes localités : j’espère qu’elles ne resteraient pas sans résultat. Plus de 500 habitants à Épinal
ont été éblouis par la clarté et ont entendu un grand bruit dans les airs. Un grand nombre d’autres ont été éveillés dans leur lit par un roulement formidable qu’ils ont attribué au tonnerre, mais cette supposition est inadmissible.
P. S. Des porteurs de lait m’annoncent à l’instant avoir vu tomber à 2 kilomètres d’Épinal, dans une propriété qu’ils ont désignée, une grande boule de feu qu’ils ont cru être le tonnerre. Je vais me mettre en chasse, et si je suis assez heureux pour me procurer quelque fragment d’aérolithe, ce sera
pour moi un bonheur de vous les adresser.”
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“Les météores de la classe de celui qui est le sujet de cette notice sont sans doute plus nombreux qu’on ne le croit ; car, le 5 décembre 1842, une observation fort analogue a été faite à Nancy et aux environs de cette ville par plusieurs personnes, qui ont unanimement déclaré avoir observé, le jour que nous indiquons, l’apparition d’un corps lumineux qui a répandu un grand éclat et qui a offert une bande lumineuse dirigée du nord-ouest au sud-est. Sa largeur était d’environ un demi-mètre, bordée de flammes tremblottantes qui ont duré quatre à cinq secondes. D’après les renseignements recueillis par M. Gaiffe, opticien à Nancy, l’apparition a été subite ; mais l’éclat n’a diminué que lentement. Cet éclat et l’élévation dans l’atmosphère paraissent se rapprocher des circonstances du phénomène du 4 mai, les mêmes observations ayant été exactement faites à Saint-Dié, à Nancy et Rembervillers.”
Source : Mémoires de la Société royale des sciences, lettres et arts de Nancy, 1844.

1842, Clavaux (Isère). Deux fillettes virent des pierres
tomber autour d’elles. Les pierres tombaient avec une
lenteur étrange. Les enfants coururent à la maison
familiale et revinrent sur place avec leurs parents. Les pierres tombaient encore, toujours avec la même
lenteur étonnante. Puis, une sorte de courant ascendant -
un tourbillon - aspira les deux fillettes qui furent
soulevées mais leur parents purent grâce à la rapidité
de leurs réflexes, les retenir à la dernière seconde pour
les empêcher d’être emportées Dieu sait où. Les parents
n’ont pas été concernés par le phénomène
d’aspiration. Il s’agit vraisemblablement d’une tornade et non de la chute de météorites.

1843, 16 janvier, Rodez (Aveyron). “On lit dans le Journal de l’Aveyron : Lundi dernier, 16 du courant, vers les neuf heures et demie du soir, pendant que des tourbillons de neige chassés par un vent violent du nord interceptaient entièrement la vue du ciel, la ville de Rodez a été subitement illuminée d’une vive clarté qui a duré une ou deux secondes. Elle a été accompagnée d’une forte détonation, semblable à celle que produirait l’explosion d’un magasin à poudre. Ce bruit et cette clarté, qui ont effrayé plus d’une personne, ont paru différer des effets ordinaires de la foudre, d’ailleurs si rares en cette saison. Les circonstances que nous venons de faire connaître s’accordent avec celles de la chute d’une aérolithe. Cependant la durée de la clarté n’a pas été telle qu’on ne puisse également l’attribuer à un phénomène électrique, avec d’autant plus de raison qu’il y a peu de jours encore la foudre est aussi tombée dans les environs de Paris et a frappé un individu, ce qui prouve que de pareils faits sont de nature à se produire, même dans la saison où nous sommes. Si quelque circonstance, comme la découverte de quelque résidu pierreux, venait à dissiper le doute qu’il est permis d’élever sur la cause du phénomène de lundi au soir, nous aurions soin d’en faire mention.” Source : Bulletin d’Espaüon, 21 janvier 1843.

1843, 11 mars, entre Pau et Thèze (Pyrénées-Atlantiques). “On lit dans l’Observateur des
Pyrénées : Samedi dernier, 11 mars, trois personnes se
rendant de Pau à Thèze, ont aperçu, à six heures 35 minutes, dans la direction de l’ouest, un globe de feu tombant verticalement. Malgré l’éclat que répandait la lune, la lumière de cet aérolithe était des plus vives ; peu d’instans avant de disparaître, il
s’était partagé en deux gros fragmens.” Source : Le Commerce du 19 mars 1843.

1843, 14 avril, Saint-Malo (Ille et Vilaine). “On écrit de Saint-Malo : Vendredi soir, entre huit et neuf heures, nous avons aperçu un brillant météore parcourant l’espace avec une vitesse presque incommensurable. Après s’être dirigé de l’ouest à l’est, et avoir parcouru environ la moitié du ciel, il s’est éteint subitement, ou a disparu au-dessus des nuages. Sa clarté était telle que les appartements les plus obscurs ont été subitement éclairés comme en plein jour; sa lumière se faisait même apercevoir dans les chambres les mieux éclairées.” Source : L’Espérance, courrier de Nancy du 22 avril 1843.

1843, 4 ou 5 mai, en France et en Belgique. “On écrit de Beauregard (Haute-Saône) : Dans la nuit du 3 au 4 de ce mois, à deux heures du matin, un corps lumineux d’environ trois pièces de diamètre, de forme cylindrique et allongée, a été aperçu sur un espace de plus de dix lieues, et a jeté l’épouvante parmi les populations sur lesquelles il est passé. Il marchait avec une effrayante rapidité, brillait comme le soleil, faisait entendre des détonnations tantôt éclatantes, tantôt des bruits sourds comme une masse qui s’écroule, flamboyait et lançait des éclairs, se dirigeant du nord au sud. Il a été vu à Bourbonne-les-Bains, à Melay, où il a mis le feu à une tuilerie. Toujours avec le même fracas, il a rasé le village de Baulay, et n’étant plus qu’à quelques mètres de hauteur, il a paru s’enfoncer dans la forêt Baslière, à trois cents pas de la ferme de Beauregard.” Source : Le Constitutionnel du 10 mai 1843.
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“Dans la nuit du 4 au 5 de ce mois, à deux heures du matin, un météore lumineux, semblable à un globe de feu de cinq ou six pouces de diamètre, est tombé, par un temps fort calme, sur le village de Melin, canton de Combeaufontaine. Plusieurs personnes du lieu et des localités voisines ont parfaitement vu ce météore, dont la chute était accompagnée d’un grand bruit. Il venait à peine de tomber sur la maison de la veuve Alexandre, qu’une gerbe de flammes s’est élevée du toit de cette habitation, qui a été promptement consumée, malgré d’actifs secours, ainsi que celle du sieur Antoine Grapin. Parmi les
personnes qui sont arrivées les premières sur le théâtre du sinistre et dont le dévouement a été le plus utile, on cite
M. Rivière, sous-inspecteur des forêts, et M. Thouvenin, garde général, qui se trouvaient en tournée à Melin ;
le menuisier Joseph Multon, ainsi que le sieur Antoine Olivier jeune, et le sieur Dalot, charpentier à Gourgeon. La perte totale est évaluée à 3,000 fr.” Source : Journal
de la Haute-Saône du 11 mai 1843.
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“Le Journal de la Meurthe vient d’entretenir ses lecteurs de l’apparition d’un météore dans la nuit du 4 mai : Ce phénomène a été visible sur la route de Nancy à Metz. Or, dans la nuit même, et pour ainsi dire à la même heure, les habitans de Domèvre-sur-Vezouze ont été réveillés par une commotion subite qui a ébranlé leurs maisons et qui leur a fait craindre un tremblement de terre. La secousse a duré quelques secondes et a été produite, selon toutes les suppositions les plus vraisemblables, par l’explosion d’un globe enflammé qui est tombé dans le voisinage. Vers deux heures du malin, la diligence de Strasbourg précipitait sa course rapide sur la route de Blâmont à Lunéville; tous les voyageurs ont été éblouis par une clarté subite qui a effrayé les chevaux; un météore immense parcourait les régions supérieures à une faible distance de la terre; le ciel avait paru s’entr’ouvrir, et plusieurs jeunes gens qui avaient devancé pédestrement la voiture, étaient saisis d’une si grande frayeur, qu’ils n’osaient plus continuer leur marche nocturne. Il serait curieux de constater par les investigations de la science si le phénomène qui a brillé un instant sur la route de Metz est le même qui a effrayé le village de Domèvre, et ce qu’il faut penser des causes ou de la nature de ces prodiges célestes qui deviennent si fréquents aujourd’hui.” Source : Gazette de Metz et de Lorraine du 13 mai 1843.
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“Dès les premiers jours, après son retour de Paris à Nancy (27 mai), M. le docteur de Haldat, fit insérer dans les journaux du département, adressa aux professeurs de physique des collèges communaux et à plusieurs personnes qui lui avaient été indiquées dans l’arrondissement de Nancy et des arrondissements circonvoisins, une lettre par laquelle il les invitait à lui fournir sur le météore qui avait eu lieu le 4 mai, les renseignements qu’ils croiraient propres à satisfaire un vœu exprimé par l’Académie des sciences de l’institut.
Comme à l’heure où il a paru, il est peu de personnes dans nos villes de province et dans nos campagnes, qui ne soient livrées au sommeil, le nombre des observateurs n’a pu être que fort limité, et malheureusement encore un très-petit nombre parmi ces personnes possédait les connaissances nécessaires pour l’observer avec fruit. Cependant, au moyen des détails recueillis par M. le docteur Simonin père, par M. l’abbé Morquin, professeur de physique à Saint-Dié, et surtout d’après une lettre de M. François, maire de Rouves près de Nomeny, à 28 kilomètres de Nancy, qui a été témoin du phénomène et l’a suivi avec soin ; enfin, d’après les renseignements obtenus de plusieurs témoins qui ont été interrogés, on a constaté les faits qui suivent.
Le 3 mai 1843, le ciel fut nébuleux pendant le jour ; la hauteur du baromètre était de 734 millièmes, la température moyenne + 10° 1/4 ; le vent venait de l’ouest. Vers le soir, le ciel s’éclaircit, devint serein et se maintint le même pendant toute la soirée.
Tel était l’état des choses quand le lendemain, 4, à deux heures ou deux heures et quart, apparut subitement une lumière si éclatante, qu’elle attira l’attention de toutes les personnes alors éveillées, soit qu’elles fussent en situation d’en recevoir directement ou indirectement les rayons ; elle frappa de terreur plusieurs d’entre elles, en réveilla d’autres et effraya tellement les chevaux d’une voiture publique venant de Metz, qu’elle fut entraînée dans la berge, où elle versa entre Pont-à-Mousson et Nancy. Une voiture particulière, venant de Sarrebourg, faillit éprouver un accident semblable. L’éclat du météore, source de celte immense lumière, dût être bien intense, puisque les détails donnés sur sa splendeur par des observateurs éloignés de quatre-vingts kilomètres, ne présentent aucune différence appréciable. M. le maire de Rouves à huit kilomètres de Nomeny et l’abbé Morquin à Saint-Dié, le comparent l’un et l’autre au soleil à midi, dans les beaux jours du printemps. Plusieurs personnes réveillées par cet éclat subit ont déclaré avoir momentanément distingué tous les meubles de leur appartement, ceux mêmes de petit volume, et un postillon a dit avoir reconnu tous les chevaux d’une écurie qui en contenait vingt-cinq et qui a 22 mètres de longueur. Cet éclat prodigieux parait avoir duré trois à quatre secondes, sans diminution.
L’étendue du météore a été estimée de quatre à cinq mètres en longueur, et de trois à quatre en largeur ; sa forme apparente était celle d’une ellipse dont le grand axe était dirigé de l’ouest à l’est. Son milieu, dit M. François,formait une bande uniforme très-brillante, qu’il compare à l’éclair électrique ; la longueur de la bande était moindre que le grand diamètre de l’ellipse lumineuse, et il attribue à cette bande une largeur de douze centimètres. Elle était environnée de gerbes de flammes continues, mêlées de rouge et de jaune. Il compare encore le milieu du météore à du verre en fusion, et le contour a une poutre brûlant avec éclat. La marche horizontale en apparence était dirigée de l’ouest à l’est, et assez lente pour ne parcourir qu’un kilomètre par minute. Elle en avait employé deux pour franchir l’intervalle qui sépare le village de Clémery de la petite ville de Nomeny, au sud de laquelle il a passé.
Les rapports sur l’origine du météore ne sont pas concordants. Quelques personnes asurent avoir entendu une explosion, des bruits sourds ou éclatants avant son apparition. Quoi que le fait soit contesté, cependant les circonstances rapportées par celles qui déclarent avoir oui du bruit, méritent confiance.
La couche atmosphérique parcourue par le météore pourrait être déterminée approximativement, si les observations étaient plus précises et si elles avaient été faites simultanément en des lieux plus distants les uns des autres que ne le sont ceux d’où sont parvenus les rapports. Dans l’impossibilité d’employer d’autres moyens, nous trouvons une approximation qui nous parait admissible, en prenant en considération la distance de Saint-Dié à Nomeny, et la hauteur des Vosges, qui est de 1400 mètres environ. Comme de Nomeny ou des environs de Nancy on aperçoit les sommets des hautes Vosges, nous pensons que l’élévation du météore observé de ces deux points en même temps, ne peut guère être estimée au-dessous de 600 à 700 mètres ; ce que confirment d’autres distances de 200 kilomètres ou 50 lieues d’où il a été aperçu selon quelques rapports.
L’observateur qui nous a fourni le plus de détails, M. François, croit avoir reconnu une augmentation sensible de température de l’air après l’apparition ; température qui aurait subsisté pendant une heure. [...] Postérieurement aux renseignements principaux recueillis sur notre météore, on a acquis la certitude qu’il avait aussi été observé aux environs de Verdun et de Vesoul.” Source : Mémoires de la Société royale des sciences, lettres et arts de Nancy, 1844.
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“On lit dans le Journal de la Meurthe (Nancy) : un globe de feu de trois à quatre mètres d’étendue a, vers deux heures du matin, le 4 mai, parcouru le ciel de l’ouest à l’est. Cet immense météore était d’une incandescence telle, que les habitants des campagnes, qui ont été témoins de ce spectacle extraordinaire, en étaient si effrayés, que beaucoup croyaient qu’ils allaient être détruits par ce phénomène céleste. Le météore paraissait tout au plus à trente mètres au-dessus du sol ; sa marche était assez lente, car il ne parcourait guère qu’un kilomètre par minute. On prétend que son apparition a été précédée d’une détonation électrique. Les chevaux de la diligence de Metz à Nancy en ont été si effrayés qu’ils ont entraîné la voiture dans la berge, où elle a versé. Il n’en est résulté, fort heureusement, aucun accident. Au lever du soleil , un autre phénomène a également été remarqué; cet astre, entouré de quelques nuages, semblait avoir trois corps ,et un arc-en-ciel nuancé de vives couleurs le précédait à l’horizon.
L’Ami de la Charte , journal du Puy-de- Dôme , signale le même météore, qui a été vu de Clermont à quatre heures quarante-cinq minutes du matin.
Un phénomène semblable a été observé en Belgique.” Source : L’Indépendant de la Moselle du 15 mai 1843.

1843, juin, Aveyron. On peut lire dans la Notice géologique sur le département de l’Aveyron, écrit par
Marcel de Serres en 1844 : “Avant de terminer ces
observations, nous ferons observer qu’en 1845 et
1844, plusieurs aérolithes de dimensions assez
considérables, sont tombés dans diverses localités
de l’Aveyron. Nous avons sous les yeux des fragments
de l’un de ces aérolithes, recueillis en juin 1843 dans
les environs de Séverac-le-Château près Millau. Ses caractères extérieurs ont les plus grands rapports avec l’aérolithe tombé quelques années auparavant à Juvinas, dans le département de l’Ardèche. Tous deux sont revêtus d’une croûte noirâtre, luisante et frittée, qui paraît être le résultat d’une véritable
fusion. L’intérieur, d’un aspect grisâtre, est parsemé
de points brillants métalliques qui se rapportent
au fer et au manganèse. L’un et l’autre de ces
aérolithes sont formés de silice, de fer, de
manganèse, auxquels s’associent la chaux, la magnésie, le soufre, le chrome, le cuivre et la potasse.”

1843, en été, vers Bourdeaux (Drôme). “Mme veuve Cavet me raconte ceci. - Vers la fin de l’été 1843, m’étant couchée un soir sans lumière, parce qu’il faisait un clair de lune magnifique, dont la clarté m’était renvoyée par la muraille blanche qui la recevait en face de ma fenêtre, je m’endormis profondément, et il sonna deux heures lorsque je m’éveillai. La clarté que me renvoyait la muraille blanche était alors bien plus vive que celle de la lune ; je voyais cependant que ce ne pouvait être celle d’un incendie, car elle était calme et éclatante comme celle du jour. Je passai une jupe et j’allai sur le balcon. Je vis alors que cette clarté ne venait pas de la lune, qui brillait bien toujours, mais presque effacée par ce nouveau foyer de lumière. Ce foyer était une sorte de nuage ovale, ayant la forme d’un œuf, qui semblait posé en long sur la ligne culminante du Couspeau (au nord-est). Il était fondu par les bords dans un ciel parfaitement serein, mais tout lumineux, et l’on ne pouvait y fixer longtemps le regard sans en être ébloui. Il restait immobile et sans varier dans son éclat. Je restai bien plus d’un quart d’heure à contempler cette curiosité, qui effaçait toutes les ombres de la lune et en produisait de très fortes à sa place. - C’était bien un météore ; mais de quelle nature ?” Source : Journal du Pasteur A. Mouston, 1er volume.

1843, en août, Plancy-l’Abbaye (Aube). “Nous lisons dans le dernier numéro de l’Echo d’Arcis : Il y a peu de jours, vers sept heures du matin environ, par un temps calme, mais sombre et pluvieux, un globe de feu s’est montré aux yeux de plusieurs personnes qui se trouvaient dans les rues de Plancy (canton de Méry, arrondissement d’Arcis-sur-Aube), et il a disparu presque instantanément. L’apparition de ce météore igné a été accompagnée d’un violent coup de foudre qui a causé un ébranlement général. Le fluide électrique, en faisant irruption par le tuyau du poêle dans un atelier où une trentaine d’ouvriers bonnetiers étaient occupés, a secoué violemment ceux qui étaient assis. L’un d’eux, homme déjà âgé et atteint de douleurs rhumatismales assez aiguës, sentit le fluide frapper la foulure de son métier et passer sur son visage; presqu’au même moment, le banc du métier et l’ouvrier furent lancés à quelques pas de là.
Cet événement paraît jusqu’ici avoir eu une in-fluence plutôt bénigne que fâcheuse sur la santé de cet homme, car il n’a pas encore, depuis la secousse qu’il a ressentie, éprouvé les douleurs rhumatismales qui l’avaient travaillé cruellement jusque-là.” Source : L’Aube du 17 août 1843.

1843, 25 septembre, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “Le 25 septembre, à deux heures 40 minutes du matin, apparut dans le ciel, dans la direction du sud-ouest, une espèce de météore si brillant et d’un éclat si vif et si limpide, qu’il éteignait en quelque sorte celui de toutes les étoiles. Ce météore qui , par sa grosseur, représentait à l’œil nu la sixième partie de la lune dans son plein, a marché majestueusement du sud-ouest au sud-est, et s’est éteint après une course d’environ quinze secondes. Du point de départ au point où il est arrivé, il a décrit une ligne oblique peu sensible; lorsqu’il s’est éteint, il y a eu séparation en huit ou dix parties, qui toutes ont revêtu alors une teinte rouge terne. Toutes les personnes voyageant à cette heure ont dû remarquer le même phénomène.” Source : Gazette de Metz et de Lorraine du 3 octobre 1843.

1843, 2 octobre, Pont de Bonvoisin (Isère). “On écrit de Pont-de-beauvoisin (Isère), qu’un brillant météore a été vu, en cette ville, dans la nuit du 21 au 22 septembre dernier, sur les deux heures du matin, au moment où le courrier entrait en ville ; les voyageurs effrayés crurent, au premier abord, que c’était une fusée lancée sur les toits par des imprudents ; mais ils furent bientôt détrompés, lorsqu’ils reconnurent un météore et entendirent une détonation. Quelques personnes de la ville et de la campagne ont observe ce phénomène, et voici comment elles l’ont dépeint : Ce globe de feu, très petit d’abord et grossissant à vue d’œil, laissait après lui , en se dirigeant de l’Occident à l’Orient, une trace blafarde, et lançait par intervalle quelques petites étoiles ou étincelles qui s’éloignaient aussitôt. Sa durée a été de cinq à six secondes ; lors de sa disparition, il a fait place à deux gerbes brillantes qui, soudain, se sont perdues dans l’atmosphère ; une forte détonation s’est alors fait entendre.” Source : Journal de Toulouse du 13 octobre 1843.

1843, 9 octobre, Nancy (Meurthe-et-Moselle). “On écrit de Nancy : Hier, à deux heures quarante minutes du matin, est apparue dans le ciel, dans la direction du sud-ouest, une espèce de météore si brillant, et d’un éclat si vif et si limpide, qu’il éteignait, en quelque sorte, celui de toutes les étoiles. Ce météore, qui, par sa grosseur, représentait, à l’oeil nu, la sixième partie de la lune dans son plein, a marché majestueusement du sud-ouest au sud-est, et s’est éteint après une course d’environ 15 secondes. Du point de départ au point où il est arrivé, il a décrit une ligne oblique peu sensible ; lorsqu’il s’est éteint, il y a eu séparation en huit ou dix parties, qui, toutes, ont revêtu alors une teinte rouge terne.” Source : L’Aube (Troyes) du 10 octobre 1843.

1843, entre le 9 novembre et le 9 décembre,
Montier-en-Der (Haute-Marne). Plusieurs météorites
seraient tombées en l’espace de quelques semaines en incendiant des bâtiments. Chaque incendie aurait été précédé par l’apparition d’une vive lueur dans le ciel. L’espacement des événements ne plaide pas
en faveur de la chute de météorites successives.
C’est statistiquement impossible. Voici le rapport
rédigé en 1861 et qui relate ces faits :
“Depuis quatre ou cinq mois, de trop nombreux
incendies désolent nos contrées. […]
1°. A Montierender, le 18 novembre dernier, à 11 heures
du soir, une jeune fille, entrant dans sa chambre
ayant jour sur un jardin clos, vit une forte lueur
passer et frapper les vitres de sa fenêtre ; elle pensa
que quelqu’un traversait le jardin portant un fallot
ou une chandelle allumée, et étant allée ouvrir cette
fenêtre, elle ne vit plus rien ni n’entendit personne.
Le lendemain 12, à 2 heures après midi, le grenier
de cette chambre et ceux de quatre maisons voisines étaient enflammés avant qu’aucun secours eût pu être porté.
2°. A Boulancourt, distant de Montierender de 1 myriamètre, le 10 novembre, à 9 heures du soir,
on aperçut une grande flamme s’échapper de la
toiture d’une grange, bien séparée de la ferme ;
on eut peur d’abord, puis on prit cette flamme
pour une étoile filante et on ne s’en occupa pas davantage ; mais le 12, entre 11 heures et minuit, cette grange était en feu dans toute l’étendue de son faîte, avant même qu’on eût pu s’en apercevoir.
3°. A Montierender, dans les premiers jours de décembre, entre 5 et 6 heures du matin, on vit,
allant de l’ouest à l’est, un globe lumineux jetant
une si grande lumière, que plusieurs personnes sortirent de leurs maisons, persuadées que ces
maisons étaient en feu, et elles entendirent d’assez
forts pétillements au passage de ce phénomène.
Les personnes de Montierender crurent voir ce globe
peu élevé au-dessus des maisons, et se jeter dans une
prairie à peu de distance entre le pays et la
forêt ; et des individus se trouvant sur les routes
et dans la campagne, rapportèrent avoir vu ce globe
au-delà de Montierender et descendre sur la forêt.
4°. Enfin, le 8 du présent mois, entre 8 et 9 heures
du soir, à Montierender, on vit un pareil globe qu’on
s’imagina sortir d’une cheminée à l’ouest du pays
et marcher aussi à l’est. Arrivé au-dessus du
cimetière, ce globe, qui cette fois ne produisait aucun
pétillement, se divisa en trois parties dont l’une
descendit sur le cimetière, tandis que les deux autres
se perdaient derrière les maisons ; on fut sur le
champ examiner l’endroit du cimetière où la première
partie semblait être tombée, et on n’y remarqua
absolument rien. Le lendemain, 9, à 8 heures du soir,
à 5 kilomètres et à l’ouest de Montierender, un
incendie éclatait dans une grange et la réduisait en cendres, ainsi que les bâtiments qui y tenaient ; les fermiers ne s’aperçurent du désastre que lorsque la grange était totalement enveloppée par les flammes, et que déjà les combles de la maison fermière étaient atteints. Voilà, monsieur, quatre circonstances qui vous paraîtront peut-être mériter l’attention de la
science ; c’est dans ce but que j’ai l’honneur de vous les signaler. L’Académie seule est compétente pour reconnaître si ces phénomènes atmosphériques peuvent ou non occasionner les malheurs qui nous frappent.“ Source : Petŭr Beron, “Panépistème, ou sciences physiques et naturelles et sciences métaphysiques et morales”, 1861.

1843, 11 décembre, Commercy (Meuse). “M. Guesse transmet quelques détails sur un météore lumineux qu’il a observé le 11 décembre à Commercy (Meuse).
A 5 heures du soir, le ciel étant parfaitement serein, on vit apparaître, vers la région de la petite Ourse, un globe lumineux qui descendit assez lentement, en laissant derrière lui une traînée rougeâtre ; la lumière du globe lui-même était très-blanche et très-éclatante ; son diamètre apparent était considérable ;
il s’éteignit avant d’avoir atteint l’horizon et sans faire entendre aucune détonation.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 17, 1843.

1843, 21 décembre, en Alsace. “Le 21, vers 10 heures du soir, à Giromagny, Rougegoutte (Haut-Rhin) et dans les environs, une assez forte secousse de 2 secondes. Elle a été précédée d’une clarté si vive, quelle a effacé la lumière des chandelles. Vers la même heure, deux violentes détonations eurent lieu dans la région des Vosges. Elles étaient accompagnées d’une vive lumière ;
les portes, les maisons et les vitres ont été ébranlées dans les villages qui garnissent les vallées et la base des Vosges. Cet ébranlement a été faible dans la plaine. A Colmar, ce phénomène a été considéré par beaucoup de personnes comme un coup de tonnerre précédé d’un éclair ; cependant on a reconnu que la clarté avait duré plus longtemps, quelle avait produit une espèce de scintillement dans le brouillard. La secousse y a été faible, tandis quelle a été assez vive à Bergheim et dans d’autres communes au pied des Vosges. Dans la vallée de Munster, la lumière a embrassé tout l’horizon et a égalé celle du jour: la secousse a été ressentie fortement. A Belfort, la lumière a été vue, à travers le brouillard, du côté du nord, avec l’éclat et la couleur d’un éclair ; on ne parle ni de bruit ni de secousse. Elle a aussi été observée en Suisse, à Délémont, avec cette circonstance qu’il y a eu deux éclairs correspondants aux deux détonations.” Source : Comptes-rendus de l’Académie des Sciences, t. 18, 1844.

1844, 8 ou 15 février, Gourbera (Landes). “On lit dans la Chalosse : Jeudi dernier, vers cinq heures du soir, deux personnes de la commune de Gourbera, se retirant de Laluque, furent témoins, dans les Landes rases qu’elles étaient obligées de traverser, d’un phénomène des plus curieux. Au milieu de la pluie qui tombait à torrents et du roulement lointain du tonnerre, elles furent tout à coup éclairées par une lueur bleuâtre, qu’elles prirent d’abord pour un éclair ; mais voyant que celle lueur se prolongeait, et passait de la couleur bleue à une couleur rouge vif, et enfin verte, elles levèrent avec effroi leurs yeux du côté d’où venait le météore et aperçurent, à une distance très-élevée, la cause de celle clarté ; c’était comme un énorme globe d’un feu très-brillant qui allait en tournoyant, et qui en se rapprochant de la terre se partagea en une innombrable quantité de fragments, qui s’éparpillèrent, presque tous enflammés, sur une étendue de deux arpents de lande.” Source : Journal de Toulouse du 17 février 1844.

1844, 8 août, Bretagne. “M. Boursin écrit au Quimérois que, le 8 août, se trouvant sur l’île Habert, près Crozon, avec M. Durocher, ingénieur des mines, ces messieurs ont été témoins de la chute d’un bolide. “Vers 1 heure 1/2 de l’après-midi, dit-il, nous aperçûmes un météore lumineux, se mouvant dans la direction de l’est à l’ouest, et décrivant une ligne courbe en s’approchant de la terre ; il présentait l’aspect d’une chandelle romaine renversée, offrant un renflement à la partie inférieure, et se terminant par une queue effilée. Un matelot et plusieurs habitants de la campagne l’ont observé à la même heure, et l’ont vu tomber à une petite distance de Rozan. Des recherches que je fais faire en ce moment amèneront sans doute la découverte de cet aérolithe. Comme il est rare d’observer de semblables phénomènes en plein jour, nous avons pensé que ces détails pouvaient offrir de l’intérêt.”
La Feuille d’Annonces de Morlaix nous apprend que le même jour, sur les 3 heures de l’après-midi, un météore lumineux, ovale, courant du S.-O. au N.E., et jetant des étincelles traînantes, a également passé sur la ville de Roscoff. Enfin, il paraît que, le même jour encore et à la même heure, un globe lumineux a paru aussi dans l’est de la presqu’île de Quiberon (Morbihan). Il s’est promené lentement d’abord ; puis, après quelques légères oscillations à sa base, le météore a précipité sa marche. Alors de nombreuses étincelles ont semblé jaillir du corps principal qui, changeant sa couleur incarnat en nuances bleues, puis blanchâtres, a fini par disparaître dans le S.-S.-O. en forme de spirale. La distance parcourue a été d’un kilomètre environ. La hauteur de terre du météore semblait être de 150 à 200 mètres. Les paysans qui l’ont aperçu ont été saisis d’effroi ; car ils se sont rappelé aussitôt la prédiction de la Gôz Perrinne, qui promet qu’à ce signe de terribles combats auront lieu sur terre et sur mer, et que “les hommes deviendront si rares que toutes les femmes sortiront du logis pour les voir passer.”
Dieu veuille que cette prédiction soit fausse !
Quoiqu’il en soit, la concomitance de ces trois météores est un fait très remarquable, et que nous nous
empressons à notre tour de signaler à notre correspondant.” Source : Le Breton du 29 août 1844.
***
“On écrit de Quiberon, au National de l’Ouest, sous la date du 9 : Hier, à trois heures du soir, un globe lumineux a paru dans l’est de notre presqu’île. Il s’est promené lentement d’abord, puis, après quelques légères oscillations à sa base, le météore a précipité sa marche. Alors de nombreuses étincelles semblaient jaillir du corps principal qui, changeant sa couleur incarnat en nuances bleues, puis blanchâtres, a fini par disparaître dans le sud-ouest en forme de spirale. La distance parcourue a été d’un kilomètre environ, et sa hauteur de terre semblait être de 150 à 200 mètres. Les habitans qui ont vu le phénomène ont peu joui d’un spectacle que MM. Arago et compagnie eussent payé bien cher.... Ils étaient effrayés, consternés ! En effet, la préface de la grande prédiction était là devant eux ! Et cette prédiction est celle de la Gorh Perrine, nom qui fait trembler l’enfant au berceau, et devant lequel, devenu homme, il se trouve peu rassuré.
Voici la prédiction traduite du Breton : Une grande lumière paraîtra sur vos têtes... L’air retentira du cliquetis des armes... Deux grandes nations seront debout pour le combat... La mer sera teinte de sang et les hommes deviendront si rares que toutes les femmes sortiront du logis pour les voir passer !“ Source : Gazette du Bas Languedoc du 23 août 1844.

1844, en hiver, Vosges. “Dans son trajet, le météore laisse derrière lui une trainée lumineuse, irisée, et quand il arrive au terme apparent ou réel de sa course, souvent il se divise, éclate même avec une détonation égale à celle du tonnerre tel, dans la vallée de Cleuric (Vosges), celui de l’hiver de 1844 cité par M. X. Thiriat ce météore fut accompagné d’un bruit formidable qui jeta la terreur parmi les populations du voisinage. On croit que ces bolides ont la même origine que les
étoiles filantes.” Source : Olry, Recherches sur les phénomènes météorologiques de la Lorraine, 1885.

1844, début avril, dans le Finistère. “On nous écrit de Brest que dans les premiers jours de ce mois, M. Durocher, ingénieur des mines, professeur à notre Faculté, étant sur la petite Ile Hubert, près de Crozen, aperçut vers deux heures de l’après-midi un bolide ou météore lumineux courant rapidement dans la direction de l’est à l’ouest. Des fragments de cet aérolithe ont été, dit-on, donnés à M. Durocher.” Source : L’Auxiliaire breton du 26 avril 1844.

1844, 8 août, Crozon et Rozan (Finistère). “M. Boursin écrit au Quimpérois que le 8 août, se trouvant sur l’île Habert, près Crozon, avec M. Durocher, ingénieur des mines, ces messieurs ont été témoins de la chute d’un bolide. « Vers 1 heure 1/2 de l’après-midi, dit-il, nous aperçûmes un météore lumineux, se mouvant dans la direction de l’est à l’ouest, et décrivant une ligne courbe en s’approchant de la terre; il présentait l’aspect d’une chandelle romaine renversée, offrant un renflement à la partie inférieure, el se terminant par une queue effilée. Un matelot et plusieurs habitants de la campagne l’ont observé à la même heure, et l’ont vu tomber à une petite distance de Rozan. Des recherches que je fais faire eu ce moment amèneront sans doute la découverte de cet aérolilhe. Comme il est rare d’observer de semblables phénomènes en plein jour, nous avons pensé que ces détails pouvaient offrir de l’intérêt.” Source : Le Breton du 29 août 1844.

1844, 8 août, Roscoff (Finistère). “La Feuille d’Annonces de Morlaix nous apprend que le même jour, sur les 3 heures de l’après-midi, un météore lumineux, ovale, courant du S.-O. au N.-E., et jetant des étincelles traînantes, a également passé sur la ville de Roscoff.

Enfin il paraît que, le même jour encore et à la même heure, un globe lumineux a paru aussi dans l’est de la presqu’île de Quiberon (Morbihan). Il s’est promené lentement d’abord ; puis, après quelques légères oscillations à sa base, le météore a précipité sa marche. Alors de nombreuses étincelles ont semblé jaillir du corps principal qui, changeant sa couleur incarnat en nuances bleues, puis blanchâtres, a fini par disparaître dans le S.-S.-O. en forme de spirale. La distance parcourue a été d’un kilomètre environ. La hauteur de terre du météore semblait être de 150 à 200 mètres. Les paysans qui l’ont aperçu ont été saisis d’effroi; car ils se sont rappelé aussitôt la prédiction de la Goz Perrinne, qui promet qu’à ce signe de terribles combals auront lieu sur terre et sur mer, et que « les hommes deviendront si rares que toutes les femmes sortiront du logis pour les voir passer. »
Dieu veuille que cette prédiction soit fausse!
Quoi qu’il en soit, la concomitance de ces trois météores est un fait très remarquable, et que nous nous empressons à notre tour de signaler à notre correspondant.” Source : Le Breton du 29 août 1844.

1844, 6 septembre, près de Lure (Haute-Saône). “Le 6, vers 9 h. 30 m. du soir, un peu avant d’arriver à Lure (Haute-Saône), sur la route de Mulhouse à Paris, j’ai vu, du haut de l’impériale de la diligence, un superbe bolide bien plus gros que Jupiter et d’une teinte bleue prononcée. Il se mouvait très-lentement de l’est à l’ouest, et brillait d’un tel éclat, que les objets ont projeté une ombre bien sensible. Toute la route et la campagne voisine ont été éclairées. Avant de disparaître, le météore s’est brisé en trois fragments, dont les deux plus petits ont dévié, mais peu, vers le sud. Le bruit de la voiture m’a sans doute empêché d’entendre la détonation dont l’existence me paraît très-probable. La durée du phénomène m’a paru d’au moins 20 secondes ; mais le postillon avait déjà aperçu ce bolide avant qu’il ne traversât la voie lactée, au sortir de laquelle j’ai commencé seulement à le voir. Il était alors un peu au sud du Cygne.” Source : Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1847.

1844, 8 octobre, Le Puy (Haute-Loire). Un météore
se dirigeant du sud-sud-ouest au nord-nord-est, suivi
d’une petite traînée lumineuse, est observé dans le
ciel. Sources : Comptes-rendus de l’Académie des Sciences.

1844, 27 octobre, Parcé-sur-Sarthe (Sarthe), Le
Blanc (Indre). Un météore grand comme la lune
parcourt le ciel d’est en ouest. Une forte détonation
retentit. Sources : Comptes-rendus de l’Académie des
Sciences, M. Petit, “Bolide observé le 27 octobre 1844”, Académie des Sciences de Toulouse, Série 3, tome 1, p. 303, 1844.
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“Le 27 octobre 1844, apparaît un bolide à Parcé (Sarthe) et vu du Blanc dans l’Indre, etc., ayant, selon les calculs de M. Petit, une vitesse de 18 lieues par seconde, distant de la terre de 128 lieues au moment de son apparition et de trois lieues au moment de son extinction.”

1844, 20 novembre, Tarn, Aveyron et Lozère. “Météore du 20 novembre 1844. - Le météore du 20 novembre s’est montré à deux heures du matin : il a été visible sur un grand nombre de points, dans les départemens du Tarn, de l’Aveyron et de la Lozère. Je ne l’ai pas observé moi-même, mais les témoignages nombreux et tous parfaitement conformes, que j’ai recueillis dès le lendemain, ne me laissent aucun doute sur l’exactitude des détails que je vais faire connaître. Le ciel était d’une sérénité parfaite, la température fort douce ; le vent soufflait faiblement du sud-est. -
La lune, qui avait accompli depuis trois jours son premier quartier et dont le disque était par conséquent éclairé aux trois quarts, se trouvait encore à environ 25° au-dessus de l’horison et brillait du plus vif
éclat. - L’apparition du météore a été soudaine, sa
lueur si vive que la clarté de la lune s’est trouvée
complètement annihilée. Eblouies comme elles
auraient pu l’être par la lueur rapide d’un éclair
qui les aurait surprises au milieu des plus profondes
ténèbres, les personnes qui étaient témoins du phénomène ont été généralement frappées de stupeur. -
A cette heure les ouvriers se rendaient en assez grand nombre à nos mines ; aussi les témoins n’ont-ils pas manqué : j’en ai interrogé plusieurs sur la direction, la forme et l’aspect du météore ; mais telle avait été leur émotion, que la plupart n’avaient pas même osé lever les yeux pour reconnaître la cause de cette étrange clarté. - Quelques-uns, prenant sans doute pour l’effet d’un agent physique le frisson de la peur, assuraient avoir éprouvé une sorte de commotion, s’être sentis saisis et comme frappés par le fluide lumineux. L’un d’eux ajoutait même que passant sous un chêne au moment de l’apparition ignée, il avait entendu comme une sorte de frémissement dans le feuillage et
avait vu tomber autour de lui les feuilles desséchées.
Le feu, disait-il, a frappé l’arbre sous lequel je me
trouvais, et j’ai failli être brûlé... Effrayé il s’enfuit,
cachant son visage dans ses mains, et déjà il avait fait une centaine de pas quand il entendit le bruit d’une violente explosion suivie d’un grondement
sourd et prolongé. - Cet homme ajoutait encore que ce feu, ce fluide lumineux, lui avait semblé frapper le feuillage, non de haut en bas ou horizontalement comme un corps qui tombe, mais de bas en haut, comme pourrait le faire un fluide sortant de la terre et s’élevant verticalement dans l’air. Ces longs détails, que leur étrangeté même m’a engagé à reproduire, paraîtront sans doute bien minutieux et bien puérils ; mais j’ai cru d’autant moins pouvoir les passer sous silence, qu’ils m’ont été fournis par des hommes entièrement libres
de toute préoccupation théorique, et que si l’on pouvait ne pas attribuer à l’influence d’une imagination frappée la sensation physique que ces hommes prétendent avoir éprouvée, leur récit semblerait de
voir donner quelque appui à l’opinion qui veut faire jouer un rôle à l’électricité dans ces sortes de phénomènes. [...] La lueur éblouissante qui semblait avoir tout-à coup enflammé l’atmosphère, n’était pas l’effet durée, qui a été de 40 à 45 secondes ; la grande distance à laquelle elle a été aperçue (35 ou 40 lieues au moins) auraient suffi pour prouver qu’il y avait dans la cause du phénomène autre chose qu’une décharge électrique, lors même que plusieurs personnes n’auraient point aperçu le météore d’où la lumière émanait.
Le Journal de l’Aveyron a déjà donné, dans son
n° du 27 novembre 1844, d’après un témoin oculaire, une description fort exacte de ce météore, dont l’effet pouvait être comparé à celui des pièces d’artifice, connus sous le nom de chandelles romaines. Je regrette de ne pas avoir en ce moment cette description sous mes yeux pour la reproduire ici textuellement, car je crains bien que ma mémoire n’ait laissé échapper quelques-unes des circonstances qui s’y trouvaient mentionnées avec autant de
clarté que de précision. - L’apparition du bolide eut lieu près du zénith : sa forme était allongée, un peu conique ; il se mouvait de l’est à l’ouest avec une grande vitesse, projetant dans tous les sens de vives et brillantes étincelles, et laissant derrière lui une longue traînée lumineuse. - Sa trajectoire paraissait être presque rectiligne. - Après une course qui a duré environ 45 secondes, il a paru se replier, se rouler sur lui-même, et prenant la forme d’une corne d’abondance, il a éclaté lançant au loin une gerbe de feu semée
de paillettes étincelantes. - Bientôt une détonnation terrible s’est fait entendre, accompagnée d’un bruit sourd et saccadé qui a longuement ébranlé l’atmosphère. Ce bruit semblable, suivant les uns, à celui du tonnerre, suivant les autres, au roulement d’un convoi lancé avec vitesse sur un chemin de fer, s’est prolongé pendant près d’une minute. -
Un temps au moins égal s’était écoulé entre l’apparition lumineuse et l’explosion. Autre météore du même jour, 20 novembre 1844 - La même nuit, une heure plus tard, c’est-à-dire vers trois heures du matin, un second météore a été apperçu à Cramaux, dans la direction de l’ouest. Son diamètre apparent égalait presque la moitié de celui de la lune. - Son éclat était blanc-argentin comme celui de notre satellite, sa forme circulaire. - Aucune circonstance n’a signalé son apparition. Après une course rapide de quelques secondes il a paru s’évanouir, sans explosion et sans bruit, semblable aux étoiles filantes dont il ne différait que par ses dimensions.” Source : Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, tome 5 (1844-1845).
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Le Journal de l’Aveyron du 27 novembre 1844 relate le récit d’un témoin habitant le village de Bordes (Aveyron) : “Dans la nuit du 19 au 20 de ce mois, en allant, vers les deux heures du matin, du village des Bordes, commune de Sévérac-l’Eglise, à Ségur, j’ai été témoin d’un phénomène rare dans nos contrées et qui aurait mis en émoi beaucoup de gens s’il fût arrivé au commencement de la nuit. Le temps était serein, la lune brillait de tout son éclat, et un léger vent du sud soufflait dans la vallée du Viaur, lorsque tout-à-coup je me suis trouvé comme englobé dans un météore lumineux dont la clarté ressemblait à celle d’un éclair qui vous, surprend au milieu des ténèbres mais avec la différence que cette clarté a duré au moins de quarante à quarante cinq secondes. Au même instant, j’ai aperçu dans les cieux un grand corps lumineux ayant la forme d’un balai, se mouvant avec une vitesse extraordinaire de l’est à l’ouest et
laissant derrière lui une traînée de lumière, au milieu de laquelle on appercevait des milliers de paillettes d’or. Après avoir décrit une ligne droite, ce corps s’est replié sur lui-même, et, prenant la forme d’une corne d’abondance, il a éclaté, lançant au loin une gerbe de feu parsemée de paillettes d’or telles que je les avais observées sur son passage. J’étais à contempler avec une sorte d’étonnement et comme saisi de frayeur ce phénomène si nouveau pour moi, lorsque j’ai entendu un bruit terrible ressemblant à un coup de tonnerre. Le bruit de l’explosion a duré au moins vingt-cinq secondes. Je ne puis donner de nom à ce phénomène aérien que j’ai
observé pour la première fois. Ce n’était pas
une étoile filante, car j’ai eu occasion d’en voir plusieurs. Etait-ce encore la chute de quelque aérolithe. C’est ce que je ne puis décider. Ce phénomène a été observé dans la commune de St-Léons. Un muletier, parti de Peyre et se rendant à St-Etienne-de-Vieuresques s’est arrêté à St-Léons pour attendre le jour, quoique la lune n’eût pas cessé d’éclairer la terre. Il avait été saisi d’une grande frayeur. Un marchand de laines de La Canourgue, se rendant à Ségur, a observé ce
météore étant près de Sévérac-le-Chateau.
J’ai l’honneur , etc.
DOULS, propriétaire aux Bordes.”
Source : Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, tome 5, 1844-1845.

1844, 9 décembre, vers Cambrai (Nord) et Arras (Pas-de-Calais). “On écrit de Cambrai, le 11 décembre : Un météore, qui a été également observé à Arras, a été aperçu lundi dernier au sud de Cambrai, vers cinq heures et demie du soir. Ce météore, qui jetait un éclat égal à celui de la lumière de la lune, a décrit un demi-cercle et a disparu sans détonation au bout d’une demie minute environ.
On nous a rapporté à ce propos un trait qui peint bien la crédulité de nos villageois : Un paysan qui avait aperçu le météore, ayant rencontré peu de temps après son curé, lui demanda s’il avait aperçu le dragon qui annonçait les hivers rigoureux. - Vous voulez sans doute, mon ami, parler du météore ? - Non, je parle bien d’un dragon que j’ai vu tout comme je vous vois. - Mais comment expliquez-vous l’éclat qu’il a répandu dans le ciel ? - Comment je l’explique ? eh ! parbleu ! par le gros diamant qu’il a dans sa gueule et qui luit comme le soleil quand il l’entrouvre pour respirer.
Le curé lui ayant fait observer en riant qu’il n’avait jamais entendu parler d’un phénomène : Ah ! Monsieur le savant, repartit le paysan d’un air dédaigneux, vous êtes bien savant ; mais il y a encore bien des choses que vous ne savez pas, à ce qu’il parait.” Source : L’Echo des Vallées du 19 décembre 1844.

1844, 12 décembre, Limoux (Aude). “Sur un aérolithe observé à Limoux, le 12 décembre 1844 (Extrait d’une Lettre de M. Melliez à M. Arago). M. Petit avait annoncé que très-probablement, entre le 8 et le 15 décembre, on aurait occasion d’apercevoir quelque gros bolide. D’après le Compte rendu du 9 décembre dernier, il paraît que ce phénomène a eu lieu en effet à Paris, et j’ai pensé que vous pourriez, à cause de cette circonstance, recevoir avec intérêt la communication suivante, qui vient apporter un nouveau fait à l’appui de l’opinion émise par M. Petit, dans le Compte rendu du 30 septembre 1844. Cette communication, relative à un énorme bolide qui s’est montré dans la nuit du 11 au 12 décembre dernier, m’a été adressée de Limoux par M. Melliez, mon parent, et M. Petit, à qui je l’ai montrée, a bien voulu m’engager à vous la transmettre, dans l’espoir que son insertion dans les Comptes rendus pourrait provoquer de nouveaux renseignements qui seraient nécessaires pour permettre de calculer les éléments du bolide. Voici les renseignements les plus importants que contient la Lettre que j’ai reçue à ce sujet.
Dans la nuit du 11 au 12 décembre 1844, vers 0h 50m du matin, les gardes de nuit qui faisaient à Limoux, séparément, la ronde de minuit à une heure, furent effrayés par l’éclat d’une vive lumière, plus forte qie celle de la lune dans son plein et que celle des éclairs les plus brillants. Deux d’entre eux le furent même à tel point, qu’ils n’ont pu fournir aucun les deux autres (les nommés Jalabert et Rouda) le furent rnoins. [...] Le garde Jalabert prétend que le bolide est moins descendu vers le sud ue ne l’indique le garde Rouda. Cette différence entre les assertions des observateurs et les résultats déduits de leurs indications pourrait s’expliquer peut-être par un effet de parallaxe, les deux rues du Palais-de-Justice et de l’Orme se trouvant situées à 500 mètres l’une de l’autre ; mais alors il faudrait nécessairement supposer que le bolideétait très-près de la terre, ce qui n’est peut-être pas très probable.
D’après le garde Bouda, le météore ressemblait à un énorme serpent; la tête étaitr ovale, le petit diamètre présentait une grandeur de 15 à 20 centiètres ; la longueur était de 20 à 25 mètres. La tète et la partie antérieure disait lançaient des étincelles de feu dans toutes les directions, la queue faisait des ondulations dans le sens horizontal. Prié de comparer le bolide à la lune, il a répondu que la tête de l’astre lui a paru plus petite que la lune en son plein lorsqu’elle se lève, mais plus grande que lorsqu’elle passe au méridien.
Le garde Jalabert compare ce météore à une barre de fer rouge-blanc, grosse de 15 à 20 centimètres, longue de 20 à 25 mètres, un peu courbée, ayant à peu près la direction du méridien magnétique, et tournant sa convexité du côté de l’ouest. Il prétend avoir vu cette barre très-brillante, stationnaire au point ci-dessus indiqué par lui, et s’éteignant lentement en commençant par l’extrémité nord.
Quant à la durée de l’apparition, les deux gardes Jalabert et Rouda s’accordent à la faire de trois minutes: l’un prétend que pendant cette durée il auraitpu parcourir une distance de deux à trois cents pas; l’autre affirme qu’au premier moment il s’est tourné vers les maisons voisines pour savoir si elles n’étaient pas en flammes, et qu’ensuite il a parcouru rapidement une distance d’environ 40 mètres avant la fin de l’apparition.
Au reste, les gardes de nuit ne sont pas les seuls à Limoux qui aient aperçu le phénomène. On assure
que les enfants d’un nommé Jordy, plâtrier, furent trouvés, dans un coin de rue, si effrayés, que le garde Rouda crut devoir leur offrir d’aller les accompagnerchez eux; et l’on dit aussi que le marchand Noy, revenant de Quillan à Limoux avec sa voiture chargée de marchandises, crut au premier moment que cette voiture, où se trouvaient quelques allumettes chimiques, était en flammes, et même il en fit le tour pour s’assurer du contraire.
Il résulte de ces divers renseignements, que le 12 décembre, avant une heure du matin, un météore lumineux considérable a été vu à Limoux par un temps clair, allant du nord au sud, et que ce météore a effrayé ceux qui en ont été témoins.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des
sciences, t. 20, 1845.

1844, 23 décembre, Cambrai (Nord). “On écrit de Cambrai, le 50 décembre : Un météore qui a été également observé à Arras a été aperçu lundi dernier au sud de Cambrai, vers cinq heures et demie du soir. Ce météore qui jetait un éclat égal à celui de la lumière de la lune, a décrit un demi-cercle et a disparu sans détonation au bout d une demi-minute environ.
On nous a rapporté â ce propos un trait qui peint bien la crédulité de nos villageois : Un paysan qui avait aperçu le météore ayant rencontré peu de temps après son curé , lui demanda s’il avait aperçu le dragon qui annonçait les hivers rigoureux. - Vous voulez sans doute, mon ami, parler du météore? - Non , je parle bien d’un dragon que j’ai vu tout comme je vous vois. - Mais comment expliquez-vous l’éclat qu’il a répandu dans le ciel? - Comment je l’explique? eh! parbleu! par le gros diamant qu’il a dans sa gueule, et qui reluit comme le soleil quand il l’entr’ouvre pour respirer.
Le curé lui ayant fait observer en riant qu’il n’avait jamais entendu parler d’un pareil phénomène : Ah! Monsieur le curé, repartit le paysan d’un air dédaigneux, vous êtes bien savant; mais il y a encore bien des choses que vous ne savez pas, à ce qu’il parait. “. Source : Journal de la Haute-Saône du 24 janvier 1845.

1844, fin décembre, Villenauxe-la-Grande (Aube). “Villenauxe. On nous écrit de cette commune : Un météore igné a été aperçu dans notre canton et aux environs. C’était vers le soir, à six heures et quelques minutes. C’était un long éclair dans la direction du sud ; sa lumière subite était d’une grande intensité que la lune dans son plein, quand le ciel est pur ; sa couleur était d’un rouge violet. Ce météore n’a duré que 4 secondes, et n’a laissé aucune trace après lui.” Source : L’Aube (Troyes) du 25 décembre 1844.

1844, fin décembre, dans l’Allier. “On lit dans
l’Union provinciale de Clermont : Vendredi dernier, les habitans d’Iseure ont été témoins d’un de ces phénomènes assez rares dans nos ours, mais qui cependant s’y sont montrés quelquefois. Vers deux heures environ de l’après-midi, un globe de feu assez considérable apparut tout-à-coup dans la direction de l’est, se dirigeant avec une rapidité effrayante
vers l’ouest, laissant après lui une longue trainée
de feu imitant parfaitement la queue d’une petite comète. Au moment où ce météore, car nous ne savons quel autre nom lui donner, disparut aux yeux de la foule étonnée, une détonation violente, semblable a un fort coup de tonnerre, retentit dans les airs et jeta l’épouvante dans le cœur de plus d’un des curieux qui observaient le phénomène. Le même jour et presque
à la même heure, un bruit entièrement pareil se fit entendre à Igrande, éloigné de quatre à cinq myriamètres de la commune d’Iseure, mais sans apparence aucune du météore. Le froid avait été très vif les jours précé dens ; le thermomètre était
descendu jusqu à 11° 1/2 Réamur, près de 14
centigrades ; le dégel a commencé le lendemain.” Source : La Quotidienne du 2 janvier 1845.

1844, en hiver, Cleuric (Vosges). “Dans son trajet,
il laisse derrière lui une trainée lumineuse, irisée,
et quand le météore arrive au terme apparent ou
réel de sa course, souvent il se divise, éclate même avec une détonation égale à celle du tonnerre tel, dans la vallée de Cleuric (Vosges), celui de l’hiver de 1844 cité par M. X. Thiriat ce météore fut accompagné d’un bruit formidable qui jeta la terreur parmi les
populations du voisinage.” Source : Olry, Recherches
sur les phénomènes météorologiques de la Lorraine, 1885.

1845, 16 janvier, Laissac (Aveyron). Un météore est observé aux environs de Laissac (mais aussi à Sète dans l’Hérault) à dix heures et demie du matin. “Il a été entendu comme une détonation de mine, suivie durant près de deux minutes, d’un roulement de tonnerre, s’affaiblissant par degrés dans la
direction du sud-ouest au midi et à la même
heure, dans la commune de Busseins, il a été vu
un globe lumineux, allant dans la direction du nord-
d’est au couchant, et se perdant bientôt dans la
profondeur d’un nuage.” Source : Boisse, Mémoires de la société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, 1845.
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De plus amples détails sont fournis dans les Mémoires
de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, tome 5, 1844-1845 : “Le 16 janvier 1845, à 10 heures et demie du matin, le temps serein, un peu nuageux mais beau, le vent au sud-est, température à 4 degrés Reaumur sous zéro, le baromètre au variable et s’élevant, l’hygromètre marquant une moyenne humidité, il a été entendu comme une détonation de mine, suivie durant près de deux minutes, d’un roulement de tonnerre, s’affaiblissant par
degrés dans la direction du sud-ouest au midi et à la même heure, dans la commune de Buseins, il a été vu un globe lumineux, allant dans la direction du nord-d’est au couchant, et se perdant bientôt dans la profondeur d’un nuage. Et ce qui rend ce fait étonnant est la relation suivante que je lis dans le Messager du 25 janvier.
On écrit de Cette, le 16 janvier. “Ce matin vers les dix heures, et par le plus beau soleil est apparu un phénomène effrayant(1); un météore ayant l’apparence d’une étoile, a brillé au milieu du ciel , et courant dans la direction du nord à l’ouest, a décrit dans son jet rapide un quart de cercle lumineux mais blanchâtre : arrivé à la limite de l’horizon, le météore s’est terminé en forme de poire ou d’entonnoir ; et c’est alors que sa clarté a pris quelque chose de sinistre ; la base était frangée de globules d’une nuance blanc d’argent, et contrastait d’une manière frappante avec l’espèce de tube formé par la traînée flamboyante qui était du rouge le plus vif.”
Cette relation ne parle pas d’explosion, ce qui prouve qu’on n’a pas vu la fin du phénomène ; mais ce qu’il y a de remarquable c’est d’abord la direction à peu près toujours la même, du levant au couchant ; c’est en outre ce que le journaliste appelle quelque chose de sinistre, une forme de poire, d’entonnoir, de cloche, ou plutôt de mortier, comme je l’ai remarqué en octobre dernier, brillant sur l’avant-train où s’accomplit
le phénomène d’une lumière blanc d’argent ayant l’éclat du soleil, ou de l’oxigène en feu, et sur le derrière jetant une lueur vaporeuse et rouge, finissant par une traînée grisâtre qui doit être un résidu léger, ou de la fumée épaisse ; c’est de ce moule à forme de mortier, officine incandescente aux combinaisons mystérieuses, que sort en détonnant un produit solide, déclinant par son poids vers la terre, malgré la Force prodigieuse de son expulsion et chutant toujours bien loin
du point où la naissance d’une pierre s’annonce par l’explosion.
LESCURE, membre du conseil-général de l’Aveyron.

(1) A Cette on est payé pour cela.”
***
Autre rapport paru dans les Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l’Aveyron, tome 5, 1844-1845 : “Le météore de 16 janvier
ne parait pas avoir été visible dans notre département, mais il a bruyamment manifesté sa présence par son explosion. - C’est vers 10 heures du matin que ce bruit s’est fait
entendre. - Il a débuté par deux ou trois fortes détonnations, immédiatement suivies d’un roulement qui a duré plus de deux minutes et
qui semblait fuir en s’affaiblissant vers le sud-ouest. - Telle a été la violence de l’explosion, qu’elle
s’est faite entendre à la fois dans un grand
nombre de lieux fort éloignés les uns des autres, notamment à Rodez, Villecomtal, Arvieu, Rieupeyroux, Rignac,... et sur beaucoup d’autres points embrassant dans leur périmètre une étendue de plus de 50 lieues carrées. Au moment de la détonnation, l’atmosphère
était pure, et vivement éclairée par les rayons solaires :
personne que je sache, n’a aperçu dans nos contrées le météore cause de ce bruit effrayant ; mais le même jour , à la même heure, un bolide se montrait à Cette, dans la direction du nord ; et ce bolide n’était autre, selon toute probabilité, que le météore dont l’explosion avait retenti avec tant de violence sur nos têtes. - Voici en quels termes plusieurs journaux ont rendu compte de cette apparition météorique. On écrit de Cette que, le 16 janvier 1846, à 10 heures du matin, et par le plus beau soleil, un météore ayant l’apparence d’une étoile a brillé au milieu du ciel, et, courant dans la direction du nord à l’ouest, a décrit dans son jet rapide, un quart de cercle lumineux, mais blanchâtre. Arrivé à la limite de l’horizon, le météore s’est terminé en forme de poire ou d’entonnoir et alors la clarté a pris quelque chose de sinistre. - La base était frangée de globules blanc d’argent et contrastait d’une manière frappante avec l’espèce de tube formé par la traînée flamboyante, qui était du rouge le plus vif.” [...] A. Boisse.

1845, 8 mars, St-Pey-de-Castets (Gironde). “La Revue de Libourne annonce la chute de cinq ou six aérolithes dans la commune de St-Pey-de-Castets. Ces pierres, d’abord en fusion, se solidifièrent peu à peu, et l’on a reconnu que l’une d’elles, du poids de 30 kilos, contenait
beaucoup de matières sulfureuses.” Sources : Journal des villes et des campagnes du 6 mars 1845 ;
L’Espérance, courrier de Nancy, 8 mars 1845 et Le Mémorial d’Aix, 16 mars 1845.

1845, 14 avril, près de Riom (Puy-de-Dôme). “On lit dans le Courrier de la Limagne : Lundi dernier, 14 avril, à quatre heures et demie du soir, il est tombé, près de Riom, à droite du chemin des Ortiaux, un météore ayant la forme d’un globe de feu, lequel a produit dans sa chute une trace lumineuse. Ce phénomène, qui a été observé au moment où la pluie tombait avec abondance, a frappé d’étonnement tant par l’éclat qu’il projetait que par la vélocité de sa course et le diamètre de son volume. Nous pensons, ainsi que les personnes qui
s’occupent d’astronomie, que ce pouvait être un
aérolithe qui, sans doute maintenant enfoui à une
certaine profondeur dans le sol, n’en sera que
trop tardivement retiré pour venir appuyer ou détruire les théories encore erronées de nos savans sur ces curieux météores.” Source : la Quotidienne du 23 avril 1845.

1845, 20 septembre. la Guillotière (Lyon, Rhône).
“Samedi matin, dit un journal, à trois heures et demie, une personne qui se trouvait sur la route de Grenoble, à la Guillotière, près du pensionnat de M. Sauvignet, a vu tomber presque à ses pieds un immense globe de
feu, précédé et suivi par un bruit semblable au roulement de la foudre. Etonné de cette vive clarté, notre homme s’approcha de l’endroit où était tombé l’aérolithe et faillit être suffoqué par une forte odeur de soufre et de bitume. A six heures, la personne qui nous communique
ces détails s’y est transportée elle-même et a encore
vu les traces de ce phénomène.” Source : Le Censeur
du 22 septembre 1845.

1845, durant l’automne, 21 h, est de la France.
Un météore se déplaçant d’est en ouest passe au-dessus des Vosges avant d’éclater du côté de Nancy. Une détonation sourde suivie d’un long roulement s’est fait entendre.
***
Dans l’Astronomie (juillet 1886), G. A. Hirn relate : “Le second exemple que je citerai est peut-être plus frappant encore. J’ai parlé dans mon Mémoire(1) du bolide qui, pendant l’automne de 1845, a passé au-dessus de notre localité vers 9h du soir ; j’ai signalé surtout l’éclat extraordinaire qu’a dû répandre ce météore pour devenir aussi visible à travers un épais brouillard de novembre. Le bolide se dirigeait de l’Est à l’Ouest ; il a passé au-dessus des Vosges et a éclaté du côté de Nancy, où il a été bien observé, puisque le ciel était clair. Peu d’instants après son passage au-dessus de nous, mon frère a entendu une détonation sourde suivie d’un long roulement dont l’intensité n’avait rien de frappant. A 10km de chez nous, dans une maison de maître située dans la vallée de Munster, une famille était réunie pour le repas du soir : la détonation due au passage du bolide a été telle, que tout le monde s’est précipitamment sauvé de la maison, croyant qu’elle allait s’écrouler. Du côté de Nancy, où a eu lieu l’explosion réelle du bolide, les témoins n’ont pas fait mention d’un bruit particulièrement fort. Il me semble qu’on ne saurait guère attribuer à autre chose qu’à l’action des montagnes le renforcement du son dans la localité dont je parle. A Munster, dans une maison de maître, une famille était réunie pour le repas du soir :
la détonation a été telle que tout le monde s’est précipitamment sauvé de la maison, croyant qu’elle allait s’écrouler.

(1) Voir L’Astronomie, Nos de juin et juillet 1883.” Source : L’Astronomie, n°7, 1887.

1845, 3 décembre, Bouzillé (Maine-et-Loire). “Un phénomène curieux a été vu le 3 décembre, vers huit heures du soir, aux environs de Bouzillé (Maine-et-Loire), au milieu de la nuit qui était fort obscure. Une clarté soudaine et brillante s’est manifestée ; d’abord on put croire qu’un vaste incendie en était la cause, mais en regardant vers l’occident on aperçut avec surprise dans la région inférieure du ciel un corps lumineux simulant la lune dans son croissant, mais ce dernier, d’une dimension colossale, et tourné vers la terre parallèlmement à l’horizon. Pendant trois quarts d’heure environ, et peut-être davantage (car on ignore le moment où il s’est montré), on a pu constater la présence de ce météore, qui ensuite a disparu comme
si un nuage épais l’avait couvert soudainement.” Source : Journal de Toulouse du 14 décembre 1845.

1846, 16 janvier, La Chaux (Saône-et-Loire).
Une météorite aurait provoqué l’incendie d’une grange à la Chaux. Aucun fragment ne fut jamais retrouvé
dans les décombres du bâtiment incendié.
***
Le 27 janvier, un article paru dans le Journal
des villes et des campagnes évoque brièvement le phénomène : “Ces jours derniers, un incendie dont la cause est assez extraordinaire, vient de jeter l’épouvante dans un village de la Bresse-Louhannaise. Un météore qui prit naissance près de Pierre, après avoir parcouru un espace de deux lieues, vint mettre le feu à une ferme
du village de Lachaux. La flamme se développa avec une telle rapidité que, malgré les plus prompts secours, le bétail et tout ce que contenait cette ferme furent consumés.”
***
Plusieurs journaux reprennent la même information :
le Constitutionnel le 27 janvier, la Gazette nationale
du 28 janvier ou bien encore la Gazette de Lyon du 30 janvier.
***
M. Giroux fait publier un rapport assez précis dans
le tome 22 des Comptes-Rendus des séances de
l’Académie des Sciences (1846) : “Sur un météore
qui a incendié, le 16 janvier 1846, un bâtiment
d’hébergeage à la Chaux (arrondissement de Châlon-
sur-Saône), dépendant d’une ferme appartenant à
Mme de Berbis (extrait d’une Lettre de M. Giroux à
M. le général de Thiard, communiqué par
M. Arago).
Je suis allé chez le sieur Semard, fermier, victime
de l’incendie, qui, à mes questions, a répondu :
“Il y avait au plus une demi-heure ou trois quarts
d’heure que mes domestiques, mes ouvriers et moi
étions rentrés après la journée et le pansement du
bétail ; nous finissions de souper et étions, moi et un de
mes hommes, auprès du feu de la cuisine, et
les autres gens dans la chambre à côté autour du
poêle ; une fille, qui allait et venait d’une chambre
à l’autre pour serrer la vaisselle et les débris du
souper, aperçut, par la fenêtre donnant de la cuisine
sur la cour, une forte lueur ; elle m’appela, effrayée ;
je courus, et, aussitôt que j’eus ouvert la porte de la
cour, j’aperçus mon bâtiment d’hébergeage tout en
feu. J’appelai mon monde, nous courûmes, mais
il nous fut impossible d’entrer et de rien sauver.
Déjà les parois, les murs étaient en braise.” La
maison d’habitation, qui n’a pas été atteinte et qui
est couverte de tuiles, est située au levant ; le
bâtiment d’hébergeage en face, vers le couchant, et
à 25 ou 30 mètres de distance de l’habitation, était couvert en paille et construit en pans de
bois galaudés, comme dans le pays, en carreaux crus.
Cet homme, qu’on surnomme le Canonnier, est
un ancien militaire, artilleur, qui paraît un honnête homme, intelligent, mais incapable d’une mauvaise action. Il n’a entendu aucune détonation et n’a senti aucune odeur sulfureuse ou autre extraordinaire. Il m’a présenté un peu de blé qui a été retiré des
gerbes que l’incendie n’avait pas entièrement
consommées et qui avait une forte odeur de fumée ;
mais cela est l’effet naturel de l’incendie et ne peut
être attribué à une autre cause. Il m’a raconté que
le 14 courant, revenant de la foire de Joucy où il
était allé acheter des moutons pour remplacer ceux
que le feu lui a dévorés, il rencontra un homme avec
lequel il fit route quelque temps, et qui lui dit se
nommer Cortot et demeurer à Olon, près Châlon ;
que, dans la conversation, cet homme lui dit avoir vu,
le 16 janvier au soir, une boule de feu tomber du ciel
dans la direction du nord au sud, et un instant
après, avoir vu s’élever une flamme à une assez grande distance vers le nord, qui lui avait fait supposer que
ce feu céleste avait occasionné un incendie, et qu’il
avait appris le lendemain que c’était à la Chaux. Je ne m’en suis pas tenu à ces renseignements fort
vagues et j’ai cherché à savoir si quelque autre
personne, soit à Pierre, soit aux environs, ne pourrait
pas donner des détails plus précis. On m’a cité
Pierre Trapet et Sulpice, de Pierre. Pierre Trapet,
cultivateur à Pierre, demeurant sur le chemin
n° 29, au bas de la rampe de M. Gantheron, et que
j’ai vu hier, me dit : “Le 16 janvier dernier,
quelques minutes avant 6 heures du soir, je montais
à Pierre, lorsque, arrivé à la hauteur de la ferme de
M. Simerey, en face la cour de M. Gautheron, j’aperçus
tout à coup une boule de feu de la grosseur de
la tête d’un homme, qui s’échappa du ciel et glissa
comme une étoile filante dans la direction du nord
au sud, laissant derrière elle et comme fixée au ciel
une trace de feu d’environ 4 mètres de long. Je
courus et entrais chez Alexandre Perron qui demeure à côté du grangeage de M. Baron ; je le fis sortir pour
voir cette trace lumineuse, et nous aperçûmes
aussitôt au midi une forte lueur qui me fit
penser qu’une maison brûlait. Et comme c’était
positivement dans la direction suivie par la boule de feu que j’avais aperçue quelques minutes
auparavant se détachant du ciel, je ne doutai pas que cet incendie ne fût produit par ce phénomène. Le ciel était clair, mais il y avait un
léger brouillard volant. La trace lumineuse parut
pendant plus de deux heures après ; elle était plus
ou moins claire, suivant que le brouillard était
plus ou moins épais. Je n’ai entendu aucune
détonation, mais la boule de feu partit avec une
rapidité inexprimable.”
M. Giroux complète ses propos, toujours dans le tome 22 des Comptes-Rendus des séances de l’Académie des Sciences : “Lettre de M. Giroux à M. le général
de Thiard, sur le météore qui a incendié une ferme.
M’informant toujours des personnes qui pourraient
me donner des renseignements sur le météore du
16 janvier, j’ai appris, samedi dernier, que M. Ernest
de Loisy l’avait remarqué d’une manière particulière. Je suis allé le voir hier à son château de Terrain, lui
ai expliqué l’objet de ma visite, et il m’a dit que, dans l’intérêt de la science, il voyait avec la plus vive
satisfaction que M. Arago voulût bien donner
quelque attention au phénomène extraordinaire qui occupe le pays depuis six semaines, et qu’il me donnerait, avec le plus grand plaisir, ses renseignements,
résultat de ses remarques particulières. Je l’ai prié
alors de me permettre de prendre quelques mots sous
sa dictée, et voici textuellement ce qu’il m’a fait
écrire, qui me paraît confirmer parfaitement les
premiers documents que j’ai eu l’honneur de vous
adresser. M. de Loisy revenait, le 16 janvier, de sa
propriété d’Auvissars (Côte d’Or), lorsque, parvenu,
vers les 6 heures du soir, au village de Charrette,
en face la maison de M. Boitard, percepteur, averti par
une clarté subite et fort vive qui lui fit l’effet
d’un éclair, il aperçut dans le ciel une traînée lumineuse perpendiculaire à l’horizon, et, pour le lieu où il se trouvait, dans la direction du sud-est. Cette traînée lumineuse, ressemblant à la queue d’une comète, mais donnant une clarté plus vive, lui parut embrasser dans le ciel un arc de 10 à 12 degrés et élevée de
60 à 70 degrés au-dessus de l’horizon. Elle lui
sembla un peu plus haute que la constellation de la
grande Ourse qui lui servit de terme de
comparaison, mais qui restait à gauche de cette traînée.
La lueur de l’incendie lui apparut immédiatement
au sud-est et dans la direction de la Chaux. La
plus grande partie du ciel était sereine ; quelques
légères vapeurs faisaient parfois pâlir les étoiles, mais
sans les cacher. Lorsque ces vapeurs passaient
devant la traînée lumineuse, son éclat diminuait.
M. de Loisy a donc remarqué, pendant tout le trajet
de Charrette à Terrain, qui dura vingt minutes,
ce phénomène qui disparut ensuite. Dans la
conversation, M. de Loisy m’a dit qu’il était en voiture
couverte (en phaëton), ce qui l’empêcha d’apercevoir
le corps qui fut la cause première de l’éclair qui l’éblouit un instant.
P.S. M. de Loisy a été entièrement de mon
opinion contre la version du docteur Curé. Il m’a
assuré avoir parfaitement remarqué que la ligne lumineuse était supérieure en hauteur au léger
brouillard qui s’élevait de l’horizon, et que
conséquemment cette ligne ne pouvait être l’effet de la
réverbération de l’incendie sur ces vapeurs d’ailleurs
fort légères.” M. Sulpice, de Pierre, agent principal
de la Compagnie du Phénix, par laquelle la maison incendiée et le bétail étaient assurés, raconte
que le 16 janvier, il revenait de Louhans, dans son
char-à-banc, accompagné de deux dames de Châlon,
qu’il avait prises à Louhans, et qui venaient chez
lui (Madame Belouse et sa fille). Arrivés en face du
château de la Chaux, ils furent comme éblouis par
une sorte de lumière extraordinaire, entendirent une détonation équivalente à celle d’un fort fusil, mais
peut-être plus sourde, et virent aussitôt sur leur
droite une maison en flammes. Il jugea que c’était
la ferme de Semard ; il vit également la trace lumineuse dont j’ai parlé plus haut, et qui durait encore plus
d’une heure après son arrivée à Pierre. Il n’a pas vu
de boule de feu, mais seulement une lumière vive,
extraordinaire et ressemblant à un éclair. Il dit que,
dans son Rapport à sa Compagnie, il a fait mention de ces faits et de ces remarques. On me dit qu’un
nommé Jean Charpentier, domestique chez Desbois,
aubergiste à Mervans, a vu aussi la boule de feu.
Je ferai en sorte de l’interroger. Notre médecin,
M. Curé, ne pense pas qu’il y ait eu un météore.
Il croit que la ligne lumineuse aperçue au ciel, et
qu’il a vue comme moi et comme tout le monde,
était un effet de lumière produit par la
réverbération de l’incendie sur le brouillard ; mais, dans
mon opinion, son système ne peut se soutenir.
Tous et lui-même sont d’accord que le ciel était clair,
azuré ; il régnait seulement un léger brouillard
volant très-bas. Eh bien, cette ligne lumineuse
paraissait presque tantôt rouge, tantôt blanchâtre ;
quelquefois elle disparaissait presque entièrement,
reparaissait dans tout son éclat un instant ensuite,
et cela suivant les phases du brouillard, qui très-évidemment était plus bas que la trace lumineuse.“
***
La Revue des Assurances (tome 3, 1847), propose un article sur l’événement : “Le 6 janvier, un incendie a éclaté tout-à-coup dans un bâtiment d’hébergeage, à La Chaux, dépendant d’une ferme appartenant à Mme de Berbis. Il était réellement impossible d’assigner à cet incendie une cause matérielle ou morale quelconque ; et il serait resté tout-à-fait inexplicable si un concours de circonstances vraiment extraordinaires ne venait démontrer qu’il faut nécessairement l’attribuer à la chute d’un bolide enflammé. Plusieurs témoins oculaires affirment qu’en même temps qu’à six heures du soir ils voyaient la lueur de cet incendie, ils aperçurent au ciel, sur leurs têtes, une ligne qui à l’oeil paraissait avoir quatre mètres de long, et qui, toute en feu, se dirigeait sur La Chaux. Plusieurs personnes, et entre autres le curé de Pierre, affirment avoir vu, vers les six heures, s’en détacher une boule ardente qui serait tombée, comme une étoile filante, sur la direction de La Chaux, et avoir aperçu presque aussitôt la flamme s’élever de l’endroit où cette boule était tombée. Il gelait fort, et le temps était très-clair. Ces détails ont été adressés à l’Académie par l’entremise du général de Thiard, qui les avait sollicités. C’est vraiment un fait grave que les incendies terribles produits par les étoiles filantes, on en a déjà constaté plusieurs ; il est important que l’attention publique soit de plus en plus éveillée à ce sujet.”
***
A noter qu’un météore a été observé au même
moment dans le Maine-et-Loire, à Chalonnes-sur-Loire.

1846, 10 février, Caraman (Haute-Garonne). “Le 10 février, vers 9 heures du soir, bolide énorme aperçu par M. de Roquette, dans les environs de Caraman.”
Source : Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 22, 1846.

1846, 21 février, Collioure (Pyrénées-Orientales). “Le 21 février, à 9h6m du soir, deux globes lumineux de diamètres différents ont été vus à Collioure par plusieurs personnes, entre autres par MM. Berge, négociant, Ay, pharmacien, et Lacombe, maître de pension, qui ont bien voulu me les signaler. Ces deux globes lumineux se mouvaient avec une très-grande vitesse à travers les nuages, dans la direction du nord-est au sud-ouest, et paraissaient presqu’en contact ; le plus grand, semblable à une grosse bombe, précédait l’autre, qui ressemblait à un boulet de 24. Leur présence fut annoncée par une lumière tellement vive, qu’elle ressemblait à celle produite par un vaste incendie, et que les réverbères parurent, pendant quelques instants, complètement éteints dans l’intérieur de la ville.“ Source : Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 22, 1846.

1846, 1er mars, Toulouse (Haute-Garonne). “Le 1er mars, à 6h19m du soir, un bolide, qui brilla pendant environ deux secondes, en allant de l’est à l’ouest, fut aperçu à Toulouse par M. Rabois.” Source : Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 22, 1846.
***
“On écrit de Toulouse, 3 mars : Avant-hier nous avo été témoins, à Toulouse, de l’apparition d’un des bolides que M. Petit, directeur de l’Observatoire, avait annonces il y a quelques jours. Un de ces corps a traversé l’espace à 6 heures 20 minutes du soir , avec une très-grande vitesse, et en jetant un éclat que la lumière du crépuscule n’a pas pu éteindre ; sa durée a été de deux secondes environ ; il laissait après lui une traînée lumineuse assez intense, il paraît que le phénomène s’est manifesté sur une grande échelle, dans d’autres localité.” Source : Journal de l’Aveyron du 14 mars 1846.

1846, 21 mars, Toulouse (Haute-Garonne). “Le 21 mars, à 6h45m du soir, un bolide plus gros qu’un obus, se dirigeant assez lentement du sud au nord dans la partie ouest du ciel, et laissant après lui une traînée lumineuse, a encore été aperçu par un grand nombre de personnes, soit à Toulouse meme, soit aux environs, jusqu’à une distance de plusieurs lieues.” Source : Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 22, 1846.
***
“MÉTÉOROLOGIE.-Sur le bolide du 2I mars 1846, et sur les conséquences qui sembleraient devoir résulter de son apparition. (Extrait d’une Note de M. Petit.) Ce corps fut aperçu, vers 6h 45m du soir, dans plusieurs points des départements de la Haute-Garonne et de l’Ariége ; mais les observations ont été faites à Artenac, dans les environs de Saverdun, par M. Larivière, et à Toulouse, par M. Lebon et par M. le docteur Dassier. D’après l’observations de M. Larivière, ce bolide serait parti d’un point situé à 3 ou 4 degrés au-dessous de Sirius, se serait avancé lentement du sud au nord, en passant sous la constellation d’Orion et aurait disparu au nord-ouest et à 8 degrés au-dessus de l’horizon, derrière des nuages très-bas, très-opaques et sans doute très-éloignés. Ce qui surprit le plus M. Larivière, ce fut la lenteur du mouvement ; il ne peut évaluer à moins de 10 secondes le temps écoulé depuis le commencement jusqu’à la fin de l’apparition. Le diamètre apparent du bolide lui parut à peu près égal à la moitié de celui de la lune lorsqu’elle est dans son plein et dans le voisinagedu méridien; sa lumière était très-éclatante et très-blanche ; il laissait derrière lui une traînée blanchâtre qui persistait environ deux secondes et qui formait comme un ruban à bords bien tranchés. Après la disparition, M. Larivière prêta l’oreille pendant un assez bon moment, mais il n’entendit aucun bruit. Quant aux observations de MM. Lebon et Dassier, elles ont été relevées avec beaucoup de soin par M. Melliez, et elles assignent une durée de 6 secondes au temps employé par le bolide pour aller du point qu’occupait, le dimanche 24 mai, à 10h 8m du soir, l’étoile δ de la Coupe, au point qu’occupait à la même heure l’étoile ζ du Cancer. Placés l’un et l’autre dans l’intérieur de la ville au moment de l’apparition, MM. Lebon et Dassier ne purent saisir ni le commencement ni la fin de cette apparition. Le diamètre du bolide était celui d’un obus. [...]” Source : Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.

1846, 22 mars, Saint-Paul (Haute-Garonne). La chute d’un aérolithe aurait provoqué l’incendie d’une ferme à Saint-Paul.
“Les bolides, ou globes de feu, ont été, à ce qu’il paraît, très-nombreux cette année dans le midi de la France. M. Arago a reçu une lettre sur un nouveau cas d’incendie occasionné par une bolide aux environs de Bagnères-de-Luchon. Le feu a été communiqué à une grange, vers trois heures du soir, par une gerbe lumineuse qui a sillonné les airs avec une grande vitesse et un bruit assez intense, et qui est tombée sur le bâtiment. En peu d’instans, tout est devenu la proie des flammes.” Source : Bulletin d’Espalion du 30 mai 1846.
***
Une lettre de M. Petit adressée à Arago et lue à l’Académie des Sciences de Paris, relate les faits.
En voici un extrait : “Je viens d’apprendre à l’instant
un nouveau cas d’incendie occasionné par un bolide
dans la commune de Saint-Paul, aux environs de
Bagnères-de-Luchon. Le feu a été communiqué à
une grange, dit le journal de Saint-Gaudens, dans la
journée du 22 mars, vers trois heures du soir, par une
gerbe lumineuse qui a sillonné l’espace avec une
grande vitesse et un bruit assez intense, et qui
est tombé sur le bâtiment. En peu d’instants, tout est
devenu la proie des flammes ; les bestiaux renfermés
dans les étables ont été entièrement consumés.”
Source : Petür Beron, “Panépistème, ou sciences
physiques et naturelles et sciences métaphysiques et morales”, 1861.
***
“On écrit de Montrejeau (Haute-Garonne), 23 mars : Dans la journée d’hier, vers les trois heures du soir, un incendie s’est manifesté dans une grange de la commune de St.-Paul. On raconte que le feu a été communiqué par une gerbe lumineuse qui, en sillonnant l’espace avec une grande vitesse et un bruit assez intense, s’est arrêtée sur ce bâtiment et l’a embrasé ; en peu d’instans tout est devenu la proie des flammes ; les bestiaux renfermés dans les étables ont été entièrement consumés, ce phénomène n’a rien de surprenant, il n’est pas rare de le voir se produire dans tous les pays, et les journaux ont dû souvent enregistrer des sinistres amenés par la chute des aérolithes ou bolides, vulgairement appelés pierres tombées du ciel. C’est probablement à une cause analogue qu’il faut attribuer ce nouvel accident. (Journal de Sl-Gaudens).” Source : Journal de l’Aveyron du 8 avril 1846.
***
“Les bolides, ou globes de feu, ont été, à ce qu’il paraît, très-nombreux cette année dans le midi de la France. M. Arago a reçu une lettre sur un nouveau cas d’incendie occasionné par une bolide aux environs de Bagnères-de-Luchon. Le feu a été communiqué à une grange, vers trois heures du soir, par une gerbe lumineuse qui a sillonné les airs avec une grande vitesse et un bruit assez intense, et qui est tombée sur le bâtiment. En peu d’instans, tout est devenu la proie des flammes.” Source : Bulletin d’Espalion du 30 mai 1846.

1846, 20 juin à 20 h 30, Autun (Saône-et-Loire). Une grosse météorite plongeant vers le sol
aurait été observée. Avant de toucher la terre,
elle se serait fragmentée.

1846, 21 juin, Thury en Valois et La Ferté-Milon (Oise) et à Metz (Moselle). “Le 21, 9 h. 30 du soir, à Thury, globe de feu
qui jetait un grand éclat et se mouvait très-rapidement. Ce météore a paru s’abattre sur la vallée de l’Ourcq dans la direction du N.-N.-E., au-delà de la Ferté-Milon, en tourbillonnant sur lui-même et lançant de brillantes étincelles d’un beau jaune orangé. A 10 h. 40 m, M. Héricart de Thury a encore remarqué, au même lieu, une belle étoile filante s’abattre dans la direction opposée.” Source : Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 1847.
***
“Un météore lumineux, d’un éclat extraordinaire, et se mouvant rapidement de haut en bas, à peu près comme une fusée dans sa chute, a été remarqué au nord de Metz, dimanche soir, vers neuf heures du soir.” Source : Gazette de Metz et de Lorraine du 24 juin 1846.

1846, 17 août, Dijon et Gevrey (Côte-d’Or). “Le 17, à 7h 30 du soir, à Dijon et à Gevrey (Côte-d’Or), on a vu un bolide parcourant, du nord-ouest au sud-est, un arc de 30 degrés environ, a une hauteur de 35 à 40 degrés. Faible d’abord il a augmenté de volume et d’éclat, et a disparu en s’ouvrant comme une campanule. Il a laissé une trainée rouge de feu. On n’a pu me dire le temps qu’a duré l’apparition. On n’a pas entendu de détonation.” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.

1846, 25 août, Tocane-Saint-Apre (Dordogne). “Dans la nuit du 24 au 25 août 1846, à 2h30m, le docteur Moreau, alors près de Saint-Apre (Dordogne), revenait de voir un malade ; le temps était calme et chaud ; tout à coup il fut environné d’une lumière éclatante due à un globe lumineux qui s’entr’ouvrit et jeta à droite et à gauche des étoiles par centaines. Ce phénomène garda toute sa splendeur durant trois ou quatre
minutes ; après quoi, sur le point de disparaître, son foyer jeta des étoiles plus rares.” Source : Comptes rendus de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.

1846, 12 septembre, Anduze (Gard). “Le samedi, 12 courant, entre 8 et 9 heures du soir, un bolide d’une grosseur et d’un éclat extraordinaire a été vu à Anduze. Le noyau ellipsoïde et très-distinct offrait l’aspect d’un énorme projectile incandescent, à flamme bleuâtre au centre et rouge sur les bords ; il laissait dans l’atmosphère, en s’avançant, une longue traînée de feu d’un rouge intense. Ce météore, dont la marche n’était pas très-rapide, s’emblait peu éloigné de la terre ; sa direction était de l’Est à l’Ouest. Le noyau et la traînée de feu qu’il laissait-après lui étaient simultanément visibles sous un angle d’au moins trente degrés. C’était assurément une énorme aérolithe incandescente qui n’est pas tombée loin du lieu où le phénomène a frappé les yeux de celui qui nous communique ces détails. Nous apprendrions avec intérêt qu’on eût retrouvé les débris dans l’une des communes situées à l’ouest d’Anduze. (Mémorial du Gard.)” Source : Courrier de la Drôme et de l’Ardèche du 29 septembre 1846.

1846, 24 septembre, Ichtratzheim (Bas-Rhin). “M. l’Abbé Müller écrit d’Ichtratzheim (Bas-Rhin) :
[...] Dans la soirée du 24, à 7 heures 36 minutes, j’ai observé un météore très-remarquable. Un bolide globuleux, de la dimension apparente d’un boulet de canon qui pèserait 3 kilogr., d’une clarté éblouissante, s’est détaché de la voûte du ciel à 50 degrés environ au-dessous du zénith au sud-est de l’observatoire, traînant après lui une queue brillante, a traçé une courbe en s’élançant obliquement en bas vers l’horizon sud, et, arrivé à environ 25 degrés au-dessus, a éclaté en étincelles enflammées et a disparu. Aucun bruit n’a été entendu, à cause sans doute du prodigieux éloignement du globe igné.” Source : Journal d’agriculture pratique, de jardinage et d’économie domestique, 1864.

1846, 1er octobre, Troyes (Aube). “Hier soir, vers neuf
heures environ, un de ces phénomènes qui se sont
fréquemment manifestés pendant le cours de l’été
est venu jeter l’alarme dans les Faux-Fossés. Un corps igné, dont le volume représentait une longueur de quatre mètres environ sur une largeur de trente à quarante centimètres, est tombé en diagonale dans les jardins situés entre la rue Torchepot et celle de la Teillerie. Cette aérolithe a
fait, en tombant, le bruit d’une fusée d’artifice.
Sa partie antérieure se détachait en blanc vif ; elle
était assez semblable à la couleur du fer en fusion.
La partie postérieure était nuancée de tons bleuâtres
comme ceux produits par la flamme de la houille. Il s’en échappait une grande quantité d’étincelles.
En tombant ce météore a jeté une lumière très vive,
qui un instant a fait croire aux habitants du quartier
qu’il y avait un incendie dans le voisinage. Il ne serait pas impossible que quelques-uns des nombreux sinistres qui ont été enregistrés cet été, n’eurent pour cause des phénomènes de cette nature. On doit rappeler que l’incendie de Saint-André-lès-Troyes a
été déterminé par la chûte d’un corps igné.” Source :
Le Propagateur de l’Aube.

1846, 9 octobre, Partout en France. Un météore
est observé du sud-ouest vers le nord-est et explose.
Sources : Comptes-rendus de l’Académie des Sciences. On pourra compléter avec ce court paragraphe : “Un
aérolithe a été observé à Gellainville, le 9 octobre
1846. Ce même météore s’est manifesté à Saint-
Chéron, dans le Loiret, dans l’Yonne, dans l’Aube
et dans d’autres parties de la France.” Source :
E. Bardin, Géographie départementale, classique et
administrative de la France.
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“M. CADART donne quelques détails sur un météore lumineux qu’il a observé à Paris, le 9 octobre courant, à 9h 15m du soir. Le diamètre du disque lumineux ne paraissait guère moindre que celui de la lune il se montra dans la région du sud, parcourant dans son mouvement descendant une ligne verticale située à peu près dans le méridien de Paris. Il était élevé d’environ 70 degrés quand il se montra d’abord, et de 15 quand il disparut ; il s’éteignit instantanément avec une apparence d’explosion, mais sans bruit. Le mouvement paraissait plus lent que n’est communément celui des étoiles filantes.“ Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.
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“Sur le bolide du 9 octobre 1846. Lettre de M. Chasles à M. Arago.
J’ai lu dans le Constitutionnel d’hier, lundi, que des voyageurs venant de Saint-Germain, vendredi soir à 9 heures, en wagon de chemin de fer, ont vu tomber un globe de feu à pic. Un jeune vicaire de la cathédrale, M. Bulteau, qui a été professeur de physique et qui est bien au courant de vos notions scientifiques de l’Annuaire, a vu ce météore et en a rendu compte dans le Journal de Chartres. Il a cru qu’il tombait à une demi-lieue de la ville, au sud-est, et il a parfaitemententendu une forte détonation. C’est à une hauteur angulaire de 30 degrés à peu près, qu’il l’a vu percer la nue et tomber verticalement, sous la forme d’une poire dont la pointe est en haut. Une autre personne l’a vu éclater en mille jets avec une détonation qui a fait grand’peur.
J’ai l’honneur de vous transmettre ces détails, parce que je vois, par les journaux d’Orléans et de Troyes, que le météore a été observé dans ces deux lieux, et que l’on a cru à Troyes qu’il tombait dans des jardins de la ville, avec un bruit qui a fort effrayé les habitants. Peut-être en est-il de la chute, à Troyes, comme de celle que l’on pouvait croire ici avoir lieu près de Chartres. Toutefois il serait intéressant de savoir si c’est vers le midi, ou au nord, qu’on l’a vu tomber à Troyes, parce que, dans le second cas, on saurait d’une manière certaine que c’est entre Troyes et Orléans qu’il a éclaté; mais ce qui méritait peut-être le plus d’être constaté, c’est le bruit entendu à Chartres en même temps qu’à Troyes. C’est à raison surtout de ce fait, que j’ai pris des informations auprès de M. Bulteau, et que j’ai l’honneur de vous en entretenir.
Je joins l’extrait des journaux que je viens de citer. Journal de Chartres du dimanche 11 octobre 1846. - « Avant hier, 9 octobre, un peu après 9 heures du soir, le ciel étant nuageux et couvert, un météore de grande dimension a percé les nues, et a dû tomber au midi de Chartres, vers le Coudray. Sa lumière surpassait celle de la lune en son plein, elle était vive et bleuâtre comme celle de l’étoile Syrius, son apparition a été courte, elle a duré à peine deux secondes. Ce sont les nuages qui ont empêché de jouir plus tôt et plus longtemps de la vue du météore. Son diamètre horizontal égalait la moitié du diamètre apparent de la lune. Sa forme était un ovale très-allongé, il ressemblait presque à une de ces larmes bataviques que l’on voit dans les cabinets de physique. On aurait dit que c’était un corps igné en fusion. Quand le météore eut disparu à ses yeux, la personne qui nous communique ces détails entendit, malgré son éloignement du lieu de la chute, une détonation très-distincte et semblable à celle d’une fusée à baguette. »
Propagateur de l’Aube (Troyes). « Hier soir, vers 9 heures environ, un de ces phénomènes qui se sont fréquemment manifestés pendant le cours de l’été est venu jeter l’alarme dans les Faux-Fossés. Un corps igné, dont le volume représentait une longueur de 4 mètres environ, sur une largeur de 30 à 40 centimètres, est tombé en diagonale dans les jardins situés entre la rue Torchepot et celle de la Treillerie. Cet aérolithe a fait, en tombant, le bruit d’une fusée d’artifice. Sa partie antérieure se détachait en blanc vif, elle était assez semblable à la couleur du fer en fusion. La partie postérieure était nuancée de tons bleuâtres comme ceux produits par la flamme de la houille. Il s’en échappait une grande quantité d’étincelles. En tombant, ce météore a jeté une lumière très-vive, qui un instant a fait croire aux habitants du quartier qu’il y avait un incendie dans le voisinage. »
Constitutionnel du lundi 12 octobre 1846. - « Vendredi soir, à 9h15m, des voyageurs qui revenaient à Paris, sur l’impériale d’un wagon du chemin de fer de Saint-Germain, ont aperçu, en arrivant à la station de Colombes, un météore dans la région moyenne du ciel il est descendu devant eux perpendiculairement, durant l’espace de 20 à 30 secondes, jetant une assez vive clarté, et il a éclaté ensuite, en lançant ses étincelles dans une double direction horizontale. »
Messager du Loiret du samedi 10 octobre. - « Hier, vers 10 heures du soir, nous avons vu, dans la partie sud, une grande clarté, et aussitôt après, un globe de feu, de la grosseur d’un tonneau, s’est échappé du ciel en se dirigeant vers le nord-ouest. Ce météore semblait diminuer en approchant de la terre. »”
Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.
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“Sur le bolide du 9 octobre (Extrait d’une Lettre de M. Grutey à M. Arago. Hier, vendredi 9 octobre, entre 9h 30m et 10 heures du soir, et par un ciel sans nuages, le fluide électrique, sous la forme d’un globe pouvant avoir le volume de 50 centimètres de diamètre, est tombé sur une maison, dans la commune de Montigny-le-Roi, mais sans causer aucun dégât. Le tonnerre a grondé peu de temps après. Le même jour et à pareille heure, la foudre, vient-il de m’être assuré par une personne digne de foi et témoin oculaire du météore, a paru vouloir frapper la maison de ville, dans le bonrg de Ligny-le-Châtel, distant de Montigny d’environ 6 kilomètres. Cette fois, le globe de feu paraissait avoir
80 centimètres de diamètre. Le coup de tonnerre a été d’une violence inouïe.” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.
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“météore. — On lit dans le Journal de Chartres : « Le 9 octobre, un peu après 9 heures du soir, le ciel étant nuageux et couvert, un météore de grande dimension a percé la nuit, et a dû tomber au midi de Chartres, vers le Coudray. Sa lumière surpassait celle de la lune en son plein : elle était vive et bleuâtre comme celle de l’étoile Syrius, son apparition a été courte, elle a duré à peine deux secondes. Ce sont les nuages qui oui empêché de jouir plus tôt et plus longtemps de la vue du météore.
Son diamètre horizontal égalait la moitié du diamètre apparent de la luné.Sa forme était un ovale très-alongé; il ressemblait presqn’à une de ces larmes balaviqucs que l’on voit dans les cabinets de physique. On aurait dit que c’était un corps igné en fusion. Quand le météore eut disparu à ses yeux, la personne qui nous communique ces détails entendit, malgré son éloignement du lieu de la chute, une détonation très-distincte et semblable à celle d’une fusée à baguette.” Source : Courrier de Nantes du 17 octobre 1846.

1846, 12 octobre, Troyes (Aube). “Hier soir, vers neuf heures environ, dit le Propagateur de l’Aube, un de ces phénomènes qui sec sont fréquemment manifestés pendant le cours de l’eté, est venu jeter l’alarme dans les Faux-Fossés. Un corps igné, dont le volume représentait une longueur de quatre mètres environ sur une largeur de trente à quarante centimètres, est tombé en diagonale dans les jardins situés entre la rue Torchepot et celle de la Teillerie. Cet aérolithe a fait, en tombant, le bruit d’une fusée d’artifice. Sa partie antérieure se détachait en blanc vif, elle était assez semblable à la couleur du fer en fusion. La partie postérieure était nuancée de tons bleuâtres comme ceux produits par la flamme de la houille. Il s’en échappait une grande quantité d’étincelles. En tombant, ce météore a jeté une lumière très vive, qui un instant a fait croire aux habitons du quartier qu’il y avait un incendie dans le voisinage.“ Source : l’Esprit public du 13 octobre 1846.

1846, 13 octobre, Cherbourg (Manche). “Incendies. — Le fort des Fourches, près de Cherbourg , a été mardi soir la proie des flammes. Ce fort, situé sur une hauteur, dans un endroit isolé, ne contenait que du blé et des fourrages. Le feu a pris au milieu de la nuit, et comme on l’apercevait à la fois de la ville et de la rade, près de quatre mille personnes ont fini par se trouver sur le lieu du sinistre ; mais l’eau manquait complètement dans les environs, ou du moins on n’eût pu s’eu procurer qu’en puisant dans de vieilles carrières, au grand danger de ceux qui l’auraient fait. On a fini par laisser le feu maître de la place. La malveillance ne peut guère être étrangère à ce sinistre. Il n’y a d’autre explication possible que celle qui a été donnée, dit-on, par un témoin, la chute d’un météore igné sur le chaume qui se trouvait auprès du bâtiment.” Source : Courrier de Nantes du 15 octobre 1846.

1846, 17 octobre, Dijon (Côte-d’Or). “Le 17 octobre, vers 6h 15m du soir, par un ciel entièrement couvert, (la pluie avait été continuelle presque tout le jour et avait cessé depuis peu de temps), j’ai aperçu un météore lumineux se mouvant horizontalement de l’ouest à l’est à moins de 15 degrés de hauteur. Il s’avançait lentement au nord de Dijon, et dans la dernière partie de sa course (d’une amplitude visible de 45 degrés environ), il a paru descendre sensiblement. Il était d’un blanc pâle mal terminé, et d’une grosseur apparente à peu près égale à celle de Jupiter, vu sans besicles, par un myope. Je n’ai pas entendu de détonation, mais peut-être à cause du bruit de la voiture dans laquelle je me trouvais. 4 ou 5 secondes après, j’ai aperçu une lumière blanchâtre mais presque instantanée, au point où le météores’était éteint. Si sa marche n’eût pas été aussi lente, j’aurais cru à la chute d’un aréolithe. De ce fait je rapprocherai le suivant, que je trouve consigné dans le Moniteur du 23 octobre.
Le 17, vers 6h 30m du soir, à Hanau (Hesse Électorale), on aperçut un très-beau météore qui se mouvait dans la direction du sud-ouest à l’est ; la grosseur du noyau paraissait être de deux pouces et demi, et sa longueur d’un pied. Il répandait une clarté bleuâtre assez vive. La durée du météore a été de 5 à 8 minutes. »
Sans pouvoir préciser le temps de l’apparition du météore que j’ai aperçu, je ne pense pas pouvoir le porter à 1 minute.” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.

1846, 3 novembre, Dijon (Côte-d’Or). “Le 3 novembre 1846, vers 7h30m du soir, M. Méline, jardinier en chef du Jardin botanique de Dijon, vit un globe de feu, se mouvant plus lentement qu’une fusée de l’ouest à l’est, horizontalement à 60 ou 70 degrés de hauteur, et éclairant les objets d’une lumière dont la teinte était jaune serin. Ce météore laissa sur toute la longueur de la route qu’il suivit une immense traînée d’un blanc couleur de cendre. Il traversa ainsi le quart du ciel ; puis, avant de disparaître, il lança une gerbe de flammes ou d’étincelles brillantes, mais sans bruit sensible ;
la traînée demeura visible pendant au moins dix minutes. Une particularité fort remarquable, c’est que la matière lumineuse des deux extrémités de la traînée parut se porter vers le milieu de la ligne parcourue, où, en se condensant, elle forma une espèce de boule grosse comme un chapeau, mais non compacte ; elle était comme formée par la réunion d’amas lumineux, séparés par des stries obscures et très-étroites. Cette espèce de boule dura au moins un quart d’heure, mais en s’affaiblissant, (PERREY, Comptes rendus, t. XXIII, p. 985.)” Source : Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, 1874.

1846, 9 novembre, Dijon (Côte-d’Or). “Le 9 novembre, vers 7h30m du soir, M. Méline, jardinier en chef du jardin botanique de Dijon, a vu un météore remarquable qu’il décrit ainsi : « Je sortais des serres du jardin, quand j’ai été frappé tout à coup d’une lumière aussi intense que celle du jour, j’aperçus distinctement toutes les parties du jardin, les arbustes comme les arbres, les plantes, etc. Je vis tout avec une teinte jaune serin. D’abord je crus à un incendie mais en jetant les yeux au ciel, j’ai vu un globe de feu se mouvant plus lentement qu’une fusée, de l’ouest à l’est, horizontalement, à 60 ou 70 degrés de hauteur. Le météore a laissé, sur toute la longueur de la route qu’il a suivie, une immense traînée d’un blanc couleur de cendre. Il a ainsi traversé le quart du ciel ; puis, avant de disparaître, il a lancé une gerbe de flamme ou d’étincelles brillantes, mais sans bruit sensible tout le ciel alors a paru de nouveau illuminé, mais pendant un instant seule ment, tandis que la traînée est demeurée visible pendant au moins 2 minutes. Mais une particularité bien remarquable, c’est que la matière lumineuse des deux extrémités de la traînée a paru se porter vers le milieu de la ligne parcourue, où, en se condensant, elle a formé une espèce de boule grosse comme un chapeau mais non compacte elle était comme formée par la réunion d’amas lumineux séparés par des stries obscures et très-étroites. Cette espèce de boule a duré au moins un quart d’heure mais en s’affaiblissant. Plusieurs personnes ont témoigné de l’exactitude de cette description, que j’ai écrite sous la dictée de M. Méline. ALEXIS PERREY.” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.
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“Globe lumineux observé à Dijon, dans la soirée du 9 novembre 1846. Extrait d’une Lettre de M. GEOFFROY à M. Arago. Le 9 novembre, à 8h 5m du soir, j’ai aperçu un globe lumineux se dirigeant de l’est à l’ouest ; sa vitesse était grande, et sa grosseur égalait celle d’un boulet de 8. Il laissait à sa suite une traînée lumineuse, que je ne puis mieux comparer qu’à celle que laisse une grosse fusée d’artifice lors de son départ cette traînée paraissait avoir près de 2 mètres de longueur. La clarté
produite par ce météore a été assez grande pour laisser distinguer les chiffres d’un cadran de montre de très-petite dimension, quoique la nuit fût sombre. Le temps était calme et le ciel découvert.” Source : Comptes-rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences, t. 23, 1846.

1847, 9 mars, dans le Gard. “Mardi dernier, 9 courant, à 9 heures et 35 minutes du soir, un météore lumineux a parcouru le ciel dans la direction de l’est à l’ouest. Après avoir accompli une longue courbe et laissé derrière lui une espèce de vapeur, il a fait explosion en projetant une lumière vive et blanche qui a subitement illuminé tout le ciel, et dont les reflets ont jeté leur clarté jusque sur les monumens et les maisons de notre ville. Les personnes qui ont observé la course de ce météore sur l’Esplanade et dans la direction du chemin de Montpellier, ont remarqué l’éclat particulier et merveilleux qui a été projeté parce corps lumineux au moment de son explosion.” Source : Courrier du Gard du 12 mars 1847.

1847, 2 avril. Saintes (Charente-Maritime). “Le
2 avril, un bolide de première grandeur a été
observé à Saintes. Il a décrit une courbe vers
l’horizon, dans la direction de l’O.-O.-N. Il a
plusieurs fois changé de couleur. Sa traînée
lumineuse et un peu rougeâtre jetait une clarté
plus vive que celle de la lune. Deux minutes après sa disparition, ce météore a fait une explosion assez violente.” Source : Le Censeur du 11 avril 1847.
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“Le 2 avril, à 7 heures 47 minutes du soir, un globe
filant de première grandeur a été aperçu à Saintes. Le ciel était couvert par des nuages bas et épais allant de l’ouest à l’est en ce moment et suivant l’impulsion du veut. On ne peut qu’approximativement préciser la trajectoire de ce météore qui, du zénith où il s’est montré, a décrit une courbe vers l’horizon, dans la direction de l’ouest-ouest-nord. Sa forme était sphérique ;
sa lueur planche, an moment de l’apparition, a changé plusieurs fois de couleur ; sa traînée lumineuse et un peu rougeâtre, a duré plusieurs secondes après le passage, jetant sur la ville une clarté plus vive que celle de la lune ; une assez violente explosion s’est fait entendre deux ou trois minutes apres la disparition du phénomène. La commotion acté presque aussi forte que celle produite par un éclat d’orage.” Source : Journal de Toulouse du 12 avril 1847.

1847, 9 ou 10 juillet, région lyonnaise. “Samedi dernier, vers neuf heures du soir, un globe lumineux, paraissant avoir la grosseur d’une tête humaine, s’est détaché du ciel du côté de l’ouest, vers les montagnes du Lyonnais, et est venu disparaître sur le versant du coteau de Ste-Foy, après avoir jeté une vive clarté sur toute cette partie de notre territoire. Il y a tout lieu de penser que ce globe est une véritable aérolithe, et non un météore comme il s’en forme quelquefois dans les régions supérieures de l’atmosphère. La rapidité de sa marche et l’absence de toute explosion rendent cette version vraisemblable.” Source : Journal
de l’Ain du 14 juillet 1847.
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On lit aussi un autre article sur ce phénomène dans le Journal de la Vienne du 17 juillet 1847 :
“Vendredi dernier, 9 juillet, vers les neuf heures
du soir, une vive lueur a éclairé subitement la
ville de Vienne et ses environs ; il y a tout lieu
de penser que cette lueur provient de la chute d’un aérolithe : toujours est-il que le même phénomène a été remarqué à Lyon. On aurait aperçu, dans cette dernière ville, un globe lumineux, d’environ six pouces de diamètre, qui se serait montré à l’ouest de Lyon, et aurait disparu du côté de Sainte-Foy, après avoir répandu une vive clarté sur celte partie du territoire.”

1847, début août, Morbihan. “Dans la première semaine du mois d’août 1847, vers 9 h. 1/2 du soir,
descendant avec un de mes frères, des hauteurs
de Malguénac vers la vallée de la Sar, affluent du
Blavet, sur l’ancienne route de Pontivy à Guéméné,
nous fûmes frappés d’une vive clarté qui envahit tout le ciel. Nous retournant pour en connaître la cause, nous vîmes venir vers nous du sud-est, à une grande hauteur, une boule incandescente, laissant une traînée lumineuse, qui passa comme l’éclair au-dessus de nos têtes et éclata aussitôt, avec une formidable détonation qui nous terrifia, illuminant tout le pays que nous dominions, d’une lumière si intense que
nous distinguâmes, tout brillant un clocher dont nous
devions être éloignés de 12 kilomètres au moins. Au
juger, je crois que le bolide a dû tomber sur le terrain de la commune de Séglien, limitrophe de
Cléguérec, où se trouve le village de Kernove, témoin
de la chute du 22 mai 1869.” Source : Bulletin de la Société polymathique du Morbihan, 1896.

1847, 17 août, Paris. “M. Binet a annoncé à l’Académie que le 17 août , à 8h53m du soir, un bolide a été vu
par beaucoup de personnes, à Paris. M. Binet n’a
été à lieu de voir que la vive clarté répandue
subitement par le bolide ; mais il a pu reconnaître
une légère nébulosité sur la route du bolide, qui lui
a été indiquée par les témoins du phénomène ; elle a subsisté durant quelques secondes après le passage
du bolide, qui marchait du nord au sud pour un observateur placé dans le jardin du Luxembourg, et
dont la vue était dirigée vers l’est. Cette nébulosité
répondait à peu près à la moitié de l’intervalle des
étoiles α du Cygne et ε de Pégase. Plusieurs personnes
qui ont vu l’éclat du bolide affirment avoir entendu
un bruit fort sensible, et comparable au sifflement
d’une fusée volante.” Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 25, 1847.

1847, 19 août, entre Paris et Dieppe. “J’ai vu parfaitement le bolide du 19 de ce mois, vers 9h 30m du soir ; mais j’avoue que je l’ai pris pour un aérolithe tombant sur la terre avec une grande vitesse. Sa direction était du sud-sud-ouest au nord-nord-est. Il s’est passé tout au plus trois secondes du moment où je l’aperçus à l’instant où je le perdis de vue. Observé du trottoir en’asphalte qui est contigu à la terrasse des Feuillants, en regardant la grande Ourse, à la hauteur de la rue du Dauphin, cet aérolithe paraissait enfiler, en tombant par une diagonale très-allongée, la rue du Vingt-Neuf-Juillet. Au moment où il s’est partagé en deux morceaux poursuivant la même direction, il était dans la verticale de la rue Rivoli. L’effet que ce petit bolide a produit sur moi fut de me persuader qu’il était allé tomber vers Montmartre. Il ne laissa aucune trace après lui, et cette circonstance,jointe à sa vitesse de translation, m’a rendu impossible de
le rattacher précisément à aucune étoile.”
Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, tome 25, 1847.

1847, 26 septembre, près de Vendeuvre sur Barse (Aube). “Dimanche dernier, entre sept et huit heures du soir, quelques personnes qui se promenaient sur la route de Vendeuvre furent témoins de l’apparition d’un de ces météores lumineux que l’on désigne sous les noms de bolides, globes de feu, etc. Ce météore, beaucoup plus lumineux que ceux que l’on nomme étoiles filantes, semblait se diriger du levant au couchant en décrivant une courte assez prononcée. Aucune détonation ne se fit entendre, et ce bolide s’éteignit avant d’avoir atteint le sol ; mais sa lumière était si vive, qu’arrivé à son apogée, les personnes qui le remarquèrent purent voir distinctement leur silhouette dessinée sur la route.[...]” Source : L’Aube (Troyes) du 28 septembre 1847.

1847, 17 décembre, Pamiers et Verniolle (Ariège). “On nous écrit de Pamiers : Un nétéore lumineux a jeté l’épouvante dans les environs de notre ville, le 17 décembre, vers les sept heures du soir. Il s’est surtout appesanti sur le village de Verniolle ; on eût dit toutes les maisons en feu. La frayeur des habitants était à son comble ; chacun s’empressait d’accourir pour éteindre l’incendie qu’on cherchait vainemeut. Mais bientôt le nuage s’est dissipé et n’a laissé après lui que de profondes ténèbres. Suivant l’usage, les commentaires ont succédé à la frayeur, et les plus crédules présagent aujourd’hui que bientôt de grands malheurs viendront désoler cette malheureuse contrée.” Source : Journal de Toulouse du 22 décembre 1847.

1848, 2 septembre. Troyes (Aube). On peut lire dans
le Progrès de l’Aube du 3 septembre 1848 : “Hier, vers huit heures du soir, un aérolithe est tombé dans les environs de Troyes. Il s’est produit sous l’aspect d’une étoile filante de grande dimension, laissant après lui une traînée lumineuse semblable à celle d’une fusée. Cet aérolithe, se dirigeant du nord au sud, a jeté une lumière bleuâtre d’un ton assez vif pendant l’espace de quelques secondes.”
***
De même, le Journal de la Haute-Saône du 9 septembre 1848 indique : “Le Progrès de l’Aube a dernièrement annoncé la chute d’une aérolithe dans les environs de Troyes. D’après ce journal, le phénomène a eu lieu le 2 courant, sur les huit heures du soir, et s’est produit sous l’aspect d’une étoile filante de grande dimension, laissant après elle une traînée lumineuse semblable à celle d’une fusée. Le même jour et à la même heure, plusieurs personnes de Vesoul qui se promenaient sur la route de Besançon ont remarqué la brillante apparition et la chute du météore dont on vient de parler. Le sillage lumineux a rapidement décrit une courbe du nord au sud et a paru s’éteindre derrière le village de Noidans. Cette observation, qui emprunte de l’intérêt à l’article du Progrès de l’Aube, nous a été transmise par M. Kienné, garde du génie à Vesoul, l’une des personnes qui ont été témoins du phénomène.”

1848, 4 septembre, Bayeux (Calvados). “Lundi 4, à Bayeux, vers neuf heures du soir, plusieurs personnes ont été témoins d’un phénomène qui a attiré vivement l’attention. Un météore, doué du plus vif éclat, a sillonné le ciel dans la direction du sud-est au nord-ouest, dans le voisinage de la grande Ourse. La lumière qu’il a projetée a été si brillante , que malgré la présence de la lune, on a pu la comparer à celle d’un éclair par un temps d’orage. Après quelques secondes il a disparu , laissant dans le ciel une traînée lumineuse pareille à celles que laissent derrière elles les fusées volantes. Pendant le cours de la soirée on avait pu remarquer plusieurs étoiles filantes ; peut-être le bolide que nous signalons n’est-il autre chose que l’un de ces météores.” Source : Journal des Pyrénées Orientales du 26 septembre 1848.

1849, 14 mars, Château-Thierry (Aisne). “Mercredi, à la chute du jour, on a aperçu, à Château-Thierry, dans la direction nord (nord-est), un météore lumineux qui présentait quelques caractères remarquables. Il s’est enflammé à une hauteur approximative de 30 degrés au-dessus de l’horizon, et a paru tomber avec lenteur sur la terre. Le parcours a duré au moins deux secondes, et le mouvement, au lieu d’être d’un seul jet, comme il arrive pour les étoiles filantes, semblait se ralentir par intervalles. Autant qu’il est possible d’en juger, le lieu de la chute n’est pas éloigné de Château Thierry, et nous ne serions pas surpris d’apprendre la découverte d’un aérolithe dans nos environs. La lumière du météore était bleuâtre, et le noyau environné d’une espèce de brume lumineuse de la même couleur. L’aspect du ciel, dans toute la région du nord, présentait à ce moment de légers nuages d’un ton rouge, et nous avons cru un instant à la formation d’une aurore boréale ; mais ces indices n’ont pas continué.” Source : L’éclaireur des Pyrénées du 15 mars 1849.

1849, début juillet, Triguères (Loiret). “Un aérolithe,
pesant cinq kilogrammes environ, et composé, en
majeure partie, de cristal, de soufre et d’une matière
assez semblable à du plâtre, est tombé à Triguènes,
non loin de Montargis, à la suite d’un violent orage.”
Source : La Presse, 8 juillet 1849.

1849, sans date, Chavannes-sur-Suran (Ain). “Un bolide (pierre tombée du ciel) a paru et éclaté à Chavannes-sur-Suran ; il était gros comme un petit ballon. L’observateur, témoin de ce phénomène, a négligé d’examiner les débris pierreux qui en sont résultés.” Source : Courrier des Alpes du 12 avril 1850.

1850, 15 janvier, Cherbourg (Manche). “Le 15 janvier 1850, à 7h 45m du soir, à Cherbourg, de la neige était tombée et commençait à fondre, et de faibles éclairs apparaissaient dans le sud-ouest, lorsque M. Fleury vit, dans cette partie du ciel, des lueurs brillantes qui s’évanouissaient après plusieurs secondes. Bientôt apparut une flamme très-vive au-dessus d’une rangée d’arbres ; elle était animée d’un balancement sur sa base qui semblait reposer sur l’horizon. Le mouvement s’effectuait indistinctement dans tous les sens. Outre ce mouvement oscillatoire, la flamme était pénétrée d’une espèce de scintillation continue et inégale. Plusieurs fois cette flamme faillit s’éteindre, mais elle se ralluma ; à la fin elle disparut, et les petits éclairs réapparurent et continuèrent leur marche vers le sud. (Sestier, Foudre, 1.1, p. 205.)” Source : Flammarion, Etudes et lectures sur l’Astronomie, t.5, 1874.

1850, 19 avril, Montagnole (Savoie). Selon l’Académie des Sciences de Savoie, une météorite serait tombée aux alentours de cette localité du département de la Savoie, le 19 avril 1850. Elle fut présentée par le Professeur François Rabut devant l’Académie de Savoie le 27 février 1851. Tout ce que l’on sait de cet aérolithe, c’est qu’ “il est tombé à Montagnole le 19 avril 1850, vers le soir et par un temps magnifique.” En l’absence de fragment et d’analyse, on
doit considérer cette roche comme douteuse. Le
Museum de Chambéry possède dans ses réserves une
grande quantité de pierres non classées de la région ;
peut-être s’y trouve-t’elle encore ? Sources : Le Courrier des Alpes, 4 mars 1851. Mémoires de l’Académie des Sciences de Savoie, 2, I, p. XCVI
(aérolithe) ; 3, III, 513; 3, VI, 12. Doc.1, VII, 412.
Voir Lalet. 2, VIII, 197 (géologie). M. Bécet-Bachasson,
Petite histoire de Montagnole,p. 199, 2001.

1850, 4 juin, dans toute la France. “Le 4, vers 9 h. du soir, un brillant météore a tout à coup projeté sur la ville de Rouen et les contrées environnantes une vive lumière qui a duré quelques secondes, et qui parait avoir impressionné un grand nombre de personnes. Il a décrit dans le ciel une courbe lumineuse s’étendant de l’est à l’ouest. Cette courbe avait d’abord la forme d’une boule de feu, d’où se détachèrent des larmes qui s’éteignaient à mesure qu’elles s’échappaient de la boule. Un unique coup de tonnerre s’est fait entendre, et l’atmosphère a repris son calme.” Source : Le Voeu national du 10 juin 1850.
***
“Le météore dont l’apparition a été constatée la semaine. dernière à Rouen. au Havre, à Beauvais,. a été vu également et à la même heure à Tonnerre, à Sainte-Menehould, À Cambrai, à Chartres, à Saintes, à Epernay, à Reims, à Amiens, à Doullens, c’est à dire à des distances considérables. On en doit conclure que le corps lumineux, objet de ces observations simultanées, étqit très volumineux et a une distante considérable de la surface de la terre.” Source : L’Événement (1848-1851) du 11 juin 1850.
***
“On écrit du Havre, le 6 juin :

« Hier, entre neuf et dix heures du soir, un météore lumineux a été observé dans le firmament au-dessus de notre ville. Il affectait la forme d’un globe de feu du diamètre de la lune dans son plein, mais brillait d’un éclat beaucoup plus vif. Après avoir suivi la direction du sud ouest au nord-est, laissant après lui une traînée lumineuse d’une longueur de trente mètres environ, dont la clarté allait graduellement s’effaçant, il a disparu, an bout de quelques minutes, derrière les hauteurs qui dominent la ville.

Le même phénomène s’est produit presque simultanément à Rouen et au Havre. Voici ce qu’on lit à ce sujet dans le Journal de Rouen : Hier soir, vers neuf heures un quart, un brillant météore a tout à coup projeté sur notre ville une vive lumière, qui l’a entièrement éclairée pendant quelques secondes.

La journée, qui avait été très belle, pouvait cependant faire craindre un orage, tant la chaleur était forte et tant l’air était raréfié. Chacun ressentait cet alourdissement général de tout le corps, suite du peu de densité de l’atmosphère trop dilatée par un soleil ardent.

A la fin du jour, quelques nuages parurent çà et là ; bientôt ils se réunirent vers le Boulingrin, mais pour se dissiper très promptement. A neuf heures un quart, le ciel était pur et l’obscurité assez peu sensible, lorsqu’un globe de feu éclata sans bruit dans l’atmosphère. Il semblait être à la distance de terre qu’atteignent habituellement les fusées à étoiles.

Ce météore répandait une magnifique clarté, plus vive que celle du gaz de l’éclairage, et d’une coloration s’approchant de la couleur aurore. A peine eut-il annoncé sa présence qu’il décrivit dans le ciel une courbe lumineuse s’étendant de l’est à l’ouest. Cette courbe se forma de la manière suivante: de la première boule de feu, grosse comme un œuf, sortit une autre boule qui se détacha sous la forme d’une larme; de cette larme, subitement arrondie, il s’en détacha uue seconde, de cette seconde une troisième, et de la troisième une quatrième ; puis, de ces sortes de larmes qui s’étaient successivement éteintes à mesure qu’elles s’étaient engendrées, la dernière disparut, et la nuit reprit son empire. Une demi-minute après, un unique coup de tonnerre se fit entendre. Rien autre chose n’est venu troubler l’atmosphère, qui toute la nuit a été des plus calmes.” Source : Le Breton du 15 juin 1850.

1850, 6 juin, à 11 h 15, Dijon (Côte-d’Or) et Tonnerre (Yonne) mais aussi dans le reste de la France. Un météore se déplaçant du sud-est vers le nord-ouest a été observé. Deux détonations successives, perçues au nord-ouest de Dijon, ont été entendues sur une vaste zone, même dans le département de l’Aube ; les vitres et portes des maisons ont vibré. Les détonations se seraient produites au-dessus de l’arrondissement de Châtillon-sur-Seine. Un journal a rapidement annoncé la chute d’une météorite sur le Mont Afrique, près de Dijon. D’autres journaux ont mentionné que des pierres étaient tombées à Assouy et à Larey, dans le département de la Côte-d’Or. Aucune ne fut retrouvée.
***
On trouve encore un autre récit par M. Clément-Mullet, Membre résidant de la Société
d’Agriculture, sciences et arts du département
de l’Aube, vol. 15, 1850 : “Le 6 juin 1850, vers onze heures et demie du matin, l’atmosphère étant en très grande partie remplie de nuages, de l’espèce de ceux
qu’en météorologie on appelle cumulo-stratus, un bruit extraordinaire se fit entendre ; on n’est pas
bien d’accord sur la manière dont le bruit éclata, ni combien de temps il dura. Quant à moi, j’ai entendu
une explosion très forte, qui fut suivie d’un roulement
qui se prolongea pendant quelques minutes. Je crus
d’abord que c’était un coup de tonnerre, puis le
roulement prolongé me fit croire au bruit d’une voiture de poste, parce que je n’étais pas loin de la
grande route ; mais j’eus beau regarder, je n’en vis point. Il fallut chercher la cause ailleurs. D’autres
personnes disent avoir entendu plusieurs détonations
successives et consécutives. Ce qui est certain, c’est
que le bruit fut entendu dans des localités fort
distantes les unes des autres, et que plusieurs
personnes en furent effrayées. Bientôt, les bruits et
les hypothèses les plus diverses circulèrent sur le
phénomène qui nous occupe. Les uns l’attribuèrent
à la chute d’une montagne, d’autres à la chute d’une aérolithe, et le plus grand nombre à l’explosion d’une poudrière. Les journaux de Paris n’en parlèrent point, pas même ceux de l’Aube, malgré l’impression éprouvée par tous ceux qui l’entendirent, et surtout par les bûcherons, car ce fut
dans les bois que le phénomène eut le plus de
retentissement. Ceux qui travaillaient à peu de
distance du bord, sortirent pour tâcher de voir de
quoi il s’agissait. Pourtant, personne n’a dit avoir
entendu la terre frémir, ni trembler sous ses pieds.
Ayant entendu dire qu’un journal annonçait la
chute d’une aérolithe sur le Mont-Afrique, je crus devoir m’adresser à M. Alexis Perrey, professeur de Physique à Dijon, dont le savoir et l’obligeance
me sont bien connus, et qui s’occupe spécialement
de l’étude des tremblements de terre et des
phénomènes qui s’y rattachent. Le 13 juin, M. Perrey me répondit que le bruit extraordinaire qui nous occupe avait été aussi bien entendu dans la Côte d’Or que dans le département de l’Aube. Suivant lui, il a produit l’effet d’une explosion du côté de l’ouest ou du nord-ouest. Cette dernière direction est celle indiquée généralement dans la Côte-d’Or. Elle a eu lieu dans une région très élevée dans l’atmosphère ou se rapprochant du Zénith. Pour moi, elle m’a
semblé à peu près dans la direction de sud-sud-
ouest, ayant son siège dans la région moyenne de
l’atmosphère. Une circonstance fort remarquable,
c’est que l’on a entendu, à Dijon des fenêtres vibrer ;
la porte du cabinet de notre collègue a frappé, quoique fermée, trois ou quatre fois contre le chambranle. Enfin, la vibration des fenêtres était pareille à celle qui s’observe dans les maisons dans le voisinage desquelles ont lieu de fortes décharges
d’artillerie. Quelques personnes ont vu, disent-elles, trembler des murailles. Mais M. Perrey croit
qu’il y a eu de l’exagération. Un fait très remarquable
qu’il signale, c’est ce qui s’est passé à l’usine de
gaz de Dijon. Elle est couverte d’un toit dont le
faîte est dirigé de N.-N.-O. à S.-S.-E. environ. Les
ouvriers ont entendu la détonation, comme le bruit
d’un coup de marteau frappé en un seul point de la
partie nord du toit. La halle des fourneaux fut aussitôt remplie de poussière, et les ouvriers assurent que
la partie méridionale ou le versant sud du toit
n’a éprouvé aucune commotion. Cette dernière
circonstance concorderait, ajoute M. Perrey, très bien
avec les observations qui établissent que les fenêtres
situées au midi n’ont éprouvé aucune secousse.
Les journaux de la Côte-d’Or ont cité des aérolithes
tombées dans ce département, à Aisouy, à Larrey,
etc... ; mais à la date de la lettre de M. Perrey, au 18
juin, on n’avait rien de certain. […] Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle fut entendue dans une très grande
étendue de terrain, puisque des voyageurs ont
affirmé l’avoir entendue à Semur, à Tonnerre, à
Châlons-sur-Saône, à Mâcon, à Besançon, et même
à Genève. Le père de M. Perrey l’a entendue à
Sommefontaine, seize kilomètres au nord de Chaumont.
La veille au soir, ce monsieur avait vu un globe
de feu très brillant dans la direction S.-O. On a signalé le même phénomène dans le département de l’Aube.”
***
Concernant le même phénomène, on peut lire l’article suivant dans l’Ordre de Dijon du 8 : “Jeudi matin, entre onze heures et quart et onze heures et demie, une effroyable détonation a ébranlé la ville de Dijon toute entière. Après s’être assurés en toute hâte que la ville elle-même n’avait pas été le théâtre de quelque sinistre, les autorités ont lancé des estafettes dans toutes les directions. Chose étrange ! tandis que la détonation éclatait ici, tous les villages, toutes les villes environnantes jusqu’à dix lieues à la ronde, étaient
jetés dans la même perplexité par le même bruit
extraordinaire. La détonation a été causée par
la combustion d’un météore igné d’une dimension extraordinaire, remarqué en plein jour par plusieurs habitants de la campagne, dans la direction du Mont-Afrique, notamment par ceux de Bretenières (près d’Aiseray), qui affirment avoir assisté à la chute du météore. Si c’est la chute d’un aérolithe qui a causé
cette détonation, espérons que l’on en trouvera
bientôt les débris, et que la science pourra les analyser.”
***
Le journal La Constitution du 23 juin 1850 indique que le météore a été également vu dans la France entière. “L’Académie des sciences a reçu plusieurs communications de différents points éloignés de la France sur le metéore qui a été aperçu le 6 juin, soit à Paris, soit dans plusieurs autres villes. Dans plusieurs endroits, notamment à Montbard et à Beauvais, il a été accompagné de détonations comparées à celle produite par un coup de canton, et il aurait été suivi à Beauvais d’un léger tremblement de terre. La direction du météore a toujours paru être du sud au nord. Partout ce phénomène s’est produit par un temps chaud et orageux.”
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“Une violente détonnation a été entendue sur un cercle de plus de 100 kilomètres de rayon, le 6 juin 1850, vers onze heures 15 minutes du matin. Cette détonnation a eu lieu au dessus de l’arrondissement de Châtillon-sur-Saône. Elle a été accompagnée de l’apparition d’un bolide ou météore lumineux, qui pouvait en être la cause. Sur plusieurs points elle a coïncidé avec un frémissement superficiel du sol, qui paraît être la conséquence de la commotion aérienne, plutôt qu’un ébranlement interne de la croûte solide du globe. La chute d’aucun aérolithe, à la suite de ce phénomène, n’a été observée. Enfin, l’auteur admettrait volontiers que ce bolide faisait partie d’une zone météorique remarquable, dans laquelle on s’est trouvé les journées des 5 et 6 juin 1850.” Source : La Gazette de France du 20 août 1850.
***
“Dans notre dernier n°, nous parlions d’une violente et bruyante commotion qui se serait fait sentir dans tout l’espace compris entre Montcreau et Chalon-sur-Saône. Nous ajoutions que la cause en était restée complètement inconnue, malgré tous les renseignemens recueillis dans les localités proches de ce phénomène. Aujourd’hui nous sommes heureux d’annoncer qu’aucun sinistre n’a eu lieu, et qu’il ne faut plaindre ni accuser personne. La détonation a élé causée par la combustion d’un météore igné d’une dimension extraordinaire, remarqué en plein jour par plusieurs habitans de la campagne, dans la direction du Mont-Afrique, notamment par ceux de Bretenières (près d’Aisery), qui affirment avoir assisté à la chute du météore. Si c’est la chute d’une aérolithe qui a causé cette détonation, espérons que l’on en trouvera bientôt des débris, et que la science pourra les analyser.“ Source : Journal de l’Ain du 12 juin 1850.
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“Le 6 juin, vers midi, une détonation des plus violentes s’est fait entendre à Dijon. Etait-ce l’explosion d’une locomotive sur le chemin de fer, ou d’une mine, ou de la poudrière de Velars ? Tout le monde se perdait en conjectures, et les imaginations, allant leur train, on parlait déjà d’une affreuse catastrophe... Mais la journée finie, les estafettes expédiées dans tous les sens n’avaient rien appris. D’où il faut conclure que celle détonation n’était qu’un phénomène naturel. On assure qu’elle a été entendue à Troyes, à Chalon-sur-Saône. à Auxonne, à Pontarlier et à Dôle.” Source : Le Breton du 15 juin 1850.

1850, 7 juin, Ecouis (Eure). L’Alliance du 12 juin 1850 nous relate les faits suivants : “Mercredi, 7 juin, sur les 10 heures du soir, un météore extraordinaire a été aperçu auprès d’Ecouis (Eure) par un grand nombre de voyageurs. La nature était calme et le ciel parfaitement pur, lorsqu’une boule de feu, de la grosseur de la tête d’un enfant, se détachant sur le firmament, a répandu sur une très-gande distance une éclatante lumière, laissant après elle une traînée de feu qui paraissait avoir 8 à 10 mètres de longueur, et se dirigeant au Nord. En s’éteignant, ce météore a éclaté comme une fusée ; puis, après quelques secondes deux détonations, suivies d’un roulement semblable à celui de la foudre, se sont fait entendre pendant quelques secondes.”
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“Hier au soir, à dix heures moins quelques minutes, on a vu une merveilleuse étoile filante. Sa chute dans la direction nord-ouest de Paris a duré près d’une
minute ; et ce qui était surtout extraordinaire, c’était son ampleur et l’intensité de la lumière qu’elle répandait en tombant. L’intensité de sa lumière était aussi puissante que celle d’un éclair la nuit ; enfin cette lumière semblait être analogue à la lumière électrique, elle était vive et blanche comme elle. On a remarqué que l’état de l’atmosphère a changé immédiatement après l’apparition de ce phénomène.” Source : Courrier de Marseille du 9 juin 1850.

1850, 6 juillet, dans le sud-ouest de la France. “Bolide observé à Bordeaux, à Toulouse etc., se dirigeant du nord-est au sud-est, distant de la terre, selon les calculs de M. Petit, de 64 lieues lors de son apparition et de
32 lieues lors de son extinction. Diamètre réel 215 lieues et se mouvant avec une vitesse de 19 lieues par seconde.” Source : Comptes-rendus des séances de l’Académie des sciences, t. 35, 1852.
***
“Extrait d’une Lettre de M. PETIT à M. Arago : Samedi 6 juillet, vers 9h 3m du soir, un éclatant bolide s’est montré à Toulouse, traversant le ciel dans la direction du nord au sud, ou plutôt du nord-nord-ouest au sud-sud-ouest, et jetant sur la terre une vive clarté bien que son diamètre ne parût guère plus grand que la sixième partie du diamètre de la Lune. La durée totale de l’apparition a été de deux secondes environ; mais le corps lumineux a mis environ une demi-seconde pour parcourir l’espace compris entre deux points du ciel qui seraient déterminés par les indications suivantes :
Premier Point : Ascension droite 209°, Distance au Pôle nord 70°
Second Point : Ascension droite 212°, Distance au Pôle nord 78°.” Source : Comptes
rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, 1850.

1850, 30 août, sud de la France. “Le Messager du Midi publie l’article suivant, qui est de circonstance, au moment où le serpent de mer vient de faire sa réapparition : Voici, dit une lettre adressée à ce journal, un fait étrange, inouï, fantastique, merveilleux et réel, d’une authenticité constatée par nos autorités locales, et pour lequel j’ose à peine cependant vous demander la publicité de votre estimable journal. Par les canards qui nous arrivent de tous les points de l’horizon politique, littéraire et scientifique, je crains d’être accusé de mystification ; mais, monsieur, je ne suis qu’un simple campagnard, peu au fait des roueries du journalisme parisien.
Veuillez donc, monsieur, excuser la forme abrupte de mon récit, qui n’a d’autre mérite qu’une parfaite exactitude.
Dans la soirée du 30 du mois dernier, vers neuf heures du soir, par un ciel d’une admirable pureté, un globe lumineux apparut tout-à-coup dans la région de la Grande-Ourse, se mouvant avec une extrême vitesse dans la direction de l’est à l’ouest, et s’évanouit au zénith au milieu d’une violente détonation. Quelques secondes plus tard, un sifflement aigu se fit entendre, et une lourde masse vint tomber à peu de distance d’un groupe de paysans qui se promenaient dans leur vigne.
Ces braves gens, stupéfaits, interdits, ignorant la nature de l’étrange visiteur qui s’introduisait dans leur propriété d’une façon si insolite, n’osèrent pas s’en approcher, et, soupçonnant quelque maléfice diabolique, envoyèrent chercher M. le curé, qui ne tarda pas à se rendre sur les lieux, accompagné du médecin de Loupian.
Ces messieurs constatèrent la présence d’un aérolithe, de forme oblongue, du volume d’un boulet de 24 à peu près, aux deux tiers enfoui dans le sol. Mais quelle ne fut pas leur surprise et la joie du propriétaire de la vigne, lorsqu’en dégageant le bloc de la terre qui l’entourait, ils découvrirent qu’un de ses côtés était sillonné de veines d’or natif. L’aérolithe était une pépite tombée de quelque Californie céleste.
Voilà, monsieur, le merveilleux événement qui cause dans notre localité une émotion facile à comprendre. Depuis lors, une bonne partie de nos braves paysans se promènent constamment le nez perpendiculaire au zénith, dans l’attente de la manne californienne. Quant à l’heureux possesseur de l’aérolithe aurifère, il se dispose a partir pour Montpellier, afin de s’édifier sur la valeur de son trésor.” Source : Le Mémorial bordelais du 19 septembre 1850.

1850, 24 décembre, à Foix (Ariège) et à Lussan (Gers). “Ce corps fut aperçu le décembre 1850, vers 6h 30m du soir ; de Foix, par M. Berdot, maître adjoint à l’école primaire ; et de Lussan (Gers} par M. Edouard Campardon, avocat. Pour l’un et pour l’autre des deux observateurs, il jeta sur la terre une clarté aussi vive que celle de la Lune au premier ou au dernier quartier. La durée de l’apparition fut également pour tous les deux, de 5 à 6 secondes ; et, avant de s’éteindre, le bolide lança des étincelles analogues à des gerbes de feu. M. Campardon le trouva sensiblement plus éclatant au commencement, de l’apparition ; il remarqua, après- l’extinction, une traînée persistante de lumière le long de la trajectoire parcourue ; le météore lui parut deux fois plus gros, au moins en diamètre que les plus belles étoiles ; enfin, une minute environ après l’extinction, il entendit une détonation sourde et tout à fait analogue à l’explosion souterraine qui serait produite par la poudre dans une carrière de pierres.“ Source : Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences, t. 42, 1856.

1850, 24 décembre, en Ariège. “Mardi dernier, à six heures et demie du soir, un brillant météore a traversé le ciel dans la direction de l’est à l’ouest. Il a pris naissance un peu au-dessous du zénith de Foix et il s’est mu avec une incroyable vitesse ; la lumière qu’il a répandue était si brillante que la compagnie semblait être éclairée par la lune lorsqu’elle est à son premier ou à son dernier quartier. A la fin de son apparition, le météore lumineux a laissé échapper des gerbes de feu qui se sont immédiatement éteintes. Des renseignements ont été démandés à M. Petit, directeur de l’observatoire de Toulouse. (Ariégeois)” Source : Journal de Toulouse du 31 décembre 1850.

chutes non retrouvées, météores, chutes douteuses…Antiquité / Moyen-Age / XVe siècle / XVIe siècle / XVIIe siècle / XVIIIe siècle

XIXe siècle (1801 – 1850 inclus)

XIXe siècle (1851 – 1900 inclus)

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